Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

En lisant la première partie des Carnets (Les années Jules et Jim, 1920-1921) d’Henri-Pierre Roché (six et fin)

3 janvier 2016


Fin des notes prises lors de ma lecture de la première partie des Carnets (Les années Jules et Jim, 1920-1921) d’Henri-Pierre Roché parue chez André Dimanche soixante-dix ans après les faits, dans lesquels l’auteur relate sa vie dissolue, cette liberté sexuelle suscitant parfois des ennuis lorsqu’elle s’épanouit dans la campagne allemande où une femme ne saurait être en pantalon :
Hohenschäftlarn, mardi vingt-trois août mil neuf cent vingt et un :
Thé tous ensemble et promenade à travers le village, Luk en homme, pantalon toile blanche, ce qui amène des interpellations et (demain) la visite du garde-champêtre qui lui annonce une amende pour outrage aux mœurs.
Hohenschäftlarn, vendredi vingt-six août mil neuf cent vingt et un :
Le soir je ne sais pas ce qu’elle invente avec sa gorge, mais le God y pénètre en totalité, y est à l’aise, sent encore de l’espace devant lui, y sp. comme un fou.
Hohenschäftlarn, mardi six septembre mil neuf cent vingt et un :
Un gendarme arrive, demande à parler à Hln. seule : c’est au sujet de son amende de vingt marks pour avoir promené dans le village en costume d’homme. –Elle redescend : le gendarme demande à me parler aussi. Franz m’accompagne : la petite servante qui était là il y a huit jours, a quitté la maison, sans explication. Elle a déclaré m’avoir vu nu dans le jardin, en allant soigner les poules.
Hohenschäftlarn, mardi vingt septembre mil neuf cent vingt et un :
Hln. me dit : « Franz s’ennuie. Je devrais le caresser ? » –Je lui dis : « Doucement, pas trop ». –Ils sont sur le balcon. Je suis dans la chambre. Hln. est assise sur Franz, son derrière sur son sexe à lui. Je la vois bouger. (…)
Promenade nous trois avant dîner, vers Irschenhausen –la femme qui nous insulte soudain terriblement, au bout du village, en patois. Nous ne comprenons presque rien à ce qu’elle dit. J’imagine que cela s’adresse à Hln. dont le maillot vert de football révèle la poitrine. Mais non. Le mot « étrangers » et « boîte à lait » revient dans ses paroles. Elle nous reproche de faire monter le prix du lait.
Berlin, dimanche seize octobre mil neuf cent vingt et un :
Einstein, rond, ressemblant beaucoup à Franz, au point que Franz a reçu une fois à Paris d’une petite cocotte une gifle destinée à Einstein. (…)
Retour par un train bondé, dans un wagon sans lumière. Cinq couples jeunes qui s’embrassent sans trêve, doucement, joliment. (…) Je remarque soudain qu’un des couples les plus enlacés est composé de deux jeunes filles blondes, qui jouent avec leurs cheveux, leurs lèvres, follement, ivrement, et avec une grande innocence.
Berlin, mercredi dix-neuf octobre mil neuf cent vingt et un (toujours obsédé par l’idée de faire un fils à Helen) :
Pourquoi Dieu m’aurait-il donné un sexe puissant et qui est la seule partie de mon corps que je trouve belle ?
Weimar, mercredi deux novembre mil neuf cent vingt et un :
Notre situation à trois, avec Franz, est déjà prévue et réglée par le code de mariage russe. Elle est naturelle, fréquente, pas compliquée.
Henri-Pierre Roché n’aura jamais d’enfant avec Helen Hessel, leur histoire prendra bientôt fin mais la seconde partie des Carnets (Les années Jules et Jim) n’a malheureusement pas été publiée à ce jour.
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Henri-Pierre Roché a également inspiré L’homme qui aimait les femmes à François Truffaut, son rôle étant tenu par Charles Denner.