Ce vendredi soir je pousse la porte de la librairie/bouquinerie rouennaise Les Mondes Magiques, rue Beauvoisine, où Hélios Azoulay est invité à présenter son nouveau livre coécrit avec Pierre-Emmanuel Dauzat L’enfer aussi a son orchestre (La musique dans les camps) que publie La librairie Vuibert et vais le saluer.
-Cela fait longtemps, me dit-il, me rappelant que j’ai manqué les deux derniers concerts du Huit Mai qu’il consacre à cette musique écrite par les déporté(e)s des camps nazis.
-Sans mot d’excuse en plus, lui dis-je, mais cette fois je suis là et je vais même acheter le livre sans attendre de le trouver d’occasion à Paris comme j’ai fait pour les deux précédents.
Il m’annonce qu’il est dans l’incertitude pour le prochain concert du Huit Mai, la Mairie de Rouen envisageant de vendre la salle Sainte-Croix-des-Pelletiers, puis nous parlons du sujet qui lui tient à cœur et qui m’intéresse fort, de la situation qui ne s’est pas arrangée depuis deux ans. Je lui apprends que les cinq mille exemplaires de la réédition des Décombres de Rebatet chez Bouquins ont été vendus en une journée, cela le consterne et je sens bien que s’il n’avait tenu qu’à lui ce livre n’aurait pas reparu.
Nous sommes bientôt une douzaine assis sur les chaises du café de la librairie. Elise, la jeune libraire, présente l’invité et la soirée. Hélios, avec sa faconde habituelle, parle du contenu du livre comportant trois parties. La première est rédigée par lui-même, la deuxième par Pierre-Emmanuel Dauzat, la troisième étant la traduction en français du livret d’un opéra consacré à la vie de Jeanne d’Arc écrit par Viktor Ullmann au camp de Theresienstadt. Le musicien n’a eu le temps que d’écrire deux pages de la musique. Il a, lui Hélios, le projet de poursuive selon son style à lui l’écriture de cette musique et de monter l’opéra à Rouen. Il évoque ensuite l’œuvre et le sort d’autres musicien(ne)s. Le propos est ponctué d’extraits du cédé qui accompagne le livre …même à Auschwitz dans lequel ces musiques des camps sont jouées par l’Ensemble de Musique Incidentale, que dirige Hélios Azoulay, et d’échappées drolatiques :
-J’ai écrit ce livre avec à ma gauche les livres de Groucho Marx et à ma droite la Bible de l’humour juif dans lesquels je me plongeais quand ça devenait trop dur.
A l’issue, après quelques questions réponses, nous partageons un verre de vin bon et un gâteau salé à la grecque. Des livres sont achetés et dédicacés, dont le mien.
-J’espère ne pas le retrouver chez un bouquiniste, me dit Hélios à qui Elise offre un ouvrage consacré à Bedřich Fritta, dessinateur tchèque mort à Auschwitz, dont un dessin illustre L’enfer aussi a son orchestre.
Hélios nous explique le mur administratif auquel s’est heurté son éditeur quand il a cherché à obtenir le droit de reproduire ce dessin. « J’ai fini par appeler directement le petit-fils du dessinateur à Berlin, il m’a immédiatement dit oui ».
-Faire les choses soi-même, c’est ça la leçon, conclut-il.
*
Première fois que j’achetais un livre à la librairie/bouquinerie Les Mondes Magiques tenue par le réservé Robin et la souriante Elise, mais j’y vends des livres de temps à autre ce qui est aussi une façon de participer à la pérennité du lieu (comme je le fais remarquer à cette dernière).
L’autre semaine, à une Japonaise qui voulait savoir si les livres étaient à vendre ou à emprunter, elle a répondu qu’ils étaient à vendre mais qu’elle pouvait aussi les lire sur place. J’ai bien aimé cette réponse.
*
Que l’on réédite Les Décombres de Lucien Rebatet (avec un appareil critique alibi) ne me gêne pas. Ce que je trouve inquiétant, c’est que les cinq mille exemplaires trouvent preneurs le jour de la mise en vente. Cette hâte fait soupçonner une grosse majorité de lecteurs antisémites.
-Cela fait longtemps, me dit-il, me rappelant que j’ai manqué les deux derniers concerts du Huit Mai qu’il consacre à cette musique écrite par les déporté(e)s des camps nazis.
-Sans mot d’excuse en plus, lui dis-je, mais cette fois je suis là et je vais même acheter le livre sans attendre de le trouver d’occasion à Paris comme j’ai fait pour les deux précédents.
Il m’annonce qu’il est dans l’incertitude pour le prochain concert du Huit Mai, la Mairie de Rouen envisageant de vendre la salle Sainte-Croix-des-Pelletiers, puis nous parlons du sujet qui lui tient à cœur et qui m’intéresse fort, de la situation qui ne s’est pas arrangée depuis deux ans. Je lui apprends que les cinq mille exemplaires de la réédition des Décombres de Rebatet chez Bouquins ont été vendus en une journée, cela le consterne et je sens bien que s’il n’avait tenu qu’à lui ce livre n’aurait pas reparu.
Nous sommes bientôt une douzaine assis sur les chaises du café de la librairie. Elise, la jeune libraire, présente l’invité et la soirée. Hélios, avec sa faconde habituelle, parle du contenu du livre comportant trois parties. La première est rédigée par lui-même, la deuxième par Pierre-Emmanuel Dauzat, la troisième étant la traduction en français du livret d’un opéra consacré à la vie de Jeanne d’Arc écrit par Viktor Ullmann au camp de Theresienstadt. Le musicien n’a eu le temps que d’écrire deux pages de la musique. Il a, lui Hélios, le projet de poursuive selon son style à lui l’écriture de cette musique et de monter l’opéra à Rouen. Il évoque ensuite l’œuvre et le sort d’autres musicien(ne)s. Le propos est ponctué d’extraits du cédé qui accompagne le livre …même à Auschwitz dans lequel ces musiques des camps sont jouées par l’Ensemble de Musique Incidentale, que dirige Hélios Azoulay, et d’échappées drolatiques :
-J’ai écrit ce livre avec à ma gauche les livres de Groucho Marx et à ma droite la Bible de l’humour juif dans lesquels je me plongeais quand ça devenait trop dur.
A l’issue, après quelques questions réponses, nous partageons un verre de vin bon et un gâteau salé à la grecque. Des livres sont achetés et dédicacés, dont le mien.
-J’espère ne pas le retrouver chez un bouquiniste, me dit Hélios à qui Elise offre un ouvrage consacré à Bedřich Fritta, dessinateur tchèque mort à Auschwitz, dont un dessin illustre L’enfer aussi a son orchestre.
Hélios nous explique le mur administratif auquel s’est heurté son éditeur quand il a cherché à obtenir le droit de reproduire ce dessin. « J’ai fini par appeler directement le petit-fils du dessinateur à Berlin, il m’a immédiatement dit oui ».
-Faire les choses soi-même, c’est ça la leçon, conclut-il.
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Première fois que j’achetais un livre à la librairie/bouquinerie Les Mondes Magiques tenue par le réservé Robin et la souriante Elise, mais j’y vends des livres de temps à autre ce qui est aussi une façon de participer à la pérennité du lieu (comme je le fais remarquer à cette dernière).
L’autre semaine, à une Japonaise qui voulait savoir si les livres étaient à vendre ou à emprunter, elle a répondu qu’ils étaient à vendre mais qu’elle pouvait aussi les lire sur place. J’ai bien aimé cette réponse.
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Que l’on réédite Les Décombres de Lucien Rebatet (avec un appareil critique alibi) ne me gêne pas. Ce que je trouve inquiétant, c’est que les cinq mille exemplaires trouvent preneurs le jour de la mise en vente. Cette hâte fait soupçonner une grosse majorité de lecteurs antisémites.