Ce mardi soir, je suis de nouveau sur une chaise de premier rang à l’Opéra où accentus donne concert, lequel sera enregistré comme l’indiquent les micros de toutes sortes dressés sur la scène ; le chœur de Laurence Equilbey prépare un cédé consacré à Bruno Mantovani, né en soixante-quatorze.
Derrière moi, on étudie le programme et on s’en effraie : « C’est très contemporain et y a de l’accordéon». Mon écharpe sur la chaise à ma droite garde sa place à l’homme au chapeau. Lorsqu’il arrive je lui dis qu’il ne s’agit pas de faire du bruit pendant le concert aujourd’hui, manquerait plus qu’on entende sa toux sur le disque de Laurence.
Deux photographes prennent place sur les deux bords du plateau ainsi qu’un homme de caméra. Le chœur s’installe et la cheffe lance Sechs geistliche Lieder (six chants sacrés) mis en musique par le romantique Hugo Wolf. Le contraste est flagrant lorsqu’on en vient aux Vier geistliche Gedichte (quatre poèmes religieux) mis en musique par Bruno Mantovani et dirigés par le chef en second, Pieter-Jelle de Boer. Le point commun est l’auteur des textes, Joseph von Eichendorff. D’où je suis, impossible de lire les surtitrages en français et je m‘en réjouis.
Le désordre vocal ordonné de Mantovani n’est pas du goût de tout le monde comme je le constate à l’entracte. L’un se plaint à un autre de cette musique qui n’est ni mélodie ni harmonie :
- Ça tient à la fois du caquetage de poulailler et du rap de cité.
Son ami n’est pas d’accord et lui répond qu’il est là pour découvrir des nouveautés, pas pour entendre toujours le même genre de musique. Avant, il était à Lille, où certains dans le public huaient le compositeur lorsqu’ils n’aimaient pas sa musique. Ici, dit-il, ce ne sera pas le cas ; à Rouen on est poli.
Pendant ce temps, un olibrius suivi d’une caméra et d’un micro poilu interroge des spectatrices et spectateurs, une sorte de sosie d’Alexandre Jardin jeune, à qui je prédis une carrière de comique de télévision. J’échappe à ça mais l'homme au chapeau fait partie des élu(e)s. Il me dit que le jeune agité lui a posé des questions sur la musique contemporaine. C’est pour une vidéo.
-C’est vrai que Laurence est aussi sur YouTube, lui dis-je. Elle est venue avec tout son matériel et tout son personnel.
Elle revient avec son accordéoniste et une violoncelliste pour diriger la Cantate numéro quatre « Komm, Jesu komm » de Mantovani, une composition qui plaît autant à mon voisin qu’à moi. Le compositeur, monté sur scène, est applaudi par tout le monde comme il est d’usage à Rouen. Pour finir, et ça en achève certain(e)s, est donné Astralis de Wolfgang Rihm, né en cinquante-quatre, composition qui, nous a dit la cheffe, doit être chantée pianissimo.
A l’annonce du bonus, une chanson de Brahms, l’une au premier rang se réjouit que cela va être moins lugubre, mais Laurence Equilbey, se retournant, la détrompe : « C’est encore une histoire de rupture. »
*
En avant programme auquel j’ai échappé, les élèves des ateliers « Chantons avec accentus » montraient ce qu’ils et elles ont appris. Là encore, il s’agissait d’une « restitution ».
*
« Etudiant ? Arts visuels et plastiques, graphisme, design, arts appliqués, cinéma, animation… Réalise un clip/une pochette pour le prochain disque d’accentus à paraître chez naïve. Prix du clip : 1er prix 400 €. Prix du visuel : 1er prix 400 €. » (flayeur distribué avec le livret programme)
Ce qui s’appelle avoir le sens des affaires.
Derrière moi, on étudie le programme et on s’en effraie : « C’est très contemporain et y a de l’accordéon». Mon écharpe sur la chaise à ma droite garde sa place à l’homme au chapeau. Lorsqu’il arrive je lui dis qu’il ne s’agit pas de faire du bruit pendant le concert aujourd’hui, manquerait plus qu’on entende sa toux sur le disque de Laurence.
Deux photographes prennent place sur les deux bords du plateau ainsi qu’un homme de caméra. Le chœur s’installe et la cheffe lance Sechs geistliche Lieder (six chants sacrés) mis en musique par le romantique Hugo Wolf. Le contraste est flagrant lorsqu’on en vient aux Vier geistliche Gedichte (quatre poèmes religieux) mis en musique par Bruno Mantovani et dirigés par le chef en second, Pieter-Jelle de Boer. Le point commun est l’auteur des textes, Joseph von Eichendorff. D’où je suis, impossible de lire les surtitrages en français et je m‘en réjouis.
Le désordre vocal ordonné de Mantovani n’est pas du goût de tout le monde comme je le constate à l’entracte. L’un se plaint à un autre de cette musique qui n’est ni mélodie ni harmonie :
- Ça tient à la fois du caquetage de poulailler et du rap de cité.
Son ami n’est pas d’accord et lui répond qu’il est là pour découvrir des nouveautés, pas pour entendre toujours le même genre de musique. Avant, il était à Lille, où certains dans le public huaient le compositeur lorsqu’ils n’aimaient pas sa musique. Ici, dit-il, ce ne sera pas le cas ; à Rouen on est poli.
Pendant ce temps, un olibrius suivi d’une caméra et d’un micro poilu interroge des spectatrices et spectateurs, une sorte de sosie d’Alexandre Jardin jeune, à qui je prédis une carrière de comique de télévision. J’échappe à ça mais l'homme au chapeau fait partie des élu(e)s. Il me dit que le jeune agité lui a posé des questions sur la musique contemporaine. C’est pour une vidéo.
-C’est vrai que Laurence est aussi sur YouTube, lui dis-je. Elle est venue avec tout son matériel et tout son personnel.
Elle revient avec son accordéoniste et une violoncelliste pour diriger la Cantate numéro quatre « Komm, Jesu komm » de Mantovani, une composition qui plaît autant à mon voisin qu’à moi. Le compositeur, monté sur scène, est applaudi par tout le monde comme il est d’usage à Rouen. Pour finir, et ça en achève certain(e)s, est donné Astralis de Wolfgang Rihm, né en cinquante-quatre, composition qui, nous a dit la cheffe, doit être chantée pianissimo.
A l’annonce du bonus, une chanson de Brahms, l’une au premier rang se réjouit que cela va être moins lugubre, mais Laurence Equilbey, se retournant, la détrompe : « C’est encore une histoire de rupture. »
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En avant programme auquel j’ai échappé, les élèves des ateliers « Chantons avec accentus » montraient ce qu’ils et elles ont appris. Là encore, il s’agissait d’une « restitution ».
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« Etudiant ? Arts visuels et plastiques, graphisme, design, arts appliqués, cinéma, animation… Réalise un clip/une pochette pour le prochain disque d’accentus à paraître chez naïve. Prix du clip : 1er prix 400 €. Prix du visuel : 1er prix 400 €. » (flayeur distribué avec le livret programme)
Ce qui s’appelle avoir le sens des affaires.