Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
2 septembre 2022
Pas de meilleure date pour repartir en vacances que celle de la rentrée des classes. Ce jeudi premier septembre, je trouve place avec ma valise dans la voiture Cinq du sept heures vingt-quatre pour Paris.
Comme toujours, craignant l’incident, j’ai prévu une marge avant le départ de mon Tégévé et j’ai donc un bon moment pour prendre un café verre d’eau (deux euros quarante) au Paris Lyon qui dispose d’une agréable terrasse en face de la Gare où m’a mené un métro Quatorze pas trop chargé.
Je suis dans la voiture Huit du Tégévé d’onze heures six dont le terminus est Nice Ville et qui est direct jusqu’à Marseille. J’ai la chance de ne pas avoir de voisin(e). De l’autre côté de l’allée, ce sont deux jeunes Allemandes qui bientôt s’endorment. Le train file dans un couloir rhodanien complétement desséché.
A quinze heures douze, comme prévu, je descends à Toulon. Grâce à l’itinéraire détaillé que m’a fourni mon logeur Airbibi, je ne mets qu’un quart d’heure à parvenir près des Halles. Nous avons rendez-vous devant la porte de l’immeuble où je vais vivre provisoirement, au quatrième étage. Il doit être là à quinze heures trente mais a un peu de retard. Le boucher halal d’à côté qui le connaît lui téléphone et il surgit de l’immeuble, me soulage de ma valise et je le suis dans l’escalier.
Me voici dans un petit appartement donnant sur des toits de tuiles arrondies, dont celui de la Cathédrale Sainte-Marie de la Seds. Il fait chaud et je ressors vite, désireux de découvrir le port où stationne un énorme et affreux bateau de croisière.
En remontant le cours Lafayette, je fais quelques courses chez U puis, rentré, je veux me connecter à la ouifi mais la box attendue n’apparaît pas dans la liste. Retour chez l’aimable boucher halal qui rappelle mon logeur. Celui-ci vient la rétablir dans l’appartement d’en face.
La fenêtre ouverte va s’imposer cette nuit. J’espère qu’ici on ignore les moustiques.
*
Ces hommes quinquagénaires dont l’épouse est la mère. Dans le Tégévé, l’un demande à la sienne si elle a ses journaux « Non tu m’as dit de ne pas y toucher mais je t’ai pris un livre », un autre commence le repas par le fromage « Attends je t’ai fait des sandwiches avant. »
Comme toujours, craignant l’incident, j’ai prévu une marge avant le départ de mon Tégévé et j’ai donc un bon moment pour prendre un café verre d’eau (deux euros quarante) au Paris Lyon qui dispose d’une agréable terrasse en face de la Gare où m’a mené un métro Quatorze pas trop chargé.
Je suis dans la voiture Huit du Tégévé d’onze heures six dont le terminus est Nice Ville et qui est direct jusqu’à Marseille. J’ai la chance de ne pas avoir de voisin(e). De l’autre côté de l’allée, ce sont deux jeunes Allemandes qui bientôt s’endorment. Le train file dans un couloir rhodanien complétement desséché.
A quinze heures douze, comme prévu, je descends à Toulon. Grâce à l’itinéraire détaillé que m’a fourni mon logeur Airbibi, je ne mets qu’un quart d’heure à parvenir près des Halles. Nous avons rendez-vous devant la porte de l’immeuble où je vais vivre provisoirement, au quatrième étage. Il doit être là à quinze heures trente mais a un peu de retard. Le boucher halal d’à côté qui le connaît lui téléphone et il surgit de l’immeuble, me soulage de ma valise et je le suis dans l’escalier.
Me voici dans un petit appartement donnant sur des toits de tuiles arrondies, dont celui de la Cathédrale Sainte-Marie de la Seds. Il fait chaud et je ressors vite, désireux de découvrir le port où stationne un énorme et affreux bateau de croisière.
En remontant le cours Lafayette, je fais quelques courses chez U puis, rentré, je veux me connecter à la ouifi mais la box attendue n’apparaît pas dans la liste. Retour chez l’aimable boucher halal qui rappelle mon logeur. Celui-ci vient la rétablir dans l’appartement d’en face.
La fenêtre ouverte va s’imposer cette nuit. J’espère qu’ici on ignore les moustiques.
*
Ces hommes quinquagénaires dont l’épouse est la mère. Dans le Tégévé, l’un demande à la sienne si elle a ses journaux « Non tu m’as dit de ne pas y toucher mais je t’ai pris un livre », un autre commence le repas par le fromage « Attends je t’ai fait des sandwiches avant. »
1er septembre 2022
Longtemps que mon téléphone portatif ne m’avait pas créé des soucis. Ce mardi matin après que j’ai rentré le même code que d’habitude, ne voilà-t-il pas qu’il m’affiche « Carte Sim verrouillée ». Pour être bloqué, il l’est bien.
A dix heures je retrouve l’aimable jeune homme de chez Actimag, rue de la Rép. Cette fois il ne peut rien faire pour moi, m’apprend-il, je dois aller chez mon opérateur.
Cet opérateur est Free qui a boutique rue de la Jeanne. Lors de sa création elle générait sur le trottoir une queue particulièrement obscène. Jamais je n’aurais pensé devoir y aller un jour.
Il est dix heures quinze quand un vigile costaud m’ouvre la porte. Un père et sa fille sont en train d’être renseignés pour un abonnement par la seule employée présente. Deux personnes attendent avant moi.
-Il n’y pas d’autre personnel ? demandé-je au colosse.
-Pas le matin
-Et l’après-midi, ils sont combien ?
-Deux.
Je décide de rester et je fais bien car le premier à attendre se décourage et s’en va. Le suivant fait de même quelques minutes plus tard. Me voici en première position dans la file. Au moins cinq sont bientôt derrière moi.
Quand père et fille ont fait affaire, la jeune femme me demande ce qui m’amène. « Vous avez dû changer le code Pin », me dit-elle. Je ne vois pas comment. Elle m’explique que mon téléphone a dû s’éteindre faute de batterie et que j’ai entré mes habituels quatre chiffres alors qu’on me demandait autre chose.
« Je vais arranger ça », me dit-elle. « Et si vous voulez, je peux ne laisser que votre code d’identification, comme ça vous ne risquerez plus de vous tromper. » J’en suis d’accord.
Elle fait ce qu’il faut faire puis me rend l’objet.
-Je vous dois quelque chose ? lui demandé-je.
-Un sourire c’est tout.
-Vous le méritez bien, lui dis-je.
*
Franchement, si quelqu’un inventait un simple boîtier permettant de recevoir des messages avec code d’authentification pour aller sur tel ou tel site d’Internet, cela m’arrangerait.
A dix heures je retrouve l’aimable jeune homme de chez Actimag, rue de la Rép. Cette fois il ne peut rien faire pour moi, m’apprend-il, je dois aller chez mon opérateur.
Cet opérateur est Free qui a boutique rue de la Jeanne. Lors de sa création elle générait sur le trottoir une queue particulièrement obscène. Jamais je n’aurais pensé devoir y aller un jour.
Il est dix heures quinze quand un vigile costaud m’ouvre la porte. Un père et sa fille sont en train d’être renseignés pour un abonnement par la seule employée présente. Deux personnes attendent avant moi.
-Il n’y pas d’autre personnel ? demandé-je au colosse.
-Pas le matin
-Et l’après-midi, ils sont combien ?
-Deux.
Je décide de rester et je fais bien car le premier à attendre se décourage et s’en va. Le suivant fait de même quelques minutes plus tard. Me voici en première position dans la file. Au moins cinq sont bientôt derrière moi.
Quand père et fille ont fait affaire, la jeune femme me demande ce qui m’amène. « Vous avez dû changer le code Pin », me dit-elle. Je ne vois pas comment. Elle m’explique que mon téléphone a dû s’éteindre faute de batterie et que j’ai entré mes habituels quatre chiffres alors qu’on me demandait autre chose.
« Je vais arranger ça », me dit-elle. « Et si vous voulez, je peux ne laisser que votre code d’identification, comme ça vous ne risquerez plus de vous tromper. » J’en suis d’accord.
Elle fait ce qu’il faut faire puis me rend l’objet.
-Je vous dois quelque chose ? lui demandé-je.
-Un sourire c’est tout.
-Vous le méritez bien, lui dis-je.
*
Franchement, si quelqu’un inventait un simple boîtier permettant de recevoir des messages avec code d’authentification pour aller sur tel ou tel site d’Internet, cela m’arrangerait.
31 août 2022
Après un voyage en train Nomad (avec une pensée quand il passe à Asnières pour celle qui me tenait la main et va bientôt reprendre son travail en collège) puis en bus Vingt-Neuf (avec une pensée quand il arrive à Bastille pour celle qui me tenait la main et reprend le travail aujourd’hui), j’entre ce dernier lundi d’août au Café du Faubourg et y trouve le patron rentré de vacances, bronzé mais toujours aussi débordé.
Mon café bu, je rejoins devant le rideau métallique du Book-Off de Ledru-Rollin, quatre vendeurs de livres à gros sacs et chariots.
A l’ouverture, ils sont rejoints par d’autres. Je n’ai jamais vu une telle file d’attente. Elle atteint l’allée principale. Cela me rappelle Gibert Jeunes autrefois. Pendant que les employé(e)s s’activent à enregistrer toute cette marchandise avec le sourire, je mets des livres à un euro dans mon panier, dont Instantanés suivi de Lettres à Maurice Rieuneau de Stéphane Mosès (L’Infini Gallimard), Rencontres avec Samuel Beckett de Charles Juliet (P.O.L) et Chronique fabuleuse d’André Dhôtel (Mercure de France).
Pas de Marché d’Aligre le lundi, je vais poursuivre ma lecture de Sérotonine au square Trousseau. Mon plaisir est moindre que mardi dernier car Houellebecq dans la deuxième moitié de son roman part dans un délire de politique fiction avec une ridicule insurrection armée de paysans bas-normands. Il devrait s’en tenir à évoquer d’un ton désabusé la relation homme femme, à faire de la littérature dépressive.
A midi je vais déjeuner au Péhemmu chinois, de mon habituel menu, sans vin en raison des antibiotiques. Je sens que j’ai épuisé le charme du lieu, de son confit de canard pommes sautées salade (que j’ai connu à neuf euros et est maintenant à douze), de sa gentille serveuse (que j’ai connue jeune fille et est maintenant mère de famille).
Je vais ensuite lire dans le Port de l’Arsenal. Près de moi se succèdent de jeunes personnes avec leur déjeuner. Si elles ne restent pas longtemps, c’est la faute à des guêpes qui les embêtent.
Au Book-Off de Quatre Septembre, pas de file d’attente côté vendeurs. Les rayonnages des grands formats « Connaissance » à un euro ont été étendus. En conséquence, j’en ressors avec davantage de livres que les fois précédentes, dont Mémoires de Montparnasse de John Glassco (Viviane Hamy), Visage slovène de Brina Svit (Gallimard), Journal du huitième hiver de Samuel Brussell (L’Age d’Homme), Odes de David Van Reybrouck (Actes Sud), Les anges de Sodome d’Albert Bensoussan (Maurice Nadeau) et Sur la scène intérieure de Marcel Cohen (Folio).
Quand je vais boire un café verre d’eau à la terrasse du Bistrot d’Edmond, je constate que la maison a encore changé de patron et de personnel. Cela se traduit par de la musique trop forte et une serveuse qui au bout d’une demi-heure vient me demander si je ne veux pas autre chose.
*
Où est le bec ? Vers la fin de Sérotonine.
L’écrivain y évoque le patron d’un bar de Falaise qui passe son temps à lire Paris Normandie.
Pas de Paris Normandie dans le Calvados, Michel, on y lit Ouest France.
Mon café bu, je rejoins devant le rideau métallique du Book-Off de Ledru-Rollin, quatre vendeurs de livres à gros sacs et chariots.
A l’ouverture, ils sont rejoints par d’autres. Je n’ai jamais vu une telle file d’attente. Elle atteint l’allée principale. Cela me rappelle Gibert Jeunes autrefois. Pendant que les employé(e)s s’activent à enregistrer toute cette marchandise avec le sourire, je mets des livres à un euro dans mon panier, dont Instantanés suivi de Lettres à Maurice Rieuneau de Stéphane Mosès (L’Infini Gallimard), Rencontres avec Samuel Beckett de Charles Juliet (P.O.L) et Chronique fabuleuse d’André Dhôtel (Mercure de France).
Pas de Marché d’Aligre le lundi, je vais poursuivre ma lecture de Sérotonine au square Trousseau. Mon plaisir est moindre que mardi dernier car Houellebecq dans la deuxième moitié de son roman part dans un délire de politique fiction avec une ridicule insurrection armée de paysans bas-normands. Il devrait s’en tenir à évoquer d’un ton désabusé la relation homme femme, à faire de la littérature dépressive.
A midi je vais déjeuner au Péhemmu chinois, de mon habituel menu, sans vin en raison des antibiotiques. Je sens que j’ai épuisé le charme du lieu, de son confit de canard pommes sautées salade (que j’ai connu à neuf euros et est maintenant à douze), de sa gentille serveuse (que j’ai connue jeune fille et est maintenant mère de famille).
Je vais ensuite lire dans le Port de l’Arsenal. Près de moi se succèdent de jeunes personnes avec leur déjeuner. Si elles ne restent pas longtemps, c’est la faute à des guêpes qui les embêtent.
Au Book-Off de Quatre Septembre, pas de file d’attente côté vendeurs. Les rayonnages des grands formats « Connaissance » à un euro ont été étendus. En conséquence, j’en ressors avec davantage de livres que les fois précédentes, dont Mémoires de Montparnasse de John Glassco (Viviane Hamy), Visage slovène de Brina Svit (Gallimard), Journal du huitième hiver de Samuel Brussell (L’Age d’Homme), Odes de David Van Reybrouck (Actes Sud), Les anges de Sodome d’Albert Bensoussan (Maurice Nadeau) et Sur la scène intérieure de Marcel Cohen (Folio).
Quand je vais boire un café verre d’eau à la terrasse du Bistrot d’Edmond, je constate que la maison a encore changé de patron et de personnel. Cela se traduit par de la musique trop forte et une serveuse qui au bout d’une demi-heure vient me demander si je ne veux pas autre chose.
*
Où est le bec ? Vers la fin de Sérotonine.
L’écrivain y évoque le patron d’un bar de Falaise qui passe son temps à lire Paris Normandie.
Pas de Paris Normandie dans le Calvados, Michel, on y lit Ouest France.
30 août 2022
Je suis à la terrasse du Sacre avec Zaza quand s’installent à la table voisine un couple et un huit ans (mojito, pinte, Coca zéro, seize euros).
« On met de l’argent sur un compte et la banque ferme le compte, c’est ça la France ! », claironne le buveur de mojito.
Des comptes bloqués, il y en a deux, celui de sa copine buveuse de bière et celui de sa sœur. Il a gagné seize mille euros et en a mis deux mille sur chacun de ces deux comptes.
-Je leur ai dit d’où venait l’argent, je l’ai gagné. Ils laissent ouvert les comptes des cassos où y a rien et ils ferment ceux où y a de l’argent.
-C’est pas ton compte qu’ils ont bloqué, c’est le nôtre.
-Si vous étiez pas fichées bancaires aussi.
-Ah parce que toi tu l’es pas peut-être.
-Le casino en ligne, c’est interdit en France, lui rappelle-t-elle.
-Alors on va quitter la France.
-Ah bon comment ?
-On va attendre que j’aie plus mon bracelet électronique.
Tous les deux sont sur leur smartphone. Deux intelligences pratiques sont à l’ouvrage. Elle appelle la Caf, déclare que son compte bancaire s’est fait pirater. Elle vient d’en ouvrir un autre en Allemagne. Elle veut savoir comment envoyer son nouveau Rib pour continuer à recevoir ses prestations.
Le huit ans a terminé son Coca.
« On met de l’argent sur un compte et la banque ferme le compte, c’est ça la France ! », claironne le buveur de mojito.
Des comptes bloqués, il y en a deux, celui de sa copine buveuse de bière et celui de sa sœur. Il a gagné seize mille euros et en a mis deux mille sur chacun de ces deux comptes.
-Je leur ai dit d’où venait l’argent, je l’ai gagné. Ils laissent ouvert les comptes des cassos où y a rien et ils ferment ceux où y a de l’argent.
-C’est pas ton compte qu’ils ont bloqué, c’est le nôtre.
-Si vous étiez pas fichées bancaires aussi.
-Ah parce que toi tu l’es pas peut-être.
-Le casino en ligne, c’est interdit en France, lui rappelle-t-elle.
-Alors on va quitter la France.
-Ah bon comment ?
-On va attendre que j’aie plus mon bracelet électronique.
Tous les deux sont sur leur smartphone. Deux intelligences pratiques sont à l’ouvrage. Elle appelle la Caf, déclare que son compte bancaire s’est fait pirater. Elle vient d’en ouvrir un autre en Allemagne. Elle veut savoir comment envoyer son nouveau Rib pour continuer à recevoir ses prestations.
Le huit ans a terminé son Coca.
29 août 2022
Encore un vide grenier organisé sur les quais hauts de Rouen, côté rive droite, et dans les rues avoisinantes, ce dimanche. Il est sept heures et demie quand je sors pour y aller.
Sur le parvis de la Cathédrale je trouve des voitures de la Police et les fonctionnaires le nez en l’air. « Y en a qui sont montés là-haut », apprends-je d’un badaud.
Ce n’est pas la première fois que des intrépides profitent de la présence d’échafaudages jusqu’à moitié de la flèche. Certains ont fait de leur exploit une vidéo impressionnante visible sur YouTube, après être redescendus sans se faire gauler.
Les exposants des quais sont surtout des particuliers qui proposent de la bonne marchandise. Dans les rues adjacentes, d’autres sont moins reluisants. C’est à un semi professionnel de ma connaissance que je dois de ne pas repartir bredouille. Pour cinq euros les trois (prix d’ami) deviennent miens Lettres des deux amants attribuées à Héloïse et Abélard (Gallimard), Promenade épistolaire sur la Côte Normande au XIXe siècle (Cahiers du temps) et « Je ne suis pas sortie de ma nuit » d’Annie Ernaux dans l’édition blanche de chez Gallimard.
Les Policiers sont en train de remonter dans leurs véhicules quand je regagne mon logis. Apparemment, ils n’ont pas fait de prisonniers.
*
Dans ce vide grenier, je croise un pas vu depuis longtemps qui me salue, que je salue. Il replonge aussitôt les yeux dans le carton de vinyles qu’il explorait, signifiant par là qu’il ne tient pas à engager la conversation, comme nous le faisions autrefois. Cela m’arrange.
Au début du premier confinement, comme il n’est pas sur les réseaux dits sociaux, je lui ai envoyé un mail pour lui demander comment il allait et comment il vivait cet enfermement. Il m’a répondu qu’avec ses congélateurs pleins (y compris de pain), il pouvait ne pas sortir pendant un an. Dans son mail, il ne parlait que de lui, pas un mot pour me demander comment j’allais et comment je vivais ça. J’ai décidé de ne plus jamais lui écrire.
*
Il en est d’autres à qui je ne demande plus de leurs nouvelles. Cette période m’a ouvert les yeux. Je me suis lassé de poser des questions auxquelles on ne répondait pas, d’offrir des livres dont on ne me disait jamais si on les avait lus et ce qu’on en avait pensé.
*
Ne plus m’en soucier, ne plus acheter de livres pour eux, traiter les autres comme ils me traitent, il m’aura fallu bien du temps pour m’y résigner.
Sur le parvis de la Cathédrale je trouve des voitures de la Police et les fonctionnaires le nez en l’air. « Y en a qui sont montés là-haut », apprends-je d’un badaud.
Ce n’est pas la première fois que des intrépides profitent de la présence d’échafaudages jusqu’à moitié de la flèche. Certains ont fait de leur exploit une vidéo impressionnante visible sur YouTube, après être redescendus sans se faire gauler.
Les exposants des quais sont surtout des particuliers qui proposent de la bonne marchandise. Dans les rues adjacentes, d’autres sont moins reluisants. C’est à un semi professionnel de ma connaissance que je dois de ne pas repartir bredouille. Pour cinq euros les trois (prix d’ami) deviennent miens Lettres des deux amants attribuées à Héloïse et Abélard (Gallimard), Promenade épistolaire sur la Côte Normande au XIXe siècle (Cahiers du temps) et « Je ne suis pas sortie de ma nuit » d’Annie Ernaux dans l’édition blanche de chez Gallimard.
Les Policiers sont en train de remonter dans leurs véhicules quand je regagne mon logis. Apparemment, ils n’ont pas fait de prisonniers.
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Dans ce vide grenier, je croise un pas vu depuis longtemps qui me salue, que je salue. Il replonge aussitôt les yeux dans le carton de vinyles qu’il explorait, signifiant par là qu’il ne tient pas à engager la conversation, comme nous le faisions autrefois. Cela m’arrange.
Au début du premier confinement, comme il n’est pas sur les réseaux dits sociaux, je lui ai envoyé un mail pour lui demander comment il allait et comment il vivait cet enfermement. Il m’a répondu qu’avec ses congélateurs pleins (y compris de pain), il pouvait ne pas sortir pendant un an. Dans son mail, il ne parlait que de lui, pas un mot pour me demander comment j’allais et comment je vivais ça. J’ai décidé de ne plus jamais lui écrire.
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Il en est d’autres à qui je ne demande plus de leurs nouvelles. Cette période m’a ouvert les yeux. Je me suis lassé de poser des questions auxquelles on ne répondait pas, d’offrir des livres dont on ne me disait jamais si on les avait lus et ce qu’on en avait pensé.
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Ne plus m’en soucier, ne plus acheter de livres pour eux, traiter les autres comme ils me traitent, il m’aura fallu bien du temps pour m’y résigner.
28 août 2022
Je ne sais pas dans quel état sera le monde dans cinq ans, s’il sera encore possible d’organiser une Election Présidentielle en France. Faisons l’hypothèse que oui et comme je ne sais pas non plus dans quel état je serai à cette date, ni même si je serai encore là, donnons le résultat dès maintenant.
Chez les Macronistes, cela s’est vu à leur attitude tout l’été, Gérald Darmanin et Bruno Lemaire seront candidats à la succession d’Emmanuel Macron, A qui s’ajoutera Edouard Philippe. Du côté de l’autre Droite, il faudra compter avec Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand. On pourrait donc avoir jusqu’à cinq candidats, deux au minimum.
A l’Extrême-Droite, Le Pen y retournera (ou un remplaçant) et si la Nupés tient le coup, Mélenchon (ou un remplaçant) sera possiblement le seul candidat de la Gauche, laquelle a vu ce que ça donnait quand elle se présentait séparée.
Dans cette circonstance éventuelle, au premier tour Le Pen (ou son remplaçant) et Mélenchon (ou son remplaçant) seront à trente pour cent. Les quarante pour cent restant seront pour la Droite, à partager entre les cinq ou quatre ou trois ou deux Macronistes et non Macronistes.
Et alors, au second tour, Le Pen (ou son remplaçant) pourrait faire face à Mélenchon (ou son remplaçant) et gagnerait avec les voix de Droite, une partie votant pour, une partie s’abstenant.
Avoir Mélenchon (ou son remplaçant) au second tour, c’est l’assurance de donner le pouvoir à Le Pen (ou son remplaçant). C’est là où je voulais en venir.
*
Mon point de vue sur la situation actuelle : « On est bien dans la merde ». (On représentant les humains.)
Chez les Macronistes, cela s’est vu à leur attitude tout l’été, Gérald Darmanin et Bruno Lemaire seront candidats à la succession d’Emmanuel Macron, A qui s’ajoutera Edouard Philippe. Du côté de l’autre Droite, il faudra compter avec Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand. On pourrait donc avoir jusqu’à cinq candidats, deux au minimum.
A l’Extrême-Droite, Le Pen y retournera (ou un remplaçant) et si la Nupés tient le coup, Mélenchon (ou un remplaçant) sera possiblement le seul candidat de la Gauche, laquelle a vu ce que ça donnait quand elle se présentait séparée.
Dans cette circonstance éventuelle, au premier tour Le Pen (ou son remplaçant) et Mélenchon (ou son remplaçant) seront à trente pour cent. Les quarante pour cent restant seront pour la Droite, à partager entre les cinq ou quatre ou trois ou deux Macronistes et non Macronistes.
Et alors, au second tour, Le Pen (ou son remplaçant) pourrait faire face à Mélenchon (ou son remplaçant) et gagnerait avec les voix de Droite, une partie votant pour, une partie s’abstenant.
Avoir Mélenchon (ou son remplaçant) au second tour, c’est l’assurance de donner le pouvoir à Le Pen (ou son remplaçant). C’est là où je voulais en venir.
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Mon point de vue sur la situation actuelle : « On est bien dans la merde ». (On représentant les humains.)
27 août 2022
Ce jeudi j’arrive en même temps que la secrétaire de l’urologue avec qui j’ai rendez-vous au quatrième étage du bâtiment de consultations de la Clinique Saint-Hilaire. Il est huit heures. Elle met en route l’informatique, enregistre qui je suis, scanne le courrier de mon médecin traitant et m’invite à m’asseoir. « Le docteur va arriver. »
Peu après huit heures et quart ce jeune médecin me fait entrer dans son cabinet et me demande ce qui m’amène. Il me pose quelques questions, me confirme que mon taux de Péhessa n’est pas inquiétant (pas de suspicion de cancer) puis m’invite à ôter le bas et à m’allonger sur la table de consultation.
Je sais ce qui m’attend et je n’aime pas ça (même quand c’est fait par une interne comme une fois cela m’est arrivé au Céhachu).
Ce toucher rectal exécuté sans trop de douleur, il me dit que rien ne l’inquiète particulièrement, qu’il va me donner un traitement me permettant de ne plus aller si souvent aux toilettes. Enfin il me prescrit un scanner à faire dans quelques mois. Je remercie ce jeune médecin et lui souhaite une bonne journée.
La secrétaire me donne un prochain rendez-vous pour début janvier deux mille vingt-trois avant de me réclamer soixante-quinze euros.
Soixante-quinze euros pour un doigt dans le cul, ce n’est pas donné. J’ignore ce qui me sera remboursé. Ce spécialiste pratique le dépassement d’honoraires. Pas moyen d’éviter ce désagrément si on veut se faire soigner rapidement.
Peu après huit heures et quart ce jeune médecin me fait entrer dans son cabinet et me demande ce qui m’amène. Il me pose quelques questions, me confirme que mon taux de Péhessa n’est pas inquiétant (pas de suspicion de cancer) puis m’invite à ôter le bas et à m’allonger sur la table de consultation.
Je sais ce qui m’attend et je n’aime pas ça (même quand c’est fait par une interne comme une fois cela m’est arrivé au Céhachu).
Ce toucher rectal exécuté sans trop de douleur, il me dit que rien ne l’inquiète particulièrement, qu’il va me donner un traitement me permettant de ne plus aller si souvent aux toilettes. Enfin il me prescrit un scanner à faire dans quelques mois. Je remercie ce jeune médecin et lui souhaite une bonne journée.
La secrétaire me donne un prochain rendez-vous pour début janvier deux mille vingt-trois avant de me réclamer soixante-quinze euros.
Soixante-quinze euros pour un doigt dans le cul, ce n’est pas donné. J’ignore ce qui me sera remboursé. Ce spécialiste pratique le dépassement d’honoraires. Pas moyen d’éviter ce désagrément si on veut se faire soigner rapidement.
26 août 2022
Ce mercredi à neuf heures est fixé le rendez-vous pour le détartrage semestriel de ma dentition. Or depuis deux semaines l’une de mes gencives est enflée, celle où j’avais autrefois sauvagement percé un abcès. J’en informe le dentiste qui n’est pas surpris. J’ai là une dent qui bouge un peu depuis longtemps, me dit-il, d’où ces infections répétées. Il n’y rien d’autre à faire que de l’arracher.
Après avoir endormi le théâtre des opérations, l’homme de l’art s’empare de l’outil adéquat. En quelques secondes c’est fait, signe que cette molaire ne demandait qu’à quitter ma mâchoire. Un léger détartrage termine la séance. Je ressors du cabinet avec une ordonnance pour huit jours d’antibiotiques, bain de bouche, etc.
Je m’arrête donc à la Pharmacie du Centre. Devant moi est un septuagénaire adepte de l’automédication qui demande aspirine, paracétamol et aussi un médicament « pour pas faire pipi ». Le pharmacien lève un sourcil interrogatif. « Ben vous savez quoi », lui dit l’homme. Effectivement il sait quoi, cela fera trente-cinq euros.
*
Treize heures au Son du Cor, un quidam imbibé s’assoit non loin de moi et commande un café. Comme je le craignais, au bout de cinq minutes il souhaite faire connaissance.
-Vous lisez quoi ?
-Vous ne connaissez pas, je pense.
-Vous ne voulez par me le dire ?
-Je peux vous le dire, la correspondance d’Elisabeth Lacoin.
-Ah oui, y a des fois on connaît pas mais c’est bien. Vous savez que Clovis…
-Je lis.
-Ah pardon.
Peu de temps après, il s’en va en ne marchant pas droit.
*
Effectivement c’est bien, la correspondance d’Elisabeth Lacoin, alias Zaza, la grande amie de jeunesse de Simone de Beauvoir, morte à vingt-deux ans d’une encéphalite virale. Un livre acheté via Rakuten (cinq euros port inclus), livré au sexe-chope Espace Carré Blanc. Une jolie fille mince y payait ses achats quand je suis allé le chercher.
*
Renouveler la Carte Avantage Senior de la Senecefe pour vingt-cinq euros au lieu de quarante-neuf, c’est possible jusqu’au vingt-neuf août. Je profite de l’occasion.
Ma prochaine carte sera valable du quatorze décembre deux mille vingt-deux au treize décembre deux mille vingt-trois. J’espère que j’aurai l’occasion de m’en servir.
Après avoir endormi le théâtre des opérations, l’homme de l’art s’empare de l’outil adéquat. En quelques secondes c’est fait, signe que cette molaire ne demandait qu’à quitter ma mâchoire. Un léger détartrage termine la séance. Je ressors du cabinet avec une ordonnance pour huit jours d’antibiotiques, bain de bouche, etc.
Je m’arrête donc à la Pharmacie du Centre. Devant moi est un septuagénaire adepte de l’automédication qui demande aspirine, paracétamol et aussi un médicament « pour pas faire pipi ». Le pharmacien lève un sourcil interrogatif. « Ben vous savez quoi », lui dit l’homme. Effectivement il sait quoi, cela fera trente-cinq euros.
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Treize heures au Son du Cor, un quidam imbibé s’assoit non loin de moi et commande un café. Comme je le craignais, au bout de cinq minutes il souhaite faire connaissance.
-Vous lisez quoi ?
-Vous ne connaissez pas, je pense.
-Vous ne voulez par me le dire ?
-Je peux vous le dire, la correspondance d’Elisabeth Lacoin.
-Ah oui, y a des fois on connaît pas mais c’est bien. Vous savez que Clovis…
-Je lis.
-Ah pardon.
Peu de temps après, il s’en va en ne marchant pas droit.
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Effectivement c’est bien, la correspondance d’Elisabeth Lacoin, alias Zaza, la grande amie de jeunesse de Simone de Beauvoir, morte à vingt-deux ans d’une encéphalite virale. Un livre acheté via Rakuten (cinq euros port inclus), livré au sexe-chope Espace Carré Blanc. Une jolie fille mince y payait ses achats quand je suis allé le chercher.
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Renouveler la Carte Avantage Senior de la Senecefe pour vingt-cinq euros au lieu de quarante-neuf, c’est possible jusqu’au vingt-neuf août. Je profite de l’occasion.
Ma prochaine carte sera valable du quatorze décembre deux mille vingt-deux au treize décembre deux mille vingt-trois. J’espère que j’aurai l’occasion de m’en servir.
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