En première classe, pour quarante centimes de plus, je rejoins Paris en ce mercredi dernier jour de novembre, constatant que l’appel « solennel » de la Première Ministre à remettre le masque dans les transports n’est pas suivi d’effet. Moi-même, je m’en dispense. C’est peut-être une erreur.
Quelques masques sont quand même visibles dans le bus Vingt-Sept qui m’emmène au Quartier Latin. J’attends dix heures au Bar Tabac de la Sorbonne où le café est à deux euros cinquante en salle, laquelle n’est pas chauffée.
Peu après son ouverture, j’entre chez Gibert et monte à l’étage Littérature. J’ai en ma possession une liste de livres convoités mais l’occasion est devenue rare en ce lieu, et chère. La plupart des livres de ma liste ne sont là que neufs. Quand même, j’achète Par les champs et les grèves (Voyage en Bretagne) de Gustave Flaubert et Maxime Du Camp (François Bourin Editeur) à huit euros quatre-vingts au lieu de vingt-quatre, Comme je m’ennuie de toi, mon pauvre rat ! (Lettres à sa sœur) de Gustave Flaubert (La Part Commune) à neuf euros quarante au lieu de dix-sept et Journal de Stendhal (Folio) à dix euros dix au lieu de quinze.
A la station Cluny, je monte dans un bus Quatre-Vingt-Six. En chemin s’y invite, chose rare à Paris, une équipe de contrôleurs. L’un des voyageurs règle trente-cinq euros pour ticket non validé. Descendu à Ledru-Rollin, je rejoins le Marché d’Aligre. « Coup de balai », est-il affiché sur les livres à disposition. Aucun n’est pour moi.
Revenu au carrefour Ledru-Rollin Saint-Antoine, j’entre au Péhemmu chinois et opte pour la formule filet de hareng pommes à l’huile, filet mignon purée salade, quart de côtes-du-rhône et café pour dix-neuf euros cinquante. Je mange près d’un radiateur électrique à bain d’huile et de deux amies sexagénaires dont l’une dit à l’autre : « Je suis contente que ton frère est bien là-bas. Pendant ce temps-là, ça te fout la paix. »
Sorti de là, sachant que je ne pourrai pas m’installer dans un café pour attendre mon train de retour à cause du match Tunisie France, je passe l’après-midi à zoner d’un Book-Off à l’autre jusqu'à l'heure de celui-ci. Ma récolte de livres à un euro est maigre: Ravensbrück de Germaine Tillon (Seuil), L’exilée (Adèle Hugo, la fille) de Marie-Louise Audiberti (La Part Commune) et Siegfried Follies (Berlin 1928) de Son Excellence Otto (Tabou Editions).
*
Lecture de train : Les frères Bouquinquant de Jean Prévost (tué par les nazis dans le Vercors).
Quand Léon Bouquinquant partait tromper sa femme, il ôtait son alliance et la passait dans son trousseau de clés. Non par pudeur, ni peur du ridicule. Léon se précautionnait. (…)
Pierre Bouquinquant venait la consoler. Elle lui téléphonait, du café du coin. Il accourait de son garage, proche de l’Ecole militaire. (…)
Léon Bouquinquant et Pierre, son cadet de quinze mois, étaient fils d’un petit cordonnier d’Yport, bourg de pêcheurs sous les falaises cauchoises.
L’un des deux tue l’autre et la troisième s’accuse du meurtre.
Quelques masques sont quand même visibles dans le bus Vingt-Sept qui m’emmène au Quartier Latin. J’attends dix heures au Bar Tabac de la Sorbonne où le café est à deux euros cinquante en salle, laquelle n’est pas chauffée.
Peu après son ouverture, j’entre chez Gibert et monte à l’étage Littérature. J’ai en ma possession une liste de livres convoités mais l’occasion est devenue rare en ce lieu, et chère. La plupart des livres de ma liste ne sont là que neufs. Quand même, j’achète Par les champs et les grèves (Voyage en Bretagne) de Gustave Flaubert et Maxime Du Camp (François Bourin Editeur) à huit euros quatre-vingts au lieu de vingt-quatre, Comme je m’ennuie de toi, mon pauvre rat ! (Lettres à sa sœur) de Gustave Flaubert (La Part Commune) à neuf euros quarante au lieu de dix-sept et Journal de Stendhal (Folio) à dix euros dix au lieu de quinze.
A la station Cluny, je monte dans un bus Quatre-Vingt-Six. En chemin s’y invite, chose rare à Paris, une équipe de contrôleurs. L’un des voyageurs règle trente-cinq euros pour ticket non validé. Descendu à Ledru-Rollin, je rejoins le Marché d’Aligre. « Coup de balai », est-il affiché sur les livres à disposition. Aucun n’est pour moi.
Revenu au carrefour Ledru-Rollin Saint-Antoine, j’entre au Péhemmu chinois et opte pour la formule filet de hareng pommes à l’huile, filet mignon purée salade, quart de côtes-du-rhône et café pour dix-neuf euros cinquante. Je mange près d’un radiateur électrique à bain d’huile et de deux amies sexagénaires dont l’une dit à l’autre : « Je suis contente que ton frère est bien là-bas. Pendant ce temps-là, ça te fout la paix. »
Sorti de là, sachant que je ne pourrai pas m’installer dans un café pour attendre mon train de retour à cause du match Tunisie France, je passe l’après-midi à zoner d’un Book-Off à l’autre jusqu'à l'heure de celui-ci. Ma récolte de livres à un euro est maigre: Ravensbrück de Germaine Tillon (Seuil), L’exilée (Adèle Hugo, la fille) de Marie-Louise Audiberti (La Part Commune) et Siegfried Follies (Berlin 1928) de Son Excellence Otto (Tabou Editions).
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Lecture de train : Les frères Bouquinquant de Jean Prévost (tué par les nazis dans le Vercors).
Quand Léon Bouquinquant partait tromper sa femme, il ôtait son alliance et la passait dans son trousseau de clés. Non par pudeur, ni peur du ridicule. Léon se précautionnait. (…)
Pierre Bouquinquant venait la consoler. Elle lui téléphonait, du café du coin. Il accourait de son garage, proche de l’Ecole militaire. (…)
Léon Bouquinquant et Pierre, son cadet de quinze mois, étaient fils d’un petit cordonnier d’Yport, bourg de pêcheurs sous les falaises cauchoises.
L’un des deux tue l’autre et la troisième s’accuse du meurtre.