Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
21 avril 2017
Comment ferai-je pour circuler ce vendredi matin, me demandais-je hier après-midi en apprenant qu’en ce dernier jour de campagne de premier tour d’élection présidentielle, Emmanuel Macron devait apparaître à midi devant l’église Saint-Maclou. Je me voyais déjà bloqué chez moi par les forces de l’ordre.
Une « opération crâne d’œuf » lancée via le réseau social Effe Bé par le collectif « Rouen dans la rue », visant à lui souhaiter ses Pâques avec quelques jours de retard au moyen d’œufs emplis de peinture, l’ayant conduit hier soir à se replier dans la Halle aux Toiles, la question ne se posait plus. Encore moins ce vendredi matin : prenant prétexte de l’attentat de cette nuit aux Champs-Elysées, il a tout annulé.
Sera-t-il qualifié pour le second tour ? Personne ne peut le dire. Je me garderai d’un pronostic. Cependant, j’ai un pressentiment : Le Pen/Fillon.
Quel que soit le duo arrivé en tête, je m’abstiendrai. Au premier tour, ce dimanche, je voterai inutile.
*
Jeudi au soleil des terrasses, d’abord à celle du Son du Cor dont l’apprenti serveur ne me demande plus de payer avant que j’aie bu mon café « La patronne, elle m’a dit : Ce monsieur-là, il paie en partant » puis à celle du Sacre dont la jolie serveuse me fait succomber au syndrome de Basquiat.
*
Une jeune femme au Son du Cor à celle avec qui elle est assise :
-Les jeudis de repos, c’est toujours très très long. On est dans l’attente du soir.
Un couple de retraités au Sacre :
-Bon, bah, on va rentrer et je vais peut-être tondre.
-On est quel jour ?
-Jeudi.
-Je sais pas ce qu’on va manger ce soir.
Une « opération crâne d’œuf » lancée via le réseau social Effe Bé par le collectif « Rouen dans la rue », visant à lui souhaiter ses Pâques avec quelques jours de retard au moyen d’œufs emplis de peinture, l’ayant conduit hier soir à se replier dans la Halle aux Toiles, la question ne se posait plus. Encore moins ce vendredi matin : prenant prétexte de l’attentat de cette nuit aux Champs-Elysées, il a tout annulé.
Sera-t-il qualifié pour le second tour ? Personne ne peut le dire. Je me garderai d’un pronostic. Cependant, j’ai un pressentiment : Le Pen/Fillon.
Quel que soit le duo arrivé en tête, je m’abstiendrai. Au premier tour, ce dimanche, je voterai inutile.
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Jeudi au soleil des terrasses, d’abord à celle du Son du Cor dont l’apprenti serveur ne me demande plus de payer avant que j’aie bu mon café « La patronne, elle m’a dit : Ce monsieur-là, il paie en partant » puis à celle du Sacre dont la jolie serveuse me fait succomber au syndrome de Basquiat.
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Une jeune femme au Son du Cor à celle avec qui elle est assise :
-Les jeudis de repos, c’est toujours très très long. On est dans l’attente du soir.
Un couple de retraités au Sacre :
-Bon, bah, on va rentrer et je vais peut-être tondre.
-On est quel jour ?
-Jeudi.
-Je sais pas ce qu’on va manger ce soir.
20 avril 2017
Un air de vacances à la gare de Rouen ce mercredi, où les tireurs de valise cherchent leur voie. De jeunes Anglaises s’esbaudissent du rire sardonique des composteurs de billets quand elles y glissent le leur. L’une essaie de l’imiter, sans réelle réussite.
D’autres anglophones, tout aussi guillerets mais plus âgés, occupent une partie de la voiture où je suis. Elles et eux s’entraînent à dire la phrase la plus utile qui soit en français : « Oui, c’est bon. ». Cela énerve celles et ceux qui prennent le train pour dormir. Derrière ce groupe, une jolie brune attire parfois mon regard. « Je suis ton soleil », me dit-elle à l’arrivée par l’intermédiaire de son sac à tout Flammarion. Mouais, mouais.
Passant sous la place de la République avec le métro Huit, j’ai une petite pensée pour le malheureux Hamon qui y tiendra le soir venu son dernier métingue, suivi d’un concert d’artistes qui le soutiennent, dont le groupe rouennais Tahiti 80.
Cette fois le temps est le même à Paris qu’à Rouen, beau mais froid en raison d’un vent venu de Russie. On s’en plaint au Café du Faubourg. Y lisant Le Parisien au comptoir, j’apprends que le Préfet de Police s’est déboîté la hanche en chutant d’un Vélib’ devant le Palais de Justice ce lundi de Pâques.
J’ai assez peu de réussite avec les livres trouvés. Mon déjeuner au Palais de Pékin est des plus banals. Ce dernier mercredi parisien avant le premier tour des Présidentielles ne restera pas dans mes annales. Je l’achève dans le Book-Off de Quatre-Septembre.
-T’es prête pour dimanche ? y demande un employé à l’une de ses collègues.
-Dimanche ?
-Oui, tu sais pour qui tu vas voter ?
-Ah non, pas encore.
-Moi non plus.
*
Au moment de payer chez l’un de mes fournisseurs de livres :
-Le prix est libre, chacun donne selon ses moyens.
-Mais avant, c’était un euro le livre ?
-Oui, mais on est revenu à l’ancien système, ça permet à ceux qui ont les moyens de donner plus.
-Votre système est hypocrite. Ça concerne tout ce que vous vendez ?
-Non seulement les livres. Ça permet à tout le monde de se cultiver.
-Ce sont toujours les livres qui trinquent. Dans ce que vous vendez la plupart des livres n’ont rien de culturel, au mieux leur lecture c’est pour la distraction, au pire c’est pour s’abrutir. Je continuerai à payer un euro le livre.
Des regards désapprobateurs me confirment que je ne suis pas conforme à la société dont on rêve ici.
*
Parmi ces livres à un euro : Voyage de jeunesse (Lettres européennes 1830-1832) de Félix Mendelssohn (Stock/Musique) qui donne à lire certaines des missives que le jeune musicien envoya à sa famille pendant son itinérance de deux années à travers le continent.
D’autres anglophones, tout aussi guillerets mais plus âgés, occupent une partie de la voiture où je suis. Elles et eux s’entraînent à dire la phrase la plus utile qui soit en français : « Oui, c’est bon. ». Cela énerve celles et ceux qui prennent le train pour dormir. Derrière ce groupe, une jolie brune attire parfois mon regard. « Je suis ton soleil », me dit-elle à l’arrivée par l’intermédiaire de son sac à tout Flammarion. Mouais, mouais.
Passant sous la place de la République avec le métro Huit, j’ai une petite pensée pour le malheureux Hamon qui y tiendra le soir venu son dernier métingue, suivi d’un concert d’artistes qui le soutiennent, dont le groupe rouennais Tahiti 80.
Cette fois le temps est le même à Paris qu’à Rouen, beau mais froid en raison d’un vent venu de Russie. On s’en plaint au Café du Faubourg. Y lisant Le Parisien au comptoir, j’apprends que le Préfet de Police s’est déboîté la hanche en chutant d’un Vélib’ devant le Palais de Justice ce lundi de Pâques.
J’ai assez peu de réussite avec les livres trouvés. Mon déjeuner au Palais de Pékin est des plus banals. Ce dernier mercredi parisien avant le premier tour des Présidentielles ne restera pas dans mes annales. Je l’achève dans le Book-Off de Quatre-Septembre.
-T’es prête pour dimanche ? y demande un employé à l’une de ses collègues.
-Dimanche ?
-Oui, tu sais pour qui tu vas voter ?
-Ah non, pas encore.
-Moi non plus.
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Au moment de payer chez l’un de mes fournisseurs de livres :
-Le prix est libre, chacun donne selon ses moyens.
-Mais avant, c’était un euro le livre ?
-Oui, mais on est revenu à l’ancien système, ça permet à ceux qui ont les moyens de donner plus.
-Votre système est hypocrite. Ça concerne tout ce que vous vendez ?
-Non seulement les livres. Ça permet à tout le monde de se cultiver.
-Ce sont toujours les livres qui trinquent. Dans ce que vous vendez la plupart des livres n’ont rien de culturel, au mieux leur lecture c’est pour la distraction, au pire c’est pour s’abrutir. Je continuerai à payer un euro le livre.
Des regards désapprobateurs me confirment que je ne suis pas conforme à la société dont on rêve ici.
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Parmi ces livres à un euro : Voyage de jeunesse (Lettres européennes 1830-1832) de Félix Mendelssohn (Stock/Musique) qui donne à lire certaines des missives que le jeune musicien envoya à sa famille pendant son itinérance de deux années à travers le continent.
19 avril 2017
Erik Satie m’est presque aussi agréable à lire qu’à ouïr. De ma lecture de l’ensemble de ce qu’il a publié sous son nom dans l’édition qu’en a faite Raoul Coquereau pour la Petite Bibliothèque Ombres sous le titre Mémoires d’un amnésique suivi de Cahiers d’un mammifère et autres textes, je tire ceci (du connu et du moins connu) :
Toutes les heures, un domestique prend ma température et m’en donne une autre.
Mon médecin m’a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils :
-Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place.
Si je suis Français ?.....
Bien sûr….. Pourquoi voulez-vous qu’un homme de mon âge ne soit pas Français ?....
Se mettre à plat ventre est bien… Toutefois, cette position est incommode pour lécher la main de celui qui vous donne des coups de pied dans le derrière.
Ne respirez pas sans avoir, au préalable, fait bouillir votre air….
Si vous voulez vivre longtemps, vivez vieux…
Mon parapluie doit être très inquiet de m’avoir perdu.
Toute ma jeunesse on me disait : Vous verrez quand vous aurez 50 ans. J’ai 50 ans. Je n’ai rien vu.
Ravel refuse la Légion d’Honneur mais toute sa musique l’accepte.
Remercions Cocteau de nous aider à sortir des habitudes d’ennui provincial et professoral des dernières musiques impressionnistes.
J’aimerais jouer avec un piano qui aurait une grosse queue.
Ce n’est pas beau de parler du nœud de la question.
*
Ravel et Saint-Saëns sont les bêtes noires de Satie. Il est plus amène avec Debussy mais ne le loupe pas sur ses idées politiques :
Debussy était loin d’avoir politiquement, socialement, les mêmes aspérités de goûts que musicalement. Ce révolutionnaire en Art était très bourgeois dans l’usage de la vie. Il n’aimait pas les « journées de huit heures » ni autres modifications sociales. Je puis vous l’affirmer. L’augmentation des salaires – sauf pour lui, bien entendu – ne lui était pas très agréable.
Un extrait de lettre, dans une note de fin de volume, montre qu’il n’est pas plus heureux avec ses amis politiques, pour la raison inverse :
Mes chers amis communistes (je fais partie du « Soviet » d’Arcueil) sont – en Art – des Bourgeois déconcertants… Il m’a été impossible de continuer une chronique à « L’Humanité » (…) « Le Gaulois » – oui – est plus avancé qu’eux. Soupir : ce bon Debussy était tout de même un autre homme que tous ces messieurs réunis !!!
*
De quoi lui donner envie de se réfugier auprès des livres, ainsi qu’il l’explique dans un texte titré Bouquinerie.
Extrait :
Étrange séduction ! Ne flâne-t-on pas devant les étalages des bouquinistes par les plus mauvais temps, debout, pieds dans l’eau, vent dans l’œil ?
Qu’importe ! des livres sont devant nous ; ils nous invitent à nous reposer en les caressant du doigt et du regard – à nous oublier en eux, béatement – à mépriser les bas liens qui nous retiennent à la si vieille Misère humaine.
Toutes les heures, un domestique prend ma température et m’en donne une autre.
Mon médecin m’a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils :
-Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place.
Si je suis Français ?.....
Bien sûr….. Pourquoi voulez-vous qu’un homme de mon âge ne soit pas Français ?....
Se mettre à plat ventre est bien… Toutefois, cette position est incommode pour lécher la main de celui qui vous donne des coups de pied dans le derrière.
Ne respirez pas sans avoir, au préalable, fait bouillir votre air….
Si vous voulez vivre longtemps, vivez vieux…
Mon parapluie doit être très inquiet de m’avoir perdu.
Toute ma jeunesse on me disait : Vous verrez quand vous aurez 50 ans. J’ai 50 ans. Je n’ai rien vu.
Ravel refuse la Légion d’Honneur mais toute sa musique l’accepte.
Remercions Cocteau de nous aider à sortir des habitudes d’ennui provincial et professoral des dernières musiques impressionnistes.
J’aimerais jouer avec un piano qui aurait une grosse queue.
Ce n’est pas beau de parler du nœud de la question.
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Ravel et Saint-Saëns sont les bêtes noires de Satie. Il est plus amène avec Debussy mais ne le loupe pas sur ses idées politiques :
Debussy était loin d’avoir politiquement, socialement, les mêmes aspérités de goûts que musicalement. Ce révolutionnaire en Art était très bourgeois dans l’usage de la vie. Il n’aimait pas les « journées de huit heures » ni autres modifications sociales. Je puis vous l’affirmer. L’augmentation des salaires – sauf pour lui, bien entendu – ne lui était pas très agréable.
Un extrait de lettre, dans une note de fin de volume, montre qu’il n’est pas plus heureux avec ses amis politiques, pour la raison inverse :
Mes chers amis communistes (je fais partie du « Soviet » d’Arcueil) sont – en Art – des Bourgeois déconcertants… Il m’a été impossible de continuer une chronique à « L’Humanité » (…) « Le Gaulois » – oui – est plus avancé qu’eux. Soupir : ce bon Debussy était tout de même un autre homme que tous ces messieurs réunis !!!
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De quoi lui donner envie de se réfugier auprès des livres, ainsi qu’il l’explique dans un texte titré Bouquinerie.
Extrait :
Étrange séduction ! Ne flâne-t-on pas devant les étalages des bouquinistes par les plus mauvais temps, debout, pieds dans l’eau, vent dans l’œil ?
Qu’importe ! des livres sont devant nous ; ils nous invitent à nous reposer en les caressant du doigt et du regard – à nous oublier en eux, béatement – à mépriser les bas liens qui nous retiennent à la si vieille Misère humaine.
18 avril 2017
Pas de car pour Duclair avant dix heures le dimanche, cela ne suffit pas à me décourager. Nous sommes une dizaine à y monter. Il va son chemin en respectant les limitations de vitesse et est arrêté deux fois par des mises en sens alterné de la route qui longe la Seine pour cause d’éboulis de falaise.
Je descends là où va et vient le bac, monte la première rue à droite sur le conseil d’une habitante et arrive à la Mairie devant laquelle sont installés moins de déballeurs qu’annoncé. Comme il était à craindre, je n’y trouve pas grand-chose. Au moins, le voyage ne m’aura pas coûté davantage que le prix d’un billet de bus rouennais, la Matmutropole s’étendant jusque-là et même plus loin (il fallait atteindre les quatre cent mille habitants réglementaires).
Comme le car de retour n’est pas prêt de passer, je vais d’un bout à l’autre de la promenade de bord de fleuve. Quoi faire d’autre à Duclair ? J’y croise des familles venues nourrir les canards. Le bac ne cesse jamais son mouvement pendulaire. Il est complet à chaque départ et sert de spectacle à quelques solitaires.
Puis, assis sur un banc, sous un ciel devenu gris, près de l’arrêt du car, j’observe qui ouvre la boîte à livres et repart déçu de n’y voir que des ouvrages abîmés, vieux et sans intérêt. Une famille, ignorant qu’on en trouve partout, se réjouit de cette initiative originale. En ce jour pascal, Duclair me semble faire partie de la France des oubliés.
Au retour à Rouen, un petit concert de carillon me fait du bien.
*
Les boîtes à livres, un marqueur de province. L’une des rouennaises, place du Vieux-Marché, a bénéficié récemment d’une inauguration officielle. Il s’en passe des choses dans la capitale de la Normandie.
*
Façon dont celles et ceux qui en manquent en parlent : ça va vite, ça monte vite.
*
Il semblerait que cette année, le chien se porte sous le bras.
Je descends là où va et vient le bac, monte la première rue à droite sur le conseil d’une habitante et arrive à la Mairie devant laquelle sont installés moins de déballeurs qu’annoncé. Comme il était à craindre, je n’y trouve pas grand-chose. Au moins, le voyage ne m’aura pas coûté davantage que le prix d’un billet de bus rouennais, la Matmutropole s’étendant jusque-là et même plus loin (il fallait atteindre les quatre cent mille habitants réglementaires).
Comme le car de retour n’est pas prêt de passer, je vais d’un bout à l’autre de la promenade de bord de fleuve. Quoi faire d’autre à Duclair ? J’y croise des familles venues nourrir les canards. Le bac ne cesse jamais son mouvement pendulaire. Il est complet à chaque départ et sert de spectacle à quelques solitaires.
Puis, assis sur un banc, sous un ciel devenu gris, près de l’arrêt du car, j’observe qui ouvre la boîte à livres et repart déçu de n’y voir que des ouvrages abîmés, vieux et sans intérêt. Une famille, ignorant qu’on en trouve partout, se réjouit de cette initiative originale. En ce jour pascal, Duclair me semble faire partie de la France des oubliés.
Au retour à Rouen, un petit concert de carillon me fait du bien.
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Les boîtes à livres, un marqueur de province. L’une des rouennaises, place du Vieux-Marché, a bénéficié récemment d’une inauguration officielle. Il s’en passe des choses dans la capitale de la Normandie.
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Façon dont celles et ceux qui en manquent en parlent : ça va vite, ça monte vite.
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Il semblerait que cette année, le chien se porte sous le bras.
17 avril 2017
Nous ne sommes pas plus de cinq ce samedi dans le train parti à sept heures pile de Rouen et qui va au Havre. Avant même d’être à Maromme, je suis contrôlé. J’ai une voiture pour moi seul. J’en descends à Yvetot.
Le car pour Saint-Valéry-en-Caux arrive à l’heure indiquée. Sa conductrice tamponne mon billet de train. Quand elle démarre, je suis le seul passager. Une fille pas bien réveillée monte à Doudeville. Le Pays de Caux sous les nuages fait triste, malgré la présence par-ci par-là d’éoliennes et le jaune du colza. Alors que nous sommes près du but, le car fait un détour par Cany-Barville. Y monte une habituée qui discute avec la chauffeuse. « Plage Port Casino » est-il indiqué à l’entrée de Saint-Valéry (ne pensons pas à la centrale nucléaire voisine).
Tout le monde descend au port près du local de l’association Reste à bord (remise en état de vieux gréements avec et pour les handicapés) qui, en ce ouiquennede pascal, organise une vente de livres d’occasion, raison de mon escapade.
Saint-Valéry-en-Caux a été détruite à soixante-dix pour cent en mil neuf cent quarante. La reconstruction en a fait une ville sans charme. Je prends un café à l’Hôtel de la Poste avec vue sur la fête foraine endormie. Il faut y supporter France Bleu Normandie avec Annabelle qui téléphone pour parler de son pommier qui a une branche qui meurt, Nelly qui veut savoir pour les glaïeuls et Corinne qui n’est pas d’accord avec son mari sur quand tailler sa haie de houx : « Je suis pas trop pour tailler les arbres, mais là c’est plus possible ». Pour moi, pareil, c’est plus possible, je me tire et vais zoner au bord de la plage. Je n’y croise que des autochtones promenés par leur chien.
Un peu avant dix heures, les rideaux métalliques de Reste à bord se lèvent. Je n’ai qu’un vieux couple venu de Rouen pour concurrent. Ma pêche est correcte. Au moment de payer, il me faut convaincre l’un des deux aimables organisateurs que certains de mes choix sont des livres de poche. Cela fait, grâce à une affichette oubliée et qui va être enlevée, je bénéficie du « trois pour un euro ». Mon sac reste à bord.
Le soleil s’étant pointé, je prends quelques photos du phare et des falaises depuis la jetée, puis à midi j’entre au Surf, une brasserie dont la déco date et qui parfois fait cleube privé. Je suis le seul à y manger : saumon fumé, bouquets et bulots prélevés au buffet d’entrées, tartare de bœuf avec frites maison, part de camembert, fraises et gâteau indéterminé prélevés au buffet des desserts, cela pour treize euros quatre-vingt-dix. Le café est offert et le quart de côtes-du-rhône à trois euros cinquante.
Il fait meilleur que prévu. Je grimpe sur la falaise aval, marche jusqu’au hameau Saint-Léger puis au retour me pose à mi-chemin pour lire au soleil sur un banc d’où l’on domine la sortie du port. Quand je redescends, la fête foraine bat son plein (comme on dit). Je me demande comment font les habitants de la place centrale pour supporter ce boucan qui s’entend jusqu’au local de Reste à bord. Avant d’y récupérer mon sac, je furète à nouveau et trouve le meilleur : Sur les routes avec le peuple de France (12 juin-29 juin 1940), un récit d’exode de Marguerite Bloch, née Herzog, descendante des drapiers d’Elbeuf et sœur d’André Maurois, joli livre rouge publié chez Claire Paulhan en deux mille dix, un euro au lieu des vingt-quatre qu’il valait neuf.
A seize heures dix-neuf, nous sommes une dizaine dans le car quittant Saint-Valéry-en-Caux, Saint-Val pour les intimes : « Y’a une nouvelle boutique à Saint-Val. » (une branlotine au téléphone).
*
Au Surf, l’un des piliers de comptoir : « Pour qui qu’on va voter ? ». Personne ne répond, c’est inutile.
*
Dans l’un des livres de poche de Saint-Valéry-en-Caux, un autocollant à la gloire de l’ours. Il est édité par le Fonds d’Intervention Eco-Pastoral, sis à Pau : « Pour que l’ours, les bergers et les forêts puissent vivre ».
Une incitation à voter Jean Lassalle ? Je sais qu’il défend les bergers mais je ne suis pas sûr qu’il aime l’ours.
Le car pour Saint-Valéry-en-Caux arrive à l’heure indiquée. Sa conductrice tamponne mon billet de train. Quand elle démarre, je suis le seul passager. Une fille pas bien réveillée monte à Doudeville. Le Pays de Caux sous les nuages fait triste, malgré la présence par-ci par-là d’éoliennes et le jaune du colza. Alors que nous sommes près du but, le car fait un détour par Cany-Barville. Y monte une habituée qui discute avec la chauffeuse. « Plage Port Casino » est-il indiqué à l’entrée de Saint-Valéry (ne pensons pas à la centrale nucléaire voisine).
Tout le monde descend au port près du local de l’association Reste à bord (remise en état de vieux gréements avec et pour les handicapés) qui, en ce ouiquennede pascal, organise une vente de livres d’occasion, raison de mon escapade.
Saint-Valéry-en-Caux a été détruite à soixante-dix pour cent en mil neuf cent quarante. La reconstruction en a fait une ville sans charme. Je prends un café à l’Hôtel de la Poste avec vue sur la fête foraine endormie. Il faut y supporter France Bleu Normandie avec Annabelle qui téléphone pour parler de son pommier qui a une branche qui meurt, Nelly qui veut savoir pour les glaïeuls et Corinne qui n’est pas d’accord avec son mari sur quand tailler sa haie de houx : « Je suis pas trop pour tailler les arbres, mais là c’est plus possible ». Pour moi, pareil, c’est plus possible, je me tire et vais zoner au bord de la plage. Je n’y croise que des autochtones promenés par leur chien.
Un peu avant dix heures, les rideaux métalliques de Reste à bord se lèvent. Je n’ai qu’un vieux couple venu de Rouen pour concurrent. Ma pêche est correcte. Au moment de payer, il me faut convaincre l’un des deux aimables organisateurs que certains de mes choix sont des livres de poche. Cela fait, grâce à une affichette oubliée et qui va être enlevée, je bénéficie du « trois pour un euro ». Mon sac reste à bord.
Le soleil s’étant pointé, je prends quelques photos du phare et des falaises depuis la jetée, puis à midi j’entre au Surf, une brasserie dont la déco date et qui parfois fait cleube privé. Je suis le seul à y manger : saumon fumé, bouquets et bulots prélevés au buffet d’entrées, tartare de bœuf avec frites maison, part de camembert, fraises et gâteau indéterminé prélevés au buffet des desserts, cela pour treize euros quatre-vingt-dix. Le café est offert et le quart de côtes-du-rhône à trois euros cinquante.
Il fait meilleur que prévu. Je grimpe sur la falaise aval, marche jusqu’au hameau Saint-Léger puis au retour me pose à mi-chemin pour lire au soleil sur un banc d’où l’on domine la sortie du port. Quand je redescends, la fête foraine bat son plein (comme on dit). Je me demande comment font les habitants de la place centrale pour supporter ce boucan qui s’entend jusqu’au local de Reste à bord. Avant d’y récupérer mon sac, je furète à nouveau et trouve le meilleur : Sur les routes avec le peuple de France (12 juin-29 juin 1940), un récit d’exode de Marguerite Bloch, née Herzog, descendante des drapiers d’Elbeuf et sœur d’André Maurois, joli livre rouge publié chez Claire Paulhan en deux mille dix, un euro au lieu des vingt-quatre qu’il valait neuf.
A seize heures dix-neuf, nous sommes une dizaine dans le car quittant Saint-Valéry-en-Caux, Saint-Val pour les intimes : « Y’a une nouvelle boutique à Saint-Val. » (une branlotine au téléphone).
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Au Surf, l’un des piliers de comptoir : « Pour qui qu’on va voter ? ». Personne ne répond, c’est inutile.
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Dans l’un des livres de poche de Saint-Valéry-en-Caux, un autocollant à la gloire de l’ours. Il est édité par le Fonds d’Intervention Eco-Pastoral, sis à Pau : « Pour que l’ours, les bergers et les forêts puissent vivre ».
Une incitation à voter Jean Lassalle ? Je sais qu’il défend les bergers mais je ne suis pas sûr qu’il aime l’ours.
14 avril 2017
Ne voilà-t-il pas que celui à qui les horoscopes (comme il dit) sont devenus favorables se rêve au second tour de la Présidentielle face à celle qui y est promise depuis longtemps par ces mêmes horoscopes.
Elle qui veut quitter la zone euro (et l’Europe) par référendum, lui qui veut quitter la zone euro (et l’Europe) par plan bé après l’échec de la renégociation des traités, de quoi plonger le pays dans une nouvelle crise économique avant même le résultat de ce deuxième tour.
Il n’en sera rien. Il ne sera pas qualifié. Elle le sera sans doute. Comme l’un des deux autres du quatuor de tête. N’étant toutefois pas exclu que ces deux autres se retrouvent face à face.
L’élu(e) du deuxième tour aura obtenu au premier dans les vingt-cinq à trente pour cent des voix, c’est-à-dire aura contre lui ou elle entre soixante-dix et soixante-quinze pour cent des Français(e)s en âge de voter, davantage même si on inclut les abstentionnistes. Bon courage pour faire quoi que ce soit (de plus aux législatives, il lui faudra obtenir une majorité favorable à son programme).
Celui dont je mettrai le nom dans l’urne le vingt-trois avril poursuit sa descente tranquille.
*
A Rouen, pour certain(e)s, abstentionnistes ou non, la contestation, cela commence le dimanche vingt-trois avril à vingt heures une : « Face à l’impasse électorale, prenons la rue ».
*
Le dessin qui m’a fait sourire cette semaine est signé Joann Sfar. Sur fond de Méditerranée, celui qui se voit déjà en haut de l’affiche déclare à la foule : « Ne scandez pas mon nom, pratiquez le culte de la personnalité discrètement. »
*
Daniel Cohn-Bendit sur Jean-Luc Mélenchon dans Libération :
« En disant «je renégocie les traités européens et en cas d’échec, je sors la France de l’euro», Mélenchon joue à la roulette russe sur l’Europe. Il dit «moi, le grand Jean-Luc Mélenchon, grand par le grand peuple français, je vais arriver à Bruxelles et mettre sur la table mon plan et dire "Madame Merkel, à genoux, tous à genoux". Je vais imposer que la Banque centrale européenne rachète les dettes des Etats». Mais comment ? Vous croyez que M. Draghi ou son successeur lui dira : «Evidemment Monsieur Mélenchon, nous n’attendions que vous !»
Comme cela ne se fera pas, ce sera alors le plan B. C’est-à-dire que, pour lui, sortir de l’euro et sortir de l’Europe, c’est une perspective réelle. Ce sera sur mon cadavre, parce qu’on peut avoir des tas de critiques sur l’Europe, notre seule chance, la chance des Français et des Allemands dans le monde d’aujourd’hui, c’est de la transformer. On ne sacrifie pas l’Europe, on se bat pour qu’elle bouge. »
Elle qui veut quitter la zone euro (et l’Europe) par référendum, lui qui veut quitter la zone euro (et l’Europe) par plan bé après l’échec de la renégociation des traités, de quoi plonger le pays dans une nouvelle crise économique avant même le résultat de ce deuxième tour.
Il n’en sera rien. Il ne sera pas qualifié. Elle le sera sans doute. Comme l’un des deux autres du quatuor de tête. N’étant toutefois pas exclu que ces deux autres se retrouvent face à face.
L’élu(e) du deuxième tour aura obtenu au premier dans les vingt-cinq à trente pour cent des voix, c’est-à-dire aura contre lui ou elle entre soixante-dix et soixante-quinze pour cent des Français(e)s en âge de voter, davantage même si on inclut les abstentionnistes. Bon courage pour faire quoi que ce soit (de plus aux législatives, il lui faudra obtenir une majorité favorable à son programme).
Celui dont je mettrai le nom dans l’urne le vingt-trois avril poursuit sa descente tranquille.
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A Rouen, pour certain(e)s, abstentionnistes ou non, la contestation, cela commence le dimanche vingt-trois avril à vingt heures une : « Face à l’impasse électorale, prenons la rue ».
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Le dessin qui m’a fait sourire cette semaine est signé Joann Sfar. Sur fond de Méditerranée, celui qui se voit déjà en haut de l’affiche déclare à la foule : « Ne scandez pas mon nom, pratiquez le culte de la personnalité discrètement. »
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Daniel Cohn-Bendit sur Jean-Luc Mélenchon dans Libération :
« En disant «je renégocie les traités européens et en cas d’échec, je sors la France de l’euro», Mélenchon joue à la roulette russe sur l’Europe. Il dit «moi, le grand Jean-Luc Mélenchon, grand par le grand peuple français, je vais arriver à Bruxelles et mettre sur la table mon plan et dire "Madame Merkel, à genoux, tous à genoux". Je vais imposer que la Banque centrale européenne rachète les dettes des Etats». Mais comment ? Vous croyez que M. Draghi ou son successeur lui dira : «Evidemment Monsieur Mélenchon, nous n’attendions que vous !»
Comme cela ne se fera pas, ce sera alors le plan B. C’est-à-dire que, pour lui, sortir de l’euro et sortir de l’Europe, c’est une perspective réelle. Ce sera sur mon cadavre, parce qu’on peut avoir des tas de critiques sur l’Europe, notre seule chance, la chance des Français et des Allemands dans le monde d’aujourd’hui, c’est de la transformer. On ne sacrifie pas l’Europe, on se bat pour qu’elle bouge. »
13 avril 2017
Entrer à dix heures moins dix au Café du Faubourg à la sortie Ledru-Rollin du métro, c’est ce que je fais encore une fois ce mercredi où la température est plus élevée à Paris qu’à Rouen, mais cette année, que se passe-t-il, les filles ne portent guère de jolies tenues sexy. Le café bu, Le Parisien lu, je fouine avec profit chez Book-Off puis pour rien au marché d’Aligre.
Je déjeune ensuite au Rempart, rue Saint-Antoine, servi par deux sympathiques jeunes hommes au louque différencié. Pour douze euros cinquante, j’ai droit à une excellente part d’épaule d’agneau confite à la provençale avec son nid de tagliatelles suivie d’une allitération de bon goût : tarte tatin tiédie. Le vin étant chérot, j’accompagne cela d’un peu d’eau de Paris.
Je n’ai qu’à traverser la rue pour être au pied de la statue de Pierre Caron de Beaumarchais où j’ai rendez-vous à treize heures avec celle qui travaille à proximité.
A l’heure dite, elle surgit. Le Rivolux nous donne la terrasse ensoleillée dont nous avons envie. Elle m’y offre deux cafés. Je lui offre Roman avec cocaïne d’Aguéev. Nous parlons de nos vies et de cette foutue élection présidentielle.
Quand le travail la requiert, un bus Vingt me rapproche du jardin du Palais Royal où j’espère lire au soleil sur l’une des chaises encerclant le bassin. Elles sont toutes prises. Je dois me contenter d’une place à l’ombre, sur un banc, sous les arbres.
Quand je reviens à Rouen, nuages et vent m’obligent à remettre le manteau qui m’encombrait à Paris.
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Parmi les livres dans mon sac : Journal (Leningrad, 1941-1942) de Léna Moukhina (Robert Laffont), Anaïs Nin genèse et jeunesse de Sophie Taam (Chèvre – feuille étoilée) et L’Interlocutrice de Geneviève Peigné (Le Nouvel Attila), celle-ci évoquant les dernières années de sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, par le biais des annotations incohérentes que la défunte inscrivait sur les romans policiers qu’elle lisait, jusqu’à s’immiscer dans les dialogues.
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Trouve-t-on à Pâques des œufs en chocolat dans les nids de tagliatelles ?
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Rue Saint-Antoine : une madeleinerie artisanale. Ça, c’est du néologisme.
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C’est à Houilles que commencent à remonter le train du matin celles et ceux à qui ça ferait mal de ne pas être le plus tôt possible au travail.
Je déjeune ensuite au Rempart, rue Saint-Antoine, servi par deux sympathiques jeunes hommes au louque différencié. Pour douze euros cinquante, j’ai droit à une excellente part d’épaule d’agneau confite à la provençale avec son nid de tagliatelles suivie d’une allitération de bon goût : tarte tatin tiédie. Le vin étant chérot, j’accompagne cela d’un peu d’eau de Paris.
Je n’ai qu’à traverser la rue pour être au pied de la statue de Pierre Caron de Beaumarchais où j’ai rendez-vous à treize heures avec celle qui travaille à proximité.
A l’heure dite, elle surgit. Le Rivolux nous donne la terrasse ensoleillée dont nous avons envie. Elle m’y offre deux cafés. Je lui offre Roman avec cocaïne d’Aguéev. Nous parlons de nos vies et de cette foutue élection présidentielle.
Quand le travail la requiert, un bus Vingt me rapproche du jardin du Palais Royal où j’espère lire au soleil sur l’une des chaises encerclant le bassin. Elles sont toutes prises. Je dois me contenter d’une place à l’ombre, sur un banc, sous les arbres.
Quand je reviens à Rouen, nuages et vent m’obligent à remettre le manteau qui m’encombrait à Paris.
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Parmi les livres dans mon sac : Journal (Leningrad, 1941-1942) de Léna Moukhina (Robert Laffont), Anaïs Nin genèse et jeunesse de Sophie Taam (Chèvre – feuille étoilée) et L’Interlocutrice de Geneviève Peigné (Le Nouvel Attila), celle-ci évoquant les dernières années de sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, par le biais des annotations incohérentes que la défunte inscrivait sur les romans policiers qu’elle lisait, jusqu’à s’immiscer dans les dialogues.
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Trouve-t-on à Pâques des œufs en chocolat dans les nids de tagliatelles ?
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Rue Saint-Antoine : une madeleinerie artisanale. Ça, c’est du néologisme.
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C’est à Houilles que commencent à remonter le train du matin celles et ceux à qui ça ferait mal de ne pas être le plus tôt possible au travail.
12 avril 2017
Ce lundi, à dix-neuf heures, est présentée dans l’ancienne école Victor-Hugo, qui fut aussi l’annexe de l’Ecole des Beaux-Arts de Rouen, la dernière étape de travail d’Une nuit chez Buzzati, «une forme théâtrale, musicale et plastique à partir de deux nouvelles de l’écrivain italien Dino Buzzati». Ce spectacle sera donné en juillet prochain dans l’une des serres du Jardin des Plantes. Il est estampillé Nos Années Sauvages, l’association qu’animent Thomas Cartron et Sylvain Wavrant. C’est ce dernier qui m’a invité.
J’y arrive un peu avant et trouve à m’employer en aidant à un emménagement consécutif à la fermeture de l’Ubi. Le moment venu, j’entre avec une vingtaine d’autres dans ce qui fut une salle de classe. Chacun(e) s’assoit à l’une des petites tables où sont posés verres et bouteilles.
Les trois artistes sont en place. Ils interprètent en les enchaînant Quand descend l’ombre, qui narre la rencontre d’un homme ayant réussi avec l’enfant qu’il fut (une étude de la trahison), et Douce nuit, dans laquelle une femme cauchemarde, que son mari rassure en lui vantant le jardin tranquille où pourtant se passent des horreurs (une étude de la cruauté du monde). Buzzati est l’un des maîtres de la littérature fantastique. L’inquiétude est ici favorisée par la pénombre.
A la lecture, au piano et au chant sont Charles et Charline Porrone (père et fille) et au violoncelle Charlotte Patel. Sylvain Wavrant est l’auteur des costumes et Laurent Martin de la scénographie et du décor en bois et meubles récupérés. Les musiques et les chansons écrites par les interprètes mettent en valeur le texte de Dino Buzzati. Le passage de la première nouvelle à la deuxième crée dans mon esprit un moment de flottement que j’aime bien. Ce court spectacle est une réussite.
Après les applaudissements, nous buvons un verre de prosecco. Il est question de placer ce moment de détente entre les deux nouvelles au Jardin des Plantes. Nous sommes deux à juger que ce ne serait pas une bonne idée et à plaider pour l’enchaînement des deux textes.
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Lisant, ce lundi après-midi, le Traité de la ponctuation française de Jacques Drillon (Tel/Gallimard) dans un semi soleil à la terrasse du Sacre, je suis abordé par une qui m’avait déjà envoyé un mail pour me reprocher d’avoir ironisé sur l’activité qu’elle propose sans même l’avoir pratiquée. La discussion commence aimablement mais ça ne dure pas : ce que j’écris est sans intérêt et je devrais reconnaître mes torts.
Après cette parenthèse, je suis heureux de retrouver les points, les virgules et les tirets.
Enfin, cet ouvrage n’est pas un lieu pour une telle querelle, écrit Jacques Drillon à la page cinquante-six.
J’y arrive un peu avant et trouve à m’employer en aidant à un emménagement consécutif à la fermeture de l’Ubi. Le moment venu, j’entre avec une vingtaine d’autres dans ce qui fut une salle de classe. Chacun(e) s’assoit à l’une des petites tables où sont posés verres et bouteilles.
Les trois artistes sont en place. Ils interprètent en les enchaînant Quand descend l’ombre, qui narre la rencontre d’un homme ayant réussi avec l’enfant qu’il fut (une étude de la trahison), et Douce nuit, dans laquelle une femme cauchemarde, que son mari rassure en lui vantant le jardin tranquille où pourtant se passent des horreurs (une étude de la cruauté du monde). Buzzati est l’un des maîtres de la littérature fantastique. L’inquiétude est ici favorisée par la pénombre.
A la lecture, au piano et au chant sont Charles et Charline Porrone (père et fille) et au violoncelle Charlotte Patel. Sylvain Wavrant est l’auteur des costumes et Laurent Martin de la scénographie et du décor en bois et meubles récupérés. Les musiques et les chansons écrites par les interprètes mettent en valeur le texte de Dino Buzzati. Le passage de la première nouvelle à la deuxième crée dans mon esprit un moment de flottement que j’aime bien. Ce court spectacle est une réussite.
Après les applaudissements, nous buvons un verre de prosecco. Il est question de placer ce moment de détente entre les deux nouvelles au Jardin des Plantes. Nous sommes deux à juger que ce ne serait pas une bonne idée et à plaider pour l’enchaînement des deux textes.
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Lisant, ce lundi après-midi, le Traité de la ponctuation française de Jacques Drillon (Tel/Gallimard) dans un semi soleil à la terrasse du Sacre, je suis abordé par une qui m’avait déjà envoyé un mail pour me reprocher d’avoir ironisé sur l’activité qu’elle propose sans même l’avoir pratiquée. La discussion commence aimablement mais ça ne dure pas : ce que j’écris est sans intérêt et je devrais reconnaître mes torts.
Après cette parenthèse, je suis heureux de retrouver les points, les virgules et les tirets.
Enfin, cet ouvrage n’est pas un lieu pour une telle querelle, écrit Jacques Drillon à la page cinquante-six.
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