Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
4 août 2019
Retour à la gare de Vannes ce samedi matin où je grimpe dans le BreizhGo de huit heures quarante-deux pour Auray. J’y côtoie une famille pittoresque parlant un mélange de langue régionale et de français. Il ne s’agit pas du breton qu’il n’y a aucune chance d’entendre dans ce coin mais de l’alsacien. Peu avant d’arriver, je montre mon billet à trois euros trente (période blanche) à une contrôleuse blonde tatouée sur le mollet. Le voyage ne dure que dix minutes.
Mon intention est de rejoindre le centre historique puis le port de Saint-Goustan pédestrement, mais quand le sympathique autochtone à qui je demande mon chemin m’apprend que c’est à plus de quatre kilomètres, je change de plan et attends le Bus d’Auray, un minibus qui fait la navette pour la modique somme d’un euro.
L’aimable chauffeur me laisse à Hôtel de Ville. Je fais le tour d’Auray et de ses maisons à pans de bois et encorbellements qui m’en rappellent d’autres puis entre dans l’église Saint-Gildas de style Renaissance. On y trouve notamment une superbe sculpture de la mise au tombeau de Jésus.
La meilleure terrasse de la ville est celle du Café des Halles face à celles-ci. C’est là que je lis un peu du Journal de Kafka en buvant un café à un euro quarante.
Au bout de la jolie rue du Belzic, décorée de poissons volants, se trouve la place aux Roues. J’y déjeune en terrasse à La Petite Casserole dont la décoration est banale contrairement à celle de deux autres restaurants qui lui font face et que je préfère regarder plutôt que d’y être, pour cause de présence de marmaille. L’attentif serveur n’est pas débordé. Outre moi-même ne sont là qu’un père et sa fille. Elle lui parle d’un sculpteur suisse qui a fait la Route du Rhum. Le menu est à dix-huit euros et le demi de vin d’Anjou à huit euros cinquante. J’ai choisi l’escabèche de maquereau maison, le gigot d’agneau rôti avec pommes de terre sarladaises (très bon) et la tarte tatin à l’ananas.
A l’issue, je me rends au belvédère qui permet d’avoir une vue d’ensemble du port de Saint-Goustan sur l’autre rive puis je passe le pont. Je connais bien ce bel endroit, où sont amarrés quelques vieux gréements, pour y être venu plusieurs fois. A cette heure, l’affluence se concentre dans les restaurants qui se succèdent sur le quai : L’Armoric, Le Bistrot du Port, Le P’tit Goustan, La Table de Saint-Goustan, La Licorne, Le Franklin, Le Petit Cérès, Le Yac’h et les Voiles. Autrefois, il y avait des hôtels au-dessus de certains. J’ai passé une nuit dans l’un avec une qui aurait voulu que l’on soit dans l’autre bien plus cher. Notre histoire s’est terminée avant la fin de l’été. Plus tard, je suis repassé par là avec les deux seules qui ont compté dans ma vie. Aujourd’hui, m’y voici seul et les hôtels ont disparu.
Remonté dans la ville, je m’installe une nouvelle fois en terrasse au Café des Halles puis vais attendre le minibus à l’arrêt Les Augustines. Mon train de retour à dix-sept heures sept est en période bleue (deux euros vingt). Il est archi complet car s’y sont déversés, avec gros bagages et vélos, les passagers du Tire-Bouchon de Quiberon. Pour beaucoup, ce samedi marque la fin des vacances.
*
Au bout du quai à Saint-Goustan, un hideux manège qui fait pleurer tous les moutards, ceux dont les parents ne veulent pas et ceux dont les parents ont voulu mais qui n’en n’ont pas eu assez.
*
Sur le mur d’un des restaurants de ce port, une plaque en hommage à Benjamin Franklin qui débarqua ici le quatre décembre mil sept cent soixante-seize « envoyé en France par les Etats-Unis pour négocier la première alliance entre les deux pays ».
*
Une chemiserie à Auray : Homm’ & Gars.
Mon intention est de rejoindre le centre historique puis le port de Saint-Goustan pédestrement, mais quand le sympathique autochtone à qui je demande mon chemin m’apprend que c’est à plus de quatre kilomètres, je change de plan et attends le Bus d’Auray, un minibus qui fait la navette pour la modique somme d’un euro.
L’aimable chauffeur me laisse à Hôtel de Ville. Je fais le tour d’Auray et de ses maisons à pans de bois et encorbellements qui m’en rappellent d’autres puis entre dans l’église Saint-Gildas de style Renaissance. On y trouve notamment une superbe sculpture de la mise au tombeau de Jésus.
La meilleure terrasse de la ville est celle du Café des Halles face à celles-ci. C’est là que je lis un peu du Journal de Kafka en buvant un café à un euro quarante.
Au bout de la jolie rue du Belzic, décorée de poissons volants, se trouve la place aux Roues. J’y déjeune en terrasse à La Petite Casserole dont la décoration est banale contrairement à celle de deux autres restaurants qui lui font face et que je préfère regarder plutôt que d’y être, pour cause de présence de marmaille. L’attentif serveur n’est pas débordé. Outre moi-même ne sont là qu’un père et sa fille. Elle lui parle d’un sculpteur suisse qui a fait la Route du Rhum. Le menu est à dix-huit euros et le demi de vin d’Anjou à huit euros cinquante. J’ai choisi l’escabèche de maquereau maison, le gigot d’agneau rôti avec pommes de terre sarladaises (très bon) et la tarte tatin à l’ananas.
A l’issue, je me rends au belvédère qui permet d’avoir une vue d’ensemble du port de Saint-Goustan sur l’autre rive puis je passe le pont. Je connais bien ce bel endroit, où sont amarrés quelques vieux gréements, pour y être venu plusieurs fois. A cette heure, l’affluence se concentre dans les restaurants qui se succèdent sur le quai : L’Armoric, Le Bistrot du Port, Le P’tit Goustan, La Table de Saint-Goustan, La Licorne, Le Franklin, Le Petit Cérès, Le Yac’h et les Voiles. Autrefois, il y avait des hôtels au-dessus de certains. J’ai passé une nuit dans l’un avec une qui aurait voulu que l’on soit dans l’autre bien plus cher. Notre histoire s’est terminée avant la fin de l’été. Plus tard, je suis repassé par là avec les deux seules qui ont compté dans ma vie. Aujourd’hui, m’y voici seul et les hôtels ont disparu.
Remonté dans la ville, je m’installe une nouvelle fois en terrasse au Café des Halles puis vais attendre le minibus à l’arrêt Les Augustines. Mon train de retour à dix-sept heures sept est en période bleue (deux euros vingt). Il est archi complet car s’y sont déversés, avec gros bagages et vélos, les passagers du Tire-Bouchon de Quiberon. Pour beaucoup, ce samedi marque la fin des vacances.
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Au bout du quai à Saint-Goustan, un hideux manège qui fait pleurer tous les moutards, ceux dont les parents ne veulent pas et ceux dont les parents ont voulu mais qui n’en n’ont pas eu assez.
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Sur le mur d’un des restaurants de ce port, une plaque en hommage à Benjamin Franklin qui débarqua ici le quatre décembre mil sept cent soixante-seize « envoyé en France par les Etats-Unis pour négocier la première alliance entre les deux pays ».
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Une chemiserie à Auray : Homm’ & Gars.
3 août 2019
Encore dans le bus Trois ce vendredi matin, il a la bonne idée de desservir la Gare Maritime. Une jolie fille à jupe rouge m’y vend un billet aller-retour à dix euros quarante pour le bateau bus qui relie le continent à l’île d’Arz située au centre du golfe. Nous sommes peu à son bord au départ de huit heures quarante et croisons en chemin des jeunes gens qui pagaient en cadence dans de petits bateaux munis d’une voile, des galériens du vingt-et-unième siècle.
Arrivé sur cette petite île plate aux côtes très découpées, je rejoins le bourg situé en son milieu. La petite route longe d’abord la mer et monte un peu dans la dernière centaine de mètres. Pour reposer mon pied et le reste, je m’offre un café verre d’eau à un euro soixante au Café de la Mairie où l’on écoute Fip et où le service se fait au bar. La clientèle est locale. On ne cesse de s’y saluer. Le problème des petites îles, c’est que tout le monde connaît tout le monde. Côté conversation, c’est aussi vide qu’ailleurs :
-Tu as vu le ciel comme il est bleu.
-La petite-fille de Kennedy vient de mourir à vingt-deux ans
-Oh c’est horrible.
Je repose tasse et verre sur le comptoir et entre dans l’église voisine puis je fais des photos de maisons typiques à hortensias roses et bleus un peu fanés ainsi que d’une maison noire atypique.
Après avoir retenu une table à l’ombre en terrasse à la crêperie-restaurant Les Iles, je vais me poser sur un banc au-dessus d’une petite plage d’habitué(e)s et y lis un peu Kafka. Ici, il ne viendrait à l’idée de personne d’attacher son vélo.
A midi je prends place à l’une des tables qui donnent sur la rue par où passe toute la population car elle mène à la supérette Spar, seul magasin d’alimentation. M’y rejoignent des familles dont plusieurs à bébé et une à nymphette fascinée par ces vagissants (ce truc inscrit dans les gènes des filles, c’est terrible).
La patronne a pour aides une femme de son âge et deux jeunes filles dont l’une en microjupe. Toutes quatre s’affairent mais ça ne suit pas en cuisine. Bientôt on refuse des clients faute de place, mais surtout faute de rendement du crêpier cuisinier. Je ne suis servi qu’au bout d’une demi-heure, ayant comblé l’attente en buvant un peu de mon demi-pichet de rosé corse à sept euros. Ma joue de porc au cidre et son écrasée de pommes de terre et petits légumes à treize euros est toutefois fort bonne. En revanche, la crêpe caramel beurre salé, que vantait Le Guide du Routard en deux mille six, est non seulement chère (six euros) mais également décevante. Du caramel oui mais où donc est le beurre salé ? La patronne, à qui je paie, ne me demande pas si tout s’est bien passé.
Un aimable ilien m’indique comment aller au lieu-dit Berno d’où je longe la mer, en passant par une digue où est installé un pittoresque moulin à marée, jusqu’à l’embarcadère, près duquel m’appelle la terrasse dominant le golfe de L’Escale en Arz. J’y prends le café longuement subissant encore un nourrisson vagissant.
C’est un bateau bus dans lequel sont montés en priorité deux Gendarmes à gilets pare-balles et lunettes noires puis un groupe de branlotin(e)s rentrant d’un camp de voile qui me ramène à Vannes. Avant de prendre le bus Trois, j’achète un billet aller-retour à seize euros pour l’île aux Moines lundi.
*
Avertissement de la Mairie de l’île d’Arz: « Interdiction d’entrer dans le cimetière avec les bicyclettes ».
*
Sur la porte d’une maison donnant sur ce cimetière: « Ici mieux qu’en face ».
Arrivé sur cette petite île plate aux côtes très découpées, je rejoins le bourg situé en son milieu. La petite route longe d’abord la mer et monte un peu dans la dernière centaine de mètres. Pour reposer mon pied et le reste, je m’offre un café verre d’eau à un euro soixante au Café de la Mairie où l’on écoute Fip et où le service se fait au bar. La clientèle est locale. On ne cesse de s’y saluer. Le problème des petites îles, c’est que tout le monde connaît tout le monde. Côté conversation, c’est aussi vide qu’ailleurs :
-Tu as vu le ciel comme il est bleu.
-La petite-fille de Kennedy vient de mourir à vingt-deux ans
-Oh c’est horrible.
Je repose tasse et verre sur le comptoir et entre dans l’église voisine puis je fais des photos de maisons typiques à hortensias roses et bleus un peu fanés ainsi que d’une maison noire atypique.
Après avoir retenu une table à l’ombre en terrasse à la crêperie-restaurant Les Iles, je vais me poser sur un banc au-dessus d’une petite plage d’habitué(e)s et y lis un peu Kafka. Ici, il ne viendrait à l’idée de personne d’attacher son vélo.
A midi je prends place à l’une des tables qui donnent sur la rue par où passe toute la population car elle mène à la supérette Spar, seul magasin d’alimentation. M’y rejoignent des familles dont plusieurs à bébé et une à nymphette fascinée par ces vagissants (ce truc inscrit dans les gènes des filles, c’est terrible).
La patronne a pour aides une femme de son âge et deux jeunes filles dont l’une en microjupe. Toutes quatre s’affairent mais ça ne suit pas en cuisine. Bientôt on refuse des clients faute de place, mais surtout faute de rendement du crêpier cuisinier. Je ne suis servi qu’au bout d’une demi-heure, ayant comblé l’attente en buvant un peu de mon demi-pichet de rosé corse à sept euros. Ma joue de porc au cidre et son écrasée de pommes de terre et petits légumes à treize euros est toutefois fort bonne. En revanche, la crêpe caramel beurre salé, que vantait Le Guide du Routard en deux mille six, est non seulement chère (six euros) mais également décevante. Du caramel oui mais où donc est le beurre salé ? La patronne, à qui je paie, ne me demande pas si tout s’est bien passé.
Un aimable ilien m’indique comment aller au lieu-dit Berno d’où je longe la mer, en passant par une digue où est installé un pittoresque moulin à marée, jusqu’à l’embarcadère, près duquel m’appelle la terrasse dominant le golfe de L’Escale en Arz. J’y prends le café longuement subissant encore un nourrisson vagissant.
C’est un bateau bus dans lequel sont montés en priorité deux Gendarmes à gilets pare-balles et lunettes noires puis un groupe de branlotin(e)s rentrant d’un camp de voile qui me ramène à Vannes. Avant de prendre le bus Trois, j’achète un billet aller-retour à seize euros pour l’île aux Moines lundi.
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Avertissement de la Mairie de l’île d’Arz: « Interdiction d’entrer dans le cimetière avec les bicyclettes ».
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Sur la porte d’une maison donnant sur ce cimetière: « Ici mieux qu’en face ».
2 août 2019
Ce jeudi matin, je prends le bus Trois à l’arrêt Saint-Gildas, et plus qu’à me laisser mener, après un détour par des quartiers populaires, jusqu’à son terminus à la presqu’île de Conleau qui fut autrefois une île.
Quel endroit charmant, me dis-je en arrivant. J’en fais le tour par le bord, ce qui ne prend guère de temps, photographiant ici et là le golfe et ses bateaux sous les nuages. Sur un mur d’Arradon, la commune en vis-à-vis, une inscription, assez ancienne pour qu’un arbre ayant poussé en cache la fin, rappelle que pour certains c’est « Breton toujours, Français jamais ».
Face à cette affirmation bien sentie, je lis Kafka un bon moment, observant le peu de monde. Quelques locaux âgés sortent de chez eux en maillot et se jettent à l’eau. Une colonie de vacances prépare ses embarcations. Des coureuses isolées ont toutes choisi le maillot rose fluo. On se plaint un peu de la température : « Avant y avait trop, maintenant y a pas assez ».
Quand enfin le café bistrot Le Corlazo daigne ouvrir, j’y vais boire un café à un euro soixante-dix, tout au bord de l’eau, et poursuis ma lecture de Kafka jusqu’à midi moins le quart.
La presqu’île dispose d’un hôtel restaurant plutôt cher, Le Roof, auquel est attenant, à prix plus modéré, une annexe nommée Le Café de Conleau. Bien que n’ayant pas réservé, j’y obtiens une table avec vue, à l’intérieur, car la terrasse est officiellement fermée pour cause de fraîcheur.
Le personnel de cet établissement est masculin et semble sortir de l’Ecole Hôtelière. La formule plat dessert est à dix-neuf euros. En deux mille six, m’apprend mon vieux Guide du Routard, elle était à treize euros cinquante. Je choisis le coquelet rôti sauce diable avec gâteau de pommes de terre et la tarte noisettine aux poires, accompagnés d’un quart de merlot à six euros. « Le duo de poissons, c’est quoi ? », demande une femme à son mari. « C’est deux poissons », lui répond celui-ci. Il mange ses moules marinières en les gobant puis jette toutes ses frites dans la sauce.
Après ce bon repas, je m’installe sur un banc au-dessus de ce qui tient lieu de plage et reprend mon livre. « Y a quand même moins de monde, hein ? », observe une autochtone. « Ah bah, les gens sont peut-être partis ailleurs », lui répond sa vieille copine.
Vers quinze heures trente, le soleil apparaît. Je repasse au Corlazo pour un café verre d’eau puis, quand de gros nuages noirs apparaissent soudainement, décide qu’il est temps de rentrer.
*
Cette fille, si elle était assise sur le banc voisin du mien, veillerait à ce que sa jupe ne remonte pas d’un centimètre, mais à peine assise sur la plage devant moi, elle la remonte jusqu’en haut.
*
Passe un kayak gonflable que l’on fait avancer avec ses pieds. Cela ressemble à un jouet d’enfant, mais c’est un quinquagénaire qui s’y balade, tranquillement allongé.
*
Encore un type au téléphone en marchant, me dis-je. Erreur, celui-là parle vraiment tout seul.
*
« Mais qu’est-ce que je fais, moi, je me suis trompé de route », s’exclame le chauffeur du bus Trois qui me ramène en ville. Il a oublié les quartiers populaires. Il fait demi-tour au rond-point du bout du port et nous voici repartis dans l’autre sens.
Quel endroit charmant, me dis-je en arrivant. J’en fais le tour par le bord, ce qui ne prend guère de temps, photographiant ici et là le golfe et ses bateaux sous les nuages. Sur un mur d’Arradon, la commune en vis-à-vis, une inscription, assez ancienne pour qu’un arbre ayant poussé en cache la fin, rappelle que pour certains c’est « Breton toujours, Français jamais ».
Face à cette affirmation bien sentie, je lis Kafka un bon moment, observant le peu de monde. Quelques locaux âgés sortent de chez eux en maillot et se jettent à l’eau. Une colonie de vacances prépare ses embarcations. Des coureuses isolées ont toutes choisi le maillot rose fluo. On se plaint un peu de la température : « Avant y avait trop, maintenant y a pas assez ».
Quand enfin le café bistrot Le Corlazo daigne ouvrir, j’y vais boire un café à un euro soixante-dix, tout au bord de l’eau, et poursuis ma lecture de Kafka jusqu’à midi moins le quart.
La presqu’île dispose d’un hôtel restaurant plutôt cher, Le Roof, auquel est attenant, à prix plus modéré, une annexe nommée Le Café de Conleau. Bien que n’ayant pas réservé, j’y obtiens une table avec vue, à l’intérieur, car la terrasse est officiellement fermée pour cause de fraîcheur.
Le personnel de cet établissement est masculin et semble sortir de l’Ecole Hôtelière. La formule plat dessert est à dix-neuf euros. En deux mille six, m’apprend mon vieux Guide du Routard, elle était à treize euros cinquante. Je choisis le coquelet rôti sauce diable avec gâteau de pommes de terre et la tarte noisettine aux poires, accompagnés d’un quart de merlot à six euros. « Le duo de poissons, c’est quoi ? », demande une femme à son mari. « C’est deux poissons », lui répond celui-ci. Il mange ses moules marinières en les gobant puis jette toutes ses frites dans la sauce.
Après ce bon repas, je m’installe sur un banc au-dessus de ce qui tient lieu de plage et reprend mon livre. « Y a quand même moins de monde, hein ? », observe une autochtone. « Ah bah, les gens sont peut-être partis ailleurs », lui répond sa vieille copine.
Vers quinze heures trente, le soleil apparaît. Je repasse au Corlazo pour un café verre d’eau puis, quand de gros nuages noirs apparaissent soudainement, décide qu’il est temps de rentrer.
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Cette fille, si elle était assise sur le banc voisin du mien, veillerait à ce que sa jupe ne remonte pas d’un centimètre, mais à peine assise sur la plage devant moi, elle la remonte jusqu’en haut.
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Passe un kayak gonflable que l’on fait avancer avec ses pieds. Cela ressemble à un jouet d’enfant, mais c’est un quinquagénaire qui s’y balade, tranquillement allongé.
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Encore un type au téléphone en marchant, me dis-je. Erreur, celui-là parle vraiment tout seul.
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« Mais qu’est-ce que je fais, moi, je me suis trompé de route », s’exclame le chauffeur du bus Trois qui me ramène en ville. Il a oublié les quartiers populaires. Il fait demi-tour au rond-point du bout du port et nous voici repartis dans l’autre sens.
1er août 2019
Aucun bruit ne gêne mon sommeil dans le studio d’où je vois une partie de la ville, notamment la cathédrale Saint-Pierre et l’église Saint-Patern avec entre elles deux grues, l’une rouge et blanche, l’autre orange, qui jamais ne bougent. Après ma douche, j’éponge. La cause en est une évacuation d’eau défectueuse. Je devrai être prudent si je ne veux pas commettre un dégât des eaux chez la voisine du dessous.
Vannes est une très belle ville qui a pour défauts d’être pentue et située un peu loin de la mer. Je dois marcher un certain temps avant d’atteindre son port en forme de canal où des bateaux de plaisance stagnent. Je marche sur l’un des côtés, m’arrête à l’Office du Tourisme où j’ai un échange un peu tendu avec un néo barbu qui ne comprend pas la différence entre un bus et un car, puis je poursuis jusqu’à la Gare Maritime où l’on s’embarque pour les îles ou pour le tour du golfe. Peut-être irai-je voir une île ou deux mais les files de touristes avec enfants devant les embarcadères ne sont pas encourageantes.
Revenant sur mes pas, je m’arrête à proximité d’un restaurant solitaire et tentant nommé Au Pont Vert. A midi moins le quart ses lumières s’allument. J’y réserve une table puis emprunte le pont métallique peint en vert qui permet d’aller sur l’autre rive du port. En grimpant un peu je découvre un calvaire typiquement breton regardant au loin vers la mer. J’en fais une photo sous le ciel gris puis vais déjeuner.
L’aimable patronne dont le mari est en cuisine (le chef) m’apporte une verrine de bienvenue. Ici tout est frais et fait maison, m’apprend-elle. Le premier menu est à seize euros. Je l’accompagne d’un demi-pichet de muscadet à huit euros cinquante. Cake aux olives et magret fumé, couscous de poissons (dorade et saumon) et flan antillais coco au caramel et chocolat, tel est mon choix. Le service est attentionné bien qu’un peu surjoué « Je me permets de vous laisser les couverts ». La salle est bientôt emplie d’habitués, dont un couple qui fête son anniversaire de mariage à l’aide d’un homard avant d’aller à un enterrement. On s’étonne du monde à Vannes. Ce matin, avec le marché, impossible de se garer. « Remarquez, on va pas s’en plaindre », conclut la restauratrice. Un autre solitaire occupe comme moi une table à lui tout seul, un moustachu sexagénaire. Il a la tête d’un qui va se jeter dans le port.
Je sors de ce bon repas un peu pompette et vais m’asseoir sur un banc face aux bateaux pour reprendre mes esprits avec le Journal de Kafka, tout en observant qui passe à bicyclette ou à pied, m’étonnant du nombre de grandes filles qui tiennent leur père par la main ou le bras.
De retour au centre de Vannes, je prends un café à un euro cinquante à l’une des terrasses abritées au bout du port, laissant ainsi passer une pluie incertaine, puis vais acheter place de la République deux carnets de dix tickets de bus Kicéo (un euro dix le trajet).
J’en utilise un pour rentrer rue Saint-Gildas avec le Trois puis ressors acheter de quoi manger le soir et le matin au seul endroit possible quand on n’a pas de voiture : un magasin de proximité tenu par une charmante jeune femme peut-être d’origine turque. « Heureusement que vous êtes là », lui dis-je.
*
Ces couples d’un certain âge au restaurant. Aucun que j’envie. Je plains les hommes d’être avec ces femmes et je plains les femmes d’être avec ces hommes. L’un pour manger a gardé casquette et caouais. Dès que j’ai un peu bu, la vie des autres m’apparaît totalement pathétique.
*
Il y a des cars à Vannes (hi hi hi) et des bus aussi.
Vannes est une très belle ville qui a pour défauts d’être pentue et située un peu loin de la mer. Je dois marcher un certain temps avant d’atteindre son port en forme de canal où des bateaux de plaisance stagnent. Je marche sur l’un des côtés, m’arrête à l’Office du Tourisme où j’ai un échange un peu tendu avec un néo barbu qui ne comprend pas la différence entre un bus et un car, puis je poursuis jusqu’à la Gare Maritime où l’on s’embarque pour les îles ou pour le tour du golfe. Peut-être irai-je voir une île ou deux mais les files de touristes avec enfants devant les embarcadères ne sont pas encourageantes.
Revenant sur mes pas, je m’arrête à proximité d’un restaurant solitaire et tentant nommé Au Pont Vert. A midi moins le quart ses lumières s’allument. J’y réserve une table puis emprunte le pont métallique peint en vert qui permet d’aller sur l’autre rive du port. En grimpant un peu je découvre un calvaire typiquement breton regardant au loin vers la mer. J’en fais une photo sous le ciel gris puis vais déjeuner.
L’aimable patronne dont le mari est en cuisine (le chef) m’apporte une verrine de bienvenue. Ici tout est frais et fait maison, m’apprend-elle. Le premier menu est à seize euros. Je l’accompagne d’un demi-pichet de muscadet à huit euros cinquante. Cake aux olives et magret fumé, couscous de poissons (dorade et saumon) et flan antillais coco au caramel et chocolat, tel est mon choix. Le service est attentionné bien qu’un peu surjoué « Je me permets de vous laisser les couverts ». La salle est bientôt emplie d’habitués, dont un couple qui fête son anniversaire de mariage à l’aide d’un homard avant d’aller à un enterrement. On s’étonne du monde à Vannes. Ce matin, avec le marché, impossible de se garer. « Remarquez, on va pas s’en plaindre », conclut la restauratrice. Un autre solitaire occupe comme moi une table à lui tout seul, un moustachu sexagénaire. Il a la tête d’un qui va se jeter dans le port.
Je sors de ce bon repas un peu pompette et vais m’asseoir sur un banc face aux bateaux pour reprendre mes esprits avec le Journal de Kafka, tout en observant qui passe à bicyclette ou à pied, m’étonnant du nombre de grandes filles qui tiennent leur père par la main ou le bras.
De retour au centre de Vannes, je prends un café à un euro cinquante à l’une des terrasses abritées au bout du port, laissant ainsi passer une pluie incertaine, puis vais acheter place de la République deux carnets de dix tickets de bus Kicéo (un euro dix le trajet).
J’en utilise un pour rentrer rue Saint-Gildas avec le Trois puis ressors acheter de quoi manger le soir et le matin au seul endroit possible quand on n’a pas de voiture : un magasin de proximité tenu par une charmante jeune femme peut-être d’origine turque. « Heureusement que vous êtes là », lui dis-je.
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Ces couples d’un certain âge au restaurant. Aucun que j’envie. Je plains les hommes d’être avec ces femmes et je plains les femmes d’être avec ces hommes. L’un pour manger a gardé casquette et caouais. Dès que j’ai un peu bu, la vie des autres m’apparaît totalement pathétique.
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Il y a des cars à Vannes (hi hi hi) et des bus aussi.
31 juillet 2019
Sachant que tout peut arriver sur la ligne Rouen Paris, c’est avec le sept heures vingt-huit que je me rends dans la capitale avec la bétaillère où je côtoie un couple de quinquas qui partent également en vacances (après une chamaillerie à propos de nourriture oubliée dans le frigo, elle lit Le Monde et lui L’Equipe) et un quadra qui lit un livre de la Bibliothèque Verte Cinq jeunes filles sur l’Aréthuse (c’est louche).
A Montparnasse, c’est à la Pizza Roma, en buvant un café verre d’eau à deux euros soixante et en commençant une relecture du Journal de Kafka, que j’attends qu’il soit l’heure de pique-niquer puis d’attendre l’affichage du Tégévé Inouï de treize heures pour Quimper d’où je descendrai à Vannes.
« Laissez-vous rêver », est-il écrit sur ses vitres. « Ces nouveaux Tégévés c’est l’enfer », disent celles et ceux qui essaient d’y caser leur bagage plus volumineux que le mien. J’ai près de moi une vieille dame qui a posé sur la tablette sa petite plante verte et en face deux jeunes femmes qui ne dépareraient pas en première classe (salades « Nos grands-mères ont du talent », eau d’Evian, Cosmopolitan et Jalouse). Plus loin, une grand-mère qui fait face à ses deux petites filles finit par perdre son calme : « Attention, quand on va arriver, ça va plus être la même chose. » Un militaire retraité de soixante ans entretient sa voisine des travaux dans sa maison du bord du Scorff « Ce que j’avais peur, c’est à la mérule ».
A l’arrivée à Vannes, je demande à un jeune homme comment me rapprocher de l’étang au Duc. Quand j’y suis, je découvre à sa base le restaurant Le Homard Frites qui m’a été recommandé. Le studio que je loue est à cinquante mètres, rue Saint-Gildas. C’est un ami des propriétaires, par ailleurs agent immobilier, qui m’y introduit.
Mon bagage posé, je vais découvrir une ville où autrefois je n’ai fait que passer. Elle n’est pas d’une lecture facile et envahie par une foule d’estivants. Je tente de boire un café à dix-huit heures au Bar de la Préfecture. Le patron m’envoie bouler d’un « La machine à café est arrêtée ». Je décide alors de regagner mon logis provisoire afin de manger du homard dès ce soir.
Bien que je n’aie pas réservé, le jeune patron me trouve une table dans la partie principale de son établissement. Je commande six huîtres du Golfe à un euro pièce, puis la moitié du crustacé qui fait la renommée de l’endroit (vingt euros), ainsi qu’un demi-pichet de chardonnay (douze euros).
Quand, muni d’un bavoir, je m’attaque à la bête, je constate une deuxième fois (la première était en bonne compagnie) que je n’en suis pas fou. Sans sa sauce corail, il n’aurait guère du goût. En revanche, j’ai beaucoup aimé les huîtres et j’aime les frites ficelle et le vin.
Une jeune apprentie seconde le patron qui lui donne moult conseils de façon rigoureuse et gentille, n’hésitant pas à lui confier la tâche de prendre les réservations par téléphone. Je termine par un tiramisu caramel beurre salé à six euros qu’elle m’apporte avec application et sourire. Il est excellent. « Avez-vous passé une bonne soirée ? » me demande le jeune patron. Je peux répondre par l’affirmative.
*
Dans l’ascenseur qui me permet de retrouver mon logement du quatrième étage, cette citation de Charlotte Brontë choisie par l’entreprise chargée de la maintenance : J’évite de regarder en avant et en arrière mais m’efforce à regarder vers le haut.
*
Toujours en moi cette idée que je risque davantage de mourir en voyage qu’à Rouen.
A Montparnasse, c’est à la Pizza Roma, en buvant un café verre d’eau à deux euros soixante et en commençant une relecture du Journal de Kafka, que j’attends qu’il soit l’heure de pique-niquer puis d’attendre l’affichage du Tégévé Inouï de treize heures pour Quimper d’où je descendrai à Vannes.
« Laissez-vous rêver », est-il écrit sur ses vitres. « Ces nouveaux Tégévés c’est l’enfer », disent celles et ceux qui essaient d’y caser leur bagage plus volumineux que le mien. J’ai près de moi une vieille dame qui a posé sur la tablette sa petite plante verte et en face deux jeunes femmes qui ne dépareraient pas en première classe (salades « Nos grands-mères ont du talent », eau d’Evian, Cosmopolitan et Jalouse). Plus loin, une grand-mère qui fait face à ses deux petites filles finit par perdre son calme : « Attention, quand on va arriver, ça va plus être la même chose. » Un militaire retraité de soixante ans entretient sa voisine des travaux dans sa maison du bord du Scorff « Ce que j’avais peur, c’est à la mérule ».
A l’arrivée à Vannes, je demande à un jeune homme comment me rapprocher de l’étang au Duc. Quand j’y suis, je découvre à sa base le restaurant Le Homard Frites qui m’a été recommandé. Le studio que je loue est à cinquante mètres, rue Saint-Gildas. C’est un ami des propriétaires, par ailleurs agent immobilier, qui m’y introduit.
Mon bagage posé, je vais découvrir une ville où autrefois je n’ai fait que passer. Elle n’est pas d’une lecture facile et envahie par une foule d’estivants. Je tente de boire un café à dix-huit heures au Bar de la Préfecture. Le patron m’envoie bouler d’un « La machine à café est arrêtée ». Je décide alors de regagner mon logis provisoire afin de manger du homard dès ce soir.
Bien que je n’aie pas réservé, le jeune patron me trouve une table dans la partie principale de son établissement. Je commande six huîtres du Golfe à un euro pièce, puis la moitié du crustacé qui fait la renommée de l’endroit (vingt euros), ainsi qu’un demi-pichet de chardonnay (douze euros).
Quand, muni d’un bavoir, je m’attaque à la bête, je constate une deuxième fois (la première était en bonne compagnie) que je n’en suis pas fou. Sans sa sauce corail, il n’aurait guère du goût. En revanche, j’ai beaucoup aimé les huîtres et j’aime les frites ficelle et le vin.
Une jeune apprentie seconde le patron qui lui donne moult conseils de façon rigoureuse et gentille, n’hésitant pas à lui confier la tâche de prendre les réservations par téléphone. Je termine par un tiramisu caramel beurre salé à six euros qu’elle m’apporte avec application et sourire. Il est excellent. « Avez-vous passé une bonne soirée ? » me demande le jeune patron. Je peux répondre par l’affirmative.
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Dans l’ascenseur qui me permet de retrouver mon logement du quatrième étage, cette citation de Charlotte Brontë choisie par l’entreprise chargée de la maintenance : J’évite de regarder en avant et en arrière mais m’efforce à regarder vers le haut.
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Toujours en moi cette idée que je risque davantage de mourir en voyage qu’à Rouen.
30 juillet 2019
Ce lundi matin, suivant la consigne de la Senecefe (« Vous disposez d'un délai de 60 jours, au plus tard le 21 / 09 / 2019 à 19h26 pour vous rendre en gare ou boutique SNCF muni de vos billets afin de vous faire rembourser »), je me présente en gare de Rouen avec en main mon aller et retour Rouen Paris de mercredi dernier que j’ai annulé via Internet en raison de la canicule sur le conseil de cette même Senecefe.
La guichetière tape ma référence de dossier et m’annonce qu’il va y avoir dix euros de frais. Son écran lui enjoint de ne me rembourser que cinq euros. Alors que le mail de confirmation m’indiquait un remboursement de quinze euros. N’ayant pas de smartphone, je ne peux le lui prouver.
Elle va voir sa responsable, revient en me disant que seul le texte imprimé de ce mail, qui servira de justificatif, pourra permettre de me rembourser intégralement. Plus qu’à aller ennuyer quelqu’un de ma connaissance possédant une imprimante.
Ce sera après mon retour d’escapade. Pour l’heure, je rentre à la maison afin de faire ma valise. Départ mardi matin.
*
Samedi après-midi, au Son du Cor, un trentenaire barbu s’adresse à moi avant de s’asseoir :
-Je peux me mettre à cette table ?
-Bien sûr.
-Je vous demande parce que parfois il y a des gens qui n’aiment pas qu’on s’installe près d’eux.
Tiens donc !
*
Cela part du bon sentiment de quelque association : donner aux sans abris des vêtements les aidant à supporter la canicule, chortes et pantacourts, mais quand je les vois habillés comme ça dans la rue, ils me font penser à des touristes à la dérive.
La guichetière tape ma référence de dossier et m’annonce qu’il va y avoir dix euros de frais. Son écran lui enjoint de ne me rembourser que cinq euros. Alors que le mail de confirmation m’indiquait un remboursement de quinze euros. N’ayant pas de smartphone, je ne peux le lui prouver.
Elle va voir sa responsable, revient en me disant que seul le texte imprimé de ce mail, qui servira de justificatif, pourra permettre de me rembourser intégralement. Plus qu’à aller ennuyer quelqu’un de ma connaissance possédant une imprimante.
Ce sera après mon retour d’escapade. Pour l’heure, je rentre à la maison afin de faire ma valise. Départ mardi matin.
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Samedi après-midi, au Son du Cor, un trentenaire barbu s’adresse à moi avant de s’asseoir :
-Je peux me mettre à cette table ?
-Bien sûr.
-Je vous demande parce que parfois il y a des gens qui n’aiment pas qu’on s’installe près d’eux.
Tiens donc !
*
Cela part du bon sentiment de quelque association : donner aux sans abris des vêtements les aidant à supporter la canicule, chortes et pantacourts, mais quand je les vois habillés comme ça dans la rue, ils me font penser à des touristes à la dérive.
29 juillet 2019
C’est avec un bus Teor, pour économiser mon pied, que je rejoins ce vendredi après-midi la Faculté de Droit, Sciences Economiques et Gestion d’où doit partir à quinze heures une marche blanche en hommage à Mamoudou Barry victime d’une mortelle agression raciste à Canteleu le samedi vingt juillet juste avant le match de foute Algérie Sénégal.
Cet enseignant chercheur guinéen, qui avait soutenu avec brio sa thèse sur les politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone le vingt-sept juin dernier, a été victime d’un individu vêtu d’un maillot de foute qui l’a insulté en raison de la couleur de sa peau, lui lançant entre autres « Vous les sales Noirs, on va vous niquer ce soir ».
Mamoudou Barry, père d’une petite fille de deux ans, se trouvait en voiture avec sa femme. Homme pacifique, il a commis l’erreur d’en sortir pour demander à l’excité pourquoi il l’insultait ainsi. Pour toute réponse, celui-ci lui a envoyé plusieurs coups de poing dont le dernier l’a fait chuter lourdement. Sa tête a heurté le trottoir. Il est mort peu après son arrivée au Céhachu.
L’agresseur a été arrêté quelques jours plus tard. Il n’est pas d’origine algérienne comme les médias locaux l’avaient indiqué dans un premier temps mais d’origine turque. Souffrant de troubles psychiatriques, sa garde à vue a été suspendue et il a été interné.
Il y a déjà pas mal de monde quand je descends du bus à trois heures moins le quart. Cette foule, moitié noire moitié blanche, est scrutée par de nombreuses caméras. Vers quinze heures, celles-ci se précipitent vers un homme qui prend la parole au micro d’une sono dont la puissance est insuffisante pour qu’on l’entende là où je suis. N’ayant pas envie d’être filmé, je ne me rapproche pas. A ma proximité est une étudiante noire de la Faculté de Droit qui a eu Mamoudou Barry comme professeur. Elle porte un ticheurte blanc à son effigie. Son père et des amis à lui se désolent : « On va le garder à l’hôpital psychiatrique pendant deux ans et puis on le remettra dehors ».
L’homme au micro incite les présents à scander « Halte au racisme » et « Justice pour Docteur Mamoudou Barry » ou même « Justice pour Docteur ». D’autres lui succèdent à la sono pas assez puissante. Ils s’expriment en direction des caméras, oubliant la foule qui dépasse le millier de personnes et ne les entend pas, ne servant que de décor à leurs interventions.
Pour les avoir vus à la télévision, je reconnais parmi les parleurs le frère de la victime, son avocat et le Président de l’Université. Ce dernier est gêné par des perturbateurs s’impatientant sur les côtés. Il semble que certains trouvent cet hommage trop gentillet. Ils ne veulent pas entendre parler de racisme mais de négrophobie. Ce sont des membres de la Ligue de Défense Noire Africaine venus de Paris en car. Une jeune femme passe de groupe en groupe portant une affichette où est écrit un sibyllin « La paix est un comportement ».
Quand enfin nous partons en cortège, direction le Palais de Justice, je me trouve coincé entre les partisans de « Halte au racisme » et les partisans de « Halte à la négrophobie ». Ces derniers tentent de prendre le contrôle des slogans. En leur sein sont des femmes très énervées qui laissent entendre qu’elles agiront bientôt à Paris de façon radicale. Je quitte le cortège au moment où il tourne dans la rue de Lecat
A dix-neuf heures, je regarde ce qu’en dit la télévision régionale. Dans le court reportage qu’elle diffuse, pas un mot sur les dissensions.
*
Que l’agresseur soit d’origine turque, porteur d’un maillot de foute d’une équipe turque, n’empêche pas qu’il ait pu être aussi supporteur de l’équipe d’Algérie, d’où le « Vous les sales Noirs, on va vous niquer ce soir ». Mamoudou Barry, tout Guinéen qu’il était, l’était de l’équipe du Sénégal, le virus du foute atteignant même les têtes les mieux faites. Cet agresseur s’est choisi un avocat d’origine turque que je connais pour l’avoir vu à l’œuvre au Tribunal Administratif, lequel a commencé par déclarer que son client n’était pas raciste.
*
Sûr qu’il existe un racisme spécifique visant les Noirs, une négrophobie qui est le fait non seulement d’une partie des Blancs mais également d’une partie des Maghrébins, d’une partie des Turcs, etc. Un fait que ne veulent pas reconnaître certains soutiens de immigrés. J’en côtoyais au Tribunal Administratif qui ont fini par me lasser avec leur angélisme sur ce sujet et sur d’autres, au point que je n’y vais plus.
*
Présents pour cette marche blanche des élus de presque tous les bords. Un que j’ai eu du mal à reconnaître : le Député Européen David Cormand, Ecologiste. Il a désormais le crâne rasé. Je me demande quel méfait il a pu commettre pour mériter ça.
Cet enseignant chercheur guinéen, qui avait soutenu avec brio sa thèse sur les politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone le vingt-sept juin dernier, a été victime d’un individu vêtu d’un maillot de foute qui l’a insulté en raison de la couleur de sa peau, lui lançant entre autres « Vous les sales Noirs, on va vous niquer ce soir ».
Mamoudou Barry, père d’une petite fille de deux ans, se trouvait en voiture avec sa femme. Homme pacifique, il a commis l’erreur d’en sortir pour demander à l’excité pourquoi il l’insultait ainsi. Pour toute réponse, celui-ci lui a envoyé plusieurs coups de poing dont le dernier l’a fait chuter lourdement. Sa tête a heurté le trottoir. Il est mort peu après son arrivée au Céhachu.
L’agresseur a été arrêté quelques jours plus tard. Il n’est pas d’origine algérienne comme les médias locaux l’avaient indiqué dans un premier temps mais d’origine turque. Souffrant de troubles psychiatriques, sa garde à vue a été suspendue et il a été interné.
Il y a déjà pas mal de monde quand je descends du bus à trois heures moins le quart. Cette foule, moitié noire moitié blanche, est scrutée par de nombreuses caméras. Vers quinze heures, celles-ci se précipitent vers un homme qui prend la parole au micro d’une sono dont la puissance est insuffisante pour qu’on l’entende là où je suis. N’ayant pas envie d’être filmé, je ne me rapproche pas. A ma proximité est une étudiante noire de la Faculté de Droit qui a eu Mamoudou Barry comme professeur. Elle porte un ticheurte blanc à son effigie. Son père et des amis à lui se désolent : « On va le garder à l’hôpital psychiatrique pendant deux ans et puis on le remettra dehors ».
L’homme au micro incite les présents à scander « Halte au racisme » et « Justice pour Docteur Mamoudou Barry » ou même « Justice pour Docteur ». D’autres lui succèdent à la sono pas assez puissante. Ils s’expriment en direction des caméras, oubliant la foule qui dépasse le millier de personnes et ne les entend pas, ne servant que de décor à leurs interventions.
Pour les avoir vus à la télévision, je reconnais parmi les parleurs le frère de la victime, son avocat et le Président de l’Université. Ce dernier est gêné par des perturbateurs s’impatientant sur les côtés. Il semble que certains trouvent cet hommage trop gentillet. Ils ne veulent pas entendre parler de racisme mais de négrophobie. Ce sont des membres de la Ligue de Défense Noire Africaine venus de Paris en car. Une jeune femme passe de groupe en groupe portant une affichette où est écrit un sibyllin « La paix est un comportement ».
Quand enfin nous partons en cortège, direction le Palais de Justice, je me trouve coincé entre les partisans de « Halte au racisme » et les partisans de « Halte à la négrophobie ». Ces derniers tentent de prendre le contrôle des slogans. En leur sein sont des femmes très énervées qui laissent entendre qu’elles agiront bientôt à Paris de façon radicale. Je quitte le cortège au moment où il tourne dans la rue de Lecat
A dix-neuf heures, je regarde ce qu’en dit la télévision régionale. Dans le court reportage qu’elle diffuse, pas un mot sur les dissensions.
*
Que l’agresseur soit d’origine turque, porteur d’un maillot de foute d’une équipe turque, n’empêche pas qu’il ait pu être aussi supporteur de l’équipe d’Algérie, d’où le « Vous les sales Noirs, on va vous niquer ce soir ». Mamoudou Barry, tout Guinéen qu’il était, l’était de l’équipe du Sénégal, le virus du foute atteignant même les têtes les mieux faites. Cet agresseur s’est choisi un avocat d’origine turque que je connais pour l’avoir vu à l’œuvre au Tribunal Administratif, lequel a commencé par déclarer que son client n’était pas raciste.
*
Sûr qu’il existe un racisme spécifique visant les Noirs, une négrophobie qui est le fait non seulement d’une partie des Blancs mais également d’une partie des Maghrébins, d’une partie des Turcs, etc. Un fait que ne veulent pas reconnaître certains soutiens de immigrés. J’en côtoyais au Tribunal Administratif qui ont fini par me lasser avec leur angélisme sur ce sujet et sur d’autres, au point que je n’y vais plus.
*
Présents pour cette marche blanche des élus de presque tous les bords. Un que j’ai eu du mal à reconnaître : le Député Européen David Cormand, Ecologiste. Il a désormais le crâne rasé. Je me demande quel méfait il a pu commettre pour mériter ça.
26 juillet 2019
Ce jeudi est la pire et dernière journée de la canicule. L’attraction d’été, Rouen sur Mer, est fermée pour cause d’excès d’été. Le Son du Cor lui est ouvert mais quand à midi j’y arrive, je me fais accueillir fraîchement (si je puis dire).
-On est à la bourre, on n’est pas prêt
-Ce n’est pas grave, je ne suis jamais pressé, je vais m’asseoir.
-Si vous vous asseyez, y en a d’autres qui vont s’asseoir.
-Eh bien, ils attendront, dis-je en m’installant à la terrasse côté rue.
Dans la famille Son du Cor, la mère et le fils m’ont à la bonne, la belle-fille non (je ne sais pas pourquoi). C’est à elle que j’ai affaire. Peut-être n’est elle que stressée. Ce soir, c’est la quatrième semaine des Terrasses du Jeudi. Il y aura concert sur le terrain de pétanque. Toute la famille transpire en installant moult fûts de bière.
Le seul autre qui arrive à cette heure est celui qui a sa Carte Officielle de Con. Il n’a pas besoin de la sortir, car à lui, elle ne dit rien.
A midi cinq, je suis aimablement servi par la belle-mère de celle qui m’a morigéné. Je poursuis la lecture de La Jeune Moabite dans une chaleur épaisse qui décourage la clientèle des restaurants. Personne n’est en terrasse au Cornaëlle où l’on affiche pour la circonstance un menu « estival » (aucune cuisine à faire) : une grande salade au choix, un verre de cidre, une boule de glace au choix, cela pour douze euros.
On ne se bouscule pas au Son du Cor. Une jeune femme en chorte de djine bleu troué et tatouée sur le bras d’un triangle pointé vers le bas lit un livre de Kerouac dont je ne peux voir le titre. La famille Son du Cor occupe une autre table, un peu inquiète, deux soudains coups de vent lui faisant craindre l’orage à l’heure du concert.
Rentré chez moi, où au rez-de-chaussée il ne fait que vingt-cinq degrés, je me demande si oui on non je retournerai là-bas à dix-neuf heures pour voir et ouïr Y O U « jazz, embruns, rock psychédélique, envolées lyriques et incantations de rois-pêcheurs », cela chanté « en suédois ou en créole au gré du vent ».
Du vent, il commence à en avoir juste avant l’heure du concert et soudain choient de grosses gouttes et gronde le tonnerre. Soulagé, je reste donc chez moi.
*
Le gros concert final des Terrasses du Jeudi sur la place de Emmurées n’a pas eu lieu, apprends-je ce vendredi matin. Une partie du matériel pour le son et la lumière a été victime du vent et de la grêle sans qu’il y ait de blessés parmi le public déjà présent. Pour une fois, la Préfecture n’avait pas annulé la soirée au nom du principe de précaution.
*
Observation de voisinage : dès qu’il y a quelque part un enfant en bas âge, la plupart des femmes alentour se transforment en mères putatives.
*
Loïc Boyer dans Le philosophe et les enfants publié sur son blog suite au texte de Michel Onfray sur Greta Thunberg :
«son enveloppe est neutre» «ce corps sans chair» «ce corps qui est un anticorps, cette chair qui n’a pas de matière» «c’est une jeune fille au corps neutre» «neutre et pâle comme la mort»
Bon, les filles, si voulez être prises au sérieux par les adultes, des vrais, des gras comme Michel Onfray, laissez-vous pousser les seins…
-On est à la bourre, on n’est pas prêt
-Ce n’est pas grave, je ne suis jamais pressé, je vais m’asseoir.
-Si vous vous asseyez, y en a d’autres qui vont s’asseoir.
-Eh bien, ils attendront, dis-je en m’installant à la terrasse côté rue.
Dans la famille Son du Cor, la mère et le fils m’ont à la bonne, la belle-fille non (je ne sais pas pourquoi). C’est à elle que j’ai affaire. Peut-être n’est elle que stressée. Ce soir, c’est la quatrième semaine des Terrasses du Jeudi. Il y aura concert sur le terrain de pétanque. Toute la famille transpire en installant moult fûts de bière.
Le seul autre qui arrive à cette heure est celui qui a sa Carte Officielle de Con. Il n’a pas besoin de la sortir, car à lui, elle ne dit rien.
A midi cinq, je suis aimablement servi par la belle-mère de celle qui m’a morigéné. Je poursuis la lecture de La Jeune Moabite dans une chaleur épaisse qui décourage la clientèle des restaurants. Personne n’est en terrasse au Cornaëlle où l’on affiche pour la circonstance un menu « estival » (aucune cuisine à faire) : une grande salade au choix, un verre de cidre, une boule de glace au choix, cela pour douze euros.
On ne se bouscule pas au Son du Cor. Une jeune femme en chorte de djine bleu troué et tatouée sur le bras d’un triangle pointé vers le bas lit un livre de Kerouac dont je ne peux voir le titre. La famille Son du Cor occupe une autre table, un peu inquiète, deux soudains coups de vent lui faisant craindre l’orage à l’heure du concert.
Rentré chez moi, où au rez-de-chaussée il ne fait que vingt-cinq degrés, je me demande si oui on non je retournerai là-bas à dix-neuf heures pour voir et ouïr Y O U « jazz, embruns, rock psychédélique, envolées lyriques et incantations de rois-pêcheurs », cela chanté « en suédois ou en créole au gré du vent ».
Du vent, il commence à en avoir juste avant l’heure du concert et soudain choient de grosses gouttes et gronde le tonnerre. Soulagé, je reste donc chez moi.
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Le gros concert final des Terrasses du Jeudi sur la place de Emmurées n’a pas eu lieu, apprends-je ce vendredi matin. Une partie du matériel pour le son et la lumière a été victime du vent et de la grêle sans qu’il y ait de blessés parmi le public déjà présent. Pour une fois, la Préfecture n’avait pas annulé la soirée au nom du principe de précaution.
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Observation de voisinage : dès qu’il y a quelque part un enfant en bas âge, la plupart des femmes alentour se transforment en mères putatives.
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Loïc Boyer dans Le philosophe et les enfants publié sur son blog suite au texte de Michel Onfray sur Greta Thunberg :
«son enveloppe est neutre» «ce corps sans chair» «ce corps qui est un anticorps, cette chair qui n’a pas de matière» «c’est une jeune fille au corps neutre» «neutre et pâle comme la mort»
Bon, les filles, si voulez être prises au sérieux par les adultes, des vrais, des gras comme Michel Onfray, laissez-vous pousser les seins…
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