Depuis une dizaine de jours, Le Bon Coin s’est ajouté à la liste des sites où je ne peux plus me connecter faute d’avoir un téléphone portatif, et je sens que ça pourrait bientôt être le cas pour Rakuten et même pour mes fournisseurs d’adresses mail.
Cette absence de téléphone m’a déjà été préjudiciable lors de mon séjour à Brest, en m’empêchant de contacter Air Bibi via Effe Bé (heureusement la conciergerie qui gérait mes locations était dans le même bâtiment que mon second logement et j’ai pu dialoguer de visu avec son personnel).
A ce moment-là, seul l’ami d’Orléans a essayé de m’aider en me proposant de recevoir les messages avec code chiffré sur son téléphone et de me les envoyer immédiatement par mail. Je n’ai pas donné suite car d’une part cela me paraissait un peu acrobatique et d’autre part il aurait fallu que je le dérange à tout moment.
Je vais devoir capituler et me procurer un smartphone, lui ai-je alors écrit.
Je n’aurai pas de téléphone mobile sauf si un jour cela devient obligatoire, disais-je. Cet été, c’est devenu obligatoire.
Mercredi dernier, celle qui travaille à Paris a spontanément proposé de m’aider en me donnant son ancien téléphone et en faisant les démarches chez Free.
Ce mercredi, après des passages décevants dans deux des Book-Off et un repas habituel au Péhemmu chinois, je rejoins Le Rempart où j’ai rendez-vous avec elle à quatorze heures. Elle arrive tout juste d’un aller et retour de travail en matinée à Dijon.
A une table isolée, devant un café, elle me donne l'engin et toutes les explications nécessaires qu'elle me regarde mettre maladroitement en œuvre. Parfois elle s’impatiente mais s’efforce de ne pas le laisser trop paraître. Il y a trop à montrer sur ce genre d’appareil et je me sens noyé par ce qui lui semble des évidences. Que garderai-je de toutes ces informations ?
Je la remercie fort quand elle repart travailler et je range l’objet dans mon sac. Le trajet de retour à Rouen me semble bien long. Mon compagnon de voyage, Jean Guéhenno, m’ennuie.
« Je me sens fatigué et surtout déprimé. », lui écris-je par mail avec mon ordinateur sitôt rentré.
« Tu as créé et entretenu pendant des années une sorte de combat du « seul contre le reste du monde » via le rejet de cet objet (que ledit reste du monde possède mais qui ne reste qu’un simple outil). Combat d’avance perdu puisqu’il consiste à s’opposer symboliquement à la fois à tous tes congénères et à une époque (c’est-à-dire au temps lui-même).
Sans compter que ne pas avoir cet objet avait fini par devenir une caractéristique à part entière de ta personne, une façon simple et efficace de montrer sa différence.
Maintenant tu es devenu comme tout le monde, ce qui te parait très déplaisant.
En détenir un aujourd’hui ressemble donc forcément à une capitulation et c’est plutôt logique que ça te déprime », me répond-elle.
*
A l’aller, une annonce de la cheffe de bord pour expliquer que notre train va s’arrêter à Conflans-Sainte-Honorine pour se laisser dépasser par un train en retard.
*
Gare Saint-Lazare, sur le ticheurte d’un trentenaire : « Ce papa génial appartient à Noah et Noémie ».
*
A la sortie de la Gare de Rouen : un homme seul sur un tandem dont le second pédalier tourne dans le vide.
Cette absence de téléphone m’a déjà été préjudiciable lors de mon séjour à Brest, en m’empêchant de contacter Air Bibi via Effe Bé (heureusement la conciergerie qui gérait mes locations était dans le même bâtiment que mon second logement et j’ai pu dialoguer de visu avec son personnel).
A ce moment-là, seul l’ami d’Orléans a essayé de m’aider en me proposant de recevoir les messages avec code chiffré sur son téléphone et de me les envoyer immédiatement par mail. Je n’ai pas donné suite car d’une part cela me paraissait un peu acrobatique et d’autre part il aurait fallu que je le dérange à tout moment.
Je vais devoir capituler et me procurer un smartphone, lui ai-je alors écrit.
Je n’aurai pas de téléphone mobile sauf si un jour cela devient obligatoire, disais-je. Cet été, c’est devenu obligatoire.
Mercredi dernier, celle qui travaille à Paris a spontanément proposé de m’aider en me donnant son ancien téléphone et en faisant les démarches chez Free.
Ce mercredi, après des passages décevants dans deux des Book-Off et un repas habituel au Péhemmu chinois, je rejoins Le Rempart où j’ai rendez-vous avec elle à quatorze heures. Elle arrive tout juste d’un aller et retour de travail en matinée à Dijon.
A une table isolée, devant un café, elle me donne l'engin et toutes les explications nécessaires qu'elle me regarde mettre maladroitement en œuvre. Parfois elle s’impatiente mais s’efforce de ne pas le laisser trop paraître. Il y a trop à montrer sur ce genre d’appareil et je me sens noyé par ce qui lui semble des évidences. Que garderai-je de toutes ces informations ?
Je la remercie fort quand elle repart travailler et je range l’objet dans mon sac. Le trajet de retour à Rouen me semble bien long. Mon compagnon de voyage, Jean Guéhenno, m’ennuie.
« Je me sens fatigué et surtout déprimé. », lui écris-je par mail avec mon ordinateur sitôt rentré.
« Tu as créé et entretenu pendant des années une sorte de combat du « seul contre le reste du monde » via le rejet de cet objet (que ledit reste du monde possède mais qui ne reste qu’un simple outil). Combat d’avance perdu puisqu’il consiste à s’opposer symboliquement à la fois à tous tes congénères et à une époque (c’est-à-dire au temps lui-même).
Sans compter que ne pas avoir cet objet avait fini par devenir une caractéristique à part entière de ta personne, une façon simple et efficace de montrer sa différence.
Maintenant tu es devenu comme tout le monde, ce qui te parait très déplaisant.
En détenir un aujourd’hui ressemble donc forcément à une capitulation et c’est plutôt logique que ça te déprime », me répond-elle.
*
A l’aller, une annonce de la cheffe de bord pour expliquer que notre train va s’arrêter à Conflans-Sainte-Honorine pour se laisser dépasser par un train en retard.
*
Gare Saint-Lazare, sur le ticheurte d’un trentenaire : « Ce papa génial appartient à Noah et Noémie ».
*
A la sortie de la Gare de Rouen : un homme seul sur un tandem dont le second pédalier tourne dans le vide.