Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
2 mai 2022
Ce dimanche premier mai, je monte à la Gare afin d’éditer mes prochains billets de train pour Paris. Ceux-ci se présentent sous forme de facturettes dotées d’un Cul Air Code.
Ne voilà-t-il pas que l’automate devient fou et crache à nouveau les billets déjà imprimés, puis recommence, et recommence…
Je ne sais que faire face à cet automate stakhanoviste, ne pouvant demander de l’aide à un cheminot, il n’y en a aucun dans la Gare en ce jour de Fête du Travail. Vais-je devoir attendre que la réserve de papier s’épuise ?
Quand même, au bout de cinq cycles, la machine ouvre une fenêtre où elle avoue son dysfonctionnement et me propose de cliquer sur « Revenir à l’accueil » pour interrompre le processus.
Je ressors de la Gare avec ma liasse de billets dans la poche et me rends place du Vieux au Café de la Ville, le seul endroit parmi les rares ouverts où il soit possible de boire un café au soleil en ce début d’après-midi.
Son prix est totalement exagéré, deux euros vingt, alors que ce troquet est quelconque, à peine propre à l’intérieur, et son personnel composé de serveurs des plus vulgaires qui en plus poussent à la consommation. A quatorze heures, ils essaient encore de fourguer les croissants du matin. Bien entendu, le verre d’eau que j’ai commandé avec le café n’arrivera jamais.
Je n’ai donc aucun scrupule à bloquer longuement une table pour lire Sténo sauvage - La vie et la mort d'Isaac Babel de Jerome Charyn (Mercure de France), ma lecture de bar du moment.
*
Lecture de banc : L’énorme Dossier H des Editions L’Age d’Homme consacré à Dominique de Roux, le créateur des Cahiers de l’Herne dont il fut dépossédé. Un exemplaire payé dix euros à l’un des bouquinistes du marché du Clos Saint-Marc.
Lecture de lit : Ma vie secrète d’un anonyme anglais (Stock), le récit très obscène de la vie sexuelle d’un gentilhomme de l’époque victorienne par lui-même, dont je suis allé chercher le cinquième et dernier volume, acheté via Rakuten chez Gibert au prix de quatre euros cinquante, plus deux euros quarante-huit de frais d’envoi par Mondial Relay, rue de la Champmeslé, au sexe-chope Espace Carré Blanc.
Ne voilà-t-il pas que l’automate devient fou et crache à nouveau les billets déjà imprimés, puis recommence, et recommence…
Je ne sais que faire face à cet automate stakhanoviste, ne pouvant demander de l’aide à un cheminot, il n’y en a aucun dans la Gare en ce jour de Fête du Travail. Vais-je devoir attendre que la réserve de papier s’épuise ?
Quand même, au bout de cinq cycles, la machine ouvre une fenêtre où elle avoue son dysfonctionnement et me propose de cliquer sur « Revenir à l’accueil » pour interrompre le processus.
Je ressors de la Gare avec ma liasse de billets dans la poche et me rends place du Vieux au Café de la Ville, le seul endroit parmi les rares ouverts où il soit possible de boire un café au soleil en ce début d’après-midi.
Son prix est totalement exagéré, deux euros vingt, alors que ce troquet est quelconque, à peine propre à l’intérieur, et son personnel composé de serveurs des plus vulgaires qui en plus poussent à la consommation. A quatorze heures, ils essaient encore de fourguer les croissants du matin. Bien entendu, le verre d’eau que j’ai commandé avec le café n’arrivera jamais.
Je n’ai donc aucun scrupule à bloquer longuement une table pour lire Sténo sauvage - La vie et la mort d'Isaac Babel de Jerome Charyn (Mercure de France), ma lecture de bar du moment.
*
Lecture de banc : L’énorme Dossier H des Editions L’Age d’Homme consacré à Dominique de Roux, le créateur des Cahiers de l’Herne dont il fut dépossédé. Un exemplaire payé dix euros à l’un des bouquinistes du marché du Clos Saint-Marc.
Lecture de lit : Ma vie secrète d’un anonyme anglais (Stock), le récit très obscène de la vie sexuelle d’un gentilhomme de l’époque victorienne par lui-même, dont je suis allé chercher le cinquième et dernier volume, acheté via Rakuten chez Gibert au prix de quatre euros cinquante, plus deux euros quarante-huit de frais d’envoi par Mondial Relay, rue de la Champmeslé, au sexe-chope Espace Carré Blanc.
1er mai 2022
Ce samedi à dix-sept heures, le musicien Philippe Davenet est l’invité d’une association culturelle que je ne connais pas dans la salle municipale de l’ancien Couvent des Pénitents à la Croix de Pierre et comme j’ai gardé un excellent souvenir du concert d’août deux mille quinze où il accompagnait Gul de Boa en plein air au monument de la Jeanne à Bonsecours, j’y cours, après avoir réservé car le nombre de chaises est limité à une trentaine.
Nonobstant, je préfère garder mon masque comme deux ou trois autres. Il n’y a pratiquement que des vieux et des vieilles ici, dont une qui vient me voir, la grand-mère d’une de mes anciennes élèves de moyenne section de l’école maternelle Georges Pompidou de Bois-Guillaume, laquelle a désormais vingt-quatre ans et est dans l’évènementiel à Lille. Vingt ans ont passé depuis que je lui ai dit au revoir à la fin de l’année scolaire. Je m’en souviens bien car elle fut la seule à me dire à sa façon que cet au revoir était un adieu.
Philippe Davenet est là pour raconter sa vie et présenter son dernier disque. Je ne sais rien de lui, hormis qu’il a été l’accompagnateur d’Anne Sylvestre sur disque et sur scène pendant des lustres. J’ai entendu celle-ci s’en féliciter un jour sur France Culture.
Interrogé par le responsable de l’association invitante, le musicien répond avec l’humour qui le caractérise. J’apprends qu’il a été le pianiste de la Comédie Française durant dix-sept ans. Avec celle-ci il a parcouru le monde. Un jour, en Australie, sur un bateau restaurant, un homme accompagné d’une splendide créature vint s’asseoir à sa droite pour parler musique avec lui. Vu son niveau d’anglais, il ne put lui répondre que des Yes de temps en temps. Quand cet homme partit, le patron du lieu lui demanda s’il savait à qui il avait parlé. Il dut avouer que non. C’était Mick Jagger.
Entre deux questions réponses, Philippe Davenet joue Gounod, Lulli, Erik Satie, Anne Sylvestre et enfin une pièce d’un compositeur ukrainien dont je ne retiens pas le nom. Brusquement, après une petite heure, le questionneur annonce que c’est la fin. Dommage, j’en aurais bien écouté davantage.
Du vin de cubi est offert dans des gobelets en plastique, accompagné de chips et de cacahuètes. Le disque de l’invité est proposé à l’achat. Je m’en exempte. Je sais qu’il rejoindrait ceux achetés dans des circonstances identiques et que je n’ai jamais écoutés.
*
Anecdote : lors d’une tournée avec Anne Sylvestre, un moutard vient la voir et lui dit :
-Tu as le même nom que mon école.
*
Philippe Davenet fut également professeur de piano dans un ranch au Texas : « Ça n’a pas duré longtemps, trop de poussière ».
*
Un bel endroit que ce Couvent des Pénitents qui fut aussi prison, lycée et Agence Régionale de l'Environnement de Haute-Normandie, avant d’être vendu au privé en deux mille douze, la ville en gardant un petit bout comme Maison de Quartier. On trouve là des logements et un bureau du Crédit à Bricoles réservé aux médecins.
Nonobstant, je préfère garder mon masque comme deux ou trois autres. Il n’y a pratiquement que des vieux et des vieilles ici, dont une qui vient me voir, la grand-mère d’une de mes anciennes élèves de moyenne section de l’école maternelle Georges Pompidou de Bois-Guillaume, laquelle a désormais vingt-quatre ans et est dans l’évènementiel à Lille. Vingt ans ont passé depuis que je lui ai dit au revoir à la fin de l’année scolaire. Je m’en souviens bien car elle fut la seule à me dire à sa façon que cet au revoir était un adieu.
Philippe Davenet est là pour raconter sa vie et présenter son dernier disque. Je ne sais rien de lui, hormis qu’il a été l’accompagnateur d’Anne Sylvestre sur disque et sur scène pendant des lustres. J’ai entendu celle-ci s’en féliciter un jour sur France Culture.
Interrogé par le responsable de l’association invitante, le musicien répond avec l’humour qui le caractérise. J’apprends qu’il a été le pianiste de la Comédie Française durant dix-sept ans. Avec celle-ci il a parcouru le monde. Un jour, en Australie, sur un bateau restaurant, un homme accompagné d’une splendide créature vint s’asseoir à sa droite pour parler musique avec lui. Vu son niveau d’anglais, il ne put lui répondre que des Yes de temps en temps. Quand cet homme partit, le patron du lieu lui demanda s’il savait à qui il avait parlé. Il dut avouer que non. C’était Mick Jagger.
Entre deux questions réponses, Philippe Davenet joue Gounod, Lulli, Erik Satie, Anne Sylvestre et enfin une pièce d’un compositeur ukrainien dont je ne retiens pas le nom. Brusquement, après une petite heure, le questionneur annonce que c’est la fin. Dommage, j’en aurais bien écouté davantage.
Du vin de cubi est offert dans des gobelets en plastique, accompagné de chips et de cacahuètes. Le disque de l’invité est proposé à l’achat. Je m’en exempte. Je sais qu’il rejoindrait ceux achetés dans des circonstances identiques et que je n’ai jamais écoutés.
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Anecdote : lors d’une tournée avec Anne Sylvestre, un moutard vient la voir et lui dit :
-Tu as le même nom que mon école.
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Philippe Davenet fut également professeur de piano dans un ranch au Texas : « Ça n’a pas duré longtemps, trop de poussière ».
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Un bel endroit que ce Couvent des Pénitents qui fut aussi prison, lycée et Agence Régionale de l'Environnement de Haute-Normandie, avant d’être vendu au privé en deux mille douze, la ville en gardant un petit bout comme Maison de Quartier. On trouve là des logements et un bureau du Crédit à Bricoles réservé aux médecins.
29 avril 2022
A peine rentré à Rouen que je prends un rendez-vous avec mon médecin traitant pour le deuxième rappel du vaccin anti-Covid et puis, juste avant d’y aller, je recompte depuis combien de mois a eu lieu mon premier rappel et constate que je n’ai pas encore les six requis, plus qu’à rappeler le secrétariat et à annuler, avec mes excuses.
Le Covid sévit toujours mais beaucoup ne semblent plus s’en préoccuper. Ainsi les groupes de touristes cornaqués se succèdent à nouveau bruyamment dans ma venelle. Les guides ont changé mais leur objectif est toujours le même : faire croire à qui les suit que l’on est ici au Moyen-Age.
« Encore un convoi de pimpins », ne puis-je m’empêcher de penser, rapport à mon séjour au Gabut.
*
« Alors, je ne suis plus contagieux ? », me demande le bouquiniste du Rêve de l’Escalier ce jeudi quand j’y remets le pied après plusieurs mois d’abstinence. « J’espère bien », lui réponds-je.
C’est en conséquence du jour où j’ai fui la boutique, y trouvant un client et lui-même sans masque (ils prenaient un café, me dit-il).
Comme il ne lit pas mon Journal, il aurait dû ne rien savoir de mon propos, mais je peux toujours compter sur un quidam désireux de foutre un peu la merde pour me dénoncer.
Le Covid sévit toujours mais beaucoup ne semblent plus s’en préoccuper. Ainsi les groupes de touristes cornaqués se succèdent à nouveau bruyamment dans ma venelle. Les guides ont changé mais leur objectif est toujours le même : faire croire à qui les suit que l’on est ici au Moyen-Age.
« Encore un convoi de pimpins », ne puis-je m’empêcher de penser, rapport à mon séjour au Gabut.
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« Alors, je ne suis plus contagieux ? », me demande le bouquiniste du Rêve de l’Escalier ce jeudi quand j’y remets le pied après plusieurs mois d’abstinence. « J’espère bien », lui réponds-je.
C’est en conséquence du jour où j’ai fui la boutique, y trouvant un client et lui-même sans masque (ils prenaient un café, me dit-il).
Comme il ne lit pas mon Journal, il aurait dû ne rien savoir de mon propos, mais je peux toujours compter sur un quidam désireux de foutre un peu la merde pour me dénoncer.
27 avril 2022
Après avoir bu un café à un euro cinquante sous un demi-soleil au Sacre ce mardi, je m’assois sur le banc du jardin pour écrire ma lettre à Elise qui, il y a longtemps, faisait le ménage de mon appartement (aujourd’hui, plus personne ne le fait, pas même moi).
Deux missives attendaient dans ma boîte à lettres durant mon séjour à La Rochelle, l’une écrite par celle qui me tenait la main à la fin du siècle dernier, à laquelle je répondrai à son retour de vacances, et cette autre à laquelle je ne m’attendais pas, bien qu’autrefois quand son expéditrice était à Londres, nous nous écrivions sur papier.
Le jardin n’a guère changé. On y trouve plus de feuilles que de fleurs. Sa pelouse est plus ou moins tondue. La seule nouveauté est le départ de Chat Noir, Chat Poilu et Chat Bicolore, qui ont déménagé avec leurs propriétaires. Chat Fin les remplace, qui ne demande pas de caresses. Il se contente de renifler mes chaussures.
*
Aussi dans ma boîte à lettres une invitation à une visite personnalisée de la Villa Médicis avec un déjeuner pour deux personnes dans son restaurant gastronomique.
Il ne faut pas s’emballer. Celle-ci ne se situe pas à Rome mais à Trouville et est une maison de retraite pour riches.
Non, je n’irai pas dans cet établissement « tenter l’expérience d’une vie sereine » et « faire de la vieillesse une belle aventure ».
Le voudrais-je que je n’aurais pas le sou pour y louer.
Deux missives attendaient dans ma boîte à lettres durant mon séjour à La Rochelle, l’une écrite par celle qui me tenait la main à la fin du siècle dernier, à laquelle je répondrai à son retour de vacances, et cette autre à laquelle je ne m’attendais pas, bien qu’autrefois quand son expéditrice était à Londres, nous nous écrivions sur papier.
Le jardin n’a guère changé. On y trouve plus de feuilles que de fleurs. Sa pelouse est plus ou moins tondue. La seule nouveauté est le départ de Chat Noir, Chat Poilu et Chat Bicolore, qui ont déménagé avec leurs propriétaires. Chat Fin les remplace, qui ne demande pas de caresses. Il se contente de renifler mes chaussures.
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Aussi dans ma boîte à lettres une invitation à une visite personnalisée de la Villa Médicis avec un déjeuner pour deux personnes dans son restaurant gastronomique.
Il ne faut pas s’emballer. Celle-ci ne se situe pas à Rome mais à Trouville et est une maison de retraite pour riches.
Non, je n’irai pas dans cet établissement « tenter l’expérience d’une vie sereine » et « faire de la vieillesse une belle aventure ».
Le voudrais-je que je n’aurais pas le sou pour y louer.
26 avril 2022
Durant mon absence, deux boulangeries franchisées Paul de la rive droite de Rouen ont été bouleversées.
Celle de la rue Ganterie, toujours boulangerie, est devenue Le Petit Luval et dépend de celle de la rue Saint-Julien rive gauche.
Celle située à l’angle de la rue du Bec et du Gros a été partagée en trois parties, deux petites : une boulangerie Luval et Moustache « artisan glacier » et une grosse : Rollon « bière artisanale » « pub normand ».
C’est la deuxième enseigne rouennaise du nom de Rollon, la première étant la bouquinerie au coin de ma ruelle.
Rollon était le chef d’une armée de Vikings qui massacrait, violait, pillait, incendiait, une sorte de Poutine de la fin du premier millénaire.
Comme quoi, bien après l’époque de ses exactions, le nom d’un criminel de guerre peut devenir argument publicitaire pour le petit commerce.
*
Dans le même temps a eu lieu la Foire Internationale de Rouen avec pour invités d’honneur les Vikings. Honneur aux massacreurs, violeurs, pilleurs et incendiaires.
Celle de la rue Ganterie, toujours boulangerie, est devenue Le Petit Luval et dépend de celle de la rue Saint-Julien rive gauche.
Celle située à l’angle de la rue du Bec et du Gros a été partagée en trois parties, deux petites : une boulangerie Luval et Moustache « artisan glacier » et une grosse : Rollon « bière artisanale » « pub normand ».
C’est la deuxième enseigne rouennaise du nom de Rollon, la première étant la bouquinerie au coin de ma ruelle.
Rollon était le chef d’une armée de Vikings qui massacrait, violait, pillait, incendiait, une sorte de Poutine de la fin du premier millénaire.
Comme quoi, bien après l’époque de ses exactions, le nom d’un criminel de guerre peut devenir argument publicitaire pour le petit commerce.
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Dans le même temps a eu lieu la Foire Internationale de Rouen avec pour invités d’honneur les Vikings. Honneur aux massacreurs, violeurs, pilleurs et incendiaires.
25 avril 2022
Deux vigiles balaises, l’un à l’extérieur, l’autre à l’intérieur, m’accueillent ce dimanche vers huit heures dix au Lycée Camille Saint-Saëns dans lequel se situe mon bureau de vote. Je dis également bonjour à des élu(e)s que je ne connais pas et aux assesseurs. Je présente mes cartes d’électeur et d’identité. Je prends une enveloppe et suis invité à faire de même pour les deux bulletins disponibles. « J’ai déjà ce qu’il faut », réponds-je.
Car pas question que je touche à celui marqué Le Pen. C’est pour voter contre elle que je suis ici. Caché par le rideau de l’isoloir, je glisse mon bulletin Macron dans l’enveloppe. Je ne pouvais laisser faire ce sale boulot à d’autres sans y participer moi-même, et il n’y a qu’une façon de voter contre Le Pen, voter Macron. C’est mathématique, si on ne vote pas pour celui qui est potentiellement en tête, on donne une chance à celle qui est derrière de passer devant. Et donc voter blanc, voter nul, ne pas voter, c’est voter Le Pen.
Ce n’est pas l’affluence à Camille Saint-Saëns. Seule une jeune femme me précède et personne ne me suit. Le chef du bureau Quarante et Un vérifie une nouvelle fois mes papiers et à son signal je laisse tomber Macron dans l’urne. « A voté. »
Il me reste à émarger.
-J’espère que j’ai signé dans la bonne colonne, dis-je à celle qui avec une règle évidée m’indique où.
-Oui regardez, deuxième tour. Vous n’êtes pas venu la dernière fois ?
-Non
-Ça se voit.
-Je suis content que ça se voie.
*
Le dimanche, depuis un an, le Son du Cor ouvre à onze heures car commençant à midi il se trouvait submergé par les retours du marché pressés de manger leurs achats avec une bière, un coca ou un verre de vin. Personnellement, je n’en fais l’ouverture ce jour, comme les autres, que pour boire un café et lire.
Depuis mon retour de La Rochelle, je lis Lettres familiales de Juliette Drouet (Presses Universitaires de Rouen et du Havre). Ce qui est une façon de prolonger mon compagnonnage avec celui qu’elle désigne par ses initiales et appelle son grand ami ou son grand homme.
En fait de famille, elle n’a qu’une sœur, le mari de celle-ci et leur fils, lesquels résident au numéro sept de la rue de la Voûte à Brest.
A la table voisine est un groupe d’ami(e)s dont l’une ne cesse de répéter « On est bien, là » comme si elle voulait s’en convaincre.
*
Vers treize heures, je suis de retour à la Halle aux Toiles et furète une dernière fois dans le stock de livres du Secours Pop. J’en trouve encore pour me plaire : Les excentriques anglais d’Edith Sitwell (Le Promeneur), Lettres à Voltaire de Madame du Deffand (Rivages Poche) et Les bonnes manières de Jonathan Swift (Editions du Griot) qui sous ce titre regroupe Instructions aux domestiques, Méditation sur un balai, Lettre à une très jeune personne sur son mariage, Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à charge à leurs parents… et Résolutions pour l’époque où je deviendrai vieux.
*
Vingt heures, Macron est réélu avec cinquante-huit pour cent. Pas sur son programme. Par défaut.
Beaucoup, qui, comme moi, ont voté contre leurs idées vont se dire on aurait pu se passer de moi. Oui mais, je me répète, quand il y a un sale boulot à faire, on ne s’en exonère pas.
Car pas question que je touche à celui marqué Le Pen. C’est pour voter contre elle que je suis ici. Caché par le rideau de l’isoloir, je glisse mon bulletin Macron dans l’enveloppe. Je ne pouvais laisser faire ce sale boulot à d’autres sans y participer moi-même, et il n’y a qu’une façon de voter contre Le Pen, voter Macron. C’est mathématique, si on ne vote pas pour celui qui est potentiellement en tête, on donne une chance à celle qui est derrière de passer devant. Et donc voter blanc, voter nul, ne pas voter, c’est voter Le Pen.
Ce n’est pas l’affluence à Camille Saint-Saëns. Seule une jeune femme me précède et personne ne me suit. Le chef du bureau Quarante et Un vérifie une nouvelle fois mes papiers et à son signal je laisse tomber Macron dans l’urne. « A voté. »
Il me reste à émarger.
-J’espère que j’ai signé dans la bonne colonne, dis-je à celle qui avec une règle évidée m’indique où.
-Oui regardez, deuxième tour. Vous n’êtes pas venu la dernière fois ?
-Non
-Ça se voit.
-Je suis content que ça se voie.
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Le dimanche, depuis un an, le Son du Cor ouvre à onze heures car commençant à midi il se trouvait submergé par les retours du marché pressés de manger leurs achats avec une bière, un coca ou un verre de vin. Personnellement, je n’en fais l’ouverture ce jour, comme les autres, que pour boire un café et lire.
Depuis mon retour de La Rochelle, je lis Lettres familiales de Juliette Drouet (Presses Universitaires de Rouen et du Havre). Ce qui est une façon de prolonger mon compagnonnage avec celui qu’elle désigne par ses initiales et appelle son grand ami ou son grand homme.
En fait de famille, elle n’a qu’une sœur, le mari de celle-ci et leur fils, lesquels résident au numéro sept de la rue de la Voûte à Brest.
A la table voisine est un groupe d’ami(e)s dont l’une ne cesse de répéter « On est bien, là » comme si elle voulait s’en convaincre.
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Vers treize heures, je suis de retour à la Halle aux Toiles et furète une dernière fois dans le stock de livres du Secours Pop. J’en trouve encore pour me plaire : Les excentriques anglais d’Edith Sitwell (Le Promeneur), Lettres à Voltaire de Madame du Deffand (Rivages Poche) et Les bonnes manières de Jonathan Swift (Editions du Griot) qui sous ce titre regroupe Instructions aux domestiques, Méditation sur un balai, Lettre à une très jeune personne sur son mariage, Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d’être à charge à leurs parents… et Résolutions pour l’époque où je deviendrai vieux.
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Vingt heures, Macron est réélu avec cinquante-huit pour cent. Pas sur son programme. Par défaut.
Beaucoup, qui, comme moi, ont voté contre leurs idées vont se dire on aurait pu se passer de moi. Oui mais, je me répète, quand il y a un sale boulot à faire, on ne s’en exonère pas.
24 avril 2022
L’information je l’avais mais je ne sais pas ce qui s’est passé dans mon cerveau, j’ai oublié que la vente de livres d’occasion du Secours Populaire à la Halle aux Toiles commençait ce vendredi à dix heures et donc m’y voici à la même heure mais avec un jour de retard, ce qui me laisse peu d’espoir de trouver des ouvrages à ma convenance.
Je suis le premier à attendre, muni d’un masque, devant la porte et je ne sais qui est derrière car je ne me retourne pas vers ces trop près de moi sans masque. A l’ouverture nous sommes assez peu à pénétrer dans la salle dont l’affreuse moquette usagée a été remplacée par un revêtement moderne, mais bientôt cela se remplit.
Contre toute attente, je vois que des livres intéressants sont encore là, notamment au rayon Beaux Livres. Leur prix, trop élevé selon moi, les a protégés d’un achat la veille. Il y a aussi de bonnes choses ailleurs. Ainsi sur la table centrale près de l’entrée, marquée Littérature Théâtre Poésie, dans les livres à deux euros.
Certains vont dans mon sac, parmi lesquels Le ratichon baigneur de Boris Vian (Christian Bourgois) et le numéro douze des Cahiers André Gide consacré à la première partie de la Correspondance André Gide Jacques Copeau (Gallimard). Ce dernier a appartenu à la bibliothèque de l’Association Sports Loisirs Paris-Normandie. J’ajoute à ma pêche, vendu deux euros au rayon Beaux-Arts, Brassaï Le promeneur de nuit de Serge Sanchez (Grasset), un exemplaire doté d’un envoi de l’auteur avec sa « vive sympathie » à Benoît Vochelet.
-Je ne le connaissais pas ce Vian-là, s’étonne celui qui s’occupe de ma note.
Il semble l’intéresser vivement. A moins que ce soit la pin-up à demi dévêtue qui illustre la couverture.
Quand il a fait mon addition sur un petit papier à présenter à celui qui tient la caisse, il me répète : « Je ne le connaissais pas ce Vian-là ». Je crois que s’il pouvait, il se le garderait bien.
*
Triste nouvelle en fin d’après-midi : Arno est mort, à l’âge de soixante-douze ans.
On le savait condamné depuis qu’il avait annoncé être atteint d’un cancer du pancréas, Ses cendres seront dispersées dans la Mer du Nord.
C’était (c’est) l’un de mes chanteurs préférés.
Je l’ai vu et ouï en mai deux mille sept au Hangar Vingt-Trois, en mai deux mille dix au Rive Gauche, en avril deux mille treize au Cent Six.
Je suis le premier à attendre, muni d’un masque, devant la porte et je ne sais qui est derrière car je ne me retourne pas vers ces trop près de moi sans masque. A l’ouverture nous sommes assez peu à pénétrer dans la salle dont l’affreuse moquette usagée a été remplacée par un revêtement moderne, mais bientôt cela se remplit.
Contre toute attente, je vois que des livres intéressants sont encore là, notamment au rayon Beaux Livres. Leur prix, trop élevé selon moi, les a protégés d’un achat la veille. Il y a aussi de bonnes choses ailleurs. Ainsi sur la table centrale près de l’entrée, marquée Littérature Théâtre Poésie, dans les livres à deux euros.
Certains vont dans mon sac, parmi lesquels Le ratichon baigneur de Boris Vian (Christian Bourgois) et le numéro douze des Cahiers André Gide consacré à la première partie de la Correspondance André Gide Jacques Copeau (Gallimard). Ce dernier a appartenu à la bibliothèque de l’Association Sports Loisirs Paris-Normandie. J’ajoute à ma pêche, vendu deux euros au rayon Beaux-Arts, Brassaï Le promeneur de nuit de Serge Sanchez (Grasset), un exemplaire doté d’un envoi de l’auteur avec sa « vive sympathie » à Benoît Vochelet.
-Je ne le connaissais pas ce Vian-là, s’étonne celui qui s’occupe de ma note.
Il semble l’intéresser vivement. A moins que ce soit la pin-up à demi dévêtue qui illustre la couverture.
Quand il a fait mon addition sur un petit papier à présenter à celui qui tient la caisse, il me répète : « Je ne le connaissais pas ce Vian-là ». Je crois que s’il pouvait, il se le garderait bien.
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Triste nouvelle en fin d’après-midi : Arno est mort, à l’âge de soixante-douze ans.
On le savait condamné depuis qu’il avait annoncé être atteint d’un cancer du pancréas, Ses cendres seront dispersées dans la Mer du Nord.
C’était (c’est) l’un de mes chanteurs préférés.
Je l’ai vu et ouï en mai deux mille sept au Hangar Vingt-Trois, en mai deux mille dix au Rive Gauche, en avril deux mille treize au Cent Six.
23 avril 2022
Me voici donc revenu à Rouen. Soulagement de certains.
Commençait à nous saouler celui-là avec son énième récit de voyage. Toujours en vacances et à manger au restaurant. C’est à se demander d’où il tire son argent.
A quoi je peux répondre.
Premièrement : C’est ma tournée d’adieu.
Deuxièmement : Je tape dans mes économies tant qu’il en reste, lesquelles sont liées pour une part à la vente autrefois d’un appartement à Val-de-Reuil et pour l’autre au fait que dans la vie quotidienne je n’achète que l’indispensable et des livres pas chers (hormis quelques extras, pas tous racontables).
Ce n’est donc terminé que jusqu’à la prochaine fois.
*
Dernière série de photos publiée sur le réseau social Effe Bé, celle de mon dernier tour de port de La Rochelle, des images qu’après avoir imposées à mes « ami(e)s », je supprime dans mon ordinateur (comme auparavant les autres). Mark Zuckerberg est mon archiviste.
*
Parti avec deux pulls mis l’un sur l’autre, je reviens sans un sur le dos. Pour leur trouver une place dans ma valise, j’ai dû jeter slips et chaussettes.
*
Vingt heures quinze ce jeudi, première sonnerie de téléphone depuis mon retour : « Bonjour, c’est Olivier Véran, j’ai un message pour vous ». C’est tout ce que j’entends avant de raccrocher.
*
Ce vendredi à midi, je fais l’ouverture du Son du Cor où l’on ne m’a pas encore vu en deux mille vingt-deux.
Le patron : « Vous avez retrouvé la route ? Vous vous étiez perdu ? »
Commençait à nous saouler celui-là avec son énième récit de voyage. Toujours en vacances et à manger au restaurant. C’est à se demander d’où il tire son argent.
A quoi je peux répondre.
Premièrement : C’est ma tournée d’adieu.
Deuxièmement : Je tape dans mes économies tant qu’il en reste, lesquelles sont liées pour une part à la vente autrefois d’un appartement à Val-de-Reuil et pour l’autre au fait que dans la vie quotidienne je n’achète que l’indispensable et des livres pas chers (hormis quelques extras, pas tous racontables).
Ce n’est donc terminé que jusqu’à la prochaine fois.
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Dernière série de photos publiée sur le réseau social Effe Bé, celle de mon dernier tour de port de La Rochelle, des images qu’après avoir imposées à mes « ami(e)s », je supprime dans mon ordinateur (comme auparavant les autres). Mark Zuckerberg est mon archiviste.
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Parti avec deux pulls mis l’un sur l’autre, je reviens sans un sur le dos. Pour leur trouver une place dans ma valise, j’ai dû jeter slips et chaussettes.
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Vingt heures quinze ce jeudi, première sonnerie de téléphone depuis mon retour : « Bonjour, c’est Olivier Véran, j’ai un message pour vous ». C’est tout ce que j’entends avant de raccrocher.
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Ce vendredi à midi, je fais l’ouverture du Son du Cor où l’on ne m’a pas encore vu en deux mille vingt-deux.
Le patron : « Vous avez retrouvé la route ? Vous vous étiez perdu ? »
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