Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
27 juin 2024
Pour mon dernier jour dans l’agglomération de Lorient, après un petit-déjeuner au Parisien, je prends encore une fois le bus Té Quatre pour Lomener.
Le soleil donne déjà bien quand, avec l’espoir de m’asseoir à ma place préférée, j’arrive au Moulin Vert. Hélas, s’y trouve le mec connu qui a joué dans Marseille et dans un truc de colonie de vacances. Je m’installe à l’autre bout de la terrasse. C’est aussi bien pour boire un allongé verre d’eau en bord de plage avec vue sur le port et relire quelques passages de Proust et Céleste.
Bon, je ne peux empêcher une famille de s’abattre deux tables plus loin. Les parents envoient la marmaille jouer sur la plage. « Non non non, on a dit pas dans l’eau. » Evidemment, c’est la mère qui court après les désobéissants. Le plus jeune sait déjà comment s’y prendre avec elle : « T’es belle maman » « Merci, c’est gentil. » Heureusement, bientôt j’entends « On va pas tarder, papa, il prend son avion à onze heures. » C’est une bonne idée.
Arrivent alors un homme et une femme qui est ou sa femme ou sa mère. Il la tient fermement par le bras. Elle ne cesse de répéter « Hein, ça y est ». « Tu me bassines », finit-il par lui dire et avant d’avoir commandé, il l’entraîne ailleurs.
Un peu plus tard, ce sont les hommes du pays qui se retrouvent sous l’auvent. « Alors ? La pêche a été bonne ? » « Non, rien du tout. » « Fait trop chaud. »
Il est onze heures, ça commence à cogner. Je quitte ma place et réserve une table chez Côté Mer. La gentille patronne me donne celle que je visais, la mieux située, à l’écart, face au port et sous l’auvent.
En attendant midi, je vais m’asseoir sur le banc à l’ombre au-dessus de l’anse du Stole dont la plage est très fréquentée en ce jour de congé scolaire, un avant-goût de juillet août. Des employés municipaux installent au milieu des nageurs les bouées qui délimiteront la baignade surveillée. Depuis quelques jours, les hortensias sont prêts à accueillir les estivants.
Au Côté Mer, je choisis la formule à dix-neuf euros : verrine guacamole crevettes et filet de canard crème de champignon polenta, un plat tout à fait délicieux.
Le café sera pour la dernière fois au Moulin Vert qui a ouvert une seconde terrasse sur le quai d’à côté. C’est celle des jours de beau temps, ombragée par une toiture en canisse. Je demande à la jeune serveuse en casquette et petit chorte si je peux, vu qu’il n’y a personne. « Oui tu peux », me répond cette jeune fille que je n’ai jamais vue. Je me demande si j’ai bien entendu. J’attends un certain temps qu’elle arrive avec le café et le verre d’eau. Elle les porte à la main, sans plateau. « J’avance doucement mais sûrement », me dit-elle, puis en repartant : « J’irais bien faire un plouf. » Il est temps que je rentre à Rouen.
Avant de regagner Lorient avec le Té Quatre, je regarde longuement ce que je laisse derrière moi. Je ne pense pas que je reverrai Lomener, lieu de mes premières vacances il y a cinquante ans.
*
Il m’aurait plu de voir à Lanester le cimetière de bateaux de Kerhervy, une quarantaine d’épaves, des thoniers, des chalutiers, des caseyeurs, dans une boucle du Blavet, déposés là à partir de la fin des années Cinquante pour qu’ils s’y décomposent, l’endroit où Brigitte Lozerec’h imagine qu’a sa sépulture Jean-Jacques Pauvert, mais le seul bus qui en rapproche ne circule qu’à de rares horaires et ce n’étaient pas les miens.
*
Ici la toponymie fleure bon la Bretagne. En français, certains noms de lieux ont l’air encore plus breton qu’en breton. Cependant, on ne parle plus du tout ce langage. Le seul kenavo que j’aurai entendu a été dit dans un bus par un touriste à un autochtone qui l’avait renseigné et j’ai senti que cet autochtone n’appréciait pas d’être ainsi salué.
Le soleil donne déjà bien quand, avec l’espoir de m’asseoir à ma place préférée, j’arrive au Moulin Vert. Hélas, s’y trouve le mec connu qui a joué dans Marseille et dans un truc de colonie de vacances. Je m’installe à l’autre bout de la terrasse. C’est aussi bien pour boire un allongé verre d’eau en bord de plage avec vue sur le port et relire quelques passages de Proust et Céleste.
Bon, je ne peux empêcher une famille de s’abattre deux tables plus loin. Les parents envoient la marmaille jouer sur la plage. « Non non non, on a dit pas dans l’eau. » Evidemment, c’est la mère qui court après les désobéissants. Le plus jeune sait déjà comment s’y prendre avec elle : « T’es belle maman » « Merci, c’est gentil. » Heureusement, bientôt j’entends « On va pas tarder, papa, il prend son avion à onze heures. » C’est une bonne idée.
Arrivent alors un homme et une femme qui est ou sa femme ou sa mère. Il la tient fermement par le bras. Elle ne cesse de répéter « Hein, ça y est ». « Tu me bassines », finit-il par lui dire et avant d’avoir commandé, il l’entraîne ailleurs.
Un peu plus tard, ce sont les hommes du pays qui se retrouvent sous l’auvent. « Alors ? La pêche a été bonne ? » « Non, rien du tout. » « Fait trop chaud. »
Il est onze heures, ça commence à cogner. Je quitte ma place et réserve une table chez Côté Mer. La gentille patronne me donne celle que je visais, la mieux située, à l’écart, face au port et sous l’auvent.
En attendant midi, je vais m’asseoir sur le banc à l’ombre au-dessus de l’anse du Stole dont la plage est très fréquentée en ce jour de congé scolaire, un avant-goût de juillet août. Des employés municipaux installent au milieu des nageurs les bouées qui délimiteront la baignade surveillée. Depuis quelques jours, les hortensias sont prêts à accueillir les estivants.
Au Côté Mer, je choisis la formule à dix-neuf euros : verrine guacamole crevettes et filet de canard crème de champignon polenta, un plat tout à fait délicieux.
Le café sera pour la dernière fois au Moulin Vert qui a ouvert une seconde terrasse sur le quai d’à côté. C’est celle des jours de beau temps, ombragée par une toiture en canisse. Je demande à la jeune serveuse en casquette et petit chorte si je peux, vu qu’il n’y a personne. « Oui tu peux », me répond cette jeune fille que je n’ai jamais vue. Je me demande si j’ai bien entendu. J’attends un certain temps qu’elle arrive avec le café et le verre d’eau. Elle les porte à la main, sans plateau. « J’avance doucement mais sûrement », me dit-elle, puis en repartant : « J’irais bien faire un plouf. » Il est temps que je rentre à Rouen.
Avant de regagner Lorient avec le Té Quatre, je regarde longuement ce que je laisse derrière moi. Je ne pense pas que je reverrai Lomener, lieu de mes premières vacances il y a cinquante ans.
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Il m’aurait plu de voir à Lanester le cimetière de bateaux de Kerhervy, une quarantaine d’épaves, des thoniers, des chalutiers, des caseyeurs, dans une boucle du Blavet, déposés là à partir de la fin des années Cinquante pour qu’ils s’y décomposent, l’endroit où Brigitte Lozerec’h imagine qu’a sa sépulture Jean-Jacques Pauvert, mais le seul bus qui en rapproche ne circule qu’à de rares horaires et ce n’étaient pas les miens.
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Ici la toponymie fleure bon la Bretagne. En français, certains noms de lieux ont l’air encore plus breton qu’en breton. Cependant, on ne parle plus du tout ce langage. Le seul kenavo que j’aurai entendu a été dit dans un bus par un touriste à un autochtone qui l’avait renseigné et j’ai senti que cet autochtone n’appréciait pas d’être ainsi salué.
26 juin 2024
Une nouvelle journée de beau temps assuré ce mardi, je prends le bus Onze, terminus Port de Pêche. Il y a de l’animation à l’embarcadère. Le gros tankeur Torm Strong quitte le Port de Commerce, tiré latéralement par un remorqueur. Cela met la pagaille chez les deux bateaux-bus qui arrivent, le petit rouge en provenance du Port de Sainte-Catherine à Locmiquélic et Le Kerpont en provenance de La Pointe à Port-Louis. Le premier finit par contourner l’obstacle par l’arrière. Le second se glisse entre l’obstacle et le quai quand le premier est reparti (à vide). Je monte avec quelques autres dont deux bicyclistes dans ce second. Nous naviguons parallèlement au gros bateau noir et orange et à ses remorqueurs jusqu’à ce qu’ils disparaissent derrière la Citadelle.
Arrivé à Port-Louis, j’achète un dernier pain au chocolat à la boulangerie du rempart. Je ne peux le manger au soleil du Penalty où c’est jour de congé. Je me contente de la terrasse à l’ombre de La Civette. Port-Louis est le bourg des bars-tabac, quatre dans le centre, un excentré. Pour ma dernière dans cette Petite Cité de Caractère, je ne fais rien d’autre que de m’imprégner des bonnes ondes qu’elle diffuse.
Après La Civette, je trouve une place au soleil au Terminus. « Quand il fait beau comme ça, il faut faire des photos pour le montrer aux autres », dit un autochtone à la table d’à côté. « Non non, faut rien dire, sinon ils vont tous arriver ici », lui répond un autre. Peu avant que je parte la serveuse m’offre un allongé qu’elle a fait couler par erreur.
Avec le bateau-bus d’onze heures quinze, je regagne le Port de Pêche de Lorient car je songe à déjeuner dans l’un des restaurants de l’avenue de La Perrière. Pour la première fois, on peut voyager à l’avant du bateau et je suis le seul à en profiter, bien placé pour voir passer le Sodebo Ultim 3, voilier trimaran destiné à la course au large.
A l’arrivée, je ne monte pas dans le bus Onze mais me dirige à pied vers l’avenue de La Perrière en passant par une rue décatie dont les bâtiments abandonnés ont servi de mur d’expression aux artistes. J’ai alors l’œil attiré par un parasol vert dans une rue qui donne sur le bas de l’avenue de La Perrière et je découvre L’Entrepote, une sorte d’entrepôt pour faire la fête le soir qui fait restaurant le midi avec un menu à dix-huit euros cinquante. Il est tôt mais j’obtiens de m’asseoir à la seule petite table à l’ombre sur le trottoir. Je commande un quart de vin rouge pour attendre midi.
J’ai en face de moi un horrible bâtiment noir un peu effrayant. La serveuse me dit que ce sont les Affaires Maritimes, que c’est tout neuf et regardez, il y a déjà des traces blanches sur les murs, quelle idée de mettre du noir avec tous les goélands que l’on a ici. Cette serveuse fume une cigarette avec un serveur avant le début du service. Celui-ci mime une copulation avec elle, puis il m’aperçoit. « Excusez-moi », me dit-il. « C’est mon fils », me dit-elle comme si ceci justifiait cela.
« J’espère que je vais rester à l’ombre jusqu’à la fin du repas », lui dis-je quand elle prend ma commande. « On va faire vite », me dit-elle. Taboulé des potes, petit salé aux lentilles et tiramisu aux spéculoos, effectivement je réussis à déjeuner avant que l’ombre ait totalement disparu, vingt-quatre euros pour le tout.
Sur un banc de la zone louche, j’attends qu’arrive le prochain bateau-bus, celui de treize heures pour Port-Louis. Trois contrôleurs l’attendent aussi. Il n’en descend que huit passagers parmi lesquels deux fraudeurs. J’ai fait plus de soixante-dix trajets en bus et bateau bus dans l’agglomération de Lorient, je n’ai été contrôlé que deux fois, à des débarcadères, jamais dans les bus.
Je prends un dernier café au Terminus dont la terrasse est maintenant à l’ombre. A une table haute car les habitués n’y sont pas à cette heure. D’où l’on a vue surélevée sur l’activité du port et sur les nuages de plus en plus nombreux. Il fait lourd. A côté de moi, on parle des mauvaises manières de la jeunesse « Où va le monde ? »
De la jeunesse, il y en a plein le bateau-bus qui me ramène à Lorient, des scolaires et même des nourrissons avec leurs nourrices. Une partie des premiers et la totalité des poussettes montent dans le bus Onze. Il y règne une chaleur désagréable et un calme total.
Vers dix-huit heures, mon jeune logeur passe changer une ampoule électrique. C’est un garçon que je n’ai jamais vu sans sa planche à roulettes.
Arrivé à Port-Louis, j’achète un dernier pain au chocolat à la boulangerie du rempart. Je ne peux le manger au soleil du Penalty où c’est jour de congé. Je me contente de la terrasse à l’ombre de La Civette. Port-Louis est le bourg des bars-tabac, quatre dans le centre, un excentré. Pour ma dernière dans cette Petite Cité de Caractère, je ne fais rien d’autre que de m’imprégner des bonnes ondes qu’elle diffuse.
Après La Civette, je trouve une place au soleil au Terminus. « Quand il fait beau comme ça, il faut faire des photos pour le montrer aux autres », dit un autochtone à la table d’à côté. « Non non, faut rien dire, sinon ils vont tous arriver ici », lui répond un autre. Peu avant que je parte la serveuse m’offre un allongé qu’elle a fait couler par erreur.
Avec le bateau-bus d’onze heures quinze, je regagne le Port de Pêche de Lorient car je songe à déjeuner dans l’un des restaurants de l’avenue de La Perrière. Pour la première fois, on peut voyager à l’avant du bateau et je suis le seul à en profiter, bien placé pour voir passer le Sodebo Ultim 3, voilier trimaran destiné à la course au large.
A l’arrivée, je ne monte pas dans le bus Onze mais me dirige à pied vers l’avenue de La Perrière en passant par une rue décatie dont les bâtiments abandonnés ont servi de mur d’expression aux artistes. J’ai alors l’œil attiré par un parasol vert dans une rue qui donne sur le bas de l’avenue de La Perrière et je découvre L’Entrepote, une sorte d’entrepôt pour faire la fête le soir qui fait restaurant le midi avec un menu à dix-huit euros cinquante. Il est tôt mais j’obtiens de m’asseoir à la seule petite table à l’ombre sur le trottoir. Je commande un quart de vin rouge pour attendre midi.
J’ai en face de moi un horrible bâtiment noir un peu effrayant. La serveuse me dit que ce sont les Affaires Maritimes, que c’est tout neuf et regardez, il y a déjà des traces blanches sur les murs, quelle idée de mettre du noir avec tous les goélands que l’on a ici. Cette serveuse fume une cigarette avec un serveur avant le début du service. Celui-ci mime une copulation avec elle, puis il m’aperçoit. « Excusez-moi », me dit-il. « C’est mon fils », me dit-elle comme si ceci justifiait cela.
« J’espère que je vais rester à l’ombre jusqu’à la fin du repas », lui dis-je quand elle prend ma commande. « On va faire vite », me dit-elle. Taboulé des potes, petit salé aux lentilles et tiramisu aux spéculoos, effectivement je réussis à déjeuner avant que l’ombre ait totalement disparu, vingt-quatre euros pour le tout.
Sur un banc de la zone louche, j’attends qu’arrive le prochain bateau-bus, celui de treize heures pour Port-Louis. Trois contrôleurs l’attendent aussi. Il n’en descend que huit passagers parmi lesquels deux fraudeurs. J’ai fait plus de soixante-dix trajets en bus et bateau bus dans l’agglomération de Lorient, je n’ai été contrôlé que deux fois, à des débarcadères, jamais dans les bus.
Je prends un dernier café au Terminus dont la terrasse est maintenant à l’ombre. A une table haute car les habitués n’y sont pas à cette heure. D’où l’on a vue surélevée sur l’activité du port et sur les nuages de plus en plus nombreux. Il fait lourd. A côté de moi, on parle des mauvaises manières de la jeunesse « Où va le monde ? »
De la jeunesse, il y en a plein le bateau-bus qui me ramène à Lorient, des scolaires et même des nourrissons avec leurs nourrices. Une partie des premiers et la totalité des poussettes montent dans le bus Onze. Il y règne une chaleur désagréable et un calme total.
Vers dix-huit heures, mon jeune logeur passe changer une ampoule électrique. C’est un garçon que je n’ai jamais vu sans sa planche à roulettes.
25 juin 2024
Une nuit tranquille dans mon studio Air Bibi de la rue de la Patrie. A côté, la copine du didjai n’était pas là et en dessous aucun bruit. Ce n’est qu’en sortant, encore plus tôt qu’habituellement, car il fait beau, que la présence d’une poussette dans l’entrée me confirme la présence d’un bébé.
Je prends le Té Quatre de six heures quarante-cinq jusqu’à son terminus Pen Palud. J’ai le temps d’acheter un pain au chocolat à la boulangerie de Lomener et de le manger à l’arrêt de bus avant qu’arrive le Trente-Sept, terminus Le Courégant.
Je suis le seul passager de ce bus dont je descends à l’arrêt Port Blanc, le joli petit port de Kerroc’h protégé par une digue. C’est mon point de départ. Il s’agit ce lundi de marcher le long de la côte rocheuse entre Kerroc’h et Le Courégant, deux quartiers de bord de mer de Ploemeur.
Le sentier côtier n’usurpe pas son nom. Il longe la mer au plus près. Le Courégant, c’est là-bas. J’ai en point de mire un bâtiment blanc qui m’évoque un sémaphore. Je ne croise personne sur le chemin dans ce bel endroit. Un pêcheur est presque au bout d’une pointe. A l’arrivée au Courégant, un café m’appelle mais c’est pour me dire qu’il est fermé. Je continue donc sur le Géherre Trente-Quatre jusqu’à atteindre le bâtiment blanc à l’architecture étudiée.
Ce n’est pas un sémaphore. C’est privé, une longue baie vitrée permet une vue plongeante sur les flots. Il s’agit d’un ancien fortin transformé en villa nommée Le Castel. Si je continuais longuement, j’arriverais à Fort Bloqué mais non. Un autochtone m’apprend où trouver l’arrêt de bus et par chance un Trente-Sept va partir dans dix minutes.
J’en descends à Lomener, direction ma table préférée du Moulin Vert pour y boire un allongé. C’est la première fois depuis longtemps que je peux ôter ma veste. « N’aie pas peur, dit un habitué à une habituée, ça s’appelle le soleil et ça chauffe, mais rassure-toi, ça ne va pas durer. »
C’est une journée à ne pas perdre son temps à attendre dans un restaurant qu’arrivent les plats. Aussi, chez la gentille boulangère, je me procure une formule sandouiche américain (fait immédiatement par le boulanger), far aux pruneaux et jus d’orange à six euros quarante.
Je pique-nique sur un banc au-dessus de l’anse du Stole. Sur la plage quelques-un(e)s bronzent et sur le chemin côtier, ça ne cesse de passer. Puis je reviens au Moulin Vert, à une petite table de coin à l’ombre, pour prendre le café, face à la mer qui descend, aux nuages qui montent et au marché qui se démonte. A ma gauche, un jeune homme fête son anniversaire avec une amie à lui : « T’as vu les Parigots comme ils sont contents alors que nous, on a ça tous les jours, une terrasse comme ça face a la mer. ». « Merci, merci beaucoup, ça fait plaisir, je sais pas qui c’est, je lis même pas », il répond aux messages qu’il reçoit pour cet anniversaire. Il est surtout content d’être né le même jour que le plus grand joueur du monde, Leo Messi.
*
Quand il fait beau, Groix, comme toutes les îles, se rapproche du continent.
Je prends le Té Quatre de six heures quarante-cinq jusqu’à son terminus Pen Palud. J’ai le temps d’acheter un pain au chocolat à la boulangerie de Lomener et de le manger à l’arrêt de bus avant qu’arrive le Trente-Sept, terminus Le Courégant.
Je suis le seul passager de ce bus dont je descends à l’arrêt Port Blanc, le joli petit port de Kerroc’h protégé par une digue. C’est mon point de départ. Il s’agit ce lundi de marcher le long de la côte rocheuse entre Kerroc’h et Le Courégant, deux quartiers de bord de mer de Ploemeur.
Le sentier côtier n’usurpe pas son nom. Il longe la mer au plus près. Le Courégant, c’est là-bas. J’ai en point de mire un bâtiment blanc qui m’évoque un sémaphore. Je ne croise personne sur le chemin dans ce bel endroit. Un pêcheur est presque au bout d’une pointe. A l’arrivée au Courégant, un café m’appelle mais c’est pour me dire qu’il est fermé. Je continue donc sur le Géherre Trente-Quatre jusqu’à atteindre le bâtiment blanc à l’architecture étudiée.
Ce n’est pas un sémaphore. C’est privé, une longue baie vitrée permet une vue plongeante sur les flots. Il s’agit d’un ancien fortin transformé en villa nommée Le Castel. Si je continuais longuement, j’arriverais à Fort Bloqué mais non. Un autochtone m’apprend où trouver l’arrêt de bus et par chance un Trente-Sept va partir dans dix minutes.
J’en descends à Lomener, direction ma table préférée du Moulin Vert pour y boire un allongé. C’est la première fois depuis longtemps que je peux ôter ma veste. « N’aie pas peur, dit un habitué à une habituée, ça s’appelle le soleil et ça chauffe, mais rassure-toi, ça ne va pas durer. »
C’est une journée à ne pas perdre son temps à attendre dans un restaurant qu’arrivent les plats. Aussi, chez la gentille boulangère, je me procure une formule sandouiche américain (fait immédiatement par le boulanger), far aux pruneaux et jus d’orange à six euros quarante.
Je pique-nique sur un banc au-dessus de l’anse du Stole. Sur la plage quelques-un(e)s bronzent et sur le chemin côtier, ça ne cesse de passer. Puis je reviens au Moulin Vert, à une petite table de coin à l’ombre, pour prendre le café, face à la mer qui descend, aux nuages qui montent et au marché qui se démonte. A ma gauche, un jeune homme fête son anniversaire avec une amie à lui : « T’as vu les Parigots comme ils sont contents alors que nous, on a ça tous les jours, une terrasse comme ça face a la mer. ». « Merci, merci beaucoup, ça fait plaisir, je sais pas qui c’est, je lis même pas », il répond aux messages qu’il reçoit pour cet anniversaire. Il est surtout content d’être né le même jour que le plus grand joueur du monde, Leo Messi.
*
Quand il fait beau, Groix, comme toutes les îles, se rapproche du continent.
24 juin 2024
Si le Scorff et le Blavet arrivent dans la rade de Lorient, un troisième cours d’eau nommé le Ter fait de même. Le Ter est un petit fleuve endigué de dix kilomètres de longueur qui alimente l'étang Saint-Mathurin à Ploemeur puis son eau se déverse dans l'étang de Kermélo avant de finir dans la rade à hauteur de La Base. C’est la fin de ce Ter que je veux voir de près ce dimanche matin.
Avant cela je sors juste après la pluie et rejoins les Halles de Merville pour le pain au chocolat café du dimanche qui se prend debout chez Café d’Oriant à l’heure où les commerces de bouche terminent l’installation de leurs présentoirs. « Demain, c’est toujours demain qu’il va faire beau », répond le marchand d’huîtres à une cliente qui lui demande quand.
Il pleut un peu durant le trajet du premier Té Deux pour La Base Cité de la Voile mais plus à l’arrivée. Le sentier qui longe l’embouchure du Ter, laquelle sert de port à flot, est varié : chemin de terre, un peu de goudron, un passage en bois au-dessus de la berge, des escaliers.
Arrivé au pont je fais la traversée et me voici sur l’autre rive, à l’entrée de Larmor-Plage. Le sentier me mène face à La Base. Une dernière photo de celle-ci vue de là et je fais demi-tour.
Il est temps d’un café service au comptoir au Café Restaurant La Base. L’aimable garçon m’accompagne quand même jusqu’à ma table afin d’essuyer ma chaise. Un petit bateau orange et blanc arrive de Groix. Trois passagers à valise à roulettes en descendent.
Je rentre avec le onze heures cinquante-deux. Le chauffeur avant de partir passe un petit coup de balai dans son bus. J’en descends à Faouëdic et entre chez Roadside pour un burgueur Texas avec frites et café pour treize euros quatre-vingt-dix.
Pour le dessert, un gâteau au citron avec un allongé, j’arrive heureusement le premier au Café Diem à l’ouverture de quatorze heures car dans les dix minutes qui suivent la file s’allonge devant le comptoir vu que c’est le seul du centre de Lorient à ouvrir le dimanche. Passe un drapeau breton puis un drapeau de la Haie Fessue. « Pourquoi y a des gens qui se baladent avec un drapeau ? » demande une serveuse. « Je ne sais pas du tout », lui répond une autre.
Quand je sors, je vois qu’il s’agit d’une petite manifestation féministe pour « faire barrage au Rassemblement National » « Nous nous battrons toujours pour le droit des femmes », entends-je dire par un homme au micro.
*
Un jeune couple dans le studio Air Bibi d’à côté. Samedi soir, je les entends parler et rire un peu fort. Aussi, vers vingt-trois heures, je vais frapper à leur porte. Ce sont des gens sympathiques, ils s’excusent, ils ne savaient pas que. Je ne les entends plus et m’endors mais vers quatre heures du matin leur canapé-lit qui doit être semblable au mien se met à craquer. L’exercice dure très peu. Au point que je me demande s’ils ne l’ont pas interrompu prématurément. « Arrête-toi, le voisin à côté, il doit nous entendre. »
*
« On va avoir un couple avec un bébé au premier », me dit mon logeur que je croise dans l’escalier en rentrant du Café Diem. « Vous n’avez pas eu de bruit avec vos voisins ? » Je lui dis qu’un peu oui, mais je suis allé le leur dire. « C’est un DJ qui est venu pour la Fête de la Musique, une vie nocturne forcément. »
Avant cela je sors juste après la pluie et rejoins les Halles de Merville pour le pain au chocolat café du dimanche qui se prend debout chez Café d’Oriant à l’heure où les commerces de bouche terminent l’installation de leurs présentoirs. « Demain, c’est toujours demain qu’il va faire beau », répond le marchand d’huîtres à une cliente qui lui demande quand.
Il pleut un peu durant le trajet du premier Té Deux pour La Base Cité de la Voile mais plus à l’arrivée. Le sentier qui longe l’embouchure du Ter, laquelle sert de port à flot, est varié : chemin de terre, un peu de goudron, un passage en bois au-dessus de la berge, des escaliers.
Arrivé au pont je fais la traversée et me voici sur l’autre rive, à l’entrée de Larmor-Plage. Le sentier me mène face à La Base. Une dernière photo de celle-ci vue de là et je fais demi-tour.
Il est temps d’un café service au comptoir au Café Restaurant La Base. L’aimable garçon m’accompagne quand même jusqu’à ma table afin d’essuyer ma chaise. Un petit bateau orange et blanc arrive de Groix. Trois passagers à valise à roulettes en descendent.
Je rentre avec le onze heures cinquante-deux. Le chauffeur avant de partir passe un petit coup de balai dans son bus. J’en descends à Faouëdic et entre chez Roadside pour un burgueur Texas avec frites et café pour treize euros quatre-vingt-dix.
Pour le dessert, un gâteau au citron avec un allongé, j’arrive heureusement le premier au Café Diem à l’ouverture de quatorze heures car dans les dix minutes qui suivent la file s’allonge devant le comptoir vu que c’est le seul du centre de Lorient à ouvrir le dimanche. Passe un drapeau breton puis un drapeau de la Haie Fessue. « Pourquoi y a des gens qui se baladent avec un drapeau ? » demande une serveuse. « Je ne sais pas du tout », lui répond une autre.
Quand je sors, je vois qu’il s’agit d’une petite manifestation féministe pour « faire barrage au Rassemblement National » « Nous nous battrons toujours pour le droit des femmes », entends-je dire par un homme au micro.
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Un jeune couple dans le studio Air Bibi d’à côté. Samedi soir, je les entends parler et rire un peu fort. Aussi, vers vingt-trois heures, je vais frapper à leur porte. Ce sont des gens sympathiques, ils s’excusent, ils ne savaient pas que. Je ne les entends plus et m’endors mais vers quatre heures du matin leur canapé-lit qui doit être semblable au mien se met à craquer. L’exercice dure très peu. Au point que je me demande s’ils ne l’ont pas interrompu prématurément. « Arrête-toi, le voisin à côté, il doit nous entendre. »
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« On va avoir un couple avec un bébé au premier », me dit mon logeur que je croise dans l’escalier en rentrant du Café Diem. « Vous n’avez pas eu de bruit avec vos voisins ? » Je lui dis qu’un peu oui, mais je suis allé le leur dire. « C’est un DJ qui est venu pour la Fête de la Musique, une vie nocturne forcément. »
23 juin 2024
Encore un peu de jeunesse saoule dans la rue ce samedi vers sept heures suite à la Fête de la Musique mais heureusement pas dans le bus Té Quatre terminus Pen Palud. Je me procure un pain au chocolat en descendant vers le Port de Lomener puis à une table mouillée de la terrasse du Rayon Vert bois l’allongé qui va avec.
Le temps est incertain, pas assez incertain cependant pour me dissuader de marcher jusqu’à la pointe du Talud. Une ruine est mon point d’arrivée.
Le chemin fait dans l’autre sens et le temps toujours incertain, je m’installe à nouveau au Rayon Vert à ma table désormais sèche de bord de chute sur la plage pour un nouvel allongé suivi cette fois de lecture. « Ça va être comme ça tout l’été », se désole la population locale. Devant moi petit-déjeune une trentenaire de passage. « Tu veux boire un peu de jus d’orange ? » demande-t-elle à son chien.
Je rentre à Lorient avec le Té Quatre d’onze heures et il pleut à l’arrivée. Pour déjeuner, je choisis encore une fois Le Vauban et sa formule du jour : pintade rôtie pommes de terre grenaille, quart de vin rouge et mousse au chocolat.
Je vais prendre le café au Crème, hésitant entre l’intérieur et l’extérieur, choisissant finalement la terrasse où je suis servi par une jolie môme qu’est toute nue sous son pull.
C’est là ce samedi après-midi que j’arrive au bout de Proust et Céleste de Christian Péchenard.
Trois extraits :
Si son rêve s’était réalisé, elle aurait, toute sa vie, tenu un café tabac dans une banlieue parisienne et nous n’aurions rien su d’elle. Ses dons merveilleux eussent été perdus. La limonade n’a jamais révélé personne.
Elle s’imposa d’autant plus facilement qu’elle paraissait indifférente et qu’elle était inculte. Ces deux vertus la rendaient silencieuse, ce qui était la qualité essentielle de la maison.
Elle fut une Shéhérazade paresseuse et c’était son sultan qui lui racontait des histoires.
Le temps est incertain, pas assez incertain cependant pour me dissuader de marcher jusqu’à la pointe du Talud. Une ruine est mon point d’arrivée.
Le chemin fait dans l’autre sens et le temps toujours incertain, je m’installe à nouveau au Rayon Vert à ma table désormais sèche de bord de chute sur la plage pour un nouvel allongé suivi cette fois de lecture. « Ça va être comme ça tout l’été », se désole la population locale. Devant moi petit-déjeune une trentenaire de passage. « Tu veux boire un peu de jus d’orange ? » demande-t-elle à son chien.
Je rentre à Lorient avec le Té Quatre d’onze heures et il pleut à l’arrivée. Pour déjeuner, je choisis encore une fois Le Vauban et sa formule du jour : pintade rôtie pommes de terre grenaille, quart de vin rouge et mousse au chocolat.
Je vais prendre le café au Crème, hésitant entre l’intérieur et l’extérieur, choisissant finalement la terrasse où je suis servi par une jolie môme qu’est toute nue sous son pull.
C’est là ce samedi après-midi que j’arrive au bout de Proust et Céleste de Christian Péchenard.
Trois extraits :
Si son rêve s’était réalisé, elle aurait, toute sa vie, tenu un café tabac dans une banlieue parisienne et nous n’aurions rien su d’elle. Ses dons merveilleux eussent été perdus. La limonade n’a jamais révélé personne.
Elle s’imposa d’autant plus facilement qu’elle paraissait indifférente et qu’elle était inculte. Ces deux vertus la rendaient silencieuse, ce qui était la qualité essentielle de la maison.
Elle fut une Shéhérazade paresseuse et c’était son sultan qui lui racontait des histoires.
22 juin 2024
Un orage hier vers dix-sept heures et ce vendredi matin un ciel tout bleu, c’est enfin le jour où je vais voir (revoir) le Fort de Keragan, dit aussi Fort Bloqué, et le « village » qui lui fait face, appelé Le Fort Bloqué, où, m’a appris l’ami Christian Degoutte, qui en connait un rayon sur les poètes, vivait Alain Jégou.
Pour rejoindre ce lieu-dit qui fait partie de la commune de Ploemeur, je prends le bus Té Trois, terminus Ploemeur Les Pins, et en descends à l’arrêt Kerjoël. Grâce à un autochtone, je déniche l’arrêt provisoire du bus Trente-Trois dont le terminus est Fort Bloqué. Je dois l’attendre quinze minutes mais il est prodigieusement à l’heure comme tous les bus et bateaux-bus de l’agglomération de Lorient.
Ce bus où je suis seul me dépose juste en face du Fort de Keragan. Cette forteresse construite sur la petite île de Keragan est accessible pédestrement à marée basse. C’est privé et à louer selon la saison entre deux mille et quatre mille euros la semaine. Un petit port à flot jouxte l’île. Pour l’heure, c’est marée haute.
Je marche le long de la côte jusqu’à trouver le Fournil de Fort Bloqué, lequel n’est qu’un dépôt de pains et pâtisseries mais cela me suffit. J’y achète, pour un euro dix, un pain au chocolat. A côté est le bar tabac Les Tamaris, vaste établissement doté d’une terrasse. Hélas, celle-ci est séparée de la mer par la route et un parquigne. Rien d’autre à voir que des voitures et le camion des éboueurs qui glandent à l’intérieur devant un café.
Je me situe entre Guidel Plages et Larmor-Plage. Je choisis de marcher vers cette dernière en me rapprochant ainsi de la Pointe du Courégant. Le chemin est plein de promesses, la mer est belle et les rochers bretons mais assez vite il faut longer la route et cela suffit à me décourager.
De retour au Tamaris, je m’offre un nouvel allongé à un euro quatre-vingts et lis un peu Proust et Céleste cependant que le ciel se couvre. De temps à autre passe un avion dans un bruit d’aéroport. Lann-Bihoué n’est pas loin.
Si je ne suis pas déçu par le Fort de Keragan, en revanche j’attendais plus du village de Fort Bloqué où le seul restaurant (avec vue sur les voitures) ne sert qu’à la carte et pour cher des plats courants.
Sous un ciel complètement gris, je rentre à Lorient avec le bus Trente-Trois de dix heures cinquante-six dont je descends à l’arrêt Fontaine Saint-Pierre où il est plus facile de récupérer le Té Trois. Passant devant Le Parisien avec ce dernier, je constate qu’on y installe, en vue des festivités de la soirée, des pompes à bière d’extérieur. Ce doit être la même chose au Wesport Inn et chez son voisin.
Ce n’est pas le genre du Vauban où je déjeune à midi de la formule du jour : couscous maison, quart de vin rouge et mousse au chocolat. Mes voisines sont trois et ont mon âge. « Je me souviens à La Garenne-Colombes, il y avait une brasserie dans ce genre-là », dit l’une aux deux autres.
Pas de pompes à bière d’extérieur non plus au Crème où je prends le café en terrasse, à une table plus ou moins ensoleillée car le temps s’est de nouveau amélioré. Le commerce voisin, Au Vent des Mots, est une très belle librairie où je n’ai aucune envie d’entrer.
Pas plus que, le soir venu, je n’ai envie de sortir. Ce vendredi, c’est Fête de la Musique et match de foute de l’Euro avec l’équipe de France, deux raisons de se pinter dans une région qui pour cela n’a besoin d’aucune.
*
Alain Jégou n’était pas seulement poète, c’était aussi un authentique marin pêcheur. Son bateau, immatriculé à Lorient, avait pour nom Ikaria. Il est mort d’un cancer en deux mille treize à l’âge de soixante-quatre ans.
Espace portuaire dorloté par la nuit. L’ombre maousse pèse sur l’avenue de La Perrière, les troquets aux quinquets fermés, les magasins de marée, la glacière, le slip-way et ses bassins de carénage. Pas ou peu de bruit encore, aucune agitation particulière, pas le tintouin excessif des nuits estivales. L’air est vif et glacial. Notre monde frémit et se recroqueville sous la botte hivernale. La vie la nuit se bourre d’étoupe, de silences grassouillets, pour colmater ses brèches et opposer sa frêle résistance aux vents perfides qui la pénètrent et malmènent. Halo orangé et brouillard givré pour seules nippes, envapé et groggy, le port se cherche un rythme pour l’éveil. Passe Ouest suivi d'IKARIA LO 686070, Editions Apogée
Pour rejoindre ce lieu-dit qui fait partie de la commune de Ploemeur, je prends le bus Té Trois, terminus Ploemeur Les Pins, et en descends à l’arrêt Kerjoël. Grâce à un autochtone, je déniche l’arrêt provisoire du bus Trente-Trois dont le terminus est Fort Bloqué. Je dois l’attendre quinze minutes mais il est prodigieusement à l’heure comme tous les bus et bateaux-bus de l’agglomération de Lorient.
Ce bus où je suis seul me dépose juste en face du Fort de Keragan. Cette forteresse construite sur la petite île de Keragan est accessible pédestrement à marée basse. C’est privé et à louer selon la saison entre deux mille et quatre mille euros la semaine. Un petit port à flot jouxte l’île. Pour l’heure, c’est marée haute.
Je marche le long de la côte jusqu’à trouver le Fournil de Fort Bloqué, lequel n’est qu’un dépôt de pains et pâtisseries mais cela me suffit. J’y achète, pour un euro dix, un pain au chocolat. A côté est le bar tabac Les Tamaris, vaste établissement doté d’une terrasse. Hélas, celle-ci est séparée de la mer par la route et un parquigne. Rien d’autre à voir que des voitures et le camion des éboueurs qui glandent à l’intérieur devant un café.
Je me situe entre Guidel Plages et Larmor-Plage. Je choisis de marcher vers cette dernière en me rapprochant ainsi de la Pointe du Courégant. Le chemin est plein de promesses, la mer est belle et les rochers bretons mais assez vite il faut longer la route et cela suffit à me décourager.
De retour au Tamaris, je m’offre un nouvel allongé à un euro quatre-vingts et lis un peu Proust et Céleste cependant que le ciel se couvre. De temps à autre passe un avion dans un bruit d’aéroport. Lann-Bihoué n’est pas loin.
Si je ne suis pas déçu par le Fort de Keragan, en revanche j’attendais plus du village de Fort Bloqué où le seul restaurant (avec vue sur les voitures) ne sert qu’à la carte et pour cher des plats courants.
Sous un ciel complètement gris, je rentre à Lorient avec le bus Trente-Trois de dix heures cinquante-six dont je descends à l’arrêt Fontaine Saint-Pierre où il est plus facile de récupérer le Té Trois. Passant devant Le Parisien avec ce dernier, je constate qu’on y installe, en vue des festivités de la soirée, des pompes à bière d’extérieur. Ce doit être la même chose au Wesport Inn et chez son voisin.
Ce n’est pas le genre du Vauban où je déjeune à midi de la formule du jour : couscous maison, quart de vin rouge et mousse au chocolat. Mes voisines sont trois et ont mon âge. « Je me souviens à La Garenne-Colombes, il y avait une brasserie dans ce genre-là », dit l’une aux deux autres.
Pas de pompes à bière d’extérieur non plus au Crème où je prends le café en terrasse, à une table plus ou moins ensoleillée car le temps s’est de nouveau amélioré. Le commerce voisin, Au Vent des Mots, est une très belle librairie où je n’ai aucune envie d’entrer.
Pas plus que, le soir venu, je n’ai envie de sortir. Ce vendredi, c’est Fête de la Musique et match de foute de l’Euro avec l’équipe de France, deux raisons de se pinter dans une région qui pour cela n’a besoin d’aucune.
*
Alain Jégou n’était pas seulement poète, c’était aussi un authentique marin pêcheur. Son bateau, immatriculé à Lorient, avait pour nom Ikaria. Il est mort d’un cancer en deux mille treize à l’âge de soixante-quatre ans.
Espace portuaire dorloté par la nuit. L’ombre maousse pèse sur l’avenue de La Perrière, les troquets aux quinquets fermés, les magasins de marée, la glacière, le slip-way et ses bassins de carénage. Pas ou peu de bruit encore, aucune agitation particulière, pas le tintouin excessif des nuits estivales. L’air est vif et glacial. Notre monde frémit et se recroqueville sous la botte hivernale. La vie la nuit se bourre d’étoupe, de silences grassouillets, pour colmater ses brèches et opposer sa frêle résistance aux vents perfides qui la pénètrent et malmènent. Halo orangé et brouillard givré pour seules nippes, envapé et groggy, le port se cherche un rythme pour l’éveil. Passe Ouest suivi d'IKARIA LO 686070, Editions Apogée
21 juin 2024
J’hésite, du mauvais temps est annoncé mais le ciel est un peu bleu vers sept heures ce jeudi. Alors aller ou non à Fort-Bloqué ? Je joue la prudence et prends une nouvelle fois le bateau-bus pour Port-Louis.
A l’arrivée à La Pointe, c’est le beau temps. Un passage à la boulangerie du rempart et me voici chauffé par le soleil à la terrasse du Penalty où il y a suffisamment de tables pour que je m’attarde avec Proust et Céleste. D’ailleurs, les habitués de la première heure vont à l’intérieur, même s’ils doivent ressortir pour fumer debout près de la porte. Ce sont les habitués de la deuxième heure qui restent à l’extérieur, ayant des professions qui autorisent à traîner au soleil avant de s’y mettre. Ici aussi, quand des collégiens te disent bonjour en passant, ce n’est pas pour se foutre de ta gueule.
Un peu après neuf heures, v’là les nuages qui se ramènent. Je descends la Grande Rue sur toute sa longueur et zone au lieu-dit Les Pâtis, vaste pelouse limitée par les remparts entre le bourg et la Citadelle. A dix heures, je rejoins cette dernière dans l’espoir d’entrer dans la cour intérieure, à défaut de visiter les Musées.
Devant la porte orange encore fermée se tiennent des classes de lycéens. Lorsque celle-ci s’ouvre, ils sont accueillis fraîchement. Ils ont intérêt à se calmer, on a eu de mauvaises expériences avec des groupes scolaires et après les particuliers se plaignent. C’est un terrain militaire ici alors pas de chahut et du silence. « Vous êtes sous la responsabilité de vos professeurs. » Pareil pour les toilettes, pas de bataille d’eau comme on a eu récemment.
Quand ils sont entrés, je demande à l’aboyeuse si on peut voir la cour intérieure sans visiter les Musées. Ce n’est pas possible. Il me reste à regagner l’embarcadère. Au-dessus de Port-Louis, le ciel est noir d’encre. En face à Lorient, ce n’est que gris. Je vois ça du toit de la Capitainerie où l’on peut accéder sans payer.
A midi, j’innove en déjeunant au Parm presque au bout de la rue du Port, un endroit un peu chic à la décoration lumineuse, style café blanc d’Amsterdam. La formule du jour à seize euros quatre-vingt-dix propose un pain de viande de veau frites salade et une mousse au chocolat. On y entend Françoise Hardy, ses chansons premières et ses chansons suivantes. Oh oh chéri Ton meilleur ami C’est à l’amour auquel je pense, ce sont vraiment les premières que j’aime. Les suivantes moins, à cause des orchestrations sophistiquées. C’est cette après-midi que ses obsèques ont lieu au Père Lachaise.
*
À Port-Louis, un solide hôtel au centre du bourg, nommé La Citadelle, et une élégante bâtisse Art Nouveau rouge et blanche près de l’église, nommée Villa Saint-Jean.
*
« De toute façon, ce sera le bordel. » (une grand-mère à sa petite fille, huit ans avec des béquilles, place Alsace-Lorraine à Lorient, à propos des suites de l’Election Législative)
*
Des nuits calmes dans mon Air Bibi. Quatre appartements sur deux étages. Ils doivent tous appartenir à mon jeune et aimable logeur qui habite peut-être l’un du premier étage. Je l’ai croisé deux fois. Les autres sont à boîtes à clés, pas souvent occupés et par des discrets. Peu de passage dans la rue la nuit, sauf en fin de semaine quand s’y succèdent des groupes de jeunes imbibés braillards. Je ne les entends que si je ne dors pas.
A l’arrivée à La Pointe, c’est le beau temps. Un passage à la boulangerie du rempart et me voici chauffé par le soleil à la terrasse du Penalty où il y a suffisamment de tables pour que je m’attarde avec Proust et Céleste. D’ailleurs, les habitués de la première heure vont à l’intérieur, même s’ils doivent ressortir pour fumer debout près de la porte. Ce sont les habitués de la deuxième heure qui restent à l’extérieur, ayant des professions qui autorisent à traîner au soleil avant de s’y mettre. Ici aussi, quand des collégiens te disent bonjour en passant, ce n’est pas pour se foutre de ta gueule.
Un peu après neuf heures, v’là les nuages qui se ramènent. Je descends la Grande Rue sur toute sa longueur et zone au lieu-dit Les Pâtis, vaste pelouse limitée par les remparts entre le bourg et la Citadelle. A dix heures, je rejoins cette dernière dans l’espoir d’entrer dans la cour intérieure, à défaut de visiter les Musées.
Devant la porte orange encore fermée se tiennent des classes de lycéens. Lorsque celle-ci s’ouvre, ils sont accueillis fraîchement. Ils ont intérêt à se calmer, on a eu de mauvaises expériences avec des groupes scolaires et après les particuliers se plaignent. C’est un terrain militaire ici alors pas de chahut et du silence. « Vous êtes sous la responsabilité de vos professeurs. » Pareil pour les toilettes, pas de bataille d’eau comme on a eu récemment.
Quand ils sont entrés, je demande à l’aboyeuse si on peut voir la cour intérieure sans visiter les Musées. Ce n’est pas possible. Il me reste à regagner l’embarcadère. Au-dessus de Port-Louis, le ciel est noir d’encre. En face à Lorient, ce n’est que gris. Je vois ça du toit de la Capitainerie où l’on peut accéder sans payer.
A midi, j’innove en déjeunant au Parm presque au bout de la rue du Port, un endroit un peu chic à la décoration lumineuse, style café blanc d’Amsterdam. La formule du jour à seize euros quatre-vingt-dix propose un pain de viande de veau frites salade et une mousse au chocolat. On y entend Françoise Hardy, ses chansons premières et ses chansons suivantes. Oh oh chéri Ton meilleur ami C’est à l’amour auquel je pense, ce sont vraiment les premières que j’aime. Les suivantes moins, à cause des orchestrations sophistiquées. C’est cette après-midi que ses obsèques ont lieu au Père Lachaise.
*
À Port-Louis, un solide hôtel au centre du bourg, nommé La Citadelle, et une élégante bâtisse Art Nouveau rouge et blanche près de l’église, nommée Villa Saint-Jean.
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« De toute façon, ce sera le bordel. » (une grand-mère à sa petite fille, huit ans avec des béquilles, place Alsace-Lorraine à Lorient, à propos des suites de l’Election Législative)
*
Des nuits calmes dans mon Air Bibi. Quatre appartements sur deux étages. Ils doivent tous appartenir à mon jeune et aimable logeur qui habite peut-être l’un du premier étage. Je l’ai croisé deux fois. Les autres sont à boîtes à clés, pas souvent occupés et par des discrets. Peu de passage dans la rue la nuit, sauf en fin de semaine quand s’y succèdent des groupes de jeunes imbibés braillards. Je ne les entends que si je ne dors pas.
20 juin 2024
Pluies éparses, risque d’orage, la météo ne manque pas d’arguments pour m’inciter à surseoir à mon prochain objectif : Fort Bloqué. Néanmoins, je ne reste pas bloqué à Lorient optant pour une nouvelle matinée à Lomener dont je ne me lasse pas. Pour ce faire je prends le bus Té Quatre jusqu’à son terminus, Pen Palud, après passage à la boulangerie Le Goff où me sert une très belle vendeuse noire et au Parisien où l’on parle d’immobilier « Moi j’aurais pas mis ce prix-là mais Lomener est super super coté. »
Encore une fois, je suis le seul à descendre du bus au terminus. Il souffle un petit vent froid qui m’oblige à l’intérieur du Moulin Vert dans lequel certains télé-travaillent déjà. Les membres de la bourgeoisie locale se relaient pour boire le café et parlent de Macron. « Il arrive à décevoir les gens les plus modérés. » « Il n’aurait jamais dû faire ça, c’est une absurdité totale. » Je lis Proust et Céleste de Christian Péchenard un œil sur le port où ça ne bouge guère.
Deux sœurs se sont installées à ma droite. Soudain l’une s’excite : « Y a un mec connu là-bas », dit-elle à l’autre. « Il a joué dans Marseille et dans un truc de colonie de vacances. » Elle parle d’un homme assis en terrasse à la place que j’occupe habituellement, un brun dans le genre ténébreux avec des lunettes et des cheveux un peu longs coiffés en arrière. « Nous, ça fait longtemps qu’on le voit ici donc on n’y fait plus attention, dit la patronne à ces deux filles, mais oui c’est bien lui ». « Il n’est pas si célèbre que ça, ajoute-t-elle, il y a plein de gens qui ne le reconnaissent pas. » J’en suis un bon exemple, pour la raison que je n’ai jamais regardé une série.
A onze heures trente, je reprends le bus Té Quatre et en descends à Larmor-Plage afin de déjeuner en bord de mer. Je choisis la terrasse abritée de La Potinière. Un menu à dix-huit euros quatre-vingt-dix y est proposé : tartare de thon, filet mignon, coupe spéculoos. A peine ai-je commencé à manger qu’une énorme drache s’abat sur le toit. Côté voisinage, c’est assez beauf « On est allé à Carnac il y a deux ans, on s’est retrouvé bloqués dans les toilettes des menhirs. » Côté nourriture, c’est mieux que ce à quoi je m’attendais et c’est servi rapidement.
Cela me permet d’être à l’arrêt de bus Larmor-Plage Centre pour attendre, abrité de la pluie, celui de treize heures six. En chemin, il s’emplit de lycéen(ne)s qui vont passer l’épreuve de mathématiques du bac.
*
Christian Péchenard était un avocat proustien. Il écrivait bien, avec une bonne dose d’ironie. Extraits de Proust et son père :
Saint-Augustin est le chef-d’œuvre de Baltard, architecte qui n’est devenu célèbre que lorsqu’on a détruit les pavillons des Halles construit sur ses plans, gloire doublement posthume qui exige la disparition de l’artiste et de son travail, image très proustienne de la création.
Les tortillards ont la coquetterie de ne prendre des allures de rapide que pendant leurs arrêts ; « deux minutes » : cette annonce plonge le voyageur dans l’angoisse.
La première fois que Marcel Proust est sorti tout seul, c’était à Illiers pour aller chercher du sel à l’épicerie Legue dont la maison était juste à côté de celle de Jules. Et cet évènement est mondialement connu.
La médecine a fait beaucoup de progrès. Pas la littérature. Les malades que nous sommes ou que nous allons être doivent pourtant se féliciter que les sciences thérapeutiques n’aient pas suivi le chemin qui conduit de Hésiode à Isou.
Encore une fois, je suis le seul à descendre du bus au terminus. Il souffle un petit vent froid qui m’oblige à l’intérieur du Moulin Vert dans lequel certains télé-travaillent déjà. Les membres de la bourgeoisie locale se relaient pour boire le café et parlent de Macron. « Il arrive à décevoir les gens les plus modérés. » « Il n’aurait jamais dû faire ça, c’est une absurdité totale. » Je lis Proust et Céleste de Christian Péchenard un œil sur le port où ça ne bouge guère.
Deux sœurs se sont installées à ma droite. Soudain l’une s’excite : « Y a un mec connu là-bas », dit-elle à l’autre. « Il a joué dans Marseille et dans un truc de colonie de vacances. » Elle parle d’un homme assis en terrasse à la place que j’occupe habituellement, un brun dans le genre ténébreux avec des lunettes et des cheveux un peu longs coiffés en arrière. « Nous, ça fait longtemps qu’on le voit ici donc on n’y fait plus attention, dit la patronne à ces deux filles, mais oui c’est bien lui ». « Il n’est pas si célèbre que ça, ajoute-t-elle, il y a plein de gens qui ne le reconnaissent pas. » J’en suis un bon exemple, pour la raison que je n’ai jamais regardé une série.
A onze heures trente, je reprends le bus Té Quatre et en descends à Larmor-Plage afin de déjeuner en bord de mer. Je choisis la terrasse abritée de La Potinière. Un menu à dix-huit euros quatre-vingt-dix y est proposé : tartare de thon, filet mignon, coupe spéculoos. A peine ai-je commencé à manger qu’une énorme drache s’abat sur le toit. Côté voisinage, c’est assez beauf « On est allé à Carnac il y a deux ans, on s’est retrouvé bloqués dans les toilettes des menhirs. » Côté nourriture, c’est mieux que ce à quoi je m’attendais et c’est servi rapidement.
Cela me permet d’être à l’arrêt de bus Larmor-Plage Centre pour attendre, abrité de la pluie, celui de treize heures six. En chemin, il s’emplit de lycéen(ne)s qui vont passer l’épreuve de mathématiques du bac.
*
Christian Péchenard était un avocat proustien. Il écrivait bien, avec une bonne dose d’ironie. Extraits de Proust et son père :
Saint-Augustin est le chef-d’œuvre de Baltard, architecte qui n’est devenu célèbre que lorsqu’on a détruit les pavillons des Halles construit sur ses plans, gloire doublement posthume qui exige la disparition de l’artiste et de son travail, image très proustienne de la création.
Les tortillards ont la coquetterie de ne prendre des allures de rapide que pendant leurs arrêts ; « deux minutes » : cette annonce plonge le voyageur dans l’angoisse.
La première fois que Marcel Proust est sorti tout seul, c’était à Illiers pour aller chercher du sel à l’épicerie Legue dont la maison était juste à côté de celle de Jules. Et cet évènement est mondialement connu.
La médecine a fait beaucoup de progrès. Pas la littérature. Les malades que nous sommes ou que nous allons être doivent pourtant se féliciter que les sciences thérapeutiques n’aient pas suivi le chemin qui conduit de Hésiode à Isou.
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