Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
22 mars 2022
Ce lundi, j’innove en prenant le train avec ma carte de bus (c’est possible tant qu’on reste dans l’agglo). Du moins j’essaie, car devant le composteur Yélo, je suis démuni. Pas moyen de savoir où la fourrer, elle ne veut pas entrer. Une jeune fille me conseille d’aller me renseigner à l’accueil, un guichet bien caché où je trouve un sympathique être humain. Il vient avec moi jusqu’à la machine et y enfourne ma carte. Las, elle ne ressort pas. Elle était vierge en plus. L’aimable cheminot me donne une autorisation exceptionnelle de voyager sans billet. Dûment tamponnée, elle me permet d’aller à Châtelaillon et d’en revenir. D’autre part, il va prévenir le service Yélo pour récupérer ma carte et me contactera par mail.
Le trajet est si court que je n’ai pas le temps d’avoir affaire au contrôleur du Téheuherre Nouvelle Aquitaine. L’océan n’est pas loin de la Gare de Châtelaillon. Un jardin public à traverser et j’y suis. Il fait plutôt beau quand je marche sur la promenade côtière rectiligne bordée de villas et d’hôtels pour la plupart fermés. De mignonettes toilettes colorées gratuites sont quant à elles déjà ouvertes et donnent envie d’y aller.
Je marche assez longtemps, jusqu’à atteindre un petit port peu fréquenté puis une de ces cabanes de pêcheurs montées sur pilotis appelées carrelets. Celle-ci est surtout louée pour y passer la nuit face à l’île d’Aix.
Revenu sur mes pas, j’entre à l’Hôtel Bar Restaurant L’Atelier des Cousins. Installé face à la mer pour un café lecture à un euro quatre-vingt-dix, j’ai à ma droite un couple qui petit-déjeune en faisant le bilan de sa nuit. « On dort bien ici, déclare l’homme, je reviendrai quand même car j’aime bien dormir. »
Perpendiculaire à la mer est une rue à commerces où se trouve un élégant marché couvert. Dans une autre, parallèle à la mer, je trouve un restaurant pour me convenir, dont le nom est L’Effet Mer (eh oui). J’y réserve une table puis, en attendant midi, je retourne au bord de la plage et m’installe sur un banc avec Victor Hugo. Elle avait été fort jolie ; mais elle s’était retirée de bonne heure des prétentions à la beauté. note-t-il à propos de Mme de Castellane qui vient de mourir.
L’Effet Mer propose un menu à seize euros incluant entrée, plat, dessert et café. Sur chaque table est une fiole de gel hydroalcoolique car l’entrée est sous forme de buffet, chaud ou froid. Pour suivre, comme on dit, je choisis la brandade de morue et le tiramisu. Je déjeune à l’intérieur, pas trop près d’un ouvrier. Dans une autre salle sont des habitué(e)s. La cuisine est bonne. La patronne et son serveur aux longs cheveux noués sont agréables et efficaces.
Après ce repas comme j’aime, je retourne lire face à une mer que la marée basse a sérieusement éloignée.
Vers quinze heures, de retour à la Gare, j’échange quelques mots avec le chef de gare puis celui-ci montre à une jeune femme de vingt-deux ans comment acheter un billet à la machine car c’est la première fois de sa vie qu’elle va prendre le train. A l’aller, elle a pris un bus qui a mis quarante minutes pour venir de La Rochelle suite à une manifestation de camionneurs relative au prix de l’essence qui grimpe. Comme elle va faire la saison à Châtelaillon, elle est ravie de savoir qu’il existe une alternative rapide.
Rentré, je trouve un mail du cheminot m’indiquant que ma carte dix voyages est disponible à l’accueil.de la Gare.
*
Un chien qui s’appelle Escarre, j’ai dû mal entendre.
*
Deux femmes dans le parc près de la Gare. L’une à l’autre : « Ce que j’aime bien dans cette région, c’est que c’est toujours apprêté, comme dans le sud de la France. »
*
« Départ à la retraite: quatre astuces pour partir plus tôt sans y perdre » (un article du Figaro, ce journal de gauchistes).
Et dans Le Parisien à propos du Covid long : « Le scénario catastrophe serait d’aboutir à une vague d’infertilité sur Terre » (je verrais plutôt ça comme une chance).
Le trajet est si court que je n’ai pas le temps d’avoir affaire au contrôleur du Téheuherre Nouvelle Aquitaine. L’océan n’est pas loin de la Gare de Châtelaillon. Un jardin public à traverser et j’y suis. Il fait plutôt beau quand je marche sur la promenade côtière rectiligne bordée de villas et d’hôtels pour la plupart fermés. De mignonettes toilettes colorées gratuites sont quant à elles déjà ouvertes et donnent envie d’y aller.
Je marche assez longtemps, jusqu’à atteindre un petit port peu fréquenté puis une de ces cabanes de pêcheurs montées sur pilotis appelées carrelets. Celle-ci est surtout louée pour y passer la nuit face à l’île d’Aix.
Revenu sur mes pas, j’entre à l’Hôtel Bar Restaurant L’Atelier des Cousins. Installé face à la mer pour un café lecture à un euro quatre-vingt-dix, j’ai à ma droite un couple qui petit-déjeune en faisant le bilan de sa nuit. « On dort bien ici, déclare l’homme, je reviendrai quand même car j’aime bien dormir. »
Perpendiculaire à la mer est une rue à commerces où se trouve un élégant marché couvert. Dans une autre, parallèle à la mer, je trouve un restaurant pour me convenir, dont le nom est L’Effet Mer (eh oui). J’y réserve une table puis, en attendant midi, je retourne au bord de la plage et m’installe sur un banc avec Victor Hugo. Elle avait été fort jolie ; mais elle s’était retirée de bonne heure des prétentions à la beauté. note-t-il à propos de Mme de Castellane qui vient de mourir.
L’Effet Mer propose un menu à seize euros incluant entrée, plat, dessert et café. Sur chaque table est une fiole de gel hydroalcoolique car l’entrée est sous forme de buffet, chaud ou froid. Pour suivre, comme on dit, je choisis la brandade de morue et le tiramisu. Je déjeune à l’intérieur, pas trop près d’un ouvrier. Dans une autre salle sont des habitué(e)s. La cuisine est bonne. La patronne et son serveur aux longs cheveux noués sont agréables et efficaces.
Après ce repas comme j’aime, je retourne lire face à une mer que la marée basse a sérieusement éloignée.
Vers quinze heures, de retour à la Gare, j’échange quelques mots avec le chef de gare puis celui-ci montre à une jeune femme de vingt-deux ans comment acheter un billet à la machine car c’est la première fois de sa vie qu’elle va prendre le train. A l’aller, elle a pris un bus qui a mis quarante minutes pour venir de La Rochelle suite à une manifestation de camionneurs relative au prix de l’essence qui grimpe. Comme elle va faire la saison à Châtelaillon, elle est ravie de savoir qu’il existe une alternative rapide.
Rentré, je trouve un mail du cheminot m’indiquant que ma carte dix voyages est disponible à l’accueil.de la Gare.
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Un chien qui s’appelle Escarre, j’ai dû mal entendre.
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Deux femmes dans le parc près de la Gare. L’une à l’autre : « Ce que j’aime bien dans cette région, c’est que c’est toujours apprêté, comme dans le sud de la France. »
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« Départ à la retraite: quatre astuces pour partir plus tôt sans y perdre » (un article du Figaro, ce journal de gauchistes).
Et dans Le Parisien à propos du Covid long : « Le scénario catastrophe serait d’aboutir à une vague d’infertilité sur Terre » (je verrais plutôt ça comme une chance).
21 mars 2022
Ce dimanche, premier jour du printemps, je suis content de trouver de bon matin la briocherie Sicart ouverte au bout du quai du Gabut.
Après mon petit déjeuner détente, je profite du fait que personne n’est dehors pour photographier les deux aspects de ce quartier où je réside temporairement face au bassin des Grands Yachts que les autochtones n’appellent que par son ancien nom : bassin des Chalutiers.
Le temps des bateaux de pêche au centre de La Rochelle est révolu depuis longtemps. D’où la transformation d’une moitié du quartier des pêcheurs en quartier scandinave. L’autre moitié, où des travaux devaient (entre autre) donner naissance à un hôtel cinq étoiles, est restée figée depuis des décennies pour cause de contestation. Une nouvelle « consultation citoyenne » est en cours.
Pour le moment, ce ne sont que bâtiments à demi ruinés couverts de fresques murales colorées selon l’inspiration d’artistes de rue. Hormis l’hommage à Terence Robert, « graffeur rochelais mort d’un accident de bodyboard », toutes sont repassées (comme ils disent) plus ou moins rapidement. Entre ces murs peints on ne trouve qu’un terrain de boules et un panneau de basquette. L’été, le lieu se transforme en friche « festive », comme on en voit partout (à Rouen, elle s’appelle Lucien).
Vers dix heures, je m’installe à la terrasse de L’Amiral Café où je n’ai plus besoin de passer commande pour qu’arrive ce que je désire. Trois quadragénaires s’y lamentent : « Il y a vingt ans ici, le dimanche matin, y avait que de la viande saoule, maintenant y a plus que des joggeurs ». Le soleil tarde à percer et le vent est frais. Néanmoins je lis là Hugo un certain temps.
Le trente et un novembre (sic) mil huit cent quarante-six, il écrit ceci :
L’autre jeudi, à l’Académie, M. Ancelot disait ce quatrain :
« J’ai joué, je ne sais plus où,
Sur un billard d’étrange sorte.
Les billes restent à la porte
Et la queue entre dans le trou. »
Cela faisait rire ceux que le dictionnaire ne faisait pas bâiller.
Quand l’heure du déjeuner approche, j’emprunte la passerelle étroite qui mène au plus court sur le Vieux Port. La foule du dimanche envahît les quais. Il faut peu de temps avant que je me dise « Putain de familles ! ». Les fuyant, j’entre dans le réseau des rues piétonnières intérieures. Vers le marché se trouve un restaurant recommandé par mon Guide du Routard Poitou Charentes deux mille quatorze. Une affichette l’annonce fermé en raison d’un cas contact.
Faute de mieux, je commande un burgueur savoyard au Pub Lutèce où au moins une table est au soleil, la mienne. Je l’attends vingt minutes et ne traîne pas pour le manger. Avec le demi-pichet de cidre brut à la pression, cela fait vingt et un euros dix. Sans tarder, je repasse l’étroite passerelle.
Le Gabut est à La Rochelle ce qu’est le Pollet à Dieppe, un refuge. J’y bois un café à un euro soixante-dix à L’Echo, au soleil, face au phare rouge et aux tours Saint-Nicolas et de la Lanterne, à gauche la friche, à droite un peu cachée par des arbres la Grosse Horloge. Ce troquet de la rue de l'Archimède devrait s’appeler Mieux Ici Qu’En Face.
*
J’ai mis quelques jours à m’en apercevoir : les murs extérieurs de la résidence où se trouve mon studio Air Bibi sont peints en bleu et jaune, les couleurs de l’Ukraine.
*
Ma voisine de L’Echo à sa copine : « J’arrive ici le jeudi soir, le vendredi je fais du tété ». (tété = télétravail)
Cette copine un peu plus tard : « J’ai beau être une petite princesse, aimer mon petit confort, ça me dérange pas de marcher ».
Après mon petit déjeuner détente, je profite du fait que personne n’est dehors pour photographier les deux aspects de ce quartier où je réside temporairement face au bassin des Grands Yachts que les autochtones n’appellent que par son ancien nom : bassin des Chalutiers.
Le temps des bateaux de pêche au centre de La Rochelle est révolu depuis longtemps. D’où la transformation d’une moitié du quartier des pêcheurs en quartier scandinave. L’autre moitié, où des travaux devaient (entre autre) donner naissance à un hôtel cinq étoiles, est restée figée depuis des décennies pour cause de contestation. Une nouvelle « consultation citoyenne » est en cours.
Pour le moment, ce ne sont que bâtiments à demi ruinés couverts de fresques murales colorées selon l’inspiration d’artistes de rue. Hormis l’hommage à Terence Robert, « graffeur rochelais mort d’un accident de bodyboard », toutes sont repassées (comme ils disent) plus ou moins rapidement. Entre ces murs peints on ne trouve qu’un terrain de boules et un panneau de basquette. L’été, le lieu se transforme en friche « festive », comme on en voit partout (à Rouen, elle s’appelle Lucien).
Vers dix heures, je m’installe à la terrasse de L’Amiral Café où je n’ai plus besoin de passer commande pour qu’arrive ce que je désire. Trois quadragénaires s’y lamentent : « Il y a vingt ans ici, le dimanche matin, y avait que de la viande saoule, maintenant y a plus que des joggeurs ». Le soleil tarde à percer et le vent est frais. Néanmoins je lis là Hugo un certain temps.
Le trente et un novembre (sic) mil huit cent quarante-six, il écrit ceci :
L’autre jeudi, à l’Académie, M. Ancelot disait ce quatrain :
« J’ai joué, je ne sais plus où,
Sur un billard d’étrange sorte.
Les billes restent à la porte
Et la queue entre dans le trou. »
Cela faisait rire ceux que le dictionnaire ne faisait pas bâiller.
Quand l’heure du déjeuner approche, j’emprunte la passerelle étroite qui mène au plus court sur le Vieux Port. La foule du dimanche envahît les quais. Il faut peu de temps avant que je me dise « Putain de familles ! ». Les fuyant, j’entre dans le réseau des rues piétonnières intérieures. Vers le marché se trouve un restaurant recommandé par mon Guide du Routard Poitou Charentes deux mille quatorze. Une affichette l’annonce fermé en raison d’un cas contact.
Faute de mieux, je commande un burgueur savoyard au Pub Lutèce où au moins une table est au soleil, la mienne. Je l’attends vingt minutes et ne traîne pas pour le manger. Avec le demi-pichet de cidre brut à la pression, cela fait vingt et un euros dix. Sans tarder, je repasse l’étroite passerelle.
Le Gabut est à La Rochelle ce qu’est le Pollet à Dieppe, un refuge. J’y bois un café à un euro soixante-dix à L’Echo, au soleil, face au phare rouge et aux tours Saint-Nicolas et de la Lanterne, à gauche la friche, à droite un peu cachée par des arbres la Grosse Horloge. Ce troquet de la rue de l'Archimède devrait s’appeler Mieux Ici Qu’En Face.
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J’ai mis quelques jours à m’en apercevoir : les murs extérieurs de la résidence où se trouve mon studio Air Bibi sont peints en bleu et jaune, les couleurs de l’Ukraine.
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Ma voisine de L’Echo à sa copine : « J’arrive ici le jeudi soir, le vendredi je fais du tété ». (tété = télétravail)
Cette copine un peu plus tard : « J’ai beau être une petite princesse, aimer mon petit confort, ça me dérange pas de marcher ».
20 mars 2022
Sept heures vingt-quatre, un horaire de train qui m’est familier. Ce samedi, celui-ci quitte la massive et symétrique Gare de La Rochelle en direction de Bordeaux Saint-Jean. Il longe la mer jusqu’à Châtelaillon, traverse Rochefort et j’en descends à Saintes.
Je marche d’abord jusqu’à l’Abbaye aux Dames, trouve en face d’icelle une petite boulangerie sympathique, descends vers la Charente, la longe de l’Arc de Germanicus à la statue de Bernard de Palissy puis traverse cette paisible rivière. Une jeune femme me signale un café, le Burger Palace. Il n’est pas encore neuf heures, le patron sort ses tables mais j’y suis bien accueilli et bientôt il me sert un allongé à un euro cinquante.
Requinqué, je poursuis ma visite des monuments de la ville. Elle consiste à m’en approcher sans désirer y entrer. D’ailleurs, hormis les lieux de culte, ils sont fermés. De l’église Saint-Eutrope, chef-d’œuvre de l’architecture romane, je ne m’approche même pas, isolée qu’elle est sur une butte lointaine. Je la considère de la terrasse de l’ancien hôpital qui offre également une belle vue sur les toits de tuiles roses et l’ébouriffant clocher de la Cathédrale Saint-Pierre.
Au pied de cette Cathédrale s’étale un marché où certains distribuent des tracts pour Macron que personne ne veut prendre. Une passerelle me permet de repasser sur l’autre rive. Là, place Bassompierre, est un Marché aux Livres hebdomadaire composé de six bouquinistes dont l’un n’a pas encore déballé. Ceux qui ne vendent pas de la daube pratiquent des prix rédhibitoires.
Revenu côté Cathédrale, je m’installe à une table au soleil sur une terrasse dominant la Charente. Des gens du marché tiennent là un café temporaire. La serveuse porte un ticheurte jaune « Le plus beau des marchés de France est à Saintes ». Avec le Cul Air Code qu’elle a dans le dos, on peut voter afin que ce marché Saint-Pierre gagne la compétition cette année. Mon café bu (un euro quarante), je reste longtemps à lire Choses vues en ce dernier jour de l’hiver.
Dans les rues piétonnières je déniche le restaurant qu’il me faut. Il a nom Le Procopio et propose un menu à quinze euros quatre-vingt-dix, quart de vin inclus. J’y réserve une table puis me balade encore un peu, croisant un groupe d’adeptes de la poésie en pleine déclamation. C’est le Printemps des Poètes. Une femme tente de m’arrêter pour que j’écoute. Je préfère aller voir le Palais de Justice.
A midi, je découvre que Le Procopio dispose d’une seconde terrasse dans la cour d’un beau bâtiment en face. Voilà qui me ravit. J’y choisis une table isolée. J’opte pour le flan d’aubergine à l’italienne et la paella de la mer. Un peu plus loin est un jeune prof qui offre un repas en amoureux à sa copine. Pour son malheur arrivent à la table voisine l’un de ses collègues et sa femme.
Après mon dessert, un entremets fraise basilic, je rejoins le Burger Palace pour le café. Des commerçantes y mangent, qui se plaignent de ne voir personne. « Remarque, dit l’une, c’est la fin du mois ». « La fin du mois ? lui répond l’autre, on est le dix-neuf ». Je lis Hugo jusqu’à ce qu’il soit l’heure de retourner à la Gare.
Quand j’y suis, j’apprends que le train pour La Rochelle Ville aura trente-cinq minutes de retard en raison d’une intervention des forces de l’ordre à la Gare de Jonzac.
*
Outre Bernard de Palissy qui y a œuvré, Saintes a pour connu (il y est né) le docteur Guillotin.
*
Sur un panneau d’affichage de la Gare de La Rochelle, je vois le nom de La Crèche, un village près de Niort.
Souvenir de la prune que j’y pris pour l’avoir traversé avec ma petite Cent Six blanche à cent six kilomètres heure, au lieu de soixante-dix. « Heureusement que tu n’as pas une Deux Cent Cinq », m’avait dit mon beauf.
Une photo où je suis bien visible avec celle qui m’accompagnait, témoigne de l’évènement. Envoyée à ma demande par la Police.
Je marche d’abord jusqu’à l’Abbaye aux Dames, trouve en face d’icelle une petite boulangerie sympathique, descends vers la Charente, la longe de l’Arc de Germanicus à la statue de Bernard de Palissy puis traverse cette paisible rivière. Une jeune femme me signale un café, le Burger Palace. Il n’est pas encore neuf heures, le patron sort ses tables mais j’y suis bien accueilli et bientôt il me sert un allongé à un euro cinquante.
Requinqué, je poursuis ma visite des monuments de la ville. Elle consiste à m’en approcher sans désirer y entrer. D’ailleurs, hormis les lieux de culte, ils sont fermés. De l’église Saint-Eutrope, chef-d’œuvre de l’architecture romane, je ne m’approche même pas, isolée qu’elle est sur une butte lointaine. Je la considère de la terrasse de l’ancien hôpital qui offre également une belle vue sur les toits de tuiles roses et l’ébouriffant clocher de la Cathédrale Saint-Pierre.
Au pied de cette Cathédrale s’étale un marché où certains distribuent des tracts pour Macron que personne ne veut prendre. Une passerelle me permet de repasser sur l’autre rive. Là, place Bassompierre, est un Marché aux Livres hebdomadaire composé de six bouquinistes dont l’un n’a pas encore déballé. Ceux qui ne vendent pas de la daube pratiquent des prix rédhibitoires.
Revenu côté Cathédrale, je m’installe à une table au soleil sur une terrasse dominant la Charente. Des gens du marché tiennent là un café temporaire. La serveuse porte un ticheurte jaune « Le plus beau des marchés de France est à Saintes ». Avec le Cul Air Code qu’elle a dans le dos, on peut voter afin que ce marché Saint-Pierre gagne la compétition cette année. Mon café bu (un euro quarante), je reste longtemps à lire Choses vues en ce dernier jour de l’hiver.
Dans les rues piétonnières je déniche le restaurant qu’il me faut. Il a nom Le Procopio et propose un menu à quinze euros quatre-vingt-dix, quart de vin inclus. J’y réserve une table puis me balade encore un peu, croisant un groupe d’adeptes de la poésie en pleine déclamation. C’est le Printemps des Poètes. Une femme tente de m’arrêter pour que j’écoute. Je préfère aller voir le Palais de Justice.
A midi, je découvre que Le Procopio dispose d’une seconde terrasse dans la cour d’un beau bâtiment en face. Voilà qui me ravit. J’y choisis une table isolée. J’opte pour le flan d’aubergine à l’italienne et la paella de la mer. Un peu plus loin est un jeune prof qui offre un repas en amoureux à sa copine. Pour son malheur arrivent à la table voisine l’un de ses collègues et sa femme.
Après mon dessert, un entremets fraise basilic, je rejoins le Burger Palace pour le café. Des commerçantes y mangent, qui se plaignent de ne voir personne. « Remarque, dit l’une, c’est la fin du mois ». « La fin du mois ? lui répond l’autre, on est le dix-neuf ». Je lis Hugo jusqu’à ce qu’il soit l’heure de retourner à la Gare.
Quand j’y suis, j’apprends que le train pour La Rochelle Ville aura trente-cinq minutes de retard en raison d’une intervention des forces de l’ordre à la Gare de Jonzac.
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Outre Bernard de Palissy qui y a œuvré, Saintes a pour connu (il y est né) le docteur Guillotin.
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Sur un panneau d’affichage de la Gare de La Rochelle, je vois le nom de La Crèche, un village près de Niort.
Souvenir de la prune que j’y pris pour l’avoir traversé avec ma petite Cent Six blanche à cent six kilomètres heure, au lieu de soixante-dix. « Heureusement que tu n’as pas une Deux Cent Cinq », m’avait dit mon beauf.
Une photo où je suis bien visible avec celle qui m’accompagnait, témoigne de l’évènement. Envoyée à ma demande par la Police.
19 mars 2022
Ce vendredi matin, je choisis la briocherie Sicart, au Gabut, quai de la Georgette, pour un « petit-déjeuner détente » à quatre euros vingt (deux viennoiseries, un grand café, un jus d’orange) puis je me mets en marche.
Aquarium, Musée Maritime, Université, et me voici au bout de trois kilomètres à la pointe des Minimes où se trouve les pieds dans l’océan la réplique du Phare du Bout du Monde de Patagonie.
Ce dernier était détruit mais ses vestiges ont été retrouvés par André Bronner, dit Yul Vernes, un aventurier rochelais qui a décidé de le faire reconstruire à l’identique en mil neuf cent quatre-vingt-quatorze puis d'en ériger, en mer et sur pilotis, une copie à La Rochelle face à la pointe des Minimes. Cette dernière a été inaugurée le premier janvier deux mille. Ce phare en bois de forme octogonale projette à vingt-sept kilomètres la lumière produite par sept lampes fonctionnant à l'huile de colza, mais à cette heure il est éteint, contrairement aux deux phares érigés dans la ville de La Rochelle qui eux fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Que peut-on faire quand on est arrivé là ? Les trois kilomètres dans l’autre sens jusqu’à L’Amiral Café où je récupère à l’abri d’un vent froid qui souffle de plus en plus fort.
A midi, le temps ne me permet pas de déjeuner dehors. Je choisis de me sustenter chez Cuisine Yuri, un restaurant japonais du quai de Marans, dont le menu à volonté est à douze euros quatre-vingts.
Puis je poursuis ma lecture de Choses vues sous un pâle soleil au Bistro du Gabut où je fais maintenant figure d’habitué. Lire, c’est voyager ; voyager, c’est lire. écrit Victor Hugo.
*
Je ne sais qui était cette Georgette du quai du Gabut, un bateau sans doute. Ce prénom ne m’est pas indifférent. C’était celui de ma mère, celui d’usage, car le vrai, jamais employé, était Jeanne.
Son père, mort bien avant ma naissance, voulait un garçon, qu’il aurait prénommé Georges, d’où ce Georgette dont il gratifia sa fille Jeanne.
Aquarium, Musée Maritime, Université, et me voici au bout de trois kilomètres à la pointe des Minimes où se trouve les pieds dans l’océan la réplique du Phare du Bout du Monde de Patagonie.
Ce dernier était détruit mais ses vestiges ont été retrouvés par André Bronner, dit Yul Vernes, un aventurier rochelais qui a décidé de le faire reconstruire à l’identique en mil neuf cent quatre-vingt-quatorze puis d'en ériger, en mer et sur pilotis, une copie à La Rochelle face à la pointe des Minimes. Cette dernière a été inaugurée le premier janvier deux mille. Ce phare en bois de forme octogonale projette à vingt-sept kilomètres la lumière produite par sept lampes fonctionnant à l'huile de colza, mais à cette heure il est éteint, contrairement aux deux phares érigés dans la ville de La Rochelle qui eux fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Que peut-on faire quand on est arrivé là ? Les trois kilomètres dans l’autre sens jusqu’à L’Amiral Café où je récupère à l’abri d’un vent froid qui souffle de plus en plus fort.
A midi, le temps ne me permet pas de déjeuner dehors. Je choisis de me sustenter chez Cuisine Yuri, un restaurant japonais du quai de Marans, dont le menu à volonté est à douze euros quatre-vingts.
Puis je poursuis ma lecture de Choses vues sous un pâle soleil au Bistro du Gabut où je fais maintenant figure d’habitué. Lire, c’est voyager ; voyager, c’est lire. écrit Victor Hugo.
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Je ne sais qui était cette Georgette du quai du Gabut, un bateau sans doute. Ce prénom ne m’est pas indifférent. C’était celui de ma mère, celui d’usage, car le vrai, jamais employé, était Jeanne.
Son père, mort bien avant ma naissance, voulait un garçon, qu’il aurait prénommé Georges, d’où ce Georgette dont il gratifia sa fille Jeanne.
18 mars 2022
Ce jeudi c’est au Pazza Notté, quai Duperré, face aux deux tours d’entrée du Vieux Port parfois cachées par les camions du chantier de voirie voisin que je bois mon allongé du matin. Il est au même prix qu’à la Grand’ Rive, deux euros dix.
Cela fait, je me dirige vers cette entrée de port, passe près de la tour de la Chaîne, grimpe les marches pour atteindre la rue Sur Les Murs qui mène à la troisième tour, nommée de la Lanterne et dite des Quatre Sergents, poursuis le long de la mer par la porte des Deux Moulins et arrive à la plage de la Concurrence. En face c’est le port de plaisance des Minimes. Au loin dans la brume un cargo fait son chemin. Je continue par les allées du Mail puis par l’allée Aimé Césaire jusqu’à ce que je me heurte à des maisons cossues sous surveillance électronique. Ces riches qui ont privatisé le bord de mer me dissuadent d’aller plus loin.
Je fais demi-tour et reviens tranquillement vers mon point de départ, découvrant au passage près de la tour de la Chaîne une courte promenade qui porte le nom de « Balade Jean-Louis Foulquier ».
Le Vieux Port contourné pour revenir au Gabut, je bois un café à L’Amiral Café alors que souffle un vent trop frais. Dans le bassin, suite à une petite pluie hier au soir, certains grands yachts sont à nouveau couverts de sable orangé venu du Sahara. J’ai un peu froid pendant ma lecture de Choses vues.
C’est pire à midi. Bien qu’abrité du vent, je me pèle lorsque je déjeune quai Duperré à la terrasse du Cham, une gargote à touristes dont la formule plat dessert est à seize euros quatre-vingt-dix. Une jeune serveuse gentillette m’apporte sa cuisse de canard et le patron se charge du tiramisu tout en discutant avec un buveur de bière. « Je suis journaliste parallèlement », lui dit-il. Ce restaurateur fait des intervious aux avant-premières de cinéma et aux Francofolies pour une télé du ouaibe. Il a déjà été en soirée avec Orelsan et il a déjà discuté avec Angèle, les deux têtes d’affiche de cette année. Il est catégorique, pour elle, ça ne va pas durer.
Frigorifié, je rentre à mon studio provisoire où la télé m’informe des dernières atrocités commises par cette ordure de Poutine.
Vers quinze heures, je ressors pour boire un café au Bistrot du Gabut. Dans Choses vues, j’en suis à l’année mil huit cent quarante-trois. Le jeudi sept septembre, Victor Hugo est avec Juliette Drouet à Rochefort. En attendant la diligence pour La Rochelle, il ouvre un journal au Café de l’Europe et y apprend la noyade de Léopoldine. A leur arrivée à La Rochelle, ils prennent une chambre à l’Hôtel de France rue Gargoulleau. Cette rue qui mène au marché est parallèle à la rue du Collège.
Cela fait, je me dirige vers cette entrée de port, passe près de la tour de la Chaîne, grimpe les marches pour atteindre la rue Sur Les Murs qui mène à la troisième tour, nommée de la Lanterne et dite des Quatre Sergents, poursuis le long de la mer par la porte des Deux Moulins et arrive à la plage de la Concurrence. En face c’est le port de plaisance des Minimes. Au loin dans la brume un cargo fait son chemin. Je continue par les allées du Mail puis par l’allée Aimé Césaire jusqu’à ce que je me heurte à des maisons cossues sous surveillance électronique. Ces riches qui ont privatisé le bord de mer me dissuadent d’aller plus loin.
Je fais demi-tour et reviens tranquillement vers mon point de départ, découvrant au passage près de la tour de la Chaîne une courte promenade qui porte le nom de « Balade Jean-Louis Foulquier ».
Le Vieux Port contourné pour revenir au Gabut, je bois un café à L’Amiral Café alors que souffle un vent trop frais. Dans le bassin, suite à une petite pluie hier au soir, certains grands yachts sont à nouveau couverts de sable orangé venu du Sahara. J’ai un peu froid pendant ma lecture de Choses vues.
C’est pire à midi. Bien qu’abrité du vent, je me pèle lorsque je déjeune quai Duperré à la terrasse du Cham, une gargote à touristes dont la formule plat dessert est à seize euros quatre-vingt-dix. Une jeune serveuse gentillette m’apporte sa cuisse de canard et le patron se charge du tiramisu tout en discutant avec un buveur de bière. « Je suis journaliste parallèlement », lui dit-il. Ce restaurateur fait des intervious aux avant-premières de cinéma et aux Francofolies pour une télé du ouaibe. Il a déjà été en soirée avec Orelsan et il a déjà discuté avec Angèle, les deux têtes d’affiche de cette année. Il est catégorique, pour elle, ça ne va pas durer.
Frigorifié, je rentre à mon studio provisoire où la télé m’informe des dernières atrocités commises par cette ordure de Poutine.
Vers quinze heures, je ressors pour boire un café au Bistrot du Gabut. Dans Choses vues, j’en suis à l’année mil huit cent quarante-trois. Le jeudi sept septembre, Victor Hugo est avec Juliette Drouet à Rochefort. En attendant la diligence pour La Rochelle, il ouvre un journal au Café de l’Europe et y apprend la noyade de Léopoldine. A leur arrivée à La Rochelle, ils prennent une chambre à l’Hôtel de France rue Gargoulleau. Cette rue qui mène au marché est parallèle à la rue du Collège.
17 mars 2022
Après une première nuit calme au Gabut, je constate qu’à La Rochelle boulangeries et cafés ne sont pas aussi matinaux qu’à Nice. Quand même je réussis à acheter des viennoiseries plus ou moins artisanales et les mange avec un allongé à deux euros dix à la terrasse de la Grand’ Rive quai Duperré, face au Vieux Port où ne sont garés que des petits voiliers, cela sous un ciel gris, dans une fraîcheur un peu ventée.
Vers neuf heures, je passe sous la Grosse Horloge et remonte la belle rue à arcades jusqu’à la place de Verdun où se trouve la Maison de la Mobilité. J’y achète des cartes dix voyages, une pour l’agglomération (onze euros), une pour la région proche (dix-huit euros quarante).
Cette place est proche de la rue du Collège. Je la prends jusqu’au numéro vingt-six. C’est dans ce petit immeuble blanc qu’a vécu et est mort, il y a presque vingt-sept ans, Frère Jacques.
De retour dans le quartier du Gabut, je lis Choses vues jusqu’à midi en terrasse à l’Amiral Café puis à midi trouve place à la petite terrasse d’avant saison du Café du Nord « depuis mil huit cent soixante-deux ». J’opte pour l’assiette de crevettes aïoli gravelax de saumon, le filet mignon de cochon à la moutarde à l’ancienne avec écrasé de pommes de terre et la carafe d’eau. C’est plutôt bon et ça fait seize euros quatre-vingt-dix.
La Rochelle est la ville la plus ensoleillée de France après celles de Méditerranée mais ce jour le rond jaune n’arrive pas à percer les nuages chargés de sable du Sahara. Il fait frais, presque froid, quand je prends un café à un euro soixante en lisant Hugo au Bistrot du Gabut qui jouxte l’Amiral Café. A la table voisine sont deux femmes quinquagénaires. L’une parle du livre « coup de cœur de la Médiathèque » : « C’est un Suédois qui a fait une erreur médicale et qui est parti se réfugier dans une petite ile de là-bas ». L’autre évoque sa fille qui a failli appeler son garçon Wenceslas : « T’imagines si Josserand s’était appelé Wenceslas ? » Je n’en crois pas mes oreilles.
*
Deux points communs entre Quimper et La Rochelle : carence de boulangeries, abondance de zonards.
Vers neuf heures, je passe sous la Grosse Horloge et remonte la belle rue à arcades jusqu’à la place de Verdun où se trouve la Maison de la Mobilité. J’y achète des cartes dix voyages, une pour l’agglomération (onze euros), une pour la région proche (dix-huit euros quarante).
Cette place est proche de la rue du Collège. Je la prends jusqu’au numéro vingt-six. C’est dans ce petit immeuble blanc qu’a vécu et est mort, il y a presque vingt-sept ans, Frère Jacques.
De retour dans le quartier du Gabut, je lis Choses vues jusqu’à midi en terrasse à l’Amiral Café puis à midi trouve place à la petite terrasse d’avant saison du Café du Nord « depuis mil huit cent soixante-deux ». J’opte pour l’assiette de crevettes aïoli gravelax de saumon, le filet mignon de cochon à la moutarde à l’ancienne avec écrasé de pommes de terre et la carafe d’eau. C’est plutôt bon et ça fait seize euros quatre-vingt-dix.
La Rochelle est la ville la plus ensoleillée de France après celles de Méditerranée mais ce jour le rond jaune n’arrive pas à percer les nuages chargés de sable du Sahara. Il fait frais, presque froid, quand je prends un café à un euro soixante en lisant Hugo au Bistrot du Gabut qui jouxte l’Amiral Café. A la table voisine sont deux femmes quinquagénaires. L’une parle du livre « coup de cœur de la Médiathèque » : « C’est un Suédois qui a fait une erreur médicale et qui est parti se réfugier dans une petite ile de là-bas ». L’autre évoque sa fille qui a failli appeler son garçon Wenceslas : « T’imagines si Josserand s’était appelé Wenceslas ? » Je n’en crois pas mes oreilles.
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Deux points communs entre Quimper et La Rochelle : carence de boulangeries, abondance de zonards.
16 mars 2022
Lever à quatre heures ce mardi matin, il s’agit de ne pas manquer le premier train pour Paris, le six heures quinze qui me rassure en étant ponctuel au départ et à l’arrivée. Le métro de la ligne Treize que je craignais bondé ne l’est pas du tout. Il me permet de rejoindre la Gare Montparnasse où j’attends que soit affiché le Tégévé de neuf heures quinze pour La Rochelle Ville.
Lui aussi part au moment prévu et avec peu de monde. Il se traîne mais c’est normal. Christophe est notre chef de bord. Pascal est notre conducteur. J’ignore le prénom de ma voisine, une demoiselle tranquille (Guy de Maupassant dans la nouvelle Ce cochon de Morin raconte l’histoire de ce mercier arrêté pour « outrage aux bonnes mœurs » car il a embrassé de force une jeune fille dans un train faisant le trajet Paris La Rochelle.) La grisaille et la monotonie du paysage ne donne pas envie de regarder par la fenêtre. Cela manque d’éoliennes. A partir de Saint-Maixent-l’Ecole, le soleil cherche à percer le ciel bas et un peu jaune mais n’y parvient pas.
De la Gare de La Rochelle j’ai peu à marcher pour rejoindre mon studio Air Bibi situé dans le quartier du Gabut où les maisons de pêcheurs ont été remplacées dans les années quatre-vingt-dix par des maisons colorées en bois reliées par des passerelles. Cela veut évoquer les pays scandinaves. Il est treize heures. La boîte à clé s’ouvre sans problème. Me voici provisoirement logé quai Georges Simenon, pas loin du Vieux Port, au premier étage. Ma fenêtre donne sur le Bassin des Grands Yachts.
Mon bagage posé, je redescends sur le quai et déjeune au plus près, à la terrasse du Safran, de moules marinières frites avec un quart de vin blanc pour dix-neuf euros. « Le temps est couvert mais c’est agréable quand même », déclare une des onze jeunes femmes de la table voisine (c’est l’anniversaire de Karine). Un vieux couple est à ma droite, lui ne comprend rien à ce que met leur petite-fille anorexique sur Effe Bé, « J’écoute l’oiseau qui luit » ça veut dire quoi ? C’est de la poésie, lui répond-elle.
A l’issue de ce bref repas, je passe à l’Office de Tourisme au bout du quai puis me balade succinctement jusqu’aux deux tours bien connues avant de revenir vers mon nouveau chez moi. Sous ma fenêtre sont deux troquets, dont L’Amiral Café à la terrasse duquel je commence une relecture du premier volume de Choses vues de Victor Hugo dans l’édition Folio. Le café est à un euro soixante-dix et la clientèle locale.
Parmi les choses entendues : « C’est une gastroentérite qu’elle a ma mère, j’ai préparé une cuvette le long du lit. » « T’as vu le sable du Sahara partout ce matin, le con y croyait que c’était du souffre envoyé par Poutine. » « C’est sûr, l’ectricité va encore augmenter. » « J’suis plus près des quatre planches que d’la poussette. »
*
Souventes fois je suis venu à La Rochelle. Bien accompagné ou seul. Aussi quand mon frère Jacques y est mort.
Lui aussi part au moment prévu et avec peu de monde. Il se traîne mais c’est normal. Christophe est notre chef de bord. Pascal est notre conducteur. J’ignore le prénom de ma voisine, une demoiselle tranquille (Guy de Maupassant dans la nouvelle Ce cochon de Morin raconte l’histoire de ce mercier arrêté pour « outrage aux bonnes mœurs » car il a embrassé de force une jeune fille dans un train faisant le trajet Paris La Rochelle.) La grisaille et la monotonie du paysage ne donne pas envie de regarder par la fenêtre. Cela manque d’éoliennes. A partir de Saint-Maixent-l’Ecole, le soleil cherche à percer le ciel bas et un peu jaune mais n’y parvient pas.
De la Gare de La Rochelle j’ai peu à marcher pour rejoindre mon studio Air Bibi situé dans le quartier du Gabut où les maisons de pêcheurs ont été remplacées dans les années quatre-vingt-dix par des maisons colorées en bois reliées par des passerelles. Cela veut évoquer les pays scandinaves. Il est treize heures. La boîte à clé s’ouvre sans problème. Me voici provisoirement logé quai Georges Simenon, pas loin du Vieux Port, au premier étage. Ma fenêtre donne sur le Bassin des Grands Yachts.
Mon bagage posé, je redescends sur le quai et déjeune au plus près, à la terrasse du Safran, de moules marinières frites avec un quart de vin blanc pour dix-neuf euros. « Le temps est couvert mais c’est agréable quand même », déclare une des onze jeunes femmes de la table voisine (c’est l’anniversaire de Karine). Un vieux couple est à ma droite, lui ne comprend rien à ce que met leur petite-fille anorexique sur Effe Bé, « J’écoute l’oiseau qui luit » ça veut dire quoi ? C’est de la poésie, lui répond-elle.
A l’issue de ce bref repas, je passe à l’Office de Tourisme au bout du quai puis me balade succinctement jusqu’aux deux tours bien connues avant de revenir vers mon nouveau chez moi. Sous ma fenêtre sont deux troquets, dont L’Amiral Café à la terrasse duquel je commence une relecture du premier volume de Choses vues de Victor Hugo dans l’édition Folio. Le café est à un euro soixante-dix et la clientèle locale.
Parmi les choses entendues : « C’est une gastroentérite qu’elle a ma mère, j’ai préparé une cuvette le long du lit. » « T’as vu le sable du Sahara partout ce matin, le con y croyait que c’était du souffre envoyé par Poutine. » « C’est sûr, l’ectricité va encore augmenter. » « J’suis plus près des quatre planches que d’la poussette. »
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Souventes fois je suis venu à La Rochelle. Bien accompagné ou seul. Aussi quand mon frère Jacques y est mort.
14 mars 2022
Ce lundi est le jour de l’abandon du passe vaccinal et du masque (sauf dans les transports). Est-ce bien raisonnable ? Déjà ce masque n’était plus de mise dans les lieux de stagnation collective (cinémas, théâtres, etc.). C’est sans doute une coïncidence mais le taux d’incidence remonte depuis une semaine, et sérieusement.
Parmi les nouveaux malades du Covid, ma sœur et mon beauf, dont la vie est plus sédentaire et tranquille que la mienne. Pas de bars, pas de restaurants, pas de librairies, pas de bus, de trains ou de métros pour eux et ils n’ont reçu personne ces derniers temps. Hormis pour faire des courses, ils ne sont sortis que pour aller à un rendez-vous hospitalier.
Ce n’est pas de nature à me faire remiser le masque. Je vais continuer à le porter à l’intérieur. Quant au passe vaccinal, je garde le mien en poche et en mets une copie dans ma valise. Afin de n’être pas hors-jeu s’il venait à être réactivé dans les semaines à venir.
*
Une quatrième dose de vaccin pour les plus de quatre-vingt ans. Une nouveauté à laquelle je n’ai donc pas droit (pas assez vieux).
Depuis le début de la guerre du Covid, je suis dans la mauvaise cohorte. Pas eu le droit d’être vacciné parmi les premiers. Pas eu le droit à autre chose qu’à AstraZeneca pour les deux premières doses. Pas eu le droit à la troisième avant que se soient écoulés six mois, alors que pour les suivants ce fut cinq mois, puis quatre mois, puis trois mois.
Parmi les nouveaux malades du Covid, ma sœur et mon beauf, dont la vie est plus sédentaire et tranquille que la mienne. Pas de bars, pas de restaurants, pas de librairies, pas de bus, de trains ou de métros pour eux et ils n’ont reçu personne ces derniers temps. Hormis pour faire des courses, ils ne sont sortis que pour aller à un rendez-vous hospitalier.
Ce n’est pas de nature à me faire remiser le masque. Je vais continuer à le porter à l’intérieur. Quant au passe vaccinal, je garde le mien en poche et en mets une copie dans ma valise. Afin de n’être pas hors-jeu s’il venait à être réactivé dans les semaines à venir.
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Une quatrième dose de vaccin pour les plus de quatre-vingt ans. Une nouveauté à laquelle je n’ai donc pas droit (pas assez vieux).
Depuis le début de la guerre du Covid, je suis dans la mauvaise cohorte. Pas eu le droit d’être vacciné parmi les premiers. Pas eu le droit à autre chose qu’à AstraZeneca pour les deux premières doses. Pas eu le droit à la troisième avant que se soient écoulés six mois, alors que pour les suivants ce fut cinq mois, puis quatre mois, puis trois mois.
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