Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
26 septembre 2022
Ce dimanche, nous sommes trois passagers dans le premier bateau bus pour Saint-Mandrier. Pour une fois je me tiens à la proue et suis impressionné par la façon dont il brasse la mer quand le capitaine met la gomme sitôt sorti du port de Toulon. Nous croisons un ferry jaune qui arrive de Corse ou de Sardaigne. Bon nombre de ses passagers sont sur le pont. A l’arrivée dans l’anse du Creux Saint-Georges, je descends au ponton Président qui donne accès à la partie ouest du port.
Mon objectif est facile ce jour : marcher le long de l’eau jusqu’à la pointe de la Vieille. Cela me fait passer à côté de la Capitainerie, du Centre Nautique, de la plage du Touring, puis, par le quai Séverine, j’atteins le cleube de plongée où un bateau est prêt à partir. C’est ensuite un hôtel cleube et une résidence Pierre et Vacances et me voici à la plage de la Vieille et à la pointe du même nom. Malheureusement, je ne peux marcher jusqu’à son extrémité car elle est inclue dans un terrain militaire qui enserre une jolie colline boisée où je me serais bien baladé. Le panneau que je ne cesse de rencontrer depuis le début du mois est sans appel : « Défense d’entrer ».
Je reviens sur mes pas. Pour retourner à Toulon depuis le ponton principal, il me faut faire le tour du port, ce qui me fait passer par la pointe des Blagueurs (peut-être appelée ainsi parce qu’il n’y a pas de pointe à cet endroit). Je découvre le Foyer des Jeunes, sinistre local qui donne à penser qu’ils ont tous été bouclés derrière les solides barreaux bleus (un problème de réglé) puis j’atteins le coin des pêcheurs qui est bien bordélique (à Sanary on en serait malade) et la Mairie sur laquelle la banderole de soutien à l’Ukraine n’est plus. Il ne me reste qu’à m’asseoir sous l’abri du ponton.
A neuf heures et demie, le bateau bleu se présente. Nous sommes une dizaine à rallier Toulon. Sitôt à quai, je me dirige vers le Grand Café de la Rade. Le temps me permet à nouveau d’occuper une table de premier rang à sa terrasse.
Je lis Léautaud jusqu’à onze heures et demie puis entre dans la vieille ville à la recherche d’un endroit où déjeuner. Je m’arrête au Mondial Café qui affiche ses burgueurs à douze euros cinquante. J’opte pour celui au reblochon.
-Voulez-vous le journal ? me demande la patronne.
-Non merci
-Il est vrai que maintenant avec le téléphone…
Je n’hésite pas à mentir :
-Je n’ai pas de téléphone.
-Ah c’est une bonne chose, me dit-elle, la réponse convenue de qui ne peut s’en passer.
Je ne suis pas déçu par mon burgueur quand il arrive. Il est bien garni et à mon goût. Je félicite le cuisinier qui vient aux nouvelles. A part moi ne mange là qu’un trentenaire qui a commandé une salade sans vinaigrette. Le quart de vin n’est pas donné, sept euros, je le découvre en payant avec la carte bancaire.
Je n’ai plus qu’à descendre jusqu’à La Gitane où j’espère que ma table sera libre. Ce faisant je passe, place de la Poissonnerie, devant une plaque commémorative qui dit qu’ici se trouvait la Maison des Têtes où il y eut treize morts lors de sa destruction par explosion en mil neuf cent quatre-vingt-neuf.
Je me souviens de cette histoire. La version officielle est le suicide au gaz d’une habitante du troisième étage, une adjudante cheffe à la retraite qui était dépressive. Cependant certains ont accusé les militaires. Il y avait des manœuvres conjointes avec l’armée américaine ce jour-là. Un missile aurait détruit la maison. Une femme disait avoir été au téléphone avec l’une des victimes, un homme, et l’avoir entendu pousser un cri d’effroi juste avant l’explosion. Comme s’il avait vu quelque chose foncer sur lui. La question est de savoir si on a le temps de voir arriver un missile avant qu’il vous tue. J’espère ne pas avoir à en faire l’expérience avant la fin de mon séjour.
*
A Saint-Mandrier, un quidam avec écrit sur son ticheurte : « Près des marmottes, loin des blaireaux ». Le meilleur moyen de signaler qu’on en est un, de blaireau, contrairement à ce qui est écrit.
Mon objectif est facile ce jour : marcher le long de l’eau jusqu’à la pointe de la Vieille. Cela me fait passer à côté de la Capitainerie, du Centre Nautique, de la plage du Touring, puis, par le quai Séverine, j’atteins le cleube de plongée où un bateau est prêt à partir. C’est ensuite un hôtel cleube et une résidence Pierre et Vacances et me voici à la plage de la Vieille et à la pointe du même nom. Malheureusement, je ne peux marcher jusqu’à son extrémité car elle est inclue dans un terrain militaire qui enserre une jolie colline boisée où je me serais bien baladé. Le panneau que je ne cesse de rencontrer depuis le début du mois est sans appel : « Défense d’entrer ».
Je reviens sur mes pas. Pour retourner à Toulon depuis le ponton principal, il me faut faire le tour du port, ce qui me fait passer par la pointe des Blagueurs (peut-être appelée ainsi parce qu’il n’y a pas de pointe à cet endroit). Je découvre le Foyer des Jeunes, sinistre local qui donne à penser qu’ils ont tous été bouclés derrière les solides barreaux bleus (un problème de réglé) puis j’atteins le coin des pêcheurs qui est bien bordélique (à Sanary on en serait malade) et la Mairie sur laquelle la banderole de soutien à l’Ukraine n’est plus. Il ne me reste qu’à m’asseoir sous l’abri du ponton.
A neuf heures et demie, le bateau bleu se présente. Nous sommes une dizaine à rallier Toulon. Sitôt à quai, je me dirige vers le Grand Café de la Rade. Le temps me permet à nouveau d’occuper une table de premier rang à sa terrasse.
Je lis Léautaud jusqu’à onze heures et demie puis entre dans la vieille ville à la recherche d’un endroit où déjeuner. Je m’arrête au Mondial Café qui affiche ses burgueurs à douze euros cinquante. J’opte pour celui au reblochon.
-Voulez-vous le journal ? me demande la patronne.
-Non merci
-Il est vrai que maintenant avec le téléphone…
Je n’hésite pas à mentir :
-Je n’ai pas de téléphone.
-Ah c’est une bonne chose, me dit-elle, la réponse convenue de qui ne peut s’en passer.
Je ne suis pas déçu par mon burgueur quand il arrive. Il est bien garni et à mon goût. Je félicite le cuisinier qui vient aux nouvelles. A part moi ne mange là qu’un trentenaire qui a commandé une salade sans vinaigrette. Le quart de vin n’est pas donné, sept euros, je le découvre en payant avec la carte bancaire.
Je n’ai plus qu’à descendre jusqu’à La Gitane où j’espère que ma table sera libre. Ce faisant je passe, place de la Poissonnerie, devant une plaque commémorative qui dit qu’ici se trouvait la Maison des Têtes où il y eut treize morts lors de sa destruction par explosion en mil neuf cent quatre-vingt-neuf.
Je me souviens de cette histoire. La version officielle est le suicide au gaz d’une habitante du troisième étage, une adjudante cheffe à la retraite qui était dépressive. Cependant certains ont accusé les militaires. Il y avait des manœuvres conjointes avec l’armée américaine ce jour-là. Un missile aurait détruit la maison. Une femme disait avoir été au téléphone avec l’une des victimes, un homme, et l’avoir entendu pousser un cri d’effroi juste avant l’explosion. Comme s’il avait vu quelque chose foncer sur lui. La question est de savoir si on a le temps de voir arriver un missile avant qu’il vous tue. J’espère ne pas avoir à en faire l’expérience avant la fin de mon séjour.
*
A Saint-Mandrier, un quidam avec écrit sur son ticheurte : « Près des marmottes, loin des blaireaux ». Le meilleur moyen de signaler qu’on en est un, de blaireau, contrairement à ce qui est écrit.
25 septembre 2022
Comme annoncé depuis plusieurs jours, il pleut à Toulon ce samedi matin, une pluie que je qualifierais de normande, tranquille et persévérante. Sous l’auvent qui abrite mon petit-déjeuner, le serveur du Maryland m’apporte « le journal » avec mon allongé. Var Matin dit que ça va tomber jusqu’à ce soir alors que le site Météo France prévoit le retour du soleil vers midi.
Ce qui est sûr, c’est qu’il pleut. Je vais donc lire Léautaud, que je transporte dans un sac de pharmacie bien étanche, à l’intérieur du Grand Café de la Rade, près de la vitre ouverte, à une table d’où je vois le mouvement des bateaux dans la brume. La Presqu’île de Saint-Mandrier est à peine visible.
A onze heures, je mets le cap sur la place de la Liberté. Près d’icelle se trouve l’Hôtel des Arts dont l’extérieur a été l’objet en deux mille vingt d’une intervention artistique d’Alexandre Benjamin Navet (décors peints sur façade). S’y tient l’une des deux expositions gratuites organisées pour le sixième festival Design Parade Toulon, celle intitulée Intérieurs Modernes 1920 1930. On peut y voir du mobilier prêté pat le Centre Pompidou, sur deux niveaux, dans des salles assez petites où il fait trop chaud. J’ai déjà vu ces meubles à Paris mais les ai oubliés.
Je redécouvre le bureau suspendu, le lit avec chevet intégré et la chaise inclinable de Jean Prouvé, des pièces de mobilier de la maison en bord de mer d’Eileen Grey que j’ai frôlée l’an dernier à cette saison lors de mon séjour à Nice, et aussi la table extensible, le casier mural et la studio bar de Charlotte Perriand, également des chaises et fauteuils provenant de la villa construite par l’architecte Robert Mallet-Stevens pour Charles et Marie-Laure de Noailles à Hyères.
De retour dans la vieille ville, je passe devant le Roger Bar qui me servit de repère le jour de mon arrivée pour trouver mon logement Air Bibi. Il propose ce samedi du poisson à la créole avec des patates douces. Ce bar est dans son jus (comme disent les agents immobiliers) et sa clientèle fort pittoresque. A l’intérieur, trois tables et demie, un cuisinier d’origine antillaise et celui qui sert au bar, tous deux en couple peut-être.
Le cuisinier m’installe à l’une des tables et bientôt m’apporte son plat du jour. Je suis déçu tant par la qualité des patates douces que par leur quantité. La moitié de l’assiette est occupée par de la salade. Tandis que je mange, Claude François chante Cette année-là et le cuisinier inoccupé évoque son passé avec un client habillé à la mode des années cinquante. Il parle du temps où il travaillait à Genève, quand il avait vingt ans, à La Garçonnière. Maintenant, il en a cinquante-huit. Avec le quart de vin blanc, j’en ai pour dix-sept euros cinquante. Ça a été ? Oui, dis-je lâchement. La maison ne prend pas la carte bancaire.
Il est temps d’aller voir la seconde expo du festival Design Parade Toulon. Elle se tient dans l’ancien Evêché situé à l’angle du cours Lafayette et de ma rue provisoire. Quand j’entre, je découvre un lieu bien plus vaste qu’il n’apparaît de l’extérieur, et sur trois niveaux. Alors, comme en plus la pluie cesse, je décide de remettre ma visite à un autre jour et vais boire un café puis lire à La Gitane.
Quand, de ma chaise haute, je regarde qui passe sur le quai, je vois deux jolies filles qui se tiennent par la main puis un jeune homme habillé arc-en-ciel. A seize heures trente, c’est la Marche des Fiertés à Toulon, la troisième seulement.
*
De façon un peu décousue, je m’informe de l’actualité rouennaise.
C’est ainsi que j’apprends, sans surprise, je l’avais prévu, que c’est le bazar pour traverser la rue de la Jeanne depuis que les passages zébrés sur la chaussée ont été remplacés par les œuvres d’art d’InkOj (il n’y est pour rien, c’est l’idée de la Mairie qui est mauvaise).
Plus grave, que le metteur en scène Thomas Jolly a été désigné directeur artistique des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques de Paris. Quelle erreur d’avoir cédé ainsi aux sirènes de la notoriété. Mon souhait est que cet évènement néfaste, ce gouffre financier, cette catastrophe écologique, cette apologie des nationalismes, n’ait pas lieu.
*:
« Ce qui est certain, c'est que je ne retrouve chez vous, rien de la Dominique que j’ai connue.
Pour le reste: j'écris ce que je veux, vous en pensez ce que vous voulez. »
C’est ce que j’ai répondu à une qui m’a envoyé un mail très désagréable pour avoir évoqué il y a quelques temps, à l’occasion de sa mort, sa mère que j’ai connue autrefois.
Ce qui est sûr, c’est qu’il pleut. Je vais donc lire Léautaud, que je transporte dans un sac de pharmacie bien étanche, à l’intérieur du Grand Café de la Rade, près de la vitre ouverte, à une table d’où je vois le mouvement des bateaux dans la brume. La Presqu’île de Saint-Mandrier est à peine visible.
A onze heures, je mets le cap sur la place de la Liberté. Près d’icelle se trouve l’Hôtel des Arts dont l’extérieur a été l’objet en deux mille vingt d’une intervention artistique d’Alexandre Benjamin Navet (décors peints sur façade). S’y tient l’une des deux expositions gratuites organisées pour le sixième festival Design Parade Toulon, celle intitulée Intérieurs Modernes 1920 1930. On peut y voir du mobilier prêté pat le Centre Pompidou, sur deux niveaux, dans des salles assez petites où il fait trop chaud. J’ai déjà vu ces meubles à Paris mais les ai oubliés.
Je redécouvre le bureau suspendu, le lit avec chevet intégré et la chaise inclinable de Jean Prouvé, des pièces de mobilier de la maison en bord de mer d’Eileen Grey que j’ai frôlée l’an dernier à cette saison lors de mon séjour à Nice, et aussi la table extensible, le casier mural et la studio bar de Charlotte Perriand, également des chaises et fauteuils provenant de la villa construite par l’architecte Robert Mallet-Stevens pour Charles et Marie-Laure de Noailles à Hyères.
De retour dans la vieille ville, je passe devant le Roger Bar qui me servit de repère le jour de mon arrivée pour trouver mon logement Air Bibi. Il propose ce samedi du poisson à la créole avec des patates douces. Ce bar est dans son jus (comme disent les agents immobiliers) et sa clientèle fort pittoresque. A l’intérieur, trois tables et demie, un cuisinier d’origine antillaise et celui qui sert au bar, tous deux en couple peut-être.
Le cuisinier m’installe à l’une des tables et bientôt m’apporte son plat du jour. Je suis déçu tant par la qualité des patates douces que par leur quantité. La moitié de l’assiette est occupée par de la salade. Tandis que je mange, Claude François chante Cette année-là et le cuisinier inoccupé évoque son passé avec un client habillé à la mode des années cinquante. Il parle du temps où il travaillait à Genève, quand il avait vingt ans, à La Garçonnière. Maintenant, il en a cinquante-huit. Avec le quart de vin blanc, j’en ai pour dix-sept euros cinquante. Ça a été ? Oui, dis-je lâchement. La maison ne prend pas la carte bancaire.
Il est temps d’aller voir la seconde expo du festival Design Parade Toulon. Elle se tient dans l’ancien Evêché situé à l’angle du cours Lafayette et de ma rue provisoire. Quand j’entre, je découvre un lieu bien plus vaste qu’il n’apparaît de l’extérieur, et sur trois niveaux. Alors, comme en plus la pluie cesse, je décide de remettre ma visite à un autre jour et vais boire un café puis lire à La Gitane.
Quand, de ma chaise haute, je regarde qui passe sur le quai, je vois deux jolies filles qui se tiennent par la main puis un jeune homme habillé arc-en-ciel. A seize heures trente, c’est la Marche des Fiertés à Toulon, la troisième seulement.
*
De façon un peu décousue, je m’informe de l’actualité rouennaise.
C’est ainsi que j’apprends, sans surprise, je l’avais prévu, que c’est le bazar pour traverser la rue de la Jeanne depuis que les passages zébrés sur la chaussée ont été remplacés par les œuvres d’art d’InkOj (il n’y est pour rien, c’est l’idée de la Mairie qui est mauvaise).
Plus grave, que le metteur en scène Thomas Jolly a été désigné directeur artistique des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques de Paris. Quelle erreur d’avoir cédé ainsi aux sirènes de la notoriété. Mon souhait est que cet évènement néfaste, ce gouffre financier, cette catastrophe écologique, cette apologie des nationalismes, n’ait pas lieu.
*:
« Ce qui est certain, c'est que je ne retrouve chez vous, rien de la Dominique que j’ai connue.
Pour le reste: j'écris ce que je veux, vous en pensez ce que vous voulez. »
C’est ce que j’ai répondu à une qui m’a envoyé un mail très désagréable pour avoir évoqué il y a quelques temps, à l’occasion de sa mort, sa mère que j’ai connue autrefois.
24 septembre 2022
Ce vendredi, je retrouve la Gare Routière d’où part à sept heures quarante-cinq un bus Mistral numéro Trente-Neuf dont le terminus est à Hyères. Mon objectif est d’en descendre à Carqueiranne. Je ne le réalise qu’après un long trajet sans grand intérêt de trois quarts d’heure. L’arrêt Carqueiranne est sur la grand-route. Je prends la première à droite qui descend vers la mer et arrive au port.
Celui-ci est banal et occupe tout le bord de mer public. Ensuite, de chaque côté, ce sont des propriétés privées. Aucun espoir de trouver un sentier côtier. J’ai quand même la belle vue sur la Presqu’île de Giens.
La Boule des Pins Penchés a son local près de ce port et des cafés restaurants le longent. Je boirais bien un café à la terrasse de l’un d’eux mais les gars de la ville sont en train de fixer un panneau pour l’Ecole de Plongée à l’aide d’une perceuse qui me vrille les oreilles. Filons d’ici, me dis-je.
Je remonte jusqu’à la grand-route où il me faut attendre vingt-cinq minutes le bus qui va à Toulon. Quand j’y arrive, je descends vers le port et sitôt sur place trouve une table de premier rang à la terrasse du Grand Café de la Rade où je peux reprendre dans les meilleures conditions ma lecture du Journal littéraire de Paul Léautaud. Celui-ci donne son opinion sur les livres pour enfants, bien que les enfants, d’ordinaire, il ne s’en soucie pas, il les a même en horreur. Ça me fait penser à quelqu’un, aussi prends-je pour lui une photo de ma table avec le livre ouvert à cette page et à côté mon carnet de notes qui lui rappellera quelque chose.
A midi, on me trouve une table à la terrasse de l’Unic Café. C’est le jour de l’aïoli. Je demande au serveur une double portion de mayonnaise aillée, quitte à payer un supplément, mais il n’est pas question de payer plus, me dit Béchir lorsque je règle ce délicieux repas.
Quels sont ces gens sur mon perchoir ? me dis-je en arrivant au bar tabac La Gitane. Je dois le laisser au couple vulgaire qui l’occupe et me contente d’une table basse pour mon café lecture qu’à part les pigeons effrontés, nul ne vient troubler.
*
Une quinquagénaire à sa semblable qu’elle attendait devant la Station Maritime où sont les bateaux bus : « Tu ne peux pas avoir un téléphone qui marche, je ne supporte pas les gens qu’on ne peut pas joindre ». La réprimandée la suit docilement au lieu de la planter là.
*
Deux pêcheurs comme voisins de table chez Béchir, ils attrapent les poissons avec du poulet.
L’un à l’autre :
-Tu fais quoi toi pour nettoyer tes lunettes ?
-Je les mets dans le lave-vaisselle.
*
Sur un panneau publicitaire entre Toulon et Carqueiranne « Salon du Mariage Aubagne ». Une mise en garde subliminale.
*
Au Pradet, entre ces mêmes villes, une librairie Mille Paresses.
Celui-ci est banal et occupe tout le bord de mer public. Ensuite, de chaque côté, ce sont des propriétés privées. Aucun espoir de trouver un sentier côtier. J’ai quand même la belle vue sur la Presqu’île de Giens.
La Boule des Pins Penchés a son local près de ce port et des cafés restaurants le longent. Je boirais bien un café à la terrasse de l’un d’eux mais les gars de la ville sont en train de fixer un panneau pour l’Ecole de Plongée à l’aide d’une perceuse qui me vrille les oreilles. Filons d’ici, me dis-je.
Je remonte jusqu’à la grand-route où il me faut attendre vingt-cinq minutes le bus qui va à Toulon. Quand j’y arrive, je descends vers le port et sitôt sur place trouve une table de premier rang à la terrasse du Grand Café de la Rade où je peux reprendre dans les meilleures conditions ma lecture du Journal littéraire de Paul Léautaud. Celui-ci donne son opinion sur les livres pour enfants, bien que les enfants, d’ordinaire, il ne s’en soucie pas, il les a même en horreur. Ça me fait penser à quelqu’un, aussi prends-je pour lui une photo de ma table avec le livre ouvert à cette page et à côté mon carnet de notes qui lui rappellera quelque chose.
A midi, on me trouve une table à la terrasse de l’Unic Café. C’est le jour de l’aïoli. Je demande au serveur une double portion de mayonnaise aillée, quitte à payer un supplément, mais il n’est pas question de payer plus, me dit Béchir lorsque je règle ce délicieux repas.
Quels sont ces gens sur mon perchoir ? me dis-je en arrivant au bar tabac La Gitane. Je dois le laisser au couple vulgaire qui l’occupe et me contente d’une table basse pour mon café lecture qu’à part les pigeons effrontés, nul ne vient troubler.
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Une quinquagénaire à sa semblable qu’elle attendait devant la Station Maritime où sont les bateaux bus : « Tu ne peux pas avoir un téléphone qui marche, je ne supporte pas les gens qu’on ne peut pas joindre ». La réprimandée la suit docilement au lieu de la planter là.
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Deux pêcheurs comme voisins de table chez Béchir, ils attrapent les poissons avec du poulet.
L’un à l’autre :
-Tu fais quoi toi pour nettoyer tes lunettes ?
-Je les mets dans le lave-vaisselle.
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Sur un panneau publicitaire entre Toulon et Carqueiranne « Salon du Mariage Aubagne ». Une mise en garde subliminale.
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Au Pradet, entre ces mêmes villes, une librairie Mille Paresses.
23 septembre 2022
Ce jeudi, je reste à Toulon et explore le Petit Chicago. Ainsi appelle-t-on le quartier assez vaste situé entre la rue d’Alger (par où je rentre à mon logis temporaire quand je descends d’un bateau bus) et l’Arsenal. Les marins, militaires ou civils, étaient les premiers clients des dames qui faisaient payer pour se faire enfiler. Tout cela n’existe plus maintenant, a jugé bon de me dire celui qui m’a renseigné à l’Office du Tourisme. Il en connaît un rayon sur cet ancien lieu de débauche et de règlements de compte, ainsi que sur l’endroit, plus petit, vers la porte d’Italie, où se vendait l’opium.
Le Petit Chicago a été grandement rénové. C’est un plaisir de découvrir ses places encore un peu secrètes reliées entre elles par une succession de passages autrefois fermés. Je trouve, sans l’avoir cherché, le Bateau Sculpture, œuvre monumentale dont j’ignore l’auteur. Adossée à un immeuble, elle reproduit fidèlement la proue d’un navire royal du dix-huitième siècle.
A l’issue de cette dérive, je prends place au premier rang de la terrasse du Grand Café de la Rade pour un café verre d’eau Léautaud puis, en attendant qu’il soit midi, vais m’asseoir, faute de banc et au risque de paraître suspect, sur un muret à l’entrée de l’Arsenal. Devant moi passent des soldats en uniforme et d’autres sans, la plupart de ces derniers se livrant à la course à pied.
Pour déjeuner, je jette mon dévolu (comme on dit) sur un restaurant japonais à volonté situé dans le Petit Chicago et nommé O Sushi & Wok. Malheureusement, on ignore ici le tapis roulant et la possibilité de choix est restreinte par le fait que chaque maki doive être commandé en six exemplaires. De plus, ceux-ci sont gros avec beaucoup de riz. Quant aux brochettes bœuf fromage, je n’en ai jamais mangé de plus sèches. Une coupe trois boules (vanille pistache café) termine ce festin qui, avec le quart de vin blanc, me revient à vingt-trois euros quatre-vingts.
Je vais me remettre de cette déception à la terrasse de la Gitane, guère fréquentée cette après-midi. C’est qu’un vent frais s’est levé, obligeant le rabatteur des bateaux du tour de la rade à ajouter à ses chorte et ticheurte un coupe-vent qui n’améliore pas son élégance.
*
Le Maire de Toulon est Hubert Falco, Droitiste, catégorie Macroniste, sous-catégorie Philippiste. Si quelqu’un arrive ici en ignorant son nom, cette lacune est vite comblée car celui-ci figure, gravé dans la pierre pour l’éternité, sur les murs de moult rues, places et bâtiments qu’il a inaugurés après les avoir rénovés.
*
Raimu a une place à son nom dans le Petit Chicago. En était-il client ? Une installation le représente dans le rôle de César jouant aux cartes avec Panisse. Les deux autres chaises sont libres. On peut s’y asseoir pour figurer Escartefigue et Monsieur Brun, mais je ne vois personne le faire.
*
Et de trois, il vient jusqu’à moi alors que je lis à La Gitane.
-Salut !
-Ah tiens, le frère de Momo et de Samir !
-Oh, pardon.
Le Petit Chicago a été grandement rénové. C’est un plaisir de découvrir ses places encore un peu secrètes reliées entre elles par une succession de passages autrefois fermés. Je trouve, sans l’avoir cherché, le Bateau Sculpture, œuvre monumentale dont j’ignore l’auteur. Adossée à un immeuble, elle reproduit fidèlement la proue d’un navire royal du dix-huitième siècle.
A l’issue de cette dérive, je prends place au premier rang de la terrasse du Grand Café de la Rade pour un café verre d’eau Léautaud puis, en attendant qu’il soit midi, vais m’asseoir, faute de banc et au risque de paraître suspect, sur un muret à l’entrée de l’Arsenal. Devant moi passent des soldats en uniforme et d’autres sans, la plupart de ces derniers se livrant à la course à pied.
Pour déjeuner, je jette mon dévolu (comme on dit) sur un restaurant japonais à volonté situé dans le Petit Chicago et nommé O Sushi & Wok. Malheureusement, on ignore ici le tapis roulant et la possibilité de choix est restreinte par le fait que chaque maki doive être commandé en six exemplaires. De plus, ceux-ci sont gros avec beaucoup de riz. Quant aux brochettes bœuf fromage, je n’en ai jamais mangé de plus sèches. Une coupe trois boules (vanille pistache café) termine ce festin qui, avec le quart de vin blanc, me revient à vingt-trois euros quatre-vingts.
Je vais me remettre de cette déception à la terrasse de la Gitane, guère fréquentée cette après-midi. C’est qu’un vent frais s’est levé, obligeant le rabatteur des bateaux du tour de la rade à ajouter à ses chorte et ticheurte un coupe-vent qui n’améliore pas son élégance.
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Le Maire de Toulon est Hubert Falco, Droitiste, catégorie Macroniste, sous-catégorie Philippiste. Si quelqu’un arrive ici en ignorant son nom, cette lacune est vite comblée car celui-ci figure, gravé dans la pierre pour l’éternité, sur les murs de moult rues, places et bâtiments qu’il a inaugurés après les avoir rénovés.
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Raimu a une place à son nom dans le Petit Chicago. En était-il client ? Une installation le représente dans le rôle de César jouant aux cartes avec Panisse. Les deux autres chaises sont libres. On peut s’y asseoir pour figurer Escartefigue et Monsieur Brun, mais je ne vois personne le faire.
*
Et de trois, il vient jusqu’à moi alors que je lis à La Gitane.
-Salut !
-Ah tiens, le frère de Momo et de Samir !
-Oh, pardon.
22 septembre 2022
Désireux de voir La Seyne-sur-Mer sans son marché, je prends à nouveau le bateau bus qui y mène, ce mercredi matin, en compagnie de trois dizaines de filles et de garçons qui vont étudier de l’autre côté de la rade. J’en descends en leur compagnie au premier arrêt, Espace Marine, puis marche seul vers le centre de la ville.
Quand j’ai contourné l’énorme Casino, je retrouve le bord de mer où un monument Hommage aux Justes parmi les Nations a été érigé. Non loin est le Pont-Levant toujours levé. Arrivant à sa base, je vois une femme munie d’un trousseau de clés.
-On peut y monter ? lui demandé-je
-Oui et en plus c’est gratuit, on avait arrêté mais on recommence, je vais vous ouvrir.
Et me voici très content de grimper dans cette structure métallique datant des chantiers navals. Des paliers sont là pour me permettre de souffler et de faire des photos. Un vaporetto stationne au terminus de la ligne et puis en repart tandis qu’un autre arrive. Je peux les voir de dessus, tout comme les voiliers du port de plaisance.
Arrivé en haut je dois faire avec des vitres anti suicide. Aussi je redescends d’un niveau pour mieux voir les bateaux industriels, les montagnes au-dessus de Toulon, la ville de La Seyne, sa Mairie, son église Notre-Dame-du-Bon-Voyage. J’ai tout ça pour moi seul. En redescendant on passe par la machinerie qui ne fonctionnera jamais plus.
Revenu sur le quai, j’entre en ville et en trouve les rues un peu tristes. Un certain nombre de boutiques sont définitivement fermées. On accuse la piétonisation. La terrasse du Café des Arts n’a pas la même clientèle que le dimanche. Sont là des habituées qui ont le tort d’être des femmes à chiens qui trouvent normal que leurs bestioles viennent vous renifler. En plus, elles parlent grossesse. Je change de table pour lire Léautaud le plus loin possible d’elles.
Vers onze heures dix, je prends le bateau du retour. A son arrivée, j’achète des fruits peu chers sur le cours Lafayette puis choisis Le Zinc pour déjeuner. A l’aimable serveuse habituelle s’ajoutent ce jour une jeune serveuse blonde un peu froide et un apprenti emprunté. Le plat du jour s’appelle raviolis à la daube de bœuf.
J’ai pour voisine une très vieille souffrant de solitude que l’aimable serveuse entoure de sa sollicitude, allant jusqu’à proposer de lui prêter son gilet si elle a froid et ça marche puisque au moment de régler l’addition cette femme demande qu’on lui fasse de la monnaie sur son billet de cinquante euros pour laisser un pourboire.
A l’angle de ce restaurant est une petite rue qui ne paie pas de mine et qui a pour nom rue de l’Humilité. Ce n’est certainement pas là qu’habite l’aimable serveuse qui se vante d’être née gentille.
Je ne laisse jamais de pourboire, je suis né méchant. Malgré cela, je suis toujours bien accueilli par les serveuses, les serveurs et la direction de La Gitane. Personne pour me dire : « Vous restez presque tous les jours ici à lire pendant deux heures et vous ne commandez qu’un café ? ».
*
Les bateaux bus, c’est gratuit pour les militaires, à condition d’avoir la carte.
*
Je suis si près de la Cathédrale que lorsqu’elle carillonne, des bouffées d’air frais entrent dans mon studio Air Bibi.
Quand j’ai contourné l’énorme Casino, je retrouve le bord de mer où un monument Hommage aux Justes parmi les Nations a été érigé. Non loin est le Pont-Levant toujours levé. Arrivant à sa base, je vois une femme munie d’un trousseau de clés.
-On peut y monter ? lui demandé-je
-Oui et en plus c’est gratuit, on avait arrêté mais on recommence, je vais vous ouvrir.
Et me voici très content de grimper dans cette structure métallique datant des chantiers navals. Des paliers sont là pour me permettre de souffler et de faire des photos. Un vaporetto stationne au terminus de la ligne et puis en repart tandis qu’un autre arrive. Je peux les voir de dessus, tout comme les voiliers du port de plaisance.
Arrivé en haut je dois faire avec des vitres anti suicide. Aussi je redescends d’un niveau pour mieux voir les bateaux industriels, les montagnes au-dessus de Toulon, la ville de La Seyne, sa Mairie, son église Notre-Dame-du-Bon-Voyage. J’ai tout ça pour moi seul. En redescendant on passe par la machinerie qui ne fonctionnera jamais plus.
Revenu sur le quai, j’entre en ville et en trouve les rues un peu tristes. Un certain nombre de boutiques sont définitivement fermées. On accuse la piétonisation. La terrasse du Café des Arts n’a pas la même clientèle que le dimanche. Sont là des habituées qui ont le tort d’être des femmes à chiens qui trouvent normal que leurs bestioles viennent vous renifler. En plus, elles parlent grossesse. Je change de table pour lire Léautaud le plus loin possible d’elles.
Vers onze heures dix, je prends le bateau du retour. A son arrivée, j’achète des fruits peu chers sur le cours Lafayette puis choisis Le Zinc pour déjeuner. A l’aimable serveuse habituelle s’ajoutent ce jour une jeune serveuse blonde un peu froide et un apprenti emprunté. Le plat du jour s’appelle raviolis à la daube de bœuf.
J’ai pour voisine une très vieille souffrant de solitude que l’aimable serveuse entoure de sa sollicitude, allant jusqu’à proposer de lui prêter son gilet si elle a froid et ça marche puisque au moment de régler l’addition cette femme demande qu’on lui fasse de la monnaie sur son billet de cinquante euros pour laisser un pourboire.
A l’angle de ce restaurant est une petite rue qui ne paie pas de mine et qui a pour nom rue de l’Humilité. Ce n’est certainement pas là qu’habite l’aimable serveuse qui se vante d’être née gentille.
Je ne laisse jamais de pourboire, je suis né méchant. Malgré cela, je suis toujours bien accueilli par les serveuses, les serveurs et la direction de La Gitane. Personne pour me dire : « Vous restez presque tous les jours ici à lire pendant deux heures et vous ne commandez qu’un café ? ».
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Les bateaux bus, c’est gratuit pour les militaires, à condition d’avoir la carte.
*
Je suis si près de la Cathédrale que lorsqu’elle carillonne, des bouffées d’air frais entrent dans mon studio Air Bibi.
21 septembre 2022
Brest et Toulon possèdent un port militaire. Brest et Toulon ont un téléphérique. Celui du Finistère comme celui du Var sont capricieux. En ce qui concerne ce dernier il faut attendre dix heures chaque matin pour savoir s’il sera mis en service vers le sommet du Mont Faron qui domine la ville et sa rade. Trop de vent ou un souci technique peuvent l’immobiliser.
J’occupe ce moment d’attente on ne peut mieux en lisant Léautaud à la terrasse du Grand Café de la Rade, tout en ayant un œil sur les entrées et sorties du port. Un vaporetto fait face à un ferry, un bateau de guerre double un voilier, je ne m’en lasse pas.
A dix heures pile je suis à l’Office du Tourisme. Une employée appelle le Téléphérique. C’est bon pour ce mardi. Son collègue me vend un ticket spécial à sept euros cinquante. Il permet de prendre le bus Mistral numéro Quarante pour rejoindre le point de départ de la cabine, d’emprunter celle-ci aller et retour, de revenir en bus et ensuite de prendre tout bus ou bateau bus de son choix pour le reste de la journée.
Le bus Quarante monte raide et vite, conduit par un chauffeur nerveux. J’en descends avec d’autres à l’arrêt Téléphérique. Nous attendons une dizaine de minutes dans l’escalier « Merci de patienter un cabinier va vous accueillir ». Arrive alors une vraiment petite cabine rouge dans laquelle nous nous serrons à quinze, plus la cabinière, comme sardines et sans masque.
La montée dure six minutes, durant lesquelles la rade apparaît dans son ensemble et sa beauté, fermée qu’elle est par la presqu’île en forme de pince de Saint-Mandrier. Au sommet, un belvédère permet de jouir du magnifique panorama.
Une fois que j’en ai eu plein les yeux, je marche un peu dans la forêt du Mont Faron allant par un chemin rocailleux jusqu’à la Chapelle d’architecture contemporaine dont la croix a pour fausse symétrie une ancre de marine. Je suis ici au Sanctuaire de Notre-Dame du Faron. Les ex-voto à l’intérieur sont sous forme de graffitis muraux. Un pèlerin a écrit « Notre-Dame du Faron j’ai envie de faire pipi ».
N’ayant nul désir d’aller au Zoo ou au Mémorial, je choisis de redescendre assez vite. Je suis cette fois collé à un groupe de vieilles femmes, Ginette, Georgette et les autres, qui sont bien gaies et ressemblent un peu à la défunte Elisabeth d’Angleterre. Elles papotent pendant toute la durée de la descente, préférant ne rien regarder, à cause du vertige. Pour ma part, placé à côté du cabinier, je ne manque rien de cette plongée qui, peu avant l’arrivée, fait passer au-dessus de certaines piscines privées.
Un bus Quarante conduit par un chauffeur paisible me ramène au centre de Toulon et à midi pile je retrouve ma table de l’autre jour chez Côté Cochon. Cette fois j’opte pour le thon mi-cuit pané au sésame, crème de pois chiche, sauce escabèche, riz basmati et poêlée de légumes. Il m’est apporté par la serveuse du lieu qui porte aujourd’hui un chorte effrangé.
Mon ticket pour la journée me donne l’idée d’aller boire le café de l’autre côté de la rade. Je monte dans le premier vaporetto à partir. Il va à Saint-Mandrier. C’est donc au Mistral que sitôt bu je reprends la lecture.
Depuis le bateau du retour je repère l’endroit où se trouve la gare haute du Téléphérique de Toulon, au sommet du Mont Faron, à cinq cent quatre-vingt-quatre mètres.
*
Un travail que je n’aurais pas aimé faire : cabinier.
*
Sans vouloir faire le fanfaron, peut-être suis-je le seul à avoir pris la même année le seul téléphérique de Bretagne et le seul téléphérique de la Côte d’Azur.
J’occupe ce moment d’attente on ne peut mieux en lisant Léautaud à la terrasse du Grand Café de la Rade, tout en ayant un œil sur les entrées et sorties du port. Un vaporetto fait face à un ferry, un bateau de guerre double un voilier, je ne m’en lasse pas.
A dix heures pile je suis à l’Office du Tourisme. Une employée appelle le Téléphérique. C’est bon pour ce mardi. Son collègue me vend un ticket spécial à sept euros cinquante. Il permet de prendre le bus Mistral numéro Quarante pour rejoindre le point de départ de la cabine, d’emprunter celle-ci aller et retour, de revenir en bus et ensuite de prendre tout bus ou bateau bus de son choix pour le reste de la journée.
Le bus Quarante monte raide et vite, conduit par un chauffeur nerveux. J’en descends avec d’autres à l’arrêt Téléphérique. Nous attendons une dizaine de minutes dans l’escalier « Merci de patienter un cabinier va vous accueillir ». Arrive alors une vraiment petite cabine rouge dans laquelle nous nous serrons à quinze, plus la cabinière, comme sardines et sans masque.
La montée dure six minutes, durant lesquelles la rade apparaît dans son ensemble et sa beauté, fermée qu’elle est par la presqu’île en forme de pince de Saint-Mandrier. Au sommet, un belvédère permet de jouir du magnifique panorama.
Une fois que j’en ai eu plein les yeux, je marche un peu dans la forêt du Mont Faron allant par un chemin rocailleux jusqu’à la Chapelle d’architecture contemporaine dont la croix a pour fausse symétrie une ancre de marine. Je suis ici au Sanctuaire de Notre-Dame du Faron. Les ex-voto à l’intérieur sont sous forme de graffitis muraux. Un pèlerin a écrit « Notre-Dame du Faron j’ai envie de faire pipi ».
N’ayant nul désir d’aller au Zoo ou au Mémorial, je choisis de redescendre assez vite. Je suis cette fois collé à un groupe de vieilles femmes, Ginette, Georgette et les autres, qui sont bien gaies et ressemblent un peu à la défunte Elisabeth d’Angleterre. Elles papotent pendant toute la durée de la descente, préférant ne rien regarder, à cause du vertige. Pour ma part, placé à côté du cabinier, je ne manque rien de cette plongée qui, peu avant l’arrivée, fait passer au-dessus de certaines piscines privées.
Un bus Quarante conduit par un chauffeur paisible me ramène au centre de Toulon et à midi pile je retrouve ma table de l’autre jour chez Côté Cochon. Cette fois j’opte pour le thon mi-cuit pané au sésame, crème de pois chiche, sauce escabèche, riz basmati et poêlée de légumes. Il m’est apporté par la serveuse du lieu qui porte aujourd’hui un chorte effrangé.
Mon ticket pour la journée me donne l’idée d’aller boire le café de l’autre côté de la rade. Je monte dans le premier vaporetto à partir. Il va à Saint-Mandrier. C’est donc au Mistral que sitôt bu je reprends la lecture.
Depuis le bateau du retour je repère l’endroit où se trouve la gare haute du Téléphérique de Toulon, au sommet du Mont Faron, à cinq cent quatre-vingt-quatre mètres.
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Un travail que je n’aurais pas aimé faire : cabinier.
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Sans vouloir faire le fanfaron, peut-être suis-je le seul à avoir pris la même année le seul téléphérique de Bretagne et le seul téléphérique de la Côte d’Azur.
20 septembre 2022
« Descendez à Centre Culturel et vous serez près des vieilles rues et du port », me répond le chauffeur du car Zou ! Toulon Bandol quand je lui demande où je dois m’arrêter au mieux pour visiter Sanary.
Ainsi fais-je et je suis bientôt dans les rues piétonnières, un quadrillage un peu trop systématique, avec des maisons colorées comme à Toulon mais en plus soignées. J’arrive à l’église Saint-Nazaire reconstruite en style néoroman par Michel Pacha. Le port est en face, trop chargé en bateaux traditionnels à petits drapeaux. Plus loin est le coin des pêcheurs aux points de vente bien ordonnés (un seul est ouvert qui ne propose que du requin). Un marché bien aligné complète le tableau. Il ne manque que les caméras en train de tourner une série. C’est une ville hygiénique, une ville pour pharmacien(ne)s à la retraite. J’en connais une qui a sa résidence secondaire ici.
Les cafés du port m’inspirent peu, essentiellement fréquentés qu’ils sont par des touristes. Cependant je m’assois à la terrasse du Café de Lyon et je réussis même à y lire Paul Léautaud après avoir bu mon noir breuvage (un euro soixante-dix). J’en suis à la narration du voyage à Rouen avec Rémy de Gourmont et Louis Dumur, une sorte de mise en abyme.
Un car Zou ! pour Toulon passe à onze heures dix au Centre Culturel. Je le prends sans avoir tout vu de Sanary où je reviendrai, pour rentabiliser ma carte d’abonné mensuel au réseau Zou ! du Var, mais surtout parce que c’est la ville où se crurent en sécurité nombre d’écrivains allemands antinazis et où Aldous Huxley écrivit Le Meilleur des mondes.
Ce lundi, je déjeune à ce qui est peut-être la plus belle terrasse de la ville, place Baboulène. Sous quatre grands oliviers entre des maisons colorées La Feuille de Chou propose une formule plat dessert à seize euros quatre-vingt-dix. Le plat du jour est un sauté de veau aux olives et polenta crémeuse. La jeune serveuse, qui insiste sur le crémeux de la polenta, porte un crop top et un pantalon taille basse, un combo on ne peut plus troublant.
Les tables étant loin les unes des autres, j’échappe aux conversations de collègues. En dessert, je choisis le tiramisu au café. Tout cela est bien bon et le quart de vin rouge à cinq euros.
Ma table haute est libre à La Gitane. Je m’y livre à mon activité habituelle près d’un prêtre en soutane blanche à large ceinture noire. Il boit une bière avec une femme qui prend en note ses paroles.
*
A Sanary une rue piétonnière est une rue pour les piétons, un Policier Municipal fait descendre un vieux de sa bicyclette, pas de discussion allez allez exécution.
*
Une constatation : les bancs publics qui manquent à Toulon sont à Sanary.
Ainsi fais-je et je suis bientôt dans les rues piétonnières, un quadrillage un peu trop systématique, avec des maisons colorées comme à Toulon mais en plus soignées. J’arrive à l’église Saint-Nazaire reconstruite en style néoroman par Michel Pacha. Le port est en face, trop chargé en bateaux traditionnels à petits drapeaux. Plus loin est le coin des pêcheurs aux points de vente bien ordonnés (un seul est ouvert qui ne propose que du requin). Un marché bien aligné complète le tableau. Il ne manque que les caméras en train de tourner une série. C’est une ville hygiénique, une ville pour pharmacien(ne)s à la retraite. J’en connais une qui a sa résidence secondaire ici.
Les cafés du port m’inspirent peu, essentiellement fréquentés qu’ils sont par des touristes. Cependant je m’assois à la terrasse du Café de Lyon et je réussis même à y lire Paul Léautaud après avoir bu mon noir breuvage (un euro soixante-dix). J’en suis à la narration du voyage à Rouen avec Rémy de Gourmont et Louis Dumur, une sorte de mise en abyme.
Un car Zou ! pour Toulon passe à onze heures dix au Centre Culturel. Je le prends sans avoir tout vu de Sanary où je reviendrai, pour rentabiliser ma carte d’abonné mensuel au réseau Zou ! du Var, mais surtout parce que c’est la ville où se crurent en sécurité nombre d’écrivains allemands antinazis et où Aldous Huxley écrivit Le Meilleur des mondes.
Ce lundi, je déjeune à ce qui est peut-être la plus belle terrasse de la ville, place Baboulène. Sous quatre grands oliviers entre des maisons colorées La Feuille de Chou propose une formule plat dessert à seize euros quatre-vingt-dix. Le plat du jour est un sauté de veau aux olives et polenta crémeuse. La jeune serveuse, qui insiste sur le crémeux de la polenta, porte un crop top et un pantalon taille basse, un combo on ne peut plus troublant.
Les tables étant loin les unes des autres, j’échappe aux conversations de collègues. En dessert, je choisis le tiramisu au café. Tout cela est bien bon et le quart de vin rouge à cinq euros.
Ma table haute est libre à La Gitane. Je m’y livre à mon activité habituelle près d’un prêtre en soutane blanche à large ceinture noire. Il boit une bière avec une femme qui prend en note ses paroles.
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A Sanary une rue piétonnière est une rue pour les piétons, un Policier Municipal fait descendre un vieux de sa bicyclette, pas de discussion allez allez exécution.
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Une constatation : les bancs publics qui manquent à Toulon sont à Sanary.
19 septembre 2022
Ce dimanche matin cinq personnes descendent du premier vaporetto en provenance de Saint-Mandrier. Nous sommes quatre à y monter pour faire la traversée dans l’autre sens.
A l’arrivée deux autochtones m’aident à trouver la rue qui traverse la presqu’île et conduit à la baie de Cavalas. J’ai peu à marcher pour l’atteindre à hauteur de la plage de la Coudoulière.
Un chemin de randonnée démarre là, en vraie terre toute sèche, le premier que je trouve depuis mon arrivée dans le Var. Je le prends du côté qui mène à la pointe de la Renardière. Ça monte sacrément. Parfois il y a des marches en béton de hauteur différente avec un cordon métallique le long du muret pour se tenir.
Je ne vais pas jusqu’au sommet de cette grimpée d’où j’ai vue sur le bateau de guerre qui rouille dans le port de Saint-Mandrier et sur les Deux Frères au loin. Ce n’est pas que je sois fatigué, ni que j’aie trop chaud, c’est que je ne veux pas avoir d’accident. Déjà quand je redescends vers la plage, je sais qu’au regard de mon âge, je suis à la limite de l’imprudence.
Revenu sain et sauf à mon point de départ, je m’assois sur un banc bas dominant une plage de cailloux où nul n’est. Puis j’entre brièvement dans le Domaine de l’Ermitage où le Conservatoire du Littoral fait pousser différents cépages rustiques. En face, glissant mon appareil entre deux barreaux, je photographie dans une propriété privée la Vénus du lieu, sans bras évidemment et boudeuse.
De retour au port, je constate que les cafés ici n’ouvrent pas le dimanche. Aussi, comme un vaporetto est sur le départ, je le prends et suis vingt minutes plus tard à la terrasse du Grand Café de la Rade, jouissant de la vie du port de Toulon. C’est férié, on sort son voilier. C’est aussi jour de promenade pour un vieux gréement tirant derrière lui un canot de sauvetage en plastique.
Quand j’ai bien lu là Léautaud, j’entre à côté à la Librairie du Port, spécialisée dans le livre neuf à prix réduit et qui met en avant les ouvrages pour enfants. J’apprends par une affiche que le rayon Littérature a été ravagé par un dégât des eaux et qu’il sera reconstitué.
A midi moins le quart, je suis à la terrasse de chez Béchir. Son couscous est si copieux que je ne peux le terminer puis je dois attendre dix minutes qu’un quidam libère ma table haute à La Gitane, laquelle ne m’est malheureusement pas réservée.
*
Trois imbibés à la terrasse de l’Unic Café (chez Béchir), le plus déglingué doit aller ce jour à Marignane. Un des deux autres : « T’en fais pas, on va te trouver un BlaBlaCar. »
*
Comme presque tous les jours, petit-déjeuner au Maryland où dès que l’on m’aperçoit on prépare l’allongé verre d’eau. Maryland est aussi une chanson de Withney K. que me fait découvrir un fidèle lecteur.
A l’arrivée deux autochtones m’aident à trouver la rue qui traverse la presqu’île et conduit à la baie de Cavalas. J’ai peu à marcher pour l’atteindre à hauteur de la plage de la Coudoulière.
Un chemin de randonnée démarre là, en vraie terre toute sèche, le premier que je trouve depuis mon arrivée dans le Var. Je le prends du côté qui mène à la pointe de la Renardière. Ça monte sacrément. Parfois il y a des marches en béton de hauteur différente avec un cordon métallique le long du muret pour se tenir.
Je ne vais pas jusqu’au sommet de cette grimpée d’où j’ai vue sur le bateau de guerre qui rouille dans le port de Saint-Mandrier et sur les Deux Frères au loin. Ce n’est pas que je sois fatigué, ni que j’aie trop chaud, c’est que je ne veux pas avoir d’accident. Déjà quand je redescends vers la plage, je sais qu’au regard de mon âge, je suis à la limite de l’imprudence.
Revenu sain et sauf à mon point de départ, je m’assois sur un banc bas dominant une plage de cailloux où nul n’est. Puis j’entre brièvement dans le Domaine de l’Ermitage où le Conservatoire du Littoral fait pousser différents cépages rustiques. En face, glissant mon appareil entre deux barreaux, je photographie dans une propriété privée la Vénus du lieu, sans bras évidemment et boudeuse.
De retour au port, je constate que les cafés ici n’ouvrent pas le dimanche. Aussi, comme un vaporetto est sur le départ, je le prends et suis vingt minutes plus tard à la terrasse du Grand Café de la Rade, jouissant de la vie du port de Toulon. C’est férié, on sort son voilier. C’est aussi jour de promenade pour un vieux gréement tirant derrière lui un canot de sauvetage en plastique.
Quand j’ai bien lu là Léautaud, j’entre à côté à la Librairie du Port, spécialisée dans le livre neuf à prix réduit et qui met en avant les ouvrages pour enfants. J’apprends par une affiche que le rayon Littérature a été ravagé par un dégât des eaux et qu’il sera reconstitué.
A midi moins le quart, je suis à la terrasse de chez Béchir. Son couscous est si copieux que je ne peux le terminer puis je dois attendre dix minutes qu’un quidam libère ma table haute à La Gitane, laquelle ne m’est malheureusement pas réservée.
*
Trois imbibés à la terrasse de l’Unic Café (chez Béchir), le plus déglingué doit aller ce jour à Marignane. Un des deux autres : « T’en fais pas, on va te trouver un BlaBlaCar. »
*
Comme presque tous les jours, petit-déjeuner au Maryland où dès que l’on m’aperçoit on prépare l’allongé verre d’eau. Maryland est aussi une chanson de Withney K. que me fait découvrir un fidèle lecteur.
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