Le Kalif (école de musique, salles de répétitions et de concerts), situé à la frontière entre Rouen et Darnétal, fête Jean-Pierre Turmel et son label Sordide Sentimental par une exposition dont c’est le vernissage ce vendredi soir, lequel sera suivi de concerts (Grrzz, Steeple Remove, Valeskja Vaclav et Paul Grémare).
J’en prends donc le chemin en fin d’après-midi et m’arrête au passage à la Conjuration des Fourneaux. La porte automatique est cassée. Je l’ouvre manuellement comme il est indiqué sur l’affiche et ne trouve personne à l’intérieur. On s’agite à l’étage en cuisine mais je me garde d’aller déranger. J’attends un peu et arrivent deux jeunes hommes. J’achète à l’un cinq tickets de la tombola qu’organise Le Diable au Corps afin de financer l’ouverture d’un local comprenant bibliothèque idéale, massage shiatsu, collectif de santé mentale, enregistrement d’émissions de radio, atelier d’impression, etc. Le tirage est à dix-huit heures mais je n’attends pas et poursuis mon chemin.
Contournant la clinique Saint-Hilaire, je rejoins le sentier des Petites Eaux du Robec. Devant le numéro quatorze, en contrebas dans un pré, se déroule le Petit Evènement Bucolique organisé par je ne sais qui (lectures de textes, concerts divers). J’y aperçois une jeune femme lisant devant un maigre auditoire et n’ai pas envie de m’approcher.
J’avance donc, passe devant l’Auberge de Jeunesse (ancienne teinturerie Auvray), puis l’ancien moulin des Dames de Saint-Amand dont la roue tourne, le magasin Lideule où autrefois je venais faire pédestrement des courses et m’assois sur le banc près du four à pain de la Pannevert observant une jeune femme qui joue avec son chien.
Quinze minutes avant l’heure officielle du vernissage, je rejoins la route, frôle l’entrée du tunnel de la Grand-Mare et arrive au Kalif que j’ai fréquenté une année pour ses concerts gratuits mensuels (plus eu envie ensuite). L’un des groupes de la soirée y règle sa balance. Le son est tellement fort qu’il me repousse sur le parquigne. Bientôt, je vois arriver Jean-Pierre. Il se gare dans le sens du départ.
Après m’avoir dit bonjour, il va s’entretenir avec les gens de la maison. Quand la musique cesse je fais le tour de l’exposition. Elle est chronologique, du One Shot du début des années soixante-dix consacré à la science-fiction, que je lui avais acheté après être entré en contact avec lui par lettre, au numéro hors série du journal Paraître de l’Ecole des Beaux-Arts de Rouen « conçu par Rainier Lericolais en collaboration avec Jean-Pierre Turmel » à la suite d’une exposition du plasticien et musicien pour laquelle j’avais aidé à la mise en relation des deux hommes en deux mille dix.
Entre les deux sont montrés des documents relatifs aux productions du label fondé en soixante-dix-huit et qui édita Throbbing Gristle (Genesis P-Orridge, Cosey Fanni Tutti), Joy Division (Ian Curtis), Billy Synth (& Half Japanese), The Bizarros (Nick Nicholis), Ptose, Durutti Column (Vini Reilly), Tuxedomoon (Steven Brown), Blameless Act, Monte Cazazza, Ludus (Linder), Savage Republic, Psychic TV, Problemist, Digital Sex (Steve Sheehan), Davie Allan & The Arrows, Sin City Disciples, Yan Vagh Weinmann, Martyn Bates (Eyeless In Gaza), UNACD, Private Circus (Scott Macleay), Rosa Crux (Olivier Tarabo), Krackhouse, Circle X, Quattrophage, Steeple Remove, Grrzzz, The Red Krayola (Mayo Thompson), Bruce Licher, Tempsion (Frédéric Temps), Jean-François Jamoul et Thee Majesty (Breyer P-Orridge).
Me retiennent les dessins de Loulou Picasso et les textes d’accompagnement d’où je tire ceci : « Mayo Thompson est à mes yeux un adepte de la déception pure considérée en tant que pédagogie. »
Je m’offre un verre de vin blanc et vais le boire sur la terrasse d’où j’ai belle vue sur les maisons de la colline d’en face (dont un parallélépipède rouge) avec en fond sonore la musique simplette et les cris de la cheftaine du cleube de fitness d’à côté, cependant que le soleil décline.
Rentré, je trouve parmi les présents quelques connaissances à qui je montre, cachée dans une liasse suspendue à une ficelle, la photo d’un Jean-Pierre Turmel à cheveux longs. C’était en soixante-treize. « Ah oui ! », me disent-ils.
N’ayant pas envie des concerts, je rejoins la route de Darnétal. C’est toujours plus long au retour.
*
Sur un mur de ciment gris, près du Kalif, en écriture cursive : « Je ne pourrai dire qu’une fois sans mentir « je meurs » Edouard Levé ».
Je me demande si Edouard Levé a pensé à ça et l’a dit le lundi quinze octobre deux mille sept quand il s’est suicidé.
J’en prends donc le chemin en fin d’après-midi et m’arrête au passage à la Conjuration des Fourneaux. La porte automatique est cassée. Je l’ouvre manuellement comme il est indiqué sur l’affiche et ne trouve personne à l’intérieur. On s’agite à l’étage en cuisine mais je me garde d’aller déranger. J’attends un peu et arrivent deux jeunes hommes. J’achète à l’un cinq tickets de la tombola qu’organise Le Diable au Corps afin de financer l’ouverture d’un local comprenant bibliothèque idéale, massage shiatsu, collectif de santé mentale, enregistrement d’émissions de radio, atelier d’impression, etc. Le tirage est à dix-huit heures mais je n’attends pas et poursuis mon chemin.
Contournant la clinique Saint-Hilaire, je rejoins le sentier des Petites Eaux du Robec. Devant le numéro quatorze, en contrebas dans un pré, se déroule le Petit Evènement Bucolique organisé par je ne sais qui (lectures de textes, concerts divers). J’y aperçois une jeune femme lisant devant un maigre auditoire et n’ai pas envie de m’approcher.
J’avance donc, passe devant l’Auberge de Jeunesse (ancienne teinturerie Auvray), puis l’ancien moulin des Dames de Saint-Amand dont la roue tourne, le magasin Lideule où autrefois je venais faire pédestrement des courses et m’assois sur le banc près du four à pain de la Pannevert observant une jeune femme qui joue avec son chien.
Quinze minutes avant l’heure officielle du vernissage, je rejoins la route, frôle l’entrée du tunnel de la Grand-Mare et arrive au Kalif que j’ai fréquenté une année pour ses concerts gratuits mensuels (plus eu envie ensuite). L’un des groupes de la soirée y règle sa balance. Le son est tellement fort qu’il me repousse sur le parquigne. Bientôt, je vois arriver Jean-Pierre. Il se gare dans le sens du départ.
Après m’avoir dit bonjour, il va s’entretenir avec les gens de la maison. Quand la musique cesse je fais le tour de l’exposition. Elle est chronologique, du One Shot du début des années soixante-dix consacré à la science-fiction, que je lui avais acheté après être entré en contact avec lui par lettre, au numéro hors série du journal Paraître de l’Ecole des Beaux-Arts de Rouen « conçu par Rainier Lericolais en collaboration avec Jean-Pierre Turmel » à la suite d’une exposition du plasticien et musicien pour laquelle j’avais aidé à la mise en relation des deux hommes en deux mille dix.
Entre les deux sont montrés des documents relatifs aux productions du label fondé en soixante-dix-huit et qui édita Throbbing Gristle (Genesis P-Orridge, Cosey Fanni Tutti), Joy Division (Ian Curtis), Billy Synth (& Half Japanese), The Bizarros (Nick Nicholis), Ptose, Durutti Column (Vini Reilly), Tuxedomoon (Steven Brown), Blameless Act, Monte Cazazza, Ludus (Linder), Savage Republic, Psychic TV, Problemist, Digital Sex (Steve Sheehan), Davie Allan & The Arrows, Sin City Disciples, Yan Vagh Weinmann, Martyn Bates (Eyeless In Gaza), UNACD, Private Circus (Scott Macleay), Rosa Crux (Olivier Tarabo), Krackhouse, Circle X, Quattrophage, Steeple Remove, Grrzzz, The Red Krayola (Mayo Thompson), Bruce Licher, Tempsion (Frédéric Temps), Jean-François Jamoul et Thee Majesty (Breyer P-Orridge).
Me retiennent les dessins de Loulou Picasso et les textes d’accompagnement d’où je tire ceci : « Mayo Thompson est à mes yeux un adepte de la déception pure considérée en tant que pédagogie. »
Je m’offre un verre de vin blanc et vais le boire sur la terrasse d’où j’ai belle vue sur les maisons de la colline d’en face (dont un parallélépipède rouge) avec en fond sonore la musique simplette et les cris de la cheftaine du cleube de fitness d’à côté, cependant que le soleil décline.
Rentré, je trouve parmi les présents quelques connaissances à qui je montre, cachée dans une liasse suspendue à une ficelle, la photo d’un Jean-Pierre Turmel à cheveux longs. C’était en soixante-treize. « Ah oui ! », me disent-ils.
N’ayant pas envie des concerts, je rejoins la route de Darnétal. C’est toujours plus long au retour.
*
Sur un mur de ciment gris, près du Kalif, en écriture cursive : « Je ne pourrai dire qu’une fois sans mentir « je meurs » Edouard Levé ».
Je me demande si Edouard Levé a pensé à ça et l’a dit le lundi quinze octobre deux mille sept quand il s’est suicidé.