Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
3 juin 2021
Après une nuit à cauchemar (un zonard qui essaie de m’étrangler, mon sac et ma veste volés, la Police qui refuse ma plainte), me voici une nouvelle fois à petit-déjeuner face à la Gare de Quimper à la terrasse de l’Hôtel Le Derby (je sais enfin son nom) tenu à l’ancienne par un sympathique patron et sa femme (on y trouve des chambres solo à quarante-deux euros). J’ai ce jour le projet de marcher sur le Géherre Trente-Quatre de la pointe de la Torche au port de Saint-Guénolé.
Pour ce faire, je prends le même car BreizhGo qu’hier matin. Il n’y a que le mercredi (et le samedi) qu’il va jusqu’à la pointe, départ à huit heures dix, arrivée à neuf heures trente-cinq.
Nous ne sommes que deux à aller jusqu’au bout mais l’autre se rend compte qu’il s’est trompé et se fait arrêter par la conductrice au milieu de nulle part pour rebrousser à pied. Le temps a changé, le ciel est gris, le paysage dans la brume. Cela n’empêche pas des surfeurs d’être déjà à la manœuvre. C’est ici un spot renommé. Je les regarde un peu apprivoiser les vagues puis me rends tout au bout de cette pointe de la Torche où je suis déjà venu autrefois, bien accompagné. Partout sont des mises en garde contre le risque de noyade. Une bouée est jouxtée d’un panneau expliquant qu’elle a déjà sauvé des vies. Brave bouée !
Le chemin longe ensuite la plage de Pors-Carn à travers les dunes. Il faut marcher plus ou moins dans le sable. Ce dont j’ai horreur. D’autant que ces fichues dunes cachent la vue sur l’océan. Cela dure un moment. Heureusement, après un petit port mignonnet, ce Géherre prend la forme d’un sentier comme je les aime vers la pointe de Penmarc’h. Sans doute aussi après, mais, pris de flemme, je choisis de rejoindre Saint-Guénolé par une petite route plus directe, du moins je l’espère.
A l’arrivée, après avoir marché près de deux heures, je m’offre un café à celui de la Cale où les buveurs d’hier sont toujours là, et d’autres.
Je n’ai qu’à traverser la rue pour déjeuner à La Glacière, un restaurant crêperie à vaste terrasse. J’opte pour la spécialité locale : les sardines grillées avec frites paysannes et salade de saison (douze euros) avec un quart de chardonnay (six euros) puis en dessert pour un kouign, une spécialité bigoudène consistant en une pâte à crêpe de froment levée à la levure de boulanger, le mien est au caramel beurre salé (quatre euros cinquante). Tout cela est fort bon et le service assuré efficacement par une jeune fille qui n’en est pas à son deuxième jour de travail.
Avant de rentrer avec le car de treize heures vingt-cinq, je prends un dernier café à un euro trente à la terrasse du Café de la Cale. Les éméchés y discutent de la réouverture des remontées mécaniques, un sujet qui les touche de près.
*
Embrumés comme le temps du jour, beurrés comme les croissants de la Boulangerie du Port, torchés comme la pointe, ainsi sont les habitués du Café de la Cale. Cela ne les empêche pas de rentrer chez eux au volant de leur voiture.
*
La maxime du jour : Ce n’est pas parce que tu vois un bateau dans un jardin que tu es près du port.
Pour ce faire, je prends le même car BreizhGo qu’hier matin. Il n’y a que le mercredi (et le samedi) qu’il va jusqu’à la pointe, départ à huit heures dix, arrivée à neuf heures trente-cinq.
Nous ne sommes que deux à aller jusqu’au bout mais l’autre se rend compte qu’il s’est trompé et se fait arrêter par la conductrice au milieu de nulle part pour rebrousser à pied. Le temps a changé, le ciel est gris, le paysage dans la brume. Cela n’empêche pas des surfeurs d’être déjà à la manœuvre. C’est ici un spot renommé. Je les regarde un peu apprivoiser les vagues puis me rends tout au bout de cette pointe de la Torche où je suis déjà venu autrefois, bien accompagné. Partout sont des mises en garde contre le risque de noyade. Une bouée est jouxtée d’un panneau expliquant qu’elle a déjà sauvé des vies. Brave bouée !
Le chemin longe ensuite la plage de Pors-Carn à travers les dunes. Il faut marcher plus ou moins dans le sable. Ce dont j’ai horreur. D’autant que ces fichues dunes cachent la vue sur l’océan. Cela dure un moment. Heureusement, après un petit port mignonnet, ce Géherre prend la forme d’un sentier comme je les aime vers la pointe de Penmarc’h. Sans doute aussi après, mais, pris de flemme, je choisis de rejoindre Saint-Guénolé par une petite route plus directe, du moins je l’espère.
A l’arrivée, après avoir marché près de deux heures, je m’offre un café à celui de la Cale où les buveurs d’hier sont toujours là, et d’autres.
Je n’ai qu’à traverser la rue pour déjeuner à La Glacière, un restaurant crêperie à vaste terrasse. J’opte pour la spécialité locale : les sardines grillées avec frites paysannes et salade de saison (douze euros) avec un quart de chardonnay (six euros) puis en dessert pour un kouign, une spécialité bigoudène consistant en une pâte à crêpe de froment levée à la levure de boulanger, le mien est au caramel beurre salé (quatre euros cinquante). Tout cela est fort bon et le service assuré efficacement par une jeune fille qui n’en est pas à son deuxième jour de travail.
Avant de rentrer avec le car de treize heures vingt-cinq, je prends un dernier café à un euro trente à la terrasse du Café de la Cale. Les éméchés y discutent de la réouverture des remontées mécaniques, un sujet qui les touche de près.
*
Embrumés comme le temps du jour, beurrés comme les croissants de la Boulangerie du Port, torchés comme la pointe, ainsi sont les habitués du Café de la Cale. Cela ne les empêche pas de rentrer chez eux au volant de leur voiture.
*
La maxime du jour : Ce n’est pas parce que tu vois un bateau dans un jardin que tu es près du port.
2 juin 2021
Des scolaires en nombre raisonnable et silencieux, ce mardi matin dans le car BreizhGo Cinquante-Six A qui mène en une heure vingt à Saint-Guénolé, commune de Penmarc’h. Les lycéen(ne)s descendent à Pont-L’Abbé, les collégien(ne)s à Plomeur (moitié dans l’établissement catho, moitié dans l’établissement public). Je reste seul avec le chauffeur pour traverser Le Guilvinec puis longer l’océan jusqu’au port de Saint-Guénolé.
Le zonard de service est là pour m’accueillir :
-T’es un champion toi. T’arrives de Quimper pour venir ici ?
-C’est pas difficile. Il suffit de se laisser conduire.
La Boulangerie du Port est à deux pas. J’y achète un croissant et un pain au chocolat et vais les manger avec un allongé au Café de la Cale juste à côté. Ces viennoiseries sont les meilleures que j’ai trouvées depuis Paimpol l’an dernier et mon café avec vue sur le port ne coûte qu’un euro trente.
Sous un ciel bleu moutonné de blanc, je vais voir de plus près les bateaux de pêche de ce port industriel où prolifèrent les conserveries puis je prends le Géherre Trente-Quatre avec comme objectif la pointe de Saint-Pierre où se trouve le phare d’Eckmühl dont j’ai gravi les deux cent quatre-vingt-dix marches autrefois, précédé par celle qui ne pouvait me tenir la main. En chemin, je rencontre la chapelle Notre-Dame de la Joie, fermée et sous surveillance vidéo.
Arrivé au but, je fais le tour de cette imposante érection en pierre de Kersanton de soixante mètres de hauteur, partiellement financée grâce au testament de la marquise Adélaïde-Louise d'Eckmühl de Blocqueville, et qui est doublée d’un ancien phare plus petit, puis j’effectue le trajet inverse pour prendre place de nouveau à la terrasse du Café de la Cale. Il est temps de poursuivre la lecture du Journal des Goncourt. Bien qu’il ne soit que dix heures et demie, certains buveurs de vin sont déjà dans un sale état. Je fais suivre mon café d’un diabolo menthe avec paille biodégradable à un euro soixante.
Mon déjeuner se passe au 154, un restaurant de bord de route, à laquelle je tourne le dos, ayant vue sur les maisons du bourg. C’est la première fois depuis la réouverture que je trouve un menu du jour. Il est à seize euros.
Je choisis l’assiette de l’écailler (trois huîtres et cinq langoustines), la choucroute de la mer et deux boules de glace (vanille fraise) que j’accompagne avec le contenu de deux petites bouteilles de cidre brut artisanal Kerné à trois euros pièce. La serveuse à tout à découvrir, ce premier juin est son premier jour de travail. Je repars de là satisfait et vais prendre le café à La Cale où ça picole toujours autant.
Je suis le premier à monter dans le car BreizhGo de quatorze heures vingt pour Quimper.
-Tu vois, me dit le chauffeur, tu dois avoir des mauvais sentiments, mon ordinateur ne marche pas.
Il tamponne néanmoins mon ticket.
-Je vais au terminus, lui dis-je
-Marseille c’est ça ?
Nous avons affaire à un joyeux drille. Il raconte une bonne histoire à une passagère. Celle du gars qui entre dans une bibliothèque et demande où trouver Le sexe fort d’Emile Girard. « La science-fiction, c’est le rayon du fond », lui répond la bibliothécaire.
En route, devant chez Jacky l’Andouille, monte une jolie fille en élégante robe noire. « Tu sais pourquoi je t’ai prise, lui dit le rigolo, parce que tu ressembles à ma petite-fille », elle rougissant derrière son masque.
A l’arrivée, sur l’affichette de rue du Télégramme, je lis « A Quimper, on n’entre plus Chez Max. »
Je me renseigne sur le site du quotidien régional : « Vigile, serrures changées… Drôle de surprise pour le gérant du restaurant « Chez Max », qui ne peut plus accéder à son établissement. Après sa mise aux enchères, provisoirement suspendue, la maison de Max Jacob, à Quimper, est au cœur d’une nouvelle procédure. Le gérant de « Chez Max » s’est vu interdire l’accès de son restaurant par celui qui n’est plus tout à fait propriétaire… »
J’aurais pu manger des moules à midi, et en reprendre.
*
Blague d’habitué du Café de la Cale à un autre qui arrive : « On n’accepte pas les Bretons ici. Toi tu es Bigouden, alors ça va ! » Les prix qu’on y pratique sont ceux d’avant-guerre, on peut s’y saouler pour pas cher.
*
C’est au port de Saint-Guénolé, havre de bout du monde, que l’écrivain Jean-Pierre Abraham, ancien gardien de phare, auteur, entre autres livres, d’Armen, avait élu domicile.
Le zonard de service est là pour m’accueillir :
-T’es un champion toi. T’arrives de Quimper pour venir ici ?
-C’est pas difficile. Il suffit de se laisser conduire.
La Boulangerie du Port est à deux pas. J’y achète un croissant et un pain au chocolat et vais les manger avec un allongé au Café de la Cale juste à côté. Ces viennoiseries sont les meilleures que j’ai trouvées depuis Paimpol l’an dernier et mon café avec vue sur le port ne coûte qu’un euro trente.
Sous un ciel bleu moutonné de blanc, je vais voir de plus près les bateaux de pêche de ce port industriel où prolifèrent les conserveries puis je prends le Géherre Trente-Quatre avec comme objectif la pointe de Saint-Pierre où se trouve le phare d’Eckmühl dont j’ai gravi les deux cent quatre-vingt-dix marches autrefois, précédé par celle qui ne pouvait me tenir la main. En chemin, je rencontre la chapelle Notre-Dame de la Joie, fermée et sous surveillance vidéo.
Arrivé au but, je fais le tour de cette imposante érection en pierre de Kersanton de soixante mètres de hauteur, partiellement financée grâce au testament de la marquise Adélaïde-Louise d'Eckmühl de Blocqueville, et qui est doublée d’un ancien phare plus petit, puis j’effectue le trajet inverse pour prendre place de nouveau à la terrasse du Café de la Cale. Il est temps de poursuivre la lecture du Journal des Goncourt. Bien qu’il ne soit que dix heures et demie, certains buveurs de vin sont déjà dans un sale état. Je fais suivre mon café d’un diabolo menthe avec paille biodégradable à un euro soixante.
Mon déjeuner se passe au 154, un restaurant de bord de route, à laquelle je tourne le dos, ayant vue sur les maisons du bourg. C’est la première fois depuis la réouverture que je trouve un menu du jour. Il est à seize euros.
Je choisis l’assiette de l’écailler (trois huîtres et cinq langoustines), la choucroute de la mer et deux boules de glace (vanille fraise) que j’accompagne avec le contenu de deux petites bouteilles de cidre brut artisanal Kerné à trois euros pièce. La serveuse à tout à découvrir, ce premier juin est son premier jour de travail. Je repars de là satisfait et vais prendre le café à La Cale où ça picole toujours autant.
Je suis le premier à monter dans le car BreizhGo de quatorze heures vingt pour Quimper.
-Tu vois, me dit le chauffeur, tu dois avoir des mauvais sentiments, mon ordinateur ne marche pas.
Il tamponne néanmoins mon ticket.
-Je vais au terminus, lui dis-je
-Marseille c’est ça ?
Nous avons affaire à un joyeux drille. Il raconte une bonne histoire à une passagère. Celle du gars qui entre dans une bibliothèque et demande où trouver Le sexe fort d’Emile Girard. « La science-fiction, c’est le rayon du fond », lui répond la bibliothécaire.
En route, devant chez Jacky l’Andouille, monte une jolie fille en élégante robe noire. « Tu sais pourquoi je t’ai prise, lui dit le rigolo, parce que tu ressembles à ma petite-fille », elle rougissant derrière son masque.
A l’arrivée, sur l’affichette de rue du Télégramme, je lis « A Quimper, on n’entre plus Chez Max. »
Je me renseigne sur le site du quotidien régional : « Vigile, serrures changées… Drôle de surprise pour le gérant du restaurant « Chez Max », qui ne peut plus accéder à son établissement. Après sa mise aux enchères, provisoirement suspendue, la maison de Max Jacob, à Quimper, est au cœur d’une nouvelle procédure. Le gérant de « Chez Max » s’est vu interdire l’accès de son restaurant par celui qui n’est plus tout à fait propriétaire… »
J’aurais pu manger des moules à midi, et en reprendre.
*
Blague d’habitué du Café de la Cale à un autre qui arrive : « On n’accepte pas les Bretons ici. Toi tu es Bigouden, alors ça va ! » Les prix qu’on y pratique sont ceux d’avant-guerre, on peut s’y saouler pour pas cher.
*
C’est au port de Saint-Guénolé, havre de bout du monde, que l’écrivain Jean-Pierre Abraham, ancien gardien de phare, auteur, entre autres livres, d’Armen, avait élu domicile.
1er juin 2021
Pour un peu je loupais ce lundi le car BreizhGo Cinquante-Six Cé de sept heures trente pour Plobannalec-Lesconil, la faute à un car scolaire qui avait pris sa voie, lui s’étant garé ailleurs. Cela aurait été d’autant plus dommage que c’est le premier jour depuis que je suis dans le Finistère où le ciel est totalement bleu.
Le voyage dure une heure, d’abord par la voie rapide, puis par des détours.. Les autres voyageurs vont travailler, deux à Pont-L’Abbé, un à Loctudy. Je descends au terminus, rue du Docteur-Fleming, devant l’école du même nom.
Le port de Lesconil n’est pas loin, que je trouve bien joli. Sur une petite place, j’achète deux croissants, mais pour boire un café, me dit la boulangère, ce ne sera pas avant dix heures. Je les mange donc sur un banc, face aux bateaux et à un goéland qui va jusqu’à se lover à mes pieds, pour un peu il ronronnerait. Quand je vide mon sac de miettes devant lui, il ne s’en occupe pas. Peut-être voulait-il simplement être mon ami.
Je prends ensuite la direction du sémaphore par le Géherre Trente-Quatre. On trouve là une succession de rochers impressionnants. Certains ont nom la tortue, la chaise du curé, l’éléphant. On trouve aussi là la Croix des Amoureux mais nulle obole n’est présente sur son socle. En contrebas, la mer roule des vagues moussues. Je suis tenté de dire, comme Gotlib, « Rhââ Lovely ! »
Arrivé à la pointe de Goudoul, je reviens sur mes pas jusqu’au port. Le bar A La Descente des Marins (polysémie) est ouvert. Sa terrasse est parfaitement ensoleillée. La vue est sur le port et sur des gars et une fille de la ville qui fleurissent tranquillement les jardinières. Le café est à un euro quatre-vingts. C’est le lieu parfait pour lire Jules et Edmond.
Pour déjeuner je n’ai guère le choix mais c’est un bon : Tara Cantine de la Mer au bout du quai de Langogen. J’ai une petite table ronde avec vue, moitié sur le port, moitié sur un parquigne. J’opte pour un pichet de chardonnay, six huitres de L’Ile-Tudy et une andouillette qui s’avère somptueuse. L’addition se monte à trente-trois euros dix. Une fois celle-ci réglée, le patron me demande de remplir le cahier de rappel. « Je peux y mettre mon nom, lui dis-je, mais pas mon téléphone, je n’en ai pas. » « Vous avez bien raison », me répond-il, comme d’autres l’ont fait avant lui, qui ne s’en passerait pour rien au monde.
En attendant le car de retour, j’assiste à la rentrée d’après-midi à l’école du Docteur-Fleming. Cette plongée dans le passé ne me fait rien ressentir de particulier. Sauf de me dire que j’ai eu de la chance de ne pas enseigner par temps de Covid. « Ton masque, tu oublies ton masque », dit une mère à sa fille. Les élèves qui étaient pris en charge par un animateur après la cantine marchent en file indienne pour regagner leurs classes. Mon car arrive à treize heures quarante-cinq.
« Tu peux le garder », me dit le chauffeur qui n’a pas l’air d’être du Neuf Trois en parlant de mon ticket. Encore un voyage gratuit, dû au fait qu’il n’est pas content de devoir faire ce remplacement sur une ligne qui n’est pas la sienne. En cours de route montent des personnes à valise qui rejoignent la Gare de Quimper. Certaines paient, d’autres non.
*
Nous sommes ici en pays bigouden : « bigoudenjoy », conseille l’Office de Tourisme.
*
Ici, à Plobannalec-Lesconil, se situe l’estuaire du Ster dont on peut faire le tour mais je ne le juge pas utile (à ne pas confondre avec le Steïr de Quimper).
*
Il y a la drache nordiste, je découvre le droche, un foufou breton.
Le voyage dure une heure, d’abord par la voie rapide, puis par des détours.. Les autres voyageurs vont travailler, deux à Pont-L’Abbé, un à Loctudy. Je descends au terminus, rue du Docteur-Fleming, devant l’école du même nom.
Le port de Lesconil n’est pas loin, que je trouve bien joli. Sur une petite place, j’achète deux croissants, mais pour boire un café, me dit la boulangère, ce ne sera pas avant dix heures. Je les mange donc sur un banc, face aux bateaux et à un goéland qui va jusqu’à se lover à mes pieds, pour un peu il ronronnerait. Quand je vide mon sac de miettes devant lui, il ne s’en occupe pas. Peut-être voulait-il simplement être mon ami.
Je prends ensuite la direction du sémaphore par le Géherre Trente-Quatre. On trouve là une succession de rochers impressionnants. Certains ont nom la tortue, la chaise du curé, l’éléphant. On trouve aussi là la Croix des Amoureux mais nulle obole n’est présente sur son socle. En contrebas, la mer roule des vagues moussues. Je suis tenté de dire, comme Gotlib, « Rhââ Lovely ! »
Arrivé à la pointe de Goudoul, je reviens sur mes pas jusqu’au port. Le bar A La Descente des Marins (polysémie) est ouvert. Sa terrasse est parfaitement ensoleillée. La vue est sur le port et sur des gars et une fille de la ville qui fleurissent tranquillement les jardinières. Le café est à un euro quatre-vingts. C’est le lieu parfait pour lire Jules et Edmond.
Pour déjeuner je n’ai guère le choix mais c’est un bon : Tara Cantine de la Mer au bout du quai de Langogen. J’ai une petite table ronde avec vue, moitié sur le port, moitié sur un parquigne. J’opte pour un pichet de chardonnay, six huitres de L’Ile-Tudy et une andouillette qui s’avère somptueuse. L’addition se monte à trente-trois euros dix. Une fois celle-ci réglée, le patron me demande de remplir le cahier de rappel. « Je peux y mettre mon nom, lui dis-je, mais pas mon téléphone, je n’en ai pas. » « Vous avez bien raison », me répond-il, comme d’autres l’ont fait avant lui, qui ne s’en passerait pour rien au monde.
En attendant le car de retour, j’assiste à la rentrée d’après-midi à l’école du Docteur-Fleming. Cette plongée dans le passé ne me fait rien ressentir de particulier. Sauf de me dire que j’ai eu de la chance de ne pas enseigner par temps de Covid. « Ton masque, tu oublies ton masque », dit une mère à sa fille. Les élèves qui étaient pris en charge par un animateur après la cantine marchent en file indienne pour regagner leurs classes. Mon car arrive à treize heures quarante-cinq.
« Tu peux le garder », me dit le chauffeur qui n’a pas l’air d’être du Neuf Trois en parlant de mon ticket. Encore un voyage gratuit, dû au fait qu’il n’est pas content de devoir faire ce remplacement sur une ligne qui n’est pas la sienne. En cours de route montent des personnes à valise qui rejoignent la Gare de Quimper. Certaines paient, d’autres non.
*
Nous sommes ici en pays bigouden : « bigoudenjoy », conseille l’Office de Tourisme.
*
Ici, à Plobannalec-Lesconil, se situe l’estuaire du Ster dont on peut faire le tour mais je ne le juge pas utile (à ne pas confondre avec le Steïr de Quimper).
*
Il y a la drache nordiste, je découvre le droche, un foufou breton.
31 mai 2021
Point de cars BreizhGo le matin du dimanche, je reste donc à Quimper, allant acheter deux croissants à la boulangerie Loiseau avec l’espoir que l’hôtel à côté aura sorti sa terrasse. Je suis déçu et me dirige vers le centre-ville.
A l’arrivée dans le Vieux Quimper, je suis le seul dans la rue du Frout qui mène directement à la Cathédrale. Cette fois encore je petit-déjeune à sa proximité, face à Laennec statufié, puis en attendant qu’un café daigne ouvrir je vais lire au bord de l’Odet.
C’est au Bar des Amis que je prends place vers dix heures. Un homme ayant posé son bouquet de Fête des Mères sur la table commande deux chardonnays qu’il boit coup sur coup avant de filer. « Pourquoi aller au café boire deux verres cul sec et puis partir ? », se demande le serveur. « Autant acheter une bouteille et boire chez soi », ajoute-t-il. C’est aussi mon avis, mais peut-être fallait-il ça à ce fils pour affronter sa génitrice.
Déjeuner dans cette ville en ce moment n’est pas simple. Je trouve une table vraiment tranquille place au Beurre, renommée par les autochtones place de la Crêpe, car on n’y trouve que des crêperies. La moitié d’entre elles sont fermées, La mienne s’appelle Crêperie de Saint Corentin. Elle ne présente qu’une carte réduite jusqu’au neuf juin. Je choisis une bretonne (andouille de Guémené, crème moutarde, pomme de terre, salade), un demi pichet de Kerné brut à la pression et une crêpe au petit épeautre bio caramel beurre salé. Cela fait dix-sept euros quarante.
Le café, je le prends au soleil à la grande terrasse du Steïr où l’on se plaint du manque de clientèle : « Le problème à Quimper, c’est que quand il pleut, ils restent chez eux et quand il fait beau, il se barrent à la plage ».
Le dimanche, pour rentrer chez soi, il ne s’agit pas de rater le bus A. Il ne monte la côte que toutes les heures. Je l’attends assis sur un muret. Une jeune fille me rejoint qui s’accroupit sur le trottoir.
-Vous pouvez vous asseoir à côté de moi, ça ne me dérange pas, lui dis-je.
Elle ne veut pas, à cause des fourmis.
Le bus se faisant un peu attendre, elle finit par me rejoindre. « J’espère qu’il va arriver », me dit-elle, Cette jeunesse trouve que monter la côte à pied, c’est trop fatigant. A qui le dit-elle.
-C’est la Fête des Mères aujourd’hui, je vais voir ma maman.
Comme c’est mignon.
*
Côté météo, depuis mon arrivée en Finistère, soit c’est prévu mauvais et c’est mieux qu’annoncé, soit c’est prévu beau et c’est moins bien qu’annoncé.
*
Cloches des églises de Cornouaille : un certain bruit de casserole.
A l’arrivée dans le Vieux Quimper, je suis le seul dans la rue du Frout qui mène directement à la Cathédrale. Cette fois encore je petit-déjeune à sa proximité, face à Laennec statufié, puis en attendant qu’un café daigne ouvrir je vais lire au bord de l’Odet.
C’est au Bar des Amis que je prends place vers dix heures. Un homme ayant posé son bouquet de Fête des Mères sur la table commande deux chardonnays qu’il boit coup sur coup avant de filer. « Pourquoi aller au café boire deux verres cul sec et puis partir ? », se demande le serveur. « Autant acheter une bouteille et boire chez soi », ajoute-t-il. C’est aussi mon avis, mais peut-être fallait-il ça à ce fils pour affronter sa génitrice.
Déjeuner dans cette ville en ce moment n’est pas simple. Je trouve une table vraiment tranquille place au Beurre, renommée par les autochtones place de la Crêpe, car on n’y trouve que des crêperies. La moitié d’entre elles sont fermées, La mienne s’appelle Crêperie de Saint Corentin. Elle ne présente qu’une carte réduite jusqu’au neuf juin. Je choisis une bretonne (andouille de Guémené, crème moutarde, pomme de terre, salade), un demi pichet de Kerné brut à la pression et une crêpe au petit épeautre bio caramel beurre salé. Cela fait dix-sept euros quarante.
Le café, je le prends au soleil à la grande terrasse du Steïr où l’on se plaint du manque de clientèle : « Le problème à Quimper, c’est que quand il pleut, ils restent chez eux et quand il fait beau, il se barrent à la plage ».
Le dimanche, pour rentrer chez soi, il ne s’agit pas de rater le bus A. Il ne monte la côte que toutes les heures. Je l’attends assis sur un muret. Une jeune fille me rejoint qui s’accroupit sur le trottoir.
-Vous pouvez vous asseoir à côté de moi, ça ne me dérange pas, lui dis-je.
Elle ne veut pas, à cause des fourmis.
Le bus se faisant un peu attendre, elle finit par me rejoindre. « J’espère qu’il va arriver », me dit-elle, Cette jeunesse trouve que monter la côte à pied, c’est trop fatigant. A qui le dit-elle.
-C’est la Fête des Mères aujourd’hui, je vais voir ma maman.
Comme c’est mignon.
*
Côté météo, depuis mon arrivée en Finistère, soit c’est prévu mauvais et c’est mieux qu’annoncé, soit c’est prévu beau et c’est moins bien qu’annoncé.
*
Cloches des églises de Cornouaille : un certain bruit de casserole.
30 mai 2021
Pour aller de Quimper à Locronan, point de car BreizhGo, c’est un bus de la communauté de communes qu’il faut prendre, le Dix. Si on veut y être le matin, il n’y a que le samedi, où part un sept quarante. Or le samedi, les bus quimpérois sont gratuits.
Il est étonnant dans ces conditions que j’en sois le seul passager. C’est pourtant le cas. Le voyage est agréable, qui fait passer par de petites routes de campagne, traverser Plogonnec, dont l’église est remarquable, et le bois du Névet.
A l’arrivée à Locronan, je suis également le seul dans la rue qui mène directement des parquignes à touristes à l’église Saint Ronan et à la chapelle du Pénity attenante. Plusieurs fois, j’ai parcouru ces lieux, seul ou accompagné, jamais avec cette tranquillité. Je peux photographier sans avoir à me soucier d’humains parasites.
Le tour de la Petite Cité de Caractère terminé, un des Plus Beaux Villages de France, j’entre à la boulangerie, sise face à l’église, où, en sus de deux croissants, je trouve un plan et un court historique de la ville.
Avec mon butin je prends place à une table de terrasse du bar tabac Ostaliri ti Jos situé sur le côté de l’église et y demande un allongé. Ce café est installé dans une ancienne maison. On peut y commander par les fenêtres ouvertes quand on est un habitué. Il en est ici de nature sympathique, tout comme le patron et sa serveuse, qui ne fait pas ses quarante ans.
Ayant bu, mangé et lu la doc, je marche un peu sur les hauteurs jusqu’au Manoir de Kerguénolé, puis entre dans l’église et sa chapelle siamoise où j’admire la descente de croix en kersanton polychrome, le gisant de Saint Ronan, Saint Michel pesant les âmes, le retable du Rosaire, etc., enfin je vais voir la maison où vivait Yves Tanguy dans la rue Lann.
Il est temps de retrouver Jules et Edmond et pas de meilleur endroit pour cela que l’Ostaliri ti Jos. J’y commande cette fois un café et y lis jusqu’à ce qu’il soit l’heure de se demander où déjeuner. Des restaurants sont alignés près des parquignes d’arrivée. Le peu qui sont ouverts vont être envahis par les familles. Aussi, comme le patron d’ici vante sa galette saucisse, j’en commande une à sa serveuse, dès qu’il sera prêt. Dans l’attente, je m’offre un kir classique.
Vers midi arrive ma galette qui effectivement ne contient rien d’autre qu’une saucisse. Je l’accompagne d’un verre de bordeaux. Des gouttes d’eau tombées des nuages ne suffisent pas à remplir mon autre verre. Café inclus, j’en ai pour treize euros quatre-vingts.
Le ciel noircissant de plus en plus, je décide de rentrer par le treize heures dix. Avant cela, j’ai le temps de remonter la rue Moal d’où l’on aperçoit la baie de Douarnenez.
C’est un jeune homme qu’on pourrait croire du Neuf Trois qui conduit le bus Dix du retour dans lequel je suis le seul à monter. Il est en conversation en arabe au téléphone quand je m’y installe. Quand il en a terminé, il se tourne vers moi : « Où tu m’as dit que tu descendais ? » Cela me fait toujours plaisir que l’on s’adresse à moi comme si je n’étais pas un vieux.
A Plogonnec monte une vieille femme qui intercède auprès du chauffeur pour qu’il s’arrête entre deux stations afin de prendre un homme qui fait signe. Il accepte. « Je le fais mais je n’ai pas le droit, lui dit-il, s’il y a un accident, j’aurai des ennuis. »
Cette brave dame, entre son bus d’aller et son bus de retour, n’a eu que le temps de planter une fleur au cimetière. « Vingt minutes, c’est pas beaucoup », regrette-t-elle.
*
C’est grâce à Roman Polanski qu’au centre de Locronan les réseaux électriques et téléphoniques sont enterrés depuis mil neuf cent soixante-dix-neuf. Il a payé une partie des travaux. C’était pour y tourner Tess.
*
Entre Quimper et Locronan, un hameau nommé La Lorette me fait songer aux Goncourt. La lorette n’est que l’exagération de la femme. écrivent les deux misogynes en août mil huit cent cinquante-sept.
Il est étonnant dans ces conditions que j’en sois le seul passager. C’est pourtant le cas. Le voyage est agréable, qui fait passer par de petites routes de campagne, traverser Plogonnec, dont l’église est remarquable, et le bois du Névet.
A l’arrivée à Locronan, je suis également le seul dans la rue qui mène directement des parquignes à touristes à l’église Saint Ronan et à la chapelle du Pénity attenante. Plusieurs fois, j’ai parcouru ces lieux, seul ou accompagné, jamais avec cette tranquillité. Je peux photographier sans avoir à me soucier d’humains parasites.
Le tour de la Petite Cité de Caractère terminé, un des Plus Beaux Villages de France, j’entre à la boulangerie, sise face à l’église, où, en sus de deux croissants, je trouve un plan et un court historique de la ville.
Avec mon butin je prends place à une table de terrasse du bar tabac Ostaliri ti Jos situé sur le côté de l’église et y demande un allongé. Ce café est installé dans une ancienne maison. On peut y commander par les fenêtres ouvertes quand on est un habitué. Il en est ici de nature sympathique, tout comme le patron et sa serveuse, qui ne fait pas ses quarante ans.
Ayant bu, mangé et lu la doc, je marche un peu sur les hauteurs jusqu’au Manoir de Kerguénolé, puis entre dans l’église et sa chapelle siamoise où j’admire la descente de croix en kersanton polychrome, le gisant de Saint Ronan, Saint Michel pesant les âmes, le retable du Rosaire, etc., enfin je vais voir la maison où vivait Yves Tanguy dans la rue Lann.
Il est temps de retrouver Jules et Edmond et pas de meilleur endroit pour cela que l’Ostaliri ti Jos. J’y commande cette fois un café et y lis jusqu’à ce qu’il soit l’heure de se demander où déjeuner. Des restaurants sont alignés près des parquignes d’arrivée. Le peu qui sont ouverts vont être envahis par les familles. Aussi, comme le patron d’ici vante sa galette saucisse, j’en commande une à sa serveuse, dès qu’il sera prêt. Dans l’attente, je m’offre un kir classique.
Vers midi arrive ma galette qui effectivement ne contient rien d’autre qu’une saucisse. Je l’accompagne d’un verre de bordeaux. Des gouttes d’eau tombées des nuages ne suffisent pas à remplir mon autre verre. Café inclus, j’en ai pour treize euros quatre-vingts.
Le ciel noircissant de plus en plus, je décide de rentrer par le treize heures dix. Avant cela, j’ai le temps de remonter la rue Moal d’où l’on aperçoit la baie de Douarnenez.
C’est un jeune homme qu’on pourrait croire du Neuf Trois qui conduit le bus Dix du retour dans lequel je suis le seul à monter. Il est en conversation en arabe au téléphone quand je m’y installe. Quand il en a terminé, il se tourne vers moi : « Où tu m’as dit que tu descendais ? » Cela me fait toujours plaisir que l’on s’adresse à moi comme si je n’étais pas un vieux.
A Plogonnec monte une vieille femme qui intercède auprès du chauffeur pour qu’il s’arrête entre deux stations afin de prendre un homme qui fait signe. Il accepte. « Je le fais mais je n’ai pas le droit, lui dit-il, s’il y a un accident, j’aurai des ennuis. »
Cette brave dame, entre son bus d’aller et son bus de retour, n’a eu que le temps de planter une fleur au cimetière. « Vingt minutes, c’est pas beaucoup », regrette-t-elle.
*
C’est grâce à Roman Polanski qu’au centre de Locronan les réseaux électriques et téléphoniques sont enterrés depuis mil neuf cent soixante-dix-neuf. Il a payé une partie des travaux. C’était pour y tourner Tess.
*
Entre Quimper et Locronan, un hameau nommé La Lorette me fait songer aux Goncourt. La lorette n’est que l’exagération de la femme. écrivent les deux misogynes en août mil huit cent cinquante-sept.
29 mai 2021
Ce vendredi, j’ai le temps d’acheter deux croissants à l’ouverture de la boulangerie Loiseau face à la Gare Routière avant de monter dans le car BreizhGo Quarante-Deux, direction Fouesnant, terminus Beg Meil.
-Vous allez jusqu’où ? me demande son chauffeur, visiblement proche de la retraite.
-Au terminus.
-Je n’y vais pas, il y a des travaux, je m’arrête avant.
Il m’explique que je n’aurais qu’à marcher cinq cents mètres pour y être. A sept heures dix pile, nous démarrons. Avec moi sont des travailleurs travailleuses dont l’une à trottinette électrique. Tout(e)s descendent à Fouesnant. La trottineuse a encore de la route à faire.
Quand le car s’arrête dans un quartier résidentiel, l’aimable chauffeur descend avec moi pour me montrer la direction à prendre pour rejoindre le centre de Beg Meil. Arrivé sur place, je découvre un morne bourg en forme de rue où tout est fermé sauf la boulangerie salon de thé. Je me souviens alors être venu ici avec ma petite voiture dans laquelle se trouvait celle qui me donnait la main. Nous cherchions un hôtel et étions reparti bredouilles.
Ayant atteint le bord de mer, je fais une photo du soleil se levant en face au-dessus de Concarneau puis je trouve le sentier côtier. Il est assez peinard et suffisamment étroit pour que je sois heureux de n’y être dérangé que par une jeune coureuse devant laquelle je m’efface. Il est agréable de la voir grimper en petites foulées le seul escalier métallique qui s’offre à nous. Pendant ce temps, les vagues lèchent les amas de rochers. Le plus spectaculaire est sous le sémaphore. C’est là que je trouve un banc. Je refuse donc d’aller plus loin. J’y mange mes croissants puis sors de mon sac à dos le Journal des Goncourt.
A peine suis-je en compagnie de Jules et d’Edmond qu’arrivent au pas de marche deux uniformes. Nous nous saluons, tous trois dépourvus de masque. Dans le dos d’un est inscrit « Affaires Maritimes ». Je lis là un bon moment. Quand je cesse, je m’aperçois que sur l’un des rochers apparaissent en creux une bouche, des oreilles et des yeux. Cette tête de pierre me regarde bizarrement.
Je ne traîne pas pour rentrer au centre de Beg Meil. Je commande un café allongé à la boulangerie qui dispose d’une terrasse où des locaux se sont également rabattus, dont des commerçantes qui se demandent si oui ou non elles vont ouvrir. Le bar tabac lui n’ouvre qu’à onze heures. Pour la crêperie, ce sera le deux juin. Que faire pour le déjeuner ? Attendre d’être rentré à Quimper avec le car de treize heures dix ou trouver de quoi dans cette boulangerie ? J’opte pour la seconde option. Ce sera quiche, panini, gâteau breton, avec un verre d’eau : dix euros.
C’est au bar tabac, où l’on doit aller se servir au comptoir et dont la clientèle est déjà bien imbibée, que je prends le café (un euro cinquante). On y est décontracté du masque et de la poignée de main.
Je trouve le même chauffeur au retour. Il m’apprend qu’il est effectivement très proche de la retraite. C’est bon pour le ticket, me dit-il en me le rendant sans le poinçonner. Il fait pareil aves des apprenti(e)s qui montent en chemin. Ce trajet de retour passe par Cap Coz dont nous longeons la plage. Si j’avais été mieux organisé, j’aurais prévu de m’y arrêter et de prendre le car de seize quarante pour finir le voyage, mais quand j’y songe nous sommes déjà loin.
-Vous allez jusqu’où ? me demande son chauffeur, visiblement proche de la retraite.
-Au terminus.
-Je n’y vais pas, il y a des travaux, je m’arrête avant.
Il m’explique que je n’aurais qu’à marcher cinq cents mètres pour y être. A sept heures dix pile, nous démarrons. Avec moi sont des travailleurs travailleuses dont l’une à trottinette électrique. Tout(e)s descendent à Fouesnant. La trottineuse a encore de la route à faire.
Quand le car s’arrête dans un quartier résidentiel, l’aimable chauffeur descend avec moi pour me montrer la direction à prendre pour rejoindre le centre de Beg Meil. Arrivé sur place, je découvre un morne bourg en forme de rue où tout est fermé sauf la boulangerie salon de thé. Je me souviens alors être venu ici avec ma petite voiture dans laquelle se trouvait celle qui me donnait la main. Nous cherchions un hôtel et étions reparti bredouilles.
Ayant atteint le bord de mer, je fais une photo du soleil se levant en face au-dessus de Concarneau puis je trouve le sentier côtier. Il est assez peinard et suffisamment étroit pour que je sois heureux de n’y être dérangé que par une jeune coureuse devant laquelle je m’efface. Il est agréable de la voir grimper en petites foulées le seul escalier métallique qui s’offre à nous. Pendant ce temps, les vagues lèchent les amas de rochers. Le plus spectaculaire est sous le sémaphore. C’est là que je trouve un banc. Je refuse donc d’aller plus loin. J’y mange mes croissants puis sors de mon sac à dos le Journal des Goncourt.
A peine suis-je en compagnie de Jules et d’Edmond qu’arrivent au pas de marche deux uniformes. Nous nous saluons, tous trois dépourvus de masque. Dans le dos d’un est inscrit « Affaires Maritimes ». Je lis là un bon moment. Quand je cesse, je m’aperçois que sur l’un des rochers apparaissent en creux une bouche, des oreilles et des yeux. Cette tête de pierre me regarde bizarrement.
Je ne traîne pas pour rentrer au centre de Beg Meil. Je commande un café allongé à la boulangerie qui dispose d’une terrasse où des locaux se sont également rabattus, dont des commerçantes qui se demandent si oui ou non elles vont ouvrir. Le bar tabac lui n’ouvre qu’à onze heures. Pour la crêperie, ce sera le deux juin. Que faire pour le déjeuner ? Attendre d’être rentré à Quimper avec le car de treize heures dix ou trouver de quoi dans cette boulangerie ? J’opte pour la seconde option. Ce sera quiche, panini, gâteau breton, avec un verre d’eau : dix euros.
C’est au bar tabac, où l’on doit aller se servir au comptoir et dont la clientèle est déjà bien imbibée, que je prends le café (un euro cinquante). On y est décontracté du masque et de la poignée de main.
Je trouve le même chauffeur au retour. Il m’apprend qu’il est effectivement très proche de la retraite. C’est bon pour le ticket, me dit-il en me le rendant sans le poinçonner. Il fait pareil aves des apprenti(e)s qui montent en chemin. Ce trajet de retour passe par Cap Coz dont nous longeons la plage. Si j’avais été mieux organisé, j’aurais prévu de m’y arrêter et de prendre le car de seize quarante pour finir le voyage, mais quand j’y songe nous sommes déjà loin.
28 mai 2021
Le car BreizhGo Quarante et Un de sept heures cinquante qui mène à Bénodet est encore le mien ce jeudi, et celui de deux dames noires qui semblent le prendre chaque jour pour aller travailler au centre-ville.
Mon retour à Bénodet n’est pas une fin en soi. J’ai pour objectif de traverser l’Odet. Il me faut pour cela attendre dix heures et demie, le premier départ du P’tit Bac à deux euros qui mène en face, à Sainte-Marine.
En presque cinquante ans de pérégrinations, je suis passé par quasiment toutes les villes bretonnes mais je suis à peu près certain de n’être jamais allé à Sainte-Marine. Un couple de bicyclistes et un couple avec enfançon énervant (ne pourrait-on pas rendre les crèches obligatoires ?) partagent avec moi ce très court voyage en bateau.
On se croirait sur une île à l’arrivée. Et les prix pratiqués dans l’« adorable petit port abrité, coloré et pittoresque », comme dit mon Guide du Routard de Bretagne Sud deux mille douze que j’ai trouvé peu avant mon départ dans une boîte à livres rouennaise, conforte cette impression : deux euros vingt pour mon café verre d’eau au Café du Port. Cette agréable terrasse, sise à côté de l’Abri du Marin, jolie maisonnette aux murs roses, offre une vue magnifique sur l’Odet et Bénodet. Je m’y attarde jusqu’à midi moins le quart en lisant le Journal des Goncourt.
A midi, j’ai une table avec presque la même vue, un peu plus loin, à la terrasse de l’Hôtel et Bistrot du Bac. J’y déjeune de rillettes de maquereau, d’un Parmentier de canard confit et d’un tartare de fruits frais, avec deux verres de Picpoul. Cela fait vingt-huit euros soixante.
A l’issue, je trouve le sentier douanier qui longe l’Odet en direction de la mer. Il me permet de voir de près le phare à tête rouge que l’on aperçoit de la plage de Bénodet, puis un Fort reconverti en lieu d’exposition et j’arrive à la pointe de Combrit où se trouve une construction en forme de maison que Le Routard qualifie de batterie.
De retour dans le port, je n’ai que quelques minutes à attendre pour voir venir le P’tit Bac. J’en suis le seul passager. Son capitaine m’explique qu’autrefois il travaillait pour le Transmanche à partir du Havre. Un banc m’attend à Bénodet pour lire Jules et Edmond face à Sainte-Marine.
Dans le BreizhGo du retour, je retrouve les deux dames de l’aller. Je crains qu’elles passent chaque journée de la semaine à Bénodet sans jamais voir la mer.
*
« Arrêtez de prendre des réservations pour dimanche en deuxième service s’il vous plaît, on n’arrivera jamais à faire décoller les gens, c’est le jour de la Fête des Mères. » (le patron du Café du Port à son personnel)
*
Salon de coiffure de Quimper : Kemp’Hair (celui-là, on ne peut le faire qu’ici).
Mon retour à Bénodet n’est pas une fin en soi. J’ai pour objectif de traverser l’Odet. Il me faut pour cela attendre dix heures et demie, le premier départ du P’tit Bac à deux euros qui mène en face, à Sainte-Marine.
En presque cinquante ans de pérégrinations, je suis passé par quasiment toutes les villes bretonnes mais je suis à peu près certain de n’être jamais allé à Sainte-Marine. Un couple de bicyclistes et un couple avec enfançon énervant (ne pourrait-on pas rendre les crèches obligatoires ?) partagent avec moi ce très court voyage en bateau.
On se croirait sur une île à l’arrivée. Et les prix pratiqués dans l’« adorable petit port abrité, coloré et pittoresque », comme dit mon Guide du Routard de Bretagne Sud deux mille douze que j’ai trouvé peu avant mon départ dans une boîte à livres rouennaise, conforte cette impression : deux euros vingt pour mon café verre d’eau au Café du Port. Cette agréable terrasse, sise à côté de l’Abri du Marin, jolie maisonnette aux murs roses, offre une vue magnifique sur l’Odet et Bénodet. Je m’y attarde jusqu’à midi moins le quart en lisant le Journal des Goncourt.
A midi, j’ai une table avec presque la même vue, un peu plus loin, à la terrasse de l’Hôtel et Bistrot du Bac. J’y déjeune de rillettes de maquereau, d’un Parmentier de canard confit et d’un tartare de fruits frais, avec deux verres de Picpoul. Cela fait vingt-huit euros soixante.
A l’issue, je trouve le sentier douanier qui longe l’Odet en direction de la mer. Il me permet de voir de près le phare à tête rouge que l’on aperçoit de la plage de Bénodet, puis un Fort reconverti en lieu d’exposition et j’arrive à la pointe de Combrit où se trouve une construction en forme de maison que Le Routard qualifie de batterie.
De retour dans le port, je n’ai que quelques minutes à attendre pour voir venir le P’tit Bac. J’en suis le seul passager. Son capitaine m’explique qu’autrefois il travaillait pour le Transmanche à partir du Havre. Un banc m’attend à Bénodet pour lire Jules et Edmond face à Sainte-Marine.
Dans le BreizhGo du retour, je retrouve les deux dames de l’aller. Je crains qu’elles passent chaque journée de la semaine à Bénodet sans jamais voir la mer.
*
« Arrêtez de prendre des réservations pour dimanche en deuxième service s’il vous plaît, on n’arrivera jamais à faire décoller les gens, c’est le jour de la Fête des Mères. » (le patron du Café du Port à son personnel)
*
Salon de coiffure de Quimper : Kemp’Hair (celui-là, on ne peut le faire qu’ici).
27 mai 2021
Ce mercredi s’annonce mal : il a plu toute la nuit et cela continue. De plus, au réveil plus d’Internet. Néanmoins, comme le car BreizhGo Trente-Sept ne se rend à Camaret que le mercredi et le samedi, je maintiens mon projet d’y aller ce jour, en laissant Jules et Edmond à la maison.
Tandis que je bois un allongé face à la gare routière de Quimper à l’hôtel dont je ne sais toujours pas le nom, Bob Dylan chante Don’t think twice, it’s all right, un titre qui semble fait pour moi.
Ce n’est qu’à neuf heures quarante-cinq que nous quittons la ville pour un voyage d’une heure et demie dans une campagne très vallonnée et dans la brume et la mouillasse, frôlant Locronan, Saint-Nic et Roscanvel où j’ai souvenir d’une nuit chez la dame aux chevaux avec celle qui me tenait la main, elle nous avait appris que c’est ici que sont formés les agents secrets. Après Crozon, c’est la descente sur Camaret. Le terminus est au port. Quand je quitte le car avec mes quelques compagnons de voyage, il ne pleut plus.
Je passe à l’Office de Tourisme afin de me munir d’un plan puis vais voir de près sur le Sillon le cimetière de bateaux, la chapelle Notre-Dame-de-Rocamadour et la tour Vauban.
A midi, je trouve une table avec vue sur ces curiosités touristiques au restaurant A l’Abri du Kraken. L’équipe y est jeune et aimable. On y propose un menu à dix-sept euros : tapas, poire de bœuf sauce au poivre frites maison et gâteau au chocolat. Je l’accompagne d’un quart de merlot au goût bizarre à quatre euros vingt. Le café n’est qu’à un euro cinquante.
Je consulte ensuite mon plan pour trouver la rue Saint-Pol-Roux. Elle monte raisonnablement sur plus d’un kilomètre. Je suis content d’apercevoir les alignements de Lagat-Jar. Derrière ces rangées de menhirs apparaissent les tours du manoir en ruine de Saint-Pol-Roux, un lieu que j’ai fréquenté bien accompagné. Désormais un filin d’acier empêche d’y pénétrer. Je fais des photos de ce lieu tragique ainsi que de la magnifique vue sur la mer qu’avait le poète.
Redescendu sur le port, je prends un café à un euro quarante à la terrasse d’une crêperie puis vais marcher du côté du port de pêche, lequel est très réduit. Me heurtant au chantier naval, je rebrousse et vais attendre l’heure du car de retour au bar tabac La Chaloupe. J’aurais dû emmener Jules et Edmond, le temps est un peu long sans eux.
De retour à Quimper, je vais voir mon jeune logeur. Il débranche et rebranche sa boxe et voici Internet revenu.
*
C’est en mil neuf cent trois que Saint-Pol-Roux achetait à Camaret une maison de pêcheurs surplombant la plage de Pen-Had et la transformait en manoir exotique pourvu de huit tourelles, le Manoir de Boultous. À la mort de son fils Coecilian, tué près de Verdun en mil neuf cent quatorze, il le rebaptisait Manoir de Coecilian. Pendant l'entre-deux-guerres, il y fit venir de nombreux artistes et écrivains dont Louis-Ferdinand Céline. En juin mil neuf cent quarante, le Manoir est investi par un soldat nazi ivre qui tue la servante, blesse le poète et viole sa fille Divine. Pendant que Saint-Pol-Roux est hospitalisé, le manoir est pillé. Il mourra peu après. J’ai raconté cette histoire dans un de mes textes autrefois.
*
La même année, le quinze août, Laurent Tailhade fit scandale à Camaret. Lorsque la procession de la Fête de la Bénédiction de la Mer et des Bateaux passa devant l'Hôtel de France où il logeait, il versa le contenu de son vase de nuit par la fenêtre de sa chambre de premier étage. Quelques jours plus tard, mille huit cent Camarétois firent le siège de l'Hôtel de France, menaçant de jeter Tailhade dans le port. Il fallut l'intervention des gendarmes de Châteaulin et l’écrivain fut contraint de quitter Camaret pour se réfugier à Morgat. Il se vengea en publiant dans L'Assiette au beurre un pamphlet intitulé Le peuple noir contre les Bretons et leurs prêtres. On lui a parfois attribué la chanson paillarde Les Filles de Camaret mais il n’a fait qu’y ajouter quelques couplets.
Tandis que je bois un allongé face à la gare routière de Quimper à l’hôtel dont je ne sais toujours pas le nom, Bob Dylan chante Don’t think twice, it’s all right, un titre qui semble fait pour moi.
Ce n’est qu’à neuf heures quarante-cinq que nous quittons la ville pour un voyage d’une heure et demie dans une campagne très vallonnée et dans la brume et la mouillasse, frôlant Locronan, Saint-Nic et Roscanvel où j’ai souvenir d’une nuit chez la dame aux chevaux avec celle qui me tenait la main, elle nous avait appris que c’est ici que sont formés les agents secrets. Après Crozon, c’est la descente sur Camaret. Le terminus est au port. Quand je quitte le car avec mes quelques compagnons de voyage, il ne pleut plus.
Je passe à l’Office de Tourisme afin de me munir d’un plan puis vais voir de près sur le Sillon le cimetière de bateaux, la chapelle Notre-Dame-de-Rocamadour et la tour Vauban.
A midi, je trouve une table avec vue sur ces curiosités touristiques au restaurant A l’Abri du Kraken. L’équipe y est jeune et aimable. On y propose un menu à dix-sept euros : tapas, poire de bœuf sauce au poivre frites maison et gâteau au chocolat. Je l’accompagne d’un quart de merlot au goût bizarre à quatre euros vingt. Le café n’est qu’à un euro cinquante.
Je consulte ensuite mon plan pour trouver la rue Saint-Pol-Roux. Elle monte raisonnablement sur plus d’un kilomètre. Je suis content d’apercevoir les alignements de Lagat-Jar. Derrière ces rangées de menhirs apparaissent les tours du manoir en ruine de Saint-Pol-Roux, un lieu que j’ai fréquenté bien accompagné. Désormais un filin d’acier empêche d’y pénétrer. Je fais des photos de ce lieu tragique ainsi que de la magnifique vue sur la mer qu’avait le poète.
Redescendu sur le port, je prends un café à un euro quarante à la terrasse d’une crêperie puis vais marcher du côté du port de pêche, lequel est très réduit. Me heurtant au chantier naval, je rebrousse et vais attendre l’heure du car de retour au bar tabac La Chaloupe. J’aurais dû emmener Jules et Edmond, le temps est un peu long sans eux.
De retour à Quimper, je vais voir mon jeune logeur. Il débranche et rebranche sa boxe et voici Internet revenu.
*
C’est en mil neuf cent trois que Saint-Pol-Roux achetait à Camaret une maison de pêcheurs surplombant la plage de Pen-Had et la transformait en manoir exotique pourvu de huit tourelles, le Manoir de Boultous. À la mort de son fils Coecilian, tué près de Verdun en mil neuf cent quatorze, il le rebaptisait Manoir de Coecilian. Pendant l'entre-deux-guerres, il y fit venir de nombreux artistes et écrivains dont Louis-Ferdinand Céline. En juin mil neuf cent quarante, le Manoir est investi par un soldat nazi ivre qui tue la servante, blesse le poète et viole sa fille Divine. Pendant que Saint-Pol-Roux est hospitalisé, le manoir est pillé. Il mourra peu après. J’ai raconté cette histoire dans un de mes textes autrefois.
*
La même année, le quinze août, Laurent Tailhade fit scandale à Camaret. Lorsque la procession de la Fête de la Bénédiction de la Mer et des Bateaux passa devant l'Hôtel de France où il logeait, il versa le contenu de son vase de nuit par la fenêtre de sa chambre de premier étage. Quelques jours plus tard, mille huit cent Camarétois firent le siège de l'Hôtel de France, menaçant de jeter Tailhade dans le port. Il fallut l'intervention des gendarmes de Châteaulin et l’écrivain fut contraint de quitter Camaret pour se réfugier à Morgat. Il se vengea en publiant dans L'Assiette au beurre un pamphlet intitulé Le peuple noir contre les Bretons et leurs prêtres. On lui a parfois attribué la chanson paillarde Les Filles de Camaret mais il n’a fait qu’y ajouter quelques couplets.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante