Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
19 mars 2016
Ayant poussé, ce jeudi en début d’après-midi, la porte de l’hôtel particulier où s’épanouit l’antenne française de la portugaise Fondation Calouste Gulbenkian (à but non lucratif) au trente-neuf du boulevard de la Tour-Maubourg, près des Invalides, j’ouvre mon sac à la demande de l’homme assis derrière le bureau puis le range dans un casier à clé.
L’entrée est gratuite pour visiter l’exposition Julião Sarmento (La chose, même – The real thing) qui se tient à l’étage.
Julião Sarmento, plasticien portugais vivant à Estoril dont j’ignorais jusqu’à l’existence, a pour thèmes la représentation, le désir et ses mécanismes. Commençant par la deuxième salle, j’y découvre First Easy Piece, une relecture par l’impression Trois Dés de la Petite danseuse de quatorze ans de Degas, nue et manifestement majeure, posée sur « socle de fortune », en l’occurrence trois palettes empilées. Dans la salle suivante, une sculpture en résine et fibre de verre, Forget Me (with bucket), montre une femme sans tête, debout, vêtue d’une robe noire, un seau de miel posé à terre entre les jambes. On la retrouve assise sur une table, porteuse de chaussettes blanches, Kiss me (with form), près d’elle une boîte emplie de punaises. On la voit en dessin aussi sur le mur. Plus loin, Parasite, vidéo murale, montre ce qui apparaît comme un striptise sur la Danse des chevaliers du Roméo et Juliette de Prokofiev, mais est en réalité un habillage projeté à rebours, le parasite étant ce voyeur qui s’attarde avant de passer salle suivante où une sorte d’autel sert de support à de nombreuses photos encadrées de femmes plus ou moins nues, The Real Thing.
Un pas lourd se fait entendre dans l’escalier, celui d’un vigile en noir, sans doute revenu de sa pause alimentaire, venu s’assurer que je ne fais pas de bêtise car je suis seul dans l’exposition. Il me reste à voir les quatre vidéos Lacan's Assumption qui montrent une jolie femme lisant sensuellement une recette de cuisine, puis croisant et décroisant les jambes sans rien montrer, puis lisant tout aussi sensuellement une histoire pour enfants en forme de comptine, enfin respirant bruyamment sur une plage. Lui fait face une porte entrouverte par laquelle disparaît une jeune femme dont on ne voit que la jambe et le pied nus, au sol un plateau où est posé un verre de lait, White Exit.
Je sors moi aussi, après avoir récupéré mon sac et salué, content d’avoir découvert Julião Sarmento, artiste du désir retenu, fuyant, inassouvi.
L’entrée est gratuite pour visiter l’exposition Julião Sarmento (La chose, même – The real thing) qui se tient à l’étage.
Julião Sarmento, plasticien portugais vivant à Estoril dont j’ignorais jusqu’à l’existence, a pour thèmes la représentation, le désir et ses mécanismes. Commençant par la deuxième salle, j’y découvre First Easy Piece, une relecture par l’impression Trois Dés de la Petite danseuse de quatorze ans de Degas, nue et manifestement majeure, posée sur « socle de fortune », en l’occurrence trois palettes empilées. Dans la salle suivante, une sculpture en résine et fibre de verre, Forget Me (with bucket), montre une femme sans tête, debout, vêtue d’une robe noire, un seau de miel posé à terre entre les jambes. On la retrouve assise sur une table, porteuse de chaussettes blanches, Kiss me (with form), près d’elle une boîte emplie de punaises. On la voit en dessin aussi sur le mur. Plus loin, Parasite, vidéo murale, montre ce qui apparaît comme un striptise sur la Danse des chevaliers du Roméo et Juliette de Prokofiev, mais est en réalité un habillage projeté à rebours, le parasite étant ce voyeur qui s’attarde avant de passer salle suivante où une sorte d’autel sert de support à de nombreuses photos encadrées de femmes plus ou moins nues, The Real Thing.
Un pas lourd se fait entendre dans l’escalier, celui d’un vigile en noir, sans doute revenu de sa pause alimentaire, venu s’assurer que je ne fais pas de bêtise car je suis seul dans l’exposition. Il me reste à voir les quatre vidéos Lacan's Assumption qui montrent une jolie femme lisant sensuellement une recette de cuisine, puis croisant et décroisant les jambes sans rien montrer, puis lisant tout aussi sensuellement une histoire pour enfants en forme de comptine, enfin respirant bruyamment sur une plage. Lui fait face une porte entrouverte par laquelle disparaît une jeune femme dont on ne voit que la jambe et le pied nus, au sol un plateau où est posé un verre de lait, White Exit.
Je sors moi aussi, après avoir récupéré mon sac et salué, content d’avoir découvert Julião Sarmento, artiste du désir retenu, fuyant, inassouvi.
18 mars 2016
Ce jeudi, alors qu’il est question de manifestation contre la Loi Travail et d’ouverture de Livre Paris (anciennement Salon du Livre), deux évènements qui m’auraient intéressé autrefois (naguère pour le premier, jadis pour le deuxième), c’est sans intention de participer à l’un ou à l’autre que je prends le train de huit heures douze pour Paris.
J’y lis la suite d’Intérieur de Thomas Clerc, cependant que ma voisine, charismatique ou évangéliste, se nourrit de Notre pain quotidien dont l’auteur m’est inconnu. Après Mantes-la-Jolie, il est inutile de songer à aller aux toilettes. Son siège sert de place assise. D’autres sont assis dans les marches ou perchés sur des structures métalliques. Les moins débrouillards sont debout. Le contrôleur ne passera plus, physiquement empêché. Pourtant, toutes les places de première ne sont pas squattées. Levant les yeux sur le paysage, je constate que nous passons au ralenti par Chanteloup-les-Vignes puis Maurecourt et Conflans-Sainte-Honorine, ce qui promet une arrivée retardée. Un message du chef de bord donne la cause de ce détournement : « la détresse d’un train francilien ».
C’est donc avec un retard de vingt minutes que j’entre au Book-Off du Faubourg Saint-Antoine. De là, je passe au marché d’Aligre puis chez Emmaüs rue de Charonne, avant d’aller déjeuner même rue, Chez Céleste, d’une petite créole (boudin créole et accras de morue suivie d’un paella vénitienne (c’est-à-dire avec du porc). Le vieux couple à ma gauche ne parle pas, partageant à deux une seule petite créole et se gavant ensuite de pain. Les deux ouvriers à ma droite parlent mais dans une langue qui m’est étrangère.
La ligne Huit du métro me conduit avenue de la Tour-Maubourg où je visite l’exposition Julião Sarmento à la Fondation Calouste Gulbenkian. La douce chaleur que donne le soleil de mars m’invite ensuite à rejoindre pédestrement les parages du Book-Off de la rue Saint-Augustin. Invalides, Concorde, Madeleine, Olympia, Opéra Garnier, en ces lieux touristiques règne une ambiance permanente de vacances.
Après un café à la Clef des Champs dont je plains la serveuse obligée d’écouter avec le sourire un vieux lui raconter qu’hier y avait moins de soleil et qu’il a attrapé du mal, je furète dans le second Book-Off. Illustrant le théorème de la récidive de l’improbable, j’y trouve Plouk Town de Ian Monk (Cabourakis) en première édition grand format (le précédent est un semi poche).
On devrait avoir le droit de choisir qui s'assoit à côté de soi. Dans le train du retour, j’enverrais avec plaisir cette femme qui renifle et se râpe les ongles voyager plus loin. Par bonheur, elle descend à Vernon après s’être fait taxer de cinquante euros par le contrôleur pour défaut de justificatif. Le train ralentit plusieurs fois et prend quinze minutes de retard. Je n’en profite pas pour lire davantage d’Intérieur. Je suis arrivé dans la penderie de Thomas Clerc, il ne reste qu’une dizaine de pages. Je préfère m’en garder un peu pour demain.
*
Loi Travail, Livre Paris, eux parler simplifié.
J’y lis la suite d’Intérieur de Thomas Clerc, cependant que ma voisine, charismatique ou évangéliste, se nourrit de Notre pain quotidien dont l’auteur m’est inconnu. Après Mantes-la-Jolie, il est inutile de songer à aller aux toilettes. Son siège sert de place assise. D’autres sont assis dans les marches ou perchés sur des structures métalliques. Les moins débrouillards sont debout. Le contrôleur ne passera plus, physiquement empêché. Pourtant, toutes les places de première ne sont pas squattées. Levant les yeux sur le paysage, je constate que nous passons au ralenti par Chanteloup-les-Vignes puis Maurecourt et Conflans-Sainte-Honorine, ce qui promet une arrivée retardée. Un message du chef de bord donne la cause de ce détournement : « la détresse d’un train francilien ».
C’est donc avec un retard de vingt minutes que j’entre au Book-Off du Faubourg Saint-Antoine. De là, je passe au marché d’Aligre puis chez Emmaüs rue de Charonne, avant d’aller déjeuner même rue, Chez Céleste, d’une petite créole (boudin créole et accras de morue suivie d’un paella vénitienne (c’est-à-dire avec du porc). Le vieux couple à ma gauche ne parle pas, partageant à deux une seule petite créole et se gavant ensuite de pain. Les deux ouvriers à ma droite parlent mais dans une langue qui m’est étrangère.
La ligne Huit du métro me conduit avenue de la Tour-Maubourg où je visite l’exposition Julião Sarmento à la Fondation Calouste Gulbenkian. La douce chaleur que donne le soleil de mars m’invite ensuite à rejoindre pédestrement les parages du Book-Off de la rue Saint-Augustin. Invalides, Concorde, Madeleine, Olympia, Opéra Garnier, en ces lieux touristiques règne une ambiance permanente de vacances.
Après un café à la Clef des Champs dont je plains la serveuse obligée d’écouter avec le sourire un vieux lui raconter qu’hier y avait moins de soleil et qu’il a attrapé du mal, je furète dans le second Book-Off. Illustrant le théorème de la récidive de l’improbable, j’y trouve Plouk Town de Ian Monk (Cabourakis) en première édition grand format (le précédent est un semi poche).
On devrait avoir le droit de choisir qui s'assoit à côté de soi. Dans le train du retour, j’enverrais avec plaisir cette femme qui renifle et se râpe les ongles voyager plus loin. Par bonheur, elle descend à Vernon après s’être fait taxer de cinquante euros par le contrôleur pour défaut de justificatif. Le train ralentit plusieurs fois et prend quinze minutes de retard. Je n’en profite pas pour lire davantage d’Intérieur. Je suis arrivé dans la penderie de Thomas Clerc, il ne reste qu’une dizaine de pages. Je préfère m’en garder un peu pour demain.
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Loi Travail, Livre Paris, eux parler simplifié.
17 mars 2016
Dernière nuit à l’Appart’City Hôtel de Cherbourg ouvert depuis le printemps dernier (cent une chambres appartements sur cinq étages) où je suis arrivé par la Senecefe qui m’y a proposé la nuit à vingt-neuf euros au lieu de quarante-neuf. Hormis la torture infligée au petit-déjeuner via BéhéfèmeTévé, je n’ai rien à en redire. J’en ai surtout apprécié l’insonorisation : peu de bruit provenant de la rue et aucun des autres chambres et du couloir. Le vrai luxe hôtelier c’est ça, ne pas entendre ses voisins.
Ce mardi matin, je remets à l’accueil ma carte magnétique et le câble Internet loué un euro dix par jour, paie mes petits-déjeuners, laisse ma valise en garde (un euro cinquante en principe, mais on ne me le demande pas) et jette le sac poubelle dans le bac extérieur (comme il est demandé), puis je fais un dernier tour dans Cherbourg, ville où je ne me serai pas ennuyé malgré son peu de ressources.
Pour déjeuner ce sera encore une fois la Brasserie du Commerce (service continu de onze heures à minuit) et pour le café lecture toujours Le Café de l’Etoile (où pour toute commande on vous répond : « Bien sûr ! »), deux établissements que je rêve de transporter jusqu’à Rouen.
A quinze heures quarante et une, je suis dans le mini train pour Caen, arrêts à Valognes, Carentan (cerné par les inondations), Lison et Bayeux. Arrivé à seize heures cinquante-trois à Caen, dont la gare a conservé ses cendriers de quais autorisant qui voyage à ignorer la loi anti-tabac, je m’assois à la même place dans le mini train identique qui part à dix-sept heures quatorze pour Rouen, arrêts au sexuel Mezidon Canon puis à Lisieux, Bernay et Elbeuf Saint-Aubin.
Ce deuxième train va à l’allure d’un petit train touristique circulant uniquement l’été. Cela permet de bénéficier du paysage plus varié que dans la première partie du voyage, la Manche est plate et monotone, le Calvados et l’Eure tout le contraire.
J’arrive à Rouen à l’heure prévue : dix-huit heures cinquante-cinq.
*
Mercredi gris à Rouen où je retrouve Le Socrate pour un café et verre d’eau. J’y continue la lecture d’Intérieur de Thomas Clerc (L’Arbalète Gallimard), acheté trois euros à la boutique Un Air d’Emmaüs, place de la Révolution, à Cherbourg, le douze mars deux mille seize à douze heures seize.
Cet Emmaüs est gouverné par une femme à l’allure bourgeoise. Elle bénéficie de deux aides.
L’une : « C’est quoi ce sac ? »
L’autre : « C’est le sac de Madame. »
Ce mardi matin, je remets à l’accueil ma carte magnétique et le câble Internet loué un euro dix par jour, paie mes petits-déjeuners, laisse ma valise en garde (un euro cinquante en principe, mais on ne me le demande pas) et jette le sac poubelle dans le bac extérieur (comme il est demandé), puis je fais un dernier tour dans Cherbourg, ville où je ne me serai pas ennuyé malgré son peu de ressources.
Pour déjeuner ce sera encore une fois la Brasserie du Commerce (service continu de onze heures à minuit) et pour le café lecture toujours Le Café de l’Etoile (où pour toute commande on vous répond : « Bien sûr ! »), deux établissements que je rêve de transporter jusqu’à Rouen.
A quinze heures quarante et une, je suis dans le mini train pour Caen, arrêts à Valognes, Carentan (cerné par les inondations), Lison et Bayeux. Arrivé à seize heures cinquante-trois à Caen, dont la gare a conservé ses cendriers de quais autorisant qui voyage à ignorer la loi anti-tabac, je m’assois à la même place dans le mini train identique qui part à dix-sept heures quatorze pour Rouen, arrêts au sexuel Mezidon Canon puis à Lisieux, Bernay et Elbeuf Saint-Aubin.
Ce deuxième train va à l’allure d’un petit train touristique circulant uniquement l’été. Cela permet de bénéficier du paysage plus varié que dans la première partie du voyage, la Manche est plate et monotone, le Calvados et l’Eure tout le contraire.
J’arrive à Rouen à l’heure prévue : dix-huit heures cinquante-cinq.
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Mercredi gris à Rouen où je retrouve Le Socrate pour un café et verre d’eau. J’y continue la lecture d’Intérieur de Thomas Clerc (L’Arbalète Gallimard), acheté trois euros à la boutique Un Air d’Emmaüs, place de la Révolution, à Cherbourg, le douze mars deux mille seize à douze heures seize.
Cet Emmaüs est gouverné par une femme à l’allure bourgeoise. Elle bénéficie de deux aides.
L’une : « C’est quoi ce sac ? »
L’autre : « C’est le sac de Madame. »
16 mars 2016
Ce lundi à la première heure du petit-déjeuner de l’Appart’City Hôtel, les travailleurs de l’Est ont été remplacés par des travailleurs d’Italie. Le Cotentin est annoncé avec neuf degrés au meilleur de la journée, ce qui en fait la région la plus froide de France malgré le soleil prévu. Cela n’est pas de nature à me faire renoncer à mon escapade à Portbail où j’ai de forts souvenirs. En chemin vers la gare routière, je pense à celles qui m’ont tenu la main dans cette pittoresque bourgade de bord de mer. L’une d’elles, dont la Côte-d’Ivoire est devenue le second pays, doit être bien triste ce matin de l’attentat islamiste qui vient de s’y dérouler.
A neuf heures quarante, je paie mes deux euros trente au conducteur du car. Outre moi-même, une religieuse et deux ouvriers s’y installent et doivent descendre aux Pieux où j’ai des souvenirs plus anciens, de quand j’ai marché, dans les années soixante-dix, contre la construction de la première centrale nucléaire de Flamanville qui est juste à côté.
Tandis que la bonne sœur se bouche mentalement les oreilles pendant que la radio diffuse Je t’aime moi non plus, l’un des ouvriers parle avec le chauffeur des politiciens qui sont tous des bandits puis brusquement il s’en prend aux instituteurs qui ne travaillent que dix-huit heures par semaine pour deux mille cinq cent euros par mois, faudrait les obliger à donner des leçons particulières en plus. Je me garde d’intervenir, ne voulant pas supprimer à cet envieux son plaisir de jalouser.
Après Les Pieux, je voyage seul et arrive à onze heures comme prévu. Le car s’arrête à l’entrée de Portbail, juste avant la chambre d’hôtes Les Courlis où j’ai nuité autrefois, alors que le guilleret carillon de l’église fortifiée se fait entendre. Je fais le tour du bourg, photographiant la devanture du salon Savoir Coif Hair (femmes hommes enfants chignons), passe par la rue Trousse Cotillon où exerce un masseur, n’ai pour déjeuner que la possibilité du Rendez-Vous des Pêcheurs et c’est tant mieux, je l’ai déjà pratiqué. La cuisine y est familiale, à base de produits frais et locaux.
Quelques hommes du pays sont accrochés au comptoir. La patronne m’installe dans la petite salle du bas qui a vue sur le pont aux treize arches. Un trio de retraités transis et un duo composé d’un quinquagénaire et d’une octogénaire qui se vouvoient complètent ce rez-de-chaussée. Pour les autres, ce sera à l’étage. J’opte pour le menu du jour à douze euros trente: tartines de chèvre au miel, curry de porc accompagné d’excellentes frites dorées, mousse au chocolat, que j’accompagne d’une bouteille de cidre de Portbail, maison Flambard, bio et fermier. Avec le café, cela fait vingt-deux euros soixante.
Malgré le vent frais et la bonne distance que cela représente, je décide de franchir le pont aux treize arches et d’aller tout au bout de la route, ce que je n’ai encore jamais fait. Je passe près de l’école de voile, d’une grande bâtisse aux volets blancs fermés nommée Sainte Marie de la Mer, d’un campigne laid, d’un centre équestre et arrive à la plage, face à la mer, où se trouve le Centre de Classes de Mer des Pupilles de l’Enseignement Public de la Seine-Saint-Denis. Quelques jeunes adultes s‘y trouvent mais aucun enfant n’est visible.
Au retour je m’arrête au Repère, le bar de l’école de voile, dont les lampes sont allumées dehors comme dedans. Las, les portes sont fermées et nul n’est visible à l’intérieur. Je poursuis jusqu’au bourg et pousse à nouveau la porte du Rendez-Vous des Pêcheurs. Le café y est fort bon, ne coûte qu’un euro vingt et est accompagné d’un mini Twix. Je poursuis là ma lecture d’Intérieur de Thomas Clerc, visitant sa cuisine jusqu’à ce que la serveuse annonce que la maison va fermer. Dix minutes plus tard arrive le car du retour dans lequel nous sommes encore quatre à voyager.
*
Au Rendez-Vous des Pêcheurs, un homme d’ici à propos de la Centrale Heupéherre de Flamanville dont la construction accumule les retards et les ennuis:
-Peut-être qu’au fond ils savent qu’elle ne pourra jamais fonctionner mais tant qu’ils touchent leur salaire à la fin du mois ils continuent. J’ai connu ça moi quand je faisais des forages pour le gaz au Venezuela, on savait qu’on n’allait rien trouver, on creusait quand même puisqu’on était payé pour ça, en plus c’était moins dangereux.
A neuf heures quarante, je paie mes deux euros trente au conducteur du car. Outre moi-même, une religieuse et deux ouvriers s’y installent et doivent descendre aux Pieux où j’ai des souvenirs plus anciens, de quand j’ai marché, dans les années soixante-dix, contre la construction de la première centrale nucléaire de Flamanville qui est juste à côté.
Tandis que la bonne sœur se bouche mentalement les oreilles pendant que la radio diffuse Je t’aime moi non plus, l’un des ouvriers parle avec le chauffeur des politiciens qui sont tous des bandits puis brusquement il s’en prend aux instituteurs qui ne travaillent que dix-huit heures par semaine pour deux mille cinq cent euros par mois, faudrait les obliger à donner des leçons particulières en plus. Je me garde d’intervenir, ne voulant pas supprimer à cet envieux son plaisir de jalouser.
Après Les Pieux, je voyage seul et arrive à onze heures comme prévu. Le car s’arrête à l’entrée de Portbail, juste avant la chambre d’hôtes Les Courlis où j’ai nuité autrefois, alors que le guilleret carillon de l’église fortifiée se fait entendre. Je fais le tour du bourg, photographiant la devanture du salon Savoir Coif Hair (femmes hommes enfants chignons), passe par la rue Trousse Cotillon où exerce un masseur, n’ai pour déjeuner que la possibilité du Rendez-Vous des Pêcheurs et c’est tant mieux, je l’ai déjà pratiqué. La cuisine y est familiale, à base de produits frais et locaux.
Quelques hommes du pays sont accrochés au comptoir. La patronne m’installe dans la petite salle du bas qui a vue sur le pont aux treize arches. Un trio de retraités transis et un duo composé d’un quinquagénaire et d’une octogénaire qui se vouvoient complètent ce rez-de-chaussée. Pour les autres, ce sera à l’étage. J’opte pour le menu du jour à douze euros trente: tartines de chèvre au miel, curry de porc accompagné d’excellentes frites dorées, mousse au chocolat, que j’accompagne d’une bouteille de cidre de Portbail, maison Flambard, bio et fermier. Avec le café, cela fait vingt-deux euros soixante.
Malgré le vent frais et la bonne distance que cela représente, je décide de franchir le pont aux treize arches et d’aller tout au bout de la route, ce que je n’ai encore jamais fait. Je passe près de l’école de voile, d’une grande bâtisse aux volets blancs fermés nommée Sainte Marie de la Mer, d’un campigne laid, d’un centre équestre et arrive à la plage, face à la mer, où se trouve le Centre de Classes de Mer des Pupilles de l’Enseignement Public de la Seine-Saint-Denis. Quelques jeunes adultes s‘y trouvent mais aucun enfant n’est visible.
Au retour je m’arrête au Repère, le bar de l’école de voile, dont les lampes sont allumées dehors comme dedans. Las, les portes sont fermées et nul n’est visible à l’intérieur. Je poursuis jusqu’au bourg et pousse à nouveau la porte du Rendez-Vous des Pêcheurs. Le café y est fort bon, ne coûte qu’un euro vingt et est accompagné d’un mini Twix. Je poursuis là ma lecture d’Intérieur de Thomas Clerc, visitant sa cuisine jusqu’à ce que la serveuse annonce que la maison va fermer. Dix minutes plus tard arrive le car du retour dans lequel nous sommes encore quatre à voyager.
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Au Rendez-Vous des Pêcheurs, un homme d’ici à propos de la Centrale Heupéherre de Flamanville dont la construction accumule les retards et les ennuis:
-Peut-être qu’au fond ils savent qu’elle ne pourra jamais fonctionner mais tant qu’ils touchent leur salaire à la fin du mois ils continuent. J’ai connu ça moi quand je faisais des forages pour le gaz au Venezuela, on savait qu’on n’allait rien trouver, on creusait quand même puisqu’on était payé pour ça, en plus c’était moins dangereux.
15 mars 2016
Je me doute que ça ne va pas être ma meilleure journée au « bout du monde occidental » (comme écrit Le Guide du Routard) et j’en ai confirmation très vite. Ce dimanche matin à Cherbourg ne sont dehors que des zonards à chiens, des coureurs à pied et des esseulés à baguette sous le bras. Je me perds dans le réseau des petites rues, finis par arriver à l’Arsenal, reviens vers le pont tournant que je n’aurai jamais vu tourner tant le port est peu actif et me réfugie dans l’un des rares troquets ouverts : le Café du Port. Rien à voir avec ceux du même nom que l’on trouve un peu partout sur les côtes, emplis de vieux marins et au décor ancien. Ici c’est plastique et toc mais au moins, buvant un café à un euro vingt, je suis au chaud avec vue sur les bateaux. J’y poursuis la visite de l’Intérieur de Thomas Clerc, précisément de ses toilettes.
A midi, sur le conseil du Routard, je déjeune près de l’Hôtel de Ville à La Cale, « le rendez-vous des voileux ». L’été peut-être mais pas ce jour, bien que la décoration, avirons cordages, et les marinières des serveuses fassent tout pour. Devant moi est installée une famille. Grands-parents, parents et petite sœur fêtent les seize ans d’un branlotin qui a le droit de boire du vin. A ma droite est un couple de quinquagénaires qui étudie la liste des objets militaires mis aux enchères à la Salle des Ventes dans l’après-midi. Derrière moi est un Anglais seul. A ma gauche est un jeune couple qui parle jardinage bio tout en mangeant des burgueurs avec des frites. Ces deux-là sont pressés, voulant aller à la pharmacie de garde. C’est elle qui tousse mais c’est lui le malade. J’espère qu’il n’est pas contagieux. J’ai choisi le Menu du Marin : assiette de bulots, moules marinières frites (celles-ci décongelées vraiment pas bonnes, le reste quelconque) et pour finir une tarte fine qui sauve un peu le repas, lequel avec un quart de vin de Touraine, frôle les trente euros. Grand dommage que la Brasserie du Commerce ferme le dimanche.
Quoi faire ensuite en ce jour où, s’il fait soleil, il souffle un vent frisquet. Rien d’autre que rentrer à l’Hôtel, écrire et lire, enthousiasmé que je suis par le livre de Thomas Clerc, après avoir été globalement déçu par Plouk Town, de l’oulipien poète anglais résidant à Lille Ian Monk, dont il est impossible de donner un extrait (le texte ne vaut que par sa totalité) mais que son éditeur, Cambourakis, présente ainsi : « Une description crue et terriblement lucide du quotidien des habitants d’une banlieue populaire du Nord de la France. Un quotidien rugueux, parfois sordide, fait de labeur abrutissant ou de désœuvrement, d’existences noyées dans l’alcool ou submergées de violence, auxquelles seuls les néons du supermarché ou les lueurs du petit écran apportent un semblant de lumière... ». Tout cela est vrai mais il y a du bon et du moins bon, des redites, des facilités, dans cette évocation de la vie quotidienne des lieux urbains périphériques où personne ne choisît de vivre.
*
Sont né(e)s à Cherbourg, outre Jacques Rouxel : Jean Marais, Roland Barthes, Annie Saumont, Rosette, Françoiz Breut et Lise de la Salle. En revanche, nul(le) qui compte pour moi n’y est mort(e). Dommage, une visite au cimetière aurait pu éclaircir mon dimanche.
A midi, sur le conseil du Routard, je déjeune près de l’Hôtel de Ville à La Cale, « le rendez-vous des voileux ». L’été peut-être mais pas ce jour, bien que la décoration, avirons cordages, et les marinières des serveuses fassent tout pour. Devant moi est installée une famille. Grands-parents, parents et petite sœur fêtent les seize ans d’un branlotin qui a le droit de boire du vin. A ma droite est un couple de quinquagénaires qui étudie la liste des objets militaires mis aux enchères à la Salle des Ventes dans l’après-midi. Derrière moi est un Anglais seul. A ma gauche est un jeune couple qui parle jardinage bio tout en mangeant des burgueurs avec des frites. Ces deux-là sont pressés, voulant aller à la pharmacie de garde. C’est elle qui tousse mais c’est lui le malade. J’espère qu’il n’est pas contagieux. J’ai choisi le Menu du Marin : assiette de bulots, moules marinières frites (celles-ci décongelées vraiment pas bonnes, le reste quelconque) et pour finir une tarte fine qui sauve un peu le repas, lequel avec un quart de vin de Touraine, frôle les trente euros. Grand dommage que la Brasserie du Commerce ferme le dimanche.
Quoi faire ensuite en ce jour où, s’il fait soleil, il souffle un vent frisquet. Rien d’autre que rentrer à l’Hôtel, écrire et lire, enthousiasmé que je suis par le livre de Thomas Clerc, après avoir été globalement déçu par Plouk Town, de l’oulipien poète anglais résidant à Lille Ian Monk, dont il est impossible de donner un extrait (le texte ne vaut que par sa totalité) mais que son éditeur, Cambourakis, présente ainsi : « Une description crue et terriblement lucide du quotidien des habitants d’une banlieue populaire du Nord de la France. Un quotidien rugueux, parfois sordide, fait de labeur abrutissant ou de désœuvrement, d’existences noyées dans l’alcool ou submergées de violence, auxquelles seuls les néons du supermarché ou les lueurs du petit écran apportent un semblant de lumière... ». Tout cela est vrai mais il y a du bon et du moins bon, des redites, des facilités, dans cette évocation de la vie quotidienne des lieux urbains périphériques où personne ne choisît de vivre.
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Sont né(e)s à Cherbourg, outre Jacques Rouxel : Jean Marais, Roland Barthes, Annie Saumont, Rosette, Françoiz Breut et Lise de la Salle. En revanche, nul(le) qui compte pour moi n’y est mort(e). Dommage, une visite au cimetière aurait pu éclaircir mon dimanche.
14 mars 2016
Le ouiquennede, on ne prend le petit-déjeuner qu’à partir de huit heures à l’Appart’City Hôtel de Cherbourg. Les ouvriers venus de l’Est sont remplacés par trois couples de touristes d’âge divers qui le découvrent en chuchotant. Je préfèrerais qu’ils parlent suffisamment fort pour couvrir le son de la télé qui veut faire croire que quatre branlotines ne se connaissant pas étaient en mesure de commettre un attentat au Casino de Paris. Le seul travailleur présent est celui qui déjeune debout en trois minutes sans enlever sa veste ni son sac à dos, peut-être est-ce cela le petit déjeuner Express à cinq euros quatre-vingt-dix qui ne donne droit qu’à un café, un jus d’orange et deux mini viennoiseries. Celui à volonté se nomme Easy et coûte neuf euros quatre-vingt-dix.
-C’est aujourd’hui que va être fait le ménage hebdomadaire de votre appartement auquel vous avez droit, m’annonce un employée dans l’ascenseur.
Ce samedi, je prends le bus Zéphir numéro Cinq, direction Les Flamands, commune de Tourlaville. Ce nom, Les Flamands, me fait imaginer ce qu’on appelle une cité et effectivement. Je demande à l’homme lourdement chargé de courses qui descend en même temps que moi comment trouver la mer. Il suffit de passer sous un immeuble.
De petits bateaux sont amarrés dans ce que je nommerai un port de pauvres. Il est enjambé par une route express de couleur bleue sur laquelle filent bruyamment voitures et camions. On a vue sur une île couverte d’un fort qui se nomme Pelée et qu’on ne visite pas. Ce n’est pas un endroit qui donne envie de s’attarder.
Je décide de rentrer à Cherbourg pédestrement en longeant la mer, ce qui est possible au début mais pas longtemps. Je me heurte à la station d’épuration des Mielles, récente et inodore. Un panneau m’alarme : « Danger atmosphère explosive ». Je n’ose le photographier craignant qu’en appuyant sur le déclencheur, je fasse sauter tout le bazar et moi itou. Je file jusqu’au bout de la voie qui se nomme « rue de la Pyrotechnie » (humour local).
J’arrive aux Constructions Navales de Normandie et m’apparaissent des bateaux en devenir, simples structures de métal rouillé aussi hautes que le pavillon d’à côté, puis c’est la Gare Maritime où attendent les ferries pour la Grande-Bretagne et l’Irlande, une ville dans la ville qu’il me faut contourner en longeant la grand-route, barbelés, policiers, douaniers.
Je passe enfin à proximité de la Cité de la Mer où l’on doit trouver autant de moutard(e)s que de poisson(ne)s et suis enfin à l’avant-port. Je franchis le pont tournant et me voici en ville, comme on dit, où je me récompense d’un café à celui de l’Etoile. De là, j’assiste à l’occupation primordiale des Cherbourgeois(e)s le samedi matin : faire ses courses au marché et en magasin, je n’ai pas encore vu autant de monde grouillant dans les rues.
Fuyant cette foule, je me réfugie chez Emmaüs face au bar La Taupe fermé depuis longtemps. J’y trouve pour trois euros le livre qu’il me fallait : Intérieur de Thomas Clerc (L’Arbalète Gallimard) puis vais déjeuner à la Brasserie du Commerce d’un excellent stèque haché sauce roquefort accompagné d’un quart de corbières Château Fontarèche.
J’en ai heureusement presque terminé quand arrive un couple de quinquagénaires :
-Ça te va là, Minette ?
Il ressemble au chef actuel de la Cégété, bien que sans moustache et avec davantage de ventre. Elle veut un apéritif sans alcool.
-On a des coquetèles de jus de fruits, suggère la serveuse.
-C’est détox, commente Minette
-Vous avez ça ici, lui montre la serveuse sur la carte.
-Elle a pas ses lunettes, elle va rien voir, dit Cégété.
Je vais commencer la visite de l’appartement de Thomas Clerc sur un banc du port puis, pris par cette lecture mais ayant un peu frais, la poursuis au Café de l’Etoile. Il n’y a plus grand monde dans les rues.
-Quand il fait beau comme ça, les gens, y vont sur la côte, commente un serveur, confirmant que Cherbourg n’est pas une ville de bord de mer.
J’en suis à mon deuxième café, et dans la salle de bains de Thomas Clerc, quand je vois arriver, et s’asseoir à proximité, Minette et Cégété. Pour elle, ce sera un thé.
*
A Cherbourg, quand on monte dans le bus, on montre bien haut sa carte d’abonné au chauffeur
*
A Cherbourg, le mendiant s’assoit au milieu de la rue piétonnière, regardant droit dans les yeux ceux qui viennent vers lui, ignorant ceux qui arrivent dans son dos.
*
A Cherbourg, pas loin de la Mairie, se trouve une statue de Napoléon le Premier sur son cheval, la même qu’à Rouen.
-C’est aujourd’hui que va être fait le ménage hebdomadaire de votre appartement auquel vous avez droit, m’annonce un employée dans l’ascenseur.
Ce samedi, je prends le bus Zéphir numéro Cinq, direction Les Flamands, commune de Tourlaville. Ce nom, Les Flamands, me fait imaginer ce qu’on appelle une cité et effectivement. Je demande à l’homme lourdement chargé de courses qui descend en même temps que moi comment trouver la mer. Il suffit de passer sous un immeuble.
De petits bateaux sont amarrés dans ce que je nommerai un port de pauvres. Il est enjambé par une route express de couleur bleue sur laquelle filent bruyamment voitures et camions. On a vue sur une île couverte d’un fort qui se nomme Pelée et qu’on ne visite pas. Ce n’est pas un endroit qui donne envie de s’attarder.
Je décide de rentrer à Cherbourg pédestrement en longeant la mer, ce qui est possible au début mais pas longtemps. Je me heurte à la station d’épuration des Mielles, récente et inodore. Un panneau m’alarme : « Danger atmosphère explosive ». Je n’ose le photographier craignant qu’en appuyant sur le déclencheur, je fasse sauter tout le bazar et moi itou. Je file jusqu’au bout de la voie qui se nomme « rue de la Pyrotechnie » (humour local).
J’arrive aux Constructions Navales de Normandie et m’apparaissent des bateaux en devenir, simples structures de métal rouillé aussi hautes que le pavillon d’à côté, puis c’est la Gare Maritime où attendent les ferries pour la Grande-Bretagne et l’Irlande, une ville dans la ville qu’il me faut contourner en longeant la grand-route, barbelés, policiers, douaniers.
Je passe enfin à proximité de la Cité de la Mer où l’on doit trouver autant de moutard(e)s que de poisson(ne)s et suis enfin à l’avant-port. Je franchis le pont tournant et me voici en ville, comme on dit, où je me récompense d’un café à celui de l’Etoile. De là, j’assiste à l’occupation primordiale des Cherbourgeois(e)s le samedi matin : faire ses courses au marché et en magasin, je n’ai pas encore vu autant de monde grouillant dans les rues.
Fuyant cette foule, je me réfugie chez Emmaüs face au bar La Taupe fermé depuis longtemps. J’y trouve pour trois euros le livre qu’il me fallait : Intérieur de Thomas Clerc (L’Arbalète Gallimard) puis vais déjeuner à la Brasserie du Commerce d’un excellent stèque haché sauce roquefort accompagné d’un quart de corbières Château Fontarèche.
J’en ai heureusement presque terminé quand arrive un couple de quinquagénaires :
-Ça te va là, Minette ?
Il ressemble au chef actuel de la Cégété, bien que sans moustache et avec davantage de ventre. Elle veut un apéritif sans alcool.
-On a des coquetèles de jus de fruits, suggère la serveuse.
-C’est détox, commente Minette
-Vous avez ça ici, lui montre la serveuse sur la carte.
-Elle a pas ses lunettes, elle va rien voir, dit Cégété.
Je vais commencer la visite de l’appartement de Thomas Clerc sur un banc du port puis, pris par cette lecture mais ayant un peu frais, la poursuis au Café de l’Etoile. Il n’y a plus grand monde dans les rues.
-Quand il fait beau comme ça, les gens, y vont sur la côte, commente un serveur, confirmant que Cherbourg n’est pas une ville de bord de mer.
J’en suis à mon deuxième café, et dans la salle de bains de Thomas Clerc, quand je vois arriver, et s’asseoir à proximité, Minette et Cégété. Pour elle, ce sera un thé.
*
A Cherbourg, quand on monte dans le bus, on montre bien haut sa carte d’abonné au chauffeur
*
A Cherbourg, le mendiant s’assoit au milieu de la rue piétonnière, regardant droit dans les yeux ceux qui viennent vers lui, ignorant ceux qui arrivent dans son dos.
*
A Cherbourg, pas loin de la Mairie, se trouve une statue de Napoléon le Premier sur son cheval, la même qu’à Rouen.
12 mars 2016
Le beau temps promis pour ce vendredi, je me rends sitôt après le petit-déjeuner à la gare routière de Cherbourg, bâtiment décati, afin de prendre le car Manéo Express qui conduit à Barfleur, joli port bleu d’eau de Javel, comme si un peuple de blanchisseuses venaient d’y laver leur linge écrivait Jules Renard, qui y venait régulièrement, dans son Journal en mil huit cent quatre-vingt-dix.
L’autocar arrive un peu avant sept heures quarante. J’y monte, donne deux euros trente à sa conductrice. Lorsqu’elle démarre je suis le seul passager. Le soleil se lève, grosse boule rouge à l’horizon. Il fait disparaître les derniers nuages. Nous passons par Saint-Pierre-Eglise, gros bourg à rues étroites et à église romane (l’abbé de Saint-Pierre fut un précurseur des Lumières, auteur de Projet de paix perpétuelle pour l’Europe, favorable au mariage des prêtres et défenseur des femmes « on ne peut se passer de la moitié de l’humanité »), puis par Tocqueville, le village d’Alexis bien que né à Paris ( sur la place du village, le buste de l’écrivain devant lequel s’arrête le car). J’y suis toujours seul et il en sera ainsi jusqu'à Barfleur où la conductrice me dépose à huit heures vingt-cinq (j’aurai coûté cher au Conseil Départemental de la Manche).
Descendant la rue Thomas-Becket qui mène au port, je risque un sourire à une jolie fille croisée. Elle me dit bonjour. Ce n’est pas le début d’une belle histoire mais une illustration des mœurs locales. Après avoir fait le tour du premier port moulier de France jusqu’au bout de la digue face à l’église, puis avoir revu l’intérieur de celle-ci (belle piéta du seizième siècle et Visitation de Maertens de Vos), je prends un café au Café de France, qui fait aussi brasserie, juste à côté de la chambre d’hôtes Les Transats où j’ai nuité autrefois. « Un euro vingt, mon cher monsieur », me dit le sympathique serveur qui est d’origine tunisienne.
On y écoute France Bleu Cotentin, une émission qui permet aux auditeurs d’appeler pour faire estimer leurs objets qu’ils jugent précieux par un commissaire-priseur. Roland, de Querqueville, voudrait savoir ce que vaut sa collection de Tout l’Univers :
-Je vais être franc avec vous, Roland, rien du tout.
Une longue limousine blanche à vitres noires se gare sur la place, faisant converger les regards et sortir certains appareils photos. Le chauffeur en descend, ouvre la portière à un jeune homme à lunettes noires suivi de ceux qui sont peut-être ses parents, difformes et mal habillés, me faisant songer aux habitants de Plouk Town. Cette limousine est immatriculée en Val-de-Marne. Son contenu déçoit. Seule la voiture est photographiée.
C’est dans la seule autre brasserie ouverte, La Marée, un lieu attrape-touristes mais pas arnaqueur, que je déjeune de six huîtres numéro trois et de moules marinières avec frites. On y écoute Reggiani, Barbara, Aznavour, ce qui contribue à me rendre nostalgique de mes venues ici quand j’étais bien accompagné. Avec le quart de chardonay et le café, cela va chercher dans les vingt-six euros.
Le car de retour n’étant qu’à dix-huit heures dix, je peux envisager une bonne balade de bord de mer. Partant de l’église, je prends hardiment la direction du haut phare de Gatteville dans lequel Beinex tourna une scène de Diva. Je découvre en chemin un moulin à vent puis une croix « A la mémoire de M. l’Abbé Henri Gaslande, curé de Barfleur, victime du devoir, 11/7/1944 ».
Au bout de cinquante minutes et de trois kilomètres huit cents, sans avoir croisé quiconque, n’y trouver qui que ce soit à l’arrivée, je peux m’asseoir au pied de ce phallus géant dressé vers le ciel derrière lequel se cache un sémaphore peuplé de militaires. Il ne me vient pas l’envie d’y grimper.
Barfleur semble vraiment loin, perdue dans les brumes, quand j’entreprends le chemin inverse, croisant cette fois quelques marcheurs dont deux couples à bâtons.
Les pieds cuits, je bois un café verre d’eau à la terrasse du France où certains finissent de manger, dont une dame pas contente qui fait des remontrances à la cuisinière.
-Je préfère ça, commente celle-ci après l’esclandre, à ceux qui disent que tout va bien et ensuite écrivent des horreurs sur Internet.
Le soir venu, alors que c’est marée basse, port vidé et bateaux couchés dans la vase, j’attends impatiemment le car devant la Mairie. Dès dix-huit heures, je peux me réchauffer à l’intérieur après avoir donné mes deux euros trente à une autre conductrice, croyant un moment que je serai encore le seul voyageur mais au dernier moment montent trois habitués.
*
Curieuse expression « victime du devoir ». Henri Gaslande, curé de Barfleur, en quarante-quatre a dû être victime des nazis ou des collabos.
L’autocar arrive un peu avant sept heures quarante. J’y monte, donne deux euros trente à sa conductrice. Lorsqu’elle démarre je suis le seul passager. Le soleil se lève, grosse boule rouge à l’horizon. Il fait disparaître les derniers nuages. Nous passons par Saint-Pierre-Eglise, gros bourg à rues étroites et à église romane (l’abbé de Saint-Pierre fut un précurseur des Lumières, auteur de Projet de paix perpétuelle pour l’Europe, favorable au mariage des prêtres et défenseur des femmes « on ne peut se passer de la moitié de l’humanité »), puis par Tocqueville, le village d’Alexis bien que né à Paris ( sur la place du village, le buste de l’écrivain devant lequel s’arrête le car). J’y suis toujours seul et il en sera ainsi jusqu'à Barfleur où la conductrice me dépose à huit heures vingt-cinq (j’aurai coûté cher au Conseil Départemental de la Manche).
Descendant la rue Thomas-Becket qui mène au port, je risque un sourire à une jolie fille croisée. Elle me dit bonjour. Ce n’est pas le début d’une belle histoire mais une illustration des mœurs locales. Après avoir fait le tour du premier port moulier de France jusqu’au bout de la digue face à l’église, puis avoir revu l’intérieur de celle-ci (belle piéta du seizième siècle et Visitation de Maertens de Vos), je prends un café au Café de France, qui fait aussi brasserie, juste à côté de la chambre d’hôtes Les Transats où j’ai nuité autrefois. « Un euro vingt, mon cher monsieur », me dit le sympathique serveur qui est d’origine tunisienne.
On y écoute France Bleu Cotentin, une émission qui permet aux auditeurs d’appeler pour faire estimer leurs objets qu’ils jugent précieux par un commissaire-priseur. Roland, de Querqueville, voudrait savoir ce que vaut sa collection de Tout l’Univers :
-Je vais être franc avec vous, Roland, rien du tout.
Une longue limousine blanche à vitres noires se gare sur la place, faisant converger les regards et sortir certains appareils photos. Le chauffeur en descend, ouvre la portière à un jeune homme à lunettes noires suivi de ceux qui sont peut-être ses parents, difformes et mal habillés, me faisant songer aux habitants de Plouk Town. Cette limousine est immatriculée en Val-de-Marne. Son contenu déçoit. Seule la voiture est photographiée.
C’est dans la seule autre brasserie ouverte, La Marée, un lieu attrape-touristes mais pas arnaqueur, que je déjeune de six huîtres numéro trois et de moules marinières avec frites. On y écoute Reggiani, Barbara, Aznavour, ce qui contribue à me rendre nostalgique de mes venues ici quand j’étais bien accompagné. Avec le quart de chardonay et le café, cela va chercher dans les vingt-six euros.
Le car de retour n’étant qu’à dix-huit heures dix, je peux envisager une bonne balade de bord de mer. Partant de l’église, je prends hardiment la direction du haut phare de Gatteville dans lequel Beinex tourna une scène de Diva. Je découvre en chemin un moulin à vent puis une croix « A la mémoire de M. l’Abbé Henri Gaslande, curé de Barfleur, victime du devoir, 11/7/1944 ».
Au bout de cinquante minutes et de trois kilomètres huit cents, sans avoir croisé quiconque, n’y trouver qui que ce soit à l’arrivée, je peux m’asseoir au pied de ce phallus géant dressé vers le ciel derrière lequel se cache un sémaphore peuplé de militaires. Il ne me vient pas l’envie d’y grimper.
Barfleur semble vraiment loin, perdue dans les brumes, quand j’entreprends le chemin inverse, croisant cette fois quelques marcheurs dont deux couples à bâtons.
Les pieds cuits, je bois un café verre d’eau à la terrasse du France où certains finissent de manger, dont une dame pas contente qui fait des remontrances à la cuisinière.
-Je préfère ça, commente celle-ci après l’esclandre, à ceux qui disent que tout va bien et ensuite écrivent des horreurs sur Internet.
Le soir venu, alors que c’est marée basse, port vidé et bateaux couchés dans la vase, j’attends impatiemment le car devant la Mairie. Dès dix-huit heures, je peux me réchauffer à l’intérieur après avoir donné mes deux euros trente à une autre conductrice, croyant un moment que je serai encore le seul voyageur mais au dernier moment montent trois habitués.
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Curieuse expression « victime du devoir ». Henri Gaslande, curé de Barfleur, en quarante-quatre a dû être victime des nazis ou des collabos.
11 mars 2016
Prendre le petit-déjeuner à l’Appart’City Hôtel de Cherbourg, c’est aussi avoir à supporter la chaîne d’information télévisée continue qui met foute, grève et météo dans le même sac à niaiseries. Je m’efforce de m’en abstraire, n’y parvenant que partiellement.
La tempête a soufflé toute la nuit, gênant mon repos. Au matin de ce jeudi, le ciel est encore très gris et de rares averses sont à venir. Je décide néanmoins de prendre le bus Cinq (« Zéphir, un réseau innovant à votre service ») afin de voir la mer de plus près. Pour un euro vingt donné à la conductrice, il m’emmène en banlieue, à Querqueville, longeant la côte mais de loin.
Je descends à l’arrêt Epinay Bas et demande à une pharmacienne étonnée où se cache la mer. « Au bout de la route là-bas », m’explique-t-elle. Effectivement, elle y est. Je la longe, sous le parapluie pour échapper à une rare averse, jusqu’à arriver chez des militaires près desquels est un port de plaisance coupé de la ville. Elle se fracasse sur la digue, encore très énervée, aussi sale que les nuages. Je fais deux photos mais ça ne donne rien.
Juste avant l’Ecole des Applications Militaires de l’Energie Atomique se trouve l’Ecole des Fourriers. Désireux de m’instruire, je demande au militaire plus très jeune qui monte la garde de quoi il retourne.
-A l’origine, m’explique-t-il c’était une formation à l’intendance, mais cela a évolué vers la formation aux métiers de bouche, la boulangerie, etc.
Je grimpe à Epinay Haut sans trouver d’estaminet. Un bicycliste que j’arrête m’en indique un plus loin, mais il ne fait pas restaurant, pour manger faut aller chez Leclerc.
Je le trouve après être passé devant trois salons de coiffure contigus, Léa Création, Aux Couleurs d’Aurèlie et Hair Scoop, Se faire coiffer semble être le seul loisir du coin, au moins pour les dames. Les hommes ont pour eux le Péhemmu modèle standard dans lequel je bois un café. On y parle du vent d’hier et des dégâts causés. On y raconte qu’à un cheval près on avait le quinté gagnant. On y dit du mal des absents.
-Vivement qu’on soit à la retraite pour retourner en Bretagne, j’en ai entendu dire ça, ils sont à la retraite et ils sont toujours là, persifle l’un.
Je ne m’attarde pas et retrouve la route marquée d’arrêts de bus. Une autre conductrice me ramène à Cherbourg. Je déjeune une troisième fois à la Brasserie du Commerce : daube de bœuf à la tomate, frites et café gourmand. Je me balade ensuite dans des vieilles rues devenues piétonnières qui ne manquent pas de charme et entre dans la Basilique Sainte-Trinité commencée de bâtir par le désir de Guillaume le Conquérant en mil trente-cinq, dont la tour ne fut jamais achevée, l’argent ayant servi à payer une partie de la rançon exigée par les Espagnols pour libérer les enfants de François le Premier. Un organiste y répète. Je m’assois pour l’écouter.
A l’issue, je retrouve le Café de l’Etoile et y poursuis ma lecture de Plouk Town de Ian Monk. En face, sur le trottoir de la Maison de la Presse, l’affichette de La Presse de la Manche résume la journée d’hier : « Déluge et vent : nombreux dégâts dans la Manche » « Loi travail : 700 manifestants à Cherbourg ».
*
A lire le nom de certains arrêts de bus entre Cherbourg et Querqueville, on devine qu’un autre monde fut possible : « Hameau de la Mer », « Petite Auberge ».
*
Mon impression est que les Cherbourgeois dans leur majorité se fichent pas mal de la mer. Ils vivent comme si elle n’était pas là. Sans doute parce qu’on ne la perçoit pas, tenue qu’elle est à distance par les ports, lesquels sont particulièrement endormis.
La tempête a soufflé toute la nuit, gênant mon repos. Au matin de ce jeudi, le ciel est encore très gris et de rares averses sont à venir. Je décide néanmoins de prendre le bus Cinq (« Zéphir, un réseau innovant à votre service ») afin de voir la mer de plus près. Pour un euro vingt donné à la conductrice, il m’emmène en banlieue, à Querqueville, longeant la côte mais de loin.
Je descends à l’arrêt Epinay Bas et demande à une pharmacienne étonnée où se cache la mer. « Au bout de la route là-bas », m’explique-t-elle. Effectivement, elle y est. Je la longe, sous le parapluie pour échapper à une rare averse, jusqu’à arriver chez des militaires près desquels est un port de plaisance coupé de la ville. Elle se fracasse sur la digue, encore très énervée, aussi sale que les nuages. Je fais deux photos mais ça ne donne rien.
Juste avant l’Ecole des Applications Militaires de l’Energie Atomique se trouve l’Ecole des Fourriers. Désireux de m’instruire, je demande au militaire plus très jeune qui monte la garde de quoi il retourne.
-A l’origine, m’explique-t-il c’était une formation à l’intendance, mais cela a évolué vers la formation aux métiers de bouche, la boulangerie, etc.
Je grimpe à Epinay Haut sans trouver d’estaminet. Un bicycliste que j’arrête m’en indique un plus loin, mais il ne fait pas restaurant, pour manger faut aller chez Leclerc.
Je le trouve après être passé devant trois salons de coiffure contigus, Léa Création, Aux Couleurs d’Aurèlie et Hair Scoop, Se faire coiffer semble être le seul loisir du coin, au moins pour les dames. Les hommes ont pour eux le Péhemmu modèle standard dans lequel je bois un café. On y parle du vent d’hier et des dégâts causés. On y raconte qu’à un cheval près on avait le quinté gagnant. On y dit du mal des absents.
-Vivement qu’on soit à la retraite pour retourner en Bretagne, j’en ai entendu dire ça, ils sont à la retraite et ils sont toujours là, persifle l’un.
Je ne m’attarde pas et retrouve la route marquée d’arrêts de bus. Une autre conductrice me ramène à Cherbourg. Je déjeune une troisième fois à la Brasserie du Commerce : daube de bœuf à la tomate, frites et café gourmand. Je me balade ensuite dans des vieilles rues devenues piétonnières qui ne manquent pas de charme et entre dans la Basilique Sainte-Trinité commencée de bâtir par le désir de Guillaume le Conquérant en mil trente-cinq, dont la tour ne fut jamais achevée, l’argent ayant servi à payer une partie de la rançon exigée par les Espagnols pour libérer les enfants de François le Premier. Un organiste y répète. Je m’assois pour l’écouter.
A l’issue, je retrouve le Café de l’Etoile et y poursuis ma lecture de Plouk Town de Ian Monk. En face, sur le trottoir de la Maison de la Presse, l’affichette de La Presse de la Manche résume la journée d’hier : « Déluge et vent : nombreux dégâts dans la Manche » « Loi travail : 700 manifestants à Cherbourg ».
*
A lire le nom de certains arrêts de bus entre Cherbourg et Querqueville, on devine qu’un autre monde fut possible : « Hameau de la Mer », « Petite Auberge ».
*
Mon impression est que les Cherbourgeois dans leur majorité se fichent pas mal de la mer. Ils vivent comme si elle n’était pas là. Sans doute parce qu’on ne la perçoit pas, tenue qu’elle est à distance par les ports, lesquels sont particulièrement endormis.
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