Longtemps je fus client régulier de l’Intermarché de la place Saint-Marc, puis à l’occasion de sa fermeture pour travaux, je l’ai abandonné pour plus petit et plus près et surtout sans attente à la caisse. J’y retourne ce mardi matin pour me procurer deux produits de première nécessité qu’on ne vend pas chez U Express.
Cet Intermarché n’a pas changé, toujours aussi peu attrayant avec sa galerie marchande perpétuellement moribonde. A l’accueil, il y a déjà file d’attente. C’est pour des masques qu’on pouvait réserver si on a la carte de fidélité, autrement dit pas pour moi. Le portillon automatique passé, je trouve le rayon papeterie à sa place habituelle, m’empare de deux ramettes de papier quatre-vingts grammes dont je ferai du papier d’emballage et deux pochettes de dix stylos Bic noirs « cristal original ».
Les caisses automatiques étant rendues inutilisables, je choisis la caissière qui me semble aller le plus vite. Il fut un temps où j’en choisissais une jeune et jolie, ce qui me valut autrefois d’accueillir la nuit dans mon lit l’une du Mammouth de Val-de-Reuil tandis que son copain gardait les prisonniers au Centre de Détention Les Vignettes. Ce temps-là n’est plus. Mammouth non plus.
Cette redécouverte d’Intermarché n’en est pas une. L’opération stylos ramettes n’aura duré que dix minutes. Je ne l’aurai qu’à peine pénétré.
Sur l’une des boutiques de la rue Martainville, par laquelle je rentre, une affichette prévient : « une personne à la fois, port du masque obligatoire ». Cette façon de vouloir retrouver la clientèle en multipliant les obstacles me rend perplexe.
J’ai l’impression que beaucoup de marchands et de clients pensent que la situation actuelle ne va durer que quelques semaines. Or, on en sera peut-être au même point dans six mois, dans un an, dans trois ans, à jamais, va savoir.
Un autre monde est possible, disaient certains rassemblés sur des places. Eh bien, on l’a. Un peu différent de ce qu’ils imaginaient.
*
Rue Ganterie, une mendiante assise en tailleur. Sur ses genoux, un lot de papier toilette sous plastique. « Dix euros », me dit-elle.
*
Grosse réunion au Palais de Justice de Rouen ce mardi matin. La cour est pleine de voitures et un groupe de plus de dix personnes stagne devant l’entrée des piétons. Ainsi naissent les cleusteures.
*
Masque : se porte aussi autour du cou, et même pendu à une oreille tandis que l’on mange son croissant.
*
Ferré du jour, un cédé où il chante Aragon, parfois avec une emphase nuisible, puis celui des années soixante-deux à soixante-six : T’es rock, coco ! Tellement écouté au temps des vinyles.
*
Toujours Pepys au jardin, où je dois compter avec l’ouvrier (en fait le nouveau propriétaire) qui fait des travaux plus importants que je ne le prévoyais dans son studio en forme de couloir où il logera un étudiant à l’étroit. Bien sûr, il écoute Nostalgie. Heureusement, pas trop fort.
*
Ces gens qui ne peuvent acheter un bien (comme ils disent) sans y faire des travaux.
Cet Intermarché n’a pas changé, toujours aussi peu attrayant avec sa galerie marchande perpétuellement moribonde. A l’accueil, il y a déjà file d’attente. C’est pour des masques qu’on pouvait réserver si on a la carte de fidélité, autrement dit pas pour moi. Le portillon automatique passé, je trouve le rayon papeterie à sa place habituelle, m’empare de deux ramettes de papier quatre-vingts grammes dont je ferai du papier d’emballage et deux pochettes de dix stylos Bic noirs « cristal original ».
Les caisses automatiques étant rendues inutilisables, je choisis la caissière qui me semble aller le plus vite. Il fut un temps où j’en choisissais une jeune et jolie, ce qui me valut autrefois d’accueillir la nuit dans mon lit l’une du Mammouth de Val-de-Reuil tandis que son copain gardait les prisonniers au Centre de Détention Les Vignettes. Ce temps-là n’est plus. Mammouth non plus.
Cette redécouverte d’Intermarché n’en est pas une. L’opération stylos ramettes n’aura duré que dix minutes. Je ne l’aurai qu’à peine pénétré.
Sur l’une des boutiques de la rue Martainville, par laquelle je rentre, une affichette prévient : « une personne à la fois, port du masque obligatoire ». Cette façon de vouloir retrouver la clientèle en multipliant les obstacles me rend perplexe.
J’ai l’impression que beaucoup de marchands et de clients pensent que la situation actuelle ne va durer que quelques semaines. Or, on en sera peut-être au même point dans six mois, dans un an, dans trois ans, à jamais, va savoir.
Un autre monde est possible, disaient certains rassemblés sur des places. Eh bien, on l’a. Un peu différent de ce qu’ils imaginaient.
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Rue Ganterie, une mendiante assise en tailleur. Sur ses genoux, un lot de papier toilette sous plastique. « Dix euros », me dit-elle.
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Grosse réunion au Palais de Justice de Rouen ce mardi matin. La cour est pleine de voitures et un groupe de plus de dix personnes stagne devant l’entrée des piétons. Ainsi naissent les cleusteures.
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Masque : se porte aussi autour du cou, et même pendu à une oreille tandis que l’on mange son croissant.
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Ferré du jour, un cédé où il chante Aragon, parfois avec une emphase nuisible, puis celui des années soixante-deux à soixante-six : T’es rock, coco ! Tellement écouté au temps des vinyles.
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Toujours Pepys au jardin, où je dois compter avec l’ouvrier (en fait le nouveau propriétaire) qui fait des travaux plus importants que je ne le prévoyais dans son studio en forme de couloir où il logera un étudiant à l’étroit. Bien sûr, il écoute Nostalgie. Heureusement, pas trop fort.
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Ces gens qui ne peuvent acheter un bien (comme ils disent) sans y faire des travaux.