Ce vendredi, le jour pas levé, je devine, faute d’éclairage public suffisant, le chemin qui mène à la Gare de Dol. A huit heures treize, je trouve place dans le train BreizhGo Rennes Saint-Malo, près, mais pas trop, de trois étudiantes en art qui révisent le vocabulaire des couleurs. Un quart d’heure plus tard, nous sommes dans la cité corsaire.
Pour intramuros, c’est tout droit et un peu plus loin que je ne le pensais. Une passerelle provisoire maintient heureusement le cheminement piétonnier pendant les travaux du pont levant. Cette chicane passée, me voici face à la porte Saint-Vincent. Le soleil dans le dos me fait une ombre démesurée que je photographie puis je passe cette porte et arrive devant l’Hôtel de l’Univers dont le bar fut chanté par Bernard Lavilliers. Nul n’y est accoudé. D’ailleurs, il n’y a personne. Je suis le premier client du jour, pour un allongé verre d’eau à un euro quatre-vingts en terrasse.
Celui-ci bu, je veux voir si l’Hôtel Port-Malo, rue Sainte-Barbe, où j’ai passé quelques nuits en solitaire en avril deux mille quinze est toujours vaillant. Pour ce faire, je prends la rue Chateaubriand et m’arrête devant sa sombre maison natale. A l’angle de cette rue, l’Hôtel est toujours là. La chambre la moins chère est désormais à cinquante-cinq euros en cette saison.
Revenu sur la place du Château Hôtel de Ville, je monte sur le rempart et entreprends d’en faire le tour, descendant sur la plage à hauteur du Grand Bé pour l’apprécier au plus près. Je ne peux faire de même pour le Petit Bé où repose (comme on dit) l’auteur des Mémoires d’outre-tombe car la mer n’est pas assez basse.
Je poursuis donc et trouve devant une porte un jeune couple en tenue de mariage qui se photographie à l'aide du retardateur d'un bel appareil posé sur un trépied. La robe de la mariée laisse voir un dos nu descendant bas. Peut-être est-elle entièrement nue dessous, me dis-je. Si j’osais, je leur proposerais de m’occuper de l’appareil afin qu’ils puissent se décrisper.
Un peu plus loin, me voici face à Dinard. Je revois à distance la pointe et la plage du Moulinet puis je poursuis côté port avant que trop de familles se présentent. Ma dernière photo est pour la statue de Duguay-Trouin encadrée par deux grues.
Le magnifique ciel bleu du matin est mis à mal par des nuages quand je reviens du côté de la Gare afin de trouver un endroit où déjeuner. Je me contente du Street Food Café aux quatre tables de trottoir. Je commande un fish and chips à neuf euros cinquante, avec une carafe d’eau. « Ce sera un verre d’eau, me répond le gérant, on n’a pas de carafe ». Il faut payer avant d’aller s’asseoir. Je demande le ticket, « s’il vous reste du papier ».
Quand ce commerçant m’apporte ma pitance, elle est accompagnée d’un verre à moitié vide, ou à moitié plein si on veut être optimiste.
*
Au Bar de l’Univers, côté serveur on est inquiet, on a peur d’un prochain reconfinement, déjà qu’on va avoir le couvre-feu à partir de samedi.
A sa terrasse, se levant sans masque une jeune femme s’approche d’une autre assise à la table voisine pour lui demander du feu.
Devant la Gare, un chauffeur de taxi sans masque s’approche à moins de vingt centimètres d’une vieille à béquille qui porte le sien sous le menton pour lui ouvrir la portière.
Il court il court le virus, certains font semblant de ne pas comprendre pourquoi.
*
A la pharmacie de Dol, une grand-mère et son petit-fils, le grand-père est dehors, alors que c’est lui qui a besoin d’un médicament pour une infection urinaire. Quelque chose qui ferait effet tout de suite.
A côté d’eux, un jeune couple, c’est lui qui parle mais c’est elle qui a mal aux dents. Il veut quelque chose qui fasse effet tout de suite.
Avec mon renouvellement de gouttes pour les yeux, je suis le client de tout repos.
Pour intramuros, c’est tout droit et un peu plus loin que je ne le pensais. Une passerelle provisoire maintient heureusement le cheminement piétonnier pendant les travaux du pont levant. Cette chicane passée, me voici face à la porte Saint-Vincent. Le soleil dans le dos me fait une ombre démesurée que je photographie puis je passe cette porte et arrive devant l’Hôtel de l’Univers dont le bar fut chanté par Bernard Lavilliers. Nul n’y est accoudé. D’ailleurs, il n’y a personne. Je suis le premier client du jour, pour un allongé verre d’eau à un euro quatre-vingts en terrasse.
Celui-ci bu, je veux voir si l’Hôtel Port-Malo, rue Sainte-Barbe, où j’ai passé quelques nuits en solitaire en avril deux mille quinze est toujours vaillant. Pour ce faire, je prends la rue Chateaubriand et m’arrête devant sa sombre maison natale. A l’angle de cette rue, l’Hôtel est toujours là. La chambre la moins chère est désormais à cinquante-cinq euros en cette saison.
Revenu sur la place du Château Hôtel de Ville, je monte sur le rempart et entreprends d’en faire le tour, descendant sur la plage à hauteur du Grand Bé pour l’apprécier au plus près. Je ne peux faire de même pour le Petit Bé où repose (comme on dit) l’auteur des Mémoires d’outre-tombe car la mer n’est pas assez basse.
Je poursuis donc et trouve devant une porte un jeune couple en tenue de mariage qui se photographie à l'aide du retardateur d'un bel appareil posé sur un trépied. La robe de la mariée laisse voir un dos nu descendant bas. Peut-être est-elle entièrement nue dessous, me dis-je. Si j’osais, je leur proposerais de m’occuper de l’appareil afin qu’ils puissent se décrisper.
Un peu plus loin, me voici face à Dinard. Je revois à distance la pointe et la plage du Moulinet puis je poursuis côté port avant que trop de familles se présentent. Ma dernière photo est pour la statue de Duguay-Trouin encadrée par deux grues.
Le magnifique ciel bleu du matin est mis à mal par des nuages quand je reviens du côté de la Gare afin de trouver un endroit où déjeuner. Je me contente du Street Food Café aux quatre tables de trottoir. Je commande un fish and chips à neuf euros cinquante, avec une carafe d’eau. « Ce sera un verre d’eau, me répond le gérant, on n’a pas de carafe ». Il faut payer avant d’aller s’asseoir. Je demande le ticket, « s’il vous reste du papier ».
Quand ce commerçant m’apporte ma pitance, elle est accompagnée d’un verre à moitié vide, ou à moitié plein si on veut être optimiste.
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Au Bar de l’Univers, côté serveur on est inquiet, on a peur d’un prochain reconfinement, déjà qu’on va avoir le couvre-feu à partir de samedi.
A sa terrasse, se levant sans masque une jeune femme s’approche d’une autre assise à la table voisine pour lui demander du feu.
Devant la Gare, un chauffeur de taxi sans masque s’approche à moins de vingt centimètres d’une vieille à béquille qui porte le sien sous le menton pour lui ouvrir la portière.
Il court il court le virus, certains font semblant de ne pas comprendre pourquoi.
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A la pharmacie de Dol, une grand-mère et son petit-fils, le grand-père est dehors, alors que c’est lui qui a besoin d’un médicament pour une infection urinaire. Quelque chose qui ferait effet tout de suite.
A côté d’eux, un jeune couple, c’est lui qui parle mais c’est elle qui a mal aux dents. Il veut quelque chose qui fasse effet tout de suite.
Avec mon renouvellement de gouttes pour les yeux, je suis le client de tout repos.