Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
31 mars 2020
Je suis tellement le premier client de la boulangerie du Fournil du Carré d’Or à sept heures trente-cinq ce lundi que la patronne doit aller me sortir un pain du four devant lequel son mari s’active. Je leur souhaite une bonne journée et bon courage puis rentre au confinage.
Grâce au ciel (bleu) et aux murs d’alentour qui coupent le vent frisquet que j’entends mugir dans le pansement de plastique blanc qui entoure la base de la flèche de la Cathédrale aux travaux arrêtés, je retrouve le banc du jardin et poursuis la lecture du Journal intégral de Julien Green dont j’ai dépassé la moitié des mille trois cents pages.
Quand je lève les yeux, je peux voir la pelouse pousser. Le copropriétaire résident qui se charge habituellement de la tondre ne semble pas décidé à s’en occuper cette année. Trois ou quatre tulipes ont pris la suite des trois ou quatre jonquilles désormais fanées. Cet endroit qu’il y a vingt j’ai connu explosion florale n’est plus que verdure en désordre, conséquence du remplacement de l’entreprise chargée de son entretien par la plus ou moins bonne volonté d’habitants plus ou moins doués. L’arbre, quant à lui, a été tondu un jour où je n’étais pas là, peut-être par un de ces coiffeurs sans diplôme qui prolifèrent en ville.
*
Pas prêt d’en terminer avec la deuxième lettre de l’alphabet dans ma réécoute du domaine francophone de ma cédéthèque. Après Barbara, une compilation de l’érotique Brigitte Bardot (l’exemple même de l’artiste qui aurait dû mourir jeune) puis une compilation des succès de Ricet Barrier suivie du double album en public Tel quel où il est nu sur la pochette. Quel plaisir de retrouver La Servante du château, Isabelle v’là le printemps, Eh ! la Marie, Les Cousins de Paris et Les Vacanciers. Puis vient Bashung, quatre premiers albums : Pizza, Play blessures, l’étrange Réservé aux Indiens et Osez Joséphine.
*
Je boude toujours France Culture, réfugié sur France Musique que j’accuse d’abus de Bach.
*
Tuer le temps, expression que je déteste et que je lis ici où là chez celles et ceux qui ne savent pas quoi en faire. C’est plutôt le temps qui nous tue. Quelles que soient les circonstances, j’en manque.
*
De Ricet Barrier : Ils ressemblent tellement à des bovins / Que dans leurs yeux, il passe des trains.
Grâce au ciel (bleu) et aux murs d’alentour qui coupent le vent frisquet que j’entends mugir dans le pansement de plastique blanc qui entoure la base de la flèche de la Cathédrale aux travaux arrêtés, je retrouve le banc du jardin et poursuis la lecture du Journal intégral de Julien Green dont j’ai dépassé la moitié des mille trois cents pages.
Quand je lève les yeux, je peux voir la pelouse pousser. Le copropriétaire résident qui se charge habituellement de la tondre ne semble pas décidé à s’en occuper cette année. Trois ou quatre tulipes ont pris la suite des trois ou quatre jonquilles désormais fanées. Cet endroit qu’il y a vingt j’ai connu explosion florale n’est plus que verdure en désordre, conséquence du remplacement de l’entreprise chargée de son entretien par la plus ou moins bonne volonté d’habitants plus ou moins doués. L’arbre, quant à lui, a été tondu un jour où je n’étais pas là, peut-être par un de ces coiffeurs sans diplôme qui prolifèrent en ville.
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Pas prêt d’en terminer avec la deuxième lettre de l’alphabet dans ma réécoute du domaine francophone de ma cédéthèque. Après Barbara, une compilation de l’érotique Brigitte Bardot (l’exemple même de l’artiste qui aurait dû mourir jeune) puis une compilation des succès de Ricet Barrier suivie du double album en public Tel quel où il est nu sur la pochette. Quel plaisir de retrouver La Servante du château, Isabelle v’là le printemps, Eh ! la Marie, Les Cousins de Paris et Les Vacanciers. Puis vient Bashung, quatre premiers albums : Pizza, Play blessures, l’étrange Réservé aux Indiens et Osez Joséphine.
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Je boude toujours France Culture, réfugié sur France Musique que j’accuse d’abus de Bach.
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Tuer le temps, expression que je déteste et que je lis ici où là chez celles et ceux qui ne savent pas quoi en faire. C’est plutôt le temps qui nous tue. Quelles que soient les circonstances, j’en manque.
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De Ricet Barrier : Ils ressemblent tellement à des bovins / Que dans leurs yeux, il passe des trains.
30 mars 2020
Après avoir, comme tout le monde, bénéficié d’une heure de confinement en moins grâce à un changement d’heure qui cette année ne provoque pas la moindre polémique, je demande à mon ordinateur quand se lève le jour ce dimanche. Sept heures trente-huit, me répond-il. J’inscris sept heures trente-cinq sur mon autorisation de sortie et le moment venu met le pied dehors.
Cette fois, je quadrille le quartier dans l’autre sens avec un petit détour par la rue Damiette où deux antiquaires ont laissé leurs richesses éclairées afin de faciliter le travail des cambrioleurs. J’emprunte ensuite les rues de l’Hôpital et Ganterie jusqu’à la rue de la Jeanne que je descends jusqu’à celle du Gros qui est comme les autres absolument déserte. « Tiens, un être humain », semble se dire la jeune employée masquée de la boulangerie Paul qui s’occupe de la vente à emporter. Je suis à plus de cinq mètres d’elle mais nous éprouvons l’envie ou le besoin de nous dire bonjour.
J’en suis à me dire que j’aurais dû prendre mon appareil pour photographier la Cathédrale sur fond de ciel légèrement rose quand face à moi apparaît une voiture de la Police.
Elle s’arrête à ma hauteur. Sa conductrice, qui n’a pas de masque, baisse la vitre.
-Bonjour monsieur, me dit-elle avec un grand sourire.
-Je fais un peu d’exercice physique, lui dis-je.
-Pas de problème si vous avez votre attestation.
-Oui, je l’ai faite à la main car je n’ai pas d’imprimante,
-Pas de problème si vous avez mis l’heure.
Elle regarde à distance.
-Sept heures trente-cinq, parfait, bonne journée, conclut-elle, toujours aussi souriante
Elle n’a pas même regardé mon nom, ni demandé ma carte d’identité, ni ne s’est gendarmée que j’aie écrit la date et l’heure au crayon à papier.
*
Plus question d’aller lire au soleil dans le jardin à cause d’un vent froid venu de Scandinavie. Là-haut, les amis de Stockholm continuent leur vie de liberté. Ainsi en ont décidé ceux qui gouvernent le pays, tablant sur la responsabilité des Suédois pour respecter volontairement la distanciation sociale et sur un nombre d’habitants plus raisonnable que dans beaucoup d’autres pays européens. On verra (qui vivra), comme écrivait Georges Perros.
*
Images d’un de ces pays où les humains se reproduisent comme des lapins, l’Inde : des centaines de milliers d’individus les uns contre les autres, tous voulant monter dans des cars afin de rejoindre leurs campagnes d’origine à l’annonce du confinement.
*
Les traits tirés d’Emmanuel Macron et d’Olivier Véran, l’air abattu d’Edouard Philippe.
*
Dans la soirée, l’annonce de l’admission de Christophe en réanimation à Paris. Soixante-quatorze ans.
Cette fois, je quadrille le quartier dans l’autre sens avec un petit détour par la rue Damiette où deux antiquaires ont laissé leurs richesses éclairées afin de faciliter le travail des cambrioleurs. J’emprunte ensuite les rues de l’Hôpital et Ganterie jusqu’à la rue de la Jeanne que je descends jusqu’à celle du Gros qui est comme les autres absolument déserte. « Tiens, un être humain », semble se dire la jeune employée masquée de la boulangerie Paul qui s’occupe de la vente à emporter. Je suis à plus de cinq mètres d’elle mais nous éprouvons l’envie ou le besoin de nous dire bonjour.
J’en suis à me dire que j’aurais dû prendre mon appareil pour photographier la Cathédrale sur fond de ciel légèrement rose quand face à moi apparaît une voiture de la Police.
Elle s’arrête à ma hauteur. Sa conductrice, qui n’a pas de masque, baisse la vitre.
-Bonjour monsieur, me dit-elle avec un grand sourire.
-Je fais un peu d’exercice physique, lui dis-je.
-Pas de problème si vous avez votre attestation.
-Oui, je l’ai faite à la main car je n’ai pas d’imprimante,
-Pas de problème si vous avez mis l’heure.
Elle regarde à distance.
-Sept heures trente-cinq, parfait, bonne journée, conclut-elle, toujours aussi souriante
Elle n’a pas même regardé mon nom, ni demandé ma carte d’identité, ni ne s’est gendarmée que j’aie écrit la date et l’heure au crayon à papier.
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Plus question d’aller lire au soleil dans le jardin à cause d’un vent froid venu de Scandinavie. Là-haut, les amis de Stockholm continuent leur vie de liberté. Ainsi en ont décidé ceux qui gouvernent le pays, tablant sur la responsabilité des Suédois pour respecter volontairement la distanciation sociale et sur un nombre d’habitants plus raisonnable que dans beaucoup d’autres pays européens. On verra (qui vivra), comme écrivait Georges Perros.
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Images d’un de ces pays où les humains se reproduisent comme des lapins, l’Inde : des centaines de milliers d’individus les uns contre les autres, tous voulant monter dans des cars afin de rejoindre leurs campagnes d’origine à l’annonce du confinement.
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Les traits tirés d’Emmanuel Macron et d’Olivier Véran, l’air abattu d’Edouard Philippe.
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Dans la soirée, l’annonce de l’admission de Christophe en réanimation à Paris. Soixante-quatorze ans.
29 mars 2020
Retour chez U Express ce samedi peu après l’ouverture. Trois autres clients m’ont précédé, dont un de ma connaissance mais que je ne reconnais pas d’emblée car il est masqué. Assurément, certains se débrouillent mieux que d’autres. Nous échangeons quelques mots de loin :
-Alors vous vous mettez à la cuisine ? me demande-t-il.
-Oh non !
-Moi non plus.
Ce dialogue est le premier que j’ai avec un être humain hors de la copropriété depuis le début du confinement.
Mon panier est vite rempli. Au moment de payer, je m’inquiète un peu du constant reniflement du caissier. Heureusement qu’il porte son masque. Pour ma part, je ne tousse plus guère, ou pas davantage.
Comme chaque jour, le soleil n’ayant jamais été caché par des nuages depuis le début de la semaine, je m’installe sur le banc du jardin dès qu’il l’atteint et y poursuis la lecture du Journal intégral de Julien Green, lequel la trentaine venue commence à s’assagir, hélas.
A onze heures trente, Patrice Latour est dans la tour Saint-Romain de la Cathédrale. Son concert de carillon est le premier que je vais pouvoir entendre du jardin cette année. Il commence par Le Temps des cerises puis enchaîne avec La Complainte de Mandrin. Je ne connais pas les airs suivants. A la fin de chaque morceau, je crois entendre des applaudissements, mais d’où viendraient-ils ?
J’ai presque trop chaud sur ce banc où je bronze deux heures pas jour. On va m’accuser d’avoir passé ce confinement en vacances dans le Sud.
*
Encore dans la réécoute de mes cédés de Barbara ce samedi. D’abord la seconde partie de son concert à l’Olympia en février soixante-neuf puis L’Aigle Noir (période soixante-dix à soixante-douze) et Marienbad (période soixante-douze soixante-treize). C’est à ce moment que les choses commencent à se gâter, qu’elle se met à chanter avec emphase et grands effets de voix, devenant au fil du temps la caricature d’elle-même. Je renonce à la suite où l’on trouve des chansons aussi catastrophiques que celle dégoulinante de pathos sur le sida ou son hymne au Mythe Errant.
*
Toutes ces visites virtuelles de Musées sur Internet, tous ces concerts et tous ces films gratuits mis en ligne, cela a un côté gavage des oies.
-Alors vous vous mettez à la cuisine ? me demande-t-il.
-Oh non !
-Moi non plus.
Ce dialogue est le premier que j’ai avec un être humain hors de la copropriété depuis le début du confinement.
Mon panier est vite rempli. Au moment de payer, je m’inquiète un peu du constant reniflement du caissier. Heureusement qu’il porte son masque. Pour ma part, je ne tousse plus guère, ou pas davantage.
Comme chaque jour, le soleil n’ayant jamais été caché par des nuages depuis le début de la semaine, je m’installe sur le banc du jardin dès qu’il l’atteint et y poursuis la lecture du Journal intégral de Julien Green, lequel la trentaine venue commence à s’assagir, hélas.
A onze heures trente, Patrice Latour est dans la tour Saint-Romain de la Cathédrale. Son concert de carillon est le premier que je vais pouvoir entendre du jardin cette année. Il commence par Le Temps des cerises puis enchaîne avec La Complainte de Mandrin. Je ne connais pas les airs suivants. A la fin de chaque morceau, je crois entendre des applaudissements, mais d’où viendraient-ils ?
J’ai presque trop chaud sur ce banc où je bronze deux heures pas jour. On va m’accuser d’avoir passé ce confinement en vacances dans le Sud.
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Encore dans la réécoute de mes cédés de Barbara ce samedi. D’abord la seconde partie de son concert à l’Olympia en février soixante-neuf puis L’Aigle Noir (période soixante-dix à soixante-douze) et Marienbad (période soixante-douze soixante-treize). C’est à ce moment que les choses commencent à se gâter, qu’elle se met à chanter avec emphase et grands effets de voix, devenant au fil du temps la caricature d’elle-même. Je renonce à la suite où l’on trouve des chansons aussi catastrophiques que celle dégoulinante de pathos sur le sida ou son hymne au Mythe Errant.
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Toutes ces visites virtuelles de Musées sur Internet, tous ces concerts et tous ces films gratuits mis en ligne, cela a un côté gavage des oies.
28 mars 2020
Moins manger par crainte d’encore grossir, telle est la décision que j’ai prise. Un pain me dure trois jours ou lieu de deux. Ce vendredi, je suis encore le seul client à la boulangerie de la rue Saint-Nicolas où la patronne, désormais seule à la caisse avec son mari au fournil, n’a toujours pas de masque ni de protection particulière devant son comptoir. J’achète ce qui est disponible à sept heures trente-cinq. Sur la porte, une affichette annonce que le coronavirus n’enrichit pas les boulangeries. Je ne prends pas le temps de lire l’argumentaire, désireux de rentrer au plus vite.
Depuis le début du confinement, la ruelle n’est plus nettoyée. Elle reste dans son état de saleté antérieur. Du verre cassé et des mouchoirs en papier de couleur verte s’y font remarquer. Aucun déchet nouveau n’est apparu. Ce qui témoigne du peu de personnes qui passent. Les recoins qui servent habituellement de pissoirs aux noctambules, aux touristes et au vrai faux mendiant de la rue Saint-Romain sont désormais inutilisés.
Deux heures plus tard, j’ai la surprise d’un évènement sous mes fenêtres : les étudiants du troisième étage du bâtiment d’en face, absents depuis le début de l’enfermement général, viennent chercher leurs meubles, ayant tiré la conclusion que l’année universitaire est finie.
*
Donc, certains hôpitaux vont maintenant chercher des respirateurs chez les vétérinaires et des blouses dans les abattoirs. Plus le temps passe, plus je pense que la place de Sarkozy et de Hollande est en prison. Pour Macron je suis moins catégorique, il a hérité du passif de ses prédécesseurs même s’il n’a pas fait grand-chose pour le diminuer.
*
Depuis que la plupart des intervious télévisées se font à distance via Skype, on peut voir l’intérieur des logements des experts, des politiciens et des journalistes. « Quand même cette déco ! », me dis-je bien souvent.
*
Toujours dans ma traversée Barbara avec l’époque Madame (soixante-huit à soixante-dix), Alhambra de Bordeaux (concert donné en novembre soixante-neuf pour l’émission Campus de Michel Lancelot sur Europe Numéro Un, une émission que j’écoutais chaque soir l’oreille collée au transistor dans la chambre que je devais partager avec mes deux frères), En liberté sur Europe 1 en soixante-neuf (des reprises assez ternes) et le premier de la paire de cédés Olympia 4 février 1969.
Redécouverte des chansons qu’elle a écrites avec Remo Forlani pour sa comédie musicale Madame, notamment De jolies putes vraiment :
Nous avons eu mam’zelle Pompon
Nous avons eu la grosse Charlotte
Ninie de Vannes et la Zonzon
Qui arrosait chaque soir sa motte
Au cognac et au marsala
Envie de boire à la santé de cette Zonzon.
Depuis le début du confinement, la ruelle n’est plus nettoyée. Elle reste dans son état de saleté antérieur. Du verre cassé et des mouchoirs en papier de couleur verte s’y font remarquer. Aucun déchet nouveau n’est apparu. Ce qui témoigne du peu de personnes qui passent. Les recoins qui servent habituellement de pissoirs aux noctambules, aux touristes et au vrai faux mendiant de la rue Saint-Romain sont désormais inutilisés.
Deux heures plus tard, j’ai la surprise d’un évènement sous mes fenêtres : les étudiants du troisième étage du bâtiment d’en face, absents depuis le début de l’enfermement général, viennent chercher leurs meubles, ayant tiré la conclusion que l’année universitaire est finie.
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Donc, certains hôpitaux vont maintenant chercher des respirateurs chez les vétérinaires et des blouses dans les abattoirs. Plus le temps passe, plus je pense que la place de Sarkozy et de Hollande est en prison. Pour Macron je suis moins catégorique, il a hérité du passif de ses prédécesseurs même s’il n’a pas fait grand-chose pour le diminuer.
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Depuis que la plupart des intervious télévisées se font à distance via Skype, on peut voir l’intérieur des logements des experts, des politiciens et des journalistes. « Quand même cette déco ! », me dis-je bien souvent.
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Toujours dans ma traversée Barbara avec l’époque Madame (soixante-huit à soixante-dix), Alhambra de Bordeaux (concert donné en novembre soixante-neuf pour l’émission Campus de Michel Lancelot sur Europe Numéro Un, une émission que j’écoutais chaque soir l’oreille collée au transistor dans la chambre que je devais partager avec mes deux frères), En liberté sur Europe 1 en soixante-neuf (des reprises assez ternes) et le premier de la paire de cédés Olympia 4 février 1969.
Redécouverte des chansons qu’elle a écrites avec Remo Forlani pour sa comédie musicale Madame, notamment De jolies putes vraiment :
Nous avons eu mam’zelle Pompon
Nous avons eu la grosse Charlotte
Ninie de Vannes et la Zonzon
Qui arrosait chaque soir sa motte
Au cognac et au marsala
Envie de boire à la santé de cette Zonzon.
27 mars 2020
Parmi mes livres à lire, stockés en trois piles hautes comme des gratte-ciel, se trouve le Journal de Samuel Pepys publié en deux volumes chez Bouquins/Laffont. Jusqu’à présent, je n’en ai lu que les extraits publiés chez Dix/Dix-Huit et au Mercure de France. Il est un passage qui m’a beaucoup marqué, celui où Pepys narre sa traversée de la Grande Peste de Londres. Confronté à ce danger de mort imminente, il envoie femme et enfants à la campagne puis revoit son testament.
Ce jeudi matin, je rouvre le mien et le mets à jour. Je relis aussi les deux lettres destinées en cas de décès aux deux seules que j’ai aimées et qui m’ont aimé. Reste le souci de mes écritures. Je ne sais comment faire pour assurer leur survie (notamment celle des récits, romans et autres jamais publiés).
Toujours atteint d’un léger gratouillis pulmonaire et d’une très petite toux que je ne sais s’il faut attribuer ou non à la saloperie qui rôde, je poursuis la réécoute du domaine francophone de ma cédéthéque
Après Arno, je saute René Aubry et trouve le bien nommé Immobile d’Autour de Lucie avec son Ne vois-tu pas que tout cela ne nous mène nulle part et son Tout est calme autour de moi.
René Aubry me fait songer à celle qui m’a fait connaître sa musique. Une jeune femme qui m’a aussi fait découvrir la peinture préraphaélite : Dante Gabriel Rossetti et tutti. On ne s’est jamais rencontré. Je ne sais ce qu’elle est devenue.
C’était au temps du Minitel. Elle me téléphonait la nuit quand son mari était parti et ses enfants au lit. Ensemble, on a beaucoup joui.
*
Puis j’attaque le voyage Barbara par Barbara à l’Atelier de Bruxelles (enregistrement de mil neuf cent cinquante-quatre), Extraits de concerts inédits (enregistrés de mil neuf cent soixante-quatre à soixante-quatorze) et La Dame Brune (soixante-sept soixante-huit)
Pendant ce temps, confiné de l’autre côté de la ville, l’homme au chapeau « réfléchit à des scénarios de confinement sans fin, imposé par des dirigeants économiques, politiques, par des algorithmes surpuissants ou par une population refusant de retrouver une normalité devenue obsolète. »
J’aime bien cette dernière éventualité.
Ce jeudi matin, je rouvre le mien et le mets à jour. Je relis aussi les deux lettres destinées en cas de décès aux deux seules que j’ai aimées et qui m’ont aimé. Reste le souci de mes écritures. Je ne sais comment faire pour assurer leur survie (notamment celle des récits, romans et autres jamais publiés).
Toujours atteint d’un léger gratouillis pulmonaire et d’une très petite toux que je ne sais s’il faut attribuer ou non à la saloperie qui rôde, je poursuis la réécoute du domaine francophone de ma cédéthéque
Après Arno, je saute René Aubry et trouve le bien nommé Immobile d’Autour de Lucie avec son Ne vois-tu pas que tout cela ne nous mène nulle part et son Tout est calme autour de moi.
René Aubry me fait songer à celle qui m’a fait connaître sa musique. Une jeune femme qui m’a aussi fait découvrir la peinture préraphaélite : Dante Gabriel Rossetti et tutti. On ne s’est jamais rencontré. Je ne sais ce qu’elle est devenue.
C’était au temps du Minitel. Elle me téléphonait la nuit quand son mari était parti et ses enfants au lit. Ensemble, on a beaucoup joui.
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Puis j’attaque le voyage Barbara par Barbara à l’Atelier de Bruxelles (enregistrement de mil neuf cent cinquante-quatre), Extraits de concerts inédits (enregistrés de mil neuf cent soixante-quatre à soixante-quatorze) et La Dame Brune (soixante-sept soixante-huit)
Pendant ce temps, confiné de l’autre côté de la ville, l’homme au chapeau « réfléchit à des scénarios de confinement sans fin, imposé par des dirigeants économiques, politiques, par des algorithmes surpuissants ou par une population refusant de retrouver une normalité devenue obsolète. »
J’aime bien cette dernière éventualité.
26 mars 2020
Ce mercredi matin, j’écris « huit heures trente-cinq » comme il est désormais obligatoire sur mon autorisation de sortie, un exemplaire fait à la main et simplifié par mes soins (pourquoi recopier toutes les occurrences ?) qui me vaudra peut être des ennuis avec la maréchaussée le jour où je serai contrôlé, puis je me rends chez U Express.
Une jeune femme masquée y entre devant moi. Je remplis mon panier en évitant de la croiser puis paie à un caissier masqué de plus en plus isolé par du film plastique translucide. En rentrant je constate qu’il y a davantage de piétons que lors de mes dernières sorties rue de la République. Je suppose qu’ils doivent, comme moi, avoir une bonne raison d’être là.
Tout le monde semble encore dormir dans la copropriété. Globalement, mes codétenus sont calmes, sauf l’exception (les étudiants sont absents, rentrés chez papamaman avant le bouclage). Je fais le compte des présents : sept célibataires de tous les âges, un couple de trentenaires et l’exception. Côte ruelle dans le bâtiment d’en face, les étudiants sont également partis, ne sont là que deux jeunes célibataires. Cela donne une idée du nombre de personnes vivant seules.
Il est des endroits où, chaque soir, ont lieu des sortes de fêtes des voisins avec sono sur les balcons et trinquages à distance. Heureusement que j’échappe à ça. Ce soir, exceptionnellement, un quart d’heure de carillon de la Cathédrale, à l’occasion de l’Annonciation, fête religieuse avec messe télédiffusée.
*
Un léger gratouillis dans les bronches et une petite toux de temps en temps me conduisent à demander son numéro de téléphone à une jeune femme de ma connaissance qui pourrait me ravitailler si j’étais malade à la maison, une ancienne élève qui ne resta qu’une semaine dans ma classe de grande section de maternelle car elle savait presque lire d’où son envoi immédiat en cours préparatoire.
*
Suite et fin de l’étape Arno dans ma réécoute alphabétique de cédés : Jus de box, Covers Cocktail, Live un Brussels. Retrouvé un Dominique A, mal rangé. Tant pis, pas question de revenir en arrière.
*
Extrait de mon texte du vingt-sept janvier, la scène se passe au Tout Va Bien à Dieppe : Trois femmes sexagénaires profitent de l’absence des maris « Y a la Foire aux Livres à la Paul Eluard, y sont là-bas ». Elles sont toutes gaies mais, remarque l’une, « Vous allez voir, on va moins rigoler avec le virus qui s’amène ».
Une jeune femme masquée y entre devant moi. Je remplis mon panier en évitant de la croiser puis paie à un caissier masqué de plus en plus isolé par du film plastique translucide. En rentrant je constate qu’il y a davantage de piétons que lors de mes dernières sorties rue de la République. Je suppose qu’ils doivent, comme moi, avoir une bonne raison d’être là.
Tout le monde semble encore dormir dans la copropriété. Globalement, mes codétenus sont calmes, sauf l’exception (les étudiants sont absents, rentrés chez papamaman avant le bouclage). Je fais le compte des présents : sept célibataires de tous les âges, un couple de trentenaires et l’exception. Côte ruelle dans le bâtiment d’en face, les étudiants sont également partis, ne sont là que deux jeunes célibataires. Cela donne une idée du nombre de personnes vivant seules.
Il est des endroits où, chaque soir, ont lieu des sortes de fêtes des voisins avec sono sur les balcons et trinquages à distance. Heureusement que j’échappe à ça. Ce soir, exceptionnellement, un quart d’heure de carillon de la Cathédrale, à l’occasion de l’Annonciation, fête religieuse avec messe télédiffusée.
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Un léger gratouillis dans les bronches et une petite toux de temps en temps me conduisent à demander son numéro de téléphone à une jeune femme de ma connaissance qui pourrait me ravitailler si j’étais malade à la maison, une ancienne élève qui ne resta qu’une semaine dans ma classe de grande section de maternelle car elle savait presque lire d’où son envoi immédiat en cours préparatoire.
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Suite et fin de l’étape Arno dans ma réécoute alphabétique de cédés : Jus de box, Covers Cocktail, Live un Brussels. Retrouvé un Dominique A, mal rangé. Tant pis, pas question de revenir en arrière.
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Extrait de mon texte du vingt-sept janvier, la scène se passe au Tout Va Bien à Dieppe : Trois femmes sexagénaires profitent de l’absence des maris « Y a la Foire aux Livres à la Paul Eluard, y sont là-bas ». Elles sont toutes gaies mais, remarque l’une, « Vous allez voir, on va moins rigoler avec le virus qui s’amène ».
25 mars 2020
Personne dans les rues quand je vais acheter du pain pour deux jours ce mardi matin. Personne quand j’en reviens. Samedi dernier il me semblait qu’il passait un être humain par heure dans ma ruelle. En réalité, c’est plutôt un toutes les trois ou quatre heures. Je ne compte pas les riverains dont une partie sont mes voisins (mes codétenus). Ceux-ci respectent le confinement à la lettre, hormis une exception.
Grâce à un emploi du temps que je qualifierai de drastique, je ne supporte pas trop mal l’enfermement (relatif, il y a le jardin). Chacune de mes journées est le copier coller de la précédente. Nous avons des vies monotones / Comme on ne dit plus rien à personne / Personne ne nous dit plus rien, chantait Gérard Manset. Arriverai-je à la lettre Emme du domaine francophone de ma cédéthèque ? J’en suis toujours à Arno, quatre cédés écoutés aujourd’hui : A la française en concert, A poil commercial, Charles Ernest et French Bazaar. Côté lecture, je me régale du Journal intégral de Julien Green, de ses indiscrétions mais aussi de ses obscénités.
*
Vers seize heures, téléphonage de celle qui est confinée à Paris. En plus de tous les soucis qui sont les siens, elle a dû faire face à des vols de matériaux sur les chantiers dont elle est responsable. La nature humaine.
*
Triste d’appendre que l’une des victimes du coronavirus est Manu Dibango. J’ai deux vinyles de lui, de la période Soul Makossa, achetés, je m’en souviens, au Printemps à Rouen, du temps où je vivais dans la cambrousse (années soixante-dix).
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Revu la couverture du numéro six daté du premier avril mil neuf cent soixante-treize de La Gueule Ouverte sous titré « le journal qui annonce la fin du monde », créé par l’équipe de Charlie Hebdo sous la direction de Pierre Fournier (il venait de mourir lorsque ce numéro a paru). Sur cette couverture, on voit deux êtres humains se baladant en combinaison intégrale avec un masque à gaz. « C’est le printemps », dit la légende.
Les textes de Pierre Fournier furent publiés de façon posthume sous le titre Où on va ? J’en sais rien mais on y va. Un titre d’actualité.
Sa femme, Danielle, est toujours vivante, si j’en crois Delfeil de Ton. C’est elle qui, dans les années soixante-dix, écrivit un article pour me défendre quand l’Education Nationale voulut m’exclure pour avoir refusé l’examen radiologique des poumons que les instits devaient subir chaque année dans un camion itinérant.
Je fus convoqué à un conseil de discipline dont les membres, devant le bruit généré par l’affaire, préférèrent se séparer sans prendre de décision (une des trois fois où j’ai failli être viré de l’Education Nationale).
Grâce à un emploi du temps que je qualifierai de drastique, je ne supporte pas trop mal l’enfermement (relatif, il y a le jardin). Chacune de mes journées est le copier coller de la précédente. Nous avons des vies monotones / Comme on ne dit plus rien à personne / Personne ne nous dit plus rien, chantait Gérard Manset. Arriverai-je à la lettre Emme du domaine francophone de ma cédéthèque ? J’en suis toujours à Arno, quatre cédés écoutés aujourd’hui : A la française en concert, A poil commercial, Charles Ernest et French Bazaar. Côté lecture, je me régale du Journal intégral de Julien Green, de ses indiscrétions mais aussi de ses obscénités.
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Vers seize heures, téléphonage de celle qui est confinée à Paris. En plus de tous les soucis qui sont les siens, elle a dû faire face à des vols de matériaux sur les chantiers dont elle est responsable. La nature humaine.
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Triste d’appendre que l’une des victimes du coronavirus est Manu Dibango. J’ai deux vinyles de lui, de la période Soul Makossa, achetés, je m’en souviens, au Printemps à Rouen, du temps où je vivais dans la cambrousse (années soixante-dix).
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Revu la couverture du numéro six daté du premier avril mil neuf cent soixante-treize de La Gueule Ouverte sous titré « le journal qui annonce la fin du monde », créé par l’équipe de Charlie Hebdo sous la direction de Pierre Fournier (il venait de mourir lorsque ce numéro a paru). Sur cette couverture, on voit deux êtres humains se baladant en combinaison intégrale avec un masque à gaz. « C’est le printemps », dit la légende.
Les textes de Pierre Fournier furent publiés de façon posthume sous le titre Où on va ? J’en sais rien mais on y va. Un titre d’actualité.
Sa femme, Danielle, est toujours vivante, si j’en crois Delfeil de Ton. C’est elle qui, dans les années soixante-dix, écrivit un article pour me défendre quand l’Education Nationale voulut m’exclure pour avoir refusé l’examen radiologique des poumons que les instits devaient subir chaque année dans un camion itinérant.
Je fus convoqué à un conseil de discipline dont les membres, devant le bruit généré par l’affaire, préférèrent se séparer sans prendre de décision (une des trois fois où j’ai failli être viré de l’Education Nationale).
24 mars 2020
Ce lundi j’aurais dû prendre un train pour Paris puis un Tégévé m’aurait conduit à Nice où j’avais prévu de passer une dizaine de jours, logé dans un studio Airbibi entre la gare et la mer (dès que la saloperie est arrivée en France, j’ai su que cette escapade était compromise et je m’en suis voulu de n’avoir pas choisi de partir plus tôt). Maintenant, cette ville est en couvre-feu et la promenade des Anglais sous la surveillance d’un drone. Je ne sais si un jour je connaîtrai Nice.
A l’heure du départ de mon train, je suis (seul) à la boulangerie où je dois acheter ce qu’il y a, une baguette tradition, les pains spéciaux qui me permettraient de tenir deux jours ne sont pas prêts. Une belle journée, ensoleillée mais fraîche, se profile.
C’est vers dix heures et demie que le soleil atteint le banc du jardin. J’y lis pendant trois heures le livre que je voulais emporter à Nice : le premier tome du Journal intégral de Julien Green (Bouquins/Laffont) dont je me régale des indiscrétions. J’ai appris hier que les jardins de copropriété n’étaient pas des lieux de sortie autorisés mais tant qu’un drone ne le survole pas. Seul passe parfois dans le ciel l’hélicoptère du Céhachu.
Il ne fait pas assez chaud pour que je m’installe dehors à l’ombre afin de tapoter mes notes de lecture. C’est à l’intérieur, ordinateur sur le bureau et fesses sur mon fauteuil de ministre, que je me livre à cette activité que l’on peut juger inutile mais qui me permet de lire une nouvelle fois mes passages préférés. Je fais cela en poursuivant la réécoute alphabétique du domaine français de ma cédéthèque. D’abord Arielle, Toute une vie à une et Mortelle (sur la pochette duquel elle est nue) puis j’attaque Arno le polyglotte avec Ratata, Tracks From The Story et A la française. Sa tournée, qu’il voulait terminer avant de se faire opérer de son cancer du pancréas, est à l’eau. Que va-t-il devenir ?
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Le facteur passe encore, pas l’habituel, un plus jeune monté sur un tricycle électrique. Passe aussi dans la ruelle, masqué, le livreur du repas d’une voisine bénéficiant de ce service social, laquelle a du mal à comprendre qu’elle doit lui ouvrir après son coup de sonnette. A l’interphone, cela donne ceci : « C’est le repas ! » « Ouvrez-moi la porte, madame ! » « Ah putain ! ».
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« Le théâtre s’invite dans votre salon », m’écrit le Centre Dramatique de Normandie qui propose des captations de ses spectacles passés. On n’entre pas ainsi dans mon salon, même en temps normal.
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En Italie, l’Eglise dispense une absolution collective à l’entrée des services hospitaliers en utilisant un haut-parleur pour se faire entendre. En Espagne, une patinoire de Madrid est transformée en morgue. En France, vingt résidents d’un Ehpad des Vosges sont morts.
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La bonne blague du jour : ce couple de patrons partis passer un confinement doré dans une petite maison à la campagne et qui ont découvert à l’arrivée qu’elle est située dans une zone blanche, impossible pour eux d’être en contact avec leurs employés en télétravail.
A l’heure du départ de mon train, je suis (seul) à la boulangerie où je dois acheter ce qu’il y a, une baguette tradition, les pains spéciaux qui me permettraient de tenir deux jours ne sont pas prêts. Une belle journée, ensoleillée mais fraîche, se profile.
C’est vers dix heures et demie que le soleil atteint le banc du jardin. J’y lis pendant trois heures le livre que je voulais emporter à Nice : le premier tome du Journal intégral de Julien Green (Bouquins/Laffont) dont je me régale des indiscrétions. J’ai appris hier que les jardins de copropriété n’étaient pas des lieux de sortie autorisés mais tant qu’un drone ne le survole pas. Seul passe parfois dans le ciel l’hélicoptère du Céhachu.
Il ne fait pas assez chaud pour que je m’installe dehors à l’ombre afin de tapoter mes notes de lecture. C’est à l’intérieur, ordinateur sur le bureau et fesses sur mon fauteuil de ministre, que je me livre à cette activité que l’on peut juger inutile mais qui me permet de lire une nouvelle fois mes passages préférés. Je fais cela en poursuivant la réécoute alphabétique du domaine français de ma cédéthèque. D’abord Arielle, Toute une vie à une et Mortelle (sur la pochette duquel elle est nue) puis j’attaque Arno le polyglotte avec Ratata, Tracks From The Story et A la française. Sa tournée, qu’il voulait terminer avant de se faire opérer de son cancer du pancréas, est à l’eau. Que va-t-il devenir ?
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Le facteur passe encore, pas l’habituel, un plus jeune monté sur un tricycle électrique. Passe aussi dans la ruelle, masqué, le livreur du repas d’une voisine bénéficiant de ce service social, laquelle a du mal à comprendre qu’elle doit lui ouvrir après son coup de sonnette. A l’interphone, cela donne ceci : « C’est le repas ! » « Ouvrez-moi la porte, madame ! » « Ah putain ! ».
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« Le théâtre s’invite dans votre salon », m’écrit le Centre Dramatique de Normandie qui propose des captations de ses spectacles passés. On n’entre pas ainsi dans mon salon, même en temps normal.
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En Italie, l’Eglise dispense une absolution collective à l’entrée des services hospitaliers en utilisant un haut-parleur pour se faire entendre. En Espagne, une patinoire de Madrid est transformée en morgue. En France, vingt résidents d’un Ehpad des Vosges sont morts.
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La bonne blague du jour : ce couple de patrons partis passer un confinement doré dans une petite maison à la campagne et qui ont découvert à l’arrivée qu’elle est située dans une zone blanche, impossible pour eux d’être en contact avec leurs employés en télétravail.
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