Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
14 juin 2019
La musique actuelle qu’écoute mon gros et jeune voisin déborde de ses oreilles dans le train de sept heures cinquante-neuf ce mercredi. Cela ne m’empêche pas de lire Le flâneur des deux rives de Guillaume Apollinaire. Cela ne l’empêche pas de s’endormir, comme en témoigne l’immonde ronflement qui le réveille.
De Saint-Lazare jusqu’au Bistrot d’Edmond, je vais à pied avec un sac de livres qu’après avoir bu un café au comptoir je vais proposer à l’achat chez Book-Off. Une femme m’a précédée avec une valise emplie d’ouvrages protégés par du papier bulle.
-Je sais que vous êtes exigeant, se justifie-t-elle auprès de l’employé.
Celui-ci ne trouve rien à redire aux miens et me verse dix euros quarante.
J’en dépense quatre dans la boutique puis prends le métro Huit à Opéra pour rejoindre l’autre Book-Off. Avant de l’explorer, je déjeune face au square Trousseau dans une brasserie où je suis déjà venu mais dont le nom m’échappe. Dans cet établissement les portes du meuble situé sous la machine à café s’ouvrent sur un escalier menant au sous-sol. Deux hommes y descendent pour une réparation non précisée. Ma côte de porc sauce marsala pennes gratinées suivie d’un ananas flambé avec un quart de côtes-du-rhône me conviennent et me sont facturés dix-neuf euros quatre-vingt-dix.
-Ça vous a plu ? C’était mieux que la dernière fois ? me demande la serveuse pour me montrer qu’elle a bien remarqué que je suis déjà venu.
Après m’être alourdi chez Book-Off et alors qu’une drache s’abat sur la capitale, je descends sous terre afin de rejoindre Simplon. Il ne pleut plus à la sortie. J’ai ainsi le temps, handicapé par un pied gauche douloureux, de rejoindre le logement qui m’a abrité pendant deux semaines afin d’y récupérer le sac de livres que j’y ai laissé, puis de marcher à nouveau jusqu’à Jules Joffrin sans qu’aucune goutte ne me tombe dessus.
Quand je ressors à Saint-Lazare, une drache de première puissance en martèle le parvis. Je dois attendre qu’elle se calme un peu avant de le traverser jusqu’à La Ville d’Argentan. Depuis un certain temps l’aimable serveuse d’origine roumaine prénommée Danuta y est appelée Stéphanie.
Comment faire pour tenir un parapluie lorsqu’on a un lourd sac au bout de chaque bras ? Le ciel noir qui accompagne le train du retour à Rouen ne présage rien de bon. Heureusement, l’averse ne s’abat qu’après la fin de mon épopée.
*
Rue de Charonne, près d’Emmaüs, sur le ticheurte d’un ouvrier du bâtiment : « J’peux pas, j’ai chantier. »
*
Dans un des livres achetés, la photo au format dix sur quinze d’une belle brune au regard triste. Derrière celle-ci un nom, « Mlle Ratiba », et les six derniers chiffres d’un numéro de téléphone.
De Saint-Lazare jusqu’au Bistrot d’Edmond, je vais à pied avec un sac de livres qu’après avoir bu un café au comptoir je vais proposer à l’achat chez Book-Off. Une femme m’a précédée avec une valise emplie d’ouvrages protégés par du papier bulle.
-Je sais que vous êtes exigeant, se justifie-t-elle auprès de l’employé.
Celui-ci ne trouve rien à redire aux miens et me verse dix euros quarante.
J’en dépense quatre dans la boutique puis prends le métro Huit à Opéra pour rejoindre l’autre Book-Off. Avant de l’explorer, je déjeune face au square Trousseau dans une brasserie où je suis déjà venu mais dont le nom m’échappe. Dans cet établissement les portes du meuble situé sous la machine à café s’ouvrent sur un escalier menant au sous-sol. Deux hommes y descendent pour une réparation non précisée. Ma côte de porc sauce marsala pennes gratinées suivie d’un ananas flambé avec un quart de côtes-du-rhône me conviennent et me sont facturés dix-neuf euros quatre-vingt-dix.
-Ça vous a plu ? C’était mieux que la dernière fois ? me demande la serveuse pour me montrer qu’elle a bien remarqué que je suis déjà venu.
Après m’être alourdi chez Book-Off et alors qu’une drache s’abat sur la capitale, je descends sous terre afin de rejoindre Simplon. Il ne pleut plus à la sortie. J’ai ainsi le temps, handicapé par un pied gauche douloureux, de rejoindre le logement qui m’a abrité pendant deux semaines afin d’y récupérer le sac de livres que j’y ai laissé, puis de marcher à nouveau jusqu’à Jules Joffrin sans qu’aucune goutte ne me tombe dessus.
Quand je ressors à Saint-Lazare, une drache de première puissance en martèle le parvis. Je dois attendre qu’elle se calme un peu avant de le traverser jusqu’à La Ville d’Argentan. Depuis un certain temps l’aimable serveuse d’origine roumaine prénommée Danuta y est appelée Stéphanie.
Comment faire pour tenir un parapluie lorsqu’on a un lourd sac au bout de chaque bras ? Le ciel noir qui accompagne le train du retour à Rouen ne présage rien de bon. Heureusement, l’averse ne s’abat qu’après la fin de mon épopée.
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Rue de Charonne, près d’Emmaüs, sur le ticheurte d’un ouvrier du bâtiment : « J’peux pas, j’ai chantier. »
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Dans un des livres achetés, la photo au format dix sur quinze d’une belle brune au regard triste. Derrière celle-ci un nom, « Mlle Ratiba », et les six derniers chiffres d’un numéro de téléphone.
13 juin 2019
De mes deux lectures de retour à Rouen par le train en trois heures quarante vendredi dernier, Journal intime de Novalis (Le Petite Mercure) et Bonnard, jardins secrets d’Olivier Renault (La Petite Vermillon), j’ai appris et noté ceci :
En mil sept cent quatre-vingt-quinze, se préparant au métier d’administrateur, Novalis, alors âgé de vingt-deux ans, rencontre au château de Tennstedt la petite Sophie von Kühn. Il s’en éprend follement et tous deux se fiancent en secret le quinze mars, l’avant-veille du treizième anniversaire de la fillette. En mil sept cent quatre-vingt-seize, la faible et gracieuse Sophie tombe gravement malade et meurt un an plus tard, le dix-neuf mars mil sept cent quatre-vingt-dix-sept, des suites d’une opération du foie. Novalis, après avoir pensé se tuer, confie sa douleur à un Journal intime jusqu’à ce qu’atteint de phtisie, il se laisse mourir, le vingt-cinq mars mil huit cent un, à l’âge de vingt-huit ans.
Toute société, rien que d’y être seulement, me disconvient. (mardi de Pâques, dix-huit avril mil sept cent quatre-vingt-dix-sept)
Il ne veut plus aimer, celui qui fuit la douleur. Celui qui aime doit éternellement sentir l’absence vide, tenir ouverte la blessure toujours. (…) Sans ma Sophie je ne suis rien ; avec elle, tout. (six juin mil sept cent quatre-vingt-dix-sept)
Les imaginations érotiques du matin ont abouti à une explosion après midi. (neuf juin mil sept cent quatre-vingt-dix-sept)
Je vais aller à Kœsen pour être seul. Elle demeure toujours mon bien unique. Les hommes ne sont plus ce qui convient pour moi, de même que je ne suis plus moi-même à ma place au milieu des hommes. (entre le deux et le six juillet mil sept cent quatre-vingt-dix-sept)
Le treize août mil neuf cent vingt-cinq, Pierre Bonnard se décide enfin à épouser Marthe de Méligny, la noble orpheline abandonnée avec qui il vit depuis trente-deux ans. A cette occasion, il découvre qu’elle s’appelle en réalité Maria Boursin et est roturière ayant mère, sœurs et nièces, et que lorsqu’il l’a rencontrée elle n’avait pas seize ans comme elle lui avait dit mais vingt-quatre. Le mariage a lieu à la sauvette et à la Mairie du Dix-Septième avec pour seuls témoins Louisa Poilloire, concierge boulevard des Batignolles, et son mari Joseph Tanehoux, employé de banque.
Arcachon, quatre taches : vert foncé les sapins, vert clair la mer, jaune le sable, bleu le ciel. On n'a qu’à changer les taches de dimension et l’on peut faire vingt vues différentes d’Arcachon. C’est ainsi que je me représente ce pays enchanteur… (lettre de Bonnard à sa sœur, dont la teneur m’a rappelé mon séjour récent dans cette ville)
En mil sept cent quatre-vingt-quinze, se préparant au métier d’administrateur, Novalis, alors âgé de vingt-deux ans, rencontre au château de Tennstedt la petite Sophie von Kühn. Il s’en éprend follement et tous deux se fiancent en secret le quinze mars, l’avant-veille du treizième anniversaire de la fillette. En mil sept cent quatre-vingt-seize, la faible et gracieuse Sophie tombe gravement malade et meurt un an plus tard, le dix-neuf mars mil sept cent quatre-vingt-dix-sept, des suites d’une opération du foie. Novalis, après avoir pensé se tuer, confie sa douleur à un Journal intime jusqu’à ce qu’atteint de phtisie, il se laisse mourir, le vingt-cinq mars mil huit cent un, à l’âge de vingt-huit ans.
Toute société, rien que d’y être seulement, me disconvient. (mardi de Pâques, dix-huit avril mil sept cent quatre-vingt-dix-sept)
Il ne veut plus aimer, celui qui fuit la douleur. Celui qui aime doit éternellement sentir l’absence vide, tenir ouverte la blessure toujours. (…) Sans ma Sophie je ne suis rien ; avec elle, tout. (six juin mil sept cent quatre-vingt-dix-sept)
Les imaginations érotiques du matin ont abouti à une explosion après midi. (neuf juin mil sept cent quatre-vingt-dix-sept)
Je vais aller à Kœsen pour être seul. Elle demeure toujours mon bien unique. Les hommes ne sont plus ce qui convient pour moi, de même que je ne suis plus moi-même à ma place au milieu des hommes. (entre le deux et le six juillet mil sept cent quatre-vingt-dix-sept)
Le treize août mil neuf cent vingt-cinq, Pierre Bonnard se décide enfin à épouser Marthe de Méligny, la noble orpheline abandonnée avec qui il vit depuis trente-deux ans. A cette occasion, il découvre qu’elle s’appelle en réalité Maria Boursin et est roturière ayant mère, sœurs et nièces, et que lorsqu’il l’a rencontrée elle n’avait pas seize ans comme elle lui avait dit mais vingt-quatre. Le mariage a lieu à la sauvette et à la Mairie du Dix-Septième avec pour seuls témoins Louisa Poilloire, concierge boulevard des Batignolles, et son mari Joseph Tanehoux, employé de banque.
Arcachon, quatre taches : vert foncé les sapins, vert clair la mer, jaune le sable, bleu le ciel. On n'a qu’à changer les taches de dimension et l’on peut faire vingt vues différentes d’Arcachon. C’est ainsi que je me représente ce pays enchanteur… (lettre de Bonnard à sa sœur, dont la teneur m’a rappelé mon séjour récent dans cette ville)
12 juin 2019
Initié par les commerçants du quartier se tient ce lundi de Pentecôte un vide grenier sur la place Saint-Marc connue sous le nom de Clos Saint-Marc dès que s’y déroule un marché. Ce déballage, je le constate en arrivant vers sept heures, ressemble furieusement à l’un des marchés à la brocante qu’on voit là trois fois par semaine, bien que les professionnels (officiels, semi-officiels ou clandestins) qui proposent leur marchandise ce matin ne soient pas les habituels. S’y trouve aussi des particuliers (dont la plupart sont des pauvres). Ceux-ci se plaignent de leur emplacement. En principe, chacun s’installait dans l’ordre d’arrivée mais, disent-ils, il y a eu des passe-droits. Eux se retrouvent à la merci de la pluie. Les pros sont à l’abri sous les halles. Que ce soit chez les uns ou chez les autres je ne trouve pas le moindre livre à acheter.
*
L’après-midi c’est en effet la pluie et je me réfugie à l’intérieur du Faute de Mieux. La veille, dimanche de Pentecôte, j’ai quand même pu lire sous l’auvent de la terrasse du Sacre devant laquelle passaient des groupes de trentenaires venus pour l’Armada, tous portant un bonnet de marin. Pendant la Coupe du Monde de foute, ils se dessinaient des drapeaux tricolores sur les joues. En décembre, ils mettent un bonnet de Noël. Bref, à chaque occasion ils font ce que l’on attend d’eux.
*
Gros succès de cette Armada deux mille dix-neuf en ce ouiquennede de Pentecôte. Jusqu’à deux heures d’attente avant de pouvoir subir la fouille permettant d’y entrer puis trois quarts d’heure d’attente avant de pouvoir monter sur un bateau.
*
Et toute le personnelle de la Grande Pharmacie du Centre affublée du ticheurte : « Je peux pas j’ai Armada ».
*
Rouen, cette ville où la nocturne spéciale Armada des commerçants ce mercredi se terminera avant le début de la nuit (vingt et une heures pour la fermeture des boutiques, vingt et une heures quarante-neuf pour le coucher du soleil).
*
L’après-midi c’est en effet la pluie et je me réfugie à l’intérieur du Faute de Mieux. La veille, dimanche de Pentecôte, j’ai quand même pu lire sous l’auvent de la terrasse du Sacre devant laquelle passaient des groupes de trentenaires venus pour l’Armada, tous portant un bonnet de marin. Pendant la Coupe du Monde de foute, ils se dessinaient des drapeaux tricolores sur les joues. En décembre, ils mettent un bonnet de Noël. Bref, à chaque occasion ils font ce que l’on attend d’eux.
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Gros succès de cette Armada deux mille dix-neuf en ce ouiquennede de Pentecôte. Jusqu’à deux heures d’attente avant de pouvoir subir la fouille permettant d’y entrer puis trois quarts d’heure d’attente avant de pouvoir monter sur un bateau.
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Et toute le personnelle de la Grande Pharmacie du Centre affublée du ticheurte : « Je peux pas j’ai Armada ».
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Rouen, cette ville où la nocturne spéciale Armada des commerçants ce mercredi se terminera avant le début de la nuit (vingt et une heures pour la fermeture des boutiques, vingt et une heures quarante-neuf pour le coucher du soleil).
11 juin 2019
Voici les rues de Rouen pavoisées comme celles de Courjus-les-Deux-Rivières le jour de la fête au village. La cause en est l’Armada, ce rassemblement de grands voiliers (militaires pour beaucoup) qui revient tous les quatre cinq six ans. Comme si au Musée des Beaux-Arts était montrée régulièrement la même exposition, avec les mêmes tableaux accrochés au même endroit dans les mêmes salles. Côté animations annexes rien ne change non plus : promenades sur la Seine, grande roue, concerts, feux d’artifice, défilé de marins et messe des mêmes. Tout sera toujours comme avant.
Pendant ces dix jours de festivités, j’habite le quartier italien. Outre les drapeaux du pays, certains commerçants de la rue Saint-Nicolas ont jugé bon de suspendre des vêtements en travers de la rue, car il est bien connu que dans cette contrée on exhibe sa lessive.
La boulangère du coin de la rue et ses employé(e)s portent pour la circonstance un petit chapeau de marin. Pendant la fête, la boutique est ouverte sept jours sur sept. On y a le sens des affaires. N’y vend-on pas trente-cinq centimes, sous le nom de « petits pots de confiture », de minuscules barquettes comme on en fournit au petit-déjeuner dans les hôtels de peu d’étoiles (guère de fruit, beaucoup de sucre et d’additifs)
Une nouveauté quand même pour cette fête au village deux mille dix-neuf : le transfert de la réplique de la Statue de la Liberté, « la même qu’à New York mais en papier mâché », comme le chantait Nilda Fernandez (qui est mort juste avant cet évènement), de son rond-point de Barentin à l’extrémité de la presqu’île Waddington. Cette statue, construite pour les besoins du film Le Cerveau de Gérard Oury, a été officiellement inaugurée, avec ruban tricolore, par Patrick Herr, ancien politicien de droite devenu organisateur de festivités.
*
Ce samedi, le site de l’Armada devait être l’objet d’une animation non souhaitée organisée par les Gilets Jaunes sous le nom de code « A l’Abordage ». Le coup a foiré. Guère nombreux, les Jaunes se sont fait nasser sur un pont et leur opération s’est transformée en « Opération Trafalgar ».
*
Nicolas Meyer-Rossignol, ancien Chef de l’ancienne Région Haute-Normandie, Socialiste, profite de l’occasion pour faire connaître ses ambitions municipales. Il lance son mouvement « Fiers de Rouen ».
Comment peut-on être fier d’une ville?
Parmi ses premiers adeptes : Jacques Tanguy historien local, Marie-Andrée Malleville ancienne de l’Ubi, Matthieu de Montchalin de L’Armitière.
Son projet : faire de Rouen « dans vingt ans, le premier territoire du Nord-Ouest, devant Rennes et Nantes ». Quelle intention puérile et stérile. Je le croyais jusqu’à présent un peu plus futé que les autres Socialistes du coin.
Pendant ces dix jours de festivités, j’habite le quartier italien. Outre les drapeaux du pays, certains commerçants de la rue Saint-Nicolas ont jugé bon de suspendre des vêtements en travers de la rue, car il est bien connu que dans cette contrée on exhibe sa lessive.
La boulangère du coin de la rue et ses employé(e)s portent pour la circonstance un petit chapeau de marin. Pendant la fête, la boutique est ouverte sept jours sur sept. On y a le sens des affaires. N’y vend-on pas trente-cinq centimes, sous le nom de « petits pots de confiture », de minuscules barquettes comme on en fournit au petit-déjeuner dans les hôtels de peu d’étoiles (guère de fruit, beaucoup de sucre et d’additifs)
Une nouveauté quand même pour cette fête au village deux mille dix-neuf : le transfert de la réplique de la Statue de la Liberté, « la même qu’à New York mais en papier mâché », comme le chantait Nilda Fernandez (qui est mort juste avant cet évènement), de son rond-point de Barentin à l’extrémité de la presqu’île Waddington. Cette statue, construite pour les besoins du film Le Cerveau de Gérard Oury, a été officiellement inaugurée, avec ruban tricolore, par Patrick Herr, ancien politicien de droite devenu organisateur de festivités.
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Ce samedi, le site de l’Armada devait être l’objet d’une animation non souhaitée organisée par les Gilets Jaunes sous le nom de code « A l’Abordage ». Le coup a foiré. Guère nombreux, les Jaunes se sont fait nasser sur un pont et leur opération s’est transformée en « Opération Trafalgar ».
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Nicolas Meyer-Rossignol, ancien Chef de l’ancienne Région Haute-Normandie, Socialiste, profite de l’occasion pour faire connaître ses ambitions municipales. Il lance son mouvement « Fiers de Rouen ».
Comment peut-on être fier d’une ville?
Parmi ses premiers adeptes : Jacques Tanguy historien local, Marie-Andrée Malleville ancienne de l’Ubi, Matthieu de Montchalin de L’Armitière.
Son projet : faire de Rouen « dans vingt ans, le premier territoire du Nord-Ouest, devant Rennes et Nantes ». Quelle intention puérile et stérile. Je le croyais jusqu’à présent un peu plus futé que les autres Socialistes du coin.
8 juin 2019
Comme j’aurais dû suivre mon intuition et changer mon plan de retour à Rouen ce vendredi, lorsque j’ai su que la journée serait pluvieuse et se terminerait par le passage de la tempête Miguel, en prenant un nouveau billet à douze euros cinquante (prix Carte Avantage Senior) pour rentrer dès le matin au lieu d’utiliser celui en ma possession à neuf euros quatre-vingt-dix pour le train de quatorze heures cinquante (ni échangeable, ni remboursable). Au lieu de quoi j’ai renoncé, ai dépensé seize euros quatre-vingt-dix pour me nourrir au Café Saint-Lazare et me voici bloqué en gare de Mantes-la-Jolie pour une durée indéterminée, à cause d’une rupture d’installation électrique, dans un matériel non conforme parti de Paris avec vingt-cinq minutes de retard.
Des bouteilles d’eau sont distribuées pour assurer la survie des passagers, lesquels prennent ça avec philosophie contrainte. La plus dépitée se rend à l’Armada. Vers dix-huit heures, alors que le train vient de repartir, un voisin lui apprend que celle-ci est en train d’être évacuée et qu’il n’y aura ni visite de bateaux, ni concert, ni feu d’artifice ; de quoi l’achever.
C’est avec deux heures et demie de retard que nous atteignons la gare de Rouen où l’on annonce que la circulation des trains est de nouveau interrompue.
*
Ce qui m’a donné le temps de lire Journal intime de Novalis (Le Petit Mercure) et Bonnard, jardins secrets d’Oliver Renault (La Petite Vermillon).
Des bouteilles d’eau sont distribuées pour assurer la survie des passagers, lesquels prennent ça avec philosophie contrainte. La plus dépitée se rend à l’Armada. Vers dix-huit heures, alors que le train vient de repartir, un voisin lui apprend que celle-ci est en train d’être évacuée et qu’il n’y aura ni visite de bateaux, ni concert, ni feu d’artifice ; de quoi l’achever.
C’est avec deux heures et demie de retard que nous atteignons la gare de Rouen où l’on annonce que la circulation des trains est de nouveau interrompue.
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Ce qui m’a donné le temps de lire Journal intime de Novalis (Le Petit Mercure) et Bonnard, jardins secrets d’Oliver Renault (La Petite Vermillon).
7 juin 2019
Ce jeudi, par une ligne Treize pas encore surchargée, je vais jusqu’à Porte de Clichy afin d’exaucer mon désir de voir de près le Tribunal de Paris que j’ai vu construire au fil des semaines quand j’arrivais à Saint-Lazare le mercredi. Je n’ai pas loin à marcher pour en trouver une entrée mais ne peut l’emprunter car c’est celle des professionnel(le)s. Pour le public, c’est de l’autre côté, et pas avant huit heures et demie.
En attendant, je fais quelques photos du bâtiment de verre aux trente-huit étages de Renzo Piano puis m’approche du Bastion qui remplace le trente-six quai des Orfèvres. Celui-ci et le nouveau Palais de Justice sont reliés par une sorte de pont des Soupirs. Deux Policières montent la garde, à qui je demande si je peux photographier, ne voulant pas être suspecté de faire du repérage en vue d’une mauvaise action. Elles répondent positivement, c’est un bâtiment public. De là, je fais aussi des images de plusieurs immeubles de logements et de bureaux à l’architecture intéressante donnant à ce quartier un air de nouveauté.
Après un café bu au comptoir du Doddy’s Coffee, où il ne coûte qu’un euro, je vais prendre place dans la file de celles et ceux de toutes origines (mais certaines plus que d’autres) qui passent le contrôle d’accès au Tribunal (pour une autre raison que moi).
Ma montre et ma ceinture remises, je demande à un vigile si les photos sont autorisées. Elles le sont. J’en fais donc une série de ce bel intérieur blanc très éclairé relevé ponctuellement de rouge où règne un climat paisible. On ne peut monter que dans la partie la plus vaste du bâtiment. Les deux parallélépipèdes supérieurs sont réservés à la Magistrature.
Ressorti, je me mets en quête du cimetière des Batignolles avec les difficultés liées à la présence du terriphérique et de nombreux chantiers, dont celui de l’extension de la ligne Quatorze. Je le sais tout près mais j’y arrive par de nombreux errements, épuisé des pieds. Il s’ensuit que je renonce à chercher les tombes que je voulais voir, celles de Blaise Cendrars, d’André Breton, du Sar Peladan, d’Eric Losfeld, de Lino Ventura, d’Edouard Vuillard et de Jacques Debronckart. Il n’y a que pour celle de Paul Verlaine que je me force (il y en a du monde dans son caveau). Elle n’est pas à son emplacement d’origine, ayant été déplacée quand le terriphérique lui est passée par-dessus. D’autres n’ont pas eu ce privilège (reposez en paix, qu’ils disaient).
Pour regagner la station Porte de Clichy, j’ai la facilité de me repérer au Tribunal. Je découvre ainsi que j’ai énormément marché pour rien à l’aller. Il est onze heures. La rame du Treize est atrocement bondée. « Je n’ai plus d’âme », dit une fille à sa copine. Heureusement, je suis assis dans le Douze pour la seconde partie du trajet.
A midi, grâce à un fort bon hachis Parmentier salade et à la toujours parfaite tarte à la rhubarbe, je me remets un peu de ma fatigue et me réconcilie avec le Bon Coin.
*
Dans les toilettes du cimetière des Batignolles : « Je vous prie de ne pas verrouiller cette porte car le loquet se coince ». C’est signé « Le cimetière ».
En attendant, je fais quelques photos du bâtiment de verre aux trente-huit étages de Renzo Piano puis m’approche du Bastion qui remplace le trente-six quai des Orfèvres. Celui-ci et le nouveau Palais de Justice sont reliés par une sorte de pont des Soupirs. Deux Policières montent la garde, à qui je demande si je peux photographier, ne voulant pas être suspecté de faire du repérage en vue d’une mauvaise action. Elles répondent positivement, c’est un bâtiment public. De là, je fais aussi des images de plusieurs immeubles de logements et de bureaux à l’architecture intéressante donnant à ce quartier un air de nouveauté.
Après un café bu au comptoir du Doddy’s Coffee, où il ne coûte qu’un euro, je vais prendre place dans la file de celles et ceux de toutes origines (mais certaines plus que d’autres) qui passent le contrôle d’accès au Tribunal (pour une autre raison que moi).
Ma montre et ma ceinture remises, je demande à un vigile si les photos sont autorisées. Elles le sont. J’en fais donc une série de ce bel intérieur blanc très éclairé relevé ponctuellement de rouge où règne un climat paisible. On ne peut monter que dans la partie la plus vaste du bâtiment. Les deux parallélépipèdes supérieurs sont réservés à la Magistrature.
Ressorti, je me mets en quête du cimetière des Batignolles avec les difficultés liées à la présence du terriphérique et de nombreux chantiers, dont celui de l’extension de la ligne Quatorze. Je le sais tout près mais j’y arrive par de nombreux errements, épuisé des pieds. Il s’ensuit que je renonce à chercher les tombes que je voulais voir, celles de Blaise Cendrars, d’André Breton, du Sar Peladan, d’Eric Losfeld, de Lino Ventura, d’Edouard Vuillard et de Jacques Debronckart. Il n’y a que pour celle de Paul Verlaine que je me force (il y en a du monde dans son caveau). Elle n’est pas à son emplacement d’origine, ayant été déplacée quand le terriphérique lui est passée par-dessus. D’autres n’ont pas eu ce privilège (reposez en paix, qu’ils disaient).
Pour regagner la station Porte de Clichy, j’ai la facilité de me repérer au Tribunal. Je découvre ainsi que j’ai énormément marché pour rien à l’aller. Il est onze heures. La rame du Treize est atrocement bondée. « Je n’ai plus d’âme », dit une fille à sa copine. Heureusement, je suis assis dans le Douze pour la seconde partie du trajet.
A midi, grâce à un fort bon hachis Parmentier salade et à la toujours parfaite tarte à la rhubarbe, je me remets un peu de ma fatigue et me réconcilie avec le Bon Coin.
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Dans les toilettes du cimetière des Batignolles : « Je vous prie de ne pas verrouiller cette porte car le loquet se coince ». C’est signé « Le cimetière ».
6 juin 2019
En arrivant place d’Aligre ce mercredi matin, je constate que les marchands ont pris au sérieux la pluie annoncée par la météo. La plupart ne sont pas là. Elle non plus, mais le ciel nuageux ne laisse pas planer le doute sur son arrivée. Ce pourquoi, je ne suis pas allé en expédition aux environs. Paris a cet avantage qu’on peut s’y déplacer à l’abri sous la terre.
A dix heures, je suis chez Book-Off, ce qui ne manque pas d’ajouter de nouveaux livres à placer sur la pile de ceux que je ne pourrai rapporter à Rouen. Ce d’autant qu’il devrait pleuvoir aussi le jour de mon retour et que j’aurai besoin d’une main pour le parapluie.
A onze heures, la pluie s’étant déclenchée, je prends le métro pour aller rue Chapon. La Galerie Semiose y montre des œuvres du défunt collectif bordelais Présence Panchounette sous le titre Les nains aussi ont commencé petits. Je connais ce groupe de plasticiens post situationnistes par certains de leurs aphorismes lus dans un recueil rangé je ne sais où dans mon domicile rouennais. Je découvre leurs relectures narquoises des créations de leurs contemporains, artistes établis d’avant-garde. Beaucoup sont des « œuvres lumineuses », c’est-à-dire des installations incluant un système d’éclairage électrique (appliques, guirlandes de Noël, flash d’appareil photo, etc.). C’est sympathique sans être vraiment remarquable.
A midi, après un nouveau coup de métro, j’arrive sous le parapluie au Royal Bourse Opéra et m’installe à ma table préférée. Une nouvelle serveuse s’occupe de moi, au charmant accent hispanique. « Un pichette de vingt-cinq ? », me demande-t-elle quand je commande du vin, ce qui me fait penser à Henri et à cette autre serveuse qui avait fait tant d’effort pour me parler en français à Bilbao. Je m’offre un menu complet à seize euros : tomate farcie thon macédoine, sauté de veau aux olives et citrons confits avec pennes et tarte amandine aux poires. Mon voisin, après avoir attendu un autre homme pendant un long moment, commence à manger seul. Quand celui-ci arrive, son seul souci est de chercher comment désinstaller Skype de son téléphone.
A treize heures, il pleut encore quand j’entre au second Book-Off, près duquel, devant et à l’intérieur du Petit Colbert, malgré le temps déplaisant, Bernard Stora tourne à grands coups de projecteurs, une ou des scènes de Villa Caprice qui a du beau monde à son générique : Niels Arestrup, Patrick Bruel, Laurent Stocker, Irène Jacob, Michel Bouquet, invisibles à cet instant. Parmi les quatre livres à un euro que je trouve : Ma petite poésie ne connaît pas la crise de Jean-Pierre Verheggem, dont les titres sont habituellement meilleurs.
A quinze heures, il pleut toujours quand j’arrive Chez Dionis où je remplace la terrasse par l’intérieur et le diabolo menthe par un café. En écoutant Fip, j’y poursuis la lecture de Nicolas Bouvier (L’œil qui écrit) de François Laut. Extrait d’une lettre de Bouvier : J’ai fait une conférence à Berne dans une sorte de Rotary féminin à une collection de tourtes éblouies. C’était le « jour des maris » et toutes ces femmes fortement musclées et couperosées, respirant le désir bourgeois réprimé, avaient amené leurs époux, noirs et minuscules grillons grignotant dans les assurances, les tracteurs, les contrats militaires et totalement soumis à cette lourde et tardive verdeur féminine.
*
L’acte de naissance de Présence Panchounette, qui ne portait pas encore ce nom, est un graffiti sur un mur bordelais en novembre mil neuf cent soixante-huit où l'on pouvait lire : « Tout est comme avant ».
Sa mort se fit par dissolution en mil neuf cent quatre-vingt-dix après avoir connu quelques succès : « Réussir est notre échec. »
*
« Panchounette vient de « choune » : organe sexuel féminin. Chounette, adjectif employé dans le sud pour désigner tout ce qui est branlant, fragile, imparfait, s’applique principalement aux objets mais aussi aux individus, aux comportements. », apprends-je par Ouiquipédia.
*
Et pour jeudi, de la pluie ou non ?
Il est plus facile de prévoir ce que sera l'art dans dix ans que s'il pleuvra demain. (Présence Panchounette)
A dix heures, je suis chez Book-Off, ce qui ne manque pas d’ajouter de nouveaux livres à placer sur la pile de ceux que je ne pourrai rapporter à Rouen. Ce d’autant qu’il devrait pleuvoir aussi le jour de mon retour et que j’aurai besoin d’une main pour le parapluie.
A onze heures, la pluie s’étant déclenchée, je prends le métro pour aller rue Chapon. La Galerie Semiose y montre des œuvres du défunt collectif bordelais Présence Panchounette sous le titre Les nains aussi ont commencé petits. Je connais ce groupe de plasticiens post situationnistes par certains de leurs aphorismes lus dans un recueil rangé je ne sais où dans mon domicile rouennais. Je découvre leurs relectures narquoises des créations de leurs contemporains, artistes établis d’avant-garde. Beaucoup sont des « œuvres lumineuses », c’est-à-dire des installations incluant un système d’éclairage électrique (appliques, guirlandes de Noël, flash d’appareil photo, etc.). C’est sympathique sans être vraiment remarquable.
A midi, après un nouveau coup de métro, j’arrive sous le parapluie au Royal Bourse Opéra et m’installe à ma table préférée. Une nouvelle serveuse s’occupe de moi, au charmant accent hispanique. « Un pichette de vingt-cinq ? », me demande-t-elle quand je commande du vin, ce qui me fait penser à Henri et à cette autre serveuse qui avait fait tant d’effort pour me parler en français à Bilbao. Je m’offre un menu complet à seize euros : tomate farcie thon macédoine, sauté de veau aux olives et citrons confits avec pennes et tarte amandine aux poires. Mon voisin, après avoir attendu un autre homme pendant un long moment, commence à manger seul. Quand celui-ci arrive, son seul souci est de chercher comment désinstaller Skype de son téléphone.
A treize heures, il pleut encore quand j’entre au second Book-Off, près duquel, devant et à l’intérieur du Petit Colbert, malgré le temps déplaisant, Bernard Stora tourne à grands coups de projecteurs, une ou des scènes de Villa Caprice qui a du beau monde à son générique : Niels Arestrup, Patrick Bruel, Laurent Stocker, Irène Jacob, Michel Bouquet, invisibles à cet instant. Parmi les quatre livres à un euro que je trouve : Ma petite poésie ne connaît pas la crise de Jean-Pierre Verheggem, dont les titres sont habituellement meilleurs.
A quinze heures, il pleut toujours quand j’arrive Chez Dionis où je remplace la terrasse par l’intérieur et le diabolo menthe par un café. En écoutant Fip, j’y poursuis la lecture de Nicolas Bouvier (L’œil qui écrit) de François Laut. Extrait d’une lettre de Bouvier : J’ai fait une conférence à Berne dans une sorte de Rotary féminin à une collection de tourtes éblouies. C’était le « jour des maris » et toutes ces femmes fortement musclées et couperosées, respirant le désir bourgeois réprimé, avaient amené leurs époux, noirs et minuscules grillons grignotant dans les assurances, les tracteurs, les contrats militaires et totalement soumis à cette lourde et tardive verdeur féminine.
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L’acte de naissance de Présence Panchounette, qui ne portait pas encore ce nom, est un graffiti sur un mur bordelais en novembre mil neuf cent soixante-huit où l'on pouvait lire : « Tout est comme avant ».
Sa mort se fit par dissolution en mil neuf cent quatre-vingt-dix après avoir connu quelques succès : « Réussir est notre échec. »
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« Panchounette vient de « choune » : organe sexuel féminin. Chounette, adjectif employé dans le sud pour désigner tout ce qui est branlant, fragile, imparfait, s’applique principalement aux objets mais aussi aux individus, aux comportements. », apprends-je par Ouiquipédia.
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Et pour jeudi, de la pluie ou non ?
Il est plus facile de prévoir ce que sera l'art dans dix ans que s'il pleuvra demain. (Présence Panchounette)
5 juin 2019
Soit par Issy, soit par Ivry. Cette fois, j’y suis. Et sur place, aucun risque de confondre les deux villes. Je peux d’emblée affirmer qu’Ivry-sur-Seine n’est pas en voie de gentrification. Bien qu’y habitent (ou y ont habité) Ernest Pignon-Ernest et Combas, mais je ne sais pas où. Alors c’est à un autre habitant connu, le seul de cette espèce à résider au nouveau cimetière, que je vais rendre visite.
Il me faut pour cela grimper une côte (Ivry est pentue). A l’arrivée, je demande à la loge où. L’un des employés s’offre à m’accompagner. Il faut prendre l’allée tout de suite à gauche après l’entrée puis la première à droite entre les divisions quatre et cinq. La tombe d’Allain Leprest est là. Un escargot m’a précédé. Il se balade sur cette pierre moche comme rarement j’en ai vu. Je ne félicite pas l’auteur de cette sculpture aux ailes déployées, ni celui qui a eu l’idée de peindre tout ça en rose sale. L’intérieur est empli de fleurs artificielles décolorées. Le nom et les dates de naissance et de suicide de l’artiste sont sur une sorte d’étiquette. Une vague photo complète l’ensemble. Je dépose mon petit caillou blanc et fais une photo qui intéressera sans doute l’une de ma connaissance qui aime beaucoup ses chansons. Ce n’est pas mon cas mais il en est certaines qui me plaisent, dont Bilou. Il y est question du bar du Saint-Amand et du clocher de Saint-Maclou.
Redescendu j’explore la ville un peu au hasard, attiré par tel ou tel aspect de son architecture désordonnée. C’est jour du marché et c’est surtout jour de fête pour certains car le ramadan est terminé. De nombreux habitants, adultes et enfants qui ne vont pas à l’école, ont mis leur plus belle tenue pour l’Aïd el-Frit.
Je passe sous la ligne de chemin de fer au niveau de la gare, près de laquelle une ancienne Gendarmerie Nationale est squattée par des miséreux, ce qui lui donne un aspect stupéfiant, et vais jusqu’à la place Gambetta dont la période de prospérité est passée, comme en témoigne l’état de l’hôtel du même nom, puis je rebrousse.
De retour à la station de métro Mairie d’Ivry, je remonte l’avenue Maurice-Thorez pour atteindre le Petit-Ivry dont Le Routard dit grand bien mais j’en suis déçu, d’autant qu’aucun restaurant n’invite à y entrer.
Je retourne vers la Mairie. C’est par là que je déjeune à la terrasse de Chez Nono pour quinze euros, d’une quiche tomate mozzarella, d’un sauté de veau aux olives pommes vapeur et d’un tiramisu fraise framboise, le tout fort correct. Le quart de vin rouge est à quatre euros cinquante.
Mes voisins sont des trentenaires sans tenue d’apparat occupés à boire des cafés.
-Je fais pas le ramadan, dit l’un, mais je ne mange pas de porc. Ce n’est pas la barbe qui fait le prophète.
Un autre à tous :
-Alors, ça va être le grand repas familial ?
Un premier :
-Non, je vais passer voir ma mère au cimetière.
Un deuxième :
-Déjà je suis sorti de chez moi parce qu’il y a trop de bruit.
Quand je paie, le patron me demande s’il peut m’offrir quelque chose. Je prends donc un café au comptoir dont je le remercie, avant de rentrer dans le Dix-Huitième où en fin d’après-midi l’orage et ses grêlons se chargent de l’animation.
*
Près de la place de l’Insurrection, une imposante sculpture brutaliste due à Jean Clareboudt, énorme pierre posée sur quatre poutres métalliques peintes en rouge : Oblique Haute.
*
Au Petit-Ivry se trouve le sentier de la Liberté, ainsi nommé par les locaux après qu’il eut permis à Jules Bonnot de fuir les policiers venus l’arrêter (il sera abattu quatre jours plus tard à Choisy). C’est rue Ordener, près de mon logement temporaire, que Bonnot et sa bande innovèrent en fuyant en auto après l’attaque d’une succursale de la Société Générale. Jules Bonnot c’était pas n’importe qui, écrivit en chanson Boris Vian.
*
Sur une camionnette à Ivry : « St-Once, traiteur moderne par tradition ».
Il me faut pour cela grimper une côte (Ivry est pentue). A l’arrivée, je demande à la loge où. L’un des employés s’offre à m’accompagner. Il faut prendre l’allée tout de suite à gauche après l’entrée puis la première à droite entre les divisions quatre et cinq. La tombe d’Allain Leprest est là. Un escargot m’a précédé. Il se balade sur cette pierre moche comme rarement j’en ai vu. Je ne félicite pas l’auteur de cette sculpture aux ailes déployées, ni celui qui a eu l’idée de peindre tout ça en rose sale. L’intérieur est empli de fleurs artificielles décolorées. Le nom et les dates de naissance et de suicide de l’artiste sont sur une sorte d’étiquette. Une vague photo complète l’ensemble. Je dépose mon petit caillou blanc et fais une photo qui intéressera sans doute l’une de ma connaissance qui aime beaucoup ses chansons. Ce n’est pas mon cas mais il en est certaines qui me plaisent, dont Bilou. Il y est question du bar du Saint-Amand et du clocher de Saint-Maclou.
Redescendu j’explore la ville un peu au hasard, attiré par tel ou tel aspect de son architecture désordonnée. C’est jour du marché et c’est surtout jour de fête pour certains car le ramadan est terminé. De nombreux habitants, adultes et enfants qui ne vont pas à l’école, ont mis leur plus belle tenue pour l’Aïd el-Frit.
Je passe sous la ligne de chemin de fer au niveau de la gare, près de laquelle une ancienne Gendarmerie Nationale est squattée par des miséreux, ce qui lui donne un aspect stupéfiant, et vais jusqu’à la place Gambetta dont la période de prospérité est passée, comme en témoigne l’état de l’hôtel du même nom, puis je rebrousse.
De retour à la station de métro Mairie d’Ivry, je remonte l’avenue Maurice-Thorez pour atteindre le Petit-Ivry dont Le Routard dit grand bien mais j’en suis déçu, d’autant qu’aucun restaurant n’invite à y entrer.
Je retourne vers la Mairie. C’est par là que je déjeune à la terrasse de Chez Nono pour quinze euros, d’une quiche tomate mozzarella, d’un sauté de veau aux olives pommes vapeur et d’un tiramisu fraise framboise, le tout fort correct. Le quart de vin rouge est à quatre euros cinquante.
Mes voisins sont des trentenaires sans tenue d’apparat occupés à boire des cafés.
-Je fais pas le ramadan, dit l’un, mais je ne mange pas de porc. Ce n’est pas la barbe qui fait le prophète.
Un autre à tous :
-Alors, ça va être le grand repas familial ?
Un premier :
-Non, je vais passer voir ma mère au cimetière.
Un deuxième :
-Déjà je suis sorti de chez moi parce qu’il y a trop de bruit.
Quand je paie, le patron me demande s’il peut m’offrir quelque chose. Je prends donc un café au comptoir dont je le remercie, avant de rentrer dans le Dix-Huitième où en fin d’après-midi l’orage et ses grêlons se chargent de l’animation.
*
Près de la place de l’Insurrection, une imposante sculpture brutaliste due à Jean Clareboudt, énorme pierre posée sur quatre poutres métalliques peintes en rouge : Oblique Haute.
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Au Petit-Ivry se trouve le sentier de la Liberté, ainsi nommé par les locaux après qu’il eut permis à Jules Bonnot de fuir les policiers venus l’arrêter (il sera abattu quatre jours plus tard à Choisy). C’est rue Ordener, près de mon logement temporaire, que Bonnot et sa bande innovèrent en fuyant en auto après l’attaque d’une succursale de la Société Générale. Jules Bonnot c’était pas n’importe qui, écrivit en chanson Boris Vian.
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Sur une camionnette à Ivry : « St-Once, traiteur moderne par tradition ».
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