« Epuisé. Votre marchand de journaux s’engage à réapprovisionner pendant 8 semaines. Aucune réservation. » lis-je à sept heures et quart en chemin vers Paris sur la porte du Drugstore au carrefour de la Crosse. Comprendre : « Tu ne trouveras nulle part le Charlie Hebdo des survivant(e)s». Je me désintéresse donc de l’affaire et vais directement à la gare où Rouen Givrée fait publicité pour son marché de Noël via les panneaux lumineux (nous sommes le quatorze janvier, le marché est terminé depuis dix jours).
Bizarre train que celui qui m’emmène à la capitale, un modèle graffité à remplissage maximal avec uniquement des sièges face à face, mal chauffé, à l’éclairage défectueux, aux toilettes introuvables. J’y lis les Dernières Lettres de Walter Benjamin (Rivages Poche). L’obsession de Benjamin, très malade, pourchassé par les nazis : continuer son étude sur Baudelaire.
A Saint-Lazare, un piquet de grève tenu par les dames pipi interdit d’entrer dans les toilettes. C’est le moment de retenir son envie. Je satisfais la mienne au Café du Faubourg à Ledru-Rollin puis y lis Libération au comptoir.
Après un passage chez Book-Off, je rejoins Châtelet à pied, frôlant l’endroit où tout a commencé mercredi dernier. Une averse me fait entrer chez New New où je déjeune près d’un couple qui vit dans Le Parisien et que je me mets vite à détester, signe que je vais mieux.
Le soleil apparu, j’entre au Centre Pompidou après un contrôle un peu plus poussé que d’habitude mais sans doute insuffisant (on me croit sur parole quand je dis que dans le sac noir ce sont des livres). Ce n’est plus la cohue des vacances. J’y revois l’étage contemporain, m’attardant devant O’Black (Atelier clandestin) de Malachi Farrell, artiste irlandais vivant en France : un sol jonché de vêtements, des machines à coudre qui deviennent folles dans une ambiance de tremblement de terre, sorte de Tingely dingue à lumière aveuglante et bande son assourdissante.
Un bus me conduit du côté de l’Opéra en fin d’après-midi où je bookoffie à loisir puis j’attends le train du retour Chez Léon. J'y apprends qu’en certains endroits on s’est battu physiquement pour avoir un Charlie Hebdo.
Durant cette journée parisienne, alors que tous les numéros ont été vendus en quelques minutes, je n’ai vu personne le lire, que ce soit dans les transports en commun ou dans les cafés. A croire que ceux qui l’ont se cachent pour cela, comme ils le feraient avec un magazine porno, à moins qu’ils aient peur de se le faire piquer.
*
Deux femmes dans le Marais.
La première : « Elle m’a dit qu’elle attendait que ses enfants aient terminé leurs études et puis elle partira en Israël parce qu’elle ne se sent pas en sécurité. »
La deuxième : « On n’est en sécurité nulle part. »
*
Parmi les livres rapportés : Les Saigneurs de la guerre (Brève histoire de la guerre et de ceux qui la font) de Jean Bacon (Phébus), dessin de couverture de Cabu.
*
L’envie de faire ce que certains veulent interdire, j’ai toujours été comme ça, ce qui motivait mon besoin d’acheter Charlie Hebdo, un besoin que les vandales du petit matin ont fait passer.
Bizarre train que celui qui m’emmène à la capitale, un modèle graffité à remplissage maximal avec uniquement des sièges face à face, mal chauffé, à l’éclairage défectueux, aux toilettes introuvables. J’y lis les Dernières Lettres de Walter Benjamin (Rivages Poche). L’obsession de Benjamin, très malade, pourchassé par les nazis : continuer son étude sur Baudelaire.
A Saint-Lazare, un piquet de grève tenu par les dames pipi interdit d’entrer dans les toilettes. C’est le moment de retenir son envie. Je satisfais la mienne au Café du Faubourg à Ledru-Rollin puis y lis Libération au comptoir.
Après un passage chez Book-Off, je rejoins Châtelet à pied, frôlant l’endroit où tout a commencé mercredi dernier. Une averse me fait entrer chez New New où je déjeune près d’un couple qui vit dans Le Parisien et que je me mets vite à détester, signe que je vais mieux.
Le soleil apparu, j’entre au Centre Pompidou après un contrôle un peu plus poussé que d’habitude mais sans doute insuffisant (on me croit sur parole quand je dis que dans le sac noir ce sont des livres). Ce n’est plus la cohue des vacances. J’y revois l’étage contemporain, m’attardant devant O’Black (Atelier clandestin) de Malachi Farrell, artiste irlandais vivant en France : un sol jonché de vêtements, des machines à coudre qui deviennent folles dans une ambiance de tremblement de terre, sorte de Tingely dingue à lumière aveuglante et bande son assourdissante.
Un bus me conduit du côté de l’Opéra en fin d’après-midi où je bookoffie à loisir puis j’attends le train du retour Chez Léon. J'y apprends qu’en certains endroits on s’est battu physiquement pour avoir un Charlie Hebdo.
Durant cette journée parisienne, alors que tous les numéros ont été vendus en quelques minutes, je n’ai vu personne le lire, que ce soit dans les transports en commun ou dans les cafés. A croire que ceux qui l’ont se cachent pour cela, comme ils le feraient avec un magazine porno, à moins qu’ils aient peur de se le faire piquer.
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Deux femmes dans le Marais.
La première : « Elle m’a dit qu’elle attendait que ses enfants aient terminé leurs études et puis elle partira en Israël parce qu’elle ne se sent pas en sécurité. »
La deuxième : « On n’est en sécurité nulle part. »
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Parmi les livres rapportés : Les Saigneurs de la guerre (Brève histoire de la guerre et de ceux qui la font) de Jean Bacon (Phébus), dessin de couverture de Cabu.
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L’envie de faire ce que certains veulent interdire, j’ai toujours été comme ça, ce qui motivait mon besoin d’acheter Charlie Hebdo, un besoin que les vandales du petit matin ont fait passer.