Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
12 octobre 2022
Six-Fours-les-Plages a un quartier excentré nommé Le Brusc où se trouvent un port et au-delà de celui-ci, deux îles, Le Petit Gaou et Le Grand Gaou, la première devenue presqu’île, la deuxième attachée à la première par un pont.
Pour aller voir ces îles, je prends le bateau bus qui va aux Sablettes puis, près du débarcadère et avec le même ticket, le bus Quatre-Vingt-Sept jusqu’à son terminus.
Et me voici de bon matin, ce mardi ensoleillé, arrivé au bout du Brusc. Je vais d’abord voir de près celle qu’on voit de loin, la statue du Petit Gaou. Cette imposante Vénus sortie des eaux s’avère être fort laide. Je passe ensuite sur Le Grand Gaou par le pont bitumé près duquel sont amarrés un petit bateau de pêche et un canot bleu.
Il est précisé à l’entrée de cette deuxième île que les bicyclettes y sont interdites, même tenues à la main. Voilà qui console de toutes ces îles où ces engins pullulent.
Cette île inhabitée est petite bien que plus grande que la première. En faire le tour est facile et agréable. Sa végétation est typiquement méditerranéenne et sa côte typiquement bretonne. On a vue sur une troisième île, plus importante, dominée par sa tour de la Marine, celle des Embiez, toute proche et privée, achetée autrefois par Paul Ricard qui y est maintenant enterré. Un bateau Ricard peut vous y emmener moyennant finance.
Quand j’ai bouclé mon tour du Grand Gaou, je vais lire le Journal littéraire de Paul Léautaud sur un banc du Petit Gaou, face à la lagune, et à midi, je déjeune sur cette île du Petit Gaou, au restaurant La Lagune, dont la terrasse donne sur Le Grand Gaou, sur une partie de l’île des Embiez et là-bas, au loin, sur Sanary, m’indique la jeune serveuse après avoir demandé confirmation à son smartphone.
Ici on sert des pizzas, mais pas le mardi, car c’est le jour de congé de celui qui les fait. Cela m’évite peut-être d’être déçu. J’opte pour la daube de calamar longuement mijotée garnie de pommes de terre grenailles, à vingt et un euros, avec une carafe d’eau. Si elle a longuement mijoté, elle m’arrive vite, pas mauvaise, rien d’extraordinaire, et je suis à l’arrêt des bus Mistral pour le Quatre-Vingt-Sept de treize heures.
Il ne va pas aux Sablettes mais au Port de la Seyne où je prends un bateau bus dans la foulée. A quatorze heures pile, je m’assois à la terrasse de La Réale et commande un café verre d’eau.
*
Au Grand Gaou, ce quidam sur un piton rocheux qui attend que je parte de mon piton rocheux pour le photographier, alors que je fais de même avec lui. Il finit par céder et je peux faire ma photo.
*
A huit heures, avant mon départ de Toulon, la sonnerie au drapeau dans la cour de la Préfecture Maritime, et au passage du bateau bus, les marins au garde-à-vous sur la plateforme du Dixmude.
Pour aller voir ces îles, je prends le bateau bus qui va aux Sablettes puis, près du débarcadère et avec le même ticket, le bus Quatre-Vingt-Sept jusqu’à son terminus.
Et me voici de bon matin, ce mardi ensoleillé, arrivé au bout du Brusc. Je vais d’abord voir de près celle qu’on voit de loin, la statue du Petit Gaou. Cette imposante Vénus sortie des eaux s’avère être fort laide. Je passe ensuite sur Le Grand Gaou par le pont bitumé près duquel sont amarrés un petit bateau de pêche et un canot bleu.
Il est précisé à l’entrée de cette deuxième île que les bicyclettes y sont interdites, même tenues à la main. Voilà qui console de toutes ces îles où ces engins pullulent.
Cette île inhabitée est petite bien que plus grande que la première. En faire le tour est facile et agréable. Sa végétation est typiquement méditerranéenne et sa côte typiquement bretonne. On a vue sur une troisième île, plus importante, dominée par sa tour de la Marine, celle des Embiez, toute proche et privée, achetée autrefois par Paul Ricard qui y est maintenant enterré. Un bateau Ricard peut vous y emmener moyennant finance.
Quand j’ai bouclé mon tour du Grand Gaou, je vais lire le Journal littéraire de Paul Léautaud sur un banc du Petit Gaou, face à la lagune, et à midi, je déjeune sur cette île du Petit Gaou, au restaurant La Lagune, dont la terrasse donne sur Le Grand Gaou, sur une partie de l’île des Embiez et là-bas, au loin, sur Sanary, m’indique la jeune serveuse après avoir demandé confirmation à son smartphone.
Ici on sert des pizzas, mais pas le mardi, car c’est le jour de congé de celui qui les fait. Cela m’évite peut-être d’être déçu. J’opte pour la daube de calamar longuement mijotée garnie de pommes de terre grenailles, à vingt et un euros, avec une carafe d’eau. Si elle a longuement mijoté, elle m’arrive vite, pas mauvaise, rien d’extraordinaire, et je suis à l’arrêt des bus Mistral pour le Quatre-Vingt-Sept de treize heures.
Il ne va pas aux Sablettes mais au Port de la Seyne où je prends un bateau bus dans la foulée. A quatorze heures pile, je m’assois à la terrasse de La Réale et commande un café verre d’eau.
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Au Grand Gaou, ce quidam sur un piton rocheux qui attend que je parte de mon piton rocheux pour le photographier, alors que je fais de même avec lui. Il finit par céder et je peux faire ma photo.
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A huit heures, avant mon départ de Toulon, la sonnerie au drapeau dans la cour de la Préfecture Maritime, et au passage du bateau bus, les marins au garde-à-vous sur la plateforme du Dixmude.
11 octobre2022
Ce lundi, je retourne à la Gare Routière, non pour y prendre un car Zou ! mais pour monter dans un bus Mistral numéro Soixante-Dix dont le terminus est la plage de Bonnegrâce à Six-Fours, laquelle touche Sanary que je vais voir une dernière fois.
Près du quai de ce bus est celui du car qui va à Aix-en-Provence dans lequel montent surtout des étudiant(e)s. Un garçon arrive au dernier moment avec sa bicyclette qu’il compte mettre dans la soute. Elle est pleine de valises et de sacs. Il repart en pédalant.
Il fait encore gris quand j’arrive à Sanary mais aucune pluie n’est à craindre. Juste après l’Office du Tourisme est une digue qui s’avance dans la mer. C’est sur celle-ci que je marche afin de faire une série de photos de la ville vue d’en face. Sanary, ce décor pour série, est très photogénique.
Cela fait, je vais m’asseoir à la terrasse de La Marine, y bois un café puis lis Léautaud tandis que peu à peu le ciel se dégage. Jusqu’à ce qu’un autre bus Soixante-Dix me ramène à Toulon pour le déjeuner.
J’opte encore une fois pour La Feuille de Chou où le plat du jour a pour nom : tigre qui pleure et riz thaï. « Un bouillon avec du bœuf en lamelles », m’explique la jeune serveuse qui ose la jupe mais avec des collants. Et non pas du poisson, comme je le pensais. Ce tigre qui pleure ne fera pas partie de mes plats préférés.
Pour le café j’abandonne La Gitane au profit de La Réale, un lieu certes plus bourgeois.
*
Sur le mur de l’Office du Tourisme de Sanary se trouve une plaque commémorative posée à la demande de visiteurs allemands. Elle énumère les écrivains et artistes allemands ou autrichiens qui, fuyant le nazisme, trouvèrent momentanément refuge dans cette commune « capitale de l’exil artistique et littéraire » mais elle omet d’indiquer qu’il s’agissait de juifs.
Pas davantage le mot juif n’est écrit sur le dépliant remis aux touristes pour leur permettre de faire un « parcours de mémoire » de villa d’exilé en villa d’exilé. De plus, dans ce dépliant figure également Aldous Huxley venu résider à Sanary par choix, ce qui entretient la confusion.
Sanary-sur-Mer n’est pas au clair avec son passé. Sa passivité, quand certains des écrivains juifs exilés dans la commune, ceux encore présents à la déclaration de guerre, furent envoyés dans des camps de concentration français, explique peut-être cela.
*
Pas donné le car Zou ! qui va de Toulon à Aix-en-Provence : quinze euros cinquante l’aller. Je n’irai pas revoir le cours Mirabeau. Je me souviens de la fois où j’y ai croisé Bernard Pivot à la Maison de la Presse. J’entrais acheter Libération. Il sortait avec L’Equipe. Ce même jour, sur ce même cours, quand je voulus payer mes croissants à la petite serveuse de la boulangerie, elle me dit qu’elle n’avait pas le droit de toucher à la caisse. Il fallut que j’attende que la patronne soit disponible. Je lui donnai un billet de cinq francs et elle me rendit la monnaie sur dix. Je me tus, jugeant son employée vengée.
Près du quai de ce bus est celui du car qui va à Aix-en-Provence dans lequel montent surtout des étudiant(e)s. Un garçon arrive au dernier moment avec sa bicyclette qu’il compte mettre dans la soute. Elle est pleine de valises et de sacs. Il repart en pédalant.
Il fait encore gris quand j’arrive à Sanary mais aucune pluie n’est à craindre. Juste après l’Office du Tourisme est une digue qui s’avance dans la mer. C’est sur celle-ci que je marche afin de faire une série de photos de la ville vue d’en face. Sanary, ce décor pour série, est très photogénique.
Cela fait, je vais m’asseoir à la terrasse de La Marine, y bois un café puis lis Léautaud tandis que peu à peu le ciel se dégage. Jusqu’à ce qu’un autre bus Soixante-Dix me ramène à Toulon pour le déjeuner.
J’opte encore une fois pour La Feuille de Chou où le plat du jour a pour nom : tigre qui pleure et riz thaï. « Un bouillon avec du bœuf en lamelles », m’explique la jeune serveuse qui ose la jupe mais avec des collants. Et non pas du poisson, comme je le pensais. Ce tigre qui pleure ne fera pas partie de mes plats préférés.
Pour le café j’abandonne La Gitane au profit de La Réale, un lieu certes plus bourgeois.
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Sur le mur de l’Office du Tourisme de Sanary se trouve une plaque commémorative posée à la demande de visiteurs allemands. Elle énumère les écrivains et artistes allemands ou autrichiens qui, fuyant le nazisme, trouvèrent momentanément refuge dans cette commune « capitale de l’exil artistique et littéraire » mais elle omet d’indiquer qu’il s’agissait de juifs.
Pas davantage le mot juif n’est écrit sur le dépliant remis aux touristes pour leur permettre de faire un « parcours de mémoire » de villa d’exilé en villa d’exilé. De plus, dans ce dépliant figure également Aldous Huxley venu résider à Sanary par choix, ce qui entretient la confusion.
Sanary-sur-Mer n’est pas au clair avec son passé. Sa passivité, quand certains des écrivains juifs exilés dans la commune, ceux encore présents à la déclaration de guerre, furent envoyés dans des camps de concentration français, explique peut-être cela.
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Pas donné le car Zou ! qui va de Toulon à Aix-en-Provence : quinze euros cinquante l’aller. Je n’irai pas revoir le cours Mirabeau. Je me souviens de la fois où j’y ai croisé Bernard Pivot à la Maison de la Presse. J’entrais acheter Libération. Il sortait avec L’Equipe. Ce même jour, sur ce même cours, quand je voulus payer mes croissants à la petite serveuse de la boulangerie, elle me dit qu’elle n’avait pas le droit de toucher à la caisse. Il fallut que j’attende que la patronne soit disponible. Je lui donnai un billet de cinq francs et elle me rendit la monnaie sur dix. Je me tus, jugeant son employée vengée.
10 octobre 2022
Eh bien, il pleut encore ce dimanche matin à Toulon, et même plus fort qu’hier. Cela ne m’empêche pas de prendre mon petit-déjeuner au Maryland, abrité sous l’auvent, que je partage avec des commerçants du marché dépités. D’autres ne sont pas venus.
Tous les matins, sauf les lundis, j’assiste à l’installation de ce marché, un spectacle dont je ne suis pas encore lassé. Pas question sur le cours Lafayette d’arriver avec sa camionnette blanche comme c’est souvent le cas ailleurs, notamment à Rouen, de se gêner les uns les autres et de finir par s’embrouiller avant la fin du déchargement. Ici, les stands, la marchandise et les parasols carrés jaunes et rouges qui contribuent à donner à ce marché son caractère provençal, tout est apporté par des transpalettes électriques orange de marque Fenwick.
C’est un véritable ballet de Fenwick qui se croisent et s’entrecroisent. Quand l’un repart à vide, son conducteur s’assoit à califourchon dessus et se fait transporter. Celui qu’utilise le fleuriste pour s’installer devant l’église tire derrière lui des wagons emplis de plantes vertes.
Où sont-ils stockés ? Comment leurs batteries sont-elles rechargées ? A qui appartiennent-ils ? J’ai posé ces questions à l’un des serveurs du Maryland, celui parti à la retraite. Il a été incapable de me répondre. Un journaliste de Var Matin devrait faire un reportage là-dessus.
Ce jour de pluie, je déjeune à l’intérieur du Mondial Café. Je suis le seul à y manger. Au comptoir, sur lequel la bouteille reste posée, des beaufs boivent verre sur verre. Leur conversation tourne sur les trente-cinq heures qui font que le soir à neuf heures et demie, tu peux plus boire d’apéro, le bar il est fermé. Cette fois, j’ai évité le burgueur, au profit de la souris d’agneau pommes vapeur et j’ai bien fait car c’est excellent. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-deux euros cinquante.
Le café et la lecture qui le suit sont à la brasserie La Réale, sur le port, un euro quatre-vingts. On y est mieux abrité qu’à La Gitane, même s’il ne pleut plus.
*
Derrière le fleuriste du marché, c’est l'église Saint-François-de-Paule. Elle est aux mains des Missionnaires de la Miséricorde divine, de jeunes religieux toujours vêtus de soutanes blanches à large ceinture noire et qui vont pieds nus dans des sandales. Ils disent la messe en latin et veulent l’évangélisation des musulmans. Ils ont racheté un bar gay et en ont fait un bar de la fraternité. Ce n’est pas dans ce bar que j’en ai vu un boire une bière avec une femme qui prenait ses paroles en note, mais à La Gitane.
*
Oublié de noter hier qu’à l’expo d’architecture intérieure de Design Parade Toulon un visiteur déclarant « Il y a un élève de l’Ecole Camondo », celui à qui il parlait a répondu « De l’Ecole des Commandos ? »
On n’est pas à Toulon pour rien.
Tous les matins, sauf les lundis, j’assiste à l’installation de ce marché, un spectacle dont je ne suis pas encore lassé. Pas question sur le cours Lafayette d’arriver avec sa camionnette blanche comme c’est souvent le cas ailleurs, notamment à Rouen, de se gêner les uns les autres et de finir par s’embrouiller avant la fin du déchargement. Ici, les stands, la marchandise et les parasols carrés jaunes et rouges qui contribuent à donner à ce marché son caractère provençal, tout est apporté par des transpalettes électriques orange de marque Fenwick.
C’est un véritable ballet de Fenwick qui se croisent et s’entrecroisent. Quand l’un repart à vide, son conducteur s’assoit à califourchon dessus et se fait transporter. Celui qu’utilise le fleuriste pour s’installer devant l’église tire derrière lui des wagons emplis de plantes vertes.
Où sont-ils stockés ? Comment leurs batteries sont-elles rechargées ? A qui appartiennent-ils ? J’ai posé ces questions à l’un des serveurs du Maryland, celui parti à la retraite. Il a été incapable de me répondre. Un journaliste de Var Matin devrait faire un reportage là-dessus.
Ce jour de pluie, je déjeune à l’intérieur du Mondial Café. Je suis le seul à y manger. Au comptoir, sur lequel la bouteille reste posée, des beaufs boivent verre sur verre. Leur conversation tourne sur les trente-cinq heures qui font que le soir à neuf heures et demie, tu peux plus boire d’apéro, le bar il est fermé. Cette fois, j’ai évité le burgueur, au profit de la souris d’agneau pommes vapeur et j’ai bien fait car c’est excellent. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-deux euros cinquante.
Le café et la lecture qui le suit sont à la brasserie La Réale, sur le port, un euro quatre-vingts. On y est mieux abrité qu’à La Gitane, même s’il ne pleut plus.
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Derrière le fleuriste du marché, c’est l'église Saint-François-de-Paule. Elle est aux mains des Missionnaires de la Miséricorde divine, de jeunes religieux toujours vêtus de soutanes blanches à large ceinture noire et qui vont pieds nus dans des sandales. Ils disent la messe en latin et veulent l’évangélisation des musulmans. Ils ont racheté un bar gay et en ont fait un bar de la fraternité. Ce n’est pas dans ce bar que j’en ai vu un boire une bière avec une femme qui prenait ses paroles en note, mais à La Gitane.
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Oublié de noter hier qu’à l’expo d’architecture intérieure de Design Parade Toulon un visiteur déclarant « Il y a un élève de l’Ecole Camondo », celui à qui il parlait a répondu « De l’Ecole des Commandos ? »
On n’est pas à Toulon pour rien.
9 octobre 2022
A Toulon, c’est toujours le samedi qu’il pleut. Après mon petit-déjeuner au Maryland, je vais prendre un autre café au bar crêperie du port nommé Le France puis j’y lis Léautaud jusqu’à ce qu’il soit bientôt onze heures.
J’arrive devant l’Ancien Evêché, cours Lafayette, pour l’ouverture de l’exposition Design Parade Toulon organisée hors les murs par la Villa Noailles. Elle montre le travail des dix jeunes lauréats du sixième concours d’architecture intérieure, dont le thème était cette année « une pièce dans une maison au bord de la Méditerranée ».
Dans l’entrée, ça bouchonne à cause d’un lot de familles, dont l’une venue avec le vieux père à qui il faudra indiquer toutes les marches. Je me faufile et demande à une accueillante par où passer pour monter dans les étages. « Vous voulez voir quoi ? », me demande-t-elle. « Peu importe, je veux fuir cette foule. » Elle me montre où trouver l’escalier de l’une des ailes du bâtiment. Me voilà seul mais, arrivé en haut, une autre accueillante me dit que pour aller plus loin il faut retirer ses chaussures. « Non désolé, ça me gave, ça me saoule. »
Redescendu, je trouve l’escalier de l’autre aile et ne rencontre pas d’obstacle à mon entrée dans les différentes salles.
Je me rends compte que la seule chose qui m’intéresse vraiment dans ces propositions d’intérieurs méditerranéens, ce sont les livres posés çà et là comme éléments de décor, un Hervé Guibert, un Milan Kundera, un Paul Valéry.
Tout le reste glisse sur moi. Je n’éprouve pas le besoin de m’informer sur les créateurs et leurs propositions. J’en fais néanmoins des photos, et aussi du bâtiment.
A onze heures trente, je suis dehors, me demandant comment occuper la demi-heure avant de pouvoir me présenter chez Côté Cochon.
Car c’est là que je déjeune encore une fois, à l’abri sous le tivoli installé au fond de la terrasse, de la formule plat dessert café. Je choisis le galetou « Cochon » (émietté de cochon à la broche, pommes de terre et jus de thym, dans une galette de sarrasin) puis une mousse au chocolat noir que m’apporte une nouvelle serveuse. « Je débute », me dit-elle. Elle a les mêmes grandes lunettes que la boulangère de Campaillette. Un moment, j’ai cru que c’était elle.
Près de moi mangent une quadragénaire et son invitée sexagénaire un peu amortie à qui elle raconte son nouvel appartement. « J’ai acheté une console Art Nouveau pour ma chambre », lui dit-elle. Car elle vit seule. Une console, ça console.
*
Point d’autre café à La Gitane. D’une part, le temps est toujours mauvais. D’autre part, à dix-sept heures, il y a « le match » à Mayol.
*
Je n’y connais heureusement rien en rugby, sinon le résultat du match, quarante-sept à zéro contre Brive, me donnerait à penser.
J’arrive devant l’Ancien Evêché, cours Lafayette, pour l’ouverture de l’exposition Design Parade Toulon organisée hors les murs par la Villa Noailles. Elle montre le travail des dix jeunes lauréats du sixième concours d’architecture intérieure, dont le thème était cette année « une pièce dans une maison au bord de la Méditerranée ».
Dans l’entrée, ça bouchonne à cause d’un lot de familles, dont l’une venue avec le vieux père à qui il faudra indiquer toutes les marches. Je me faufile et demande à une accueillante par où passer pour monter dans les étages. « Vous voulez voir quoi ? », me demande-t-elle. « Peu importe, je veux fuir cette foule. » Elle me montre où trouver l’escalier de l’une des ailes du bâtiment. Me voilà seul mais, arrivé en haut, une autre accueillante me dit que pour aller plus loin il faut retirer ses chaussures. « Non désolé, ça me gave, ça me saoule. »
Redescendu, je trouve l’escalier de l’autre aile et ne rencontre pas d’obstacle à mon entrée dans les différentes salles.
Je me rends compte que la seule chose qui m’intéresse vraiment dans ces propositions d’intérieurs méditerranéens, ce sont les livres posés çà et là comme éléments de décor, un Hervé Guibert, un Milan Kundera, un Paul Valéry.
Tout le reste glisse sur moi. Je n’éprouve pas le besoin de m’informer sur les créateurs et leurs propositions. J’en fais néanmoins des photos, et aussi du bâtiment.
A onze heures trente, je suis dehors, me demandant comment occuper la demi-heure avant de pouvoir me présenter chez Côté Cochon.
Car c’est là que je déjeune encore une fois, à l’abri sous le tivoli installé au fond de la terrasse, de la formule plat dessert café. Je choisis le galetou « Cochon » (émietté de cochon à la broche, pommes de terre et jus de thym, dans une galette de sarrasin) puis une mousse au chocolat noir que m’apporte une nouvelle serveuse. « Je débute », me dit-elle. Elle a les mêmes grandes lunettes que la boulangère de Campaillette. Un moment, j’ai cru que c’était elle.
Près de moi mangent une quadragénaire et son invitée sexagénaire un peu amortie à qui elle raconte son nouvel appartement. « J’ai acheté une console Art Nouveau pour ma chambre », lui dit-elle. Car elle vit seule. Une console, ça console.
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Point d’autre café à La Gitane. D’une part, le temps est toujours mauvais. D’autre part, à dix-sept heures, il y a « le match » à Mayol.
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Je n’y connais heureusement rien en rugby, sinon le résultat du match, quarante-sept à zéro contre Brive, me donnerait à penser.
8 octobre 2022
Cette fois, pas question de faire demi-tour. Pour ne pas avoir trop chaud, je prends tôt, devant le Stade Mayol, un bus Mistral numéro Trois direction Le Mourillon et en descends à l’arrêt Mitre à hauteur du Port Saint-Louis. Là commence le chemin côtier qui doit me mener à la Tour Royale marquant l’entrée du Port de Toulon.
J’assiste au lever du soleil (qui vaut bien son coucher) puis me lance sur un chemin d’abord dallé car desservant de pimpantes villas. Après le belvédère (nul nudiste en contrebas à cette heure), il devient de terre et les rochers léchés par la mer me font penser à la Bretagne.
Un rude escalier, heureusement à descendre, me conduit sur la plage de la Mitre connue pour « son rocher en forme de pain de sucre ». Sous un certain angle, j’y vois une belle bite.
Après cette plage de gravier est un petit bout de chemin bétonné au-dessus de la mer puis il n’y a plus rien. Il faut passer d’une pierre baignant dans l’eau à une pierre baignant dans l’eau. Un panneau interdit de le faire en cas de mer agitée. Ce matin, c’est fort calme mais, avant de me lancer, j’attends qu’arrive quelqu’un d’en face. Une coureuse se jouant des difficultés avec l’aisance de la jeunesse me démontre que l’on peut passer.
J’avance prudemment sur ces pierres bien qu’elles ne bougent pas et ne soient pas glissantes. Un pas après l’autre, j’arrive au bout de ma peine et à la Tour Royale. C’est militaire, on ne peut pas entrer, mais il est possible de la contourner.
Je suis alors dans un espace public avec bancs et jeux pour les enfants. De cet endroit le Port de Toulon semble proche. J’assiste de loin à l’entrée d’un sous-marin dont les hommes sont alignés sur le pont. J’entends la trompette du lever des couleurs dans la Tour. Je me dis « Marchons Marchons ».
Au bout de ce parc est un autre terrain militaire. Un aimable balayeur municipal m’explique comment passer par une propriété privée pour rejoindre un bassin du port de plaisance, mais de nouveau l’armée est là avec l’entrée de la Caserne du Mourillon et en face un long et haut mur de pierre qu’il me faut longer. Je dois ensuite contourner la partie du Port réservée aux ferries. Je commence à en avoir plein les pieds quand je vois surgir ma délivrance, le Stade Mayol. La boucle est bouclée (comme on dit).
Il ne me reste plus qu’à aller par le quai jusqu’à la Station Maritime d’où partent et arrivent les bateaux bus et je m’assois presque en face, au Grand Café de la Rade. Il n’est que dix heures. J’ai du temps pour me remettre de mon exploit en lisant Léautaud. De ma table, j’ai quand même la vue sur la mer entre les deux bateaux de riches. Sur l’un un jeune homme, sur l’autre une jeune femme, astiquent. Ça sent le travail que l’on fait parce qu’il faut bien s’occuper.
A midi, comme c’est vendredi, je vais manger l’aïoli chez Béchir. Pour préserver mon foie, je n’essaie pas d’obtenir un supplément de mayonnaise aillée.
Ma place est libre pour le café à La Gitane. Le ouiquennede n’a pas commencé mais il y a déjà foule à Toulon. Près de moi est une jeune femme qui a invité ses parents, une mère grincheuse et un père amorti. Elle se donne beaucoup de mal pour que ce moment en soit un bon, ou du moins en ait les apparences. Une voisine photographie le trio. « Je vais l’envoyer à Natacha, vous allez voir, elle va dire qu’on a de la chance ».
J’assiste au lever du soleil (qui vaut bien son coucher) puis me lance sur un chemin d’abord dallé car desservant de pimpantes villas. Après le belvédère (nul nudiste en contrebas à cette heure), il devient de terre et les rochers léchés par la mer me font penser à la Bretagne.
Un rude escalier, heureusement à descendre, me conduit sur la plage de la Mitre connue pour « son rocher en forme de pain de sucre ». Sous un certain angle, j’y vois une belle bite.
Après cette plage de gravier est un petit bout de chemin bétonné au-dessus de la mer puis il n’y a plus rien. Il faut passer d’une pierre baignant dans l’eau à une pierre baignant dans l’eau. Un panneau interdit de le faire en cas de mer agitée. Ce matin, c’est fort calme mais, avant de me lancer, j’attends qu’arrive quelqu’un d’en face. Une coureuse se jouant des difficultés avec l’aisance de la jeunesse me démontre que l’on peut passer.
J’avance prudemment sur ces pierres bien qu’elles ne bougent pas et ne soient pas glissantes. Un pas après l’autre, j’arrive au bout de ma peine et à la Tour Royale. C’est militaire, on ne peut pas entrer, mais il est possible de la contourner.
Je suis alors dans un espace public avec bancs et jeux pour les enfants. De cet endroit le Port de Toulon semble proche. J’assiste de loin à l’entrée d’un sous-marin dont les hommes sont alignés sur le pont. J’entends la trompette du lever des couleurs dans la Tour. Je me dis « Marchons Marchons ».
Au bout de ce parc est un autre terrain militaire. Un aimable balayeur municipal m’explique comment passer par une propriété privée pour rejoindre un bassin du port de plaisance, mais de nouveau l’armée est là avec l’entrée de la Caserne du Mourillon et en face un long et haut mur de pierre qu’il me faut longer. Je dois ensuite contourner la partie du Port réservée aux ferries. Je commence à en avoir plein les pieds quand je vois surgir ma délivrance, le Stade Mayol. La boucle est bouclée (comme on dit).
Il ne me reste plus qu’à aller par le quai jusqu’à la Station Maritime d’où partent et arrivent les bateaux bus et je m’assois presque en face, au Grand Café de la Rade. Il n’est que dix heures. J’ai du temps pour me remettre de mon exploit en lisant Léautaud. De ma table, j’ai quand même la vue sur la mer entre les deux bateaux de riches. Sur l’un un jeune homme, sur l’autre une jeune femme, astiquent. Ça sent le travail que l’on fait parce qu’il faut bien s’occuper.
A midi, comme c’est vendredi, je vais manger l’aïoli chez Béchir. Pour préserver mon foie, je n’essaie pas d’obtenir un supplément de mayonnaise aillée.
Ma place est libre pour le café à La Gitane. Le ouiquennede n’a pas commencé mais il y a déjà foule à Toulon. Près de moi est une jeune femme qui a invité ses parents, une mère grincheuse et un père amorti. Elle se donne beaucoup de mal pour que ce moment en soit un bon, ou du moins en ait les apparences. Une voisine photographie le trio. « Je vais l’envoyer à Natacha, vous allez voir, elle va dire qu’on a de la chance ».
7 octobre 2022
Ce jeudi matin, j’attends un bus Mistral numéro Trois à l'arrêt Mayol, face au stade, qui est une église pour certains. Passe d’abord un bus U plein comme un œuf, au point que ses portes ont du mal à se refermer (il dessert les Universités), puis arrive un Trois plutôt chargé car c’est l’heure d’aller au travail. Il se vide en cours de route et je suis le seul à descendre quand il atteint l’arrêt Mourillon, son terminus.
J’ai besoin de revoir ce quartier de Toulon, sa succession de petites plages (anse des Pins, anse de la Source, anse Mistral, anse du Lido), le Port Saint-Louis et le Fort Saint-Louis construit dans l’eau (c’est militaire, défense d’entrer). Car à mon premier passage, il faisait trop chaud. Cette fois, il fait beau et doux. De plus, je sais mieux où je suis. Et ce que je vois en face n’a plus de secret pour moi.
Il n’empêche qu’encore une fois, je m’arrête près du Fort, à la terrasse surélevée du bar tabac La Réserve, où le café n’est qu’à un euro soixante. J’y lis Léautaud en ayant à bâbord la Presqu’île de Giens et à tribord la Presqu’île de Saint-Mandrier.
Quand je reprends la marche le long de la mer, je découvre un sentier bien aménagé qui d’après deux dames que je croise permet de rejoindre la Tour Royale. Il est dix heures quand j’arrive au belvédère de la Mitre (juste en-dessous est une petite crique que l’on ne peut rejoindre qu’en nageant et où se montrent quelques nudistes). J’ai bientôt trop chaud car je marche avec sur ma droite une paroi rocheuse qui fait office de cuiseur. Aussi j’arrête là et rentre avec le premier bus Trois.
Descendu à Mayol, j’achète pêches et nectarines à mes marchandes habituelles du cours Lafayette car oui, je mange le soir (un yaourt et un fruit) puis je vais prendre un autre café à la terrasse du Grand Café de la Rade, furieux de découvrir que des bateaux de riches sont désormais garés devant, cachant de leurs trois étages une partie de la sortie du port.
Mon déjeuner est sous l’un des oliviers de La Feuille de Chou, faux-filet grillé sauce moutarde à l’ancienne et brioche perdue au caramel mais le café qui suit n’est pas pour La Gitane où trois pignoufs occupent ma place.
La terrasse ombragée d’un bar crêperie dont j’oublie de noter le nom, proche de l’Hôtel de Ville, avec vue sur les fesses de la statue du port, m’accueille. Près de moi sont des employées de cette Mairie. Des histoires de collègues occupent leur conversation.
Sur le quai passe un groupe de vieilles et de vieux qui va faire le tour de la rade en bateau. Elles et eux sont pris en charge par une association caritative, comme l’indique le ticheurte rouge qu’on leur fait porter, avec inscrit dans le dos Les Petits Frères des Pauvres.
Comme dans la chanson de Jacques Brel, il faut reconnaître ses pauvres à soi. Les montrer aussi.
*
Rentré à mon logis provisoire, j’apprends qu’Annie Ernaux a reçu le Prix Nobel de Littérature. Tout le monde semble s’en réjouir. Moi itou. J’aime la plupart de ses livres, mais je ne partage pas ses prises de position politiques alignées sur celles de La France Insoumise.
Malheureusement, il semble que ce soit plus pour ses idées politico-sociales que pour ses qualités d’écriture qu’elle ait reçu ce prix.
*
Pour Paris Normandie, c’est : « La Cauchoise Annie Ernaux a reçu le prix Nobel de la littérature. ». Ces journaux régionaux ne voient jamais plus loin que leur nombril. A noter aussi l’article devant le mot littérature.
J’ai besoin de revoir ce quartier de Toulon, sa succession de petites plages (anse des Pins, anse de la Source, anse Mistral, anse du Lido), le Port Saint-Louis et le Fort Saint-Louis construit dans l’eau (c’est militaire, défense d’entrer). Car à mon premier passage, il faisait trop chaud. Cette fois, il fait beau et doux. De plus, je sais mieux où je suis. Et ce que je vois en face n’a plus de secret pour moi.
Il n’empêche qu’encore une fois, je m’arrête près du Fort, à la terrasse surélevée du bar tabac La Réserve, où le café n’est qu’à un euro soixante. J’y lis Léautaud en ayant à bâbord la Presqu’île de Giens et à tribord la Presqu’île de Saint-Mandrier.
Quand je reprends la marche le long de la mer, je découvre un sentier bien aménagé qui d’après deux dames que je croise permet de rejoindre la Tour Royale. Il est dix heures quand j’arrive au belvédère de la Mitre (juste en-dessous est une petite crique que l’on ne peut rejoindre qu’en nageant et où se montrent quelques nudistes). J’ai bientôt trop chaud car je marche avec sur ma droite une paroi rocheuse qui fait office de cuiseur. Aussi j’arrête là et rentre avec le premier bus Trois.
Descendu à Mayol, j’achète pêches et nectarines à mes marchandes habituelles du cours Lafayette car oui, je mange le soir (un yaourt et un fruit) puis je vais prendre un autre café à la terrasse du Grand Café de la Rade, furieux de découvrir que des bateaux de riches sont désormais garés devant, cachant de leurs trois étages une partie de la sortie du port.
Mon déjeuner est sous l’un des oliviers de La Feuille de Chou, faux-filet grillé sauce moutarde à l’ancienne et brioche perdue au caramel mais le café qui suit n’est pas pour La Gitane où trois pignoufs occupent ma place.
La terrasse ombragée d’un bar crêperie dont j’oublie de noter le nom, proche de l’Hôtel de Ville, avec vue sur les fesses de la statue du port, m’accueille. Près de moi sont des employées de cette Mairie. Des histoires de collègues occupent leur conversation.
Sur le quai passe un groupe de vieilles et de vieux qui va faire le tour de la rade en bateau. Elles et eux sont pris en charge par une association caritative, comme l’indique le ticheurte rouge qu’on leur fait porter, avec inscrit dans le dos Les Petits Frères des Pauvres.
Comme dans la chanson de Jacques Brel, il faut reconnaître ses pauvres à soi. Les montrer aussi.
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Rentré à mon logis provisoire, j’apprends qu’Annie Ernaux a reçu le Prix Nobel de Littérature. Tout le monde semble s’en réjouir. Moi itou. J’aime la plupart de ses livres, mais je ne partage pas ses prises de position politiques alignées sur celles de La France Insoumise.
Malheureusement, il semble que ce soit plus pour ses idées politico-sociales que pour ses qualités d’écriture qu’elle ait reçu ce prix.
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Pour Paris Normandie, c’est : « La Cauchoise Annie Ernaux a reçu le prix Nobel de la littérature. ». Ces journaux régionaux ne voient jamais plus loin que leur nombril. A noter aussi l’article devant le mot littérature.
6 octobre 2022
« Non, il n'y a aucun incendie en ce moment. Ce que vous voyez dans tout Toulon est uniquement de la brume marine, autrement dit « la Sague » alors n'encombrez pas les services de secours pour rien. », informent les autorités de la ville mardi peu avant la tombée de la nuit. De mon quatrième étage, je vois bien ce que je prenais pour une colonne de fumée et n’en est donc pas une. Jamais encore, je n’avais entendu parler de cette sague
Ce mercredi matin, quand je me dirige vers la Station Maritime, le ciel est noir de l’autre côté de la rade et il le reste quand je la traverse dans le bateau bus qui va aux Sablettes. Je commençais à me languir de ce mode de transport. Bien qu’il n’y ait pas de vent, la mer bouge, ça tangue un peu et j’aime bien.
A l’arrivée, je traverse le parc Fernand-Braudel pour passer de l’autre côté de l’isthme. Me voici à nouveau face à l’anse des Sablettes et à sa belle plage. Au bout du Cap Sicié, les Deux Frères sont sombres, pas encore réveillés semble-t-il (ils sont nés de la même mer, disait la cabinière du téléphérique du Mont Faron).
Je marche dans leur direction, d’abord sur la promenade bordée de restaurants, puis sur le sable mouillé (le seul que je supporte), ensuite je me heurte à des tas de propriétés privés et ne peux aller plus loin.
Tandis que le ciel se dégage et vire au bleu, je reviens sur mes pas pour aller boire un café verre d’eau à un euro soixante-dix à la terrasse de bord de mer du Prôvence Plage.
Je lis là Léautaud en me mêlant mentalement de la vie des autres. Une quinquagénaire arrive avec deux hommes de son âge qui se mettent en maillot et plongent illico tandis qu’elle ne se trempe que les jambes en soulevant sa robe. Sont-ce ses mari et amant ? J’aimerais avoir l’audace de lui poser la question quand elle remonte avec le duo rhabillé.
Vers onze heures, je reprends la marche, dans l’autre direction, jusqu’au port de Saint-Elme. En ce jour de congé, de la jeunesse s’exerce à la voile, tandis qu’un original traverse le bassin sur une caisse à savon flottante immatriculée comme une voiture.
A midi, je reviens au Prôvence Plage pour déjeuner de sa formule plat dessert verre de vin café à dix-sept euros quatre-vingts. C’est d’abord un pavé de bœuf bien tendre puis une tarte normande qui me rappelle le pays.
A l’issue, je prends un autre café que je fais suivre d’un long moment de lecture. C’est une journée de fainéant, mon inaction étant encouragée par la beauté de l’anse.
Au retour, durant la traversée et à l’arrivée dans le port de Toulon, j’essaie de photographier ce qui est à portée d’œil, mais ce n’est pas simple quand ça bouge. Je réussis quand même un Hôtel de Ville presque droit. Ce n’est pas le plus beau bâtiment de la ville, loin de là, mais comme disait mon chauffeur de l’autre jour dans la Presqu’île de Giens, on finit par s’y faire. Je fais aussi une photo de face du Dixmude, le porte-hélicoptère amphibie. Il n’a pas bougé depuis mon arrivée. Il illustre parfaitement l’expression « être en rade ».
*
Aux Sablettes, rue Pablo-Picasso, un salon de coiffure Miss t’Hair. Et un Hôtel George Sand en bord de mer, elle séjourna juste à côté à Tamaris avec un jeune amant et est l’auteure d’un roman portant ce nom.
*
A Bandol, un Espace Culturel Paul Ricard. A La Seyne, un Centre Culturel Henri Tisot. C’est un département où on aime les intellectuels.
*
Dans le Var Matin du jour, lu au Maryland, le début du procès de l’homme qui, après avoir étranglé sa femme, a jeté son corps du haut du Mont Faron.
Ce mercredi matin, quand je me dirige vers la Station Maritime, le ciel est noir de l’autre côté de la rade et il le reste quand je la traverse dans le bateau bus qui va aux Sablettes. Je commençais à me languir de ce mode de transport. Bien qu’il n’y ait pas de vent, la mer bouge, ça tangue un peu et j’aime bien.
A l’arrivée, je traverse le parc Fernand-Braudel pour passer de l’autre côté de l’isthme. Me voici à nouveau face à l’anse des Sablettes et à sa belle plage. Au bout du Cap Sicié, les Deux Frères sont sombres, pas encore réveillés semble-t-il (ils sont nés de la même mer, disait la cabinière du téléphérique du Mont Faron).
Je marche dans leur direction, d’abord sur la promenade bordée de restaurants, puis sur le sable mouillé (le seul que je supporte), ensuite je me heurte à des tas de propriétés privés et ne peux aller plus loin.
Tandis que le ciel se dégage et vire au bleu, je reviens sur mes pas pour aller boire un café verre d’eau à un euro soixante-dix à la terrasse de bord de mer du Prôvence Plage.
Je lis là Léautaud en me mêlant mentalement de la vie des autres. Une quinquagénaire arrive avec deux hommes de son âge qui se mettent en maillot et plongent illico tandis qu’elle ne se trempe que les jambes en soulevant sa robe. Sont-ce ses mari et amant ? J’aimerais avoir l’audace de lui poser la question quand elle remonte avec le duo rhabillé.
Vers onze heures, je reprends la marche, dans l’autre direction, jusqu’au port de Saint-Elme. En ce jour de congé, de la jeunesse s’exerce à la voile, tandis qu’un original traverse le bassin sur une caisse à savon flottante immatriculée comme une voiture.
A midi, je reviens au Prôvence Plage pour déjeuner de sa formule plat dessert verre de vin café à dix-sept euros quatre-vingts. C’est d’abord un pavé de bœuf bien tendre puis une tarte normande qui me rappelle le pays.
A l’issue, je prends un autre café que je fais suivre d’un long moment de lecture. C’est une journée de fainéant, mon inaction étant encouragée par la beauté de l’anse.
Au retour, durant la traversée et à l’arrivée dans le port de Toulon, j’essaie de photographier ce qui est à portée d’œil, mais ce n’est pas simple quand ça bouge. Je réussis quand même un Hôtel de Ville presque droit. Ce n’est pas le plus beau bâtiment de la ville, loin de là, mais comme disait mon chauffeur de l’autre jour dans la Presqu’île de Giens, on finit par s’y faire. Je fais aussi une photo de face du Dixmude, le porte-hélicoptère amphibie. Il n’a pas bougé depuis mon arrivée. Il illustre parfaitement l’expression « être en rade ».
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Aux Sablettes, rue Pablo-Picasso, un salon de coiffure Miss t’Hair. Et un Hôtel George Sand en bord de mer, elle séjourna juste à côté à Tamaris avec un jeune amant et est l’auteure d’un roman portant ce nom.
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A Bandol, un Espace Culturel Paul Ricard. A La Seyne, un Centre Culturel Henri Tisot. C’est un département où on aime les intellectuels.
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Dans le Var Matin du jour, lu au Maryland, le début du procès de l’homme qui, après avoir étranglé sa femme, a jeté son corps du haut du Mont Faron.
5 octobre 2022
C’est le dernier jour de validité pour ma carte d’abonné mensuel aux cars Zou ! du Var. En l’utilisant ce mardi pour retourner à Bandol avec le sept heures quarante-cinq, je réussis juste à l’amortir.
Descendu au terminus, devant le Casino, je longe le port sans rien en voir, la faute au marché qui n’a de remarquable que sa longueur. Bandol est une ville de riches avec des boutiques et des commerces ambulants de piètre qualité. C’est étrange. Quand j’arrive au dernier éventaire, je respire un peu et fais ce que la chaleur m’a empêché de faire la première fois, le tour de la presqu’île qui n’a pas de nom, en face de laquelle se trouve, très près, l’île de Bendor, qui appartenait à Paul Ricard. Un engin de démolition y met bas un immeuble. Je termine mon tour juste avant d’être à la plage de Renécros, à la hauteur du Trou Madame, et rentre par l’intérieur, empruntant un boulevard Louis-Lumière qui n’est qu’une rue étroite et éteinte.
Au niveau de l’Office de Tourisme commence le boulevard Victor-Hugo où, au numéro dix-sept, doit se trouver l’agence d’architecture de Rudy Ricciotti. A cet endroit, le boulevard devient une montée sans autre issue qu’un escalier qui mène dans les hauteurs et je ne vois là qu’une villa rouge nommée La Tartane dont le portail, rouillé et envahi par une végétation luxuriante, pourrait donner à penser que c’est inhabité. Je me demande si je suis au bon endroit.
Une vieille dame à béquilles est assise sur le muret. Elle m’interpelle à propos du chat qui est devant ce portail. « Il n’est à personne, me dit-elle, tout le monde lui donne à manger, il aime bien aller chez monsieur Ricciotti. » Je suis donc au bon endroit. « Ils sont plusieurs à l’intérieur à travailler », m’explique celle qui est sa voisine. Elle me raconte aussi qu’elle a été renversée par une voiture il y a trois ans sur un passage pour piétons et que depuis elle est handicapée.
Du bruit se fait entendre dans le jardin de la maison rouge. « Tenez, quelqu’un vient », me dit-elle. Une clé tourne dans le portail et sort, non pas le patron, mais un de ses collaborateurs avec un café et une cigarette. Tandis que la voisine rentre chez elle, j’explique à ce trentenaire que j’étais en train de faire une photo de la maison, que je ne connais pas Rudy Ricciotti mais que j’ai suivi à Rouen sa visite guidée de ce qui devait être la Médiathèque et que j’aime ses propos provocants quand je l’entends sur France Culture. « Oui, il est un peu rentre-dedans, me dit-il, mais c’est une façon de se protéger. » Il me dit aussi qu’il a de la chance de travailler ici et je le laisse à sa pause.
Cette maison rouge est davantage visible quand on redescend sur le port, où on a du recul, et je la photographie une dernière fois. De sa terrasse, la belle vue est assurée sur la baie.
Un peu plus loin, je trouve à m’asseoir au premier rang de la terrasse de L’Amiral, un des restaurants présentables de Bandol, avec vue sur la route et sur le marché qui gâche le port. Le café y est à un euro quatre-vingts, moins cher qu’au petit Flament B situé à l’autre bout de la promenade en béton, ce matériau que chérit Ricciotti.
Je lis Léautaud jusqu’à ce qu’il soit temps de retourner devant le Casino. Je valide une dernière fois ma carte d’abonné mensuel dans le car Zou ! d’onze heures. Il me permet d’être à midi attablé sous un autre des quatre oliviers de la terrasse de la Feuille de Chou.
Aujourd’hui, c’est blanquette de veau pommes vapeur. Quand je vais payer au comptoir, la jeune serveuse m’apprend qu’un petit digestif à la menthe m’est offert puisque je viens tous les jours. « Attention, lui dis-je, il n’est pas sûr que je vienne toujours tous les jours ».
*
A Bandol, Rudy Ricciotti a construit une villa avec piscine aquarium. On peut la louer sur Air Bibi.
En saison, c’est mille cinq cent soixante-dix euros par nuit (sur la base de huit adultes, sans les frais et taxe de séjour, prix été deux mille vingt et un).
Descendu au terminus, devant le Casino, je longe le port sans rien en voir, la faute au marché qui n’a de remarquable que sa longueur. Bandol est une ville de riches avec des boutiques et des commerces ambulants de piètre qualité. C’est étrange. Quand j’arrive au dernier éventaire, je respire un peu et fais ce que la chaleur m’a empêché de faire la première fois, le tour de la presqu’île qui n’a pas de nom, en face de laquelle se trouve, très près, l’île de Bendor, qui appartenait à Paul Ricard. Un engin de démolition y met bas un immeuble. Je termine mon tour juste avant d’être à la plage de Renécros, à la hauteur du Trou Madame, et rentre par l’intérieur, empruntant un boulevard Louis-Lumière qui n’est qu’une rue étroite et éteinte.
Au niveau de l’Office de Tourisme commence le boulevard Victor-Hugo où, au numéro dix-sept, doit se trouver l’agence d’architecture de Rudy Ricciotti. A cet endroit, le boulevard devient une montée sans autre issue qu’un escalier qui mène dans les hauteurs et je ne vois là qu’une villa rouge nommée La Tartane dont le portail, rouillé et envahi par une végétation luxuriante, pourrait donner à penser que c’est inhabité. Je me demande si je suis au bon endroit.
Une vieille dame à béquilles est assise sur le muret. Elle m’interpelle à propos du chat qui est devant ce portail. « Il n’est à personne, me dit-elle, tout le monde lui donne à manger, il aime bien aller chez monsieur Ricciotti. » Je suis donc au bon endroit. « Ils sont plusieurs à l’intérieur à travailler », m’explique celle qui est sa voisine. Elle me raconte aussi qu’elle a été renversée par une voiture il y a trois ans sur un passage pour piétons et que depuis elle est handicapée.
Du bruit se fait entendre dans le jardin de la maison rouge. « Tenez, quelqu’un vient », me dit-elle. Une clé tourne dans le portail et sort, non pas le patron, mais un de ses collaborateurs avec un café et une cigarette. Tandis que la voisine rentre chez elle, j’explique à ce trentenaire que j’étais en train de faire une photo de la maison, que je ne connais pas Rudy Ricciotti mais que j’ai suivi à Rouen sa visite guidée de ce qui devait être la Médiathèque et que j’aime ses propos provocants quand je l’entends sur France Culture. « Oui, il est un peu rentre-dedans, me dit-il, mais c’est une façon de se protéger. » Il me dit aussi qu’il a de la chance de travailler ici et je le laisse à sa pause.
Cette maison rouge est davantage visible quand on redescend sur le port, où on a du recul, et je la photographie une dernière fois. De sa terrasse, la belle vue est assurée sur la baie.
Un peu plus loin, je trouve à m’asseoir au premier rang de la terrasse de L’Amiral, un des restaurants présentables de Bandol, avec vue sur la route et sur le marché qui gâche le port. Le café y est à un euro quatre-vingts, moins cher qu’au petit Flament B situé à l’autre bout de la promenade en béton, ce matériau que chérit Ricciotti.
Je lis Léautaud jusqu’à ce qu’il soit temps de retourner devant le Casino. Je valide une dernière fois ma carte d’abonné mensuel dans le car Zou ! d’onze heures. Il me permet d’être à midi attablé sous un autre des quatre oliviers de la terrasse de la Feuille de Chou.
Aujourd’hui, c’est blanquette de veau pommes vapeur. Quand je vais payer au comptoir, la jeune serveuse m’apprend qu’un petit digestif à la menthe m’est offert puisque je viens tous les jours. « Attention, lui dis-je, il n’est pas sûr que je vienne toujours tous les jours ».
*
A Bandol, Rudy Ricciotti a construit une villa avec piscine aquarium. On peut la louer sur Air Bibi.
En saison, c’est mille cinq cent soixante-dix euros par nuit (sur la base de huit adultes, sans les frais et taxe de séjour, prix été deux mille vingt et un).
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