Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
6 octobre 2021
Après l’alerte orange hier, ce mardi c’est l’alerte grève. Aucun tramouais ne circule, guère de bus, moins de trains.
Je rejoins donc la Gare à pied et trouve prêt à partir le Fluo de sept heures quarante-neuf pour Vintimille. J’en descends peu après son départ, à Beaulieu-sur-Mer, qui est située à l’entrée de la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat et qui partage avec Menton le titre de commune la plus chaude de France. Ce matin, c’est relatif. Le ciel est gris. Il pleuvait encore il y a une heure.
Je me procure des viennoiseries à la Boulange de Beaulieu et trouve une place à la terrasse du Gran Caffe, établissement italien situé face à une place à kiosque où se tient un semblant de marché. Cet endroit est fréquenté par de jolies jeunes femmes très bien nippées, certaines revenant de l’école où elles ont déposé leur descendance. Je ne suis pas surpris de payer mon café deux euros.
Je descends ensuite jusqu’au port puis trouve le chemin goudronné qui longe la mer. Ce jour, je ne vais pas bien loin, jusqu’à la Baie des Fourmis, et au premier banc, je m’assois derrière le mur de pierre, celui évoqué dans la chanson de Souchon et Voulzy Regarder la mer / Rester, rester / Sur le mur de pierre / Là où le soleil s'est mis / Rester, rester / Tout seul, solitaire / Devant la Baie des Fourmis.
Le soleil étant arrivé, je sors Edmond de mon sac. Je lis un certain temps, puis sachant que les deux trains de début d’après-midi sont supprimés par la grève, je rentre avec celui de onze heures onze.
A l’arrivée je marche à nouveau au milieu de la foule des sans tramouais, repasse à mon logement Air Bibi puis rejoins le Nomad alors que s’en approchent les manifestants grévistes. C’est pendant que je mange mon filet de veau ratatouille qu’ils passent, marchant sur les rails du tram en direction de la place Garibaldi. « La syndicalisation, c’est ça qui leur fait peur » « Le seul syndicat qui lutte, c’est la Cégété », crie une femme survoltée au micro de la sono. Elle invite ceux et celles qui la suivent à remuer un peu plus mais en vain. Après une légère coupure apparaît Effo, un autre syndicat qui lutte mais avec moins de bruit. En tout, ça ne fait qu’un petit millier de manifestants.
*
La bande-son de la Cégété Antisocial, tu perds ton sang-froid, celle de Effo Argent trop cher, la vie n’a pas de prix. J’ai l’impression de voir passer le monde d’hier.
Je rejoins donc la Gare à pied et trouve prêt à partir le Fluo de sept heures quarante-neuf pour Vintimille. J’en descends peu après son départ, à Beaulieu-sur-Mer, qui est située à l’entrée de la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat et qui partage avec Menton le titre de commune la plus chaude de France. Ce matin, c’est relatif. Le ciel est gris. Il pleuvait encore il y a une heure.
Je me procure des viennoiseries à la Boulange de Beaulieu et trouve une place à la terrasse du Gran Caffe, établissement italien situé face à une place à kiosque où se tient un semblant de marché. Cet endroit est fréquenté par de jolies jeunes femmes très bien nippées, certaines revenant de l’école où elles ont déposé leur descendance. Je ne suis pas surpris de payer mon café deux euros.
Je descends ensuite jusqu’au port puis trouve le chemin goudronné qui longe la mer. Ce jour, je ne vais pas bien loin, jusqu’à la Baie des Fourmis, et au premier banc, je m’assois derrière le mur de pierre, celui évoqué dans la chanson de Souchon et Voulzy Regarder la mer / Rester, rester / Sur le mur de pierre / Là où le soleil s'est mis / Rester, rester / Tout seul, solitaire / Devant la Baie des Fourmis.
Le soleil étant arrivé, je sors Edmond de mon sac. Je lis un certain temps, puis sachant que les deux trains de début d’après-midi sont supprimés par la grève, je rentre avec celui de onze heures onze.
A l’arrivée je marche à nouveau au milieu de la foule des sans tramouais, repasse à mon logement Air Bibi puis rejoins le Nomad alors que s’en approchent les manifestants grévistes. C’est pendant que je mange mon filet de veau ratatouille qu’ils passent, marchant sur les rails du tram en direction de la place Garibaldi. « La syndicalisation, c’est ça qui leur fait peur » « Le seul syndicat qui lutte, c’est la Cégété », crie une femme survoltée au micro de la sono. Elle invite ceux et celles qui la suivent à remuer un peu plus mais en vain. Après une légère coupure apparaît Effo, un autre syndicat qui lutte mais avec moins de bruit. En tout, ça ne fait qu’un petit millier de manifestants.
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La bande-son de la Cégété Antisocial, tu perds ton sang-froid, celle de Effo Argent trop cher, la vie n’a pas de prix. J’ai l’impression de voir passer le monde d’hier.
5 octobre 2021
Des Niçois(e)s avec en main un parapluie, je ne l’avais pas encore vu. Ce lundi matin, il fait encore sec mais cela doit mal tourner. Raison pour laquelle je renonce à quitter la ville.
Après mon petit-déjeuner au Garibaldi, je rejoins le début de la coulée verte et la suis (église du Vœu, lycée Masséna, statue du David de Michel-Ange, statue de Masséna, L’Arc de 115°5 de Bernar Venet) jusqu’à son extrémité, à deux pas de la Promenade des Anglais, puis je parcours celle-ci pour la deuxième fois, sans aller plus loin que le Negresco. Seuls sont sur la plage des pêcheurs à la ligne et deux intrépides baigneurs.
Revenu sur mes pas, je m’offre un café lecture au Relax où on commence à s’inquiéter des informations concernant le temps d’après treize heures. Estrosi ferme les établissements scolaires à midi, les parcs et jardins ainsi que les plages une heure plus tard.
Il fait lourd à midi mais rien ne m’empêche de déjeuner au Nomad où en ce jour de reprise le cuisinier arrive au son du canon. Autant dire que mon menu du lundi n’est pas une nouveauté : pièce de bœuf gratin dauphinois tarte aux framboises quart de vin rouge, dix-neuf euros.
Il n’est pas encore treize heures quand j’ai terminé mais la coulée verte est déjà fermée. Ses sans-abris stagnent aux alentours. Je fais le détour nécessaire et me voici rentré. Malgré la fenêtre ouverte, j’ai un peu chaud. Quand est-ce que ça va tomber ?
Pas avant la fin de l’après-midi. Un orage intense et court.
*
Enervements de circonstance sur la Promenade des Anglais :
Une femme à une autre : « Vous avez un problème, madame ? ».
L’autre : « Non, c’est vous qui me regardez bizarrement », puis quand la première s’éloigne : « Salope ! ».
*
La sculpture métallique de Bernar Venet, une courbe de cent quinze degrés cinq, correspondant à la courbure de la Baie des Anges.
*
Les Azuréens, appellation officielle. Ça vaut les Seinomarins.
Après mon petit-déjeuner au Garibaldi, je rejoins le début de la coulée verte et la suis (église du Vœu, lycée Masséna, statue du David de Michel-Ange, statue de Masséna, L’Arc de 115°5 de Bernar Venet) jusqu’à son extrémité, à deux pas de la Promenade des Anglais, puis je parcours celle-ci pour la deuxième fois, sans aller plus loin que le Negresco. Seuls sont sur la plage des pêcheurs à la ligne et deux intrépides baigneurs.
Revenu sur mes pas, je m’offre un café lecture au Relax où on commence à s’inquiéter des informations concernant le temps d’après treize heures. Estrosi ferme les établissements scolaires à midi, les parcs et jardins ainsi que les plages une heure plus tard.
Il fait lourd à midi mais rien ne m’empêche de déjeuner au Nomad où en ce jour de reprise le cuisinier arrive au son du canon. Autant dire que mon menu du lundi n’est pas une nouveauté : pièce de bœuf gratin dauphinois tarte aux framboises quart de vin rouge, dix-neuf euros.
Il n’est pas encore treize heures quand j’ai terminé mais la coulée verte est déjà fermée. Ses sans-abris stagnent aux alentours. Je fais le détour nécessaire et me voici rentré. Malgré la fenêtre ouverte, j’ai un peu chaud. Quand est-ce que ça va tomber ?
Pas avant la fin de l’après-midi. Un orage intense et court.
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Enervements de circonstance sur la Promenade des Anglais :
Une femme à une autre : « Vous avez un problème, madame ? ».
L’autre : « Non, c’est vous qui me regardez bizarrement », puis quand la première s’éloigne : « Salope ! ».
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La sculpture métallique de Bernar Venet, une courbe de cent quinze degrés cinq, correspondant à la courbure de la Baie des Anges.
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Les Azuréens, appellation officielle. Ça vaut les Seinomarins.
4 octobre 2021
L’épisode méditerranéen (comme disent les journalistes) annoncé pour ce dimanche fait faux bond aussi prends-je le train Zou de sept heures quarante-neuf direction Vintimille. J’en descends à la Gare de Monaco. Je la savais enterrée, je ne l’imaginais pas aussi vaste. Il me faut marcher longtemps dans des couloirs de luxe avant de pouvoir respirer l’air frais. Le ciel est plutôt bleu, avec quelques nuages.
Le Palais Princier est fléché pour les piétions. Je passe devant un carabinier habillé de blanc. Lorsque je m’adresse à lui, il me salue militairement avant de me confirmer qu’ici le masque est obligatoire en extérieur. Par une montée assez douce, mais qui m’épuise quand même, j’arrive devant le Palais du Prince, d’architecture sommaire. Un carabinier en garde l’entrée qui, de temps en temps, sort de sa guérite, marche martialement devant l’édifice, puis retourne se poster. Deux autres veillent également sur la place. Leur logis situé en face est assez somptueux.
Je suis seul à cet endroit ce dimanche matin mais plus de cabine téléphonique pour tenter le coup comme Christophe : Allô Stéphanie, ne raccroche pas / C'est dimanche, je passais par-là / Près du Palais, je t'offre un verre.
Seul je le suis aussi devant la Cathédrale et ne croise pas grand monde dans les rues de ce qui tient lieu de vieille ville, dont les ruelles sont un peu trop clinquantes. De là-haut, je considère le port et les horribles immeubles du front de mer. Passant devant le point de départ des bus Deux et l’un étant sur le point de démarrer, j’y fais biper mon passe SudAzur.
Ce bus dont je suis l’unique passager descend vers le port puis chargé de quelques autres prend la direction de Monte Carlo, passe devant le Casino et termine sa course près d’un jardin public qui, comme beaucoup de rues, porte un nom de princesse. Je m’y balade un peu et devant leur enclos trouve qu’ici, même les chèvres ont des airs de princesses.
Avec l’aide de différents autochtones, je redescends près du port par une succession d’ascenseurs puis vais voir à quoi ressemble le marché Condamine vanté par mon Guide du Routard. Pas de quoi m’étonner, ni pouvoir y manger, aussi avec l’aide de deux jeunes Monégasques je retrouve la Gare et son interminable couloir en courbe. Bien que fortement éclairé, il me fait flipper quand j’entends au loin marcher. Je dois y attendre une demi-heure le train pour Nice. Quand enfin il arrive et que je revois le ciel, celui-ci est devenu gris.
Il se met à pleuvoir pendant mon trajet en tram. C’est sous l’auvent de la maison Multari que je déjeune d’une formule lasagnes verre de vin blanc café à douze euros puis je rentre à mon logis provisoire.
*
Mes fenêtres donnent sur la cour, une grande cour à parties privées et à partie commune, entourée de bâtiments de diverses époques et qualités. De cette courée ou des appartements l’entourant me proviennent chaque jour des bruits divers : braillements d’enfants d’une crèche, gueulements de chiens, et parfois, le « Connard ! » du dément.
Ce dimanche après-midi le calme règne, troublé cependant momentanément par les cris d’une femme qui jouit.
Le Palais Princier est fléché pour les piétions. Je passe devant un carabinier habillé de blanc. Lorsque je m’adresse à lui, il me salue militairement avant de me confirmer qu’ici le masque est obligatoire en extérieur. Par une montée assez douce, mais qui m’épuise quand même, j’arrive devant le Palais du Prince, d’architecture sommaire. Un carabinier en garde l’entrée qui, de temps en temps, sort de sa guérite, marche martialement devant l’édifice, puis retourne se poster. Deux autres veillent également sur la place. Leur logis situé en face est assez somptueux.
Je suis seul à cet endroit ce dimanche matin mais plus de cabine téléphonique pour tenter le coup comme Christophe : Allô Stéphanie, ne raccroche pas / C'est dimanche, je passais par-là / Près du Palais, je t'offre un verre.
Seul je le suis aussi devant la Cathédrale et ne croise pas grand monde dans les rues de ce qui tient lieu de vieille ville, dont les ruelles sont un peu trop clinquantes. De là-haut, je considère le port et les horribles immeubles du front de mer. Passant devant le point de départ des bus Deux et l’un étant sur le point de démarrer, j’y fais biper mon passe SudAzur.
Ce bus dont je suis l’unique passager descend vers le port puis chargé de quelques autres prend la direction de Monte Carlo, passe devant le Casino et termine sa course près d’un jardin public qui, comme beaucoup de rues, porte un nom de princesse. Je m’y balade un peu et devant leur enclos trouve qu’ici, même les chèvres ont des airs de princesses.
Avec l’aide de différents autochtones, je redescends près du port par une succession d’ascenseurs puis vais voir à quoi ressemble le marché Condamine vanté par mon Guide du Routard. Pas de quoi m’étonner, ni pouvoir y manger, aussi avec l’aide de deux jeunes Monégasques je retrouve la Gare et son interminable couloir en courbe. Bien que fortement éclairé, il me fait flipper quand j’entends au loin marcher. Je dois y attendre une demi-heure le train pour Nice. Quand enfin il arrive et que je revois le ciel, celui-ci est devenu gris.
Il se met à pleuvoir pendant mon trajet en tram. C’est sous l’auvent de la maison Multari que je déjeune d’une formule lasagnes verre de vin blanc café à douze euros puis je rentre à mon logis provisoire.
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Mes fenêtres donnent sur la cour, une grande cour à parties privées et à partie commune, entourée de bâtiments de diverses époques et qualités. De cette courée ou des appartements l’entourant me proviennent chaque jour des bruits divers : braillements d’enfants d’une crèche, gueulements de chiens, et parfois, le « Connard ! » du dément.
Ce dimanche après-midi le calme règne, troublé cependant momentanément par les cris d’une femme qui jouit.
3 octobre 2021
Ce samedi matin objectif Cannes, seule ville des Alpes Maritime que je connaisse déjà. J’y ai résidé au temps où j’avais une voiture et allais à l’hôtel. Je me souviens que l’hôtelier m’avait dit : « Il faut vous mettre dans la tête que sur la Côte d’Azur tout est cher. » C’est exact pour le magasin U de ma rue où je trouve les mêmes produits qu’à mon U de Rouen mais pas au même prix.
Encore avant, j’étais venu à Cannes un jour d’été, d’embouteillage et de chaleur éprouvante, pour une escapade dans les îles de Lérins, bien accompagné.
Le train de sept heures cinquante-neuf est presque vide. Je m’installe côté mer. C’est encore une belle journée d’été qui commence. Sur des kilomètres de galets se succèdent des pêcheurs à la ligne ayant garé leur voiture carrément sur la plage.
Arrivé à la Gare je trouve rapidement l’église Notre-Dame-de-Bon-Voyage puis tout près le Palais des Festivals. Ces deux bâtiments sans âme pourraient faire nommer la ville Cannes-les-Deux-Eglises. Personnellement je ne suis pratiquant. D’autres se font photographier sur le tapis rouge mais ils sont seuls sur les marches et nul ne les applaudit.
Je fais quelques pas sur la Croisette, autre lieu surfait, puis rebrousse et longe le port où certains riches montrent qu’ils en ont un très gros puis je mets le cap sur la hauteur où est écrit Cannes façon Hollywood.
Après avoir atteint la Porte du Masque (aucun rapport avec le Covid), j’arrive à la Tour du Suquet, au Musée de la Castre et à l’église Notre-Dame-de-l’Espérance d’où l’on a belle vue sur le port et la Croisette.
Sur le parvis, face à la mer, une trentenaire ouvre les bras et lance « William, come to me and marry me !». Dans un français hésitant, elle m’explique que son amoureux est aux Etats-Unis et qu’en raison du Covid elle ne l’a pas vu depuis si longtemps. Je ne juge pas nécessaire de lui dire que les Américains peuvent revenir en France depuis quelque temps. Je lui dis « Bientôt sans doute ».
Redescendu, je me rends compte qu’il n’y a ici ni café ni restaurant pour moi. Aussi je décide de rentrer à Nice. Arrivé à la Gare, j’ai la chance de pouvoir monter immédiatement dans un train qui circule avec cinq minutes de retard.
A onze heures, je suis à la terrasse du Nomad. J’y lis jusqu’à midi puis, après le coup de canon dont la vibration déclenche l’alarme du chantier d’à côté, y déjeune d’une excellente pièce de bœuf tagliatelles au pesto. Avec le quart de vin rouge et l’éclair au chocolat, cela fait dix-neuf euros tout rond.
Je passe ensuite au marché des livres d’occasion, devant l’Hôtel de Ville. Moins de bouquinistes sont présents ce samedi mais qui aime les récits de voyage pourrait repartir avec plusieurs en grand format de chez Phébus à deux euros pièce.
Le café, je le prends au Kalice, sur une place Rossetti bouillonnante. On s’y marie, on s’y donne en spectacle, on se laisse séduire par l’énorme choix du glacier et puis on se retrouve avec un ridicule petit pot en carton et une minuscule cuillère en bois sans autre solution que de manger debout en s’en mettant éventuellement partout.
*
A Cannes, un car promène-touristes entièrement peint par Combas.
*
Dans mon compartiment du Corail Zou de retour, un affreux moutard qui dit à sa mère : « Ne me parle pas comme ça devant les gens ! » Egalement, et face à moi, une jolie blonde en minijupe plissée blanche qui tient son bagage entre ses pieds ce qui l’amène à ouvrir les jambes et à en montrer plus qu’il n’est convenable aux yeux des néo-puritains, mais pas aux miens.
*
Au Nomad, une Niçoise à propos d’une autre Niçoise qui passe : « Comment peut-on mettre un chemisier à fleurs avec une jupe à carreaux ? » C’est vrai que ça fait bizarre.
Deux autres derrière moi :
-Si un jour tu as besoin d’un infirmier, je te recommande Antoine.
-Il faut garder les bonnes adresses.
-Ah oui, je l’ai mis dans mes contacts.
Encore avant, j’étais venu à Cannes un jour d’été, d’embouteillage et de chaleur éprouvante, pour une escapade dans les îles de Lérins, bien accompagné.
Le train de sept heures cinquante-neuf est presque vide. Je m’installe côté mer. C’est encore une belle journée d’été qui commence. Sur des kilomètres de galets se succèdent des pêcheurs à la ligne ayant garé leur voiture carrément sur la plage.
Arrivé à la Gare je trouve rapidement l’église Notre-Dame-de-Bon-Voyage puis tout près le Palais des Festivals. Ces deux bâtiments sans âme pourraient faire nommer la ville Cannes-les-Deux-Eglises. Personnellement je ne suis pratiquant. D’autres se font photographier sur le tapis rouge mais ils sont seuls sur les marches et nul ne les applaudit.
Je fais quelques pas sur la Croisette, autre lieu surfait, puis rebrousse et longe le port où certains riches montrent qu’ils en ont un très gros puis je mets le cap sur la hauteur où est écrit Cannes façon Hollywood.
Après avoir atteint la Porte du Masque (aucun rapport avec le Covid), j’arrive à la Tour du Suquet, au Musée de la Castre et à l’église Notre-Dame-de-l’Espérance d’où l’on a belle vue sur le port et la Croisette.
Sur le parvis, face à la mer, une trentenaire ouvre les bras et lance « William, come to me and marry me !». Dans un français hésitant, elle m’explique que son amoureux est aux Etats-Unis et qu’en raison du Covid elle ne l’a pas vu depuis si longtemps. Je ne juge pas nécessaire de lui dire que les Américains peuvent revenir en France depuis quelque temps. Je lui dis « Bientôt sans doute ».
Redescendu, je me rends compte qu’il n’y a ici ni café ni restaurant pour moi. Aussi je décide de rentrer à Nice. Arrivé à la Gare, j’ai la chance de pouvoir monter immédiatement dans un train qui circule avec cinq minutes de retard.
A onze heures, je suis à la terrasse du Nomad. J’y lis jusqu’à midi puis, après le coup de canon dont la vibration déclenche l’alarme du chantier d’à côté, y déjeune d’une excellente pièce de bœuf tagliatelles au pesto. Avec le quart de vin rouge et l’éclair au chocolat, cela fait dix-neuf euros tout rond.
Je passe ensuite au marché des livres d’occasion, devant l’Hôtel de Ville. Moins de bouquinistes sont présents ce samedi mais qui aime les récits de voyage pourrait repartir avec plusieurs en grand format de chez Phébus à deux euros pièce.
Le café, je le prends au Kalice, sur une place Rossetti bouillonnante. On s’y marie, on s’y donne en spectacle, on se laisse séduire par l’énorme choix du glacier et puis on se retrouve avec un ridicule petit pot en carton et une minuscule cuillère en bois sans autre solution que de manger debout en s’en mettant éventuellement partout.
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A Cannes, un car promène-touristes entièrement peint par Combas.
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Dans mon compartiment du Corail Zou de retour, un affreux moutard qui dit à sa mère : « Ne me parle pas comme ça devant les gens ! » Egalement, et face à moi, une jolie blonde en minijupe plissée blanche qui tient son bagage entre ses pieds ce qui l’amène à ouvrir les jambes et à en montrer plus qu’il n’est convenable aux yeux des néo-puritains, mais pas aux miens.
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Au Nomad, une Niçoise à propos d’une autre Niçoise qui passe : « Comment peut-on mettre un chemisier à fleurs avec une jupe à carreaux ? » C’est vrai que ça fait bizarre.
Deux autres derrière moi :
-Si un jour tu as besoin d’un infirmier, je te recommande Antoine.
-Il faut garder les bonnes adresses.
-Ah oui, je l’ai mis dans mes contacts.
2 octobre 2021
Ma journée de vendredi premier octobre commence, alors qu’il fait encore à moitié nuit, à la terrasse du Garibaldi à peine ouvert. L’homme réservé qui fait les cafés à un euro cinquante est italien. Il ne rechigne pas à m’accueillir, même quand j’arrive trop tôt avec mes viennoiseries de la Boulangerie Saint-François.
Mon petit-déjeuner pris, j’inaugure mon passe SudAzur dans le Tram Un, direction la Gare de Nice Ville. Là, je bipe à nouveau pour franchir le portique et me rends sur le quai où est annoncé le prochain train pour Menton.
Ce Téheuherre Zou a la bonne idée de suivre le bord de la Méditerranée au plus près. Il n’emprunte que des courts tunnels, sauf à l’approche de la Gare de Monaco Monte-Carlo, laquelle est enterrée, où beaucoup descendent, des travailleurs transfrontaliers. Quand on ressort du noir, je dois me rendre à l’évidence : de la Principauté, je n’ai rien vu.
Le Gare de Menton est d’une laideur moyenne. Je descends pédestrement jusqu’au bord de la mer, bordée en cet endroit de résidences sans charme pour riches, puis la longe en direction de la vieille ville. Juste après le Musée Jean Cocteau à l’architecture contemporaine point désagréable, elle surgit, de toute beauté avec ses façades couleur jaune saumon ocre rose. Ces constructions étagées sont dominées par la Basilique Saint-Michel.
Je poursuis sur la promenade jusqu’au port de plaisance assez modeste puis entre dans cette vieille ville par un chemin pas trop pentu afin d’atteindre Saint-Michel. Son parvis est composé d’une mosaïque de galets. Malheureusement, elle n’ouvre ses portes qu’à dix heures. Près d’elle est une école publique nommée Frédéric Mistral. Un boulanger y livre le pain pour la cantine.
Je redescends par de mystérieux escaliers menant grâce à des traverses à une charmante placette de galets mosaïqués et trouve à l’entrée de cette vieille ville la Brasserie du Cap, dont la terrasse m’appelle. Mon café à un euro soixante-dix bu, je lis Edmond tout en m’intéressant aux allées et venues sur fond de mer et de montagne. Ici, comme presque partout sur la Côte d’Azur, on se passe du passe sanitaire. Ce n’est que pour le Nord, affirme le patron, homme sympathique qui travaille avec sa fille. Je lui demande s’il faut réserver pour le déjeuner. Il y aura de la place, me répond-il.
Il est onze heures quand je m’installe sur un banc du port faisant face à ce magnifique vieux Menton. Par une coïncidence bienvenue, le mercredi seize octobre mil huit cent quatre-vingt-neuf Edmond de Goncourt écrit ceci : Et quelques instants après, m’annonçant que sa maîtresse va le quitter, pour fonder un petit hôtel garni à Menton, pour la décoration duquel elle emporte son eau-forte de Rembrandt de 600 francs…
A midi, j’ai une bonne table à l’ombre à la Brasserie du Cap. Je commande à la fille de la maison une bruschetta aux anchois à douze euros trente accompagné d’un quart de vin blanc bio à cinq euros quatre-vingts et ne suis pas déçu. Pour finir, je choisis le tiramisu maison à cinq euros soixante-dix. C’était très bien, dis-je au patron lorsque je règle l’addition.
Quand je longe à nouveau la mer pour rejoindre la Gare, je regarde mieux le bastion qui fut le premier Musée Jean Cocteau. Aucune envie d’entrer dans l’actuel, il fait trop beau et chaud pour s’enfermer.
Mon train de retour a pour terminus Grasse. Il se remplit à Monaco et se vide à Nice Ville. Comme beaucoup, je monte dans le premier tramouais. Descendu à Cathédrale, je traverse la coulée verte. Il est seize heures, c’est la sortie au Lycée Masséna. Je réussis à ne pas me faire emporter par le flot.de la jeunesse et suis bien heureux de disposer d’un ascenseur pour retrouver mon deux pièces Air Bibi.
*
Menton : ses retraité(e)s en maillot qui se disent à demain après la leçon de gymnastique aquatique. Les vieilles et vieux représentent trente pour cent de la population locale, ai-je lu dans mon vieux Routard. En ce jour de revendication pour la revalorisation des pensions, ici nulle manifestation.
*
A partir de dix heures, un navrante radio commerçante se déverse dans les rues de Menton pour vanter la braderie. Ce que l’on trouve habituellement dans les communes qui périclitent. Sans transition, publicités pour le Casino Barrière et Big Bazar, même clientèle peut-être.
*
Dans cette ville, la Police Municipale circule en gyropode.
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Sur la promenade devant le port, un arbre dont le tronc ventru m’évoque une bouteille d’Orangina.
Mon petit-déjeuner pris, j’inaugure mon passe SudAzur dans le Tram Un, direction la Gare de Nice Ville. Là, je bipe à nouveau pour franchir le portique et me rends sur le quai où est annoncé le prochain train pour Menton.
Ce Téheuherre Zou a la bonne idée de suivre le bord de la Méditerranée au plus près. Il n’emprunte que des courts tunnels, sauf à l’approche de la Gare de Monaco Monte-Carlo, laquelle est enterrée, où beaucoup descendent, des travailleurs transfrontaliers. Quand on ressort du noir, je dois me rendre à l’évidence : de la Principauté, je n’ai rien vu.
Le Gare de Menton est d’une laideur moyenne. Je descends pédestrement jusqu’au bord de la mer, bordée en cet endroit de résidences sans charme pour riches, puis la longe en direction de la vieille ville. Juste après le Musée Jean Cocteau à l’architecture contemporaine point désagréable, elle surgit, de toute beauté avec ses façades couleur jaune saumon ocre rose. Ces constructions étagées sont dominées par la Basilique Saint-Michel.
Je poursuis sur la promenade jusqu’au port de plaisance assez modeste puis entre dans cette vieille ville par un chemin pas trop pentu afin d’atteindre Saint-Michel. Son parvis est composé d’une mosaïque de galets. Malheureusement, elle n’ouvre ses portes qu’à dix heures. Près d’elle est une école publique nommée Frédéric Mistral. Un boulanger y livre le pain pour la cantine.
Je redescends par de mystérieux escaliers menant grâce à des traverses à une charmante placette de galets mosaïqués et trouve à l’entrée de cette vieille ville la Brasserie du Cap, dont la terrasse m’appelle. Mon café à un euro soixante-dix bu, je lis Edmond tout en m’intéressant aux allées et venues sur fond de mer et de montagne. Ici, comme presque partout sur la Côte d’Azur, on se passe du passe sanitaire. Ce n’est que pour le Nord, affirme le patron, homme sympathique qui travaille avec sa fille. Je lui demande s’il faut réserver pour le déjeuner. Il y aura de la place, me répond-il.
Il est onze heures quand je m’installe sur un banc du port faisant face à ce magnifique vieux Menton. Par une coïncidence bienvenue, le mercredi seize octobre mil huit cent quatre-vingt-neuf Edmond de Goncourt écrit ceci : Et quelques instants après, m’annonçant que sa maîtresse va le quitter, pour fonder un petit hôtel garni à Menton, pour la décoration duquel elle emporte son eau-forte de Rembrandt de 600 francs…
A midi, j’ai une bonne table à l’ombre à la Brasserie du Cap. Je commande à la fille de la maison une bruschetta aux anchois à douze euros trente accompagné d’un quart de vin blanc bio à cinq euros quatre-vingts et ne suis pas déçu. Pour finir, je choisis le tiramisu maison à cinq euros soixante-dix. C’était très bien, dis-je au patron lorsque je règle l’addition.
Quand je longe à nouveau la mer pour rejoindre la Gare, je regarde mieux le bastion qui fut le premier Musée Jean Cocteau. Aucune envie d’entrer dans l’actuel, il fait trop beau et chaud pour s’enfermer.
Mon train de retour a pour terminus Grasse. Il se remplit à Monaco et se vide à Nice Ville. Comme beaucoup, je monte dans le premier tramouais. Descendu à Cathédrale, je traverse la coulée verte. Il est seize heures, c’est la sortie au Lycée Masséna. Je réussis à ne pas me faire emporter par le flot.de la jeunesse et suis bien heureux de disposer d’un ascenseur pour retrouver mon deux pièces Air Bibi.
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Menton : ses retraité(e)s en maillot qui se disent à demain après la leçon de gymnastique aquatique. Les vieilles et vieux représentent trente pour cent de la population locale, ai-je lu dans mon vieux Routard. En ce jour de revendication pour la revalorisation des pensions, ici nulle manifestation.
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A partir de dix heures, un navrante radio commerçante se déverse dans les rues de Menton pour vanter la braderie. Ce que l’on trouve habituellement dans les communes qui périclitent. Sans transition, publicités pour le Casino Barrière et Big Bazar, même clientèle peut-être.
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Dans cette ville, la Police Municipale circule en gyropode.
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Sur la promenade devant le port, un arbre dont le tronc ventru m’évoque une bouteille d’Orangina.
1er octobre 2021
Même horaire et même trajet que la veille ce jeudi matin, mais cette fois je quitte le Train des Merveilles juste avant Breil, à Sospel dont la Gare est couleur saumon. A partir de celle-ci je descends une légère côte sur six cents mètres et arrive au cœur du bourg. C’est jour de marché. Je ne fais que le longer et suis tout de suite conquis par les bâtisses qui s’offrent à mes yeux, parmi lesquelles la Mairie.
Ici coule la Bévéra, affluent de la Roya. Le Pont Vieux l’enjambe. Je le prends pour rejoindre une ruelle parallèle à ce petit cours l’eau. Elle me mène à la chapelle des Pénitents Blancs, dite Sainte-Croix. Revenu sur mes pas, je demande à une autochtone où se cache la Cathédrale Saint-Michel. Pas loin, à gauche après la pharmacie. Cet édifice remarquable est jouxté de deux anciennes chapelles. Le parvis est constitué d’une mosaïque de galets. Certains sont descellés. Je prends garde. Ma balade me fait encore découvrir de charmantes rues et placettes avec maisons à arcades. Sospel est belle. Ce pourrait être un des Plus Beaux Villages de France, mais c’est mieux de ne pas se vendre de la sorte.
Quand me vient l’envie de boire un café et de lire le troisième tome du Journal des Goncourt, c’est au Bistrot du Marché. Sa particularité est d’être loin du marché. Une ouverture en forme de fenêtre permet au patron et à celle qui est peut-être sa petite-fille de surveiller la terrasse. La clientèle est locale, sauf un bicycliste de passage et moi-même. Mon café ne me coûte qu’un euro trente.
Après un nouveau circuit de hasard dans le bourg, je remonte la côte de la Gare et attends le train d’onze heures treize dans le jardin public voisin. Quand il arrive, six Gendarmes y montent, le parcourent et le quittent avant son départ.
Cette fois, je ne fais pas l’erreur de descendre à Pont Michel. Je vais jusqu’au terminus, Nice Ville, et prends le Tram Un en sens inverse, dans lequel je peux m’asseoir.
Je suis comme hier à midi et demie au Nomad. Le plat à dix euros, girasoli ricotta tomates et sa salade, me laisse perplexe. De gros raviolis, m’explique-t-on. C’est beaucoup moins bien qu’une entrecôte. Et comme j’ai fait le tour des desserts, ma tarte aux framboises n’est plus une découverte. Cela fait quand même dix-neuf euros tout rond.
Ici coule la Bévéra, affluent de la Roya. Le Pont Vieux l’enjambe. Je le prends pour rejoindre une ruelle parallèle à ce petit cours l’eau. Elle me mène à la chapelle des Pénitents Blancs, dite Sainte-Croix. Revenu sur mes pas, je demande à une autochtone où se cache la Cathédrale Saint-Michel. Pas loin, à gauche après la pharmacie. Cet édifice remarquable est jouxté de deux anciennes chapelles. Le parvis est constitué d’une mosaïque de galets. Certains sont descellés. Je prends garde. Ma balade me fait encore découvrir de charmantes rues et placettes avec maisons à arcades. Sospel est belle. Ce pourrait être un des Plus Beaux Villages de France, mais c’est mieux de ne pas se vendre de la sorte.
Quand me vient l’envie de boire un café et de lire le troisième tome du Journal des Goncourt, c’est au Bistrot du Marché. Sa particularité est d’être loin du marché. Une ouverture en forme de fenêtre permet au patron et à celle qui est peut-être sa petite-fille de surveiller la terrasse. La clientèle est locale, sauf un bicycliste de passage et moi-même. Mon café ne me coûte qu’un euro trente.
Après un nouveau circuit de hasard dans le bourg, je remonte la côte de la Gare et attends le train d’onze heures treize dans le jardin public voisin. Quand il arrive, six Gendarmes y montent, le parcourent et le quittent avant son départ.
Cette fois, je ne fais pas l’erreur de descendre à Pont Michel. Je vais jusqu’au terminus, Nice Ville, et prends le Tram Un en sens inverse, dans lequel je peux m’asseoir.
Je suis comme hier à midi et demie au Nomad. Le plat à dix euros, girasoli ricotta tomates et sa salade, me laisse perplexe. De gros raviolis, m’explique-t-on. C’est beaucoup moins bien qu’une entrecôte. Et comme j’ai fait le tour des desserts, ma tarte aux framboises n’est plus une découverte. Cela fait quand même dix-neuf euros tout rond.
30 septembre 2021
Ce mercredi vingt-neuf septembre, à sept heures moins le quart je quitte mon quatrième étage par l’ascenseur le plus étroit que je connaisse (il a été installé en rognant sur l’escalier, m’a dit mon logeur), contourne le Lycée Masséna, prends par le travers la Promenade du Paillon, arrive pour l’ouverture à la Boulangerie Saint-François, vais attendre le Tram Un à l’arrêt Cathédrale, l’emprunte jusqu’à Pont Michel (bonne fête à lui) et trouve l’escalier qui permet de rejoindre le quai de la halte ferroviaire. A sept heures trente-cinq apparaît le Train des Merveilles que je ne suis pas seul à prendre. M’y voici sans billet et sans crainte d’un contrôle, c’est gratuit.
Une nouvelle fois j’admire le paysage montagneux et redoute la panne au milieu d’un des tunnels de deux kilomètres. Ce train Zou a pour terminus Breil-sur-Roya que l’on atteint en une heure et quart.
Breil bénéficie d’une imposante Gare de couleur saumon avec, ce qui devient rare, un authentique Buffet de la Gare. Il est ouvert mais je n’en fais pas usage, préférant descendre immédiatement les sept cent cinquante mètres qui me séparent du centre du village. Sis au bord de la Roya, il a subi de sérieux dommages lors du passage d’Alex.
Ce mercredi, la Roya a une allure de paisible rivière. Elle passe sous un pont tout neuf, le précédent ayant été emporté par elle-même. On manque de recul pour bien voir la massive église Sancta-Maria-in-Albis. Son intérieur est rutilant. Elle dispose sur l’un de ses piliers d’une pendule, ce qui évite aux paroissien(ne)s d’avoir à regarder discrètement leur montre quand ils s’ennuient à la messe.
De là, je rejoins la ruelle principale où sont quelques tout petits commerces et des chats, puis reviens à l’église devant laquelle un chalet en bois brut a été installé par le Rotary pour remplacer le café détruit. Des tables et chaises sont disposées autour de cet édifice provisoire. Le café n’est qu’à un euro trente. La cliente est locale. Le cafetier chantonne, il a le cœur gai, pourtant il s’inquiète du fort orage annoncé pour dimanche : « On va pas nous faire ça tous les mois d’octobre ? »
Je lis là jusqu’au train que j’ai choisi pour mon retour, celui de onze heures une. Sur l’autre voie, un Trenitalia pour Fossano fait tourner son diesel à vide.
A l’arrêt Lycée de Drap, proche de Nice, monte la tribu branlotine. A considérer certain(e)s, je devine qu’il y a dans cet établissement des classes d’enseignement artistique. Je choisis de descendre à Pont Michel et le regrette quand je découvre la foule qui attend le tramouais. A l’intérieur de celui-ci, c’est comme sur la ligne Treize du métro parisien à l’heure de pointe, avec une population plus ou moins masquée.
Je revis en arrivant à l’arrêt Cathédrale. A cinquante mètres est le Nomad où je m’installe à ma table préférée. Il est midi et demie. Aujourd’hui, c’est rôti de veau pommes dauphine, quart de vin rouge et éclair au chocolat. Cela fait dix-neuf euros tout rond.
*
A Breil-sur-Roya, le Collège a pour nom L’Eau Vive. Un peu trop.
Une nouvelle fois j’admire le paysage montagneux et redoute la panne au milieu d’un des tunnels de deux kilomètres. Ce train Zou a pour terminus Breil-sur-Roya que l’on atteint en une heure et quart.
Breil bénéficie d’une imposante Gare de couleur saumon avec, ce qui devient rare, un authentique Buffet de la Gare. Il est ouvert mais je n’en fais pas usage, préférant descendre immédiatement les sept cent cinquante mètres qui me séparent du centre du village. Sis au bord de la Roya, il a subi de sérieux dommages lors du passage d’Alex.
Ce mercredi, la Roya a une allure de paisible rivière. Elle passe sous un pont tout neuf, le précédent ayant été emporté par elle-même. On manque de recul pour bien voir la massive église Sancta-Maria-in-Albis. Son intérieur est rutilant. Elle dispose sur l’un de ses piliers d’une pendule, ce qui évite aux paroissien(ne)s d’avoir à regarder discrètement leur montre quand ils s’ennuient à la messe.
De là, je rejoins la ruelle principale où sont quelques tout petits commerces et des chats, puis reviens à l’église devant laquelle un chalet en bois brut a été installé par le Rotary pour remplacer le café détruit. Des tables et chaises sont disposées autour de cet édifice provisoire. Le café n’est qu’à un euro trente. La cliente est locale. Le cafetier chantonne, il a le cœur gai, pourtant il s’inquiète du fort orage annoncé pour dimanche : « On va pas nous faire ça tous les mois d’octobre ? »
Je lis là jusqu’au train que j’ai choisi pour mon retour, celui de onze heures une. Sur l’autre voie, un Trenitalia pour Fossano fait tourner son diesel à vide.
A l’arrêt Lycée de Drap, proche de Nice, monte la tribu branlotine. A considérer certain(e)s, je devine qu’il y a dans cet établissement des classes d’enseignement artistique. Je choisis de descendre à Pont Michel et le regrette quand je découvre la foule qui attend le tramouais. A l’intérieur de celui-ci, c’est comme sur la ligne Treize du métro parisien à l’heure de pointe, avec une population plus ou moins masquée.
Je revis en arrivant à l’arrêt Cathédrale. A cinquante mètres est le Nomad où je m’installe à ma table préférée. Il est midi et demie. Aujourd’hui, c’est rôti de veau pommes dauphine, quart de vin rouge et éclair au chocolat. Cela fait dix-neuf euros tout rond.
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A Breil-sur-Roya, le Collège a pour nom L’Eau Vive. Un peu trop.
29 septembre 2021
Mon aller-retour Nice Tende m’a coûté quatorze euros et quelques centimes. Combien ai-je été dépité d’appendre par un voyageur que j’aurais pu me dispenser de cette dépense. Pour sa remise en circulation après Alex, le Train des Merveilles est gratuit jusqu’au trois octobre, m’a-t-il dit. Cette somme déboursée à tort sera une sorte de dédommagement pour la Senefece que j’ai parfois grugée dans le passé.
Le problème avec cette gratuité, c’est qu’elle ne peut être demandée que par inscription sur Internet et le passe obtenu doit être présenté sur smartphone ou imprimé, ce qui m’est impossible. Et la Gare de Nice est munie de portiques qui interdisent de monter dans le train sans être en règle. Reste la possibilité d’y grimper au premier arrêt, Nice Pont Michel, que l’on peut rejoindre avec le tramouais Numéro Un.
Une voyageuse évoquait quant à elle un passe qui permettrait de voyager à volonté pendant un mois. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Après m’être renseigné sur le Net, je me présente ce mardi matin à l’Espace Mobilité Zou face à la Gare et j’ai la chance d’être le seul. J’explique à l’employée mon désir d’un passe SudAzur sept zones, celui qui permet de circuler dans tout le département des Alpes-Maritimes et dans la Principauté de Monaco. Une photo est indispensable, me dit-elle. Par chance, elle peut scanner celle de ma carte Avantage Senior. Mon sésame est bientôt fabriqué. Pour quatre-vingts euros, à partir du premier octobre, je pourrai prendre tous les trains, les cars de toutes les compagnies, les bus et tramouais de toutes les villes, à condition de rester dans le Zéro Six ou à Monac.
En revenant vers le Vieux Nice par l’avenue Jean-Médecin, où se trouve une imposante basilique blanche façon gâteau à la crème, j’achète à une borne quatre tickets de tramouais à un euro cinquante qui me permettront de faire des allers-retours Vieille Ville Pont Michel demain et après-demain.
Et Zou !
Je récupère de cet effort avec un café lecture au Nomad, place Saint-François, puis vers onze heures, par la rue Droite, vais voir la Méditerranée. C’est l’été, tel que je ne l’ai pas connu cette année, ni en juin, ni en juillet, ni en août, ni en Bretagne, ni en Lorraine, ni en Normandie. Un m’as-tu-vu se fait tirer par un bateau, accroché à une sorte de parachute. De temps en temps passe une miss Baie des Anges à moitié nue.
Au coup de canon, je suis de retour au Nomad où j’apprécie l’absence de prétention et la gentillesse de la tenancière. Le plat à dix euros de ce mardi est une entrecôte gratin dauphinois que j’accompagne d’un quart de vin rouge. Cette viande m’est présentée bleue comme je l’aime et est bien tendre. En dessert, j’opte pour une tarte au citron meringuée. Cela fait dix-neuf euros tout rond.
Quant au café, c’est au Relax, au bout de ma rue, que je le bois, autre lieu sympathique principalement fréquenté par les locaux.
*
Pour ce qui est de laisser passer le piéton sur les passages non protégés par un feu tricolore, c’est une population à éduquer. Et pire que les automobilistes sont les bicyclistes.
Le problème avec cette gratuité, c’est qu’elle ne peut être demandée que par inscription sur Internet et le passe obtenu doit être présenté sur smartphone ou imprimé, ce qui m’est impossible. Et la Gare de Nice est munie de portiques qui interdisent de monter dans le train sans être en règle. Reste la possibilité d’y grimper au premier arrêt, Nice Pont Michel, que l’on peut rejoindre avec le tramouais Numéro Un.
Une voyageuse évoquait quant à elle un passe qui permettrait de voyager à volonté pendant un mois. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Après m’être renseigné sur le Net, je me présente ce mardi matin à l’Espace Mobilité Zou face à la Gare et j’ai la chance d’être le seul. J’explique à l’employée mon désir d’un passe SudAzur sept zones, celui qui permet de circuler dans tout le département des Alpes-Maritimes et dans la Principauté de Monaco. Une photo est indispensable, me dit-elle. Par chance, elle peut scanner celle de ma carte Avantage Senior. Mon sésame est bientôt fabriqué. Pour quatre-vingts euros, à partir du premier octobre, je pourrai prendre tous les trains, les cars de toutes les compagnies, les bus et tramouais de toutes les villes, à condition de rester dans le Zéro Six ou à Monac.
En revenant vers le Vieux Nice par l’avenue Jean-Médecin, où se trouve une imposante basilique blanche façon gâteau à la crème, j’achète à une borne quatre tickets de tramouais à un euro cinquante qui me permettront de faire des allers-retours Vieille Ville Pont Michel demain et après-demain.
Et Zou !
Je récupère de cet effort avec un café lecture au Nomad, place Saint-François, puis vers onze heures, par la rue Droite, vais voir la Méditerranée. C’est l’été, tel que je ne l’ai pas connu cette année, ni en juin, ni en juillet, ni en août, ni en Bretagne, ni en Lorraine, ni en Normandie. Un m’as-tu-vu se fait tirer par un bateau, accroché à une sorte de parachute. De temps en temps passe une miss Baie des Anges à moitié nue.
Au coup de canon, je suis de retour au Nomad où j’apprécie l’absence de prétention et la gentillesse de la tenancière. Le plat à dix euros de ce mardi est une entrecôte gratin dauphinois que j’accompagne d’un quart de vin rouge. Cette viande m’est présentée bleue comme je l’aime et est bien tendre. En dessert, j’opte pour une tarte au citron meringuée. Cela fait dix-neuf euros tout rond.
Quant au café, c’est au Relax, au bout de ma rue, que je le bois, autre lieu sympathique principalement fréquenté par les locaux.
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Pour ce qui est de laisser passer le piéton sur les passages non protégés par un feu tricolore, c’est une population à éduquer. Et pire que les automobilistes sont les bicyclistes.
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