Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
23 mai 2022
En allant au marché du Clos Saint-Marc vers neuf heures, je suis sûr d’une chose, je ne me ferai pas alpaguer par un(e) politicien(ne) voulant obtenir mon vote à la Législative. Les politicien(ne)s ne se lèvent pas tôt.
Le premier tour de cette élection sert à financer les partis. Chaque bulletin de vote rapporte un peu plus d'un euro cinquante. L’urne est donc aussi une tirelire.
Pour ma part, je ne mettrai pas d’argent dans cette tirelire. Aucun des candidats de la Première Circonscription de Seine-Maritime, comprenant la partie de Rouen où j’habite et Mont-Saint-Aignan, ne me sied Pas question que je vote pour le Nupés, un certain Maxime Da Silva, Insoumis parachuté, politicien professionnel, attaché parlementaire du Député de l’Ariège Michel Larive (tout en étant conseiller municipal d’opposition à Pavilly). Je ne donnerai pas non plus ma voix à Christine de Cintré, conseillère municipale de Rouen, Socialiste dissidente, une insoumise en quelque sorte, bien que je me réjouisse de la voir désobéir. Les autres, je n’en parle même pas.
Un cœur de neufchâtel, c’est mon seul achat dominical.
*
En début d’après-midi j’écoute Signes des temps de Marc Weitzmann sur France Culture. Thomas Guénolé (politologue), Stéphanie Roza (spécialiste des Lumières et de la Révolution française.), Maud Le Rest (spécialiste de l’histoire des féminismes) et Fatima Benomar (co-fondatrice de #NousToutes) expliquent en quoi La France Insoumise est plus une secte qu’un parti et narrent leur mauvaise expérience avec celle-ci.
*
Remplacer à la tête du Ministère de l’Education Nationale l’épouvantable Jean-Michel Blanquer par son opposé Pap Ndiaye, ou comment draguer un million de fonctionnaires dans l’espoir qu’ils ne votent pas Nupés.
Pap Ndiaye sera-t-il encore Ministre dans le gouvernement Macron/Borne d’après les élections, ce n’est pas certain.
Le premier tour de cette élection sert à financer les partis. Chaque bulletin de vote rapporte un peu plus d'un euro cinquante. L’urne est donc aussi une tirelire.
Pour ma part, je ne mettrai pas d’argent dans cette tirelire. Aucun des candidats de la Première Circonscription de Seine-Maritime, comprenant la partie de Rouen où j’habite et Mont-Saint-Aignan, ne me sied Pas question que je vote pour le Nupés, un certain Maxime Da Silva, Insoumis parachuté, politicien professionnel, attaché parlementaire du Député de l’Ariège Michel Larive (tout en étant conseiller municipal d’opposition à Pavilly). Je ne donnerai pas non plus ma voix à Christine de Cintré, conseillère municipale de Rouen, Socialiste dissidente, une insoumise en quelque sorte, bien que je me réjouisse de la voir désobéir. Les autres, je n’en parle même pas.
Un cœur de neufchâtel, c’est mon seul achat dominical.
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En début d’après-midi j’écoute Signes des temps de Marc Weitzmann sur France Culture. Thomas Guénolé (politologue), Stéphanie Roza (spécialiste des Lumières et de la Révolution française.), Maud Le Rest (spécialiste de l’histoire des féminismes) et Fatima Benomar (co-fondatrice de #NousToutes) expliquent en quoi La France Insoumise est plus une secte qu’un parti et narrent leur mauvaise expérience avec celle-ci.
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Remplacer à la tête du Ministère de l’Education Nationale l’épouvantable Jean-Michel Blanquer par son opposé Pap Ndiaye, ou comment draguer un million de fonctionnaires dans l’espoir qu’ils ne votent pas Nupés.
Pap Ndiaye sera-t-il encore Ministre dans le gouvernement Macron/Borne d’après les élections, ce n’est pas certain.
21 mai 2022
Pressé comme je l’étais d’avoir une nouvelle dose de rappel de vaccin Pfizer, j’ai eu un doute, la semaine dernière, au moment de prendre rendez-vous pour le lendemain du jour anniversaire du sixième mois de la précédente, soit ce vingt mai. En effet, l’efficacité de ce rappel sera maximale pendant les trois premiers mois, donc pendant l’été, quand le virus du Covid circulera le moins, et elle sera moindre à l’automne quand il reviendra. Ne devrais-je pas attendre la fin août ? Quand j’ai demandé à la secrétaire si le médecin pourrait me conseiller, elle m’a répondu : « Il ne vous dira jamais d’attendre. Imaginez que vous renonciez à la faire maintenant et que vous attrapiez la maladie dans quinze jours. »
J’ai donc renoncé à attendre et ai rendez-vous ce vendredi vingt à onze heures trente. Considérant la pluie orageuse qui tombe, je prends un bus Teor jusqu’à Théâtre des Arts puis le métro jusqu’à Boulingrin.
Je suis reçu par mon médecin traitant avec une petite demi-heure de retard. Il me confirme le propos de la secrétaire. « S’il le faut, on fera une cinquième dose en octobre », me dit-il.
Comme je n’ai eu aucun effet secondaire les fois précédentes, je m’inquiète des anticorps que je produis. Il n’y a aucun rapport entre les effets ressentis après la piqûre et la présence ou non d’anticorps, m’explique-t-il. Je lui demande aussi comment on sait que l’on est immunodéprimé. Uniquement par son vécu, me répond-il, si on enchaîne les rhumes et les bronchites par exemple, c’est un signe. Je ne sens absolument rien quand il me pique encore une fois en haut du bras gauche.
Le médecin imprime ensuite le document prouvant que j’ai été vacciné quatre sur quatre, lequel pourrait servir de nouveau passe vaccinal. Inutile que je reste un quart d’heure en salle d’attente puisque j’ai déjà été en contact avec ce vaccin.
Après l’avoir remercié, la pluie ayant provisoirement cessé, je redescends à pied, passant par le jardin de l’Hôtel de Ville dans lequel pique-niquent des élèves et des enseignants ayant choisi la mauvaise journée pour leur sortie scolaire.
Dans l’après-midi j’apprends que le Portugal est touché par une sixième vague due au variant BéA Cinq d’Omicron.
*
Je reçois une photo de Tous à l’ouest ! de S.J. Perelman (Le Dilettante), envoyée par un fidèle lecteur qui m’écrit. « Commandé dès que tu en as parlé. Je profite d’un trajet pour Nantes pour le commencer et j’adore ! Ça me rappelle Jérôme K. Jérôme ou O Henry. »
Ne suis-je pas moi aussi un influenceur ?
*
Lorsque nous sommes parfaitement heureux, pourquoi faut-il que le démon de l’action nous aiguillonne ? Voilà l’une des grandes limites de l’esprit humain. (S.J. Perelman Tous à l’ouest !)
J’ai donc renoncé à attendre et ai rendez-vous ce vendredi vingt à onze heures trente. Considérant la pluie orageuse qui tombe, je prends un bus Teor jusqu’à Théâtre des Arts puis le métro jusqu’à Boulingrin.
Je suis reçu par mon médecin traitant avec une petite demi-heure de retard. Il me confirme le propos de la secrétaire. « S’il le faut, on fera une cinquième dose en octobre », me dit-il.
Comme je n’ai eu aucun effet secondaire les fois précédentes, je m’inquiète des anticorps que je produis. Il n’y a aucun rapport entre les effets ressentis après la piqûre et la présence ou non d’anticorps, m’explique-t-il. Je lui demande aussi comment on sait que l’on est immunodéprimé. Uniquement par son vécu, me répond-il, si on enchaîne les rhumes et les bronchites par exemple, c’est un signe. Je ne sens absolument rien quand il me pique encore une fois en haut du bras gauche.
Le médecin imprime ensuite le document prouvant que j’ai été vacciné quatre sur quatre, lequel pourrait servir de nouveau passe vaccinal. Inutile que je reste un quart d’heure en salle d’attente puisque j’ai déjà été en contact avec ce vaccin.
Après l’avoir remercié, la pluie ayant provisoirement cessé, je redescends à pied, passant par le jardin de l’Hôtel de Ville dans lequel pique-niquent des élèves et des enseignants ayant choisi la mauvaise journée pour leur sortie scolaire.
Dans l’après-midi j’apprends que le Portugal est touché par une sixième vague due au variant BéA Cinq d’Omicron.
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Je reçois une photo de Tous à l’ouest ! de S.J. Perelman (Le Dilettante), envoyée par un fidèle lecteur qui m’écrit. « Commandé dès que tu en as parlé. Je profite d’un trajet pour Nantes pour le commencer et j’adore ! Ça me rappelle Jérôme K. Jérôme ou O Henry. »
Ne suis-je pas moi aussi un influenceur ?
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Lorsque nous sommes parfaitement heureux, pourquoi faut-il que le démon de l’action nous aiguillonne ? Voilà l’une des grandes limites de l’esprit humain. (S.J. Perelman Tous à l’ouest !)
20 mai 2022
Désormais, chez Book-Off, je ne suis plus en concurrence avec les acheteurs de livres par scannage du code barre (ils espéraient une revente aisée et ont été échaudés). C’est donc sans avoir envie de tuer quiconque que je prélève les livres à un euro qui m’intéressent dans les différents rayonnages, de quoi être content et lourdement chargé. Devant moi, au moment de payer, est un autre client à panier plein de livres à un euro. La façon dont il les a choisis me laisse perplexe, en deux minutes au hasard parmi les romans. Les destine-t-il à une maison de retraite ?
Il est midi moins le quart quand je m’installe à ma table préférée au Péhemmu chinois où je commande à la gentille serveuse provisoire mon habituel menu. J’apprends que la gentille serveuse titulaire a eu une fille et que tout va bien. A une table voisine discutent deux artisans d’art à la retraite qui travaillaient dans des lieux prestigieux (Versailles, Louvre, etc.) et pour des célébrités. Line Renaud chaque semaine donnait une enveloppe avec un gros billet à tous les ouvriers, raconte l’un. Ces deux-là me sont sympathiques, jusqu’à ce qu’ils évoquent leur vote à la Présidentielle.
Chargé de mes livres, sous un soleil pesant, je rejoins à pied le Port de l’Arsenal et m’y assois à l’ombre entouré d’une jeunesse pique-niquant. A ma gauche, on parle d’une application qui permet de matcher avec un chien. J’espérais être rejoint par celle qui travaille dans le coin mais des contraintes professionnelles l’empêchent. Je lis Disparations bucoliques de Michèle Lesbre (cet exemplaire dédicacé à Michel par l’auteure) qui narre une promenade en forêt pas très intéressante. En revanche, je me sens parfaitement décrit par le texte de présentation de la collection dans lequel il a paru, « le Cabinet des lettrés » :
Ceux qui aiment ardemment les livres constituent sans qu’ils le sachent une société secrète. Le plaisir de la lecture, la curiosité de tout et une médisance sans âge les rassemblent.
Leurs choix ne correspondent jamais à ceux des marchands, des professeurs ni des académies. Ils ne respectent pas le goût des autres et vont se loger plutôt dans les interstices et les replis, la solitude, les oublis, les confins du temps, les mœurs passionnées, les zones d’ombre.
Vers quatorze heures, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre à l’aide du bus Vingt-Neuf. Bus, trains, métros, depuis lundi le masque n’y est plus obligatoire, mais je garde le mien, comme un cinquième des passagers.
Au rez-de-chaussée de la boutique, j’ajoute quelques livres à un euro à mon butin du matin, puis monte à l’étage où sont ce qu’on appelle les beaux livres. Par la fenêtre donnant sur la rue Saint-Augustin j’aperçois une foule de plusieurs centaines de femmes et d’hommes empiétant sur la chaussée devant Algérie Ferries. Trois hommes en gilet jaune essaient d’organiser le désordre. Dans les livres à deux euros m’attendait le Paul Delvaux de Marc Rombaut (Albin Michel), un livre qui me rappelle ma visite du Musée consacré à ce peintre fasciné par les gares et les jeunes femmes nues, à Saint-Idesbald, en Belgique. C’était il y a des années, avec une mienne nièce, quand elle avait l’âge de celles qui posaient pour lui.
*
Parmi les livres de mercredi matin : Rue du Bac – Salut aux années Blondin de Denis Lalanne (La Petite Vermillon), Paris villages de Gil Jouanard (Editions du Laquet), Sois la bienvenue d’Alice Casado, sur la fille qu’eut d’une domestique René Char (Stock), Bonheurs quotidiens de Tatiana Roy, le journal de la femme de Jules Roy (Editions Tirésias), Lettres de non-motivation de Julien Prévieux (Zones), Mémoires parallèles de Gwenn-Aël Bolloré (Jean Picollec), Avec Bas Jan Ader de Thomas Giraud (La Contre Allée), Le Diable en France de Lion Feuchtwanger, sur son internement au camp des Milles (Poche Biblio) et Le Chéroub d’Irma Van Lawick (Phébus), roman de la fin du vingtième siècle dont l’aguiche en quatrième de couverture est la suivante : « Une gamine tout juste pubère, élevée entre un grand-père mystique, des tantes hargneuses vouées à une éternelle virginité et un oncle exalté qui lui fait découvrir les gestes interdits de la chair, se voue corps et âme à la poursuite du plaisir. »
*
Au Péhemmu chinois, les sets de table font la publicité des trains Nomad. Paris Trouville, Paris Mont Saint-Michel (en réalité le train ne va pas plus loin que Pontorson), Paris Giverny (en réalité le train ne va pas plus loin que Vernon). Le prix des billets est mis en avant. Rien n’est dit sur le temps qu’il faut. Celui-ci va encore augmenter cet été avec la fermeture de la ligne principale entre Mantes et Paris pour les travaux d’Eole. En juillet août, il faudra environ deux heures pour aller de Paris à Rouen par la ligne secondaire.
Il est midi moins le quart quand je m’installe à ma table préférée au Péhemmu chinois où je commande à la gentille serveuse provisoire mon habituel menu. J’apprends que la gentille serveuse titulaire a eu une fille et que tout va bien. A une table voisine discutent deux artisans d’art à la retraite qui travaillaient dans des lieux prestigieux (Versailles, Louvre, etc.) et pour des célébrités. Line Renaud chaque semaine donnait une enveloppe avec un gros billet à tous les ouvriers, raconte l’un. Ces deux-là me sont sympathiques, jusqu’à ce qu’ils évoquent leur vote à la Présidentielle.
Chargé de mes livres, sous un soleil pesant, je rejoins à pied le Port de l’Arsenal et m’y assois à l’ombre entouré d’une jeunesse pique-niquant. A ma gauche, on parle d’une application qui permet de matcher avec un chien. J’espérais être rejoint par celle qui travaille dans le coin mais des contraintes professionnelles l’empêchent. Je lis Disparations bucoliques de Michèle Lesbre (cet exemplaire dédicacé à Michel par l’auteure) qui narre une promenade en forêt pas très intéressante. En revanche, je me sens parfaitement décrit par le texte de présentation de la collection dans lequel il a paru, « le Cabinet des lettrés » :
Ceux qui aiment ardemment les livres constituent sans qu’ils le sachent une société secrète. Le plaisir de la lecture, la curiosité de tout et une médisance sans âge les rassemblent.
Leurs choix ne correspondent jamais à ceux des marchands, des professeurs ni des académies. Ils ne respectent pas le goût des autres et vont se loger plutôt dans les interstices et les replis, la solitude, les oublis, les confins du temps, les mœurs passionnées, les zones d’ombre.
Vers quatorze heures, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre à l’aide du bus Vingt-Neuf. Bus, trains, métros, depuis lundi le masque n’y est plus obligatoire, mais je garde le mien, comme un cinquième des passagers.
Au rez-de-chaussée de la boutique, j’ajoute quelques livres à un euro à mon butin du matin, puis monte à l’étage où sont ce qu’on appelle les beaux livres. Par la fenêtre donnant sur la rue Saint-Augustin j’aperçois une foule de plusieurs centaines de femmes et d’hommes empiétant sur la chaussée devant Algérie Ferries. Trois hommes en gilet jaune essaient d’organiser le désordre. Dans les livres à deux euros m’attendait le Paul Delvaux de Marc Rombaut (Albin Michel), un livre qui me rappelle ma visite du Musée consacré à ce peintre fasciné par les gares et les jeunes femmes nues, à Saint-Idesbald, en Belgique. C’était il y a des années, avec une mienne nièce, quand elle avait l’âge de celles qui posaient pour lui.
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Parmi les livres de mercredi matin : Rue du Bac – Salut aux années Blondin de Denis Lalanne (La Petite Vermillon), Paris villages de Gil Jouanard (Editions du Laquet), Sois la bienvenue d’Alice Casado, sur la fille qu’eut d’une domestique René Char (Stock), Bonheurs quotidiens de Tatiana Roy, le journal de la femme de Jules Roy (Editions Tirésias), Lettres de non-motivation de Julien Prévieux (Zones), Mémoires parallèles de Gwenn-Aël Bolloré (Jean Picollec), Avec Bas Jan Ader de Thomas Giraud (La Contre Allée), Le Diable en France de Lion Feuchtwanger, sur son internement au camp des Milles (Poche Biblio) et Le Chéroub d’Irma Van Lawick (Phébus), roman de la fin du vingtième siècle dont l’aguiche en quatrième de couverture est la suivante : « Une gamine tout juste pubère, élevée entre un grand-père mystique, des tantes hargneuses vouées à une éternelle virginité et un oncle exalté qui lui fait découvrir les gestes interdits de la chair, se voue corps et âme à la poursuite du plaisir. »
*
Au Péhemmu chinois, les sets de table font la publicité des trains Nomad. Paris Trouville, Paris Mont Saint-Michel (en réalité le train ne va pas plus loin que Pontorson), Paris Giverny (en réalité le train ne va pas plus loin que Vernon). Le prix des billets est mis en avant. Rien n’est dit sur le temps qu’il faut. Celui-ci va encore augmenter cet été avec la fermeture de la ligne principale entre Mantes et Paris pour les travaux d’Eole. En juillet août, il faudra environ deux heures pour aller de Paris à Rouen par la ligne secondaire.
19 mai 2022
Mauvaise surprise ce mercredi en descendant sur le quai Deux de la Gare de Rouen, l’affichage annonce un train court en provenance du Havre, une seule rame au lieu de deux. Ce qui signifie que les réservations tombent et surtout que beaucoup voyageront debout.
Quand ce sept heures vingt-quatre arrive, j’ai la chance d’avoir face à moi une porte de première, ce qui me permet de rejoindre assez vite la voiture Trois et d’y trouver une place pour m’asseoir. Les derniers montés s’installent comme ils peuvent dans les marches et sur la plateforme.
Ce n’est que le début des ennuis. Notre train s’arrête en Gare de Gaillon Aubevoye en conséquence d’un dérangement d’installation électrique dans le secteur de Vernouillet. « Il semblerait que notre train arrivera à Paris Saint-Lazare avec un retard de trente minutes environ, je n’ai pas plus d’information », déclare la cheffe de bord. « Bah comment tu peux dire ça alors ! », peste ma voisine qui doit prendre un autre train ensuite.
Je lis Crimes exemplaires de Max Aub (Phébus Libretto). L’écrivain franco-allemand hispanophone (ayant surtout vécu en Espagne puis au Mexique) y explore les désirs de meurtre qui traversent l’esprit de chacun, un livre de circonstance.
Nous repartons au bout de vingt-trois minutes avec la promesse de rattraper une partie du temps perdu. Las, nouvel arrêt en Gare de Vernon Giverny car « les circulations ont repris mais petit à petit ». Cette cheffe de bord est assassinée par ma voisine qui ne s’arrête pas là. Quand nous arrivons à Paris avec un retard de cinquante-cinq minutes, ce qui fait un voyage bien long, surtout pour ceux qui étaient debout, tous les responsables de la Senecefe sont morts. Elle s’en prend même à la voix enregistrée qui nous souhaite une bonne journée.
Ce retard m’a permis d’aller au bout du livre de Max Aub. J'en rattrape une partie en optant pour le métro au lieu du bus. Il est un peu plus de dix heures quand je bois mon café au comptoir du Faubourg tandis que le patron discute avec le cuisinier. « Il faut supprimer le fish and chips de la carte, lui dit-il, je perds de l’argent et je ne peux tout de même pas le mettre à vingt ou vingt-deux euros. »
*
Deux meurtres signés Max Aub :
-Plutôt mourir ! me dit-elle. Et dire que ce que je voulais par-dessus tout c’était lui faire plaisir.
Personne ne peut se vanter de s’être moqué de moi. En tout cas pas celui-là.
*
De lui aussi, cette réjouissante remarque :
La serveuse, qui remuait les fesses comme si elle était la seule à en avoir…
Quand ce sept heures vingt-quatre arrive, j’ai la chance d’avoir face à moi une porte de première, ce qui me permet de rejoindre assez vite la voiture Trois et d’y trouver une place pour m’asseoir. Les derniers montés s’installent comme ils peuvent dans les marches et sur la plateforme.
Ce n’est que le début des ennuis. Notre train s’arrête en Gare de Gaillon Aubevoye en conséquence d’un dérangement d’installation électrique dans le secteur de Vernouillet. « Il semblerait que notre train arrivera à Paris Saint-Lazare avec un retard de trente minutes environ, je n’ai pas plus d’information », déclare la cheffe de bord. « Bah comment tu peux dire ça alors ! », peste ma voisine qui doit prendre un autre train ensuite.
Je lis Crimes exemplaires de Max Aub (Phébus Libretto). L’écrivain franco-allemand hispanophone (ayant surtout vécu en Espagne puis au Mexique) y explore les désirs de meurtre qui traversent l’esprit de chacun, un livre de circonstance.
Nous repartons au bout de vingt-trois minutes avec la promesse de rattraper une partie du temps perdu. Las, nouvel arrêt en Gare de Vernon Giverny car « les circulations ont repris mais petit à petit ». Cette cheffe de bord est assassinée par ma voisine qui ne s’arrête pas là. Quand nous arrivons à Paris avec un retard de cinquante-cinq minutes, ce qui fait un voyage bien long, surtout pour ceux qui étaient debout, tous les responsables de la Senecefe sont morts. Elle s’en prend même à la voix enregistrée qui nous souhaite une bonne journée.
Ce retard m’a permis d’aller au bout du livre de Max Aub. J'en rattrape une partie en optant pour le métro au lieu du bus. Il est un peu plus de dix heures quand je bois mon café au comptoir du Faubourg tandis que le patron discute avec le cuisinier. « Il faut supprimer le fish and chips de la carte, lui dit-il, je perds de l’argent et je ne peux tout de même pas le mettre à vingt ou vingt-deux euros. »
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Deux meurtres signés Max Aub :
-Plutôt mourir ! me dit-elle. Et dire que ce que je voulais par-dessus tout c’était lui faire plaisir.
Personne ne peut se vanter de s’être moqué de moi. En tout cas pas celui-là.
*
De lui aussi, cette réjouissante remarque :
La serveuse, qui remuait les fesses comme si elle était la seule à en avoir…
17 mai 2022
Le neuf novembre deux mille dix, j’écrivais ceci :
Je ne compte pas le nombre de fois où je lis ou entends le mot « éponyme » employé n’importe comment, c’est à dire au sens de « du même nom ».
Pour ma part, cela fait longtemps que je sais qu’il n’en est rien. Madame Bovary est le personnage éponyme du roman de Gustave Flaubert, lequel est le roman éponyme du film de Claude Chabrol, mais non l’inverse puisque « éponyme » signifie « qui donne son nom à ».
Vérifiant cela sur le Ouaibe, je constate que je ne sais peut-être pas tout. Eponyme ne s’emploierait que pour une personne réelle ou imaginaire, donc on ne pourrait écrire que la première partie de mon exemple. C’est du moins ce que je crois comprendre à la lecture de la définition qu’en donne le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, tandis qu’à l’extérieur ce lundi matin il pleut des cuvettes (comme on dit en Italie).
Depuis je continue à bondir lorsque j’entends un emploi fautif d’éponyme sur France Culture ou ailleurs, et quand j’en vois un à l’écrit.
Ainsi ai-je fait par trois fois en lisant le livre signé Yvan Leclerc (professeur émérite de lettres modernes à l’Université de Rouen) et Jean-Yves Mollier (professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris Saclay/Versailles Saint-Quentin) Gustave Flaubert & Michel Lévy Un couple explosif publié en deux mille vingt et un chez Calmann Lévy et que j’ai acheté cinq euros chez Book-Off :
Page vingt : En 1838, l’éditeur Gervais Charpentier avait en effet lancé sa « Bibliothèque » éponyme.
Page quarante-cinq : Il n’avait même pas attendu le déclenchement du scandale que provoqua la lecture de la deuxième partie de Madame Bovary pour reconnaître en Gustave Flaubert un écrivain qui aurait toute sa place dans sa collection éponyme.
Page cent trente-neuf : Dès la prépublication de Madame Bovary dans la Revue de Paris en 1856, Michel Lévy avait découvert un auteur en qui il avait cru et qu’il avait tenu à faire entrer dans sa collection éponyme.
Quand je croiserai Yvan Leclerc, je lui dirai un mot.
Je ne compte pas le nombre de fois où je lis ou entends le mot « éponyme » employé n’importe comment, c’est à dire au sens de « du même nom ».
Pour ma part, cela fait longtemps que je sais qu’il n’en est rien. Madame Bovary est le personnage éponyme du roman de Gustave Flaubert, lequel est le roman éponyme du film de Claude Chabrol, mais non l’inverse puisque « éponyme » signifie « qui donne son nom à ».
Vérifiant cela sur le Ouaibe, je constate que je ne sais peut-être pas tout. Eponyme ne s’emploierait que pour une personne réelle ou imaginaire, donc on ne pourrait écrire que la première partie de mon exemple. C’est du moins ce que je crois comprendre à la lecture de la définition qu’en donne le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, tandis qu’à l’extérieur ce lundi matin il pleut des cuvettes (comme on dit en Italie).
Depuis je continue à bondir lorsque j’entends un emploi fautif d’éponyme sur France Culture ou ailleurs, et quand j’en vois un à l’écrit.
Ainsi ai-je fait par trois fois en lisant le livre signé Yvan Leclerc (professeur émérite de lettres modernes à l’Université de Rouen) et Jean-Yves Mollier (professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris Saclay/Versailles Saint-Quentin) Gustave Flaubert & Michel Lévy Un couple explosif publié en deux mille vingt et un chez Calmann Lévy et que j’ai acheté cinq euros chez Book-Off :
Page vingt : En 1838, l’éditeur Gervais Charpentier avait en effet lancé sa « Bibliothèque » éponyme.
Page quarante-cinq : Il n’avait même pas attendu le déclenchement du scandale que provoqua la lecture de la deuxième partie de Madame Bovary pour reconnaître en Gustave Flaubert un écrivain qui aurait toute sa place dans sa collection éponyme.
Page cent trente-neuf : Dès la prépublication de Madame Bovary dans la Revue de Paris en 1856, Michel Lévy avait découvert un auteur en qui il avait cru et qu’il avait tenu à faire entrer dans sa collection éponyme.
Quand je croiserai Yvan Leclerc, je lui dirai un mot.
16 mai 2022
En ce beau samedi, je prends le bus Teor jusqu’au Mont Riboudet puis y attends le bus Vingt-Six de midi et demi, l’un des rares qui va jusqu’au terminus de la ligne : la Salle des Fêtes de Saint-Pierre-de-Varengeville.
Ce bus à fauteuils prend l’autoroute, la quitte pour une banlieue où descendent la plupart des voyageurs puis nous voici dans la campagne toute verte où dans une ferme se font remarquer deux lamas.
A l’arrivée, je demande à la jeune fille à trottinette électrique qui a fait elle aussi le voyage jusqu’au bout comment rejoindre le Château de la Matmut. Je suis déjà venu ici mais j’ai oublié, et d’ailleurs, la dernière fois, c’était en voiture avec les amis de Stockholm et l’homme au chapeau, un bon moment qui commence à dater.
Un petit chemin mène tout droit au Château de Saint-Pierre-de-Varengeville, une sorte de Moulinsart normand. La grande grille n’ouvre pas. Il faut se déporter sur la gauche où sont un bâtiment moderne et le parquigne.
Une jeune femme blonde m’accueille au Château et me donne un ticket gratuit pour l’exposition CH!NE que je suis venu voir. Elle montre une quarantaine d’œuvres d’artistes de ce pays, créées entre les années mil neuf cent quatre-vingt-dix et deux mille dix, et prêtées par un collectionneur privé.
La première est la photo qu’a faite Ai Weiwei de sa copine levant sa jupe pour montrer sa culotte devant l’effigie de Mao, place Tian’anmen, à l’occasion du cinquième anniversaire du massacre. La côtoie le personnage de Yue Minjun « au rire grotesque et sarcastique ».
La nudité est très présente chez les artistes contestataires chinois. J’aime particulièrement la série d’autoportraits en noir et blanc de l’androgyne Ma Liuming, nu sur la Grande Muraille, et l’installation de Wang Du montrant trois sculpturales femmes nues dont certaines parties du corps sont amplifiées ou atrophiées.
La fin de l’exposition se tient au sous-sol. Elle est intitulée « Place au paysage », des photos surtout, qui m’intéressent peu, hormis celles de Ang Yongliang. Pour cause : « Si l’image en première lecture rappelle celle d’un paysage, elle est tout le contraire : urbaine et décadente ». Ce sont là « des scènes montrant le chaos d’une ville comme Shanghai où tout n’est qu'explosion ». La dernière A Cloud On The Horizon montre un champignon atomique.
Après cette visite, pendant laquelle je n’ai croisé qu’un couple d’Allemands, je me balade dans le parc parsemé de sculptures dues à des locaux, allant du labyrinthe au jardin japonais dans le plan d’eau duquel nagent des poissons exotiques, puis je reprends le sentier jusqu’à la Salle des Fêtes du village quasiment désert.
A quatorze heures vingt-cinq je suis le seul à monter dans le bus Vingt-Six. A Hénouville, une collégienne l’attend au premier arrêt, puis une seconde au deuxième arrêt, deux copines qui vont à la Grande Braderie de Rouen dont c’est heureusement le dernier jour.
Tandis qu’elles papotent derrière mon dos je songe au fossé qui sépare l’image que donne la Matmut avec ses expos d’art contemporain en son Château et celle qu’elle donne avec ses publicités télévisées où s’illustre un couple de crétins (lui surtout, c’est d’usage en ce moment).
Moralité : pour engranger des souscriptions, miser sur la bêtise, mais pour l’optimisation fiscale, miser sur l’intelligence.
*
La Chine, dans quelle merde elle se trouve avec le variant Omicron qui met à bas sa stratégie Zéro Covid. Soit elle s’y accroche et va être en confinement permanent, soit elle y renonce et l’épidémie va tuer des quantités de Chinois naïfs (au sens médical). Avec pour les deux branches de l’alternative, toutes les conséquences mondiales que l’on peut imaginer. A ajouter à celles de la Guerre de Poutine contre l’Ukraine, à celles des températures extrêmes en Inde, etc.
*
La catastrophe globale guette. C’est mon sentiment du moment.
Ce bus à fauteuils prend l’autoroute, la quitte pour une banlieue où descendent la plupart des voyageurs puis nous voici dans la campagne toute verte où dans une ferme se font remarquer deux lamas.
A l’arrivée, je demande à la jeune fille à trottinette électrique qui a fait elle aussi le voyage jusqu’au bout comment rejoindre le Château de la Matmut. Je suis déjà venu ici mais j’ai oublié, et d’ailleurs, la dernière fois, c’était en voiture avec les amis de Stockholm et l’homme au chapeau, un bon moment qui commence à dater.
Un petit chemin mène tout droit au Château de Saint-Pierre-de-Varengeville, une sorte de Moulinsart normand. La grande grille n’ouvre pas. Il faut se déporter sur la gauche où sont un bâtiment moderne et le parquigne.
Une jeune femme blonde m’accueille au Château et me donne un ticket gratuit pour l’exposition CH!NE que je suis venu voir. Elle montre une quarantaine d’œuvres d’artistes de ce pays, créées entre les années mil neuf cent quatre-vingt-dix et deux mille dix, et prêtées par un collectionneur privé.
La première est la photo qu’a faite Ai Weiwei de sa copine levant sa jupe pour montrer sa culotte devant l’effigie de Mao, place Tian’anmen, à l’occasion du cinquième anniversaire du massacre. La côtoie le personnage de Yue Minjun « au rire grotesque et sarcastique ».
La nudité est très présente chez les artistes contestataires chinois. J’aime particulièrement la série d’autoportraits en noir et blanc de l’androgyne Ma Liuming, nu sur la Grande Muraille, et l’installation de Wang Du montrant trois sculpturales femmes nues dont certaines parties du corps sont amplifiées ou atrophiées.
La fin de l’exposition se tient au sous-sol. Elle est intitulée « Place au paysage », des photos surtout, qui m’intéressent peu, hormis celles de Ang Yongliang. Pour cause : « Si l’image en première lecture rappelle celle d’un paysage, elle est tout le contraire : urbaine et décadente ». Ce sont là « des scènes montrant le chaos d’une ville comme Shanghai où tout n’est qu'explosion ». La dernière A Cloud On The Horizon montre un champignon atomique.
Après cette visite, pendant laquelle je n’ai croisé qu’un couple d’Allemands, je me balade dans le parc parsemé de sculptures dues à des locaux, allant du labyrinthe au jardin japonais dans le plan d’eau duquel nagent des poissons exotiques, puis je reprends le sentier jusqu’à la Salle des Fêtes du village quasiment désert.
A quatorze heures vingt-cinq je suis le seul à monter dans le bus Vingt-Six. A Hénouville, une collégienne l’attend au premier arrêt, puis une seconde au deuxième arrêt, deux copines qui vont à la Grande Braderie de Rouen dont c’est heureusement le dernier jour.
Tandis qu’elles papotent derrière mon dos je songe au fossé qui sépare l’image que donne la Matmut avec ses expos d’art contemporain en son Château et celle qu’elle donne avec ses publicités télévisées où s’illustre un couple de crétins (lui surtout, c’est d’usage en ce moment).
Moralité : pour engranger des souscriptions, miser sur la bêtise, mais pour l’optimisation fiscale, miser sur l’intelligence.
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La Chine, dans quelle merde elle se trouve avec le variant Omicron qui met à bas sa stratégie Zéro Covid. Soit elle s’y accroche et va être en confinement permanent, soit elle y renonce et l’épidémie va tuer des quantités de Chinois naïfs (au sens médical). Avec pour les deux branches de l’alternative, toutes les conséquences mondiales que l’on peut imaginer. A ajouter à celles de la Guerre de Poutine contre l’Ukraine, à celles des températures extrêmes en Inde, etc.
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La catastrophe globale guette. C’est mon sentiment du moment.
13 mai 2022
Sorti du Port de l’Arsenal, ce mercredi, je prends la rue Saint-Antoine, salue au passage Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais puis fais un détour par la place des Vosges dont les pelouses sont garnies de jeunes filles. Place Saint-Paul, le manège est de retour. Un peu plus loin je découvre le passage Walter-Benjamin que je n’avais jamais remarqué. Ce passage est une rue, mais c’est l’intention qui compte, celle de rendre hommage au spécialiste. Mon ambition est de rejoindre pédestrement Châtelet Les Halles et j’y parviens un peu avant midi.
Je passe par chez Gilda dont le bail est toujours à céder puis entre au Café Vigouroux. Installé à une table d’intérieur autant aérée que celles de la terrasse où le soleil tape trop dur, je déjeune sobrement d’un œuf mayonnaise suivi d’une cuisse de canard à l’orange pour douze euros cinquante. Quand je me présente au comptoir pour payer, ma note y est déjà imprimée, augmentée d’un café à deux euros cinquante que l’on s’attendait à me voir prendre. Celle-ci rectifiée et réglée, je rejoins le Book-Off de la rue Saint-Martin, celui que j’aime le moins. On y entend Fip qui diffuse trop de jazz et il y fait, selon la saison, trop chaud ou trop froid. Surtout le choix de livres proposé est à l’image du quartier, pas assez intello.
Quand j’en ressors, je prends le métro Quatorze jusqu’à Pyramides. Pour rejoindre à pied le troisième Book-Off, celui de Quatre Septembre, j’emprunte le passage Choiseul où s’ébrouait le petit Destouches. Son dernier livre vient de sortir, il va mettre du temps avant d’être bradé.
Le beau temps me permet ensuite de boire un café à la terrasse ombragée du Bistrot d’Edmond. J’y lis avec un certain ennui Entretiens avec Dominique de Roux de Witold Gombrowicz tout en suivant la conversation de mes deux jeunes voisines qui soignent leurs soucis d’amour avec des pintes. Dès que ça devient vraiment intime elles passent à l’espagnol, langue dont je n’ai aucune notion.
Pour quarante centimes de plus, je rentre à Rouen en première classe à une place isolée dotée d’un dépose-bagage parfait pour mon sac de livres. A peine suis-je installé que surgissent les Gilets Orange des trains normands. L’une est en communication avec Alex.
« Alex, Alex, Alex, il faut que les gens y descendent pour faire une manœuvre », crie-t-elle dans son appareil. On s’apprête à obtempérer. « Non, Alex, Alex, Alex, il faut que les gens déjà montés restent à l’intérieur. » On se rassoit. Un léger choc se fait sentir, la manœuvre est faite. Survient un autre Gilet Orange qui nous dit de descendre. Je lui explique le contrordre mais il ne veut rien savoir. « Vous descendez sinon le train y partira pas, ce sera à cause de vous. » Okay. Quand on arrive à la porte, celle-ci s’ouvre et ceux qui attendaient sur le quai montent. Tous les Gilets ont disparu.
-En plus, vous vous êtes presque fait engueuler, me dit un voyageur qui a subi les mêmes rebondissements que moi.
-Presque !
*
Je n’aime pas penser ça mais quand je vois un Noir habillé banlieue s’installer dans cette voiture de première classe, je me dis qu’il n’a sûrement pas le billet pour. J’en ai confirmation lors du contrôle. Le mal placé déclare n’avoir pas entendu, à cause de ses écouteurs, l’annonce du chef de bord, lequel au départ avait dit que les appuie-têtes bleus signalaient les premières. Il refuse en conséquence de payer un supplément. Ce peut être vrai ou non. Finalement, devant son obstination, le chef de bord se contente de lui demander de déménager, ce qu’il fait.
Si dans les trains d’Hervé Morin, il était écrit à l’extérieur des voitures quelle est leur classe, ce serait plus simple.
*
L’absurde de la situation, c’est que je suis à peu près certain que ce déplacé (comme la plupart des passagers du train) est en possession d’un billet de seconde qui lui a coûté plus cher que mon billet de première.
Je passe par chez Gilda dont le bail est toujours à céder puis entre au Café Vigouroux. Installé à une table d’intérieur autant aérée que celles de la terrasse où le soleil tape trop dur, je déjeune sobrement d’un œuf mayonnaise suivi d’une cuisse de canard à l’orange pour douze euros cinquante. Quand je me présente au comptoir pour payer, ma note y est déjà imprimée, augmentée d’un café à deux euros cinquante que l’on s’attendait à me voir prendre. Celle-ci rectifiée et réglée, je rejoins le Book-Off de la rue Saint-Martin, celui que j’aime le moins. On y entend Fip qui diffuse trop de jazz et il y fait, selon la saison, trop chaud ou trop froid. Surtout le choix de livres proposé est à l’image du quartier, pas assez intello.
Quand j’en ressors, je prends le métro Quatorze jusqu’à Pyramides. Pour rejoindre à pied le troisième Book-Off, celui de Quatre Septembre, j’emprunte le passage Choiseul où s’ébrouait le petit Destouches. Son dernier livre vient de sortir, il va mettre du temps avant d’être bradé.
Le beau temps me permet ensuite de boire un café à la terrasse ombragée du Bistrot d’Edmond. J’y lis avec un certain ennui Entretiens avec Dominique de Roux de Witold Gombrowicz tout en suivant la conversation de mes deux jeunes voisines qui soignent leurs soucis d’amour avec des pintes. Dès que ça devient vraiment intime elles passent à l’espagnol, langue dont je n’ai aucune notion.
Pour quarante centimes de plus, je rentre à Rouen en première classe à une place isolée dotée d’un dépose-bagage parfait pour mon sac de livres. A peine suis-je installé que surgissent les Gilets Orange des trains normands. L’une est en communication avec Alex.
« Alex, Alex, Alex, il faut que les gens y descendent pour faire une manœuvre », crie-t-elle dans son appareil. On s’apprête à obtempérer. « Non, Alex, Alex, Alex, il faut que les gens déjà montés restent à l’intérieur. » On se rassoit. Un léger choc se fait sentir, la manœuvre est faite. Survient un autre Gilet Orange qui nous dit de descendre. Je lui explique le contrordre mais il ne veut rien savoir. « Vous descendez sinon le train y partira pas, ce sera à cause de vous. » Okay. Quand on arrive à la porte, celle-ci s’ouvre et ceux qui attendaient sur le quai montent. Tous les Gilets ont disparu.
-En plus, vous vous êtes presque fait engueuler, me dit un voyageur qui a subi les mêmes rebondissements que moi.
-Presque !
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Je n’aime pas penser ça mais quand je vois un Noir habillé banlieue s’installer dans cette voiture de première classe, je me dis qu’il n’a sûrement pas le billet pour. J’en ai confirmation lors du contrôle. Le mal placé déclare n’avoir pas entendu, à cause de ses écouteurs, l’annonce du chef de bord, lequel au départ avait dit que les appuie-têtes bleus signalaient les premières. Il refuse en conséquence de payer un supplément. Ce peut être vrai ou non. Finalement, devant son obstination, le chef de bord se contente de lui demander de déménager, ce qu’il fait.
Si dans les trains d’Hervé Morin, il était écrit à l’extérieur des voitures quelle est leur classe, ce serait plus simple.
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L’absurde de la situation, c’est que je suis à peu près certain que ce déplacé (comme la plupart des passagers du train) est en possession d’un billet de seconde qui lui a coûté plus cher que mon billet de première.
12 mai 2022
Une place en première classe pour quarante centimes de plus, cela ne se refuse pas. Aussi est-ce confortablement assis dans un fauteuil sans voisinage de la voiture Deux que je quitte Rouen sous les nuages ce mercredi matin. Après un court intermède de brouillard, le ciel bleu fait son apparition.
Un bus Vingt-Neuf électrique m’emmène à la Bastille dont je photographie le Génie de la Liberté tout là-haut puis je marche jusqu’au marché d’Aligre. Tous les livres ne sont pas encore disposés sur les tables. Je ne m’attarde pas, prends un café au comptoir du Faubourg où dans un coin est planté un drapeau que je connais trop bien.
-Vous êtes Normand ? demandé-je au patron.
-Oui, de Cherbourg. La Normandie, la plus belle région de France.
Je ne sais pas ce qu’est devenue sa dernière serveuse que je n’ai vue qu’une fois. Faute de personnel, les tasses s’accumulent sur le zinc et globalement l’établissement est de plus en plus sale. Je préférais l’époque où il était tenu par le grognon de Nasbinals (le Massif Central, la plus belle région de France).
A dix heures, je suis le seul à entrer chez Book-Off mais cette tranquillité ne dure pas, aussi y suis-je masqué. Dans les livres à un euro je mets la main sur « Je meurs d’amour pour toi… » Lettres à l’archiduchesse Marie-Christine d’Isabelle de Bourbon-Parme (Taillandier) ainsi que sur quelques autres.
A onze heures, je suis de retour à la Bastille et descends les marches pour faire quelques photos du Port de l’Arsenal. Les péniches L’air du temps et Evidence s’y côtoient. Une grue à long cou y soulève un bateau promène touristes nommé Gavroche qui a pris la tasse, cependant qu’une drague à aubes remue la vase.
*
Chez Book-Off, à un euro, les livres du grand écrivain romantique Patrick Poivre (d’Arvor), parmi lesquels La mort de Don Juan.
Un bus Vingt-Neuf électrique m’emmène à la Bastille dont je photographie le Génie de la Liberté tout là-haut puis je marche jusqu’au marché d’Aligre. Tous les livres ne sont pas encore disposés sur les tables. Je ne m’attarde pas, prends un café au comptoir du Faubourg où dans un coin est planté un drapeau que je connais trop bien.
-Vous êtes Normand ? demandé-je au patron.
-Oui, de Cherbourg. La Normandie, la plus belle région de France.
Je ne sais pas ce qu’est devenue sa dernière serveuse que je n’ai vue qu’une fois. Faute de personnel, les tasses s’accumulent sur le zinc et globalement l’établissement est de plus en plus sale. Je préférais l’époque où il était tenu par le grognon de Nasbinals (le Massif Central, la plus belle région de France).
A dix heures, je suis le seul à entrer chez Book-Off mais cette tranquillité ne dure pas, aussi y suis-je masqué. Dans les livres à un euro je mets la main sur « Je meurs d’amour pour toi… » Lettres à l’archiduchesse Marie-Christine d’Isabelle de Bourbon-Parme (Taillandier) ainsi que sur quelques autres.
A onze heures, je suis de retour à la Bastille et descends les marches pour faire quelques photos du Port de l’Arsenal. Les péniches L’air du temps et Evidence s’y côtoient. Une grue à long cou y soulève un bateau promène touristes nommé Gavroche qui a pris la tasse, cependant qu’une drague à aubes remue la vase.
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Chez Book-Off, à un euro, les livres du grand écrivain romantique Patrick Poivre (d’Arvor), parmi lesquels La mort de Don Juan.
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