Vendredi après-midi, à proximité de l’Opéra de Rouen, je croise l’homme au chapeau sans son couvre-chef et sans les nouvelles lunettes suédoises qui lui donnent un air intellectuel. J’en suis déjà à l’accuser d’avoir chopé le dernière bonne place disponible pour le récital d’Andreï Korobeinikov, dimanche après-midi, quand au contraire, me dit-il, il vient de libérer sa place, ne pouvant en être.
Je file au guichet et bientôt cette place devient la mienne, de quoi être au plus près pour le retour du prodige russe du barreau et du piano (avocat à dix-sept ans, spécialiste du droit de la propriété intellectuelle, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, « Meilleur musicien de la décennie » à dix-neuf ans au Conservatoire de Moscou, couvert de distinctions musicales nationales et internationales et ayant déjà enregistré moult cédés). A l’ouverture de la salle, malgré la concurrence, je peux m’asseoir sur l’une des chaises de premier rang offrant la vue sur les mains du pianiste.
Andreï Korobeinikov donne d’abord l’immense et difficile Sonate numéro vingt-neuf en si bémol majeur « Hammerklavier » de Ludwig van Beethoven, pendant laquelle s’ajoute aux habituels bruits parasites des toux celui de son siège qui grince. J’imagine qu’il en est le premier gêné mais une fois la machine lancée, impossible de l’arrêter. Il bondit debout à l’issue et est fort applaudi.
On se lève pour l’entracte et partout résonne « le siège ! le siège ! ». Le premier technicien attrapé en est averti. Au retour dans la salle, le fautif n’est plus là.
-Il va peut-être jouer du piano debout, dit un petit malin derrière moi.
Un autre siège est apporté, ce qui donne lieu à quelques applaudissements, puis Andreï Korobeinikov surgit de la coulisse et se précipite sur l’instrument pour la Sonate numéro trente-deux en ut mineur du même Beethoven, pendant laquelle s’expriment encore les toussoteux et les toussoteuses dont certaines font en plus du bruit en ouvrant leur sac pour y attraper un médicament inefficace dont elles épluchent l’emballage avant de le gober. S’ajoutent à cela, des sons étranges venus des coulisses, côté jardin. Il est quand même possible d’entendre la musique de Beethoven et d’apprécier le jeu du pianiste sans partition aux doigts multipliés sur le clavier.
A la fin, très applaudi, Andreï Korobeinikov salue raidement, esquissant un quart de sourire, puis il nous offre en bonus le début de la Sonate numéro un de Ludwig van, se livre à de nouveaux saluts empruntés, ose une sorte de geste d’au revoir un peu réprimé et disparaît.
Dehors, il règne un vent tempétueux bien en accord avec la musique tourmentée du « Maître de Bonn ».
*
Le soir venu, la Seine Maritime bascule à droite (comme disent les journalistes). Nicolas Rouly perd son poste de Chef de Département. Va-t-il reprendre sa place de défenseur des Sans Papiers au sein du Cabinet Eden? Il faisait cela très bien.
Deux des trois cantons de Rouen restent à gauche. Le perdant est Eric de Falco qui jusqu’à ce que j’en parle copiait collait dans son blog des articles du Monde, de Libération ou du Nouvel Obs en les mettant à son nom. Il donne maintenant la source. Ne manque plus que l’autorisation des journaux concernés.
Je file au guichet et bientôt cette place devient la mienne, de quoi être au plus près pour le retour du prodige russe du barreau et du piano (avocat à dix-sept ans, spécialiste du droit de la propriété intellectuelle, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, « Meilleur musicien de la décennie » à dix-neuf ans au Conservatoire de Moscou, couvert de distinctions musicales nationales et internationales et ayant déjà enregistré moult cédés). A l’ouverture de la salle, malgré la concurrence, je peux m’asseoir sur l’une des chaises de premier rang offrant la vue sur les mains du pianiste.
Andreï Korobeinikov donne d’abord l’immense et difficile Sonate numéro vingt-neuf en si bémol majeur « Hammerklavier » de Ludwig van Beethoven, pendant laquelle s’ajoute aux habituels bruits parasites des toux celui de son siège qui grince. J’imagine qu’il en est le premier gêné mais une fois la machine lancée, impossible de l’arrêter. Il bondit debout à l’issue et est fort applaudi.
On se lève pour l’entracte et partout résonne « le siège ! le siège ! ». Le premier technicien attrapé en est averti. Au retour dans la salle, le fautif n’est plus là.
-Il va peut-être jouer du piano debout, dit un petit malin derrière moi.
Un autre siège est apporté, ce qui donne lieu à quelques applaudissements, puis Andreï Korobeinikov surgit de la coulisse et se précipite sur l’instrument pour la Sonate numéro trente-deux en ut mineur du même Beethoven, pendant laquelle s’expriment encore les toussoteux et les toussoteuses dont certaines font en plus du bruit en ouvrant leur sac pour y attraper un médicament inefficace dont elles épluchent l’emballage avant de le gober. S’ajoutent à cela, des sons étranges venus des coulisses, côté jardin. Il est quand même possible d’entendre la musique de Beethoven et d’apprécier le jeu du pianiste sans partition aux doigts multipliés sur le clavier.
A la fin, très applaudi, Andreï Korobeinikov salue raidement, esquissant un quart de sourire, puis il nous offre en bonus le début de la Sonate numéro un de Ludwig van, se livre à de nouveaux saluts empruntés, ose une sorte de geste d’au revoir un peu réprimé et disparaît.
Dehors, il règne un vent tempétueux bien en accord avec la musique tourmentée du « Maître de Bonn ».
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Le soir venu, la Seine Maritime bascule à droite (comme disent les journalistes). Nicolas Rouly perd son poste de Chef de Département. Va-t-il reprendre sa place de défenseur des Sans Papiers au sein du Cabinet Eden? Il faisait cela très bien.
Deux des trois cantons de Rouen restent à gauche. Le perdant est Eric de Falco qui jusqu’à ce que j’en parle copiait collait dans son blog des articles du Monde, de Libération ou du Nouvel Obs en les mettant à son nom. Il donne maintenant la source. Ne manque plus que l’autorisation des journaux concernés.