Retour à Guidel ce samedi matin avec le premier bus Dix qui passe à Faouëdic, celui de sept heures quinze. Cette fois, je ne descends pas à Guidel Port. Je vise le terminus, Guidel Plages, mais à l’arrivée constate que cet arrêt n’est pas au bord de la mer. « Il fallait descendre à Deux Vallons », me dit le chauffeur. J’en suis conscient. En attendant qu’il ne reparte dans l’autre sens, je discute avec lui. C’est un motard originaire du Sud qui connaît toutes les routes de Bretagne mais rien de la Normandie.
Redescendu sur le rivage, je marche le long du sable mais l’envie me manque d’aller jusqu’au Fort du Loc’h. Je suis vite de retour au Port où j’achète le pain au chocolat à un euro cinquante de Chez Julie. Je le mange sur un banc car O’Roof n’est pas matinal.
Sur ce banc, face au Pouldu, je lis Proust à Cabourg avec le soleil et un vent frais dans le dos. Pour spectacle, j’ai le mouvement des bateaux qui entrent et sortent. Au dos d’un panneau, une affiche de l’écolo Marie Toussaint proclame : Justice Paix Ecologie. Pourquoi pas Prospérité Santé Bonheur.
L’heure de l’ouverture venue, je poursuis ma lecture au O’Roof avec un allongé verre d’eau puis comme je ne veux pas y déjeuner, je prends le bus qui revient vers Lorient à onze heures onze et en descends à Guidel Centre, le bourg, qui se trouve à une dizaine de kilomètres du rivage.
Là, je déjeune non loin de l’église du vingtième siècle, chez O P’tit Café, d’un fish and chips à douze euros accompagné d’un quart de muscadet à cinq euros quatre-vingts. Ce n’est pas de la grande cuisine mais le patron est sympathique et la terrasse au soleil avec vue sur Ti-Kêr (Hôtel de Ville) où l’on se pressera plus ou moins pour voter demain. A la table devant la mienne est un couple de quinquagénaires. En attendant leur commande, il lit le journal face à elle qui au bout d’un quart d’heure lui demande « Elle est bonne ta bière ? » C’est un panaché bien blanc, autrement dit de la limonade. Derrière eux sont deux trentenaires dont l’un qui pleure sur ses malheurs d’entrepreneur. Il ne payait pas toutes ses charges et a été rattrapé par la patrouille. « J’ai demandé à mon premier frère T’as pas mille euros à me prêter ? et à l’autre T’as pas mille euros à me prêter ? »
J’achète ensuite deux euros quatre-vingts un gâteau breton à la framboise à la boulangerie d’à côté. Je comptais le manger à la terrasse d’un mignon petit café devant l’église mais quand j’y arrive celui-ci est en train de fermer pour ne rouvrir que dans plusieurs heures. Ces petites villes dont les commerces ferment pendant la première moitié de l’après-midi sont archi déprimantes.
Je me rabats sur un Péhemmu, Le Sulky, une table haute en terrasse privée de soleil, un euro soixante-dix le café. Son point positif : être près de l’arrêt de bus et j’attends le prochain avec impatience afin de pouvoir reprendre ma lecture dans de bonnes conditions à Lorient au Parisien.
*
Les vacances de l’été 1907 au Grand Hôtel de Cabourg seront les meilleures de la vie de Marcel Proust. Il ne retrouvera plus jamais cette liberté de l’esprit et du corps. Pendant deux mois, outre ses incessantes excursions, ses flirts avec les vieilles églises gothiques et les jeunes athlètes monégasques, il correspondra avec les plus intimes de ses amis et en rencontrera beaucoup. (Proust à Cabourg, Christian Péchenard)
*
Une formule de Christian Péchenard qui me réjouit : Cette pudeur d’autruche qui caractérise les danseuses nues.
Redescendu sur le rivage, je marche le long du sable mais l’envie me manque d’aller jusqu’au Fort du Loc’h. Je suis vite de retour au Port où j’achète le pain au chocolat à un euro cinquante de Chez Julie. Je le mange sur un banc car O’Roof n’est pas matinal.
Sur ce banc, face au Pouldu, je lis Proust à Cabourg avec le soleil et un vent frais dans le dos. Pour spectacle, j’ai le mouvement des bateaux qui entrent et sortent. Au dos d’un panneau, une affiche de l’écolo Marie Toussaint proclame : Justice Paix Ecologie. Pourquoi pas Prospérité Santé Bonheur.
L’heure de l’ouverture venue, je poursuis ma lecture au O’Roof avec un allongé verre d’eau puis comme je ne veux pas y déjeuner, je prends le bus qui revient vers Lorient à onze heures onze et en descends à Guidel Centre, le bourg, qui se trouve à une dizaine de kilomètres du rivage.
Là, je déjeune non loin de l’église du vingtième siècle, chez O P’tit Café, d’un fish and chips à douze euros accompagné d’un quart de muscadet à cinq euros quatre-vingts. Ce n’est pas de la grande cuisine mais le patron est sympathique et la terrasse au soleil avec vue sur Ti-Kêr (Hôtel de Ville) où l’on se pressera plus ou moins pour voter demain. A la table devant la mienne est un couple de quinquagénaires. En attendant leur commande, il lit le journal face à elle qui au bout d’un quart d’heure lui demande « Elle est bonne ta bière ? » C’est un panaché bien blanc, autrement dit de la limonade. Derrière eux sont deux trentenaires dont l’un qui pleure sur ses malheurs d’entrepreneur. Il ne payait pas toutes ses charges et a été rattrapé par la patrouille. « J’ai demandé à mon premier frère T’as pas mille euros à me prêter ? et à l’autre T’as pas mille euros à me prêter ? »
J’achète ensuite deux euros quatre-vingts un gâteau breton à la framboise à la boulangerie d’à côté. Je comptais le manger à la terrasse d’un mignon petit café devant l’église mais quand j’y arrive celui-ci est en train de fermer pour ne rouvrir que dans plusieurs heures. Ces petites villes dont les commerces ferment pendant la première moitié de l’après-midi sont archi déprimantes.
Je me rabats sur un Péhemmu, Le Sulky, une table haute en terrasse privée de soleil, un euro soixante-dix le café. Son point positif : être près de l’arrêt de bus et j’attends le prochain avec impatience afin de pouvoir reprendre ma lecture dans de bonnes conditions à Lorient au Parisien.
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Les vacances de l’été 1907 au Grand Hôtel de Cabourg seront les meilleures de la vie de Marcel Proust. Il ne retrouvera plus jamais cette liberté de l’esprit et du corps. Pendant deux mois, outre ses incessantes excursions, ses flirts avec les vieilles églises gothiques et les jeunes athlètes monégasques, il correspondra avec les plus intimes de ses amis et en rencontrera beaucoup. (Proust à Cabourg, Christian Péchenard)
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Une formule de Christian Péchenard qui me réjouit : Cette pudeur d’autruche qui caractérise les danseuses nues.