Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
26 décembre 2017
Lu dans le train lors de mon dernier aller à Paris, Ainsi soit-il ou Les jeux sont faits d’André Gide (L’Imaginaire/Gallimard) est le dernier écrit de l’écrivain avant sa mort, un texte écrit contre la mort qui venait, au fil de la plume, sans souci de cohérence ni de profondeur (il y raconte même les histoires drôles dont il se souvient).
Quelques extraits :
J’ai dû me rendre à l’évidence : je suis de naturel avare (je dois tenir cela de mes ancêtres normands) et avec cela je me reconnais généreux.
Je reste extrêmement friand des « bons mots » et des anecdotes ; n’en déplaise à certains qui veulent voir dans ce goût avoué une marque de l’incurable frivolité de mon esprit.
Rien de plus attendu, de plus conséquent, que les propos des personnages de Balzac : ils disent, le plus souvent, exactement ce que l’on sait d’avance qu’ils doivent dire.
Ce ne pouvait être qu’à Rouen, à la suite des grands dîners qui réunissaient, rue de Crosne, chez les Henry Bordeaux, un certain nombre des membres de la famille. On laissait les enfants, c’est-à-dire nous, quitter la table aussitôt après le dessert, tandis que les grandes personnes s’attardaient dans la salle à manger. Nous gagnions donc alors le salon tous les quatre et, à grand effort de mémoire, tâchions de retracer les étapes successives de la conversation. (…) « Non ; la tante Lucile n’a commencé à se plaindre de la grève des ouvriers du Houlme que plus tard, après que l’oncle Henry avait fait observer que les grèves sont aussi préjudiciables aux ouvriers qu’aux patrons. »
Entre minuit et 2 heures du matin, ma femme, à Cuverville, est alertée par la sonnerie du téléphone. De deux ans plus âgée que moi, souffrant d’une grave maladie de cœur, elle doit descendre un étage pour entendre un représentant du Journal de Rouen lui demander quelques détails sur mon suicide.
Le dernier feuillet d’Ainsi soit-il ou Les jeux sont faits est daté du treize février mil neuf cent cinquante et un. André Gide mourut le dix-neuf février. Entre ces deux dates, je naissais.
Quelques extraits :
J’ai dû me rendre à l’évidence : je suis de naturel avare (je dois tenir cela de mes ancêtres normands) et avec cela je me reconnais généreux.
Je reste extrêmement friand des « bons mots » et des anecdotes ; n’en déplaise à certains qui veulent voir dans ce goût avoué une marque de l’incurable frivolité de mon esprit.
Rien de plus attendu, de plus conséquent, que les propos des personnages de Balzac : ils disent, le plus souvent, exactement ce que l’on sait d’avance qu’ils doivent dire.
Ce ne pouvait être qu’à Rouen, à la suite des grands dîners qui réunissaient, rue de Crosne, chez les Henry Bordeaux, un certain nombre des membres de la famille. On laissait les enfants, c’est-à-dire nous, quitter la table aussitôt après le dessert, tandis que les grandes personnes s’attardaient dans la salle à manger. Nous gagnions donc alors le salon tous les quatre et, à grand effort de mémoire, tâchions de retracer les étapes successives de la conversation. (…) « Non ; la tante Lucile n’a commencé à se plaindre de la grève des ouvriers du Houlme que plus tard, après que l’oncle Henry avait fait observer que les grèves sont aussi préjudiciables aux ouvriers qu’aux patrons. »
Entre minuit et 2 heures du matin, ma femme, à Cuverville, est alertée par la sonnerie du téléphone. De deux ans plus âgée que moi, souffrant d’une grave maladie de cœur, elle doit descendre un étage pour entendre un représentant du Journal de Rouen lui demander quelques détails sur mon suicide.
Le dernier feuillet d’Ainsi soit-il ou Les jeux sont faits est daté du treize février mil neuf cent cinquante et un. André Gide mourut le dix-neuf février. Entre ces deux dates, je naissais.
23 décembre 2017
Noël approche... ça me met hors de moi! Alors quoi? Dépenser des centaines de francs pour fêter la naissance d'un petit Con masochiste qui s'est laissé épingler bêtement sur une croix parce qu'il n'a jamais eu le courage de dire Merde à sa mère? A d'autres! Je ne marche pas. écrivait Grisélidis Réal à Jean-Luc Hennig le cinq décembre mil neuf cent quatre-vingt-sept.
Mil neuf cent quatre-vingt-sept, l’année de naissance de celle qui m’a appelé ce vendredi pour m’annoncer que son opération s’était bien passée et me proposer un repas de fête d’entre les deux fêtes, mercredi prochain.
-D'où tirez-vous votre plaisir aujourd'hui ? demande Le Parisien à Anémone, laquelle a mon âge et arrête sa carrière d’actrice à la fin du mois.
-En ce moment, je suis assez déprimée... On s'est fait traiter de tous les noms quand on était écolos de la première heure, quand on disait qu'il fallait se bouger. Aujourd'hui, quand je dis que c'est trop tard, on ne me croit toujours pas. C'est une souffrance assez intense.
-Il est vraiment trop tard ? insiste le journaliste.
-Oui, et ça fait longtemps. Ça va aller de pire en pire, il n'y a plus d'eau, les sols crèvent, on va sûrement avoir des épidémies, des famines, une guerre nucléaire…
Je pense comme elle, mais je n’arrive pas à savoir si c’est par lucidité ou un effet de la vieillesse, laquelle peut inciter à penser que le monde va disparaître avec soi.
*
Ce samedi matin, un trentenaire néo barbu au téléphone près du Palais de Justice :
-C’est vrai qu’elle porte plus de montre. C’est vrai que maintenant avec le téléphone… C’est vrai qu’un bracelet lui ferait peut-être plus plaisir. Après il faut voir quel budget vous voulez y mettre. Après elle en porte déjà plusieurs. Après il ne faudrait pas se tromper sur ce qui lui plaît.
Mil neuf cent quatre-vingt-sept, l’année de naissance de celle qui m’a appelé ce vendredi pour m’annoncer que son opération s’était bien passée et me proposer un repas de fête d’entre les deux fêtes, mercredi prochain.
-D'où tirez-vous votre plaisir aujourd'hui ? demande Le Parisien à Anémone, laquelle a mon âge et arrête sa carrière d’actrice à la fin du mois.
-En ce moment, je suis assez déprimée... On s'est fait traiter de tous les noms quand on était écolos de la première heure, quand on disait qu'il fallait se bouger. Aujourd'hui, quand je dis que c'est trop tard, on ne me croit toujours pas. C'est une souffrance assez intense.
-Il est vraiment trop tard ? insiste le journaliste.
-Oui, et ça fait longtemps. Ça va aller de pire en pire, il n'y a plus d'eau, les sols crèvent, on va sûrement avoir des épidémies, des famines, une guerre nucléaire…
Je pense comme elle, mais je n’arrive pas à savoir si c’est par lucidité ou un effet de la vieillesse, laquelle peut inciter à penser que le monde va disparaître avec soi.
*
Ce samedi matin, un trentenaire néo barbu au téléphone près du Palais de Justice :
-C’est vrai qu’elle porte plus de montre. C’est vrai que maintenant avec le téléphone… C’est vrai qu’un bracelet lui ferait peut-être plus plaisir. Après il faut voir quel budget vous voulez y mettre. Après elle en porte déjà plusieurs. Après il ne faudrait pas se tromper sur ce qui lui plaît.
22 décembre 2017
Il y a surtout des solitaires au Palais de Pékin ce mercredi midi. Fait exception un duo de très vieilles dont l’une ne cesse de flatter l’autre qui la regarde de haut : « Ecoute chérie, je vais te dire la vérité, j’ai quelque chose pour toi depuis six mois, mais je l’ai tellement bien rangé que je le retrouve plus. »
Noël est un drame pour certains. Que vont faire celles et ceux que je retrouve peu après devant le rideau encore baissé de la Petite Rockette (et qui y sont quotidiennement) alors que la ressourcerie va fermer pendant les fêtes. Ici les livres ne sont pas « au moins cher du moins cher sur Internet » mais à prix libre. Personnellement, je m’en tiens au tarif qui était en cours avant : un euro les grands formats, cinquante centimes les poches. Cette fois je ne dépense pas un sou, aucun livre ne m’appelle.
Il n’en est pas de même au second Book Off dont les employées ne portent pas de bonnet de Noël. Au rayon Littérature un titre ne m’aide pas à penser à autre chose : Traité de technique opératoire. Il ne s’agit pas d’une erreur de classement. Ce livre de P.N.A. Handschin, publié chez Argol, donne à lire une série de propositions plus ou moins absurdes.
Ainsi :
Ranger ces éléments du plus visqueux au plus gluant ?
La bêtise,
Le crapaud commun,
Le gâteau de riz à la crème de soja,
Le sperme.
Ou bien :
Un organe vital dont vous et moi nous passerions sans doute très bien s’il ne l’était pas :
Le cœur (d’autant plus qu’il est creux et en forme de poire par-dessus le marché)
Pas de quoi me faire oublier que le ciel est gris.
*
Le train de retour, dans lequel certains voyagent assis dans les marches, ne part qu’avec dix minutes de retard. Mes deux voisines sont des septuagénaires havraises à fourrure qui viennent de « faire la tournée des palaces » (chacun ses églises). Bristol, Plaza Athénée, Georges V, c’est ce dernier qui est le mieux.
Le voiturier leur a appelé un taxi puis leur a tenu la portière.
-Quand même j’ai des goûts simples, dit l’une, mais de temps en temps j’aime bien qu’on me tienne la portière.
Elles sont allées à Paris en première classe mais rentrent en seconde.
-Demain, dit l’autre, on va se reposer, on sera un peu fatiguées.
Noël est un drame pour certains. Que vont faire celles et ceux que je retrouve peu après devant le rideau encore baissé de la Petite Rockette (et qui y sont quotidiennement) alors que la ressourcerie va fermer pendant les fêtes. Ici les livres ne sont pas « au moins cher du moins cher sur Internet » mais à prix libre. Personnellement, je m’en tiens au tarif qui était en cours avant : un euro les grands formats, cinquante centimes les poches. Cette fois je ne dépense pas un sou, aucun livre ne m’appelle.
Il n’en est pas de même au second Book Off dont les employées ne portent pas de bonnet de Noël. Au rayon Littérature un titre ne m’aide pas à penser à autre chose : Traité de technique opératoire. Il ne s’agit pas d’une erreur de classement. Ce livre de P.N.A. Handschin, publié chez Argol, donne à lire une série de propositions plus ou moins absurdes.
Ainsi :
Ranger ces éléments du plus visqueux au plus gluant ?
La bêtise,
Le crapaud commun,
Le gâteau de riz à la crème de soja,
Le sperme.
Ou bien :
Un organe vital dont vous et moi nous passerions sans doute très bien s’il ne l’était pas :
Le cœur (d’autant plus qu’il est creux et en forme de poire par-dessus le marché)
Pas de quoi me faire oublier que le ciel est gris.
*
Le train de retour, dans lequel certains voyagent assis dans les marches, ne part qu’avec dix minutes de retard. Mes deux voisines sont des septuagénaires havraises à fourrure qui viennent de « faire la tournée des palaces » (chacun ses églises). Bristol, Plaza Athénée, Georges V, c’est ce dernier qui est le mieux.
Le voiturier leur a appelé un taxi puis leur a tenu la portière.
-Quand même j’ai des goûts simples, dit l’une, mais de temps en temps j’aime bien qu’on me tienne la portière.
Elles sont allées à Paris en première classe mais rentrent en seconde.
-Demain, dit l’autre, on va se reposer, on sera un peu fatiguées.
21 décembre 2017
Ce mercredi le contrôleur du sept heures cinquante-neuf est d’humeur facétieuse, qui me demande ma Carte Jeune. Il a ensuite affaire à un jeune contrevenant qui déclare être procureur de la république.
-Si vous êtes procureur de la république, pourquoi n’avez-vous qu’une carte de réserviste à me montrer ? lui demande-t-il.
-Je suis aussi réserviste.
-C’est comme moi, je suis avocat général et je suis aussi contrôleur.
Le silence revient dans la voiture et nous arrivons à l’heure à Paris, ce qui me met à dix heures moins dix au Café du Faubourg et pour l’ouverture chez Book-Off. Les employées y portent des bonnets de Noël mais je n’emporte que deux livres dans ma hotte.
Il fait gris, ce qui est en conformité avec mon ressenti (comme on dit) car c’est demain jeudi qu’est opérée celle avec qui j’avais rendez-vous il y a une semaine. Je n’ai pas le cœur à faire autre chose que de passer d’un lieu de vente de livres à un lieu de vente de livres, comme qui pourrait aller d’église en église.
Au marché d’Aligre, j’achète pour un euro Joyeux, fais ton fourbi, la réédition chez Finitude de l’ouvrage autobiographique de Julien Blanc paru la première fois en mil neuf cent quarante-sept (il y raconte son séjour dans les bataillons disciplinaires d’Afrique). Chez Emmaüs, je ne trouve rien.
Je rejoins pédestrement le carrefour Parmentier/Chemin Vert. Comme il est trop tôt pour déjeuner, je zone dans le quartier. C’est ainsi que je découvre rue d’Amboise la Bouquinerie d’Oxfam. Son rideau est baissé mais elle ouvre dans cinq minutes.
Celui qui le relève est davantage surpris de me voir là que l’inverse. Je savais que ce chantre de la société libérale était désormais employé par cette multinationale de la charité après avoir été vendeur dans une grande librairie rouennaise, là aussi dans le domaine subventionné.
Cette bouquinerie n’est pas de celle où les livres sont à un ou deux euros. Globalement, ils sont à cinquante pour cent du neuf. Il y a de bonnes choses, mais aucune qui m’incite à payer ce prix. Un client essaie d’obtenir un rabais.
-Impossible, ce n’est pas ma librairie, lui répond l’ancien Rouennais.
-On se met au moins cher du moins cher sur Internet, ajoute-t-il.
Je ne prends pas le risque de donner mon avis. Il est midi, l’heure d’aller au Palais de Pékin.
*
Nouveaux obstacles sur les trottoirs parisiens : les vélos verts en libre service abandonnés là par des bicyclistes peu civilisés.
*
Gare de Rouen une publicité Coca Cola « zéro sucres ». Pas de quoi aider les élèves à faire zéro faute en dictée.
-Si vous êtes procureur de la république, pourquoi n’avez-vous qu’une carte de réserviste à me montrer ? lui demande-t-il.
-Je suis aussi réserviste.
-C’est comme moi, je suis avocat général et je suis aussi contrôleur.
Le silence revient dans la voiture et nous arrivons à l’heure à Paris, ce qui me met à dix heures moins dix au Café du Faubourg et pour l’ouverture chez Book-Off. Les employées y portent des bonnets de Noël mais je n’emporte que deux livres dans ma hotte.
Il fait gris, ce qui est en conformité avec mon ressenti (comme on dit) car c’est demain jeudi qu’est opérée celle avec qui j’avais rendez-vous il y a une semaine. Je n’ai pas le cœur à faire autre chose que de passer d’un lieu de vente de livres à un lieu de vente de livres, comme qui pourrait aller d’église en église.
Au marché d’Aligre, j’achète pour un euro Joyeux, fais ton fourbi, la réédition chez Finitude de l’ouvrage autobiographique de Julien Blanc paru la première fois en mil neuf cent quarante-sept (il y raconte son séjour dans les bataillons disciplinaires d’Afrique). Chez Emmaüs, je ne trouve rien.
Je rejoins pédestrement le carrefour Parmentier/Chemin Vert. Comme il est trop tôt pour déjeuner, je zone dans le quartier. C’est ainsi que je découvre rue d’Amboise la Bouquinerie d’Oxfam. Son rideau est baissé mais elle ouvre dans cinq minutes.
Celui qui le relève est davantage surpris de me voir là que l’inverse. Je savais que ce chantre de la société libérale était désormais employé par cette multinationale de la charité après avoir été vendeur dans une grande librairie rouennaise, là aussi dans le domaine subventionné.
Cette bouquinerie n’est pas de celle où les livres sont à un ou deux euros. Globalement, ils sont à cinquante pour cent du neuf. Il y a de bonnes choses, mais aucune qui m’incite à payer ce prix. Un client essaie d’obtenir un rabais.
-Impossible, ce n’est pas ma librairie, lui répond l’ancien Rouennais.
-On se met au moins cher du moins cher sur Internet, ajoute-t-il.
Je ne prends pas le risque de donner mon avis. Il est midi, l’heure d’aller au Palais de Pékin.
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Nouveaux obstacles sur les trottoirs parisiens : les vélos verts en libre service abandonnés là par des bicyclistes peu civilisés.
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Gare de Rouen une publicité Coca Cola « zéro sucres ». Pas de quoi aider les élèves à faire zéro faute en dictée.
19 décembre 2017
Lecture ferroviaire de mercredi dernier Dissimulons ! de Noël Herpe publié chez Plein Jour dans la collection « les invraisemblables ». L’auteur y narre ses rencontres lorsqu’il était maître de conférence avec deux êtres encore plus mal vus socialement que lui : un prof caennais (Romaric) et un travesti lexovien (Guillaume/Gloria). Le récit est fade et les clichés convoqués. En témoigne cette description de Caen :
J’ai croisé Romaric il y a une dizaine d’années, dans cette université normande où le sort m’avait jeté à mon grand dam. Ce sort, je le maudissais toutes les semaines en reprenant le train pour Caen, en retrouvant ses cafés autour de la gare, où erraient des êtres sans emploi, ses gamines trop maquillées, ses rangées d’immeubles informes. Si le néant avait un visage, il ressemblerait à cette ville aux trois quarts dévastée par les bombardement et que l’urbanisme triste de l’après-guerre avait achevé de défigurer. Dans le tramway qui m’emmenait vers le campus, j’observais des gueules démolies par l’alcool, les goitres, la pauvreté. J’imaginais des mariages consanguins, toute une hérédité paysanne n’ayant pas changé depuis Maupassant.
Maupassant décrivant le Calvados ?
Ce livre ne mérite pas que je le garde. Je l’ai mis en vente. Peut-être Noël Herpe me l’achètera-t-il. Comme autrefois il m’a acheté son Journal en ruines, autre lecture décevante.
*
Un auteur qui achète ses propres livres ? Ce n’est pas la seule fois que ça m’est arrivé.
J’ai croisé Romaric il y a une dizaine d’années, dans cette université normande où le sort m’avait jeté à mon grand dam. Ce sort, je le maudissais toutes les semaines en reprenant le train pour Caen, en retrouvant ses cafés autour de la gare, où erraient des êtres sans emploi, ses gamines trop maquillées, ses rangées d’immeubles informes. Si le néant avait un visage, il ressemblerait à cette ville aux trois quarts dévastée par les bombardement et que l’urbanisme triste de l’après-guerre avait achevé de défigurer. Dans le tramway qui m’emmenait vers le campus, j’observais des gueules démolies par l’alcool, les goitres, la pauvreté. J’imaginais des mariages consanguins, toute une hérédité paysanne n’ayant pas changé depuis Maupassant.
Maupassant décrivant le Calvados ?
Ce livre ne mérite pas que je le garde. Je l’ai mis en vente. Peut-être Noël Herpe me l’achètera-t-il. Comme autrefois il m’a acheté son Journal en ruines, autre lecture décevante.
*
Un auteur qui achète ses propres livres ? Ce n’est pas la seule fois que ça m’est arrivé.
18 décembre 2017
Plus sinistre qu’un dimanche habituel à Rouen avec ses rues quasiment désertes parcourues par quelques familles en errance d’après déjeuner, c’est le dimanche d’avant ce qu’on appelle les fêtes où ces rues sont envahies par la grosse manifestation en faveur de la société de consommation dans laquelle on peut même croiser des révolutionnaires et autres anticapitalistes (tous ensemble ouais ouais pour aller de boutique en boutique).
Rares sont celles et ceux qui vivent selon leurs convictions. Nicolas Hulot, Ministre de la Transition écologique et solidaire, en est l’illustration avec sa collection personnelle de véhicules à moteur. Comme chacun(e), il sait se justifier et se déculpabiliser : un pour sa fille, un pour sa femme, un pour ses chevaux, un pour la Corse, un pour les vacances, etc. Et d’ailleurs, à quatre-vingt-quinze pour cent de son temps, il roule « en électrique » avec les voitures du Ministère (je comprends pourquoi il a fait marche arrière sur la sortie rapide du nucléaire).
Allez, on continue comme avant tout en disant qu’on change. Cela tiendra bien assez longtemps pour qu’on ne soit pas de celles et ceux qui en subiront les pires conséquences.
*
J’écoute France Culture en fin d’après-midi. C’est Rue des écoles, une émission qu’animait Louise Tourret, très au fait des questions d’éducation. Martin Quenehen a pris le relais, qui n’y connaît pas grand-chose. Il se livre à un bavardage assez creux avec ses invité(e)s. Ce jour il s’agit de professeur(e)s d’un lycée hôtelier et de leurs élèves à qui on a fait lire quatre des douze romans en compétition pour le prix Wepler. Ces élèves doivent s’en inspirer pour leurs recettes. L’une explique que dans un des livres, il est question d’une jeune fille victime du feu, alors elle a fait une crème brûlée.
Rares sont celles et ceux qui vivent selon leurs convictions. Nicolas Hulot, Ministre de la Transition écologique et solidaire, en est l’illustration avec sa collection personnelle de véhicules à moteur. Comme chacun(e), il sait se justifier et se déculpabiliser : un pour sa fille, un pour sa femme, un pour ses chevaux, un pour la Corse, un pour les vacances, etc. Et d’ailleurs, à quatre-vingt-quinze pour cent de son temps, il roule « en électrique » avec les voitures du Ministère (je comprends pourquoi il a fait marche arrière sur la sortie rapide du nucléaire).
Allez, on continue comme avant tout en disant qu’on change. Cela tiendra bien assez longtemps pour qu’on ne soit pas de celles et ceux qui en subiront les pires conséquences.
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J’écoute France Culture en fin d’après-midi. C’est Rue des écoles, une émission qu’animait Louise Tourret, très au fait des questions d’éducation. Martin Quenehen a pris le relais, qui n’y connaît pas grand-chose. Il se livre à un bavardage assez creux avec ses invité(e)s. Ce jour il s’agit de professeur(e)s d’un lycée hôtelier et de leurs élèves à qui on a fait lire quatre des douze romans en compétition pour le prix Wepler. Ces élèves doivent s’en inspirer pour leurs recettes. L’une explique que dans un des livres, il est question d’une jeune fille victime du feu, alors elle a fait une crème brûlée.
15 décembre 2017
Ne supportant pas d’entrer dans un magasin de jouets en cette période de Noël, c’est via Internet que j’achète celui destiné à ma descendance. Je choisis la livraison gratuite par Mondial Relay, colis à retirer au plus près, chez ClopiNette rue du Général-Leclerc.
« Colis disponible au Point Relais », lis-je l’autre samedi en en-tête d’un mail de Mondial Relay. Sans me donner la peine d’ouvrir ce courrier, je me pointe chez ClopiNette. L’employé cherche mon nom, ne le trouve pas.
Rentré j’ouvre le mail et découvre que le colis a été livré chez Facility Serv, rue Raymond-Aron à Mont-Saint-Aignan, donc à cinq kilomètres de chez moi. J’appelle ce Facility Serv.
-Impossible de transférer votre colis chez ClopiNette, me dit-on, tout ce qu’on peut faire c’est le renvoyer comme non réclamé chez Mondial Relay.
-Je vous interdis de faire ça. Ce serait mettre sur mon dos un problème dont le responsable est Mondial Relay.
Mon interlocuteur m’explique que si le colis a été livré chez lui, c’est peut-être que le magasin ClopiNette était saturé.
J’appelle Mondial Relay. Après une série de tapez un tapez deux, je suis accueilli par un robot qui répète que tous les téléconseillers sont occupés veuillez patienter. Au bout de cinq minutes je raccroche excédé. J’envoie un mail à cette société privée, exigeant que mon colis soit livré chez ClopiNette comme spécifié lors de ma commande.
Lundi matin, je repasse chez ClopiNette et y trouve un autre employé à qui je commence à résumer le problème.
-Il faut vous adresser à Mondial Relay, m’interrompt-il. Nous, on est des vendeurs de cigarettes électroniques.
-Je sais. Je venais pour vous demander s’il était vrai, comme on me l’a dit chez Facility Serv, que vous étiez saturé.
-On a un deal avec Mondial Relay. Ils nous envoient qu’un certain nombre de colis parce qu’on manque de place, on a déjà dû avancer le comptoir.
-Sûr que je vais vous faire une bonne publicité, lui dis-je en quittant les lieux, furibard.
Mondial Relay répond à mon mail par un mail en forme de circulaire : « Si le Point Relais initialement choisi est indisponible au moment de la livraison, votre colis est déposé dans un Point Relais de substitution. »
J’envoie un nouveau mail : « Pouvez-vous me dire pourquoi vous l'avez envoyé dans une autre ville située à cinq kilomètres alors qu'il y a tout un tas d'autres Point Relais à Rouen? »
Il reste sans réponse.
Ce jeudi matin, je prends le bus Effe Deux qui va jusqu’à cette banlieue de Mont-Saint-Aignan nommée La Vatine où je n’ai jamais mis le pied. Je descends à Aron, cherche dans cette laide zone commerciale où se cache Facility Serv et y récupère mon colis.
*
Choisir Mondial Relay plutôt que La Poste parce que la livraison du colis se faisait gratuitement dans un endroit situé à cent mètres de chez soi et devoir payer trois euros vingt (deux tickets de bus) pour l’aller chercher à cinq kilomètres montre que l’on a tort de faire confiance au privé.
*
Autrefois, j’ai fait arriver sans problème deux ou trois colis Mondial Relay chez Maison Pinel, place Jacques-Lelieur, puis cette épicerie fine a mis la clé sous la porte.
Quand on est commerçant et que l’on prend une activité secondaire, c’est souvent que la première bat de l’aile.
« Colis disponible au Point Relais », lis-je l’autre samedi en en-tête d’un mail de Mondial Relay. Sans me donner la peine d’ouvrir ce courrier, je me pointe chez ClopiNette. L’employé cherche mon nom, ne le trouve pas.
Rentré j’ouvre le mail et découvre que le colis a été livré chez Facility Serv, rue Raymond-Aron à Mont-Saint-Aignan, donc à cinq kilomètres de chez moi. J’appelle ce Facility Serv.
-Impossible de transférer votre colis chez ClopiNette, me dit-on, tout ce qu’on peut faire c’est le renvoyer comme non réclamé chez Mondial Relay.
-Je vous interdis de faire ça. Ce serait mettre sur mon dos un problème dont le responsable est Mondial Relay.
Mon interlocuteur m’explique que si le colis a été livré chez lui, c’est peut-être que le magasin ClopiNette était saturé.
J’appelle Mondial Relay. Après une série de tapez un tapez deux, je suis accueilli par un robot qui répète que tous les téléconseillers sont occupés veuillez patienter. Au bout de cinq minutes je raccroche excédé. J’envoie un mail à cette société privée, exigeant que mon colis soit livré chez ClopiNette comme spécifié lors de ma commande.
Lundi matin, je repasse chez ClopiNette et y trouve un autre employé à qui je commence à résumer le problème.
-Il faut vous adresser à Mondial Relay, m’interrompt-il. Nous, on est des vendeurs de cigarettes électroniques.
-Je sais. Je venais pour vous demander s’il était vrai, comme on me l’a dit chez Facility Serv, que vous étiez saturé.
-On a un deal avec Mondial Relay. Ils nous envoient qu’un certain nombre de colis parce qu’on manque de place, on a déjà dû avancer le comptoir.
-Sûr que je vais vous faire une bonne publicité, lui dis-je en quittant les lieux, furibard.
Mondial Relay répond à mon mail par un mail en forme de circulaire : « Si le Point Relais initialement choisi est indisponible au moment de la livraison, votre colis est déposé dans un Point Relais de substitution. »
J’envoie un nouveau mail : « Pouvez-vous me dire pourquoi vous l'avez envoyé dans une autre ville située à cinq kilomètres alors qu'il y a tout un tas d'autres Point Relais à Rouen? »
Il reste sans réponse.
Ce jeudi matin, je prends le bus Effe Deux qui va jusqu’à cette banlieue de Mont-Saint-Aignan nommée La Vatine où je n’ai jamais mis le pied. Je descends à Aron, cherche dans cette laide zone commerciale où se cache Facility Serv et y récupère mon colis.
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Choisir Mondial Relay plutôt que La Poste parce que la livraison du colis se faisait gratuitement dans un endroit situé à cent mètres de chez soi et devoir payer trois euros vingt (deux tickets de bus) pour l’aller chercher à cinq kilomètres montre que l’on a tort de faire confiance au privé.
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Autrefois, j’ai fait arriver sans problème deux ou trois colis Mondial Relay chez Maison Pinel, place Jacques-Lelieur, puis cette épicerie fine a mis la clé sous la porte.
Quand on est commerçant et que l’on prend une activité secondaire, c’est souvent que la première bat de l’aile.
14 décembre 2017
Cinq minutes après le départ du sept heures cinquante-neuf, la femme assise de l’autre côté de couloir m’interpelle :
-Excusez-moi, ce train il va bien à Maromme ?
-Non, à Paris.
-Aaaaah ! Et il s’arrête pas ?
-Non.
Elle passe la suite du voyage assez stoïquement. Le chef de bord annonce l’arrivée à Paris d’une voix endormie. Pas étonnant que les contrôleurs ne soient pas passés. Quel sort auraient-ils fait à ma voisine allant à Maromme ?
Il pleut dans la capitale. Je reste une heure et demie chez Book-Off faute d’aller au marché d’Aligre, constatant que plus longtemps on explore les rayonnages, plus on trouve de livres intéressants. Je croise là le vieux bouquiniste que je n’avais pas vu depuis de nombreux mois. Il a eu de gros problèmes de santé, me dit-il. Il perd la mémoire. Les médecins ne savent pas expliquer pourquoi.
A midi, je déjeune au Rempart (filet mignon chou au beurre, tarte poire chocolat, verre de bourgueil, seize euros cinquante) puis rejoins le Rivolux où j’ai rendez-vous avec celle qui travaille dans le quartier et dont je suis resté sans nouvelles depuis notre dernière rencontre. Elle veut me parler d’un problème de santé.
Je m’attends à un sérieux souci. Effectivement, c’en est un. Le cran avec lequel elle y fait face me rend admiratif.
Impossible de penser à autre chose le reste de la journée. Au retour à Rouen, je me fais dracher entre gare et domicile.
Mauvaise nuit ensuite, la tempête n’en est pas la cause principale.
-Excusez-moi, ce train il va bien à Maromme ?
-Non, à Paris.
-Aaaaah ! Et il s’arrête pas ?
-Non.
Elle passe la suite du voyage assez stoïquement. Le chef de bord annonce l’arrivée à Paris d’une voix endormie. Pas étonnant que les contrôleurs ne soient pas passés. Quel sort auraient-ils fait à ma voisine allant à Maromme ?
Il pleut dans la capitale. Je reste une heure et demie chez Book-Off faute d’aller au marché d’Aligre, constatant que plus longtemps on explore les rayonnages, plus on trouve de livres intéressants. Je croise là le vieux bouquiniste que je n’avais pas vu depuis de nombreux mois. Il a eu de gros problèmes de santé, me dit-il. Il perd la mémoire. Les médecins ne savent pas expliquer pourquoi.
A midi, je déjeune au Rempart (filet mignon chou au beurre, tarte poire chocolat, verre de bourgueil, seize euros cinquante) puis rejoins le Rivolux où j’ai rendez-vous avec celle qui travaille dans le quartier et dont je suis resté sans nouvelles depuis notre dernière rencontre. Elle veut me parler d’un problème de santé.
Je m’attends à un sérieux souci. Effectivement, c’en est un. Le cran avec lequel elle y fait face me rend admiratif.
Impossible de penser à autre chose le reste de la journée. Au retour à Rouen, je me fais dracher entre gare et domicile.
Mauvaise nuit ensuite, la tempête n’en est pas la cause principale.
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