Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
6 novembre 2020
Pendant ce deuxième confinement je pratique la promenade autorisée chaque jour, toujours à l’écart de quiconque, songeant que si tout le monde vivait à ma façon depuis mars dernier la pandémie aurait déjà disparu. Je reconnais que c’est difficile à mettre en œuvre. Nous sommes trop nombreux et la plupart des humains sont grégaires.
Durant ma promenade de santé de ce jeudi, je surprends une femme en train d’uriner derrière une haie du Palais de Justice côté rue de la Jeanne. Il ne s’agit pas d’une clocharde. Les toilettes publiques sont rares à Rouen et le plus souvent hors service. Les cafés sont fermés.
*
Si on qualifie les Noirs des Etats-Unis d’Afro-Américains, il faudrait qualifier les Blancs d’Européo-Américains. On pourrait aussi parler des Sino-Américains, des Latino-Américains, etc.
Durant ma promenade de santé de ce jeudi, je surprends une femme en train d’uriner derrière une haie du Palais de Justice côté rue de la Jeanne. Il ne s’agit pas d’une clocharde. Les toilettes publiques sont rares à Rouen et le plus souvent hors service. Les cafés sont fermés.
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Si on qualifie les Noirs des Etats-Unis d’Afro-Américains, il faudrait qualifier les Blancs d’Européo-Américains. On pourrait aussi parler des Sino-Américains, des Latino-Américains, etc.
5 novembre 2020
Ce mercredi, c’est la deuxième étape de mon nouveau parcours médical.
Dans la fraîcheur du petit matin, je rejoins le Centre d’Imagerie Médicale des Beaux-Arts face au square Verdrel pour y subir une échographie abdominale. Mon rendez-vous est à huit heures quinze mais je dois attendre un bon quart d’heure de plus avant qu’on appelle mon nom. Le jeune médecin qui passe la douchette sur mon corps se veut rassurant. D’après lui mon résultat de prise de sang n’est pas des plus inquiétants, il y a pire, mais pour le bien de mon foie, il serait bon de modifier mes habitudes alimentaires. « Je ne peux pas voir votre pancréas », me dit-il. C’est bien dommage.
Rentré à la maison, j’appelle mon médecin pour un rendez-vous la semaine prochaine puis je regarde où on en est dans le dépouillement des votes aux Etats-Unis. Pauvre Amérique qui a eu le choix entre un quasi dément persuadé d’être le vainqueur et un quasi sénile qui ne reconnaît plus ses petites-filles. Evidemment, j’espère la défaite du premier.
Je me souviens avoir appris sa victoire d’il y a quatre ans dans un café parisien un mercredi matin. C’était le temps où j’allais à la capitale chaque semaine, qui ne reviendra plus.
Sur la ligne Paris Rouen Le Havre, vu l’état des trains normands, on a dû faire venir d’autres régions des Tégévés. Ils roulent à petite vitesse entre la Normandie et la capitale. Quelle déchéance pour ce roi des trains et ses conducteurs.
*
En Europe, rien ne va sur le front de la lutte contre l’occupant. Le débarquement d’un hypothétique vaccin est remis en cause par une mutation du virus au Danemark via ses millions de visons. Ce pays va tous les tuer.
*
Vivent les Chinois. C’est une vieille nation qui nous regarde comme des enfants, et des polissons, et nous nous croyons une grande chose parce que nous courons les mers et les terres … et nous portons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre évangile et notre vérole. (missive de l’abbé Galiani à la marquise d’Epinay, Naples, le dix-neuf mai mil sept cent soixante-dix)
Dans la fraîcheur du petit matin, je rejoins le Centre d’Imagerie Médicale des Beaux-Arts face au square Verdrel pour y subir une échographie abdominale. Mon rendez-vous est à huit heures quinze mais je dois attendre un bon quart d’heure de plus avant qu’on appelle mon nom. Le jeune médecin qui passe la douchette sur mon corps se veut rassurant. D’après lui mon résultat de prise de sang n’est pas des plus inquiétants, il y a pire, mais pour le bien de mon foie, il serait bon de modifier mes habitudes alimentaires. « Je ne peux pas voir votre pancréas », me dit-il. C’est bien dommage.
Rentré à la maison, j’appelle mon médecin pour un rendez-vous la semaine prochaine puis je regarde où on en est dans le dépouillement des votes aux Etats-Unis. Pauvre Amérique qui a eu le choix entre un quasi dément persuadé d’être le vainqueur et un quasi sénile qui ne reconnaît plus ses petites-filles. Evidemment, j’espère la défaite du premier.
Je me souviens avoir appris sa victoire d’il y a quatre ans dans un café parisien un mercredi matin. C’était le temps où j’allais à la capitale chaque semaine, qui ne reviendra plus.
Sur la ligne Paris Rouen Le Havre, vu l’état des trains normands, on a dû faire venir d’autres régions des Tégévés. Ils roulent à petite vitesse entre la Normandie et la capitale. Quelle déchéance pour ce roi des trains et ses conducteurs.
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En Europe, rien ne va sur le front de la lutte contre l’occupant. Le débarquement d’un hypothétique vaccin est remis en cause par une mutation du virus au Danemark via ses millions de visons. Ce pays va tous les tuer.
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Vivent les Chinois. C’est une vieille nation qui nous regarde comme des enfants, et des polissons, et nous nous croyons une grande chose parce que nous courons les mers et les terres … et nous portons partout la guerre, la discorde, nos lingots, nos fusils, notre évangile et notre vérole. (missive de l’abbé Galiani à la marquise d’Epinay, Naples, le dix-neuf mai mil sept cent soixante-dix)
4 novembre 2020
Ce mardi, c’est le début de mon nouveau parcours médical.
Dans la fraîcheur du petit matin, tandis que s’installent deux vendeurs de fruits et légumes sur la place Saint-Marc, j’attends seul devant la porte du laboratoire d’analyse médicale. Celle-ci s’ouvre à sept heures précises. Mon ordonnance enregistrée, je suis pris en charge par l’infirmière qui sait voir ma veine. Elle me pique sans hésiter et sans douleur.
Je passe la journée à ne pas faire grand-chose puis à seize heures trente vais chercher mes résultats. C’est toujours mauvais pour mon foie.
*
Activité de peu d’intérêt pour époque de peu d’intérêt : faire brûler le stock de bougies achetées dans les vide greniers au temps où j’étais bien accompagné.
Dans la fraîcheur du petit matin, tandis que s’installent deux vendeurs de fruits et légumes sur la place Saint-Marc, j’attends seul devant la porte du laboratoire d’analyse médicale. Celle-ci s’ouvre à sept heures précises. Mon ordonnance enregistrée, je suis pris en charge par l’infirmière qui sait voir ma veine. Elle me pique sans hésiter et sans douleur.
Je passe la journée à ne pas faire grand-chose puis à seize heures trente vais chercher mes résultats. C’est toujours mauvais pour mon foie.
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Activité de peu d’intérêt pour époque de peu d’intérêt : faire brûler le stock de bougies achetées dans les vide greniers au temps où j’étais bien accompagné.
3 novembre 2020
Ce lundi, quand elle ouvre à neuf heures, muni du courrier de la Sécurité Sociale faisant de moi un prioritaire pour le vaccin contre la grippe, je suis le seul client de la Grande Pharmacie du Centre. A ma question, j’ai la réponse que j’attendais : « Nous n’en avons plus depuis longtemps. »
Je demande à l’aimable pharmacien s’il peut m’inscrire sur une liste d’attente.
-Vous seriez au moins le centième, me répond-il, nous n’en faisons pas, nous préférons que chacun ait sa chance. Il faudra passer de temps en temps, on en aura peut-être, mais ce n’est pas sûr, et ce sera deux ou trois à chaque fois.
-S’il faut que je passe régulièrement pour m’entendre répondre négativement, je n’en vois pas l’intérêt, lui dis-je.
-Je vous comprends, on leur avait demandé de ne pas faire de pub sur ce vaccin cette année, mais ils n’ont pas écouté, me répond-il.
Ce « ils » doit désigner les autorités quelles qu’elles soient.
Un peu plus tard, discutant au téléphone avec ma sœur, celle-ci me dit qu’elle connaît une infirmière des urgences qui ne s’est pas fait vacciner contre cette grippe car tout vaccin affaiblit momentanément les défenses immunitaires et si elles sont occupées à réagir à l’inoculation en ce temps de Covid, c’est un risque.
Quoi qu’il en soit, je ne serai pas cette année vacciné.
*
L’après-midi, je commence un ménage devenu plus que nécessaire après presque quatre mois d’absence. J’en profite pour jeter la vaisselle jamais utilisée. J’en avais peu, j’en ai désormais très peu.
*
L’orteil violet, nouveau symptôme du Covid. J’en ai eu un pendant mon périple breton, mis sur le compte de la lutte entre mon pied et ma chaussure. Il a retrouvé sa normalité.
Je demande à l’aimable pharmacien s’il peut m’inscrire sur une liste d’attente.
-Vous seriez au moins le centième, me répond-il, nous n’en faisons pas, nous préférons que chacun ait sa chance. Il faudra passer de temps en temps, on en aura peut-être, mais ce n’est pas sûr, et ce sera deux ou trois à chaque fois.
-S’il faut que je passe régulièrement pour m’entendre répondre négativement, je n’en vois pas l’intérêt, lui dis-je.
-Je vous comprends, on leur avait demandé de ne pas faire de pub sur ce vaccin cette année, mais ils n’ont pas écouté, me répond-il.
Ce « ils » doit désigner les autorités quelles qu’elles soient.
Un peu plus tard, discutant au téléphone avec ma sœur, celle-ci me dit qu’elle connaît une infirmière des urgences qui ne s’est pas fait vacciner contre cette grippe car tout vaccin affaiblit momentanément les défenses immunitaires et si elles sont occupées à réagir à l’inoculation en ce temps de Covid, c’est un risque.
Quoi qu’il en soit, je ne serai pas cette année vacciné.
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L’après-midi, je commence un ménage devenu plus que nécessaire après presque quatre mois d’absence. J’en profite pour jeter la vaisselle jamais utilisée. J’en avais peu, j’en ai désormais très peu.
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L’orteil violet, nouveau symptôme du Covid. J’en ai eu un pendant mon périple breton, mis sur le compte de la lutte entre mon pied et ma chaussure. Il a retrouvé sa normalité.
2 novembre 2020
Est-on vraiment dimanche ? Est-ce vraiment la Toussaint ? En ce double jour férié je vois dans l’après-midi un livreur d’Amazon sonner à l’interphone puis porter à une voisine deux gros colis qui doivent contenir autre chose que des livres.
A la radio et ailleurs, on discute de produits essentiels et de la question de savoir si les livres en sont. Il aurait mieux valu parler de produits indispensables. Les chaussures en sont, les livres non. J’en connais tellement qui se passent de ces derniers et n’en souffrent pas le moins du monde.
En ce qui me concerne, mon stock de livres non lus ou à relire peut suffire à plusieurs confinements. Pour débuter ce deuxième, j’attaque le premier volume de la Correspondance de Ferdinando Galiani (abbé) avec Louise d’Epinay (marquise). Cette correspondance, publiée dans les années quatre-vingt-dix chez Desjonquères, ne se trouve plus que d’occasion. Je me la suis procurée avant-guerre, un volume à un euro chez Book-Off, deux volumes chez Gibert Joseph, deux volumes via Rakuten, cela après avoir appris son existence dans l’un des volumes du journal de Gabriel Matzneff.
En revanche côté chaussures, c’est la disette.
*
Prendre son risque que disait Emmanuel Macron, Président, chantre de l’initiative individuelle. Aujourd’hui, beaucoup de ceux qui l’ont fait sont sous assistance financière de l’Etat, n’ayant pas envisagé une seconde qu’ils bâtissaient sur du sable.
*
Où sont donc passés les optimistes ? Pour ma part, au vu de l’actualité, je me reproche de ne pas avoir été encore plus pessimiste.
A la radio et ailleurs, on discute de produits essentiels et de la question de savoir si les livres en sont. Il aurait mieux valu parler de produits indispensables. Les chaussures en sont, les livres non. J’en connais tellement qui se passent de ces derniers et n’en souffrent pas le moins du monde.
En ce qui me concerne, mon stock de livres non lus ou à relire peut suffire à plusieurs confinements. Pour débuter ce deuxième, j’attaque le premier volume de la Correspondance de Ferdinando Galiani (abbé) avec Louise d’Epinay (marquise). Cette correspondance, publiée dans les années quatre-vingt-dix chez Desjonquères, ne se trouve plus que d’occasion. Je me la suis procurée avant-guerre, un volume à un euro chez Book-Off, deux volumes chez Gibert Joseph, deux volumes via Rakuten, cela après avoir appris son existence dans l’un des volumes du journal de Gabriel Matzneff.
En revanche côté chaussures, c’est la disette.
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Prendre son risque que disait Emmanuel Macron, Président, chantre de l’initiative individuelle. Aujourd’hui, beaucoup de ceux qui l’ont fait sont sous assistance financière de l’Etat, n’ayant pas envisagé une seconde qu’ils bâtissaient sur du sable.
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Où sont donc passés les optimistes ? Pour ma part, au vu de l’actualité, je me reproche de ne pas avoir été encore plus pessimiste.
1er novembre 2020
On ne dit plus, ce qui était courant, je vais chez l’Arabe du coin, comme on aurait pu dire je vais chez l’Auvergnat. Nulle intention méprisante, encore moins raciste, dans cette formulation, mais le correctement politique a fait son œuvre.
C’est pourtant ce que je fais ce samedi à onze heures, comme l’indique l’attestation de déplacement dérogatoire ancien modèle que j’ai en poche. Mon Arabe du coin n’est pas au premier coin, mais à celui du haut de la rue Beauvoisine. Je n’y vais, chaque année, que pour ses pommes. L’an dernier, elles étaient à un euro le kilo. Cette fois, elles sont à un euro vingt.
Lesté de deux kilos dans le sac à dos, je ne rentre pas par le chemin le plus court, passant par deux boîtes à livres au contenu sans intérêt.
Pour regagner mon domicile, je traverse en diagonale le parvis de la Cathédrale, un lieu dangereux, comme l’a montré l’attentat islamiste qui a fait trois morts à Nice. C’est le moment du concert hebdomadaire de carillon.
L’un des airs joués est Le Tourbillon de Serge Rezvani. Chacun pour soi est reparti / Dans l'tourbillon de la vie, une chanson d’avant guerre. Là, nous sommes dans le pot au noir, encalminés pour plusieurs semaines dans un climat malsain.
*
Il n’y a pas que l’épicier arabe, il y a aussi le boulanger arabe. Depuis mon retour, je vais chez celui de la rue de la Rép, ma boulangerie habituelle étant fermée pour vacances. Il a remplacé une boulangère que je boycottais en raison de ses discours anti-manifestants lors des grèves pour défendre les retraites. Contrairement à beaucoup de ses semblables parisiens, il fait du bon pain. De plus, il ouvre à six heures et demie, un horaire compatible avec ma façon de vivre.
C’est pourtant ce que je fais ce samedi à onze heures, comme l’indique l’attestation de déplacement dérogatoire ancien modèle que j’ai en poche. Mon Arabe du coin n’est pas au premier coin, mais à celui du haut de la rue Beauvoisine. Je n’y vais, chaque année, que pour ses pommes. L’an dernier, elles étaient à un euro le kilo. Cette fois, elles sont à un euro vingt.
Lesté de deux kilos dans le sac à dos, je ne rentre pas par le chemin le plus court, passant par deux boîtes à livres au contenu sans intérêt.
Pour regagner mon domicile, je traverse en diagonale le parvis de la Cathédrale, un lieu dangereux, comme l’a montré l’attentat islamiste qui a fait trois morts à Nice. C’est le moment du concert hebdomadaire de carillon.
L’un des airs joués est Le Tourbillon de Serge Rezvani. Chacun pour soi est reparti / Dans l'tourbillon de la vie, une chanson d’avant guerre. Là, nous sommes dans le pot au noir, encalminés pour plusieurs semaines dans un climat malsain.
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Il n’y a pas que l’épicier arabe, il y a aussi le boulanger arabe. Depuis mon retour, je vais chez celui de la rue de la Rép, ma boulangerie habituelle étant fermée pour vacances. Il a remplacé une boulangère que je boycottais en raison de ses discours anti-manifestants lors des grèves pour défendre les retraites. Contrairement à beaucoup de ses semblables parisiens, il fait du bon pain. De plus, il ouvre à six heures et demie, un horaire compatible avec ma façon de vivre.
31 octobre 2020
Quoi qu’il m’arrive désormais, j’aurai revu longuement ce cher Massif Central et cette chère Bretagne.
Maintenant, il me faut subir ce nouveau confinement. Cela sera fort pénible mais quand même moins que le premier, car son instauration ne remet pas en cause des projets déjà enclenchés ni des envies que j’aurais eues.
Novembre est un mois que je déteste, que j’ai longtemps pressenti comme celui de ma mort. Maintenant, j’ai étendu cette appréhension à tous les mois de l’année, me demandant pour chacun si ce n’est pas le dernier.
Par ailleurs, comme il est visible dans les rues de Rouen où je sors trois fois ce vendredi (boulangerie, U Express, Poste), ce confinement ne se traduit pas par la désertification de la ville. Cela ressemble à un dimanche, quand la plupart des commerces sont fermés.
La question se pose de savoir si ce confinement allégé aura une efficacité comparable au premier et même s’il aura une efficacité tout court. On verra. Pour l’instant, la situation s’envenime tous les jours et partout.
Ainsi dans ma ville natale, Louviers, où comme l’écrit avec légèreté Paris Normandie « Le deuxième confinement commence dans la difficulté pour l’établissement Korian ».
Dans cet Ehpad, sept décès dus au Covid ont eu lieu depuis le quatorze octobre. Sur les quatre-vingt-dix résidents, cinquante-sept sont positifs. La direction avec la même légèreté juge que « C’est un chiffre impressionnant, oui, mais soixante-dix pour cent d’entre eux sont asymptomatiques. C’est une bonne nouvelle ».
Vingt-six membres du personnel se sont également révélés positifs. Sachant les précautions qui sont prises dans ce genre d’établissement, j’imagine comment ce virus circule partout ailleurs.
*
Collage de féministes intégristes rouennaises à proximité du sexe-chope de la rue de la République, côté petite porte discrète : « Porno = haine des femmes ».
*
En écho, ce propos de rue : « Oui tu peux t’habiller comme tu veux, mais y a une différence entre être sexy et ressembler à une pute. » (une fille à une autre fille)
Maintenant, il me faut subir ce nouveau confinement. Cela sera fort pénible mais quand même moins que le premier, car son instauration ne remet pas en cause des projets déjà enclenchés ni des envies que j’aurais eues.
Novembre est un mois que je déteste, que j’ai longtemps pressenti comme celui de ma mort. Maintenant, j’ai étendu cette appréhension à tous les mois de l’année, me demandant pour chacun si ce n’est pas le dernier.
Par ailleurs, comme il est visible dans les rues de Rouen où je sors trois fois ce vendredi (boulangerie, U Express, Poste), ce confinement ne se traduit pas par la désertification de la ville. Cela ressemble à un dimanche, quand la plupart des commerces sont fermés.
La question se pose de savoir si ce confinement allégé aura une efficacité comparable au premier et même s’il aura une efficacité tout court. On verra. Pour l’instant, la situation s’envenime tous les jours et partout.
Ainsi dans ma ville natale, Louviers, où comme l’écrit avec légèreté Paris Normandie « Le deuxième confinement commence dans la difficulté pour l’établissement Korian ».
Dans cet Ehpad, sept décès dus au Covid ont eu lieu depuis le quatorze octobre. Sur les quatre-vingt-dix résidents, cinquante-sept sont positifs. La direction avec la même légèreté juge que « C’est un chiffre impressionnant, oui, mais soixante-dix pour cent d’entre eux sont asymptomatiques. C’est une bonne nouvelle ».
Vingt-six membres du personnel se sont également révélés positifs. Sachant les précautions qui sont prises dans ce genre d’établissement, j’imagine comment ce virus circule partout ailleurs.
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Collage de féministes intégristes rouennaises à proximité du sexe-chope de la rue de la République, côté petite porte discrète : « Porno = haine des femmes ».
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En écho, ce propos de rue : « Oui tu peux t’habiller comme tu veux, mais y a une différence entre être sexy et ressembler à une pute. » (une fille à une autre fille)
30 octobre 2020
Donc le soir venu, notre Président annonce un deuxième confinement de quatre semaines (pour commencer), les mesures antérieures n’ayant servi à rien, et la preuve qu’on n’est pas sorti d’affaire, bien au contraire, avec ce coronavirus. Le troisième confinement aura lieu après les fêtes de Noël (mélange familial) et du Jour de l’An (mélange amical) et ce ne sera pas le dernier, sauf miracle vaccinal.
Je me félicite d’avoir prévu depuis longtemps un retour qui ne passe pas la capitale, ce qui me permettra de ne pas côtoyer les Parisiens qui repartent en exode. Deux trains (Dol Caen, départ midi moins une, puis Caen Rouen, départ seize heures six) me ramèneront à la maison et ne seront, j’espère, pas trop fréquentés (je ne vois pas un Breton aller passer son confinement en Normandie, ni un Caennais aller le passer à Rouen).
Le jour levé, je me rends une dernière fois dans la centre de Dol afin d’acheter à la boulangerie un croissant et un pain au chocolat pour un petit-déjeuner en marchant dans la rue direction Intermarché où je me procure deux sandouiches, mon repas d’avant le premier train.
Celui-ci, qui aurait dû partir de Saint-Malo, est déjà là quand j’arrive en avance. Ce n’est pas une bonne nouvelle. Il est planté dans la Gare depuis l’aller du matin, la faute à une branche qui a touché un pantographe, et n’est pas prêt de repartir. On attend les réparateurs qui viennent de Rennes.
Ils n’arrivent que vers midi et demi, incapables de dire combien de temps il leur faudra pour dégager les morceaux de branches coincés dans ce pantographe. Pendant toute cette attente, nous sommes stockés debout sur le quai. Deux étudiantes se réjouissent de passer ainsi leur dernière journée de liberté. Vers quatorze heures, suite au mécontentement qui monte, un employé de la Gare de Dol, dont le discours était jusqu’alors « C’est pas nous, c’est un train de la Région Normandie », daigne nous apporter des bouteilles d’eau et ouvrir les toilettes. Une vieille, qui a des connaissances à la Région, un certain monsieur Breton, téléphone au Service Transports : « Dîtes à Morin, qu’au lieu de s’occuper de ses chevaux, il s’occupe de ses trains. »
Quand le train est enfin réparé, on nous fait monter dedans mais on nous annonce qu’il ne partira que lorsque celui qui arrive dans l’autre sens sera passé car jusqu’à Pontorson la voie est unique.
C’est donc avec deux heures quarante de retard que nous quittons Dol avec ce train poussif, comme tout train normand qui se respecte. La contrôleuse est une pimbêche qui se moque pas mal des soucis de correspondance de certains. Arrivé à Granville, sans qu’elle nous l’ait annoncé, on nous débarque brutalement pour nous mettre dans un car qui va à la Gare de Coutances.
Là, un train pour Caen, venu de je ne sais où, nous attend. Il est doté d’un contrôleur qui se soucie des usagers et organise les correspondances des uns et des autres. Il m’apprend que je pourrai avoir le train Caen Rouen de dix-huit heures six : « Vous ne pouvez pas le louper, son conducteur est celui de notre train. »
A l’arrivée à Caen je n’ai même pas à changer de train. Nous partons à l’heure prévue. La fin du voyage est sans histoire. J’arrive au but avant le couvre-feu, à dix-neuf heures cinquante-cinq, plus qu’à tirer ma valise jusqu’à ma ruelle.
Passant devant les brasseries qui ne servent à manger que le midi, je constate qu’elles accueillent ce jeudi, pour boire en terrasse, toute une jeunesse à des tables où on est plus de six, collés les uns aux autres, pour une soirée dernière contamination avant le confinement.
*
Dol-de-Bretagne, Deuil-de-Bretagne.
Je me félicite d’avoir prévu depuis longtemps un retour qui ne passe pas la capitale, ce qui me permettra de ne pas côtoyer les Parisiens qui repartent en exode. Deux trains (Dol Caen, départ midi moins une, puis Caen Rouen, départ seize heures six) me ramèneront à la maison et ne seront, j’espère, pas trop fréquentés (je ne vois pas un Breton aller passer son confinement en Normandie, ni un Caennais aller le passer à Rouen).
Le jour levé, je me rends une dernière fois dans la centre de Dol afin d’acheter à la boulangerie un croissant et un pain au chocolat pour un petit-déjeuner en marchant dans la rue direction Intermarché où je me procure deux sandouiches, mon repas d’avant le premier train.
Celui-ci, qui aurait dû partir de Saint-Malo, est déjà là quand j’arrive en avance. Ce n’est pas une bonne nouvelle. Il est planté dans la Gare depuis l’aller du matin, la faute à une branche qui a touché un pantographe, et n’est pas prêt de repartir. On attend les réparateurs qui viennent de Rennes.
Ils n’arrivent que vers midi et demi, incapables de dire combien de temps il leur faudra pour dégager les morceaux de branches coincés dans ce pantographe. Pendant toute cette attente, nous sommes stockés debout sur le quai. Deux étudiantes se réjouissent de passer ainsi leur dernière journée de liberté. Vers quatorze heures, suite au mécontentement qui monte, un employé de la Gare de Dol, dont le discours était jusqu’alors « C’est pas nous, c’est un train de la Région Normandie », daigne nous apporter des bouteilles d’eau et ouvrir les toilettes. Une vieille, qui a des connaissances à la Région, un certain monsieur Breton, téléphone au Service Transports : « Dîtes à Morin, qu’au lieu de s’occuper de ses chevaux, il s’occupe de ses trains. »
Quand le train est enfin réparé, on nous fait monter dedans mais on nous annonce qu’il ne partira que lorsque celui qui arrive dans l’autre sens sera passé car jusqu’à Pontorson la voie est unique.
C’est donc avec deux heures quarante de retard que nous quittons Dol avec ce train poussif, comme tout train normand qui se respecte. La contrôleuse est une pimbêche qui se moque pas mal des soucis de correspondance de certains. Arrivé à Granville, sans qu’elle nous l’ait annoncé, on nous débarque brutalement pour nous mettre dans un car qui va à la Gare de Coutances.
Là, un train pour Caen, venu de je ne sais où, nous attend. Il est doté d’un contrôleur qui se soucie des usagers et organise les correspondances des uns et des autres. Il m’apprend que je pourrai avoir le train Caen Rouen de dix-huit heures six : « Vous ne pouvez pas le louper, son conducteur est celui de notre train. »
A l’arrivée à Caen je n’ai même pas à changer de train. Nous partons à l’heure prévue. La fin du voyage est sans histoire. J’arrive au but avant le couvre-feu, à dix-neuf heures cinquante-cinq, plus qu’à tirer ma valise jusqu’à ma ruelle.
Passant devant les brasseries qui ne servent à manger que le midi, je constate qu’elles accueillent ce jeudi, pour boire en terrasse, toute une jeunesse à des tables où on est plus de six, collés les uns aux autres, pour une soirée dernière contamination avant le confinement.
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Dol-de-Bretagne, Deuil-de-Bretagne.
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