Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
18 novembre 2021
Pas d’autre imprévu au moment du départ du train Nomad pour Paris ce mercredi à sept heures dix qu’un changement de voie à la dernière minute. Ce qu’à la Senecefe on appelle un dévoiement. C’est donc du quai numéro Un que nous partons. La voiture où je me trouve est totalement silencieuse jusqu’à l’arrivée à Saint Lazare.
Je trouve là un bus Vingt-Neuf prêt à partir. Vers la place de la Victoire il est arrêté par un employé des transports parisiens qui annonce au chauffeur qu’il ne peut aller plus loin à cause d’un accident de personne. La personne en question est allongée sur la chaussée dans l’attente des secours. Plus qu’à revenir à pied à l’arrêt Bourse et attendre le bus suivant. Son chauffeur, averti du problème, prend un autre itinéraire. Cet incident fait que je n’arrive au Café du Faubourg qu’un quart d’heure avant l’ouverture de Book-Off.
Ici on demande le passe sanitaire et on sert au comptoir où je ne risque pas grand-chose étant seul avec le nouveau patron. Les deux jeunes femmes qui tenaient cette brasserie avant-guerre la lui ont cédée. « Je n’ai pris qu’une serveuse, me dit-il, de toute façon je ne pourrais pas en trouver une autre. »
A dix heures je laisse mon sac derrière le comptoir de Book-Off et en explore les rayonnages. Spécialement celui des poches à un euro car celle que je dois retrouver à midi m’a donné comme mission de lui trouver des livres à lire. Je m’en acquitte assez facilement. En revanche, la recherche d’ouvrages pour moi se conclut par un échec.
L’Auberge Flora, boulevard Richard-Lenoir, où nous avons déjà déjeuné plusieurs fois, est notre lieu de rendez-vous. Las, quand j’y arrive elle a disparu, tuée elle aussi par le Covid, remplacée par La Mesita, tapas planchas burgueurs musique latino.
Je n’y entre pas, attendant devant la porte celle qui travaille dans le quartier. Quand elle arrive, descendue d’un échafaudage, nous changeons notre plan. Je lui propose, un peu plus loin sur le boulevard, Le Paris où j’ai déjeuné une fois.
On y propose une formule entrée plat à treize euros cinquante. On n’y demande pas le passe sanitaire. Le décor est attrayant. Le service est avenant. Nous passons là deux heures agréables à échanger sur des sujets plus ou moins gais. A l’issue du repas, les livres passent de mon sac au sien puis nous allons ensemble jusqu’à la place de la Bastille.
Le métro Huit m’emmène à l’arrêt Opéra d’où je rejoins pédestrement le deuxième Book-Off. Dans les livres à un euro, je ne trouve pour me plaire que Lettre à personne, carnets du début des années quatre-vingt de Roger Laporte (Plon).
Quand j’en sors je passe aux toilettes du Bistrot d’Edmond où le personnel, là aussi, n’est plus le même qu’avant-guerre. Comme on n’y sert pas au comptoir, je prends un café à emporter jusqu’au banc de la placette d’en face puis par le métro Trois rejoins la gare Saint-Lazare.
Mon train de retour à Rouen est le seize heures quarante. Je dois y supporter un groupe de fonctionnaires territoriaux de Barentin qui rentrent d’un séminaire dans la capitale, grosses plaisanteries et rires vulgaires, surtout ceux des femmes. Brassens l’a chanté. Le pluriel ne vaut rien à l’être humain.
*
Fini le billet de train cartonné à l’automate. Un bout de papier façon facturette le remplace. Idem pour ma nouvelle carte de vieux, dite Avantage Senior.
Je trouve là un bus Vingt-Neuf prêt à partir. Vers la place de la Victoire il est arrêté par un employé des transports parisiens qui annonce au chauffeur qu’il ne peut aller plus loin à cause d’un accident de personne. La personne en question est allongée sur la chaussée dans l’attente des secours. Plus qu’à revenir à pied à l’arrêt Bourse et attendre le bus suivant. Son chauffeur, averti du problème, prend un autre itinéraire. Cet incident fait que je n’arrive au Café du Faubourg qu’un quart d’heure avant l’ouverture de Book-Off.
Ici on demande le passe sanitaire et on sert au comptoir où je ne risque pas grand-chose étant seul avec le nouveau patron. Les deux jeunes femmes qui tenaient cette brasserie avant-guerre la lui ont cédée. « Je n’ai pris qu’une serveuse, me dit-il, de toute façon je ne pourrais pas en trouver une autre. »
A dix heures je laisse mon sac derrière le comptoir de Book-Off et en explore les rayonnages. Spécialement celui des poches à un euro car celle que je dois retrouver à midi m’a donné comme mission de lui trouver des livres à lire. Je m’en acquitte assez facilement. En revanche, la recherche d’ouvrages pour moi se conclut par un échec.
L’Auberge Flora, boulevard Richard-Lenoir, où nous avons déjà déjeuné plusieurs fois, est notre lieu de rendez-vous. Las, quand j’y arrive elle a disparu, tuée elle aussi par le Covid, remplacée par La Mesita, tapas planchas burgueurs musique latino.
Je n’y entre pas, attendant devant la porte celle qui travaille dans le quartier. Quand elle arrive, descendue d’un échafaudage, nous changeons notre plan. Je lui propose, un peu plus loin sur le boulevard, Le Paris où j’ai déjeuné une fois.
On y propose une formule entrée plat à treize euros cinquante. On n’y demande pas le passe sanitaire. Le décor est attrayant. Le service est avenant. Nous passons là deux heures agréables à échanger sur des sujets plus ou moins gais. A l’issue du repas, les livres passent de mon sac au sien puis nous allons ensemble jusqu’à la place de la Bastille.
Le métro Huit m’emmène à l’arrêt Opéra d’où je rejoins pédestrement le deuxième Book-Off. Dans les livres à un euro, je ne trouve pour me plaire que Lettre à personne, carnets du début des années quatre-vingt de Roger Laporte (Plon).
Quand j’en sors je passe aux toilettes du Bistrot d’Edmond où le personnel, là aussi, n’est plus le même qu’avant-guerre. Comme on n’y sert pas au comptoir, je prends un café à emporter jusqu’au banc de la placette d’en face puis par le métro Trois rejoins la gare Saint-Lazare.
Mon train de retour à Rouen est le seize heures quarante. Je dois y supporter un groupe de fonctionnaires territoriaux de Barentin qui rentrent d’un séminaire dans la capitale, grosses plaisanteries et rires vulgaires, surtout ceux des femmes. Brassens l’a chanté. Le pluriel ne vaut rien à l’être humain.
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Fini le billet de train cartonné à l’automate. Un bout de papier façon facturette le remplace. Idem pour ma nouvelle carte de vieux, dite Avantage Senior.
16 novembre 2021
Ce mardi à dix heures moins le quart, je pousse à nouveau la porte de celle qui est devenue ma podologue. Sur fond de bruit de cordonnerie, je l’entends converser à voix basse dans l’atelier avec sa secrétaire qui est aussi son ouvrière.
A dix heures, je suis dans son cabinet. Elle me présente mes semelles orthopédiques, toutes blanches. Je m’installe sur le trône où elle examine les extrémités de ses patient(e)s. Il faut ajuster ces semelles à mes pieds et à mes chaussures. Ce pourquoi elle disparaît un moment dans l’atelier.
Elle m’invite ensuite à choisir la couleur de ce qu’elle appelle les semelles de propreté, deux fines lamelles qu’elle colle sur le dessus des semelles orthopédiques. Je choisis le noir. Il faudra attendre demain, que ça sèche, pour les utiliser.
Elle m’explique qu’il y a une période d’adaptation de quinze jours et qu’elles ne seront efficaces que dans deux mois. Je lui demande quelle est leur durée de vie et suis surpris par sa réponse.
Un an seulement.
*
Au Socrate, surgi de je ne sais où, me tenant la porte des toilettes, David Bobée. Mon visage ne lui dit rien. Pour lui je suis un inconnu.
Un duo lui a succédé à la tête du Centre Dramatique de Normandie. Un circassien et une marionnettiste. Malheur au théâtre.
*
La scène des masques :
-J’en ai un là. C’est le tien où le mien ?
-Ah, y en a un par terre.
-Je le prends, c’est pas grave.
(Fin de repas de deux amies au Socrate)
*
Conversations de rue. Toutes les mêmes. « A la base. Du coup. Au final. »
*
Jeudi onze novembre, à Paris, le Forum des Images recevait Art Spiegelman. Celui-ci y a déclaré « Je me sens citoyen du vingtième siècle et un touriste dans le vingt et unième ».
Une formule que je fais mienne sous une autre forme : Je me sens résident du vingtième siècle et un exilé dans le vingt et unième.
A dix heures, je suis dans son cabinet. Elle me présente mes semelles orthopédiques, toutes blanches. Je m’installe sur le trône où elle examine les extrémités de ses patient(e)s. Il faut ajuster ces semelles à mes pieds et à mes chaussures. Ce pourquoi elle disparaît un moment dans l’atelier.
Elle m’invite ensuite à choisir la couleur de ce qu’elle appelle les semelles de propreté, deux fines lamelles qu’elle colle sur le dessus des semelles orthopédiques. Je choisis le noir. Il faudra attendre demain, que ça sèche, pour les utiliser.
Elle m’explique qu’il y a une période d’adaptation de quinze jours et qu’elles ne seront efficaces que dans deux mois. Je lui demande quelle est leur durée de vie et suis surpris par sa réponse.
Un an seulement.
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Au Socrate, surgi de je ne sais où, me tenant la porte des toilettes, David Bobée. Mon visage ne lui dit rien. Pour lui je suis un inconnu.
Un duo lui a succédé à la tête du Centre Dramatique de Normandie. Un circassien et une marionnettiste. Malheur au théâtre.
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La scène des masques :
-J’en ai un là. C’est le tien où le mien ?
-Ah, y en a un par terre.
-Je le prends, c’est pas grave.
(Fin de repas de deux amies au Socrate)
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Conversations de rue. Toutes les mêmes. « A la base. Du coup. Au final. »
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Jeudi onze novembre, à Paris, le Forum des Images recevait Art Spiegelman. Celui-ci y a déclaré « Je me sens citoyen du vingtième siècle et un touriste dans le vingt et unième ».
Une formule que je fais mienne sous une autre forme : Je me sens résident du vingtième siècle et un exilé dans le vingt et unième.
13 novembre 2021
Un Onze Novembre qui tombe un jeudi et voici la foule qui envahit les rues de Rouen ce vendredi en début d’après-midi. Ce qui s’appelle faire le pont est tout aussi visible à l’intérieur du Socrate. Habituellement désert après quatorze heures, il est cette fois empli d’une clientèle n’ayant pas terminé d’y manger.
Je me demande ce que toutes ces personnes font de la Valeur Travail si chère au Révérend Père Macron et ce que je risque à passer presque deux heures sans masque dans ce lieu trop fréquenté et mal aéré. Cela ne m’empêche pas d’y poursuivre la lecture de Lettres à Anne de François Mitterrand dont l’un des mérites est de me rappeler qu’apogée est masculin.
-Vous n’êtes pas monsieur Gourdin ? me demande soudain un arrivant.
-Ah non.
-Désolé.
*
Une jeune femme à son amie qui prend un café avec elle : « Je me rappelle, je venais tout le temps ici en terminale. Ou en face. J’ai envie de pleurer. »
Ici : Le Socrate. En face : Le Flo’s (anciennement Les Floralies).
*
Au même endroit, derrière moi, sans que je sache qui parle : « Mais quoi, tu publies des photos de toi anorexique sur Insta ! Si encore tu montrais des photos des vacances en Corse. »
*
J’ai pu, peu après, partir le cœur plus libre pour La Nocle-Maulaix où se tenait une foire primée. (François Mitterrand à Anne Pingeot, le dimanche huit novembre mil neuf cent soixante-quatre)
Je me demande ce que toutes ces personnes font de la Valeur Travail si chère au Révérend Père Macron et ce que je risque à passer presque deux heures sans masque dans ce lieu trop fréquenté et mal aéré. Cela ne m’empêche pas d’y poursuivre la lecture de Lettres à Anne de François Mitterrand dont l’un des mérites est de me rappeler qu’apogée est masculin.
-Vous n’êtes pas monsieur Gourdin ? me demande soudain un arrivant.
-Ah non.
-Désolé.
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Une jeune femme à son amie qui prend un café avec elle : « Je me rappelle, je venais tout le temps ici en terminale. Ou en face. J’ai envie de pleurer. »
Ici : Le Socrate. En face : Le Flo’s (anciennement Les Floralies).
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Au même endroit, derrière moi, sans que je sache qui parle : « Mais quoi, tu publies des photos de toi anorexique sur Insta ! Si encore tu montrais des photos des vacances en Corse. »
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J’ai pu, peu après, partir le cœur plus libre pour La Nocle-Maulaix où se tenait une foire primée. (François Mitterrand à Anne Pingeot, le dimanche huit novembre mil neuf cent soixante-quatre)
12 novembre 2021
Aux Matins de France Culture Guillaume Erner est au Chemin des Dames. En écoutant ses invité(e)s, j’ai une pensée pour Grand-Père Jules.
Le Onze Novembre est toujours officiellement férié mais beaucoup travaillent, notamment ceux qui installent les cabanes des marchands de noëlleries sur le parvis de la Cathédrale et un certain nombre de commerçant(e)s. Parmi ces derniers, le bouquiniste du Rêve de l’Escalier où je vais quand même parce que ce jour il met tous ses « poches littéraires » à un euro. L’un m’amène ici : Le noir est une couleur de Grisélidis Réal chez Folio, une fiction inspirée de sa vie de prostituée genevoise.
Ce jour est aussi celui du quinzième anniversaire de ce Journal, lequel va cahin-caha depuis mon retour de Nice. Je suis plus constant dans ma lecture des Lettres à Anne de François Mitterrand, moitié au Socrate, moitié dans mon lit.
Quel étrange personnage ce Mythe Errant amoureux éperdu d’une jeune fille vingtenaire. Elle est sa principale préoccupation. Pour laquelle il peut traverser la moitié de la France pour un rendez-vous d’une demi-journée. Sa deuxième préoccupation est le golf. La politique ne vient qu’après, bien qu’il soit déjà Député, Maire et Président de Conseil Général, tout en étant encore avocat, et semblant vivre toujours seul, alors qu’il est marié et père.
Cette correspondance amoureuse mitterrandienne n’est pas unique. Ce vingt-cinq novembre seront vendues aux enchères ses lettres à Marie-Louise Terrasse, plus connue sous le nom de Catherine Langeais. Il avait vingt-deux ans et elle quatorze quand commença leur histoire d’amour suite à leur rencontre au bal de l’Ecole Normale Supérieure. Les missives à elle envoyées sont très semblables à celles que recevra plus tard Anne Pingeot.
La dernière à en recevoir, quand il était septuagénaire, s’appelle Claire, une fille qui avait vingt-deux ans au moment de leur rencontre, dont l’histoire d’amour avec le Président vient de faire l’objet d’un roman de Solenn de Royer titré Le dernier secret.
Le Onze Novembre est toujours officiellement férié mais beaucoup travaillent, notamment ceux qui installent les cabanes des marchands de noëlleries sur le parvis de la Cathédrale et un certain nombre de commerçant(e)s. Parmi ces derniers, le bouquiniste du Rêve de l’Escalier où je vais quand même parce que ce jour il met tous ses « poches littéraires » à un euro. L’un m’amène ici : Le noir est une couleur de Grisélidis Réal chez Folio, une fiction inspirée de sa vie de prostituée genevoise.
Ce jour est aussi celui du quinzième anniversaire de ce Journal, lequel va cahin-caha depuis mon retour de Nice. Je suis plus constant dans ma lecture des Lettres à Anne de François Mitterrand, moitié au Socrate, moitié dans mon lit.
Quel étrange personnage ce Mythe Errant amoureux éperdu d’une jeune fille vingtenaire. Elle est sa principale préoccupation. Pour laquelle il peut traverser la moitié de la France pour un rendez-vous d’une demi-journée. Sa deuxième préoccupation est le golf. La politique ne vient qu’après, bien qu’il soit déjà Député, Maire et Président de Conseil Général, tout en étant encore avocat, et semblant vivre toujours seul, alors qu’il est marié et père.
Cette correspondance amoureuse mitterrandienne n’est pas unique. Ce vingt-cinq novembre seront vendues aux enchères ses lettres à Marie-Louise Terrasse, plus connue sous le nom de Catherine Langeais. Il avait vingt-deux ans et elle quatorze quand commença leur histoire d’amour suite à leur rencontre au bal de l’Ecole Normale Supérieure. Les missives à elle envoyées sont très semblables à celles que recevra plus tard Anne Pingeot.
La dernière à en recevoir, quand il était septuagénaire, s’appelle Claire, une fille qui avait vingt-deux ans au moment de leur rencontre, dont l’histoire d’amour avec le Président vient de faire l’objet d’un roman de Solenn de Royer titré Le dernier secret.
11 novembre 2021
« Vous aurez un rendez-vous dans six mois », m’avait dit mon médecin traitant en rédigeant un courrier pour le cardiologue qu’il me conseillait après avoir été alarmé par la vitesse à laquelle battait mon cœur. J’en ai eu un via Internet pour dans deux mois. Aussi, pédestrement, je rejoins ce mercredi après-midi la Clinique Mathilde, précisément son annexe de la rue d’Emendreville où au quatrième étage est nichée la cardiologie.
On entre dans ce Mathilde Deux comme dans un moulin, personne à l’accueil et point de secrétaire dans le service. Je m’assois parmi les déjà là, que des vieilles et des vieux. « C’est ici le cœur ? », demande une arrivante. De temps à autre s’ouvre une porte et un médecin en blouse blanche appelle un nom. Quand c’est mon tour, je découvre que celui qui devient mon cardiologue est jeune.
Il lit le courrier de mon généraliste, étudie les résultats de ma prise de sang puis m’examine à l’aide d’une série de capteurs posés sur mon torse. Ce jour, mon cœur bat à quatre-vingt, ce qui n’a rien d’extraordinaire. C’est plutôt rassurant, me dit-il, mais il souhaite des examens supplémentaires : une échographie et un Holter pour lequel je serai muni d’un boîtier que je devrai garder vingt-quatre heures. Il me donne une fiche pour chacun, m’en expliquant le but, la manière et le coût, puis me fixe rendez-vous début décembre. Je reçois aussi le compte-rendu de mon auscultation, rédigé grâce à un logiciel transformant sa parole en écrit et dont il envoie copie à mon généraliste.
*
En rentrant je trouve un mail de ce dernier, me donnant un rendez-vous pour ma dose de rappel anti Covid. Ce sera quelques jours après mes six mois, et avec Pfizer.
On entre dans ce Mathilde Deux comme dans un moulin, personne à l’accueil et point de secrétaire dans le service. Je m’assois parmi les déjà là, que des vieilles et des vieux. « C’est ici le cœur ? », demande une arrivante. De temps à autre s’ouvre une porte et un médecin en blouse blanche appelle un nom. Quand c’est mon tour, je découvre que celui qui devient mon cardiologue est jeune.
Il lit le courrier de mon généraliste, étudie les résultats de ma prise de sang puis m’examine à l’aide d’une série de capteurs posés sur mon torse. Ce jour, mon cœur bat à quatre-vingt, ce qui n’a rien d’extraordinaire. C’est plutôt rassurant, me dit-il, mais il souhaite des examens supplémentaires : une échographie et un Holter pour lequel je serai muni d’un boîtier que je devrai garder vingt-quatre heures. Il me donne une fiche pour chacun, m’en expliquant le but, la manière et le coût, puis me fixe rendez-vous début décembre. Je reçois aussi le compte-rendu de mon auscultation, rédigé grâce à un logiciel transformant sa parole en écrit et dont il envoie copie à mon généraliste.
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En rentrant je trouve un mail de ce dernier, me donnant un rendez-vous pour ma dose de rappel anti Covid. Ce sera quelques jours après mes six mois, et avec Pfizer.
10 novembre 2021
Mon pied gauche, autrefois souffrant d’aponévrosite sous-plantaire, allant bien, c’est sans prendre le transport en commun que je monte jusqu’à chez la podologue pour laquelle il y a deux mois mon médecin traitant m’a fait un courrier ; elle exerce pas loin de son cabinet à lui.
Ce mardi, je suis son premier rendez-vous. Je n’arrive qu’un quart d’heure trop tôt. Monté au premier par l’ascenseur, je m’assois dans la salle d’attente. A ma droite est une porte marquée Atelier derrière laquelle se fait entendre un bruit comparable à celui d’une cordonnerie.
A neuf heures la praticienne me fait entrer dans son cabinet. Je lui avoue que ce n’est pas la première fois que mon généraliste me donne un courrier pour elle. « Si je comprends bien, vous venez à reculons », me dit-elle. Je me déchausse et ôte mes chaussettes.
La podologue examine le dessous de mes horribles pieds par le biais d’un miroir, me fait marcher, puis m’installe sur un appareil qui analyse les points de contact de mes extrémités avec le sol. Le pied gauche pose effectivement problème, dont la partie médiane ne touche pas terre. Le droit n’est pas parfait. La solution : les semelles orthopédiques.
Sur une machine reliée à son ordinateur, elle prend les mesures. Tout sera fait automatiquement dans l’atelier d’à côté, m’explique-t-elle. En bonus, elle me donne un bon de remise de dix pour cent pour si je veux acheter à Paris des chaussures mieux adaptées à la largeur de mes panards. Combien touche-t-elle de commission, je ne sais.
Je règle cent soixante-douze euros à la secrétaire qui me donne un rendez-vous pour la remise et l’adaptation des semelles.
Dans huit jours.
*
Le soir à la télévision, je regarde le début du prêche en chaire du Révérend Père Macron. Les vieux devront avoir la dose de rappel pour conserver le passe sanitaire. Je m’y attendais. Pas encore pu faire la mienne, les six mois ne sont pas écoulés. La faute au grand nombre de semaines entre les deux doses d’AstraZeneca.
Ce mardi, je suis son premier rendez-vous. Je n’arrive qu’un quart d’heure trop tôt. Monté au premier par l’ascenseur, je m’assois dans la salle d’attente. A ma droite est une porte marquée Atelier derrière laquelle se fait entendre un bruit comparable à celui d’une cordonnerie.
A neuf heures la praticienne me fait entrer dans son cabinet. Je lui avoue que ce n’est pas la première fois que mon généraliste me donne un courrier pour elle. « Si je comprends bien, vous venez à reculons », me dit-elle. Je me déchausse et ôte mes chaussettes.
La podologue examine le dessous de mes horribles pieds par le biais d’un miroir, me fait marcher, puis m’installe sur un appareil qui analyse les points de contact de mes extrémités avec le sol. Le pied gauche pose effectivement problème, dont la partie médiane ne touche pas terre. Le droit n’est pas parfait. La solution : les semelles orthopédiques.
Sur une machine reliée à son ordinateur, elle prend les mesures. Tout sera fait automatiquement dans l’atelier d’à côté, m’explique-t-elle. En bonus, elle me donne un bon de remise de dix pour cent pour si je veux acheter à Paris des chaussures mieux adaptées à la largeur de mes panards. Combien touche-t-elle de commission, je ne sais.
Je règle cent soixante-douze euros à la secrétaire qui me donne un rendez-vous pour la remise et l’adaptation des semelles.
Dans huit jours.
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Le soir à la télévision, je regarde le début du prêche en chaire du Révérend Père Macron. Les vieux devront avoir la dose de rappel pour conserver le passe sanitaire. Je m’y attendais. Pas encore pu faire la mienne, les six mois ne sont pas écoulés. La faute au grand nombre de semaines entre les deux doses d’AstraZeneca.
5 novembre 2021
C’est brutalement que j’arrive au bout de ma relecture du Journal des Goncourt qui aura occupé une bonne partie de mon année deux mille vingt et un. Le troisième volume de l’édition Bouquins/Laffont se termine par un épais index des noms cités et donc rien ne me laissait prévoir que je lisais sa fin ce jeudi peu après mon arrivée au Socrate où je prends chaque jour le risque de boire un café à l’intérieur malgré le fait qu’on n’y demande pas le passe sanitaire et l’absence de masques lors des déplacements de la clientèle et du personnel.
La dernière note du Journal des Goncourt est insignifiante. On y apprend que faire le chien, c’est faire le marché avec sa bonne.
*
Plusieurs fois dans son Journal Edmond évoque sa peur d’être malade ou de mourir chez autrui. Il meurt d'une embolie pulmonaire fulgurante le seize juillet mil huit cent quatre-vingt-seize à Champrosay dans la maison de campagne d’Alphonse Daudet où il est invité à villégiaturer.
*
Daudet était son seul ami. En conséquence, lui et sa femme sont très souvent présents dans ce Journal. Alphonse se laisse parfois aller à des confidences. Ainsi le samedi trente juillet mil huit cent quatre-vingt-douze : A Lyon, tenez, une petite fille de quatorze ans, mettant contre ma chair la chair de son corps à travers son pantalon… J’ai toujours contre moi le moule de son corps, le ressaut de son petit mont de Vénus… Oh ! cette Marie M***… Oh ! cette blonde qui avait cette odeur de lait chauffé par le soleil. Cela se passait, je vous ai dit, quand elle avait quatorze ans…
*
Nouvelle lecture, bien différente : Lettres à Anne de François Mitterrand. Par coïncidence, il est question du Studio SM dans une des premières lettres que le politicien de quarante-sept ans envoie à Anne Pingeot, à l’insu de ses parents car elle a vingt ans et est donc mineure.
La dernière note du Journal des Goncourt est insignifiante. On y apprend que faire le chien, c’est faire le marché avec sa bonne.
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Plusieurs fois dans son Journal Edmond évoque sa peur d’être malade ou de mourir chez autrui. Il meurt d'une embolie pulmonaire fulgurante le seize juillet mil huit cent quatre-vingt-seize à Champrosay dans la maison de campagne d’Alphonse Daudet où il est invité à villégiaturer.
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Daudet était son seul ami. En conséquence, lui et sa femme sont très souvent présents dans ce Journal. Alphonse se laisse parfois aller à des confidences. Ainsi le samedi trente juillet mil huit cent quatre-vingt-douze : A Lyon, tenez, une petite fille de quatorze ans, mettant contre ma chair la chair de son corps à travers son pantalon… J’ai toujours contre moi le moule de son corps, le ressaut de son petit mont de Vénus… Oh ! cette Marie M***… Oh ! cette blonde qui avait cette odeur de lait chauffé par le soleil. Cela se passait, je vous ai dit, quand elle avait quatorze ans…
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Nouvelle lecture, bien différente : Lettres à Anne de François Mitterrand. Par coïncidence, il est question du Studio SM dans une des premières lettres que le politicien de quarante-sept ans envoie à Anne Pingeot, à l’insu de ses parents car elle a vingt ans et est donc mineure.
4 novembre 2021
Tristesse d’apprendre par un article de Paris-Normandie qu’est morte le mardi dix-neuf octobre à l’âge de soixante-dix ans Dominique Flau-Chambrier bien connue dans le milieu du théâtre à Rouen.
Je l’ai rencontrée lors d’un concert quand elle s’appelait Dominique Flau. Nous avions l’un et l’autre la trentaine. Prof de lettres, elle était aussi la chanteuse du groupe Enfantillage « drôles de chansons pour petits drôles ».
Quand il a été question pour elle et ses quatre musiciens de faire un premier disque, elle m’a sollicité pour que mes élèves de l’école du Bec-Hellouin fassent les chœurs sur deux des chansons. S’ensuivirent un certain nombre de répétitions puis une expédition à Paris jusqu’au Studio SM, rue Nicolas-Chuquet dans le dix-septième.
Je me souviens d’elle endormie sur mon canapé après un concert d’après-midi à la Salle des Fêtes du Bec-Hellouin. Elle m’avait expliqué que chanter oxygénait le cerveau, ce qui entraînait le sommeil.
Je me souviens d’un inextinguible fou rire lors d’un repas d’après répétition à la maison. Un des musiciens parlait d’un poêle à mazout qui devenait par le biais d’un autre un poil à ma zoute.
*
Comment et de quoi est morte Dominique Flau, devenue Dominique Flau-Chambrier par son mariage avec le bassiste d’Enfantillage? Je me le demande. Sa page du réseau social Effe Bé à aucun moment ne parle de maladie. Elle y raconte sa vie quotidienne sous forme de textes courts de qualité inégale. En octobre, elle était par monts et par vaux.
Son dernier texte date du dix-sept octobre, deux jours avant son décès. Voici celui du treize octobre :
Je sais
Personne ne me croira
Mais mon train Paris Rouen est en panne
Nous voilà donc descendus
Redirigés de la voie 18 à 24
Sans doute n’ai-je en rien rassuré le jeune installé en face de moi qui m’a dit
- Comment ça se fait
Et auquel j’ai répondu
- Chaque fois que je prends le train
C’est comme ça
Parfois il flambe
Aujourd’hui c’est cool
Depuis il évite mon regard
Petite nature
Je l’ai rencontrée lors d’un concert quand elle s’appelait Dominique Flau. Nous avions l’un et l’autre la trentaine. Prof de lettres, elle était aussi la chanteuse du groupe Enfantillage « drôles de chansons pour petits drôles ».
Quand il a été question pour elle et ses quatre musiciens de faire un premier disque, elle m’a sollicité pour que mes élèves de l’école du Bec-Hellouin fassent les chœurs sur deux des chansons. S’ensuivirent un certain nombre de répétitions puis une expédition à Paris jusqu’au Studio SM, rue Nicolas-Chuquet dans le dix-septième.
Je me souviens d’elle endormie sur mon canapé après un concert d’après-midi à la Salle des Fêtes du Bec-Hellouin. Elle m’avait expliqué que chanter oxygénait le cerveau, ce qui entraînait le sommeil.
Je me souviens d’un inextinguible fou rire lors d’un repas d’après répétition à la maison. Un des musiciens parlait d’un poêle à mazout qui devenait par le biais d’un autre un poil à ma zoute.
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Comment et de quoi est morte Dominique Flau, devenue Dominique Flau-Chambrier par son mariage avec le bassiste d’Enfantillage? Je me le demande. Sa page du réseau social Effe Bé à aucun moment ne parle de maladie. Elle y raconte sa vie quotidienne sous forme de textes courts de qualité inégale. En octobre, elle était par monts et par vaux.
Son dernier texte date du dix-sept octobre, deux jours avant son décès. Voici celui du treize octobre :
Je sais
Personne ne me croira
Mais mon train Paris Rouen est en panne
Nous voilà donc descendus
Redirigés de la voie 18 à 24
Sans doute n’ai-je en rien rassuré le jeune installé en face de moi qui m’a dit
- Comment ça se fait
Et auquel j’ai répondu
- Chaque fois que je prends le train
C’est comme ça
Parfois il flambe
Aujourd’hui c’est cool
Depuis il évite mon regard
Petite nature
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