Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
18 janvier 2017
Les gens célèbres, il n’en manquait pas dans les parages d’Andy Warhol. On a même l’impression qu’ils y étaient tous. Certains sont inconnus de moi. La lecture de son Journal m’a obligé plusieurs fois à consulter Ouiquipédia. Ainsi ai-je appris qui était Loulou de la Falaise. D’abord mannequin, elle fut créatrice de bijoux pour Yves Saint-Laurent et épousa Thadée Klossowski de Rola, le fils de Balthus, mais ce qui m’a le plus intéressé à son sujet, c’est qu’elle est morte à soixante-quatre ans, le cinq novembre deux mille onze, à l’hôpital de Gisors dans l’Eure.
Des revers de fortune l’avaient obligée à vivre dans sa maison du Vexin. Un cancer foudroyant la conduisit à l’hôpital de Gisors, avec les pauvres, seule. Dans un article de Paris Match, en novembre deux mille onze, Catherine Schwaab raconte ça ainsi : « Vaillante et toujours chic, elle est obligée de quitter Paris et son superbe atelier d’artiste, dans le XIVe, et se réfugie dans sa maison en Normandie. Certains assurent que c’est ce qui l’a rendue malade. Cancer du foie, du pancréas, fulgurant, murmure-t-on. Elle n’a pas affronté de chimio. Trop tard. »
*
Voici le Grand Saint-Marc, café rouennais où je lisais l’après-midi, en vacances pour une semaine, ce qui va me priver d’entendre le serveur dire aux dames de la clientèle : « Meilleurs vœux, bonne année, une longue et vigoureuse. »
*
C’est un café populaire. On y entend des propos de ce genre :
« Maintenant, y en a plein qui sont pas vaccinés. Ils courent sur Internet. Ils lisent ceci ou cela, et ils veulent pas. Pasteur et le docteur Schweitzer, y doivent se retourner dans leur tombe »
« Le cerveau, c’est un muscle, il faut l’entraîner, lire le journal ou d’autres conneries. »
« On est allé au restaurant gastronomique. A quatre : cent quatre-vingt-douze euros. J’ai gardé le ticket. »
*
Y lire les Poèmes bleus de Georges Perros demande un maximum de concentration.
Des revers de fortune l’avaient obligée à vivre dans sa maison du Vexin. Un cancer foudroyant la conduisit à l’hôpital de Gisors, avec les pauvres, seule. Dans un article de Paris Match, en novembre deux mille onze, Catherine Schwaab raconte ça ainsi : « Vaillante et toujours chic, elle est obligée de quitter Paris et son superbe atelier d’artiste, dans le XIVe, et se réfugie dans sa maison en Normandie. Certains assurent que c’est ce qui l’a rendue malade. Cancer du foie, du pancréas, fulgurant, murmure-t-on. Elle n’a pas affronté de chimio. Trop tard. »
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Voici le Grand Saint-Marc, café rouennais où je lisais l’après-midi, en vacances pour une semaine, ce qui va me priver d’entendre le serveur dire aux dames de la clientèle : « Meilleurs vœux, bonne année, une longue et vigoureuse. »
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C’est un café populaire. On y entend des propos de ce genre :
« Maintenant, y en a plein qui sont pas vaccinés. Ils courent sur Internet. Ils lisent ceci ou cela, et ils veulent pas. Pasteur et le docteur Schweitzer, y doivent se retourner dans leur tombe »
« Le cerveau, c’est un muscle, il faut l’entraîner, lire le journal ou d’autres conneries. »
« On est allé au restaurant gastronomique. A quatre : cent quatre-vingt-douze euros. J’ai gardé le ticket. »
*
Y lire les Poèmes bleus de Georges Perros demande un maximum de concentration.
17 janvier 2017
Suite des prélèvements effectués lors de ma lecture du Journal d’Andy Warhol (Grasset) :
La femme de Detroit a appelé pour dire que le portrait de Henry Ford était reporté à plus tard, dans le courant du mois. Mon Dieu, Detroit ! Peut-être que le quartier où habite Henry Ford est fréquentable. (Jeudi six juillet mil neuf cent soixante-dix-huit)
Lou nous a invités chez lui.
C’est sur Christopher Street, entre la 6e et la 7e, en gros là où était The Voice, au-dessus d’une boutique de bagels. Quand nous sommes entrés, les gamins ont chuchoté : « C’est Lou Reed. » Il leur a dit : « Allez mourir ! » C’est pas génial ? (Jeudi vingt juillet mil neuf cent soixante-dix-huit)
Quand je suis arrivé au bureau Brigid était là, assise à la machine à écrire, faisant vraiment son âge, c’est-à-dire quarante ans demain. (Mardi cinq septembre mil neuf cent soixante-dix-huit)
Après nous sommes allés chez Polly Bergen, à Holmby Hills. (…) Elle a un télescope pour regarder les étoiles mais elle s’en sert pour regarder les maisons des stars. (Samedi vingt trois septembre mil neuf cent soixante-dix-huit)
Oh, j’oubliais le truc le plus bizarre… Oh, la, la, c’était ridicule ! Un vieil homme s’est précipité sur moi pour m’embrasser sur les deux joues et sur la bouche. C’était dégoûtant. Et c’était Leonard Bernstein ! (Lundi douze mars mil neuf cent soixante-dix-neuf)
Paulette est venue, ainsi que Keith Richard et Ron Wood. C’était la première fois que je les voyais en plein jour, ils font vieux et en mauvais état. Leurs fiancées ont l’air jeunes et fraîches. (Samedi vingt-quatre mars mil neuf cent soixante-dix-neuf)
Paloma Picasso était avec son mari et son amant. Ou son amant à lui. Ou leur amant. Je ne sais pas comment ces deux-là marchent. (Jeudi cinq avril mil neuf cent soixante-dix-neuf)
Sabrina Guiness était au dîner, elle est beaucoup sortie avec le prince Charles, nous pensons qu’elle l’a baisé. (Vendredi vingt juillet mil neuf cent soixante-dix-neuf, Londres)
C’est trop pénible d’avoir les gens célèbres au bureau tous en même temps parce que personne n’arrive à comprendre pourquoi les autres sont là ! (Mardi trente octobre soixante-dix-neuf)
Nous devions faire une télé dans la rue, dans les taudis de Naples, Suzie a caché ses bijoux. Nous avons fait un tour, c’était super de voir ces vieux vêtements qui sèchent dans la rue d’une fenêtre à l’autre. (Lundi trente et un mars mil neuf cent quatre-vingt, Naples)
La femme de Detroit a appelé pour dire que le portrait de Henry Ford était reporté à plus tard, dans le courant du mois. Mon Dieu, Detroit ! Peut-être que le quartier où habite Henry Ford est fréquentable. (Jeudi six juillet mil neuf cent soixante-dix-huit)
Lou nous a invités chez lui.
C’est sur Christopher Street, entre la 6e et la 7e, en gros là où était The Voice, au-dessus d’une boutique de bagels. Quand nous sommes entrés, les gamins ont chuchoté : « C’est Lou Reed. » Il leur a dit : « Allez mourir ! » C’est pas génial ? (Jeudi vingt juillet mil neuf cent soixante-dix-huit)
Quand je suis arrivé au bureau Brigid était là, assise à la machine à écrire, faisant vraiment son âge, c’est-à-dire quarante ans demain. (Mardi cinq septembre mil neuf cent soixante-dix-huit)
Après nous sommes allés chez Polly Bergen, à Holmby Hills. (…) Elle a un télescope pour regarder les étoiles mais elle s’en sert pour regarder les maisons des stars. (Samedi vingt trois septembre mil neuf cent soixante-dix-huit)
Oh, j’oubliais le truc le plus bizarre… Oh, la, la, c’était ridicule ! Un vieil homme s’est précipité sur moi pour m’embrasser sur les deux joues et sur la bouche. C’était dégoûtant. Et c’était Leonard Bernstein ! (Lundi douze mars mil neuf cent soixante-dix-neuf)
Paulette est venue, ainsi que Keith Richard et Ron Wood. C’était la première fois que je les voyais en plein jour, ils font vieux et en mauvais état. Leurs fiancées ont l’air jeunes et fraîches. (Samedi vingt-quatre mars mil neuf cent soixante-dix-neuf)
Paloma Picasso était avec son mari et son amant. Ou son amant à lui. Ou leur amant. Je ne sais pas comment ces deux-là marchent. (Jeudi cinq avril mil neuf cent soixante-dix-neuf)
Sabrina Guiness était au dîner, elle est beaucoup sortie avec le prince Charles, nous pensons qu’elle l’a baisé. (Vendredi vingt juillet mil neuf cent soixante-dix-neuf, Londres)
C’est trop pénible d’avoir les gens célèbres au bureau tous en même temps parce que personne n’arrive à comprendre pourquoi les autres sont là ! (Mardi trente octobre soixante-dix-neuf)
Nous devions faire une télé dans la rue, dans les taudis de Naples, Suzie a caché ses bijoux. Nous avons fait un tour, c’était super de voir ces vieux vêtements qui sèchent dans la rue d’une fenêtre à l’autre. (Lundi trente et un mars mil neuf cent quatre-vingt, Naples)
16 janvier 2017
S’il est une certitude, c’est que je n’irai pas voter à la Primaire dite de la Gauche (Primaire des Socialistes, des Radicules et des anciens Verts), autrement nommée Primaire de la Belle Alliance Populaire (ni belle, ni alliance, ni populaire). Celui qui en sortira vainqueur n’aura pas davantage ma voix lors de la Présidentielle, cette élection qui ne devrait pas se faire au suffrage universel mais au sein de l’Assemblée Nationale après les Législatives.
Qui l’aura ? Personne sans doute. A moins que je change d’avis.
Car au deuxième tour, le probable mène à un choix entre la pire et le pire, la facho-poutinienne ou le catho-poutinien. Quand on ne veut ni de la première ni du deuxième la tactique est de voter pour le troisième en spéculant que beaucoup y pensent aussi et fassent de même. Au point que ce troisième arrive deuxième.
Je l’ai fait en deux mille sept, votant Bayrou pour tenter d’éviter un deuxième tour Sarko le fat sot contre Marie-Ségolène la pure hautaine. Ça n’a pas marché.
Cette fois le troisième c’est Macron, ce type qui devient dingue à la fin de ses métingues et dont le programme aussi peut faire peur. D’où mon incertitude.
*
Cette Primaire dite de la Gauche semble n’intéresser personne si j’en juge par ce que j’entends dans les cafés où je passe. Une seule fois cette semaine j’en ai entendu parler, par un commerçant ambulant du Clos Saint-Marc au café du même nom :
-Je vais y aller et je voterai Marine Le Pen, ça les fera bien chier.
Le thermomètre politique du marché du Clos Saint-Marc indique une grosse fièvre d’extrême droite dans le milieu populaire rouennais. Que ce soit côté vendeurs ou côté acheteurs, une majorité votera F-Haine (sondage personnel fait selon la technique de l’oreille qui traîne auprès d’un échantillon représentatif).
*
Poutinien, un troisième l’est : Mélenchon, autrefois tribun, aujourd’hui évangéliste. L’autre multipliait les pains, lui se multiplie sous forme d’hologramme.
*
Et personne aux Etats-Unis pour arrêter, avant qu’il ne soit officiellement Président, le poutinien Trump et l’inculper d’intelligence avec l’ennemi.
Qui l’aura ? Personne sans doute. A moins que je change d’avis.
Car au deuxième tour, le probable mène à un choix entre la pire et le pire, la facho-poutinienne ou le catho-poutinien. Quand on ne veut ni de la première ni du deuxième la tactique est de voter pour le troisième en spéculant que beaucoup y pensent aussi et fassent de même. Au point que ce troisième arrive deuxième.
Je l’ai fait en deux mille sept, votant Bayrou pour tenter d’éviter un deuxième tour Sarko le fat sot contre Marie-Ségolène la pure hautaine. Ça n’a pas marché.
Cette fois le troisième c’est Macron, ce type qui devient dingue à la fin de ses métingues et dont le programme aussi peut faire peur. D’où mon incertitude.
*
Cette Primaire dite de la Gauche semble n’intéresser personne si j’en juge par ce que j’entends dans les cafés où je passe. Une seule fois cette semaine j’en ai entendu parler, par un commerçant ambulant du Clos Saint-Marc au café du même nom :
-Je vais y aller et je voterai Marine Le Pen, ça les fera bien chier.
Le thermomètre politique du marché du Clos Saint-Marc indique une grosse fièvre d’extrême droite dans le milieu populaire rouennais. Que ce soit côté vendeurs ou côté acheteurs, une majorité votera F-Haine (sondage personnel fait selon la technique de l’oreille qui traîne auprès d’un échantillon représentatif).
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Poutinien, un troisième l’est : Mélenchon, autrefois tribun, aujourd’hui évangéliste. L’autre multipliait les pains, lui se multiplie sous forme d’hologramme.
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Et personne aux Etats-Unis pour arrêter, avant qu’il ne soit officiellement Président, le poutinien Trump et l’inculper d’intelligence avec l’ennemi.
14 janvier 2017
Alerte rouge en Seine-Maritime pour cause de tempête hivernale violente de courte durée, annonce Météo France ce jeudi après-midi. Cette tempête commence à dix-neuf heures précises, comme prévu.
Quand j’étais jeune enfant une tornade a traversé le quartier de Louviers où je vivais. L’un des trois énormes noyers proches de la maison fut déraciné sous mes yeux. Le plâtre du plafond tomba sur le lit de mes parents. Le calme revenu, tous les voisins vinrent chercher sur les trois hectares où mon père cultivait les fruits leurs cheminées métalliques et les tôles ondulées de leurs bâtiments. Certaines de ces tôles avaient coupé net les branches principales des poiriers. Je ne suis donc pas tranquille quand ça souffle fort comme cette nuit et suis en alerte au moindre bruit inexpliqué.
Vers minuit, la tempête cesse aussi brusquement qu’elle a commencé, comme prévu.
*
Avant que n’éclate cette tempête, controverse avec l’une de mes connaissances sur le réseau social Effe Bé à propos de cette alerte rouge. Il en a assez de ces « injonctions permanentes à la prudence ».
Quand la Senecefe m’enjoint à chaque descente de train de prendre garde à la hauteur entre le marchepied et le quai, cela me saoule (je sais aussi pourquoi elle le fait, si un usager se cassait le pied en descendant sans avoir été prévenu, il porterait plainte), mais qu’on m’alerte quand il y a un danger mortel ponctuel je suis pour et si, ce jeudi soir, quelqu’un devait sortir de chez lui et traverser la ville à pied, en vélo ou en voiture pour venir me voir, je lui dirais : « Je ne veux pas que tu prennes ce risque, remettons ça à demain ».
*
« La tempête à ses charmes, la pluie aussi. », m’a écrit mon contradicteur. Je ne suis pas sûr qu’il ait dit à ses enfants d’aller dehors pour mieux en profiter.
*
Ce vendredi midi, le tableau de la gare de Rouen n’affiche pour Caen et Le Havre que trains supprimés ou remplacés par des cars, la faute aux arbres tombés sur les voies. Les seuls trains qui circulent normalement sont ceux qu’évoquent dans leur conversation professionnello-centrée mes voisins de table au Sushi Tokyo de la rue Verte :
-Quand tu ressors de Serqueux, tu prends la lente, tu peux pas prendre la voie unique.
*
Eviter la voie unique, prendre la lente, ce que je fais chaque jour.
Quand j’étais jeune enfant une tornade a traversé le quartier de Louviers où je vivais. L’un des trois énormes noyers proches de la maison fut déraciné sous mes yeux. Le plâtre du plafond tomba sur le lit de mes parents. Le calme revenu, tous les voisins vinrent chercher sur les trois hectares où mon père cultivait les fruits leurs cheminées métalliques et les tôles ondulées de leurs bâtiments. Certaines de ces tôles avaient coupé net les branches principales des poiriers. Je ne suis donc pas tranquille quand ça souffle fort comme cette nuit et suis en alerte au moindre bruit inexpliqué.
Vers minuit, la tempête cesse aussi brusquement qu’elle a commencé, comme prévu.
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Avant que n’éclate cette tempête, controverse avec l’une de mes connaissances sur le réseau social Effe Bé à propos de cette alerte rouge. Il en a assez de ces « injonctions permanentes à la prudence ».
Quand la Senecefe m’enjoint à chaque descente de train de prendre garde à la hauteur entre le marchepied et le quai, cela me saoule (je sais aussi pourquoi elle le fait, si un usager se cassait le pied en descendant sans avoir été prévenu, il porterait plainte), mais qu’on m’alerte quand il y a un danger mortel ponctuel je suis pour et si, ce jeudi soir, quelqu’un devait sortir de chez lui et traverser la ville à pied, en vélo ou en voiture pour venir me voir, je lui dirais : « Je ne veux pas que tu prennes ce risque, remettons ça à demain ».
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« La tempête à ses charmes, la pluie aussi. », m’a écrit mon contradicteur. Je ne suis pas sûr qu’il ait dit à ses enfants d’aller dehors pour mieux en profiter.
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Ce vendredi midi, le tableau de la gare de Rouen n’affiche pour Caen et Le Havre que trains supprimés ou remplacés par des cars, la faute aux arbres tombés sur les voies. Les seuls trains qui circulent normalement sont ceux qu’évoquent dans leur conversation professionnello-centrée mes voisins de table au Sushi Tokyo de la rue Verte :
-Quand tu ressors de Serqueux, tu prends la lente, tu peux pas prendre la voie unique.
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Eviter la voie unique, prendre la lente, ce que je fais chaque jour.
13 janvier 2017
La clientèle du Royal Bourse Opéra, brasserie aux sets de table colorés et au personnel sympathique mais où malheureusement on entend Radio Nostalgie, est par moitiés constituée d’habitués et de passagers. Le menu du jour est à quinze euros, le quart de côtes-du-rhône à six. J’opte pour le filet de hareng (honnête), le porcelet rôti aux quatre épices pommes dauphines de patate douce (excellent) et le tiramisu (honnête)
Il pleuviote toujours quand je ressors et rejoins pédestrement la Bibliothèque Nationale de la rue de Richelieu. J’ai envie d’y voir la salle Labrouste, fraîchement restaurée, mais après le passage des portiques de sécurité, j’apprends qu’elle est fermée pour cause d’inauguration. Le service de déminage est déjà sur place. Je me balade néanmoins dans ce qui est ouvert au public jusqu’à quatorze heures et constate qu’on n’a pas lésiné sur la qualité des matériaux pour la rénovation des salles d’études réservées aux habilités, des toilettes, des vestiaires et du couloir vitré au sol métallique du troisième étage.
De retour rue de Richelieu, je m’arrête devant le numéro Soixante et Un. Une plaque indique qu’ »ici Stendhal vécut de 1822 à 1823 ; au 69 de cette même rue, il écrivit les Promenades dans Rome et le Rouge et le Noir ». Le triste immeuble en béton gris n’est pas celui que connut Stendhal. Ce dernier, dont les récits de voyage sont sujets à caution, n’avait que la rue à traverser pour se documenter sur Rome.
Plus qu’à rejoindre l’autre Book-Off par le passage Choiseul dont le pavage est également en réfection, beau matériau là encore, et non glissant par temps de pluie semble-t-il. Pas davantage de soldes que dans le premier, je m’y rends utile en cherchant et trouvant Cyrano de Bergerac pour une lycéenne turque ou kurde ou arménienne.
Dans le train du retour, je poursuis ma lecture du Voyage excentrique et ferroviaire autour du Royaume-Uni de l’écrivain voyageur Paul Theroux qui passe par Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllan-tysiliogogogoch, ce village du Pays de Galles évoqué par Bruce Chatwin dans une note infrapaginale d’En Patagonie. Ma voisine étudiante lit, elle aussi, et je me demande quoi. Quand elle pose l’ouvrage pour dormir, j’ai la réponse, qui me déçoit : Angor de Frank Thilliez.
*
Au rayon « Santé » de Book-Off : Cytomégalovirus d’Hervé Guibert.
Il pleuviote toujours quand je ressors et rejoins pédestrement la Bibliothèque Nationale de la rue de Richelieu. J’ai envie d’y voir la salle Labrouste, fraîchement restaurée, mais après le passage des portiques de sécurité, j’apprends qu’elle est fermée pour cause d’inauguration. Le service de déminage est déjà sur place. Je me balade néanmoins dans ce qui est ouvert au public jusqu’à quatorze heures et constate qu’on n’a pas lésiné sur la qualité des matériaux pour la rénovation des salles d’études réservées aux habilités, des toilettes, des vestiaires et du couloir vitré au sol métallique du troisième étage.
De retour rue de Richelieu, je m’arrête devant le numéro Soixante et Un. Une plaque indique qu’ »ici Stendhal vécut de 1822 à 1823 ; au 69 de cette même rue, il écrivit les Promenades dans Rome et le Rouge et le Noir ». Le triste immeuble en béton gris n’est pas celui que connut Stendhal. Ce dernier, dont les récits de voyage sont sujets à caution, n’avait que la rue à traverser pour se documenter sur Rome.
Plus qu’à rejoindre l’autre Book-Off par le passage Choiseul dont le pavage est également en réfection, beau matériau là encore, et non glissant par temps de pluie semble-t-il. Pas davantage de soldes que dans le premier, je m’y rends utile en cherchant et trouvant Cyrano de Bergerac pour une lycéenne turque ou kurde ou arménienne.
Dans le train du retour, je poursuis ma lecture du Voyage excentrique et ferroviaire autour du Royaume-Uni de l’écrivain voyageur Paul Theroux qui passe par Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllan-tysiliogogogoch, ce village du Pays de Galles évoqué par Bruce Chatwin dans une note infrapaginale d’En Patagonie. Ma voisine étudiante lit, elle aussi, et je me demande quoi. Quand elle pose l’ouvrage pour dormir, j’ai la réponse, qui me déçoit : Angor de Frank Thilliez.
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Au rayon « Santé » de Book-Off : Cytomégalovirus d’Hervé Guibert.
12 janvier 2017
« Une équipe de police est demandée de toute urgence à la rotonde », annonce la voix de la station de métro Saint-Lazare à mon arrivée ce mercredi main. J’ai bien fait de passer par ailleurs, me dis-je en grimpant dans le Trois qui, à l’aide du Huit, va me mener devant le Book-Off de la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Sorties sur le trottoir, devant le magasin d’à côté, les paires de chaussures ont toujours des prix qui se terminent par le chiffre neuf mais un écriteau Soldes a été ajouté.
Point de soldes chez Book-Off, comme je m’y attendais. J’y fais néanmoins mon marché. A la sortie, une petite pluie m’empêche d’aller à celui d’Aligre. Je me rabats sur l’Emmaüs de la rue de Charonne. La responsable y annonce des soldes à moins cinquante pour cent mais « pas sur les livres ».
En sortant, je vois passer le petit véhicule orange de RecycLivre, cette institution que je croise habituellement à titre de concurrent sur Price Minister. RecyLivre « offre aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités un service gratuit de récupération de livres d'occasion », c'est-à-dire se procure des livres sans les payer. Chez Price Minister, il bénéficie, comme tous les professionnels, de l’alignement automatique de ses prix de vente et est donc toujours le moins disant, impossible de lutter contre. Lorsqu’il est le seul à proposer un livre devenu rare, il en demande un prix exorbitant. Son argument de vente : « Votre achat aide à financer des programmes de lutte contre l'illettrisme à travers le monde ». Quand on est un peu curieux, on peut lire qu’« en moyenne » « dix pour cent de nos revenus nets » sont versés « à des programmes ayant des actions concrètes en faveur de l'éducation ». A qui précisément ? Mystère.
Cette question sans réponse en tête, je reprends le métro Huit jusqu’à Opéra et de là vais au Royal Bourse Opéra afin d’y déjeuner.
Point de soldes chez Book-Off, comme je m’y attendais. J’y fais néanmoins mon marché. A la sortie, une petite pluie m’empêche d’aller à celui d’Aligre. Je me rabats sur l’Emmaüs de la rue de Charonne. La responsable y annonce des soldes à moins cinquante pour cent mais « pas sur les livres ».
En sortant, je vois passer le petit véhicule orange de RecycLivre, cette institution que je croise habituellement à titre de concurrent sur Price Minister. RecyLivre « offre aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités un service gratuit de récupération de livres d'occasion », c'est-à-dire se procure des livres sans les payer. Chez Price Minister, il bénéficie, comme tous les professionnels, de l’alignement automatique de ses prix de vente et est donc toujours le moins disant, impossible de lutter contre. Lorsqu’il est le seul à proposer un livre devenu rare, il en demande un prix exorbitant. Son argument de vente : « Votre achat aide à financer des programmes de lutte contre l'illettrisme à travers le monde ». Quand on est un peu curieux, on peut lire qu’« en moyenne » « dix pour cent de nos revenus nets » sont versés « à des programmes ayant des actions concrètes en faveur de l'éducation ». A qui précisément ? Mystère.
Cette question sans réponse en tête, je reprends le métro Huit jusqu’à Opéra et de là vais au Royal Bourse Opéra afin d’y déjeuner.
11 janvier 2017
Suite des prélèvements effectués lors de ma lecture du Journal d’Andy Warhol (Grasset) :
Mick voulait qu’on écoute son nouveau disque, on l’aurait emmené au Studio 54, mais il était chez Earl McGrath, alors on y est allés (taxi : $4). Jann et Jane Wenner y étaient, ainsi que Stephen Graham qui avait quelque chose d’emballé dans de l’alu, dans sa poche. On aurait dit de la drogue, mais en fait, c’était un gâteau Rice Crispies. (Samedi huit avril mil neuf cent soixante-dix-huit)
J’ai parlé à Suzy Chapstick, qui m’a dit qu’elle avait constaté que la plupart des filles qui sont devenues célèbres étaient des garçons manqués quand elles étaient petites, j’ai répondu que j’étais moi-même un garçon manqué. (Vendredi quatorze avril mil neuf cent soixante-dix-huit)
J’ai fini par arriver à peindre ma BMW, en noir avec des fleurs roses au rouleau. Peut-être qu’ils y trouveront une signification. J’espère. (Mardi dix-huit avril mil neuf cent soixante-dix-huit)
Bianca et le docteur Giller étaient allés à la boulangerie érotique et avaient acheté un grand gâteau en pâte d’amande représentant une bite enfoncée dans un cul, et un autre représentant juste une bite. (…) Bianca a apporté le gâteau et elle a collé la bite et les couilles contre elle, comme c’était couleur café-au-lait, elle ressemblait à Potassa le travelo. (Dimanche vingt-trois avril mil neuf cent soixante-dix-huit)
La pauvre Gina Lollobrigida était la seule personne à porter de faux bijoux. De fausses émeraudes. Elle a vraiment de gros nichons. Il faudrait que je l’interviewe. (Dimanche vingt-huit mai mil neuf cent soixante-dix-huit)
Robert Kennedy Jr était à la télé pour le dixième anniversaire de la mort de son père, ça fait donc dix ans qu’on m’a tiré dessus. Lui, c’était un jour après moi. (Vendredi deux juin soixante-dix-huit)
Tout le monde essayait de se faire Jerry. Sur le chemin du retour dans une limo qu’on avait trouvée, elle m’a confié sa philosophie Pour-Garder-Un-Homme : « Même si tu n’as que deux secondes, laisse tout tomber pour lui faire une pipe. Il n’aura pas envie de coucher avec quelqu’un d’autre. » (Lundi cinq juin mil neuf cent soixante-dix-huit)
Au bal du Turf Club, Fred bien évidemment a flippé. Il a commencé à pleurer sur la fin du XIXe siècle –on avait fait tant de belles choses et les personnes qui les avaient faites étaient toutes mortes ! –une fille l’a emmené dans une pièce à part. (Lundi dix-neuf juin mil neuf cent soixante-dix-huit, Londres)
Le plus simple serait de tout acheter neuf, d’attendre dix ans et de le vendre comme de l’ancien. (Samedi premier juillet mil neuf cent soixante-dix-huit)
*
Jamais lu ou entendu avant ça, le diminutif limo pour limousine. « Une limo est le nom que l'on donne parfois à une limousine. », confirme Ouiquipédia sans m’en apprendre davantage.
Mick voulait qu’on écoute son nouveau disque, on l’aurait emmené au Studio 54, mais il était chez Earl McGrath, alors on y est allés (taxi : $4). Jann et Jane Wenner y étaient, ainsi que Stephen Graham qui avait quelque chose d’emballé dans de l’alu, dans sa poche. On aurait dit de la drogue, mais en fait, c’était un gâteau Rice Crispies. (Samedi huit avril mil neuf cent soixante-dix-huit)
J’ai parlé à Suzy Chapstick, qui m’a dit qu’elle avait constaté que la plupart des filles qui sont devenues célèbres étaient des garçons manqués quand elles étaient petites, j’ai répondu que j’étais moi-même un garçon manqué. (Vendredi quatorze avril mil neuf cent soixante-dix-huit)
J’ai fini par arriver à peindre ma BMW, en noir avec des fleurs roses au rouleau. Peut-être qu’ils y trouveront une signification. J’espère. (Mardi dix-huit avril mil neuf cent soixante-dix-huit)
Bianca et le docteur Giller étaient allés à la boulangerie érotique et avaient acheté un grand gâteau en pâte d’amande représentant une bite enfoncée dans un cul, et un autre représentant juste une bite. (…) Bianca a apporté le gâteau et elle a collé la bite et les couilles contre elle, comme c’était couleur café-au-lait, elle ressemblait à Potassa le travelo. (Dimanche vingt-trois avril mil neuf cent soixante-dix-huit)
La pauvre Gina Lollobrigida était la seule personne à porter de faux bijoux. De fausses émeraudes. Elle a vraiment de gros nichons. Il faudrait que je l’interviewe. (Dimanche vingt-huit mai mil neuf cent soixante-dix-huit)
Robert Kennedy Jr était à la télé pour le dixième anniversaire de la mort de son père, ça fait donc dix ans qu’on m’a tiré dessus. Lui, c’était un jour après moi. (Vendredi deux juin soixante-dix-huit)
Tout le monde essayait de se faire Jerry. Sur le chemin du retour dans une limo qu’on avait trouvée, elle m’a confié sa philosophie Pour-Garder-Un-Homme : « Même si tu n’as que deux secondes, laisse tout tomber pour lui faire une pipe. Il n’aura pas envie de coucher avec quelqu’un d’autre. » (Lundi cinq juin mil neuf cent soixante-dix-huit)
Au bal du Turf Club, Fred bien évidemment a flippé. Il a commencé à pleurer sur la fin du XIXe siècle –on avait fait tant de belles choses et les personnes qui les avaient faites étaient toutes mortes ! –une fille l’a emmené dans une pièce à part. (Lundi dix-neuf juin mil neuf cent soixante-dix-huit, Londres)
Le plus simple serait de tout acheter neuf, d’attendre dix ans et de le vendre comme de l’ancien. (Samedi premier juillet mil neuf cent soixante-dix-huit)
*
Jamais lu ou entendu avant ça, le diminutif limo pour limousine. « Une limo est le nom que l'on donne parfois à une limousine. », confirme Ouiquipédia sans m’en apprendre davantage.
10 janvier 2017
J’ai toujours l’impression que ma vue baisse dangereusement mais il n’en est rien, me dit l’ophtalmologue en début d’examen. Celui-ci comporte l’envoi d’air comprimé dans chaque œil afin de savoir où j’en suis avec le risque de glaucome. Enfin, comme tous les vieux, j’ai droit à un dépistage de la dégénérescence maculaire. En bonus, sous la responsabilité de la secrétaire, je subis une vérification de mon champ visuel dans une pièce annexe. Il s’agit de cliquer quand on voit les petites lumières qui s’allument en haut, à gauche, à droite, en bas et sur les diagonales. J’ai horreur de cet exercice qui demande plus de concentration que j’en suis capable.
Ce lundi matin, à voir ces petites étoiles allumées, je me mets à songer que l’astronaute Thomas Pesquet, ce gars du pays (né à Rouen, il a fait ses études secondaires au lycée Jehan Ango de Dieppe et une année de prépa au lycée Corneille), aura effectué de nombreux tours de la Terre, dont il envoie de fort belles photos via le réseau social Effe Bé, avant que je n’aie fini.
-C’est très bien, me dit à l’issue l’ophtalmo.
J’ai l’impression d’avoir eu, cette fois encore, une bonne note à un examen sans l’avoir méritée. Elle me remet deux ordonnances, l’une pour les gouttes censées contenir la tension oculaire et l’autre pour remplacer mes verres de lunettes qui se ternissent, la faute au vieillissement de l’antireflet.
Au moment de payer, il y a devant moi deux retraités. Prenant son prochain rendez-vous, elle ne sait plus si le jour choisi n’est pas celui d’un rendez-vous ailleurs pour lui. Elle l’interroge. Il ne sait pas.
-C’est toi qui t’occupes de tout ça, lui rappelle-t-il.
Physiquement, on pourrait les croire, comme dans nombre de vieux couples, frère et sœur, mais il est son enfant, un enfant qu’elle aurait eu avant même de naître.
*
Devant la porte de l’annexe du Palais de Justice de Rouen, rue aux Juifs, où sont suivies les Affaires Familiales, un père et une mère retrouvent leur descendance.
-Alors, elle a dit quoi la Juge ?
-Bah rien, y a juste une meuf qui viendra nous voir.
-Une meuf ?
-Oui, une éducatrice.
*
Nouvelles pratiques du commerce rouennais et d’ailleurs: magasins éphémères permanents et ventes privées ouvertes à tous.
*
De la fille qui m’avait dit qu’elle aimait bien parler avec moi et que c’était dommage qu’aujourd’hui les gens ne prennent plus le temps d’apprendre à se connaître, après que je lui aie proposé en vain qu’on se revoie :
« J'espère que tout va bien pour toi et que nous aurons l'occasion de discuter à nouveau ensemble. Il est vrai qu'entre ma nouvelle activité et mon amoureux, je n'ai plus beaucoup de temps. »
Si je la croise sur son petit vélo orange, ce sera bonjour ça va bon eh bien j’y vais.
Ce lundi matin, à voir ces petites étoiles allumées, je me mets à songer que l’astronaute Thomas Pesquet, ce gars du pays (né à Rouen, il a fait ses études secondaires au lycée Jehan Ango de Dieppe et une année de prépa au lycée Corneille), aura effectué de nombreux tours de la Terre, dont il envoie de fort belles photos via le réseau social Effe Bé, avant que je n’aie fini.
-C’est très bien, me dit à l’issue l’ophtalmo.
J’ai l’impression d’avoir eu, cette fois encore, une bonne note à un examen sans l’avoir méritée. Elle me remet deux ordonnances, l’une pour les gouttes censées contenir la tension oculaire et l’autre pour remplacer mes verres de lunettes qui se ternissent, la faute au vieillissement de l’antireflet.
Au moment de payer, il y a devant moi deux retraités. Prenant son prochain rendez-vous, elle ne sait plus si le jour choisi n’est pas celui d’un rendez-vous ailleurs pour lui. Elle l’interroge. Il ne sait pas.
-C’est toi qui t’occupes de tout ça, lui rappelle-t-il.
Physiquement, on pourrait les croire, comme dans nombre de vieux couples, frère et sœur, mais il est son enfant, un enfant qu’elle aurait eu avant même de naître.
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Devant la porte de l’annexe du Palais de Justice de Rouen, rue aux Juifs, où sont suivies les Affaires Familiales, un père et une mère retrouvent leur descendance.
-Alors, elle a dit quoi la Juge ?
-Bah rien, y a juste une meuf qui viendra nous voir.
-Une meuf ?
-Oui, une éducatrice.
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Nouvelles pratiques du commerce rouennais et d’ailleurs: magasins éphémères permanents et ventes privées ouvertes à tous.
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De la fille qui m’avait dit qu’elle aimait bien parler avec moi et que c’était dommage qu’aujourd’hui les gens ne prennent plus le temps d’apprendre à se connaître, après que je lui aie proposé en vain qu’on se revoie :
« J'espère que tout va bien pour toi et que nous aurons l'occasion de discuter à nouveau ensemble. Il est vrai qu'entre ma nouvelle activité et mon amoureux, je n'ai plus beaucoup de temps. »
Si je la croise sur son petit vélo orange, ce sera bonjour ça va bon eh bien j’y vais.
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