D’abord, un temps ensoleillé et doux est annoncé par Météo France pour ce samedi. Ensuite, la suggestion que les vieux devraient se cloîtrer refait surface. Cela ne peut que me donner envie de bouger.
Nous ne sommes pas beaucoup dans le Rouen Dieppe de neuf heures quinze car il n’est pas en correspondance avec un train parisien. Je retrouve avec plaisir la vue sur la campagne normande le long de la Scie sinueuse et, à dix heures une, je fais mes retrouvailles avec la cité portuaire.
Sachant que ce jour est celui du marché hebdomadaire et que toute la ville y court, je l’évite en passant les deux ponts qui mènent au Pollet. De là, je grimpe sur la falaise où j’ôte mon masque. J’ai vue sur la sortie du port et justement un navire industriel peint en vert le quitte cependant que le Transmanche attend de voir si certains ont envie d’aller à Newhaven. Las, sur cette hauteur, il fait frais, la faute à un vent venu des terres.
La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours étant malheureusement fermée, je poursuis sur le sentier de Grande Randonnée. Celui-ci est en retrait car cette falaise a pour habitude de choir. En contrebas, la rocade qui permet de gagner le Transmanche achève de gâcher la vue. Sitôt empruntée la passerelle l’enjambant, à Neuville-lès-Dieppe, au lieu-dit Puys, je renonce.
Redescendu au Pollet, je m’assois sur un banc avec vue sur le port inactif et y sors mes sandouiches. Une banane fait office de dessert. Dédaignant Le Mieux Ici Qu’En Face en mode dégradé avec café à emporter dans un gobelet en carton, je bois le mien issu d’un thermos.
Vers midi et demi, je fais le tour du port de plaisance et rejoins la plage où souffle également le vent frais. Peu de monde sur les galets mais il y a foule sur la promenade. Manifestement le désir de mer est là, le manque de gaieté aussi. Je m’assois sur un banc (que faire d’autre ?) et regarde passer les familles. J’ai un livre avec moi mais il ne fait pas assez chaud pour l’exhiber.
Quand je suis lassé de voir aller et venir le populo, je marche à mon tour afin de rejoindre un coin où peu d’autres que moi auraient idée d’aller : le port industriel. J’y photographie d’imposantes grues et y croise une fille imprévue. Les ports n’étant plus ce qu’ils étaient, quand je la vois prête à ouvrir la bouche, je ne m’attends pas à une proposition tarifée. Elle me dit simplement bonjour. Au moins, aurai-je échangé un mot avec un humain.
*
Je rentre à Rouen avec le dernier train du jour, un seize heures cinq où chacun peut ne pas avoir de voisinage immédiat. A l’arrivée, je trouve moins de vent et encore plus de monde qu’à Dieppe. Le square Verdrel a des allures de cour de récréation. Les terrasses debout sont blindées, notamment l’une d’elles où a été créée avec un mobilier succinct une sorte de comptoir d’extérieur. Une jeunesse dépourvue de masque y boit et rit. Il est dix-sept heures, le couvre-feu ne va pas pouvoir être respecté par tout le monde.
*
Triste d’avoir appris la mort de Philippe Chatel, d’une crise cardiaque, une semaine avant son soixante-treizième anniversaire.
Présenté partout comme « le papa d’Emilie Jolie », il était plus que cela avec des chansons comme J’t’aime bien Lili, Mister Hyde, Tout quitter mais tout emporter, J’suis resté seul dans mon lundi ou Ma Lycéenne.
Cette dernière est un bon exemple de ce que l’autocensure empêche désormais d’écrire.
*
Au premier rang de ceux qui prônent à nouveau l’auto-isolement des personnes âgées (comme ils disent) : le vieux Delfraissy, soixante-douze ans, Président du Conseil Scientifique.
L’heure de la retraite a sonné, Delfraissy, rentre à la maison et restes-y.
Nous ne sommes pas beaucoup dans le Rouen Dieppe de neuf heures quinze car il n’est pas en correspondance avec un train parisien. Je retrouve avec plaisir la vue sur la campagne normande le long de la Scie sinueuse et, à dix heures une, je fais mes retrouvailles avec la cité portuaire.
Sachant que ce jour est celui du marché hebdomadaire et que toute la ville y court, je l’évite en passant les deux ponts qui mènent au Pollet. De là, je grimpe sur la falaise où j’ôte mon masque. J’ai vue sur la sortie du port et justement un navire industriel peint en vert le quitte cependant que le Transmanche attend de voir si certains ont envie d’aller à Newhaven. Las, sur cette hauteur, il fait frais, la faute à un vent venu des terres.
La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours étant malheureusement fermée, je poursuis sur le sentier de Grande Randonnée. Celui-ci est en retrait car cette falaise a pour habitude de choir. En contrebas, la rocade qui permet de gagner le Transmanche achève de gâcher la vue. Sitôt empruntée la passerelle l’enjambant, à Neuville-lès-Dieppe, au lieu-dit Puys, je renonce.
Redescendu au Pollet, je m’assois sur un banc avec vue sur le port inactif et y sors mes sandouiches. Une banane fait office de dessert. Dédaignant Le Mieux Ici Qu’En Face en mode dégradé avec café à emporter dans un gobelet en carton, je bois le mien issu d’un thermos.
Vers midi et demi, je fais le tour du port de plaisance et rejoins la plage où souffle également le vent frais. Peu de monde sur les galets mais il y a foule sur la promenade. Manifestement le désir de mer est là, le manque de gaieté aussi. Je m’assois sur un banc (que faire d’autre ?) et regarde passer les familles. J’ai un livre avec moi mais il ne fait pas assez chaud pour l’exhiber.
Quand je suis lassé de voir aller et venir le populo, je marche à mon tour afin de rejoindre un coin où peu d’autres que moi auraient idée d’aller : le port industriel. J’y photographie d’imposantes grues et y croise une fille imprévue. Les ports n’étant plus ce qu’ils étaient, quand je la vois prête à ouvrir la bouche, je ne m’attends pas à une proposition tarifée. Elle me dit simplement bonjour. Au moins, aurai-je échangé un mot avec un humain.
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Je rentre à Rouen avec le dernier train du jour, un seize heures cinq où chacun peut ne pas avoir de voisinage immédiat. A l’arrivée, je trouve moins de vent et encore plus de monde qu’à Dieppe. Le square Verdrel a des allures de cour de récréation. Les terrasses debout sont blindées, notamment l’une d’elles où a été créée avec un mobilier succinct une sorte de comptoir d’extérieur. Une jeunesse dépourvue de masque y boit et rit. Il est dix-sept heures, le couvre-feu ne va pas pouvoir être respecté par tout le monde.
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Triste d’avoir appris la mort de Philippe Chatel, d’une crise cardiaque, une semaine avant son soixante-treizième anniversaire.
Présenté partout comme « le papa d’Emilie Jolie », il était plus que cela avec des chansons comme J’t’aime bien Lili, Mister Hyde, Tout quitter mais tout emporter, J’suis resté seul dans mon lundi ou Ma Lycéenne.
Cette dernière est un bon exemple de ce que l’autocensure empêche désormais d’écrire.
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Au premier rang de ceux qui prônent à nouveau l’auto-isolement des personnes âgées (comme ils disent) : le vieux Delfraissy, soixante-douze ans, Président du Conseil Scientifique.
L’heure de la retraite a sonné, Delfraissy, rentre à la maison et restes-y.