Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
1er août 2022
En allant faire mes courses chez U Express, je vois à quoi ressemble le Napoléon équestre rentré à Rouen jeudi dernier après avoir été restauré pour près de trois cent mille euros. D’où je suis, sa nouvelle couleur le rend moins visible. Elle ne se détache pas de celle des feuilles des arbres. C’est déjà ça.
Napo a été reposé discrètement sur son socle en travaux. Il y avait pour l’accueillir des quidams de droite et d’extrême-droite. Certains criaient « Vive l’Empereur ». L’un d’eux agitait furieusement un drapeau normand. J’ai vu ça à la télé.
La municipalité de gauche voulait l’envoyer à Sainte-Hélène, c’est-à-dire sur l’île Lacroix, et mettre à sa place une statue de Gisèle Halimi. Une consultation populaire en a décidé autrement. Je ne m’en suis pas mêlé mais, comme je l’ai déjà écrit, je trouve intéressant que l’on continue à voir que la Ville de Rouen a autrefois trouvé bon d’ériger devant la Mairie pareille statue à la gloire d’un criminel de guerre.
Au moment de la votation populaire, l’un des branlotins qui pratiquent la planche à roulettes autour du socle déclarait à une journaliste qui l’interrogeait : « Moi tout me va, Napoléon, l’avocate ou le socle sans rien, c’est comme on veut ».
Il ne pouvait pas deviner que cette votation demanderait aussi qu’on le vire d’ici, lui et ses peutes.
*
Vu sortir de la Cathédrale de Rouen, un prêtre en soutane et canotier.
Napo a été reposé discrètement sur son socle en travaux. Il y avait pour l’accueillir des quidams de droite et d’extrême-droite. Certains criaient « Vive l’Empereur ». L’un d’eux agitait furieusement un drapeau normand. J’ai vu ça à la télé.
La municipalité de gauche voulait l’envoyer à Sainte-Hélène, c’est-à-dire sur l’île Lacroix, et mettre à sa place une statue de Gisèle Halimi. Une consultation populaire en a décidé autrement. Je ne m’en suis pas mêlé mais, comme je l’ai déjà écrit, je trouve intéressant que l’on continue à voir que la Ville de Rouen a autrefois trouvé bon d’ériger devant la Mairie pareille statue à la gloire d’un criminel de guerre.
Au moment de la votation populaire, l’un des branlotins qui pratiquent la planche à roulettes autour du socle déclarait à une journaliste qui l’interrogeait : « Moi tout me va, Napoléon, l’avocate ou le socle sans rien, c’est comme on veut ».
Il ne pouvait pas deviner que cette votation demanderait aussi qu’on le vire d’ici, lui et ses peutes.
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Vu sortir de la Cathédrale de Rouen, un prêtre en soutane et canotier.
29 juillet 2022
Mon occupation du jour, ce jeudi : débloquer.
Je commence par le plus simple, Le Bon Coin, dont je suis parfois client. Quel intérêt pour un site marchand d’empêcher certains d’acheter ou de vendre ? C’est une logique commerciale qui m’échappe. Et je me demande si ça ne pourrait pas faire l’objet d’une plainte pour discrimination.
Qu’un autre s’en charge, car des réfractaires au téléphone portatif, même si, au fil du temps leur nombre s'est réduit (je n’en connais plus), il en est encore. « Je n’ai pas de téléphone portable et je n’en aurai jamais », peste un client du Bon Coin sur un forum. « Dans ce cas, il faudra vous passer du Bon Coin », lui répond-on.
Je m’occupe ensuite d’Effe Bé, retrouvant des ami(e)s à qui, je le constate sans surprise, je n’ai guère manqué. Ce déblocage de réseau social me permet de retrouver Air Bibi, ce qui devient plus intéressant. Depuis quelques jours, j’ai en tête ma prochaine destination. Cela après avoir lu dans Le Figaro un article expliquant que cette ville, où je ne suis jamais allé, était plus intéressante qu’on le croit.
J’y trouve rapidement où me loger à moindre frais pendant plusieurs semaines. J’emporterai mon téléphone. D’ici là, il quittera rarement mon bureau et si l’on me demande mon numéro lors d’une réservation au restaurant ou ailleurs, je continuerai à dire que je n’en ai pas. Tout comme je prétends au laboratoire n’avoir pas d’adresse mail pour obtenir mes résultats de prise de sang sur papier.
*
Vingt ans sans téléphone mobile, ça en fait de l’argent économisé, utile pour aller en vadrouille.
*
La citation qui s’impose : La défaite rend moderne. (Jean Giono, Le Désastre de Pavie)
Je commence par le plus simple, Le Bon Coin, dont je suis parfois client. Quel intérêt pour un site marchand d’empêcher certains d’acheter ou de vendre ? C’est une logique commerciale qui m’échappe. Et je me demande si ça ne pourrait pas faire l’objet d’une plainte pour discrimination.
Qu’un autre s’en charge, car des réfractaires au téléphone portatif, même si, au fil du temps leur nombre s'est réduit (je n’en connais plus), il en est encore. « Je n’ai pas de téléphone portable et je n’en aurai jamais », peste un client du Bon Coin sur un forum. « Dans ce cas, il faudra vous passer du Bon Coin », lui répond-on.
Je m’occupe ensuite d’Effe Bé, retrouvant des ami(e)s à qui, je le constate sans surprise, je n’ai guère manqué. Ce déblocage de réseau social me permet de retrouver Air Bibi, ce qui devient plus intéressant. Depuis quelques jours, j’ai en tête ma prochaine destination. Cela après avoir lu dans Le Figaro un article expliquant que cette ville, où je ne suis jamais allé, était plus intéressante qu’on le croit.
J’y trouve rapidement où me loger à moindre frais pendant plusieurs semaines. J’emporterai mon téléphone. D’ici là, il quittera rarement mon bureau et si l’on me demande mon numéro lors d’une réservation au restaurant ou ailleurs, je continuerai à dire que je n’en ai pas. Tout comme je prétends au laboratoire n’avoir pas d’adresse mail pour obtenir mes résultats de prise de sang sur papier.
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Vingt ans sans téléphone mobile, ça en fait de l’argent économisé, utile pour aller en vadrouille.
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La citation qui s’impose : La défaite rend moderne. (Jean Giono, Le Désastre de Pavie)
28 juillet 2022
Depuis une dizaine de jours, Le Bon Coin s’est ajouté à la liste des sites où je ne peux plus me connecter faute d’avoir un téléphone portatif, et je sens que ça pourrait bientôt être le cas pour Rakuten et même pour mes fournisseurs d’adresses mail.
Cette absence de téléphone m’a déjà été préjudiciable lors de mon séjour à Brest, en m’empêchant de contacter Air Bibi via Effe Bé (heureusement la conciergerie qui gérait mes locations était dans le même bâtiment que mon second logement et j’ai pu dialoguer de visu avec son personnel).
A ce moment-là, seul l’ami d’Orléans a essayé de m’aider en me proposant de recevoir les messages avec code chiffré sur son téléphone et de me les envoyer immédiatement par mail. Je n’ai pas donné suite car d’une part cela me paraissait un peu acrobatique et d’autre part il aurait fallu que je le dérange à tout moment.
Je vais devoir capituler et me procurer un smartphone, lui ai-je alors écrit.
Je n’aurai pas de téléphone mobile sauf si un jour cela devient obligatoire, disais-je. Cet été, c’est devenu obligatoire.
Mercredi dernier, celle qui travaille à Paris a spontanément proposé de m’aider en me donnant son ancien téléphone et en faisant les démarches chez Free.
Ce mercredi, après des passages décevants dans deux des Book-Off et un repas habituel au Péhemmu chinois, je rejoins Le Rempart où j’ai rendez-vous avec elle à quatorze heures. Elle arrive tout juste d’un aller et retour de travail en matinée à Dijon.
A une table isolée, devant un café, elle me donne l'engin et toutes les explications nécessaires qu'elle me regarde mettre maladroitement en œuvre. Parfois elle s’impatiente mais s’efforce de ne pas le laisser trop paraître. Il y a trop à montrer sur ce genre d’appareil et je me sens noyé par ce qui lui semble des évidences. Que garderai-je de toutes ces informations ?
Je la remercie fort quand elle repart travailler et je range l’objet dans mon sac. Le trajet de retour à Rouen me semble bien long. Mon compagnon de voyage, Jean Guéhenno, m’ennuie.
« Je me sens fatigué et surtout déprimé. », lui écris-je par mail avec mon ordinateur sitôt rentré.
« Tu as créé et entretenu pendant des années une sorte de combat du « seul contre le reste du monde » via le rejet de cet objet (que ledit reste du monde possède mais qui ne reste qu’un simple outil). Combat d’avance perdu puisqu’il consiste à s’opposer symboliquement à la fois à tous tes congénères et à une époque (c’est-à-dire au temps lui-même).
Sans compter que ne pas avoir cet objet avait fini par devenir une caractéristique à part entière de ta personne, une façon simple et efficace de montrer sa différence.
Maintenant tu es devenu comme tout le monde, ce qui te parait très déplaisant.
En détenir un aujourd’hui ressemble donc forcément à une capitulation et c’est plutôt logique que ça te déprime », me répond-elle.
*
A l’aller, une annonce de la cheffe de bord pour expliquer que notre train va s’arrêter à Conflans-Sainte-Honorine pour se laisser dépasser par un train en retard.
*
Gare Saint-Lazare, sur le ticheurte d’un trentenaire : « Ce papa génial appartient à Noah et Noémie ».
*
A la sortie de la Gare de Rouen : un homme seul sur un tandem dont le second pédalier tourne dans le vide.
Cette absence de téléphone m’a déjà été préjudiciable lors de mon séjour à Brest, en m’empêchant de contacter Air Bibi via Effe Bé (heureusement la conciergerie qui gérait mes locations était dans le même bâtiment que mon second logement et j’ai pu dialoguer de visu avec son personnel).
A ce moment-là, seul l’ami d’Orléans a essayé de m’aider en me proposant de recevoir les messages avec code chiffré sur son téléphone et de me les envoyer immédiatement par mail. Je n’ai pas donné suite car d’une part cela me paraissait un peu acrobatique et d’autre part il aurait fallu que je le dérange à tout moment.
Je vais devoir capituler et me procurer un smartphone, lui ai-je alors écrit.
Je n’aurai pas de téléphone mobile sauf si un jour cela devient obligatoire, disais-je. Cet été, c’est devenu obligatoire.
Mercredi dernier, celle qui travaille à Paris a spontanément proposé de m’aider en me donnant son ancien téléphone et en faisant les démarches chez Free.
Ce mercredi, après des passages décevants dans deux des Book-Off et un repas habituel au Péhemmu chinois, je rejoins Le Rempart où j’ai rendez-vous avec elle à quatorze heures. Elle arrive tout juste d’un aller et retour de travail en matinée à Dijon.
A une table isolée, devant un café, elle me donne l'engin et toutes les explications nécessaires qu'elle me regarde mettre maladroitement en œuvre. Parfois elle s’impatiente mais s’efforce de ne pas le laisser trop paraître. Il y a trop à montrer sur ce genre d’appareil et je me sens noyé par ce qui lui semble des évidences. Que garderai-je de toutes ces informations ?
Je la remercie fort quand elle repart travailler et je range l’objet dans mon sac. Le trajet de retour à Rouen me semble bien long. Mon compagnon de voyage, Jean Guéhenno, m’ennuie.
« Je me sens fatigué et surtout déprimé. », lui écris-je par mail avec mon ordinateur sitôt rentré.
« Tu as créé et entretenu pendant des années une sorte de combat du « seul contre le reste du monde » via le rejet de cet objet (que ledit reste du monde possède mais qui ne reste qu’un simple outil). Combat d’avance perdu puisqu’il consiste à s’opposer symboliquement à la fois à tous tes congénères et à une époque (c’est-à-dire au temps lui-même).
Sans compter que ne pas avoir cet objet avait fini par devenir une caractéristique à part entière de ta personne, une façon simple et efficace de montrer sa différence.
Maintenant tu es devenu comme tout le monde, ce qui te parait très déplaisant.
En détenir un aujourd’hui ressemble donc forcément à une capitulation et c’est plutôt logique que ça te déprime », me répond-elle.
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A l’aller, une annonce de la cheffe de bord pour expliquer que notre train va s’arrêter à Conflans-Sainte-Honorine pour se laisser dépasser par un train en retard.
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Gare Saint-Lazare, sur le ticheurte d’un trentenaire : « Ce papa génial appartient à Noah et Noémie ».
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A la sortie de la Gare de Rouen : un homme seul sur un tandem dont le second pédalier tourne dans le vide.
25 juillet 2022
A la terrasse du Sacre, un néo barbu qui s’était rasé, peut-être effrayé par la redécouverte de son menton en galoche, a laissé le poil repousser.
A la terrasse du Son du Cor, des quadragénaires qui se retrouvent font une constatation : « On a tous la maladie du boulanger : la brioche qui grossit, la baguette qui rétrécit. »
Je passe de l’une à l’autre et y enchaîne les lectures, ce qui est la meilleure façon de ne rien faire, car comme le déclarait Edwige d’Antwerpen Il y a mieux à faire qu’à faire quelque chose.
« J’ai trouvé ça décevant », m’avait dit mercredi dernier celle qui m’a offert Le jeune homme d’Annie Ernaux. Il ne me faut qu’un quart d’heure pour l’achever et partager son point de vue. Dans la narration expéditive de cet épisode rouennais de la vie amoureuse de l’écrivaine, je trouve même des maladresses d’écriture.
Me déçoit aussi Juste avant d’éteindre, le roman d’Hélios Azoulay. S’agissant de la Shoah, je préfèrerai toujours un témoignage vécu à une évocation romancée (surtout si elle est largement postérieure aux faits). Il ne me faut qu’un quart d’heure pour l’abandonner.
Le livre qui me fera plus d’un quart d’heure est Je savais lire le ciel dans lequel Timothy O’Grady raconte, accompagné par des photos en noir et blanc de Steve Pyke, la jeunesse irlandaise obligée à l’exil par la misère. J’y trouve cette phrase qui me rappelle mon enfance : A la maison, on avait toujours l’impression que tout le monde savait toujours où était tout le monde.
*
Dans Le jeune homme d’Annie Ernaux :
Certains [épisodes] avaient été écrits déjà, telle l’escapade à Venise, où j’étais allée pour la première fois avec un homme en 1963, où j’y avais retrouvé en 1990 un jeune Italien. (syntaxe boiteuse)
Je n’étais pas non plus la Léa de Chéri, le roman de Colette, que j’avais relu. (on le sait que Chéri est un roman de Colette)
A la terrasse du Son du Cor, des quadragénaires qui se retrouvent font une constatation : « On a tous la maladie du boulanger : la brioche qui grossit, la baguette qui rétrécit. »
Je passe de l’une à l’autre et y enchaîne les lectures, ce qui est la meilleure façon de ne rien faire, car comme le déclarait Edwige d’Antwerpen Il y a mieux à faire qu’à faire quelque chose.
« J’ai trouvé ça décevant », m’avait dit mercredi dernier celle qui m’a offert Le jeune homme d’Annie Ernaux. Il ne me faut qu’un quart d’heure pour l’achever et partager son point de vue. Dans la narration expéditive de cet épisode rouennais de la vie amoureuse de l’écrivaine, je trouve même des maladresses d’écriture.
Me déçoit aussi Juste avant d’éteindre, le roman d’Hélios Azoulay. S’agissant de la Shoah, je préfèrerai toujours un témoignage vécu à une évocation romancée (surtout si elle est largement postérieure aux faits). Il ne me faut qu’un quart d’heure pour l’abandonner.
Le livre qui me fera plus d’un quart d’heure est Je savais lire le ciel dans lequel Timothy O’Grady raconte, accompagné par des photos en noir et blanc de Steve Pyke, la jeunesse irlandaise obligée à l’exil par la misère. J’y trouve cette phrase qui me rappelle mon enfance : A la maison, on avait toujours l’impression que tout le monde savait toujours où était tout le monde.
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Dans Le jeune homme d’Annie Ernaux :
Certains [épisodes] avaient été écrits déjà, telle l’escapade à Venise, où j’étais allée pour la première fois avec un homme en 1963, où j’y avais retrouvé en 1990 un jeune Italien. (syntaxe boiteuse)
Je n’étais pas non plus la Léa de Chéri, le roman de Colette, que j’avais relu. (on le sait que Chéri est un roman de Colette)
22 juillet 2022
C’est sous le parapluie que je rejoins la Gare ce mercredi matin pour un Rouen Paris en deux heures sept si tout se passe bien, mais tout ne se passe pas bien, à peine partis nous sommes arrêtés à Oissel car un train précédent est en panne à Vernon.
En conséquence (comme on dit à la Senecefe), j’ai davantage de temps pour lire Journal des années noires 1940 1944 de Jean Guéhenno. Le relire précisément, car je me souviens l’avoir emprunté à la Bibliothèque Municipale de Louviers quand j’étais lycéen. C’est avec trente minutes de retard que se profile Saint-Lazare.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, j’explore les rayonnages à un euro avec moins de réussite que la semaine précédente. J’en sors quand même avec trois livres : Portrait d’une femme romanesque Jean Voilier de Célia Bertin (Editions de Fallois), Je savais lire le ciel de Timothy O’Grady et Steve Pyke (Actes Sud) et Petit catéchisme à l’usage de la classe inférieure d’August Strindberg (Babel).
Je me rapproche alors de la Bastille sous de grosses gouttes de pluie. Après un café au comptoir du Rempart, je me poste près de la statue de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Cela fait trop longtemps que je n’ai vu celle qui travaille dans le coin, en cause mon équipée brestoise. Elle me rejoint à douze heures trente.
Rue des Tournelles, nous entrons au Rusti pour un déjeuner italien qui s’avère fort bon. Dans notre conversation, il est d’abord question de sa courte escapade à Binic et des soucis qui sont les siens (malheureusement, elle n’en manque pas), puis je lui parle de ce qui me soûle depuis un mois et elle me propose une solution qui me va tout à fait et qui devrait se concrétiser mercredi prochain. Notre moment de retrouvailles se conclut par un échange non organisé de livres, d’elle à moi Le jeune homme d’Annie Ernaux et de moi à elle Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot, des choix qui ne manquent pas de piquant.
Elle repartie au travail, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre. Je crains un long moment d’en sortir bredouille, jusqu’à ce que je déniche parmi les romans à un euro le dernier écrit par Hélios Azoulay, Juste avant d’éteindre, publié aux Editions du Rocher.
Le train Nomad du retour se traîne, mais comme prévu. Il ne met donc que deux heures seize pour me ramener à Rouen.
*
Chez Book-Off et au Rempart, des familles à cinq enfants, tous vêtus en petit catho. Les mères ont la coupe de cheveux de celle qui a des amis chez ces gens-là, Caroline Cayeux, Ministre, Droitiste.
*
Trains normands : toute accélération est la promesse d’un prochain ralentissement.
En conséquence (comme on dit à la Senecefe), j’ai davantage de temps pour lire Journal des années noires 1940 1944 de Jean Guéhenno. Le relire précisément, car je me souviens l’avoir emprunté à la Bibliothèque Municipale de Louviers quand j’étais lycéen. C’est avec trente minutes de retard que se profile Saint-Lazare.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, j’explore les rayonnages à un euro avec moins de réussite que la semaine précédente. J’en sors quand même avec trois livres : Portrait d’une femme romanesque Jean Voilier de Célia Bertin (Editions de Fallois), Je savais lire le ciel de Timothy O’Grady et Steve Pyke (Actes Sud) et Petit catéchisme à l’usage de la classe inférieure d’August Strindberg (Babel).
Je me rapproche alors de la Bastille sous de grosses gouttes de pluie. Après un café au comptoir du Rempart, je me poste près de la statue de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Cela fait trop longtemps que je n’ai vu celle qui travaille dans le coin, en cause mon équipée brestoise. Elle me rejoint à douze heures trente.
Rue des Tournelles, nous entrons au Rusti pour un déjeuner italien qui s’avère fort bon. Dans notre conversation, il est d’abord question de sa courte escapade à Binic et des soucis qui sont les siens (malheureusement, elle n’en manque pas), puis je lui parle de ce qui me soûle depuis un mois et elle me propose une solution qui me va tout à fait et qui devrait se concrétiser mercredi prochain. Notre moment de retrouvailles se conclut par un échange non organisé de livres, d’elle à moi Le jeune homme d’Annie Ernaux et de moi à elle Carnets d’un vieil amoureux de Marcel Mathiot, des choix qui ne manquent pas de piquant.
Elle repartie au travail, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre. Je crains un long moment d’en sortir bredouille, jusqu’à ce que je déniche parmi les romans à un euro le dernier écrit par Hélios Azoulay, Juste avant d’éteindre, publié aux Editions du Rocher.
Le train Nomad du retour se traîne, mais comme prévu. Il ne met donc que deux heures seize pour me ramener à Rouen.
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Chez Book-Off et au Rempart, des familles à cinq enfants, tous vêtus en petit catho. Les mères ont la coupe de cheveux de celle qui a des amis chez ces gens-là, Caroline Cayeux, Ministre, Droitiste.
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Trains normands : toute accélération est la promesse d’un prochain ralentissement.
21 juillet 2022
Ce mardi, pour lequel sont prévus quarante et un degrés à Rouen, premier jour de la semaine, qui est celui de la femme du patron, laquelle ne m’aime pas, j’arrive à mon habitude au Son du Cor avec cinq minutes d’avance sur l’heure d’ouverture.
Souvent elle place à l’entrée de la terrasse un grand panneau « Ouverture à 12h ». Cette fois, c’est sa fille, étudiante à Paris, qui sort pour me dire que ça ouvre à midi. « Je sais, lui réponds-je, j’ai l’habitude » et je m’installe à l’une des tables hautes, faute de table basse à l’ombre. Un couple fait de même.
Quand midi a sonné et que la femme de patron nous sert, le couple a droit à deux grands verres d’eau pour accompagner sa commande et moi à un petit. Les consommateurs suivants en ont également un grand. Je ne demande pas d’explication, pourtant s’il en est un qui devrait avoir beaucoup d’eau, c’est moi. On ne cesse de dire qu’il faut hydrater les vieux.
Son mari, la mère de celui-ci (ancienne patronne) et les trois serveurs, quand j’arrive en avance les autres jours, n’en font pas un fromage. Je me demande si elle n’a pas été fonctionnaire dans une vie précédente.
*
Dani, soixante-dix-sept ans, qui meurt à Tours suite à un malaise (victime de la canicule ?), encore un petit bout de mon adolescence qui disparaît.
Naïve / Craintive / Captive
Comme tu les aimes
Aimante / Démente / Savante
Comme tu les aimes
Je veux être toutes celles que tu as connues, chantait-elle en mars mil neuf cent soixante-huit.
Beaucoup de drogue dans sa vie, un retour de boomerang avec Etienne Daho et une fidélité certaine au Centrisme, Dani fut présente aux métingues de Giscard (d’Estaing) en mil neuf cent soixante-quatorze et de Macron en deux mille dix-sept.
*
Songez que nous autres jeunes filles, nous sommes des maisons à vendre sans permission de louer en attendant l’acquéreur. Tout ce qui nous est accordé, c’est de faire visiter, et encore pas à tous les étages. (Marie de Régnier, fille de José-Maria de Heredia, épouse d’Henri de Régnier, amante de Pierre Louÿs, dans une esquisse de roman épistolaire en mil neuf cent un.)
Souvent elle place à l’entrée de la terrasse un grand panneau « Ouverture à 12h ». Cette fois, c’est sa fille, étudiante à Paris, qui sort pour me dire que ça ouvre à midi. « Je sais, lui réponds-je, j’ai l’habitude » et je m’installe à l’une des tables hautes, faute de table basse à l’ombre. Un couple fait de même.
Quand midi a sonné et que la femme de patron nous sert, le couple a droit à deux grands verres d’eau pour accompagner sa commande et moi à un petit. Les consommateurs suivants en ont également un grand. Je ne demande pas d’explication, pourtant s’il en est un qui devrait avoir beaucoup d’eau, c’est moi. On ne cesse de dire qu’il faut hydrater les vieux.
Son mari, la mère de celui-ci (ancienne patronne) et les trois serveurs, quand j’arrive en avance les autres jours, n’en font pas un fromage. Je me demande si elle n’a pas été fonctionnaire dans une vie précédente.
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Dani, soixante-dix-sept ans, qui meurt à Tours suite à un malaise (victime de la canicule ?), encore un petit bout de mon adolescence qui disparaît.
Naïve / Craintive / Captive
Comme tu les aimes
Aimante / Démente / Savante
Comme tu les aimes
Je veux être toutes celles que tu as connues, chantait-elle en mars mil neuf cent soixante-huit.
Beaucoup de drogue dans sa vie, un retour de boomerang avec Etienne Daho et une fidélité certaine au Centrisme, Dani fut présente aux métingues de Giscard (d’Estaing) en mil neuf cent soixante-quatorze et de Macron en deux mille dix-sept.
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Songez que nous autres jeunes filles, nous sommes des maisons à vendre sans permission de louer en attendant l’acquéreur. Tout ce qui nous est accordé, c’est de faire visiter, et encore pas à tous les étages. (Marie de Régnier, fille de José-Maria de Heredia, épouse d’Henri de Régnier, amante de Pierre Louÿs, dans une esquisse de roman épistolaire en mil neuf cent un.)
19 juillet 2022
Il va faire quarante degrés dans une bonne partie de la France ce lundi. « Même à Brest ! », précise Le Parisien. Cela fait plus d’une semaine que nous sommes soumis aux conséquences de l’industrialisation massive et de la croissance économique.
A Rouen, ce jour et le suivant marquent le pic de cette chaleur punitive dont tout le monde se plaint dans les rues, sans évoquer ses causes.
Dans la Gironde c’est pire, en raison des feux qui ravagent la forêt des Landes. Là, la punition est sévère.
Nos gouvernants et leurs opposants, à leur habitude, blablablatent.
Affrontant cette chaleur étouffante, je rejoins Le Flo’s et sa terrasse latérale. J’y termine la lecture du journal de Tatiana Roy, femme de Jules, intitulé par antiphrase Bonheurs quotidiens. Ce journal s’est révélé plus intéressant que ce à quoi je m’attendais. C’est un témoignage édifiant sur le malheur d’avoir pour mari un écrivain.
*
Eugenio Barsanti, Felice Matteucci. Étienne Lenoir, Beau de Rochas, Nikolaus Otto, Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach, ce sont eux qui ont inventé, développé, perfectionné le moteur à combustion et à explosion qui devait faire le bonheur du monde et a fait son malheur, des criminels contre l’humanité involontaires.
*
Dans une boîte à livres un livre de Philippe Sollers Passion fixe. Je l’ouvre au hasard : Un soir, on est allés voir un film sur la collaboration en France pendant la guerre. Ben oui, la collaboration, c’était pendant la guerre.
A Rouen, ce jour et le suivant marquent le pic de cette chaleur punitive dont tout le monde se plaint dans les rues, sans évoquer ses causes.
Dans la Gironde c’est pire, en raison des feux qui ravagent la forêt des Landes. Là, la punition est sévère.
Nos gouvernants et leurs opposants, à leur habitude, blablablatent.
Affrontant cette chaleur étouffante, je rejoins Le Flo’s et sa terrasse latérale. J’y termine la lecture du journal de Tatiana Roy, femme de Jules, intitulé par antiphrase Bonheurs quotidiens. Ce journal s’est révélé plus intéressant que ce à quoi je m’attendais. C’est un témoignage édifiant sur le malheur d’avoir pour mari un écrivain.
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Eugenio Barsanti, Felice Matteucci. Étienne Lenoir, Beau de Rochas, Nikolaus Otto, Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach, ce sont eux qui ont inventé, développé, perfectionné le moteur à combustion et à explosion qui devait faire le bonheur du monde et a fait son malheur, des criminels contre l’humanité involontaires.
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Dans une boîte à livres un livre de Philippe Sollers Passion fixe. Je l’ouvre au hasard : Un soir, on est allés voir un film sur la collaboration en France pendant la guerre. Ben oui, la collaboration, c’était pendant la guerre.
18 juillet 2022
Inhabituel ce vide grenier de mi-juillet organisé place de la Pucelle et alentour. Quand j’arrive, ce dimanche un peu après sept heures, j’y trouve moins d’exposants qu’annoncé. D’autres vont peut-être arriver. Dans cet espoir, des voitures partent à la fourrière.
Qui vend ici ? Pas uniquement des pauvres venus d’ailleurs. Des élégantes proposent leur garde-robe. Deux jeunes femmes ont quelques livres de poche. Pour un euro, je deviens propriétaire d’un ouvrage que j’ai déjà eu : Journal d’Alice James (Editions des Femmes). Mon précédent exemplaire était en mauvais état. Est-ce pour cela que je ne l’ai pas lu et revendu ?
Une heure plus tard, je découvre d’autres livres à bas prix au marché du Clos Saint-Marc chez un marchand ayant acheté un important lot d’invendus. Celui-ci côtoie de la quincaillerie de même origine et pas plus chère.
Une partie de ces livres relève du régionalisme normand. L’autre provient de la réédition numérique de thèses à sujets pointus. Qui dans la clientèle du marché dominical rouennais sera intéressé par Marranisme et hébraïsme dans l’œuvre de Proust de Juliette Hassine qu’édita une première fois la Librairie Minard de Fleury-sur-Orne en mil neuf cent quatre-vingt-quatorze ? Un intrus attire mon attention et devient mien pour un euro : Un plaisir maudit (Enjeux de la masturbation) de Bertrand Ferrier (La Musardine).
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A chacun ses repères : « Pas le pont de la prison, celui d’après » (un qui a la tête à ça, au téléphone)
Qui vend ici ? Pas uniquement des pauvres venus d’ailleurs. Des élégantes proposent leur garde-robe. Deux jeunes femmes ont quelques livres de poche. Pour un euro, je deviens propriétaire d’un ouvrage que j’ai déjà eu : Journal d’Alice James (Editions des Femmes). Mon précédent exemplaire était en mauvais état. Est-ce pour cela que je ne l’ai pas lu et revendu ?
Une heure plus tard, je découvre d’autres livres à bas prix au marché du Clos Saint-Marc chez un marchand ayant acheté un important lot d’invendus. Celui-ci côtoie de la quincaillerie de même origine et pas plus chère.
Une partie de ces livres relève du régionalisme normand. L’autre provient de la réédition numérique de thèses à sujets pointus. Qui dans la clientèle du marché dominical rouennais sera intéressé par Marranisme et hébraïsme dans l’œuvre de Proust de Juliette Hassine qu’édita une première fois la Librairie Minard de Fleury-sur-Orne en mil neuf cent quatre-vingt-quatorze ? Un intrus attire mon attention et devient mien pour un euro : Un plaisir maudit (Enjeux de la masturbation) de Bertrand Ferrier (La Musardine).
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A chacun ses repères : « Pas le pont de la prison, celui d’après » (un qui a la tête à ça, au téléphone)
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