Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
6 juin 2020
Dans quel état serais-je si durant toute la durée du confinement puis de la première étape du déconfinement, le temps avait été aussi gris et triste que ce vendredi. En manière de recours contre la morosité, je trie ma sélection de Pensées ou d’Aphorismes (titres donnés à leurs différentes traductions) de Georg Christoph Lichtenberg :
Il s’étonnait que les chats eussent la peau percée de deux trous précisément à la place des yeux.
Les gens qui ont de grands pieds marchent généralement mal. Ce que les pieds ont en trop manque aux genoux.
Devant la méfiance générale, on fera réaliser les expériences par des orphelins.
Les sabliers ne servent pas seulement à nous rappeler la fuite du temps, ils évoquent également la poussière que nous deviendrons un jour.
Tout le monde s’étonnera que je pense encore écrire de telles choses dans les derniers jours de ce monde vieilli.
De la transformation de l’eau en vin à l’aide de la règle et du compas.
J’aurais aimé avoir Swift chez le barbier, Sterne chez le coiffeur, Newton au petit-déjeuner et Hume au café.
Son jupon était rouge et bleu avec une large lisière et semblait avoir été taillé dans un rideau de théâtre. J’eusse donné beaucoup pour être aux premières loges, mais il n’y eut pas de représentation.
Vous êtes-vous plu en leur compagnie ?
Réponse : Absolument, presque autant que dans ma chambre.
L’une des sœurs prit le voile et l’autre la braguette.
Il faut croire que le monde n’est pas encore très vieux, puisque les hommes ne peuvent pas encore voler.
Je n’aurais jamais cru qu’on pût faire autant de sottises avec des plumes d’oie, du moins sans le secours de l’encre.
Il n’y a, sous le soleil, rien de plus perfide et de plus méchant qu’une putain qui se voit forcée par l’âge de se transformer en bigote.
On dit à un homme que l’âme était un point ; ce à quoi il a répondu : « Pourquoi pas un point-virgule, ainsi elle aurait une queue. »
Ah ! les nonnes n’ont point seulement fait strict vœu de chasteté, elles ont aussi de forts barreaux à leurs fenêtres.
De nos jours, nous avons déjà des livres sur d’autres livres et des descriptions de descriptions.
Aujourd’hui, j’ai permis au soleil de se lever plus tôt que moi.
A Brunschwig, on vendit dans une vente publique, pour une forte somme, une coiffure confectionnée avec les cheveux les plus intimes d’une jeune fille.
A – Cet homme a beaucoup d’enfants.
B – Oui, mais pour la plupart je crois qu’il n’y a guère contribué qu’en corrigeant les épreuves.
Un tombeau reste toujours la meilleure fortification contre les tempêtes du destin.
Que l’homme soit la plus noble créature du monde, on peut le déduire de ce qu’aucune autre créature ne l’a jamais contredit sur ce point.
Que les choses les plus importantes s’effectuent par des tuyaux. La preuve : les organes de la reproduction, la plume à écrire et notre fusil. Qu’est-ce que l’homme, sinon un confus paquet de tuyaux ?
A vrai dire, je suis venu en Angleterre pour apprendre l’allemand.
On hésite à faire des cornets à poivre avec une rame de papier blanc, mais dès que quelque chose est imprimé dessus, on ne se gêne pas.
Il pleuvait si fort que tous les porcs devinrent propres et tous les hommes crottés.
La plupart des hommes ont rarement dans la tête plus de lumière qu’il ne faut pour qu’on s’aperçoive qu’elle est précisément complètement vide.
Si seulement je connaissais quelqu’un qui consentirait à faire savoir à ce brave homme qu’il n’est pas intelligent.
Ce qu’ils nomment le cœur est situé bien plus bas que le quatrième bouton de la veste.
Curieux cabinet à Paris ! La vierge de Loretto, les ours de Berne et les pantoufles du Pape. Il ne manque que la chaise percée du Dalaï Lama.
Là où tous les gens veulent arriver aussi tôt que possible, il faut nécessairement que la plus grande partie d’entre eux arrive trop tard.
Il arborait déjà un nez tricolore, bien longtemps avant la Révolution française.
L’Américain qui découvrit le premier Christophe Colomb fit une méchante découverte.
L’âne me semble un cheval traduit en hollandais.
Quoique je ne sois pas en mesure de prononcer sur de la matière morte le : que cela soit ! et de l’animer, je vais peut-être tout de même souffler dans la trompette de la Résurrection et voir si quelque chose bouge parmi les morts.
D… dit par moments des choses si niaises que l’on a peine à croire qu’il le fait avec la bouche.
On a beaucoup écrit sur les premiers hommes, il faudrait que quelqu’un essayât un jour d’écrire sur les deux derniers.
Pourquoi ne serait-il pas permis au Roi de France de se faire élire député de l’Assemblée nationale ? Ce serait préférable pour lui.
Il y a véritablement beaucoup de gens qui ne lisent que pour être dispensés de penser.
Le livre qui mériterait d’être interdit avant tous les autres serait un catalogue des livres interdits.
Tout homme qui est sourd comme un pot devrait léguer ses oreilles à la science.
Ce n’est point parce que l’on prêche dans les églises que les paratonnerres y sont inutiles.
Je ressens chaque fois une impression étrange quand je vois un grand savant ou un quelconque homme important et bien situé et que je pense au temps qui a existé jadis où il chantait une petite chanson aux coccinelles pour les encourager à s’envoler.
En Angleterre, un homme, accusé de bigamie, est sauvé par son avocat qui prouve que son client avait trois femmes.
*
A Göttingen, nous habitons dans des bûchers pourvus de portes et de fenêtres. écrit encore Georg Christoph Lichtenberg. Ce que peuvent dire aussi de nombreux Rouennais, dont moi-même. Mon logement donnant sur une venelle, il semble aussi en être question dans ce qui suit :
J’ai eu à Hanovre un logement dont la fenêtre donnait sur une ruelle étroite qui établissait la communication avec deux grandes artères. Il était très plaisant de voir comment les gens qui passaient dans cette ruelle et ne se croyaient pas observés changeaient de visage ; l’un se mettait à pisser, l’autre rattachait ses bas, l’un riait tout seul tandis que l’autre secouait la tête. Les jeunes filles souriaient en pensant à la nuit précédente et arrangeaient leurs rubans pour faire la conquête de la prochaine grande rue.
*
Georg Christoph Lichtenberg, dix-septième enfant d’un pasteur, naît le premier juillet mil sept cent quarante-deux. A l’âge de huit ans, il devient infirme suite à une chute. En mai mil sept cent soixante-dix-sept, il fait la connaissance de Maria Dorothea Stechard, treize ans, dont il tombe amoureux. Ils vivent ensemble jusqu’à la mort de cette dernière en mil sept ans quatre-vingt-deux. S’ensuit une période de dépression et d’envie de suicide. En septembre mil sept cent quatre-vingt-trois, il rencontre Margarethe Kellner, qui devient son épouse et avec qui il a de nombreux enfants. Il meurt le vingt-quatre février mil sept cent quatre-vingt-dix-neuf, à l’âge de cinquante-six ans.
Il s’étonnait que les chats eussent la peau percée de deux trous précisément à la place des yeux.
Les gens qui ont de grands pieds marchent généralement mal. Ce que les pieds ont en trop manque aux genoux.
Devant la méfiance générale, on fera réaliser les expériences par des orphelins.
Les sabliers ne servent pas seulement à nous rappeler la fuite du temps, ils évoquent également la poussière que nous deviendrons un jour.
Tout le monde s’étonnera que je pense encore écrire de telles choses dans les derniers jours de ce monde vieilli.
De la transformation de l’eau en vin à l’aide de la règle et du compas.
J’aurais aimé avoir Swift chez le barbier, Sterne chez le coiffeur, Newton au petit-déjeuner et Hume au café.
Son jupon était rouge et bleu avec une large lisière et semblait avoir été taillé dans un rideau de théâtre. J’eusse donné beaucoup pour être aux premières loges, mais il n’y eut pas de représentation.
Vous êtes-vous plu en leur compagnie ?
Réponse : Absolument, presque autant que dans ma chambre.
L’une des sœurs prit le voile et l’autre la braguette.
Il faut croire que le monde n’est pas encore très vieux, puisque les hommes ne peuvent pas encore voler.
Je n’aurais jamais cru qu’on pût faire autant de sottises avec des plumes d’oie, du moins sans le secours de l’encre.
Il n’y a, sous le soleil, rien de plus perfide et de plus méchant qu’une putain qui se voit forcée par l’âge de se transformer en bigote.
On dit à un homme que l’âme était un point ; ce à quoi il a répondu : « Pourquoi pas un point-virgule, ainsi elle aurait une queue. »
Ah ! les nonnes n’ont point seulement fait strict vœu de chasteté, elles ont aussi de forts barreaux à leurs fenêtres.
De nos jours, nous avons déjà des livres sur d’autres livres et des descriptions de descriptions.
Aujourd’hui, j’ai permis au soleil de se lever plus tôt que moi.
A Brunschwig, on vendit dans une vente publique, pour une forte somme, une coiffure confectionnée avec les cheveux les plus intimes d’une jeune fille.
A – Cet homme a beaucoup d’enfants.
B – Oui, mais pour la plupart je crois qu’il n’y a guère contribué qu’en corrigeant les épreuves.
Un tombeau reste toujours la meilleure fortification contre les tempêtes du destin.
Que l’homme soit la plus noble créature du monde, on peut le déduire de ce qu’aucune autre créature ne l’a jamais contredit sur ce point.
Que les choses les plus importantes s’effectuent par des tuyaux. La preuve : les organes de la reproduction, la plume à écrire et notre fusil. Qu’est-ce que l’homme, sinon un confus paquet de tuyaux ?
A vrai dire, je suis venu en Angleterre pour apprendre l’allemand.
On hésite à faire des cornets à poivre avec une rame de papier blanc, mais dès que quelque chose est imprimé dessus, on ne se gêne pas.
Il pleuvait si fort que tous les porcs devinrent propres et tous les hommes crottés.
La plupart des hommes ont rarement dans la tête plus de lumière qu’il ne faut pour qu’on s’aperçoive qu’elle est précisément complètement vide.
Si seulement je connaissais quelqu’un qui consentirait à faire savoir à ce brave homme qu’il n’est pas intelligent.
Ce qu’ils nomment le cœur est situé bien plus bas que le quatrième bouton de la veste.
Curieux cabinet à Paris ! La vierge de Loretto, les ours de Berne et les pantoufles du Pape. Il ne manque que la chaise percée du Dalaï Lama.
Là où tous les gens veulent arriver aussi tôt que possible, il faut nécessairement que la plus grande partie d’entre eux arrive trop tard.
Il arborait déjà un nez tricolore, bien longtemps avant la Révolution française.
L’Américain qui découvrit le premier Christophe Colomb fit une méchante découverte.
L’âne me semble un cheval traduit en hollandais.
Quoique je ne sois pas en mesure de prononcer sur de la matière morte le : que cela soit ! et de l’animer, je vais peut-être tout de même souffler dans la trompette de la Résurrection et voir si quelque chose bouge parmi les morts.
D… dit par moments des choses si niaises que l’on a peine à croire qu’il le fait avec la bouche.
On a beaucoup écrit sur les premiers hommes, il faudrait que quelqu’un essayât un jour d’écrire sur les deux derniers.
Pourquoi ne serait-il pas permis au Roi de France de se faire élire député de l’Assemblée nationale ? Ce serait préférable pour lui.
Il y a véritablement beaucoup de gens qui ne lisent que pour être dispensés de penser.
Le livre qui mériterait d’être interdit avant tous les autres serait un catalogue des livres interdits.
Tout homme qui est sourd comme un pot devrait léguer ses oreilles à la science.
Ce n’est point parce que l’on prêche dans les églises que les paratonnerres y sont inutiles.
Je ressens chaque fois une impression étrange quand je vois un grand savant ou un quelconque homme important et bien situé et que je pense au temps qui a existé jadis où il chantait une petite chanson aux coccinelles pour les encourager à s’envoler.
En Angleterre, un homme, accusé de bigamie, est sauvé par son avocat qui prouve que son client avait trois femmes.
*
A Göttingen, nous habitons dans des bûchers pourvus de portes et de fenêtres. écrit encore Georg Christoph Lichtenberg. Ce que peuvent dire aussi de nombreux Rouennais, dont moi-même. Mon logement donnant sur une venelle, il semble aussi en être question dans ce qui suit :
J’ai eu à Hanovre un logement dont la fenêtre donnait sur une ruelle étroite qui établissait la communication avec deux grandes artères. Il était très plaisant de voir comment les gens qui passaient dans cette ruelle et ne se croyaient pas observés changeaient de visage ; l’un se mettait à pisser, l’autre rattachait ses bas, l’un riait tout seul tandis que l’autre secouait la tête. Les jeunes filles souriaient en pensant à la nuit précédente et arrangeaient leurs rubans pour faire la conquête de la prochaine grande rue.
*
Georg Christoph Lichtenberg, dix-septième enfant d’un pasteur, naît le premier juillet mil sept cent quarante-deux. A l’âge de huit ans, il devient infirme suite à une chute. En mai mil sept cent soixante-dix-sept, il fait la connaissance de Maria Dorothea Stechard, treize ans, dont il tombe amoureux. Ils vivent ensemble jusqu’à la mort de cette dernière en mil sept ans quatre-vingt-deux. S’ensuit une période de dépression et d’envie de suicide. En septembre mil sept cent quatre-vingt-trois, il rencontre Margarethe Kellner, qui devient son épouse et avec qui il a de nombreux enfants. Il meurt le vingt-quatre février mil sept cent quatre-vingt-dix-neuf, à l’âge de cinquante-six ans.
5 juin 2020
Il est temps de retourner au restaurant en ce jeudi pluvieux. Pour ce faire, je choisis le japonais dont j'étais un habitué (une fois toutes les deux semaines). Sa partie cuisine est désormais invisible, bâchée de plastique, et le comptoir surmonté de parois en plexiglas. Des tables ont été supprimées mais celles qui restent sont en nombre suffisant pour ce midi. Outre moi-même, seuls deux jeunes couples sont présents. La jeune et sympathique patronne et la nouvelle et attentive serveuse sont évidemment masquées.
Le risque à être dans ce genre d’endroit pour un vieux comme moi est minime et même sans doute nul. Quoi qu’il en soit, je suis décidé à vivre cet été deux mille vingt sans me freiner. Ce peut être le dernier et pour bien d’autres raisons que de choper le Covid Dix-Neuf. Depuis quelques temps, mon corps multiplie les signaux d’alerte. Comme l’écrivait Erik Satie :
Sans doute, je deviendrai malade ; j’aurai des puces, j’aurai froid dans le dos. Je ne serai pas gai. Je prendrai du ventre, & je serai mal habillé.
Personne ne viendra me voir.
Probablement, j’y resterai très longtemps. Je ne pourrai aller au café, ni à la chasse, ni chez mon notaire, ni en autobus, ni à la pêche à Montreuil, ni au théâtre, ni aux courses, ni aux bains de mer de famille.
Je vais perdre toutes mes relations. Que j’ai donc peu de chance !
Ce sont ces Ecrits d’Erik Satie réunis par Ornella Volta pour les Editions Champ Libre que je lis l’après-midi sous l’auvent du Son du Cor. Mon exemplaire est d’occasion, acheté dix euros il y a des années à Joseph Trotta au marché des Emmurées. En l’ouvrant, j’ai découvert le cachet « Comité d’Entreprise de la Matmut ».
Dans les Ecrits d’Erik Satie, il y a pour moi beaucoup à laisser. J’y trouve aussi de quoi me plaire, pas seulement ses aphorismes bien connus mais aussi des considérations musicales de ce genre :
… le bec, chez les oiseaux, rapproche ceux-ci de la clarinette, … du flageolet…
Par contre, d’autres ont une conformation générale qui leur interdit de songer à se lancer dans la carrière artistique…
… les poissons – par exemple…
Ces pauvres bêtes n’y pensent même pas…
ou bien
Le syndicat des culs-de-jatte vote des félicitations à M. Gustave Lyon qui, en supprimant les pédales des harpes, a rendu la pratique de cet instrument accessible à toute une intéressante catégorie de travailleurs.
*
J’ai entendu récemment dans une émission de France Culture consacrée à l’autisme qu’Erik Satie était atteint du syndrome d’Asperger. Ce genre de diagnostic rétrospectif me laisse songeur.
De lui encore ceci :
Faits divers. On vient d’arrêter le dramaturge Henry Bataille qui essayait de faire prendre son entérite pour un vice nouveau.
Et pour finir :
Ce que je voudrais, c’est que tous les Français, nés eux-mêmes sur le territoire français, de parents français ou en ayant l’air, eussent droit à une place de facteur des Postes à Paris.
Le risque à être dans ce genre d’endroit pour un vieux comme moi est minime et même sans doute nul. Quoi qu’il en soit, je suis décidé à vivre cet été deux mille vingt sans me freiner. Ce peut être le dernier et pour bien d’autres raisons que de choper le Covid Dix-Neuf. Depuis quelques temps, mon corps multiplie les signaux d’alerte. Comme l’écrivait Erik Satie :
Sans doute, je deviendrai malade ; j’aurai des puces, j’aurai froid dans le dos. Je ne serai pas gai. Je prendrai du ventre, & je serai mal habillé.
Personne ne viendra me voir.
Probablement, j’y resterai très longtemps. Je ne pourrai aller au café, ni à la chasse, ni chez mon notaire, ni en autobus, ni à la pêche à Montreuil, ni au théâtre, ni aux courses, ni aux bains de mer de famille.
Je vais perdre toutes mes relations. Que j’ai donc peu de chance !
Ce sont ces Ecrits d’Erik Satie réunis par Ornella Volta pour les Editions Champ Libre que je lis l’après-midi sous l’auvent du Son du Cor. Mon exemplaire est d’occasion, acheté dix euros il y a des années à Joseph Trotta au marché des Emmurées. En l’ouvrant, j’ai découvert le cachet « Comité d’Entreprise de la Matmut ».
Dans les Ecrits d’Erik Satie, il y a pour moi beaucoup à laisser. J’y trouve aussi de quoi me plaire, pas seulement ses aphorismes bien connus mais aussi des considérations musicales de ce genre :
… le bec, chez les oiseaux, rapproche ceux-ci de la clarinette, … du flageolet…
Par contre, d’autres ont une conformation générale qui leur interdit de songer à se lancer dans la carrière artistique…
… les poissons – par exemple…
Ces pauvres bêtes n’y pensent même pas…
ou bien
Le syndicat des culs-de-jatte vote des félicitations à M. Gustave Lyon qui, en supprimant les pédales des harpes, a rendu la pratique de cet instrument accessible à toute une intéressante catégorie de travailleurs.
*
J’ai entendu récemment dans une émission de France Culture consacrée à l’autisme qu’Erik Satie était atteint du syndrome d’Asperger. Ce genre de diagnostic rétrospectif me laisse songeur.
De lui encore ceci :
Faits divers. On vient d’arrêter le dramaturge Henry Bataille qui essayait de faire prendre son entérite pour un vice nouveau.
Et pour finir :
Ce que je voudrais, c’est que tous les Français, nés eux-mêmes sur le territoire français, de parents français ou en ayant l’air, eussent droit à une place de facteur des Postes à Paris.
4 juin 2020
Comme une habitude retrouvée, me revoici au Son du Cor ce mercredi où j’aurais dû être à Paris si la catastrophe n’était pas advenue. Avant d’ouvrir mon livre, je discute avec l’homme de la maison. Il m’explique que malgré l’extension de la terrasse on n’y peut accueillir autant de monde qu’avant. En revanche, c’est beaucoup plus fatigant pour les jambes du personnel, dont celles de sa mère. Là, le temps va tourner, alors on va laisser passer la semaine, mais il est possible qu’ensuite on doive engager une nouvelle personne.
L’orage annoncé n’est pas pour tout de suite. Je peux poursuivre sans souci la lecture des Lettres d’Orient de Gustave Flaubert dont l’un des sous-titres pourrait être « Guide du tourisme sexuel au dix-neuvième siècle ». Flaubert réserve ce genre de confidences à l’ami Bouilhet, pas un mot à sa génitrice qu’il n’appelle jamais autrement que « ma pauvre vieille » ou « ma pauvre chérie ». Bouilhet est son « pauvre vieux ».
Il est un peu plus de quatorze heures lorsque je termine ce recueil de correspondance. L’orage n’est pas en vue. Ce ne sera que quelques gouttes plus tard dans l’après-midi.
*
A la table voisine, il raconte que sa copine est Américaine. Elle vit en France depuis longtemps. Elle a quand même reçu le chèque de Trump. Mille deux cents dollars. Elle s’est dit qu’elle allait l’offrir à son frère qui a plus besoin d’argent qu’elle. Puis elle s’est donnée une semaine de réflexion. Au cours de cette semaine, en faisant le ménage, elle a déchiré et mis à la poubelle ce qu’elle a pris pour l’enveloppe de sa quittance de loyer. Quand elle l’a trouvée ailleurs, elle s’est précipitée vers cette poubelle pour découvrir qu’elle avait déchiré le chèque de Trump. Elle s’est renseignée sur Internet pour savoir si un chèque déchiré était encore valable et a appris que non, alors de rage elle l’a pulvérisé en mille morceaux.
*
Je fais la même chose en rentrant et lis : « En clair, si toutes les mentions importantes, dont la plupart sont localisées sur le bas du papier, sont encore présentes et parfaitement lisibles, la banque ne peut pas refuser l’opération. »
*
Ce n’est qu’au début de ce mois de juin qu’arrivent des masques (jetables) chez U Express, cinq pour deux euros quatre-vingt-quinze.
*
Pour exprimer son plaisir ou son admiration, Gustave use et abuse du verbe casse-péter. Exemple : Nous casse-pétons de satisfaction d’être à Athènes.
Un verbe que je ne risque pas d’adjoindre à mon vocabulaire en ce moment.
L’orage annoncé n’est pas pour tout de suite. Je peux poursuivre sans souci la lecture des Lettres d’Orient de Gustave Flaubert dont l’un des sous-titres pourrait être « Guide du tourisme sexuel au dix-neuvième siècle ». Flaubert réserve ce genre de confidences à l’ami Bouilhet, pas un mot à sa génitrice qu’il n’appelle jamais autrement que « ma pauvre vieille » ou « ma pauvre chérie ». Bouilhet est son « pauvre vieux ».
Il est un peu plus de quatorze heures lorsque je termine ce recueil de correspondance. L’orage n’est pas en vue. Ce ne sera que quelques gouttes plus tard dans l’après-midi.
*
A la table voisine, il raconte que sa copine est Américaine. Elle vit en France depuis longtemps. Elle a quand même reçu le chèque de Trump. Mille deux cents dollars. Elle s’est dit qu’elle allait l’offrir à son frère qui a plus besoin d’argent qu’elle. Puis elle s’est donnée une semaine de réflexion. Au cours de cette semaine, en faisant le ménage, elle a déchiré et mis à la poubelle ce qu’elle a pris pour l’enveloppe de sa quittance de loyer. Quand elle l’a trouvée ailleurs, elle s’est précipitée vers cette poubelle pour découvrir qu’elle avait déchiré le chèque de Trump. Elle s’est renseignée sur Internet pour savoir si un chèque déchiré était encore valable et a appris que non, alors de rage elle l’a pulvérisé en mille morceaux.
*
Je fais la même chose en rentrant et lis : « En clair, si toutes les mentions importantes, dont la plupart sont localisées sur le bas du papier, sont encore présentes et parfaitement lisibles, la banque ne peut pas refuser l’opération. »
*
Ce n’est qu’au début de ce mois de juin qu’arrivent des masques (jetables) chez U Express, cinq pour deux euros quatre-vingt-quinze.
*
Pour exprimer son plaisir ou son admiration, Gustave use et abuse du verbe casse-péter. Exemple : Nous casse-pétons de satisfaction d’être à Athènes.
Un verbe que je ne risque pas d’adjoindre à mon vocabulaire en ce moment.
3 juin 2020
Ce mardi deux juin, je n’ai aucun mal à être le premier client pour la réouverture du Son du Cor. Midi est mon heure habituelle.
-Je tremble un peu, il faut que je me réhabitue, me dit la jeune serveuse en posant sur ma table un café verre d’eau.
-Moi aussi je dois me réhabituer, lui réponds-je.
Un peu plus tard, cette agréable personne m’apporte le petit gâteau qu’elle avait oublié.
Outre moi-même, un jeune couple s’est installé qui ne reste pas longtemps, puis arrive la jeune femme à trois moutards que j’ai vue faire ses courses au primeur localiste du bout de la rue. Je déteste sa voix. Elle me saoule en appelant sa mère pour lui dire qu’elle est en terrasse et que ça fait tellement du bien. Je dois me concentrer pour lire Lettres d’Orient de Gustave Flaubert (L’Horizon Chimérique). Cette lecture fait suite à Lettres à sa maîtresse du même (La Part Commune) mais, entre les deux, j’ai lu Journal d’un attaché d’ambassade (1916-1917) de Paul Morand (Gallimard) dans lequel c’est plaisir de croiser Marcel Proust (et Céleste) d’une part et l’abbé Mugnier d’autre part.
La gêneuse fait goûter le citron de son Perrier à Génération Cinquante. « C’est pas bio, mais tant pis… », commente-t-elle. Elle met ensuite sa descendance en garde contre les aliments qui donnent du diabète et en toute logique allume une cigarette. La nécessité de nourrir le plus jeune l’empêche de s’attarder. A ma droite et à un mètre, deux amis se retrouvent qui parlent de leurs confinements.
-Je faisais méditation sur le bord de la fenêtre, explique l’un.
La terrasse du Son du Cor a pris ses aises. Elle occupe désormais la moitié du boulodrome. « Maintenant, on attend l’autorisation de la Mairie », déclare la patronne. A côté, le P’tit Bec a fait traverser la rue à quelques-unes de ses tables, les voici posées devant chez l’orthophoniste.
Je quitte cet endroit bobo vers quatorze heures, quand le soleil atteint ma table, ayant pu y lire comme avant-guerre à ma grande satisfaction.
Après un passage chez moi, je vais tester la terrasse du Sacre. Là on n’a pas fait grand effort dans le réaménagement. Trois parasols publicitaires pour la bière Affligeante (on attend l’interdiction de la Mairie) sont ouverts mais l’ombre est squattée par les clients permanents dont d’anciennes serveuses. Tous discutent de projets qui ne voient jamais le jour.
Je trouve place sur le côté, face au restaurant Un grain de… qui se prépare à une réouverture du lendemain. Le déplaisant ici, outre un serveur peu chaleureux, c’est la clientèle de piliers de comptoir. Comme il est encore interdit de s’y accouder, ils sont en terrasse. L’un d’eux, à chaque individu qui lui dit bonjour, et alors qu’il ne sort jamais du quartier, parle de la Corse où on peut aller en bateau mais pas en avion « c’est pas logique ». Je peux lire parmi ce populo jusque vers seize heures.
*
Le soir venu, c’est le Son du Cor que choisit France Trois Normandie pour parler en direct de la réouverture des cafés. La foule est là, toutes les tables occupées. Certains réussissent néanmoins à jouer aux boules. C’est comme si le virus avait disparu.
-Je tremble un peu, il faut que je me réhabitue, me dit la jeune serveuse en posant sur ma table un café verre d’eau.
-Moi aussi je dois me réhabituer, lui réponds-je.
Un peu plus tard, cette agréable personne m’apporte le petit gâteau qu’elle avait oublié.
Outre moi-même, un jeune couple s’est installé qui ne reste pas longtemps, puis arrive la jeune femme à trois moutards que j’ai vue faire ses courses au primeur localiste du bout de la rue. Je déteste sa voix. Elle me saoule en appelant sa mère pour lui dire qu’elle est en terrasse et que ça fait tellement du bien. Je dois me concentrer pour lire Lettres d’Orient de Gustave Flaubert (L’Horizon Chimérique). Cette lecture fait suite à Lettres à sa maîtresse du même (La Part Commune) mais, entre les deux, j’ai lu Journal d’un attaché d’ambassade (1916-1917) de Paul Morand (Gallimard) dans lequel c’est plaisir de croiser Marcel Proust (et Céleste) d’une part et l’abbé Mugnier d’autre part.
La gêneuse fait goûter le citron de son Perrier à Génération Cinquante. « C’est pas bio, mais tant pis… », commente-t-elle. Elle met ensuite sa descendance en garde contre les aliments qui donnent du diabète et en toute logique allume une cigarette. La nécessité de nourrir le plus jeune l’empêche de s’attarder. A ma droite et à un mètre, deux amis se retrouvent qui parlent de leurs confinements.
-Je faisais méditation sur le bord de la fenêtre, explique l’un.
La terrasse du Son du Cor a pris ses aises. Elle occupe désormais la moitié du boulodrome. « Maintenant, on attend l’autorisation de la Mairie », déclare la patronne. A côté, le P’tit Bec a fait traverser la rue à quelques-unes de ses tables, les voici posées devant chez l’orthophoniste.
Je quitte cet endroit bobo vers quatorze heures, quand le soleil atteint ma table, ayant pu y lire comme avant-guerre à ma grande satisfaction.
Après un passage chez moi, je vais tester la terrasse du Sacre. Là on n’a pas fait grand effort dans le réaménagement. Trois parasols publicitaires pour la bière Affligeante (on attend l’interdiction de la Mairie) sont ouverts mais l’ombre est squattée par les clients permanents dont d’anciennes serveuses. Tous discutent de projets qui ne voient jamais le jour.
Je trouve place sur le côté, face au restaurant Un grain de… qui se prépare à une réouverture du lendemain. Le déplaisant ici, outre un serveur peu chaleureux, c’est la clientèle de piliers de comptoir. Comme il est encore interdit de s’y accouder, ils sont en terrasse. L’un d’eux, à chaque individu qui lui dit bonjour, et alors qu’il ne sort jamais du quartier, parle de la Corse où on peut aller en bateau mais pas en avion « c’est pas logique ». Je peux lire parmi ce populo jusque vers seize heures.
*
Le soir venu, c’est le Son du Cor que choisit France Trois Normandie pour parler en direct de la réouverture des cafés. La foule est là, toutes les tables occupées. Certains réussissent néanmoins à jouer aux boules. C’est comme si le virus avait disparu.
2 juin 2020
Ce dimanche de Pentecôte, fort tôt, je décide de remonter la pente du chasse-marée, cette côte de laquelle déboulaient à cette heure les « voituriers de la mer » partis en début de nuit du port de Dieppe avec le poisson destiné au Vieux Marché de Rouen. C’était avant que le train les mette au chômage.
Pour rejoindre ce qui est devenu un chemin de grande randonnée, je me dirige vers le Pensionnat Jean-Baptiste de la Salle et, rue de l’Hôpital, voit venir à moi des paumés du petit matin.
-On se serre la main malgré le coronavirus ? me demande l’un
-Je ne crois pas, lui réponds-je, n’osant ajouter que même sans je n’aurais pas envie de la lui serrer.
Son attention est détournée par deux filles du groupe qui entrent dans une poubelle afin de s’y faire photographier. En voilà deux qui ont trouvé leur place.
Plus loin, à proximité de la place Cauchoise, je croise un couple du même genre, mais autocentré.
-Hier tu t’es requinquée en faisant le ménage, lui dit-il, j’ai l’impression que c’est une technique, déjà avant tu t’étais requinquée en faisant la vaisselle.
Elle acquiesce. Je l’inviterais bien à venir se requinquer chez moi à l’occasion, pour le ménage, pas pour la vaisselle, et de préférence parfaitement à jeun.
Passé Jibé, une pancarte de grandes dimensions un peu ancienne explique le chasse-marée. Je m’engage dans la cavée Saint-Gervais, route fort pentue bordée de maisons rupines de diverses époques que je photographie. A mi-hauteur, je trouve le panneau d’entrée à Mont-Saint-Aignan, l’une des villes de la banlieue rouennaise que préfère la bourgeoise bourgeoisante. Il faudrait continuer tout droit pour arriver à Dieppe au bout de quatre-vingts kilomètres. J’abandonne là et prends sur la gauche une autre route à maisons cossues. Devant l’une, je surprends un vieux couple en robe de chambre qui ne s’attendait pas à voir un piéton à cette heure. Un peu plus loin se trouve le bâtiment du Carmel du Haut-Mesnil devenu siège social de la société Vert Marine.
Bientôt, je ne sais plus où je suis. Toutefois, je ne suis pas perdu. Je poursuis en descendant doucement, sachant qu’il me suffira de trouver une rue à gauche pour retrouver Rouen.
C’est la rue des Voûtes sur laquelle mon ombre est démesurée. De là, j’ai belle vue sur le port industriel. Un cargo rouge attend devant le silo à grains. Quand je suis assez bas, je prends une nouvelle fois à gauche, rue Chasseliévre.
Elle me ramène à mon point de départ, d’où je rejoins le Vieux Marché, songeant que depuis le jour du début de confinement, je n’ai pas mangé de poisson, pour la raison que je n’ai pu aller au restaurant.
*
Ce lundi de Pentecôte est le bon jour pour faire don de mes tréteaux et du plateau qu’il n’est pas prudent que je continue à porter vu son poids. Un message sur la page Effe Bé des Etudiants de Rouen et l’affaire est conclue avec un couple qui habite près du Gros-Horloge. Le jeune homme costaud se charge du plateau et la jeune fille menue des tréteaux. « C’est pour faire de la peinture », me dit-elle.
*
Pendant tout le ouiquennede, grand carillonnage à la Cathédrale. Appels à la messe et concerts profanes. Lors de celui du samedi : La complainte de la Butte, Mon amant de Saint-Jean, Bella Ciao.
Pour rejoindre ce qui est devenu un chemin de grande randonnée, je me dirige vers le Pensionnat Jean-Baptiste de la Salle et, rue de l’Hôpital, voit venir à moi des paumés du petit matin.
-On se serre la main malgré le coronavirus ? me demande l’un
-Je ne crois pas, lui réponds-je, n’osant ajouter que même sans je n’aurais pas envie de la lui serrer.
Son attention est détournée par deux filles du groupe qui entrent dans une poubelle afin de s’y faire photographier. En voilà deux qui ont trouvé leur place.
Plus loin, à proximité de la place Cauchoise, je croise un couple du même genre, mais autocentré.
-Hier tu t’es requinquée en faisant le ménage, lui dit-il, j’ai l’impression que c’est une technique, déjà avant tu t’étais requinquée en faisant la vaisselle.
Elle acquiesce. Je l’inviterais bien à venir se requinquer chez moi à l’occasion, pour le ménage, pas pour la vaisselle, et de préférence parfaitement à jeun.
Passé Jibé, une pancarte de grandes dimensions un peu ancienne explique le chasse-marée. Je m’engage dans la cavée Saint-Gervais, route fort pentue bordée de maisons rupines de diverses époques que je photographie. A mi-hauteur, je trouve le panneau d’entrée à Mont-Saint-Aignan, l’une des villes de la banlieue rouennaise que préfère la bourgeoise bourgeoisante. Il faudrait continuer tout droit pour arriver à Dieppe au bout de quatre-vingts kilomètres. J’abandonne là et prends sur la gauche une autre route à maisons cossues. Devant l’une, je surprends un vieux couple en robe de chambre qui ne s’attendait pas à voir un piéton à cette heure. Un peu plus loin se trouve le bâtiment du Carmel du Haut-Mesnil devenu siège social de la société Vert Marine.
Bientôt, je ne sais plus où je suis. Toutefois, je ne suis pas perdu. Je poursuis en descendant doucement, sachant qu’il me suffira de trouver une rue à gauche pour retrouver Rouen.
C’est la rue des Voûtes sur laquelle mon ombre est démesurée. De là, j’ai belle vue sur le port industriel. Un cargo rouge attend devant le silo à grains. Quand je suis assez bas, je prends une nouvelle fois à gauche, rue Chasseliévre.
Elle me ramène à mon point de départ, d’où je rejoins le Vieux Marché, songeant que depuis le jour du début de confinement, je n’ai pas mangé de poisson, pour la raison que je n’ai pu aller au restaurant.
*
Ce lundi de Pentecôte est le bon jour pour faire don de mes tréteaux et du plateau qu’il n’est pas prudent que je continue à porter vu son poids. Un message sur la page Effe Bé des Etudiants de Rouen et l’affaire est conclue avec un couple qui habite près du Gros-Horloge. Le jeune homme costaud se charge du plateau et la jeune fille menue des tréteaux. « C’est pour faire de la peinture », me dit-elle.
*
Pendant tout le ouiquennede, grand carillonnage à la Cathédrale. Appels à la messe et concerts profanes. Lors de celui du samedi : La complainte de la Butte, Mon amant de Saint-Jean, Bella Ciao.
1er juin 2020
Longtemps que je ne les avais vus en ville, mais ce samedi matin, veille de Pentecôte, ils sont là, véhicule garé devant Hache et Aime, debout aux quatre coins du parvis de la Cathédrale, fusil mitrailleur en main, l’œil aux aguets, et désormais porteurs de masques chirurgicaux, les soldats de l'opération Sentinelle. Je traverse en diagonale, l’air aussi innocent que possible, seul piéton à cette heure, allant glisser dans la boîte à lettres de la Champmeslé un livre vendu.
Ces masques chirurgicaux me font penser à celui que j’ai vu à la télé cachant à demi le visage du toujours Maire Yvon Robert, Socialiste. Tiens, me suis-je dit, il ne met pas le ridicule masque mauve qu’il a reçu comme moi, envoyé par lui-même, au titre de personne de plus de soixante-cinq ans inscrite sur la liste électorale.
Dans ce reportage figuraient aussi le présumé futur Maire Nicolas Mayer-Rossignol, Socialiste, et celui qui s’est cru Maire sur la foi d’un sondage foireux, Jean-Michel Bérégovoy, Ecologiste, tous deux portant le masque chirurgical et alliés du deuxième tour depuis le soir du premier, l’Ecologiste s’étant prosterné devant le Socialiste.
La surprise de l’entre-deux tours est venue de la Droite.
Premier temps : Jean-François Bures, ancien Les Républicains trahi par ses semblables partis sur la liste de La République En Marche derrière l’auto-désigné Jean-Louis Louvel, ayant atteint les dix pour cent décide de maintenir la sienne pour le second tour.
Deuxième temps : Marine Caron, Centriste, n’ayant pas eu l’investiture de La République En Marche qu’elle sollicitait (d’où une liste à part) ayant atteint les cinq pour cent au premier tout décide de faire liste commune avec le précédent (deux de ses colistiers déclarant si c’est comme ça, nous on votera à gauche au deuxième).
Troisième temps : Jean-Louis Louvel, Macroniste, annonce qu’il renonce (officiellement, c’est pour tenter de sauver son journal Paris Normandie en dépôt de bilan), dépitant ceux qui l’avaient suivi, venus de Les Républicains mais aussi de Les Centristes d’Hervé Morin, Duc de Normandie (qui encore une fois a montré sa capacité de faire le mauvais choix).
Ce qui fait qu’au second tour à Rouen, ce sera la Droite contre la Gauche, Bures contre Mayer-Rossignol. Qui l’eût cru ? Pas moi, dont le fond de la pensée était mais qu’a donc ce Bures pour se croire destiné à être Maire de Rouen alors qu’il n’a aucune chance.
Le sera-t-il ? Ce n’est pas impossible. La Gauche a de l’avance, si l’on se réfère au premier tour, mais qui ira voter le vingt-huit juin ? Pas moi en tout cas.
Ces masques chirurgicaux me font penser à celui que j’ai vu à la télé cachant à demi le visage du toujours Maire Yvon Robert, Socialiste. Tiens, me suis-je dit, il ne met pas le ridicule masque mauve qu’il a reçu comme moi, envoyé par lui-même, au titre de personne de plus de soixante-cinq ans inscrite sur la liste électorale.
Dans ce reportage figuraient aussi le présumé futur Maire Nicolas Mayer-Rossignol, Socialiste, et celui qui s’est cru Maire sur la foi d’un sondage foireux, Jean-Michel Bérégovoy, Ecologiste, tous deux portant le masque chirurgical et alliés du deuxième tour depuis le soir du premier, l’Ecologiste s’étant prosterné devant le Socialiste.
La surprise de l’entre-deux tours est venue de la Droite.
Premier temps : Jean-François Bures, ancien Les Républicains trahi par ses semblables partis sur la liste de La République En Marche derrière l’auto-désigné Jean-Louis Louvel, ayant atteint les dix pour cent décide de maintenir la sienne pour le second tour.
Deuxième temps : Marine Caron, Centriste, n’ayant pas eu l’investiture de La République En Marche qu’elle sollicitait (d’où une liste à part) ayant atteint les cinq pour cent au premier tout décide de faire liste commune avec le précédent (deux de ses colistiers déclarant si c’est comme ça, nous on votera à gauche au deuxième).
Troisième temps : Jean-Louis Louvel, Macroniste, annonce qu’il renonce (officiellement, c’est pour tenter de sauver son journal Paris Normandie en dépôt de bilan), dépitant ceux qui l’avaient suivi, venus de Les Républicains mais aussi de Les Centristes d’Hervé Morin, Duc de Normandie (qui encore une fois a montré sa capacité de faire le mauvais choix).
Ce qui fait qu’au second tour à Rouen, ce sera la Droite contre la Gauche, Bures contre Mayer-Rossignol. Qui l’eût cru ? Pas moi, dont le fond de la pensée était mais qu’a donc ce Bures pour se croire destiné à être Maire de Rouen alors qu’il n’a aucune chance.
Le sera-t-il ? Ce n’est pas impossible. La Gauche a de l’avance, si l’on se réfère au premier tour, mais qui ira voter le vingt-huit juin ? Pas moi en tout cas.
30 mai 2020
Samedi dernier, je constate qu’à nouveau le chauffe-eau fuit dans son réduit. J’y place un récipient avant que cela ne cause un nouveau dégadézo chez la voisine du dessous.
Lundi matin, j’envoie un mail à l’agence Cegimmo qui gère ma location. La réponse est rapide, me donnant le numéro du plombier choisi. Je l’appelle. Il me propose de passer en début d’après-midi.
Le diagnostic est sans appel. Ce chauffe-eau est mort, bien qu’il n’ait que quinze ans et soit d’un excellent modèle. L’homme de l’art fait des photos, envoie son rapport à l’agence, qui va demander l’accord de ma propriétaire.
-Si vous n’avez pas de nouvelles jeudi, rappelez Cegimmo, me dit-il.
Ce ne sera pas nécessaire. Jeudi tôt, il me téléphone pour me proposer le remplacement de l’engin ce vendredi matin. « On sera là vers huit heures trente, neuf heures, le temps d’arriver à se garer dans votre quartier. »
En attendant, j’assemble et écris mon texte sur l’oncle de Samuel Pepys et dois recommencer deux fois par la faute de deux coupures d’électricité. Tout est redevenu normal quand par ma fenêtre ouverte, je vois arriver deux ouvriers porteurs d’un long tuyau jaune.
Ils comptent s’en servir pour vider l’actuel chauffe-eau avant de le remplacer par le nouveau. Problème, il est situé bien trop loin de la salle d’eau. Ils se voient déjà obligés de vider seau par seau, ce qui ne les enchante guère, mais soudain l’apprenti a une idée. Si on passait le tuyau par la fenêtre. Hélas, il est trop court. Un conduit de pévécé récupéré dans la voiture permet de le prolonger. Cette méthode moyenâgeuse plairait beaucoup aux touristes mais nul n’est là pour voir ça.
La suite des opérations est beaucoup plus classique. Deux heures plus tard, j’ai un nouveau chauffe-eau. Il me reste à remercier les deux intervenants.
-De rien, on est payé pour ça, me répondent-ils.
*
Autre point positif de cette fin de semaine, le secrétariat de l’ophtalmologue de la Clinique Mathilde m’envoie un mail pour me proposer un rendez-vous mi-juin.
Lundi matin, j’envoie un mail à l’agence Cegimmo qui gère ma location. La réponse est rapide, me donnant le numéro du plombier choisi. Je l’appelle. Il me propose de passer en début d’après-midi.
Le diagnostic est sans appel. Ce chauffe-eau est mort, bien qu’il n’ait que quinze ans et soit d’un excellent modèle. L’homme de l’art fait des photos, envoie son rapport à l’agence, qui va demander l’accord de ma propriétaire.
-Si vous n’avez pas de nouvelles jeudi, rappelez Cegimmo, me dit-il.
Ce ne sera pas nécessaire. Jeudi tôt, il me téléphone pour me proposer le remplacement de l’engin ce vendredi matin. « On sera là vers huit heures trente, neuf heures, le temps d’arriver à se garer dans votre quartier. »
En attendant, j’assemble et écris mon texte sur l’oncle de Samuel Pepys et dois recommencer deux fois par la faute de deux coupures d’électricité. Tout est redevenu normal quand par ma fenêtre ouverte, je vois arriver deux ouvriers porteurs d’un long tuyau jaune.
Ils comptent s’en servir pour vider l’actuel chauffe-eau avant de le remplacer par le nouveau. Problème, il est situé bien trop loin de la salle d’eau. Ils se voient déjà obligés de vider seau par seau, ce qui ne les enchante guère, mais soudain l’apprenti a une idée. Si on passait le tuyau par la fenêtre. Hélas, il est trop court. Un conduit de pévécé récupéré dans la voiture permet de le prolonger. Cette méthode moyenâgeuse plairait beaucoup aux touristes mais nul n’est là pour voir ça.
La suite des opérations est beaucoup plus classique. Deux heures plus tard, j’ai un nouveau chauffe-eau. Il me reste à remercier les deux intervenants.
-De rien, on est payé pour ça, me répondent-ils.
*
Autre point positif de cette fin de semaine, le secrétariat de l’ophtalmologue de la Clinique Mathilde m’envoie un mail pour me proposer un rendez-vous mi-juin.
29 mai 2020
Continuant chaque après-midi, à l’ombre dans le jardin, de tapoter mes notes de lecture du Journal de Samuel Pepys, j’en arrive ce jeudi à l’épisode réjouissant de l’oncle Wight.
Pepys, qui ne manque jamais l’occasion de s’encanailler avec d’autres femmes que la sienne (en utilisant parfois des méthodes qui aujourd’hui lui causerait des ennuis), s’y révèle fort naïf quant à l’intérêt que porte à la jolie Elizabeth cet oncle Wight.
Difficile de savoir si cette naïveté est réelle ou si elle est jouée, Pepys n’étant peut-être pas contre le fait qu’un autre fasse à sa femme l’enfant qu’il n’arrive pas à avoir avec elle, à quoi s’ajoute un intérêt financer potentiel qu’il ne saurait dédaigner.
Douze janvier mil six cent soixante-quatre : Après le départ de nos invités, ma femme me dit que mon oncle s’était adressé aujourd’hui à elle seule à seul et lui avait dit son espoir de la voir enceinte ; et l’embrassant fort, il lui avait dit qu’il serait très heureux ; et à tous égards il me semble bien disposé à notre endroit, ce que je vais m’efforcer d’entretenir plus que jamais.
Vingt et un janvier mil six cent soixante-quatre : Après souper, rentré à la maison ; et ma femme me raconte en grand détail les propos affectueux et aimables que mon oncle lui tint aujourd’hui, ce qui me confirme ses attentions de générosité à notre endroit, car il répète toujours son désir de la voir enceinte – je ne puis imaginer qu’il ait des pensées coupables à son égard.
Vingt et un février mil six cent soixante-quatre, Jour du Seigneur : … en chemin ma femme me dit que mon oncle, lorsqu’il fut seul avec elle, lui dit qu’il l’aimait plus que jamais (…) Mais je suis porté à croire qu’il nous veut du bien, et nous donner quelque chose s’il meurt sans enfants.
Vingt-six février mil six cent soixante-quatre : Rentrai à cheval à la maison où je trouvai mon oncle Wight. C’est étrange, comme me dit ma femme, la façon qu’il a de la bien traiter et de venir exprès lui rendre visite ; mais je ne m’inquiète pas du tout à son sujet, mais j’en espère les meilleurs effets.
Quand la chose se précise, Pepys ouvre enfin les yeux. Toutefois, il ne va pas jusqu’à demander des comptes au vil suborneur.
Onze mai mil six cent soixante-quatre : Mon oncle Wight (…) en sortant de mon bureau, (…) alla chez moi voir ma femme ; assez étrangement, ma femme me manda aussitôt après son départ, pour me dire qu’il s’était mis à discuter sur le fait qu’elle n’avait pas d’enfant et lui non plus, qu’à son avis il vaudrait mieux qu’ils en eussent un ensemble, qu’il lui offrirait 500 livres en argent comptant ou en bijoux d’abord et qu’ensuite il ferait de l’enfant son héritier. Il la félicita de sa beauté et lui dit qu’à sa connaissance un tel projet était légal. Elle me dit qu’elle lui répondît vivement (…) il m’apparaît clairement qu’il était fort sincère, et je crains que toute sa bonté ne soit que son désir d’elle. Je ne sais qu’en penser à l’instant, mais je crois que je ne vais pas lui faire de remarque avant d’y avoir réfléchi.
*
Deux mois plus tard, le vingt-six juillet mil six cent soixante-quatre, Pepys, sans doute travaillé par l’épisode de l’oncle libidineux, se renseigne auprès de dames de sa connaissance :
: Ce fut un repas fort joyeux et quand les femmes furent gaies et se levèrent de table, je montai avec elles, le seul homme de la compagnie ; je me mets à parler de ce que je n’ai pas d’enfants et les priai de me donner leur avis et leurs conseils ; et, à elles toutes, elles me donnèrent gaiement et sans façons les dix conseils suivants :
Ces conseils ne résoudront pas son problème.
Pepys, qui ne manque jamais l’occasion de s’encanailler avec d’autres femmes que la sienne (en utilisant parfois des méthodes qui aujourd’hui lui causerait des ennuis), s’y révèle fort naïf quant à l’intérêt que porte à la jolie Elizabeth cet oncle Wight.
Difficile de savoir si cette naïveté est réelle ou si elle est jouée, Pepys n’étant peut-être pas contre le fait qu’un autre fasse à sa femme l’enfant qu’il n’arrive pas à avoir avec elle, à quoi s’ajoute un intérêt financer potentiel qu’il ne saurait dédaigner.
Douze janvier mil six cent soixante-quatre : Après le départ de nos invités, ma femme me dit que mon oncle s’était adressé aujourd’hui à elle seule à seul et lui avait dit son espoir de la voir enceinte ; et l’embrassant fort, il lui avait dit qu’il serait très heureux ; et à tous égards il me semble bien disposé à notre endroit, ce que je vais m’efforcer d’entretenir plus que jamais.
Vingt et un janvier mil six cent soixante-quatre : Après souper, rentré à la maison ; et ma femme me raconte en grand détail les propos affectueux et aimables que mon oncle lui tint aujourd’hui, ce qui me confirme ses attentions de générosité à notre endroit, car il répète toujours son désir de la voir enceinte – je ne puis imaginer qu’il ait des pensées coupables à son égard.
Vingt et un février mil six cent soixante-quatre, Jour du Seigneur : … en chemin ma femme me dit que mon oncle, lorsqu’il fut seul avec elle, lui dit qu’il l’aimait plus que jamais (…) Mais je suis porté à croire qu’il nous veut du bien, et nous donner quelque chose s’il meurt sans enfants.
Vingt-six février mil six cent soixante-quatre : Rentrai à cheval à la maison où je trouvai mon oncle Wight. C’est étrange, comme me dit ma femme, la façon qu’il a de la bien traiter et de venir exprès lui rendre visite ; mais je ne m’inquiète pas du tout à son sujet, mais j’en espère les meilleurs effets.
Quand la chose se précise, Pepys ouvre enfin les yeux. Toutefois, il ne va pas jusqu’à demander des comptes au vil suborneur.
Onze mai mil six cent soixante-quatre : Mon oncle Wight (…) en sortant de mon bureau, (…) alla chez moi voir ma femme ; assez étrangement, ma femme me manda aussitôt après son départ, pour me dire qu’il s’était mis à discuter sur le fait qu’elle n’avait pas d’enfant et lui non plus, qu’à son avis il vaudrait mieux qu’ils en eussent un ensemble, qu’il lui offrirait 500 livres en argent comptant ou en bijoux d’abord et qu’ensuite il ferait de l’enfant son héritier. Il la félicita de sa beauté et lui dit qu’à sa connaissance un tel projet était légal. Elle me dit qu’elle lui répondît vivement (…) il m’apparaît clairement qu’il était fort sincère, et je crains que toute sa bonté ne soit que son désir d’elle. Je ne sais qu’en penser à l’instant, mais je crois que je ne vais pas lui faire de remarque avant d’y avoir réfléchi.
*
Deux mois plus tard, le vingt-six juillet mil six cent soixante-quatre, Pepys, sans doute travaillé par l’épisode de l’oncle libidineux, se renseigne auprès de dames de sa connaissance :
: Ce fut un repas fort joyeux et quand les femmes furent gaies et se levèrent de table, je montai avec elles, le seul homme de la compagnie ; je me mets à parler de ce que je n’ai pas d’enfants et les priai de me donner leur avis et leurs conseils ; et, à elles toutes, elles me donnèrent gaiement et sans façons les dix conseils suivants :
- Ne pas étreindre ma femme trop fort ni trop souvent.
- Ne pas souper trop tard.
- Boire de l’eau de sauge.
- Pain grillé dans du vin rouge.
- Porter de frais caleçons de toile de Hollande.
- Me tenir l’estomac au chaud et le dos au frais.
- A ma question de savoir s’il fallait le faire soir ou matin, elles me répondirent, ni l’un, ni l’autre, mais quand nous en avons envie.
- Ma femme ne doit pas trop serrer son corset.
- J e dois boire de la bière de froment sucrée.
- Mrs Ward me répondit de changer de position dans le lit.
Ces conseils ne résoudront pas son problème.
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante