Lever à quatre heures ce mardi matin, il s’agit de ne pas manquer le premier train pour Paris, le six heures quinze qui me rassure en étant ponctuel au départ et à l’arrivée. Le métro de la ligne Treize que je craignais bondé ne l’est pas du tout. Il me permet de rejoindre la Gare Montparnasse où j’attends que soit affiché le Tégévé de neuf heures quinze pour La Rochelle Ville.
Lui aussi part au moment prévu et avec peu de monde. Il se traîne mais c’est normal. Christophe est notre chef de bord. Pascal est notre conducteur. J’ignore le prénom de ma voisine, une demoiselle tranquille (Guy de Maupassant dans la nouvelle Ce cochon de Morin raconte l’histoire de ce mercier arrêté pour « outrage aux bonnes mœurs » car il a embrassé de force une jeune fille dans un train faisant le trajet Paris La Rochelle.) La grisaille et la monotonie du paysage ne donne pas envie de regarder par la fenêtre. Cela manque d’éoliennes. A partir de Saint-Maixent-l’Ecole, le soleil cherche à percer le ciel bas et un peu jaune mais n’y parvient pas.
De la Gare de La Rochelle j’ai peu à marcher pour rejoindre mon studio Air Bibi situé dans le quartier du Gabut où les maisons de pêcheurs ont été remplacées dans les années quatre-vingt-dix par des maisons colorées en bois reliées par des passerelles. Cela veut évoquer les pays scandinaves. Il est treize heures. La boîte à clé s’ouvre sans problème. Me voici provisoirement logé quai Georges Simenon, pas loin du Vieux Port, au premier étage. Ma fenêtre donne sur le Bassin des Grands Yachts.
Mon bagage posé, je redescends sur le quai et déjeune au plus près, à la terrasse du Safran, de moules marinières frites avec un quart de vin blanc pour dix-neuf euros. « Le temps est couvert mais c’est agréable quand même », déclare une des onze jeunes femmes de la table voisine (c’est l’anniversaire de Karine). Un vieux couple est à ma droite, lui ne comprend rien à ce que met leur petite-fille anorexique sur Effe Bé, « J’écoute l’oiseau qui luit » ça veut dire quoi ? C’est de la poésie, lui répond-elle.
A l’issue de ce bref repas, je passe à l’Office de Tourisme au bout du quai puis me balade succinctement jusqu’aux deux tours bien connues avant de revenir vers mon nouveau chez moi. Sous ma fenêtre sont deux troquets, dont L’Amiral Café à la terrasse duquel je commence une relecture du premier volume de Choses vues de Victor Hugo dans l’édition Folio. Le café est à un euro soixante-dix et la clientèle locale.
Parmi les choses entendues : « C’est une gastroentérite qu’elle a ma mère, j’ai préparé une cuvette le long du lit. » « T’as vu le sable du Sahara partout ce matin, le con y croyait que c’était du souffre envoyé par Poutine. » « C’est sûr, l’ectricité va encore augmenter. » « J’suis plus près des quatre planches que d’la poussette. »
*
Souventes fois je suis venu à La Rochelle. Bien accompagné ou seul. Aussi quand mon frère Jacques y est mort.
Lui aussi part au moment prévu et avec peu de monde. Il se traîne mais c’est normal. Christophe est notre chef de bord. Pascal est notre conducteur. J’ignore le prénom de ma voisine, une demoiselle tranquille (Guy de Maupassant dans la nouvelle Ce cochon de Morin raconte l’histoire de ce mercier arrêté pour « outrage aux bonnes mœurs » car il a embrassé de force une jeune fille dans un train faisant le trajet Paris La Rochelle.) La grisaille et la monotonie du paysage ne donne pas envie de regarder par la fenêtre. Cela manque d’éoliennes. A partir de Saint-Maixent-l’Ecole, le soleil cherche à percer le ciel bas et un peu jaune mais n’y parvient pas.
De la Gare de La Rochelle j’ai peu à marcher pour rejoindre mon studio Air Bibi situé dans le quartier du Gabut où les maisons de pêcheurs ont été remplacées dans les années quatre-vingt-dix par des maisons colorées en bois reliées par des passerelles. Cela veut évoquer les pays scandinaves. Il est treize heures. La boîte à clé s’ouvre sans problème. Me voici provisoirement logé quai Georges Simenon, pas loin du Vieux Port, au premier étage. Ma fenêtre donne sur le Bassin des Grands Yachts.
Mon bagage posé, je redescends sur le quai et déjeune au plus près, à la terrasse du Safran, de moules marinières frites avec un quart de vin blanc pour dix-neuf euros. « Le temps est couvert mais c’est agréable quand même », déclare une des onze jeunes femmes de la table voisine (c’est l’anniversaire de Karine). Un vieux couple est à ma droite, lui ne comprend rien à ce que met leur petite-fille anorexique sur Effe Bé, « J’écoute l’oiseau qui luit » ça veut dire quoi ? C’est de la poésie, lui répond-elle.
A l’issue de ce bref repas, je passe à l’Office de Tourisme au bout du quai puis me balade succinctement jusqu’aux deux tours bien connues avant de revenir vers mon nouveau chez moi. Sous ma fenêtre sont deux troquets, dont L’Amiral Café à la terrasse duquel je commence une relecture du premier volume de Choses vues de Victor Hugo dans l’édition Folio. Le café est à un euro soixante-dix et la clientèle locale.
Parmi les choses entendues : « C’est une gastroentérite qu’elle a ma mère, j’ai préparé une cuvette le long du lit. » « T’as vu le sable du Sahara partout ce matin, le con y croyait que c’était du souffre envoyé par Poutine. » « C’est sûr, l’ectricité va encore augmenter. » « J’suis plus près des quatre planches que d’la poussette. »
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Souventes fois je suis venu à La Rochelle. Bien accompagné ou seul. Aussi quand mon frère Jacques y est mort.