Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

A Paris le premier mercredi olympique (deux)

2 août 2024


En métro, je rejoins le sous-sol du Book-Off de Saint-Martin où au rayon Littérature est proposé à huit euros La vie vagabonde, les épais carnets de route de Lawrence Ferlinghetti (Seuil). Je ne le laisse pas passer. Je complète avec des livres à un euro : Une jeune fille libre (Journal 1939-1944) de Denise Domenach-Lallich (Les Arènes), le numéro d’Europe consacré à Franck Venaille, Mémoires du Duc de Lauzun (Nouveau Monde) et Mémoires de Charlotte Robespierre (Nouveau Monde). Il fait une chaleur pénible dans ce lieu qui ignore la clim, aussi je remonte sans explorer les rayonnages consacrés aux romans où se cachent toujours des livres qui n’en sont pas.
La clim est bien présente au troisième Book-Off. Au coin d’une allée, je me trouve nez à nez avec le vieux bouquiniste. Il n’est donc pas mort. Il marche avec une béquille et me dit qu’il a fait un nouvel avécé qui l’a laissé paralysé de longs mois. Notre dernière rencontre date du début du Covid. Il me montre une photo de sa fille qui a grandi. Sortant un livre de Sollers d’une étagère, il me dit qu’il l’aimait bien. Je préfère me taire sur le sujet. Un peu en boucle, il me raconte des histoires de livres achetés une broutille et revendus une fortune. Je ne sais pas lesquels il a mis dans son chariot. Dans mon panier, j’ai plus de livres à un euro que souvent ici : Chaplin et les femmes de Nadia Meflah (Philippe Rey), Journal d’un génie de Salvador Dali (L’Imaginaire Gallimard), Vendanges de Charles Ferdinand Ramuz (La Guêpine), Valentino suivi d’Au Sagittaire de Natalia Ginzburg (Denoël), Lilus Kikus d’Elena Poniatowska, illustré par Leonora Carrington (Les Perséides), Lettres à mes amants d’Isabella Andréini (Editions Alternatives) et le Daniel de Roulet que je convoitais, Un dimanche à la montagne (Phébus Libretto).
Par prudence, ignorant quel serait l’état des transports pendant les Olympiades, j’ai pris un billet de retour pour le dix-sept heures quarante au lieu de l’habituel seize heures quarante. Ce n’était pas utile. Je passe ce temps de trop au Bistrot d’Edmond. J’y bois un café assis à deux euros cinquante sous des pales rotatives qui donnent un petit peu d’air puis y lis Le noble art de la brouille de Matthias Debureaux. Pas d’autres clients à l’intérieur, quelques-uns à la nouvelle terrasse aux tables trop serrées pour moi. Espérant trouver une clientèle parmi les passants, les serveurs sortent une télé d’un mètre sur trois, l’installe sur le trottoir face à la terrasse et la branche sur les Jeux.
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« Je le disais tout à l’heure, le parcours est semé d’embûches » (un commentateur d'écran géant de l’Hôtel-de-Ville).
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Jamais vu aussi peu de monde dans les rames du métro parisien. Quelle que soit la ligne, personne ne voyage debout.
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Cité dans Le noble art de la brouille, ce courrier de Jean Paulhan à Louis-Ferdinand Céline : Je m’aperçois que vos lettres en tout cas ont cessé de m’amuser. Veuillez adresser les prochaines, par exemple, à Marcel Arland. Pour moi, je vous salue bien.