Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
16 mars 2023
Bien content de recevoir un mail de la Senecefe m’annonçant que mes trains circuleraient en ce nouveau jour de grève, j’aurais mal supporté de ne pas aller à Paris deux mercredis de suite.
Non seulement mon sept heures vingt-quatre est là mais il s’y trouve moins de monde que d’habitude. Je peux avoir une place sans voisin immédiat. Une drache venait de tomber quand je me suis rendu à la Gare de Rouen mais en approchant de la capitale le ciel devient bleu. La cheffe de bord vérifie les titres de transport avec le sourire. Je la trouve sexy, le genre de chose que l’on ne doit plus écrire, ni dire, ni peut-être même penser, mais je ne suis pas prêt d’obéir à la nouvelle doxa. Cette jeune femme fait une annonce peu avant l’arrivée, qui s’adresse à une navetteuse prénommée Nadine dont c’est le dernier voyage aujourd’hui pour cause de retraite. Elle la lui souhaite bonne, « loin des aléas ferroviaires ».
Le bus Vingt-Neuf est là, jouxté par des poubelles qui débordent. S’il y en a qui sont en grève, ce sont les éboueurs. Les télévisions ne cessent de gémir sur la saleté que cela engendre. Sur l’un des tas d’ordures, un quidam a collé une affichette « Merci Hidalgo ».
Arrivé à Bastille, je mets le cap sur le Marché d’Aligre. Le premier vendeur de livres, Emile Débarras, ne propose que des livres de poche à un euro. Comme ce sont des romans, ce n’est pas pour moi. Le second n’a déballé que quelques livres en vrac. Je vais boire un café au Camélia.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, le Déplaisant n’est pas là. Je peux donc déposer mon sac derrière le comptoir et proposer huit livres à l’achat. On m’en donne six euros dix. J’en dépense quatre en achetant Fille de la campagne, l’autobiographie d’Edna O’Brien (Livre de Poche), Le monocle de Joseph Conrad de Jacques Meunier (Petite Bibliothèque Payot), Le voyeur absolu, des textes et photos d’Evgen Bavčar (Seuil) et Terre, Terre, comme il fait bon s’étendre à travers toi !, l’œuvre poétique de Jean Le Mauve (Plein Chant).
Le métro fonctionne presque normalement. J’ai tôt fait d’être à Châtelet. En attendant midi, je furète dans les livres à un euro de Boulinier et me laisse aller à racheter Benoît Misère de Léo Ferré (Robert Laffont) que j’ai eu et revendu. Il me semble qu’il y raconte avoir été abusé par un religieux durant son enfance. Ce qui n’avait fait aucun bruit à la publication en mil neuf cent soixante-dix. Je trouve aussi La Vie meurtrière, un roman de Félix Vallotton (Libretto Phébus). Il est orné de sept dessins de l’auteur.
*
On ne contrôle plus les billets, on vérifie les titres de transport.
*
Les aléas ferroviaires, je dois le reconnaître, sont devenus rares depuis la mise en service des nouveaux trains achetés par Hervé Morin.
Non seulement mon sept heures vingt-quatre est là mais il s’y trouve moins de monde que d’habitude. Je peux avoir une place sans voisin immédiat. Une drache venait de tomber quand je me suis rendu à la Gare de Rouen mais en approchant de la capitale le ciel devient bleu. La cheffe de bord vérifie les titres de transport avec le sourire. Je la trouve sexy, le genre de chose que l’on ne doit plus écrire, ni dire, ni peut-être même penser, mais je ne suis pas prêt d’obéir à la nouvelle doxa. Cette jeune femme fait une annonce peu avant l’arrivée, qui s’adresse à une navetteuse prénommée Nadine dont c’est le dernier voyage aujourd’hui pour cause de retraite. Elle la lui souhaite bonne, « loin des aléas ferroviaires ».
Le bus Vingt-Neuf est là, jouxté par des poubelles qui débordent. S’il y en a qui sont en grève, ce sont les éboueurs. Les télévisions ne cessent de gémir sur la saleté que cela engendre. Sur l’un des tas d’ordures, un quidam a collé une affichette « Merci Hidalgo ».
Arrivé à Bastille, je mets le cap sur le Marché d’Aligre. Le premier vendeur de livres, Emile Débarras, ne propose que des livres de poche à un euro. Comme ce sont des romans, ce n’est pas pour moi. Le second n’a déballé que quelques livres en vrac. Je vais boire un café au Camélia.
Au Book-Off de Ledru-Rollin, le Déplaisant n’est pas là. Je peux donc déposer mon sac derrière le comptoir et proposer huit livres à l’achat. On m’en donne six euros dix. J’en dépense quatre en achetant Fille de la campagne, l’autobiographie d’Edna O’Brien (Livre de Poche), Le monocle de Joseph Conrad de Jacques Meunier (Petite Bibliothèque Payot), Le voyeur absolu, des textes et photos d’Evgen Bavčar (Seuil) et Terre, Terre, comme il fait bon s’étendre à travers toi !, l’œuvre poétique de Jean Le Mauve (Plein Chant).
Le métro fonctionne presque normalement. J’ai tôt fait d’être à Châtelet. En attendant midi, je furète dans les livres à un euro de Boulinier et me laisse aller à racheter Benoît Misère de Léo Ferré (Robert Laffont) que j’ai eu et revendu. Il me semble qu’il y raconte avoir été abusé par un religieux durant son enfance. Ce qui n’avait fait aucun bruit à la publication en mil neuf cent soixante-dix. Je trouve aussi La Vie meurtrière, un roman de Félix Vallotton (Libretto Phébus). Il est orné de sept dessins de l’auteur.
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On ne contrôle plus les billets, on vérifie les titres de transport.
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Les aléas ferroviaires, je dois le reconnaître, sont devenus rares depuis la mise en service des nouveaux trains achetés par Hervé Morin.
13 mars 2023
« Oh la la le bordel hier soir avec les jeunes. Vivement qu’il rouvre et qu’il les reprenne ! » Ainsi s’exprimait samedi matin, le patron du Socrate pour qui la fermeture administrative de son voisin et concurrent, Le Flo’s, n’est pas forcément un cadeau.
Les autres jours j’y suis l’après-midi et y côtoie, de loin, deux autres vieux. Un qui lit comme moi et prend toujours deux cafés d’emblée. Un qui consulte son ordinateur jusqu’à ce que lui téléphone toujours la même avec qui il a une conversation qui ne fait que reprendre ce qu’il a lu ou entendu sur l’actualité. Il boit toujours la même bière qu’il transporte lui-même jusqu’à sa table. C’est un ancien patron. « Quand j’étais patron, j’aimais bien les communistes car ils étaient toujours pour l’ordre ».
Deux autres habitués, plus jeunes, s’assoient toujours à la même table et ont des discussions qui les amènent souvent à une agressivité réciproque. Je me demande ce qu’ils font, peut être vigiles.
-Pourquoi la bière est moins chère que le Coca ou le jus de fruit ?, demande l’un à l’une des serveuses.
-Ce qu’on dit dans le métier, lui répond-elle, c’est que quelqu’un qui prend une bière est plus susceptible d’en reprendre une que celui qui prend un Coca ou un jus de fruit.
*
Une famille italienne dans l’Air Bibi de la copropriété situé dans les étages côté grand bâtiment. Je les regarde partir ce lundi matin, tirant derrière eux d’énormes valises, le manteau d’hiver sur le bras car il fait aussi doux que chez eux, enfin presque.
Ce grand bâtiment à pans de bois était observé l’autre semaine par un groupe de pompiers expectatifs. Première fois que j’en voyais dans la copropriété s’interroger sur les conditions d’intervention dans ce haut bâtiment près duquel on ne peut approcher aucun camion à grande échelle.
Pour moi c’est clair : en cas d’incendie au rez-de-chaussée ou au premier étage, ceux qui vivent plus haut seront condamnés. Jamais je n’accepterais d’y habiter.
*
Du mieux avec le nouveau voisin ces derniers jours, moins de bruit, moins de présence aussi.
Les autres jours j’y suis l’après-midi et y côtoie, de loin, deux autres vieux. Un qui lit comme moi et prend toujours deux cafés d’emblée. Un qui consulte son ordinateur jusqu’à ce que lui téléphone toujours la même avec qui il a une conversation qui ne fait que reprendre ce qu’il a lu ou entendu sur l’actualité. Il boit toujours la même bière qu’il transporte lui-même jusqu’à sa table. C’est un ancien patron. « Quand j’étais patron, j’aimais bien les communistes car ils étaient toujours pour l’ordre ».
Deux autres habitués, plus jeunes, s’assoient toujours à la même table et ont des discussions qui les amènent souvent à une agressivité réciproque. Je me demande ce qu’ils font, peut être vigiles.
-Pourquoi la bière est moins chère que le Coca ou le jus de fruit ?, demande l’un à l’une des serveuses.
-Ce qu’on dit dans le métier, lui répond-elle, c’est que quelqu’un qui prend une bière est plus susceptible d’en reprendre une que celui qui prend un Coca ou un jus de fruit.
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Une famille italienne dans l’Air Bibi de la copropriété situé dans les étages côté grand bâtiment. Je les regarde partir ce lundi matin, tirant derrière eux d’énormes valises, le manteau d’hiver sur le bras car il fait aussi doux que chez eux, enfin presque.
Ce grand bâtiment à pans de bois était observé l’autre semaine par un groupe de pompiers expectatifs. Première fois que j’en voyais dans la copropriété s’interroger sur les conditions d’intervention dans ce haut bâtiment près duquel on ne peut approcher aucun camion à grande échelle.
Pour moi c’est clair : en cas d’incendie au rez-de-chaussée ou au premier étage, ceux qui vivent plus haut seront condamnés. Jamais je n’accepterais d’y habiter.
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Du mieux avec le nouveau voisin ces derniers jours, moins de bruit, moins de présence aussi.
10 mars 2023
Grosse déception que la lecture, qui m’a pris de nombreux après-midi café au Socrate, de Correspondances de Boris Vian, lourd livre à petits caractères illustré de mauvaises photos de missives, publié chez Fayard en deux mille vingt, trente-quatre euros prix neuf ; mon exemplaire, acheté d’occase via Internet chez Gibert, m’ayant coûté quatre euros soixante-dix. L’humour potache est hélas la caractéristique de Boris Vian, dit Bison Ravi, dans beaucoup de ces lettres écrites durant sa courte vie et cela a eu tôt fait de me saouler. Je suis néanmoins allé au bout.
*
Une ville qui ne pourra se prévaloir d’avoir accueilli le jeune Boris Vian, c’est Angoulême. Il y fut élève à l’Ecole Centrale, repliée dans cette ville en raison de l’invasion nazie :
Ma vieille mère Pouche
Je ne sais pas trop quoi te raconter si ce n’est qu’on s’emmerde bien le dimanche à Angoulême. A sa mère, un lundi de novembre mil neuf cent trente-neuf
Je ne suis pas ravi d’être de nouveau dans cette ville infecte surtout qu’il fait de nouveau un temps de cochon. A la même, un mercredi d’avril mil neuf cent quarante
On a retrouvé cette atmosphère d’emmerdement complet qui caractérise si bien cette charmante ville. A la même, un jeudi de mai mil neuf cent quarante
*
Dans cette édition, des lettres écrites par Boris Vian mais aussi des lettres envoyées à Boris Vian, dont l’une signée d’un certain Roger Dumont, de Rouen, furieux que Vian se soit moqué en mil neuf cent quarante-neuf dans Jazz Hot d’un article de Paris Normandie écrit par une certaine Françoise (sa femme ?) :
Vous aviez déjà projeté par le truchement de noirs originaires de la Louisiane « d’aller cracher sur nos tombes » ; maintenant, vous projetez d’aller faire pipi dans la culotte de votre voisin. Bien que chez vous, la bouche et le reste se valent, il ne faudrait vraiment pas dépasser les bornes de la correction, Monsieur Boris Vian… (…)
D’ailleurs puisque l’un de vos titres à sensations fut le crois : … et l’on tua tous les affreux… si l’on vous désigne, nous serons beaucoup à commander feu !
*
Dans ce livre des notes infrapaginales inutiles, pour expliquer par exemple qui sont Arletty ou Faulkner. Elles sont dues à Nicole Bertolt, la responsable de cette édition sous-titrée Vouszenserrancinq ! Mon exemplaire bénéficie d’un envoi d’icelle : « Chère Pascale Assor, je ne trouve plus mon stylo ! Nicole Bertolt ».
*
Notes de bas de texte :
Pascale Assor, journaliste et programmatrice chez Arte.
Un certain Roger Dumont est décédé le quinze août mil neuf cent soixante-dix-neuf à l’âge de soixante-dix ans à Rouen, ce doit être lui.
*
Une ville qui ne pourra se prévaloir d’avoir accueilli le jeune Boris Vian, c’est Angoulême. Il y fut élève à l’Ecole Centrale, repliée dans cette ville en raison de l’invasion nazie :
Ma vieille mère Pouche
Je ne sais pas trop quoi te raconter si ce n’est qu’on s’emmerde bien le dimanche à Angoulême. A sa mère, un lundi de novembre mil neuf cent trente-neuf
Je ne suis pas ravi d’être de nouveau dans cette ville infecte surtout qu’il fait de nouveau un temps de cochon. A la même, un mercredi d’avril mil neuf cent quarante
On a retrouvé cette atmosphère d’emmerdement complet qui caractérise si bien cette charmante ville. A la même, un jeudi de mai mil neuf cent quarante
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Dans cette édition, des lettres écrites par Boris Vian mais aussi des lettres envoyées à Boris Vian, dont l’une signée d’un certain Roger Dumont, de Rouen, furieux que Vian se soit moqué en mil neuf cent quarante-neuf dans Jazz Hot d’un article de Paris Normandie écrit par une certaine Françoise (sa femme ?) :
Vous aviez déjà projeté par le truchement de noirs originaires de la Louisiane « d’aller cracher sur nos tombes » ; maintenant, vous projetez d’aller faire pipi dans la culotte de votre voisin. Bien que chez vous, la bouche et le reste se valent, il ne faudrait vraiment pas dépasser les bornes de la correction, Monsieur Boris Vian… (…)
D’ailleurs puisque l’un de vos titres à sensations fut le crois : … et l’on tua tous les affreux… si l’on vous désigne, nous serons beaucoup à commander feu !
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Dans ce livre des notes infrapaginales inutiles, pour expliquer par exemple qui sont Arletty ou Faulkner. Elles sont dues à Nicole Bertolt, la responsable de cette édition sous-titrée Vouszenserrancinq ! Mon exemplaire bénéficie d’un envoi d’icelle : « Chère Pascale Assor, je ne trouve plus mon stylo ! Nicole Bertolt ».
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Notes de bas de texte :
Pascale Assor, journaliste et programmatrice chez Arte.
Un certain Roger Dumont est décédé le quinze août mil neuf cent soixante-dix-neuf à l’âge de soixante-dix ans à Rouen, ce doit être lui.
9 mars 2023
Aller ou non à Paris le mercredi huit mars, telle est la question que je me pose depuis un moment. Lundi après-midi la Senecefe m’informe que mon train de retour à Rouen, le seize heures quarante, sera supprimé. J’échange mon billet contre un pour le train qui part une heure plus tard, lequel est maintenu. Oui mais Météo France prévoit la pluie pour ce jour, ce qui signifie un déplaisir à marcher dans les rues, un Marché d’Aligre à l’eau et des livres achetés en danger, qu’ils soient dans mon sac à dos ou dans un sac en plastique porté à bout de bras. Aussi mardi matin, j’annule mon voyage, malgré la petite voix qui me dit « Et ces livres que tu aurais trouvés ce jour-là et que tu ne reverras pas ».
Effectivement il pleut en cette Journée Internationale des Droits des Femmes pendant laquelle les grèves et les blocages contre le recul de l’âge de la retraite continuent. Au petit matin, seules les infos sont diffusées sur France Culture. J’apprends que le mercredi quinze mars sera journée d’action. Evidemment j’ai des réservations de train pour ce jour-là.
A midi, je vais déjeuner rue des Carmes chez Garden Resto où tout est à volonté pour quinze euros cinquante, une chose à ne pas faire souvent, mais j’avais envie de fruits de mer et d’une pièce de boucher juste saisie sur le grill par l’artiste qui jongle avec son matériel. Ici, côté personnel et côté clientèle, le monde entier est représenté et malgré la foule point trop d’attente ni de bruit.
*
Deux jours de calme du côté du nouvel arrivant dans la copropriété. Ils font suite à la pire soirée imposée par ce personnage à son voisinage. Le voisin de l’autre côté, excédé par le bruit, en est venu à taper dans le mur (ou plutôt la cloison) qui le sépare du fauteur de troubles. Celui-ci s’est mis à lui crier (en le tutoyant) de taper plus fort, puis d’arrêter de taper, sinon… Une minute plus tard, il dévalait son escalier et s’attaquait à la porte de ce résident, la dégradant sans pouvoir entrer. Qui sait ce qui se serait passé s’il avait pu le faire ?
Une plainte a évidemment été déposée. De mon côté, j’ai écrit à la propriétaire du logement de ce nouvel arrivant pour lui expliquer qu’il ne fait pas seulement preuve d’incivilité mais qu’il est également dangereux, et pour l’inviter à agir.
*
Une Journée Internationale des Droits des Femmes qu’Emmanuel Macon, Président, Droitiste, utilise pour tenter de détourner l’attention des mouvements en cours en décrétant au dernier moment un hommage national à Gisèle Halimi auquel n’assisteront ni l’association Choisir (créée par ladite et Simone de Beauvoir) ni son fils Serge :
« Je n’y participerai pas. La décision de l’Elysée intervient après plus de deux ans de tergiversations et alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes. »
« Ma mère aurait défendu leur cause et manifesté à leurs côtés. Le 8 mars, ce sera la meilleure façon d’honorer sa mémoire et ses combats ».
Effectivement il pleut en cette Journée Internationale des Droits des Femmes pendant laquelle les grèves et les blocages contre le recul de l’âge de la retraite continuent. Au petit matin, seules les infos sont diffusées sur France Culture. J’apprends que le mercredi quinze mars sera journée d’action. Evidemment j’ai des réservations de train pour ce jour-là.
A midi, je vais déjeuner rue des Carmes chez Garden Resto où tout est à volonté pour quinze euros cinquante, une chose à ne pas faire souvent, mais j’avais envie de fruits de mer et d’une pièce de boucher juste saisie sur le grill par l’artiste qui jongle avec son matériel. Ici, côté personnel et côté clientèle, le monde entier est représenté et malgré la foule point trop d’attente ni de bruit.
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Deux jours de calme du côté du nouvel arrivant dans la copropriété. Ils font suite à la pire soirée imposée par ce personnage à son voisinage. Le voisin de l’autre côté, excédé par le bruit, en est venu à taper dans le mur (ou plutôt la cloison) qui le sépare du fauteur de troubles. Celui-ci s’est mis à lui crier (en le tutoyant) de taper plus fort, puis d’arrêter de taper, sinon… Une minute plus tard, il dévalait son escalier et s’attaquait à la porte de ce résident, la dégradant sans pouvoir entrer. Qui sait ce qui se serait passé s’il avait pu le faire ?
Une plainte a évidemment été déposée. De mon côté, j’ai écrit à la propriétaire du logement de ce nouvel arrivant pour lui expliquer qu’il ne fait pas seulement preuve d’incivilité mais qu’il est également dangereux, et pour l’inviter à agir.
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Une Journée Internationale des Droits des Femmes qu’Emmanuel Macon, Président, Droitiste, utilise pour tenter de détourner l’attention des mouvements en cours en décrétant au dernier moment un hommage national à Gisèle Halimi auquel n’assisteront ni l’association Choisir (créée par ladite et Simone de Beauvoir) ni son fils Serge :
« Je n’y participerai pas. La décision de l’Elysée intervient après plus de deux ans de tergiversations et alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes. »
« Ma mère aurait défendu leur cause et manifesté à leurs côtés. Le 8 mars, ce sera la meilleure façon d’honorer sa mémoire et ses combats ».
7 mars 2023
Quatre élues dans la première sélection faite parmi la dizaine de villes françaises candidates au titre de Capitale Européenne de la Culture deux mille vingt-huit et parmi celles-ci Rouen, ce à quoi ne s’attendait manifestement pas Le Journal des Arts qui dans son numéro de janvier écrivait :
« Axée sur le partage des connaissances et des savoirs, la candidature de Rouen a un tropisme environnemental et scientifique, et en oublie presque la culture. Elle se présente devant le jury sans programmation concrète car celle-ci sera élaborée par la suite avec les habitants. “On ne veut pas d’un programme atterrissant brutalement sur le territoire” justifie Rebecca Armstrong, la déléguée générale ».
C’est peut-être en raison de ce presque oubli de la culture que Rouen a été sélectionnée, car comme je l’ai déjà écrit, ce titre de Capitale Européenne de la Culture est donné à qui en manque afin de l’encourager à redresser la situation.
Ça n’en prend pas le chemin si j’en juge par à ce que m’apprend Paris Normandie ce mardi. Le premier point dévoilé du programme en cas de victoire rouennaise : un Festival de la Pluie.
« Le festival aurait lieu entre mars et mai 2028 sur toute la Métropole. Il pourrait intégrer des plaines de jeux ouvertes exclusivement les jours de pluie avec des jeux hydrauliques, des caissons de méditation au rythme des gouttes ou encore des chorégraphies autour de la pluie. »
Dans cette ville, et c’est loin d’être la seule, on confond régulièrement la culture avec le divertissement.
*
Cet énervant « sur toute la Métropole » au lieu d’écrire « dans toute la Métropole ». Encore que s’agissant de la pluie, quand elle tombe, comme ce mardi, c’est bien sur toute la Métropole.
*
Longtemps que je n’avais vendu un livre à quelqu’un de connu. C’est à nouveau le cas cette semaine. Un roman de Clarisse Lispector autrefois publié aux Editions des Femmes. J’aurais dû l’emballer dans de la ouate. De toutes les matières, c’est celle qu’elle préfère.
« Axée sur le partage des connaissances et des savoirs, la candidature de Rouen a un tropisme environnemental et scientifique, et en oublie presque la culture. Elle se présente devant le jury sans programmation concrète car celle-ci sera élaborée par la suite avec les habitants. “On ne veut pas d’un programme atterrissant brutalement sur le territoire” justifie Rebecca Armstrong, la déléguée générale ».
C’est peut-être en raison de ce presque oubli de la culture que Rouen a été sélectionnée, car comme je l’ai déjà écrit, ce titre de Capitale Européenne de la Culture est donné à qui en manque afin de l’encourager à redresser la situation.
Ça n’en prend pas le chemin si j’en juge par à ce que m’apprend Paris Normandie ce mardi. Le premier point dévoilé du programme en cas de victoire rouennaise : un Festival de la Pluie.
« Le festival aurait lieu entre mars et mai 2028 sur toute la Métropole. Il pourrait intégrer des plaines de jeux ouvertes exclusivement les jours de pluie avec des jeux hydrauliques, des caissons de méditation au rythme des gouttes ou encore des chorégraphies autour de la pluie. »
Dans cette ville, et c’est loin d’être la seule, on confond régulièrement la culture avec le divertissement.
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Cet énervant « sur toute la Métropole » au lieu d’écrire « dans toute la Métropole ». Encore que s’agissant de la pluie, quand elle tombe, comme ce mardi, c’est bien sur toute la Métropole.
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Longtemps que je n’avais vendu un livre à quelqu’un de connu. C’est à nouveau le cas cette semaine. Un roman de Clarisse Lispector autrefois publié aux Editions des Femmes. J’aurais dû l’emballer dans de la ouate. De toutes les matières, c’est celle qu’elle préfère.
6 mars 2023
Depuis plus de vingt ans que je suis locataire de mon appartement rouennais, j’en ai vu passer des voisin(e)s de derrière ma chambre, des discret(e)s et des moins discret(e)s. Jamais un qui fait autant de bruit que celui qui vient d’arriver. Un qui vit surtout la nuit et a des peutes qui déboulent à tout moment chez lui.
L’autre soir, c’était tout à coup la musique à fond. Quand je suis allé m’en plaindre, j’ai trouvé dans son escalier deux des peutes en train de descendre ses toilettes sans en avoir vidé le réservoir. L’eau dégoulinait partout sur les marches. Un locataire qui change les toilettes de l’appartement qu’il vient de louer, j’ai trouvé ça bizarre. Il s’est excusé pour la musique et est allé l’arrêter.
Dans la nuit de vendredi à samedi, c’est encore la fenêtre ouverte près de ma chambre pendant qu’il discute bruyamment. J’ouvre la mienne et lui rappelle que je ne peux pas dormir dans cette situation, « Ce n’est pas le but, me répond-il, je la ferme ». Il la ferme mais la rouvre plus tard dans la nuit. Je me demande à quoi il joue. Ou plutôt, j’ai l’impression qu’il se fout de moi.
*
Un bruit que je n’ai pas à subir, pour des raisons de distance, c’est celui que font en journée des ouvriers manifestement originaires d’Europe de l’Est qui travaillent même le samedi dans l’un des appartements de la copropriété.
Ils ont tout cassé dans cet appartement de rez-de-chaussée opposé au mien par la diagonale du jardin. Je les ai vus sortir les gravats, le cumulus et la baignoire à bout de bras ou dans une brouette. Des travailleurs qui seront épuisés avant d’avoir soixante-quatre ans.
*
Autre voisinage, celui des occupants du logement Air Bibi semi enterré de l’autre côté de la ruelle. Derniers résidents : un couple et ses deux enfants. Avant de quitter les lieux, la mère de famille frappe à ma porte. Elle me propose des yaourts qu’ils ne peuvent emporter. J’accepte et la remercie. C’est la première fois que ça arrive.
L’autre soir, c’était tout à coup la musique à fond. Quand je suis allé m’en plaindre, j’ai trouvé dans son escalier deux des peutes en train de descendre ses toilettes sans en avoir vidé le réservoir. L’eau dégoulinait partout sur les marches. Un locataire qui change les toilettes de l’appartement qu’il vient de louer, j’ai trouvé ça bizarre. Il s’est excusé pour la musique et est allé l’arrêter.
Dans la nuit de vendredi à samedi, c’est encore la fenêtre ouverte près de ma chambre pendant qu’il discute bruyamment. J’ouvre la mienne et lui rappelle que je ne peux pas dormir dans cette situation, « Ce n’est pas le but, me répond-il, je la ferme ». Il la ferme mais la rouvre plus tard dans la nuit. Je me demande à quoi il joue. Ou plutôt, j’ai l’impression qu’il se fout de moi.
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Un bruit que je n’ai pas à subir, pour des raisons de distance, c’est celui que font en journée des ouvriers manifestement originaires d’Europe de l’Est qui travaillent même le samedi dans l’un des appartements de la copropriété.
Ils ont tout cassé dans cet appartement de rez-de-chaussée opposé au mien par la diagonale du jardin. Je les ai vus sortir les gravats, le cumulus et la baignoire à bout de bras ou dans une brouette. Des travailleurs qui seront épuisés avant d’avoir soixante-quatre ans.
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Autre voisinage, celui des occupants du logement Air Bibi semi enterré de l’autre côté de la ruelle. Derniers résidents : un couple et ses deux enfants. Avant de quitter les lieux, la mère de famille frappe à ma porte. Elle me propose des yaourts qu’ils ne peuvent emporter. J’accepte et la remercie. C’est la première fois que ça arrive.
3 mars 2023
Ce mercredi, la porte est à refermer derrière soi au Boulinier des Halles, signe qu’il fait bien froid. J’y entre pour attendre midi et en ressors avec un ouvrage volumineux Le Dossier M Livre 2 de Grégoire Boullier (Flammarion) payé deux euros cinquante (je n’ai pas le premier). Suis pas sûr de lire ça un jour, j’ai beaucoup aimé ses deux petits livres Rapport sur moi et L’Invité mystère publiés chez Allia, mais ce pavé ?
L’heure du déjeuner venue, j’entre au restaurant Chez Vigouroux. La formule entrée plat est toujours à treize euros cinquante. Jusqu’à quand ? Je choisis la soupe de potiron et le confit de canard. Pendant ce repas, j’ai sous les yeux, à la sortie de métro Sainte-Opportune, ayant chassé le malheureux qui tend habituellement la main à cet endroit, deux mendiants à chasuble verte d’Oxfam. Avec force gesticulations et simagrées, ils s’efforcent d’arrêter qui passe pour le taxer au nom de l’humanitaire. Quand je ressors, ils ne sont plus là. Dommage, je leur aurais demandé s’ils recherchaient de l’argent pour payer le confortable salaire de Cécile Duflot ou pour permettre à des membres de leur association de se payer des prostituées mineures (comme ce fut le cas à Haïti en deux mille onze, affaire connue seulement en deux mille dix-huit).
Aucun problème pour la dépose de mon sac à dos au Book-Off de Saint-Martin, bien que derrière le comptoir il y ait moins de place qu’à Ledru-Rollin. Descendu au sous-sol, je trouve parmi les livres à un euro le Dictionnaire George Sand de Claire et Laurent Greilsamer (Perrin), Les petites filles de Courbelles de Jacques Brenner (Cahiers Rouges / Grasset) et Les bonbons pleurent de Sandra Lillo (Le Castor Astral), ce dernier retenu parce qu’il est préfacé par Valérie Rouzeau.
Pas davantage de difficulté pour laisser mon sac derrière le comptoir du Book-Off de Quatre Septembre, le Déplaisant n’y est pas. Je complète ma moisson de livres à un euro avec Les Joues en feu, les poèmes de Raymond Radiguet (Cahiers Rouges / Grasset) et les trois volumes de Mémoires de Saint-Simon publiés par Folio classique.
Depuis quelques semaines le train de retour à Rouen file à la même vitesse que celui de l’aller. J’ai quand même le temps de terminer la lecture du décevant Paris villages de Gil Jouanard. Que de fautes ou d’erreurs dans son texte, que les Editions du Laquet n’auraient pas dû laisser passer : mauvais emploi du mot éponyme, majuscule à espagnol employé comme adjectif, « qui est sensée » au lieu de qui est censée, « anarchiste libertaire », « à Le Cheylard », « passage Bardy », etc.
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Chaque année, Oxfam se fait remarquer en compilant les données disponibles sur les inégalités pour en conclure qu’il y a de plus en plus de pauvres et que les riches sont de plus en plus riches. Ce que tout le monde sait. De l’argent gaspillé.
*
Gil Jouanard est mort le vingt-cinq mars deux mille vingt et un, il ne pourra donc pas profiter de mes observations.
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Les Editions du Laquet sont également défuntes, qui étaient sises à Martel dans le Lot, une commune où doit encore résider l’une avec qui j’ai souvent fait l’amour au téléphone au temps des messageries roses du Minitel.
L’heure du déjeuner venue, j’entre au restaurant Chez Vigouroux. La formule entrée plat est toujours à treize euros cinquante. Jusqu’à quand ? Je choisis la soupe de potiron et le confit de canard. Pendant ce repas, j’ai sous les yeux, à la sortie de métro Sainte-Opportune, ayant chassé le malheureux qui tend habituellement la main à cet endroit, deux mendiants à chasuble verte d’Oxfam. Avec force gesticulations et simagrées, ils s’efforcent d’arrêter qui passe pour le taxer au nom de l’humanitaire. Quand je ressors, ils ne sont plus là. Dommage, je leur aurais demandé s’ils recherchaient de l’argent pour payer le confortable salaire de Cécile Duflot ou pour permettre à des membres de leur association de se payer des prostituées mineures (comme ce fut le cas à Haïti en deux mille onze, affaire connue seulement en deux mille dix-huit).
Aucun problème pour la dépose de mon sac à dos au Book-Off de Saint-Martin, bien que derrière le comptoir il y ait moins de place qu’à Ledru-Rollin. Descendu au sous-sol, je trouve parmi les livres à un euro le Dictionnaire George Sand de Claire et Laurent Greilsamer (Perrin), Les petites filles de Courbelles de Jacques Brenner (Cahiers Rouges / Grasset) et Les bonbons pleurent de Sandra Lillo (Le Castor Astral), ce dernier retenu parce qu’il est préfacé par Valérie Rouzeau.
Pas davantage de difficulté pour laisser mon sac derrière le comptoir du Book-Off de Quatre Septembre, le Déplaisant n’y est pas. Je complète ma moisson de livres à un euro avec Les Joues en feu, les poèmes de Raymond Radiguet (Cahiers Rouges / Grasset) et les trois volumes de Mémoires de Saint-Simon publiés par Folio classique.
Depuis quelques semaines le train de retour à Rouen file à la même vitesse que celui de l’aller. J’ai quand même le temps de terminer la lecture du décevant Paris villages de Gil Jouanard. Que de fautes ou d’erreurs dans son texte, que les Editions du Laquet n’auraient pas dû laisser passer : mauvais emploi du mot éponyme, majuscule à espagnol employé comme adjectif, « qui est sensée » au lieu de qui est censée, « anarchiste libertaire », « à Le Cheylard », « passage Bardy », etc.
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Chaque année, Oxfam se fait remarquer en compilant les données disponibles sur les inégalités pour en conclure qu’il y a de plus en plus de pauvres et que les riches sont de plus en plus riches. Ce que tout le monde sait. De l’argent gaspillé.
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Gil Jouanard est mort le vingt-cinq mars deux mille vingt et un, il ne pourra donc pas profiter de mes observations.
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Les Editions du Laquet sont également défuntes, qui étaient sises à Martel dans le Lot, une commune où doit encore résider l’une avec qui j’ai souvent fait l’amour au téléphone au temps des messageries roses du Minitel.
2 mars 2023
Premier mars, le jour commence à se lever comme le train de sept heures vingt-quatre pour Paris entre en gare. Désormais, quand je lève les yeux de mon livre, je peux voir le paysage. Mon passage préféré reste l’autoroute parallèle à la voie juste après les deux grandes cheminées de la Centrale de Porcheville. Pour lecture j’ai Paris villages de Gil Jouanard où l’on trouve ceci : ce quartier reste plus que jamais le mythique faubourg populaire, ponctué ici et là de bistrots-restaurants, et animé de l’intérieur par cette incomparable marché de la place d’Alligre. On voit par cet extrait que c’est mal écrit. Par ailleurs, cet Alligre fautif montre que les Editions du Laquet n’ont pas fait leur boulot.
A Saint-Lazare, je monte dans un bus Vingt-Neuf qui ne part que dix minutes plus tard. Il y fait froid, à peine moins que dehors où dorment sur des matelas crasseux des sans-abris. L’un d’eux, déjà levé, sans pantalon, enroulé dans une couverture, mendie.
Le froid se fait vraiment sentir place d’Aligre. Je n’en fais pas moins le tour des étalages des deux vendeurs de livres et chez le second ait le plaisir d’acquérir pour deux euros Cave de Thomas Clerc (L’Arbalète), un prolongement de son Intérieur que j’ai beaucoup aimé.
Après un café qui ne réussit pas à me réchauffer au Camélia, j’entre au Book-Off de Ledru-Rollin et veux comme à l’accoutumée déposer mon sac derrière le comptoir. Celui à qui je m’adresse refuse, au prétexte d’un manque de place.
-Il n’y a qu’avec vous que je ne peux pas poser mon sac, lui dis-je.
-C’est la première fois que je vous dis ça, me répond-il
-Ici oui, mais vous m’avez déjà fait le coup à Quatre Septembre. Qui est le responsable de cette boutique ?
-C’est moi. Et de l’autre aussi.
-Ah ! Pas de chance. Et pour se plaindre plus haut, on fait comment ?
-Internet.
-Parfait.
Cet individu se prénomme Greg, mais depuis son premier refus je le nomme in petto le Déplaisant. Maintenant qu’il gère cette boutique, le nombre de livres mal rangés a augmenté. Ce n’est pas pour me déplaire. J’y trouve ainsi des livres qui auraient déjà été achetés s’ils avaient été mis à leur place. Parmi mon butin du jour dans les livres à un euro : Le Secret de Joe Gould de Joseph Mitchell (Calmann-Lévy), Il faut savoir me remettre à ma place d’Yves Martin (Le Cherche Midi) et Sous le viaduc de Leïla Sebbar (Bleu autour) avec un envoi de celle-ci « Pour Philippe, ce peuple de la rue, jusqu’au bout de l’exil, Amitiés ».
Sorti de là avec un sac plus lourd qu’à l’arrivée, je rejoins Châtelet en métro. Ma voisine est au téléphone. Elle ne parle pas fort pour que sa fille de sept ou huit ans, assise en face, n’entende pas : « En plus, t’imagines, elle tombe enceinte sur un malentendu et c’est des jumeaux ou des jumelles. »
A Saint-Lazare, je monte dans un bus Vingt-Neuf qui ne part que dix minutes plus tard. Il y fait froid, à peine moins que dehors où dorment sur des matelas crasseux des sans-abris. L’un d’eux, déjà levé, sans pantalon, enroulé dans une couverture, mendie.
Le froid se fait vraiment sentir place d’Aligre. Je n’en fais pas moins le tour des étalages des deux vendeurs de livres et chez le second ait le plaisir d’acquérir pour deux euros Cave de Thomas Clerc (L’Arbalète), un prolongement de son Intérieur que j’ai beaucoup aimé.
Après un café qui ne réussit pas à me réchauffer au Camélia, j’entre au Book-Off de Ledru-Rollin et veux comme à l’accoutumée déposer mon sac derrière le comptoir. Celui à qui je m’adresse refuse, au prétexte d’un manque de place.
-Il n’y a qu’avec vous que je ne peux pas poser mon sac, lui dis-je.
-C’est la première fois que je vous dis ça, me répond-il
-Ici oui, mais vous m’avez déjà fait le coup à Quatre Septembre. Qui est le responsable de cette boutique ?
-C’est moi. Et de l’autre aussi.
-Ah ! Pas de chance. Et pour se plaindre plus haut, on fait comment ?
-Internet.
-Parfait.
Cet individu se prénomme Greg, mais depuis son premier refus je le nomme in petto le Déplaisant. Maintenant qu’il gère cette boutique, le nombre de livres mal rangés a augmenté. Ce n’est pas pour me déplaire. J’y trouve ainsi des livres qui auraient déjà été achetés s’ils avaient été mis à leur place. Parmi mon butin du jour dans les livres à un euro : Le Secret de Joe Gould de Joseph Mitchell (Calmann-Lévy), Il faut savoir me remettre à ma place d’Yves Martin (Le Cherche Midi) et Sous le viaduc de Leïla Sebbar (Bleu autour) avec un envoi de celle-ci « Pour Philippe, ce peuple de la rue, jusqu’au bout de l’exil, Amitiés ».
Sorti de là avec un sac plus lourd qu’à l’arrivée, je rejoins Châtelet en métro. Ma voisine est au téléphone. Elle ne parle pas fort pour que sa fille de sept ou huit ans, assise en face, n’entende pas : « En plus, t’imagines, elle tombe enceinte sur un malentendu et c’est des jumeaux ou des jumelles. »
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