Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
7 avril 2018
Ce jeudi soir, j’arrive évidemment le premier à l’Hôtel de l’Europe, rue aux Ours, où David Lafore est de nouveau invité à donner concert par Georges-André, le maître des lieux ; celle dont j’ai eu l’un des enfants en petite section de maternelle à Val-de-Reuil, lequel a maintenant deux enfants dont l’un a l’âge qu’il avait à cette époque, servant d’intermédiaire entre lui et le chanteur. Tandis que l’hôtelier vaque à des affaires d’hôtelier, je discute avec elle jusqu’à l’arrivée des autres. Pendant ce temps, l’artiste chauffe sa voix en soufflant ou aspirant dans une sorte de tube puis il monte dans sa chambre faire des vocalises.
Les chaises entourent les tables afin que les spectateurs et spectatrices fassent connaissance. Voulant éviter ça, je me case sur une chaise en arrière. Nous sommes une quinzaine, dont des femmes qui parlent de cours de dessin et de pratique du tai-chi. Cela devait commencer à vingt heures trente mais à moins le quart David Lafore circule encore par-ci par-là, jusque dans la cuisine des petits déjeuners.
-On attend le chanteur ? s’inquiète l’un auprès de l’organisatrice.
-Non il est là, avec la veste rouge.
Rassuré, il se penche vers sa voisine :
-Je croyais qu’il s’agissait d’un employé de l’hôtel.
Après avoir été présenté comme « un punk romantique », David Lafore enlève sa veste et son pull, puis il accorde sa guitare électrique en s’interrogeant sur le sens de l’expression « par acquit de conscience ». Certain(e)s y vont de leur suggestion jusqu’à ce que le jeune homme petit et barbu grimpé sur le tabouret situé derrière moi consulte son smartphone et en donne la définition officielle. Quand j’ai vu ce garçon pour la première fois, il était imberbe et accompagnait celle à qui j’avais proposé de boire un verre avant qu’elle quitte la région. Evidemment, j’avais aussi payé son verre à lui. Me croisant ensuite en ville, il m’avait ignoré ostensiblement.
Le tour de chant de David Lafore est le même que le précédent avec deux ou trois chansons nouvelles, Je ne vais pas répéter ce que j’ai écrit lors de son premier passage. Cela me plaît toujours mais l’effet de surprise lié à la découverte n’y est plus. Les deux femmes à ma droite se gaussent fort. L’homme dont le physique rappelle celui du chanteur à moustache dont l’évocation est un gag récurent du récital est chambré (comme on dit) par l’artiste, puis c’est le tour de celui qui a gardé sa parka bleue malgré la chaleur, enfin le mien pour ne pas frapper dans les mains avec tout le monde quand la musique marche au pas.
Ce n’est pas dans mes mœurs (comme dirait Thomas Clerc). Je me souviens lorsque Lhasa était venue au Hangar Vingt-Trois à quel point j’avais apprécié qu’aucune de ses chansons ne permettent cette pratique totalitaire.
A la fin, David Lafore indique que ses cédés sont disponibles :
-Je les vends dix euros, ou quinze euros, ou vingt euros, alors réfléchissez, soyez malins, et toutes les chansons, vous pouvez les écouter gratuitement sur Internet, alors réfléchissez, ne vous faites pas avoir.
Chacun met un billet dans le chapeau que passe l’organisatrice afin de financer la prestation de ce soir. Je lui dis au revoir ainsi qu’à Georges-André et me carapate.
Il est vingt-deux heures trente. Sur le parvis de la Cathédrale sont assis de bavard(e)s branlotin(e)s italien(ne)s en vadrouille dont le bruit est supérieur à celui des étourneaux qui nichaient dans les arbres abattus.
*
Ce jeudi soir, Emmanuel Macron est à un autre genre de concert, celui des demoiselles des maisons d’éducation de la Légion d’Honneur à Saint-Denis. Il ne doit pas s’amuser. Le matin, il était au Céhachu de Rouen. Allumant la télé, je le vois avec sa femme sur la partie droite de l’écran faire risette à des enfants en bas âge atteints d’autisme tandis que sur la partie gauche de l’écran des manifestant(e)s se pressent contre une rangée de Céhéresses. J’en connais plusieurs. Certain(e)s ont la parole, tandis que l’image présidentielle reste muette.
*
Du peu reluisant recyclage des Ecologistes de premier niveau :
L’ancien sous-Ministre Jean-Vincent Placé traite de pute une jeune fille qu’il voulait payer pour danser et qui a refusé, puis la bouscule ; il menace le videur qui s’interpose de le renvoyer en Afrique puis qualifie les Policiers de tocards et de connards, tout cela en état d’ivresse.
L’ancienne Ministre Cécile Duflot devient Directrice d’Oxfam France.
Les chaises entourent les tables afin que les spectateurs et spectatrices fassent connaissance. Voulant éviter ça, je me case sur une chaise en arrière. Nous sommes une quinzaine, dont des femmes qui parlent de cours de dessin et de pratique du tai-chi. Cela devait commencer à vingt heures trente mais à moins le quart David Lafore circule encore par-ci par-là, jusque dans la cuisine des petits déjeuners.
-On attend le chanteur ? s’inquiète l’un auprès de l’organisatrice.
-Non il est là, avec la veste rouge.
Rassuré, il se penche vers sa voisine :
-Je croyais qu’il s’agissait d’un employé de l’hôtel.
Après avoir été présenté comme « un punk romantique », David Lafore enlève sa veste et son pull, puis il accorde sa guitare électrique en s’interrogeant sur le sens de l’expression « par acquit de conscience ». Certain(e)s y vont de leur suggestion jusqu’à ce que le jeune homme petit et barbu grimpé sur le tabouret situé derrière moi consulte son smartphone et en donne la définition officielle. Quand j’ai vu ce garçon pour la première fois, il était imberbe et accompagnait celle à qui j’avais proposé de boire un verre avant qu’elle quitte la région. Evidemment, j’avais aussi payé son verre à lui. Me croisant ensuite en ville, il m’avait ignoré ostensiblement.
Le tour de chant de David Lafore est le même que le précédent avec deux ou trois chansons nouvelles, Je ne vais pas répéter ce que j’ai écrit lors de son premier passage. Cela me plaît toujours mais l’effet de surprise lié à la découverte n’y est plus. Les deux femmes à ma droite se gaussent fort. L’homme dont le physique rappelle celui du chanteur à moustache dont l’évocation est un gag récurent du récital est chambré (comme on dit) par l’artiste, puis c’est le tour de celui qui a gardé sa parka bleue malgré la chaleur, enfin le mien pour ne pas frapper dans les mains avec tout le monde quand la musique marche au pas.
Ce n’est pas dans mes mœurs (comme dirait Thomas Clerc). Je me souviens lorsque Lhasa était venue au Hangar Vingt-Trois à quel point j’avais apprécié qu’aucune de ses chansons ne permettent cette pratique totalitaire.
A la fin, David Lafore indique que ses cédés sont disponibles :
-Je les vends dix euros, ou quinze euros, ou vingt euros, alors réfléchissez, soyez malins, et toutes les chansons, vous pouvez les écouter gratuitement sur Internet, alors réfléchissez, ne vous faites pas avoir.
Chacun met un billet dans le chapeau que passe l’organisatrice afin de financer la prestation de ce soir. Je lui dis au revoir ainsi qu’à Georges-André et me carapate.
Il est vingt-deux heures trente. Sur le parvis de la Cathédrale sont assis de bavard(e)s branlotin(e)s italien(ne)s en vadrouille dont le bruit est supérieur à celui des étourneaux qui nichaient dans les arbres abattus.
*
Ce jeudi soir, Emmanuel Macron est à un autre genre de concert, celui des demoiselles des maisons d’éducation de la Légion d’Honneur à Saint-Denis. Il ne doit pas s’amuser. Le matin, il était au Céhachu de Rouen. Allumant la télé, je le vois avec sa femme sur la partie droite de l’écran faire risette à des enfants en bas âge atteints d’autisme tandis que sur la partie gauche de l’écran des manifestant(e)s se pressent contre une rangée de Céhéresses. J’en connais plusieurs. Certain(e)s ont la parole, tandis que l’image présidentielle reste muette.
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Du peu reluisant recyclage des Ecologistes de premier niveau :
L’ancien sous-Ministre Jean-Vincent Placé traite de pute une jeune fille qu’il voulait payer pour danser et qui a refusé, puis la bouscule ; il menace le videur qui s’interpose de le renvoyer en Afrique puis qualifie les Policiers de tocards et de connards, tout cela en état d’ivresse.
L’ancienne Ministre Cécile Duflot devient Directrice d’Oxfam France.
6 avril 2018
Sorti de chez New New, je montre le contenu de mon sac à dos au vigile du Centre Pompidou et franchis le portique de détection des métaux après avoir laissé clés et porte-monnaie dans une bannette. Il a dû se passer quelque chose de fâcheux car une affichette précise que cette manœuvre est interdite aux porteurs de « simulateur cardiaque ». Autrefois, on écrivait sic entre parenthèses après avoir cité ce genre de pataquès.
Délesté de mon sac au vestiaire, je grimpe par la chenille jusqu’au niveau Six afin d’y voir l’exposition du centenaire de la prise du pouvoir par les Bolcheviks : Chagall, Lissitzky, Malevitch L’Avant-garde russe à Vitebsk.
En mil neuf cent dix-huit, Marc Chagall est nommé commissaire des beaux-arts de Vitebsk, sa ville natale aujourd’hui située en Biélorussie. Il crée une école populaire d’art, gratuite et ouverte à tous. Parmi les enseignants El Lissitzky et Kazimir Malevitch. Ce dernier fait des étudiants des adeptes du suprématisme, entrant en conflit avec Chagall qui défend la pluralité des tendances artistiques. L’école ne formera qu’une promotion d’élèves avant d’être fermée. Mon peu de goût pour les avant-gardes et les idéologies fait que je passe assez vite d’une œuvre à l’autre, « en avant, en avant » comme est titré l’un des dessins de je ne sais plus qui. Le projet de tribune pour Lénine, dû à Lissitzky, ici reconstitué, achève de me donner envie d’aller voir ailleurs.
Redescendu au niveau Quatre, j’y découvre la rétrospective Jim Dine Paris Reconnaissance constituée des vingt-huit œuvres que l’artiste vient d’offrir au Centre Pompidou en remerciement du bon temps passé autrefois à Paris : peintures, sculptures, etc. Lesquelles ont de quoi m’intéresser davantage que celles de l’avant-garde de Vitebsk, notamment les Pinocchio sculptés et les installations à outils. Dans la dernière salle sont présentés un immense cœur en paille et une grande main verte qui sont les deux seuls vestiges d’une performance, apprends-je malgré moi du meneur d’une visite guidée qui se vante de connaître « Jim ». Pour que nul n’ignore sa parole savante, il dispose d’un micro. Une subalterne tire derrière elle l’enceinte à roulettes.
Si ce ne sont pas encore les vacances de printemps en France, d’autres pays y ont droit, d’où une certaine attente au vestiaire quand il s’agit de récupérer mon sac. Trois enfants et leurs parents y déposent cinq trottinettes. Un père prie ses garçons de se tenir tranquille, des prénommés Basile et Anatole.
Un bus Vingt et Un m’emmène jusqu’à Opéra. Dans le second Book-Off l’employée blonde met de nouveaux livres à un euro au rayon Connaissance. Elle demande conseil à l’un de ses collègues garçons. Ce livre, faut-il le ranger en Témoignage, en Religion ou en Littérature ? Il hésite pareillement. Je demande à voir. C’est publié aux Editions du Cerf. Ce sont les Œuvres complètes d’un certain Jacques Fesh qui a été condamné à mort pour le meurtre d’un agent de police lors d’un braquage. Gracié, il a connu « une fulgurante conversion au Christ ». Il s’agit là essentiellement de son journal et de sa correspondance.
-Si vous avez une idée de l’endroit où le ranger, donnez-la nous, me dit l’employée.
-Je suis comme vous, hésitant. Je vais le prendre, cela va résoudre le problème.
A Saint-Lazare, je trouve place dans le train de dix-sept heures vingt-cinq sans devoir attendre celui de quarante-huit. La jeune femme blonde près de qui je suis assis me demande ce que je lis. Elle cherche « un livre à lire ». Je lui montre la couverture d’Et devant moi, le monde de Joyce Maynard.
-Ce n’est pas un livre récent. Vous connaissez Salinger ?
-Non.
-C’est un écrivain américain. Cette jeune fille a eu une histoire avec lui. C’est ce qu’elle raconte dans son livre.
Elle ne m’en demande pas plus et descend à Vernon.
*
Un jour comme ça, le contrôleur ne passe pas. Aurais-je voulu être malhonnête que je n’aurais pas composté mes billets et me les serais fait rembourser ultérieurement en racontant que, vu les circonstances, j’avais renoncé à mon escapade.
Délesté de mon sac au vestiaire, je grimpe par la chenille jusqu’au niveau Six afin d’y voir l’exposition du centenaire de la prise du pouvoir par les Bolcheviks : Chagall, Lissitzky, Malevitch L’Avant-garde russe à Vitebsk.
En mil neuf cent dix-huit, Marc Chagall est nommé commissaire des beaux-arts de Vitebsk, sa ville natale aujourd’hui située en Biélorussie. Il crée une école populaire d’art, gratuite et ouverte à tous. Parmi les enseignants El Lissitzky et Kazimir Malevitch. Ce dernier fait des étudiants des adeptes du suprématisme, entrant en conflit avec Chagall qui défend la pluralité des tendances artistiques. L’école ne formera qu’une promotion d’élèves avant d’être fermée. Mon peu de goût pour les avant-gardes et les idéologies fait que je passe assez vite d’une œuvre à l’autre, « en avant, en avant » comme est titré l’un des dessins de je ne sais plus qui. Le projet de tribune pour Lénine, dû à Lissitzky, ici reconstitué, achève de me donner envie d’aller voir ailleurs.
Redescendu au niveau Quatre, j’y découvre la rétrospective Jim Dine Paris Reconnaissance constituée des vingt-huit œuvres que l’artiste vient d’offrir au Centre Pompidou en remerciement du bon temps passé autrefois à Paris : peintures, sculptures, etc. Lesquelles ont de quoi m’intéresser davantage que celles de l’avant-garde de Vitebsk, notamment les Pinocchio sculptés et les installations à outils. Dans la dernière salle sont présentés un immense cœur en paille et une grande main verte qui sont les deux seuls vestiges d’une performance, apprends-je malgré moi du meneur d’une visite guidée qui se vante de connaître « Jim ». Pour que nul n’ignore sa parole savante, il dispose d’un micro. Une subalterne tire derrière elle l’enceinte à roulettes.
Si ce ne sont pas encore les vacances de printemps en France, d’autres pays y ont droit, d’où une certaine attente au vestiaire quand il s’agit de récupérer mon sac. Trois enfants et leurs parents y déposent cinq trottinettes. Un père prie ses garçons de se tenir tranquille, des prénommés Basile et Anatole.
Un bus Vingt et Un m’emmène jusqu’à Opéra. Dans le second Book-Off l’employée blonde met de nouveaux livres à un euro au rayon Connaissance. Elle demande conseil à l’un de ses collègues garçons. Ce livre, faut-il le ranger en Témoignage, en Religion ou en Littérature ? Il hésite pareillement. Je demande à voir. C’est publié aux Editions du Cerf. Ce sont les Œuvres complètes d’un certain Jacques Fesh qui a été condamné à mort pour le meurtre d’un agent de police lors d’un braquage. Gracié, il a connu « une fulgurante conversion au Christ ». Il s’agit là essentiellement de son journal et de sa correspondance.
-Si vous avez une idée de l’endroit où le ranger, donnez-la nous, me dit l’employée.
-Je suis comme vous, hésitant. Je vais le prendre, cela va résoudre le problème.
A Saint-Lazare, je trouve place dans le train de dix-sept heures vingt-cinq sans devoir attendre celui de quarante-huit. La jeune femme blonde près de qui je suis assis me demande ce que je lis. Elle cherche « un livre à lire ». Je lui montre la couverture d’Et devant moi, le monde de Joyce Maynard.
-Ce n’est pas un livre récent. Vous connaissez Salinger ?
-Non.
-C’est un écrivain américain. Cette jeune fille a eu une histoire avec lui. C’est ce qu’elle raconte dans son livre.
Elle ne m’en demande pas plus et descend à Vernon.
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Un jour comme ça, le contrôleur ne passe pas. Aurais-je voulu être malhonnête que je n’aurais pas composté mes billets et me les serais fait rembourser ultérieurement en racontant que, vu les circonstances, j’avais renoncé à mon escapade.
5 avril 2018
Deux mails de la Senecefe m’annoncent que mes trains d’aller et de retour circuleront ce mercredi de grève des cheminots mais que « les conditions de voyage seront difficiles, en raison d’un service très perturbé ». Rien de pire qu’en temps normal.
Il s’agit de dissuader un certain nombre de voyageurs afin que tout n’aille pas trop mal. Je ne me laisse pas intimider et prends le chemin de la gare comme chaque semaine.
J’y trouve, ressemblant à ces champignons qui poussent en rond, un cercle de policiers ferroviaires côtoyant un cercle de gilets rouges. Des deux trains pour Paris, le premier sera direct mais le mien est transformé en omnibus. Je demande à l’une des femmes à gilet rouge si je peux monter dans le premier, bien que mon billet Prem’s soit pour le deuxième.
-Vous pouvez prendre n’importe quel train un jour comme ça, m’apprend-elle.
Ce sept heures vingt-cinq arrive du Havre avec vingt-cinq minutes de retard, il est complet au départ de Rouen mais nul ne voyage debout. Il va sans souci et je suis au Café du Faubourg à neuf heures et demie. J’ai donc le temps de lire tout Le Parisien avant de bookoffier. J’apprends que de plus en plus de médecins, surtout des femmes, sont frappés par leurs patients. Sur la carte, la Seine-Maritime fait partie des départements de tête.
Chez Book-Off, je n’achète que quatre livres à un euro, dont La Filiale de l’enfer (Ecrits de l’émigration) de Joseph Roth (Le Seuil) et Images abolies de Pierre Mac Orlan (Michel de Maule), un recueil de certains de ses articles de presse.
Je vais ensuite au marché d’Aligre où l’un des vendeurs de livres brade à un euro. Dans sa masse de tout-venant, un ouvrage présente de l’intérêt pour moi : Chamfort, biographie écrite par Claude Arnaud (Robert Laffont).
Désirant visiter les expositions en cours au Centre Pompidou avant qu’arrivent les vacances de printemps, je vais pédestrement jusqu’à l’impasse Beaubourg et entre au restaurant chinois New New à midi pile.
*
Conversation entre collègues :
-Bon, à part ça, t’as passé un bon week-end ?
-Oui, ma mère est venue avec son nouveau chéri. On a joué aux cartes, on a écouté de la musique et on a cherché des œufs de Pâques.
Il s’agit de dissuader un certain nombre de voyageurs afin que tout n’aille pas trop mal. Je ne me laisse pas intimider et prends le chemin de la gare comme chaque semaine.
J’y trouve, ressemblant à ces champignons qui poussent en rond, un cercle de policiers ferroviaires côtoyant un cercle de gilets rouges. Des deux trains pour Paris, le premier sera direct mais le mien est transformé en omnibus. Je demande à l’une des femmes à gilet rouge si je peux monter dans le premier, bien que mon billet Prem’s soit pour le deuxième.
-Vous pouvez prendre n’importe quel train un jour comme ça, m’apprend-elle.
Ce sept heures vingt-cinq arrive du Havre avec vingt-cinq minutes de retard, il est complet au départ de Rouen mais nul ne voyage debout. Il va sans souci et je suis au Café du Faubourg à neuf heures et demie. J’ai donc le temps de lire tout Le Parisien avant de bookoffier. J’apprends que de plus en plus de médecins, surtout des femmes, sont frappés par leurs patients. Sur la carte, la Seine-Maritime fait partie des départements de tête.
Chez Book-Off, je n’achète que quatre livres à un euro, dont La Filiale de l’enfer (Ecrits de l’émigration) de Joseph Roth (Le Seuil) et Images abolies de Pierre Mac Orlan (Michel de Maule), un recueil de certains de ses articles de presse.
Je vais ensuite au marché d’Aligre où l’un des vendeurs de livres brade à un euro. Dans sa masse de tout-venant, un ouvrage présente de l’intérêt pour moi : Chamfort, biographie écrite par Claude Arnaud (Robert Laffont).
Désirant visiter les expositions en cours au Centre Pompidou avant qu’arrivent les vacances de printemps, je vais pédestrement jusqu’à l’impasse Beaubourg et entre au restaurant chinois New New à midi pile.
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Conversation entre collègues :
-Bon, à part ça, t’as passé un bon week-end ?
-Oui, ma mère est venue avec son nouveau chéri. On a joué aux cartes, on a écouté de la musique et on a cherché des œufs de Pâques.
4 avril 2018
Le ciel est gris, la pluie menace, je n’en attends rien, mais comme il se déroule à deux cents mètres de chez moi, ce dimanche de Pâques qui est aussi le premier avril, je vais voir à quoi ressemble le vide grenier de la Calende organisé par le Comite Cathédr'Halle aux Toiles, lequel annonce entre deux cents et trois cents exposants.
Il n’y en a pas cent, installés sur une place en chantier, entre des barrières et des gravas. Certains déballeurs bénéficient de l’espace libéré par les arbres récemment abattus. La plupart viennent encore des banlieues, pour qui c’est l’espoir de quelque argent nécessaire à la survie.
-Il faut avoir de la chance pour trouver quelque chose, me dit l’un des bouquinistes du Clos Saint-Marc que j’y croise.
J’en témoigne.
*
Plus tôt ce dimanche, passé minuit, c’est le tintamarre des cloches de la Cathédrale annonçant « Christ est ressuscité ». Ce n’est pas le meilleur poisson d’avril de la journée mais c’est le premier.
*
La veille, au marché du Clos Saint-Marc, j’ai la chance de trouver le coffret The Glenn Gould Edition de chez Sony Music. Son étui cartonné a pris l’eau mais huit cédés pour cinq euros, je ne peux laisser passer ça.
*
Lundi de Pâques, encore un de ces jours où j’aurai fait la fermeture d’un bar. Cette fois, c’est Le Vascœuil, place Saint-Marc. A quinze heures trente.
Il n’y en a pas cent, installés sur une place en chantier, entre des barrières et des gravas. Certains déballeurs bénéficient de l’espace libéré par les arbres récemment abattus. La plupart viennent encore des banlieues, pour qui c’est l’espoir de quelque argent nécessaire à la survie.
-Il faut avoir de la chance pour trouver quelque chose, me dit l’un des bouquinistes du Clos Saint-Marc que j’y croise.
J’en témoigne.
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Plus tôt ce dimanche, passé minuit, c’est le tintamarre des cloches de la Cathédrale annonçant « Christ est ressuscité ». Ce n’est pas le meilleur poisson d’avril de la journée mais c’est le premier.
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La veille, au marché du Clos Saint-Marc, j’ai la chance de trouver le coffret The Glenn Gould Edition de chez Sony Music. Son étui cartonné a pris l’eau mais huit cédés pour cinq euros, je ne peux laisser passer ça.
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Lundi de Pâques, encore un de ces jours où j’aurai fait la fermeture d’un bar. Cette fois, c’est Le Vascœuil, place Saint-Marc. A quinze heures trente.
3 avril 2018
C’est la première fois que j’entre Au Grand Nulle Part, rue du Général-Leclerc, ce vendredi vers quinze heures, et plus généralement c’est la première fois qu je remets le pied dans une librairie ne vendant que des bandes dessinées depuis les années soixante-dix où je fréquentais Lumière d’Août, rue de l'Ecole, laquelle est toujours là.
David Snug est plus grand que je ne croyais et moins roux qu’il l’écrit, un peu timide comme beaucoup de sarcastiques. Sur une table carrée rouge sont posés en piles deux de ses livres : Ne vous fatiguez pas à écouter ces 50 classiques de la pop : David Snug s'en est occupé pour vous (Marwanny Corporation Editions) et Je n’ai pas de projet professionnel (Editions Même Pas Mal).
-Vous n’en avez pas d’autres ? demandé-je au libraire.
-Non, je n’ai fait venir que ces deux-là.
C’est dommage, j’aurais aimé voir 64 ans en 2039 et La Maison n’accepte pas l’échec, tous deux publiés aux Enfants Rouges. N’ayant pas envie du livre de critiques musicales à la Snug, je choisis l’autre.
-Il est pas terrible, celui-là, me dit-il.
-Oui, mais l’autre est moins bien.
Je paie les quinze euros au libraire. Il m’offre un sachet en plastique contre la pluie. Avant d’y glisser mon livre, je le donne à David Snug pour une dédicace. Pendant qu’il commence son dessin, je lui explique que j’ai découvert ses bédés sur Facebook et que souvent il m’amuse beaucoup.
-J’essaie d’en faire une tous les jours sauf le dimanche, c’est pour ça que c’est pas très bien dessiné.
-S’il y a des fautes d’orthographe, c’est par inadvertance, ajoute-t-il
-On est amis sur Facebook ? me demande-t-il.
-Non, on n’est pas amis, je suis abonné c’est tout.
-C’est mieux, j’y ai je ne sais combien d’amis que je ne connais pas.
Tout en poursuivant son dessin, « Je vais mettre un peu d’herbe et des nuages », il indique un livre exposé dans la librairie à la jeune femme brune qui l’accompagne et qui doit être Aude avec qui il fait notamment de la musique sous le nom de Top Montagne (auparavant cela s’appelait Trotski Nautique). C’est une bédé dont il lui a parlé : Et si l’amour, c’était aimer ? de Fabcaro.
-Vous connaissez ? me demande-t-il, c’est bien.
-Non, je ne lis plus de bédés.
-Que David Snug et que sur Facebook.
-Oui, c’est dommage pour le libraire.
-Voilà, me dit-il en me montrant son dessin, vous n’avez plus qu’à partir sans payer.
Trop tard, j’ai déjà réglé. Je le remercie et lui souhaite un bon concert ce soir, où je n’irai pas.
-Vous n’aimez pas les concerts ?
-Pas trop dans les caves, plutôt à l’extérieur.
Celui de Top Montagne a lieu au Trois Pièces, le genre d’endroit où on ne peut pas aller quand on est seul et qu’on n’a pas envie de boire de la bière.
*
Mon dessin montre un personnage en ticheurte « I love Facebook » qui, le doigt en l’air, exprime cette forte pensée : « la bédé s’est qu’en même mieux sur facebook que dans des livre qui prennent plein de place ». Il est signé David Snug 2000 « pour Michel, amitié profonde ».
*
Christophe Salengro, encore un homme qui meurt dans la soixantaine. Je l’ai évoqué dans un texte intitulé La star et l’épicier publié en deux mille dans la revue Diérèse et que l’on peut lire sur Textes en revues, pour l’avoir croisé à Avignon où j’étais en compagnie d’une fille avec qui cela n’a pas duré plus de quelques mois.
C’était en mil neuf cent quatre-vingt-neuf, bien avant Groland, mais Christophe Salengro était déjà fort connu, comme l’expliquait autrefois Benoît Delépine sur France Culture : « Il était une star de la publicité avant Groland. Il vantait des dalles autoadhésives. Il était entièrement nu avec une dalle autoadhésive devant son sexe. Ensuite, il lâchait la dalle et disait : « Et hop ». Ce simple mot avait fait le tour de la France. »
Une publicité comme on n’en voit plus au vingt et unième siècle.
David Snug est plus grand que je ne croyais et moins roux qu’il l’écrit, un peu timide comme beaucoup de sarcastiques. Sur une table carrée rouge sont posés en piles deux de ses livres : Ne vous fatiguez pas à écouter ces 50 classiques de la pop : David Snug s'en est occupé pour vous (Marwanny Corporation Editions) et Je n’ai pas de projet professionnel (Editions Même Pas Mal).
-Vous n’en avez pas d’autres ? demandé-je au libraire.
-Non, je n’ai fait venir que ces deux-là.
C’est dommage, j’aurais aimé voir 64 ans en 2039 et La Maison n’accepte pas l’échec, tous deux publiés aux Enfants Rouges. N’ayant pas envie du livre de critiques musicales à la Snug, je choisis l’autre.
-Il est pas terrible, celui-là, me dit-il.
-Oui, mais l’autre est moins bien.
Je paie les quinze euros au libraire. Il m’offre un sachet en plastique contre la pluie. Avant d’y glisser mon livre, je le donne à David Snug pour une dédicace. Pendant qu’il commence son dessin, je lui explique que j’ai découvert ses bédés sur Facebook et que souvent il m’amuse beaucoup.
-J’essaie d’en faire une tous les jours sauf le dimanche, c’est pour ça que c’est pas très bien dessiné.
-S’il y a des fautes d’orthographe, c’est par inadvertance, ajoute-t-il
-On est amis sur Facebook ? me demande-t-il.
-Non, on n’est pas amis, je suis abonné c’est tout.
-C’est mieux, j’y ai je ne sais combien d’amis que je ne connais pas.
Tout en poursuivant son dessin, « Je vais mettre un peu d’herbe et des nuages », il indique un livre exposé dans la librairie à la jeune femme brune qui l’accompagne et qui doit être Aude avec qui il fait notamment de la musique sous le nom de Top Montagne (auparavant cela s’appelait Trotski Nautique). C’est une bédé dont il lui a parlé : Et si l’amour, c’était aimer ? de Fabcaro.
-Vous connaissez ? me demande-t-il, c’est bien.
-Non, je ne lis plus de bédés.
-Que David Snug et que sur Facebook.
-Oui, c’est dommage pour le libraire.
-Voilà, me dit-il en me montrant son dessin, vous n’avez plus qu’à partir sans payer.
Trop tard, j’ai déjà réglé. Je le remercie et lui souhaite un bon concert ce soir, où je n’irai pas.
-Vous n’aimez pas les concerts ?
-Pas trop dans les caves, plutôt à l’extérieur.
Celui de Top Montagne a lieu au Trois Pièces, le genre d’endroit où on ne peut pas aller quand on est seul et qu’on n’a pas envie de boire de la bière.
*
Mon dessin montre un personnage en ticheurte « I love Facebook » qui, le doigt en l’air, exprime cette forte pensée : « la bédé s’est qu’en même mieux sur facebook que dans des livre qui prennent plein de place ». Il est signé David Snug 2000 « pour Michel, amitié profonde ».
*
Christophe Salengro, encore un homme qui meurt dans la soixantaine. Je l’ai évoqué dans un texte intitulé La star et l’épicier publié en deux mille dans la revue Diérèse et que l’on peut lire sur Textes en revues, pour l’avoir croisé à Avignon où j’étais en compagnie d’une fille avec qui cela n’a pas duré plus de quelques mois.
C’était en mil neuf cent quatre-vingt-neuf, bien avant Groland, mais Christophe Salengro était déjà fort connu, comme l’expliquait autrefois Benoît Delépine sur France Culture : « Il était une star de la publicité avant Groland. Il vantait des dalles autoadhésives. Il était entièrement nu avec une dalle autoadhésive devant son sexe. Ensuite, il lâchait la dalle et disait : « Et hop ». Ce simple mot avait fait le tour de la France. »
Une publicité comme on n’en voit plus au vingt et unième siècle.
2 avril 2018
C’est un lent train coloré qui m’emmène à Paris mercredi sous un pesant ciel gris. Il me permet néanmoins d’être à l’heure pour l’ouverture du Book-Off de Ledru-Rollin dont la devise est affichée sur les murs : Veni Emi Vendidi (je suis venu, j’ai acheté, j’ai vendu). Venu oui, sans rien à vendre, et ayant très peu acheté quand je me retrouve sur le trottoir sous la pluie. Je ne dois pas arriver chargé chez celui qui m’a téléphoné un soir pour m’apprendre qu’il vendait une partie de sa bibliothèque et m’inviter à passer voir si certains livres m’intéressaient. J’ai connu cet homme quand il fréquentait l’Opéra de Rouen. A cette époque, j’avais trouvé dans un vide grenier un livre qu’il a édité à la Bibliothèque de l’Image et dont il a fait la préface : Idylle printanière d’un auteur anonyme et illustré de trente dessins licencieux attribués à Rojan.
Je rejoins Montmartre en métro avec changement à République puis à Gare de l’Est et sortie à Château Rouge. De quel côté aller ? Celui à qui je m’adresse ne le sait pas mais sort son téléphone :
-Attends, je vais demander à ma copine, elle travaille là-bas.
Grâce à elle, il me met sur le chemin de ce là-bas qui est tout près. Rue de Clignancourt, j’entre à La Chope du Château Rouge dont le menu du jour, inscrit à l’extérieur, me convient. L’endroit est agréable moitié café à petites tables rondes, moitié restaurant à tables carrées recouvertes de nappes à carreaux rouges et blancs. Les murs de briques brutes portent de grands miroirs. On y écoute Fip.
Filet de hareng, excellente épaule d’agneau accompagnée de haricots frites salade, crème brûlée et café me sont facturés quatorze euros quatre-vingt-dix, à quoi s’ajoute le quart de vin rouge à sept euros. J’indique à l’aimable patron que je passe côté café en attendant mon rendez-vous de quatorze heures et en commande un second avec un verre d’eau. A ma gauche, un homme à chapeau joue au scrabble avec une amie. A ma droite, un jeune homme et une jeune fille qui écrivent une adaptation d’Hamlet font une pause en mangeant une épaisse soupe chaude tout en discutant de Baudrillard. Nul bar à Rouen, on ne trouve cela.
Vers deux heures moins dix, je quitte l’endroit. En face de La Chope du Château Rouge est la pentue rue Muller. Je la grimpe. Au bout à droite, c’est la rue Albert dont je grimpe une partie. Je monte ensuite quatre étages.
-On arrive essoufflé chez vous, dis-je à celui qui m’ouvre la porte et à sa femme.
-C’est pour cela que nous déménageons.
Il me montre d’abord des étagères consacrées à la littérature. « Quel est votre prix ? » lui demandé-je. « Oh, ce sera un ou deux euros ». Beaucoup d’auteurs intéressants se côtoient mais comme je ne lis plus de romans, je n’en tire qu’Endetté comme une mule ou la passion d’éditer, les mémoires d’Eric Losfeld (Belfond). « Venez par ici », me dit-il m’emmenant dans une autre pièce. Là, ce sont des livres érotiques. Il a été un spécialiste du genre, publiant notamment les revues Curiosa et Fascination dont j’ai acheté un certain nombre de numéros il y a quelques mois, que possédait la bouquinerie rurale Détéherre.
J’ai déjà certains des livres que je découvre. Parmi les autres, il en est qui m’attirent. J’en sélectionne quelques-uns, apprenant au passage que mon hôte était de ceux qui ont publié l’excellente revue Le Fou parle entre mil neuf cent soixante-dix-sept et quatre-vingt-quatre, dont je possède les trente numéros.
-Venez encore par ici, me dit il.
Nous sommes dans la chambre où une autre bibliothèque est consacrée à l’érotisme. J’en tire quelques autres livres.
-Je vais m’arrêter là, lui dis-je.
Nous posons les livres sur la table de la première pièce. « Ceux-ci, je vais vous les faire à cinq euros », me dit-il. « Ah, j’étais resté sur le prix de deux euros, lui dis-je, dans ce cas je ne vais pas les prendre tous ». Il fait un tri, en mettant certains à deux euros : Désirs, larmes et autres collations de Lionel Bayol Thémines (Chambres noires), Collection privée de Monsieur X d’Alexandre Dupouy (Astarté), Cochonnerie 2 (Colonnese Editore, Napoli), les numéros huit et neuf du Magasin Erotique (consacrés à Pierre Louÿs et à l’inceste), Correspondances croisées de Pierre Louÿs, Natalie Clifford-Barney et Renée Vivien (A l’Ecart) et Grisélidis, courtisane de Jean-Luc Hennig (Albin Michel).
Parmi ceux qui restent à cinq, je ne garde que les ouvrages qu’il a édités dans la collection Curiosa : Nous deux de Nelly et Jean (illustrations de Jean Dulac), Une jeune fille à la page d’Helena Varley (dont les illustrations sont attribuées à Paul-Emile Bécat par Jean-Pierre Bouyxou dans la préface) et Les Caprices du sexe de Louise Dormienne, pseudonyme de Renée Dunan (illustrations de Viset, pseudonyme du graveur belge Luc Lafnet).
En tout, cela fait trente et un euros, ramenés à trente. C’est exactement ce que j’avais dans mon portefeuille. Veni Emi.
Après avoir un peu parlé de l’Opéra de Rouen avec mes hôtes, je redescends les quatre étages. La rue Albert permet d’entrer dans le jardin du Sacré-Cœur. Il ne pleut plus. J’arrive à la Halle Saint Pierre, passe ensuite devant le Théâtre de l’Atelier, descends la rue des Martyrs et entre à La Fourmi, café de bien des souvenirs. On y a, hélas, installé un babyfoute, heureusement inutilisé. J’y poursuis ma lecture de Et devant moi, le monde de Joyce Maynard. Dehors, la pluie et le vent se déchaînent. La place Blanche a vraiment mauvaise mine et plus d’un parapluie est retourné.
Quand ça se calme, je reprends mon chemin, Pigalle, Sexodrome, Moulin Rouge, place Clichy, Wepler, plus qu’à descendre la rue d’Amsterdam jusqu’à sa fin pour rejoindre la gare Saint Lazare. La bétaillère du retour est à l’heure mais au bout d’une centaine de mètres, elle subit « un arrêt inopiné ». Cela fait quinze minutes de retard à l’arrivée à Rouen. Le chef de bord s’excuse de n’avoir pas réussi à retenir en gare le train pour Dieppe. Les voyageurs y allant devront attendre le suivant pendant une heure.
*
Il est compliqué pour quelqu’un de vendre des livres à quelqu’un qu’il connaît. Il est compliqué pour quelqu’un d’acheter des livres à quelqu'un qu’il connaît.
Je rejoins Montmartre en métro avec changement à République puis à Gare de l’Est et sortie à Château Rouge. De quel côté aller ? Celui à qui je m’adresse ne le sait pas mais sort son téléphone :
-Attends, je vais demander à ma copine, elle travaille là-bas.
Grâce à elle, il me met sur le chemin de ce là-bas qui est tout près. Rue de Clignancourt, j’entre à La Chope du Château Rouge dont le menu du jour, inscrit à l’extérieur, me convient. L’endroit est agréable moitié café à petites tables rondes, moitié restaurant à tables carrées recouvertes de nappes à carreaux rouges et blancs. Les murs de briques brutes portent de grands miroirs. On y écoute Fip.
Filet de hareng, excellente épaule d’agneau accompagnée de haricots frites salade, crème brûlée et café me sont facturés quatorze euros quatre-vingt-dix, à quoi s’ajoute le quart de vin rouge à sept euros. J’indique à l’aimable patron que je passe côté café en attendant mon rendez-vous de quatorze heures et en commande un second avec un verre d’eau. A ma gauche, un homme à chapeau joue au scrabble avec une amie. A ma droite, un jeune homme et une jeune fille qui écrivent une adaptation d’Hamlet font une pause en mangeant une épaisse soupe chaude tout en discutant de Baudrillard. Nul bar à Rouen, on ne trouve cela.
Vers deux heures moins dix, je quitte l’endroit. En face de La Chope du Château Rouge est la pentue rue Muller. Je la grimpe. Au bout à droite, c’est la rue Albert dont je grimpe une partie. Je monte ensuite quatre étages.
-On arrive essoufflé chez vous, dis-je à celui qui m’ouvre la porte et à sa femme.
-C’est pour cela que nous déménageons.
Il me montre d’abord des étagères consacrées à la littérature. « Quel est votre prix ? » lui demandé-je. « Oh, ce sera un ou deux euros ». Beaucoup d’auteurs intéressants se côtoient mais comme je ne lis plus de romans, je n’en tire qu’Endetté comme une mule ou la passion d’éditer, les mémoires d’Eric Losfeld (Belfond). « Venez par ici », me dit-il m’emmenant dans une autre pièce. Là, ce sont des livres érotiques. Il a été un spécialiste du genre, publiant notamment les revues Curiosa et Fascination dont j’ai acheté un certain nombre de numéros il y a quelques mois, que possédait la bouquinerie rurale Détéherre.
J’ai déjà certains des livres que je découvre. Parmi les autres, il en est qui m’attirent. J’en sélectionne quelques-uns, apprenant au passage que mon hôte était de ceux qui ont publié l’excellente revue Le Fou parle entre mil neuf cent soixante-dix-sept et quatre-vingt-quatre, dont je possède les trente numéros.
-Venez encore par ici, me dit il.
Nous sommes dans la chambre où une autre bibliothèque est consacrée à l’érotisme. J’en tire quelques autres livres.
-Je vais m’arrêter là, lui dis-je.
Nous posons les livres sur la table de la première pièce. « Ceux-ci, je vais vous les faire à cinq euros », me dit-il. « Ah, j’étais resté sur le prix de deux euros, lui dis-je, dans ce cas je ne vais pas les prendre tous ». Il fait un tri, en mettant certains à deux euros : Désirs, larmes et autres collations de Lionel Bayol Thémines (Chambres noires), Collection privée de Monsieur X d’Alexandre Dupouy (Astarté), Cochonnerie 2 (Colonnese Editore, Napoli), les numéros huit et neuf du Magasin Erotique (consacrés à Pierre Louÿs et à l’inceste), Correspondances croisées de Pierre Louÿs, Natalie Clifford-Barney et Renée Vivien (A l’Ecart) et Grisélidis, courtisane de Jean-Luc Hennig (Albin Michel).
Parmi ceux qui restent à cinq, je ne garde que les ouvrages qu’il a édités dans la collection Curiosa : Nous deux de Nelly et Jean (illustrations de Jean Dulac), Une jeune fille à la page d’Helena Varley (dont les illustrations sont attribuées à Paul-Emile Bécat par Jean-Pierre Bouyxou dans la préface) et Les Caprices du sexe de Louise Dormienne, pseudonyme de Renée Dunan (illustrations de Viset, pseudonyme du graveur belge Luc Lafnet).
En tout, cela fait trente et un euros, ramenés à trente. C’est exactement ce que j’avais dans mon portefeuille. Veni Emi.
Après avoir un peu parlé de l’Opéra de Rouen avec mes hôtes, je redescends les quatre étages. La rue Albert permet d’entrer dans le jardin du Sacré-Cœur. Il ne pleut plus. J’arrive à la Halle Saint Pierre, passe ensuite devant le Théâtre de l’Atelier, descends la rue des Martyrs et entre à La Fourmi, café de bien des souvenirs. On y a, hélas, installé un babyfoute, heureusement inutilisé. J’y poursuis ma lecture de Et devant moi, le monde de Joyce Maynard. Dehors, la pluie et le vent se déchaînent. La place Blanche a vraiment mauvaise mine et plus d’un parapluie est retourné.
Quand ça se calme, je reprends mon chemin, Pigalle, Sexodrome, Moulin Rouge, place Clichy, Wepler, plus qu’à descendre la rue d’Amsterdam jusqu’à sa fin pour rejoindre la gare Saint Lazare. La bétaillère du retour est à l’heure mais au bout d’une centaine de mètres, elle subit « un arrêt inopiné ». Cela fait quinze minutes de retard à l’arrivée à Rouen. Le chef de bord s’excuse de n’avoir pas réussi à retenir en gare le train pour Dieppe. Les voyageurs y allant devront attendre le suivant pendant une heure.
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Il est compliqué pour quelqu’un de vendre des livres à quelqu’un qu’il connaît. Il est compliqué pour quelqu’un d’acheter des livres à quelqu'un qu’il connaît.
31 mars 2018
Me voici à nouveau en chemin vers la gare de Rouen ce mardi après-midi. Cette fois, il ne s’agit pas de prendre un train mais d’appuyer sur le bouton de la porte coulissante de la résidence pour personnes âgées Rose des Sables, rue Maladrerie, où doit se tenir le concert des quatre-vingts ans d’abonnement à l’Opéra de Rouen d’André Junement, lequel doit être aussi mon plus vieux lecteur.
André Junement avait sept ans quand son père l’a mené entendre Carmen. Cette première fois a inauguré quatre-vingts ans de présence passionnée. Depuis janvier dernier son état de santé ne lui permet plus de se rendre dans ce qu’il appelle sa deuxième maison. Quand elle a appris ça, la violoniste Elena Chesneau a eu la généreuse idée d’organiser un concert pour lui et pour les autres résidents de la Rose des Sables, idée à laquelle ont souscrit la violoniste Elena Pease Lhomet, le hautboïste Jérôme Laborde, les violoncellistes Anaël Rousseau et Ariane Dussart, le trompettiste Franck Paque, le bassoniste Baptiste Arcaix, le contrebassiste Gwendal Etrillard, l’altiste Patrick Dussart et le ténor Philippe Verhulst. Sont conviés à ce concert : les membres de l’association Publics de l’Opéra de Rouen dont André Junement fait partie. Apprenant cela, je lui ai envoyé un mail pour lui demander si, bien que non adhérent, je pouvais néanmoins venir. « Je vous invite », m’a-t-il répondu illico.
J’arrive en même temps que les musicien(ne)s. Pendant qu’elles et eux s’organisent, le héros du jour apparaît avec qui j’échange quelques mots. Les chaises installées dans le hall sont bientôt toutes occupées par les résident(e)s, en grande majorité des femmes, et par quelques abonné(e)s à l'Opéra. Sont également présents la télévision et la radio régionales, des journalistes de l’écrit et des représentants de la Mairie.
Au mur est une bibliothèque, dans une salle annexe un salon de coiffure où une dame se fait faire une beauté. Derrière les musicien(ne)s, par les portes vitrées, on aperçoit un jardin d’été dans lequel batifole un chat noir. Elena Chesneau annonce les trois premiers morceaux : le premier mouvement du Concerto brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach, le deuxième mouvement du Concerto pour hautbois en ré mineur d’Alessandro Marcello et le Rondo ungarese pour basson et trio à cordes de Carl Maria von Weber qui me plaît particulièrement. Viennent ensuite : la Sérénade pour ténor et quintette à cordes de Franz Schubert, le Nocturne du Quatuor numéro deux d’Alexandre Porfirievitch Borodine et pour finir, le premier mouvement du Concerto pour trompette de Johan Neruda, « le Mozart de la trompette » (Elena Chesneau dixit).
C’est un très bon concert, favorisé par une bonne acoustique et l’attention parfaite du public (aucun chuchotement, aucune toux, pas un bruit de porte). André Junement, assis devant moi, n’en perd rien et est fort ému quand il se lève pour remercier. Un cadeau lui est remis par Olivier Mouret, Adjoint au Maire, ainsi qu’à trois dames nées en mars dont est fêté l’anniversaire en même temps.
Tandis qu’André Junement répond aux questions de la télévision et de la radio, je bois un verre de champagne en parlant avec l’une des employées de la Rose des Sables que j’ai déjà vue quelque part mais où ? Elle me rafraîchit la mémoire (comme on dit). C’était au temps où j’enseignais à l’école maternelle Marcel Cartier. Elle travaillait alors dans une autre maison de retraite à Saint-Sever que les quatre classes investissaient pour chanter à Noël et défiler lors du Mardi Gras.
Mon verre reposé, je vais remercier André Junement dont je sais peu de chose, il a été disquaire m’a-t-il dit un jour, et lui souhaite de se porter au mieux.
*
C’est avec un enthousiasme de jeune homme, et ne craignant pas l’usage des superlatifs, qu’André Junement chroniquait sur Publics de l’Opéra de Rouen les spectacles auxquels il assistait. Il y présente toujours ceux à venir, le prochain étant L’Enlèvement au sérail.
André Junement avait sept ans quand son père l’a mené entendre Carmen. Cette première fois a inauguré quatre-vingts ans de présence passionnée. Depuis janvier dernier son état de santé ne lui permet plus de se rendre dans ce qu’il appelle sa deuxième maison. Quand elle a appris ça, la violoniste Elena Chesneau a eu la généreuse idée d’organiser un concert pour lui et pour les autres résidents de la Rose des Sables, idée à laquelle ont souscrit la violoniste Elena Pease Lhomet, le hautboïste Jérôme Laborde, les violoncellistes Anaël Rousseau et Ariane Dussart, le trompettiste Franck Paque, le bassoniste Baptiste Arcaix, le contrebassiste Gwendal Etrillard, l’altiste Patrick Dussart et le ténor Philippe Verhulst. Sont conviés à ce concert : les membres de l’association Publics de l’Opéra de Rouen dont André Junement fait partie. Apprenant cela, je lui ai envoyé un mail pour lui demander si, bien que non adhérent, je pouvais néanmoins venir. « Je vous invite », m’a-t-il répondu illico.
J’arrive en même temps que les musicien(ne)s. Pendant qu’elles et eux s’organisent, le héros du jour apparaît avec qui j’échange quelques mots. Les chaises installées dans le hall sont bientôt toutes occupées par les résident(e)s, en grande majorité des femmes, et par quelques abonné(e)s à l'Opéra. Sont également présents la télévision et la radio régionales, des journalistes de l’écrit et des représentants de la Mairie.
Au mur est une bibliothèque, dans une salle annexe un salon de coiffure où une dame se fait faire une beauté. Derrière les musicien(ne)s, par les portes vitrées, on aperçoit un jardin d’été dans lequel batifole un chat noir. Elena Chesneau annonce les trois premiers morceaux : le premier mouvement du Concerto brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach, le deuxième mouvement du Concerto pour hautbois en ré mineur d’Alessandro Marcello et le Rondo ungarese pour basson et trio à cordes de Carl Maria von Weber qui me plaît particulièrement. Viennent ensuite : la Sérénade pour ténor et quintette à cordes de Franz Schubert, le Nocturne du Quatuor numéro deux d’Alexandre Porfirievitch Borodine et pour finir, le premier mouvement du Concerto pour trompette de Johan Neruda, « le Mozart de la trompette » (Elena Chesneau dixit).
C’est un très bon concert, favorisé par une bonne acoustique et l’attention parfaite du public (aucun chuchotement, aucune toux, pas un bruit de porte). André Junement, assis devant moi, n’en perd rien et est fort ému quand il se lève pour remercier. Un cadeau lui est remis par Olivier Mouret, Adjoint au Maire, ainsi qu’à trois dames nées en mars dont est fêté l’anniversaire en même temps.
Tandis qu’André Junement répond aux questions de la télévision et de la radio, je bois un verre de champagne en parlant avec l’une des employées de la Rose des Sables que j’ai déjà vue quelque part mais où ? Elle me rafraîchit la mémoire (comme on dit). C’était au temps où j’enseignais à l’école maternelle Marcel Cartier. Elle travaillait alors dans une autre maison de retraite à Saint-Sever que les quatre classes investissaient pour chanter à Noël et défiler lors du Mardi Gras.
Mon verre reposé, je vais remercier André Junement dont je sais peu de chose, il a été disquaire m’a-t-il dit un jour, et lui souhaite de se porter au mieux.
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C’est avec un enthousiasme de jeune homme, et ne craignant pas l’usage des superlatifs, qu’André Junement chroniquait sur Publics de l’Opéra de Rouen les spectacles auxquels il assistait. Il y présente toujours ceux à venir, le prochain étant L’Enlèvement au sérail.
30 mars 2018
Musique de chambre dimanche après-midi à l’Opéra de Rouen, j’ai une place en corbeille d’où je pourrai ouïr confortablement Beethoven et Schubert.
C’est d’abord le Quatuor avec piano de Ludwig van Beethoven. Dès les premières notes, une jeune femme assise au bord d’un des derniers rangs d’orchestre quitte la salle en faisant claquer la porte. Un moment plus tard, son compagnon fait de même avec un nouveau claquement de porte. J’aimerais avoir la clé de ce mystère. Après ces deux bruits parasites, rien ne vient troubler la musique. Il semble que le printemps naissant ait guéri les tousseuses et tousseurs. Ce Quatuor avec piano est un délice et contribue à ma détente. J’ai beau ne pas être fatigué et avoir bu une bonne dose de café, il me faut faire attention à ne pas m’endormir lors de l’adagio.
Il en est de même pendant celui du Quintette à deux violoncelles en do majeur de Franz Schubert, autre œuvre délicieuse. A son issue, elle vaut de solides et durables applaudissements aux musiciens. Aucune femme sur la scène cet après-midi, je ne pense pas que ce soit la raison de la fuite de la spectatrice.
C’est d’abord le Quatuor avec piano de Ludwig van Beethoven. Dès les premières notes, une jeune femme assise au bord d’un des derniers rangs d’orchestre quitte la salle en faisant claquer la porte. Un moment plus tard, son compagnon fait de même avec un nouveau claquement de porte. J’aimerais avoir la clé de ce mystère. Après ces deux bruits parasites, rien ne vient troubler la musique. Il semble que le printemps naissant ait guéri les tousseuses et tousseurs. Ce Quatuor avec piano est un délice et contribue à ma détente. J’ai beau ne pas être fatigué et avoir bu une bonne dose de café, il me faut faire attention à ne pas m’endormir lors de l’adagio.
Il en est de même pendant celui du Quintette à deux violoncelles en do majeur de Franz Schubert, autre œuvre délicieuse. A son issue, elle vaut de solides et durables applaudissements aux musiciens. Aucune femme sur la scène cet après-midi, je ne pense pas que ce soit la raison de la fuite de la spectatrice.
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