Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
21 octobre 2020
Quand je grimpe ce mardi matin dans le car BreizhGo dont le terminus est Dinard, son chauffeur, qui est le même qu’hier et avait trouvé mon ticket bizarre, n’en veut plus. Son responsable lui a dit qu’il n’était pas valable sur cette ligne. Je paie donc deux euros cinquante, me demandant ce que deviendront les trois qui me restent de la dizaine achetée à Paimpol pour vingt euros au lieu de vingt-cinq.
A l’arrivée, après avoir photographié le majestueux Office du Tourisme et l’esthétique cinéma, je me dirige vers la plage de l’Ecluse dans le but de suivre la côte par le Géherre Trente-Quatre en direction de Port Blanc.
Cette portion est appelée localement chemin de ronde et a pour particularité d’être peu au-dessus de la mer et pas mal dégradée par celle-ci lors des tempêtes. Danger de chute, danger de submersion et difficulté pour se croiser, est-il indiqué par panneaux, pas de quoi me dissuader.
Je rejoins aisément la pointe de la Malouine d’où l’on voit au mieux la cité corsaire puis je fais attention où je pose le pied, tout en admirant la côte surmontée des villas qui font la renommée de cette ville touristique. Mon intention est d’aller jusqu’à la plage de Saint-Enogat, ensuite le chemin devient escarpé pour grimper à la pointe de la Roche Pelée, un peu trop pour moi. Presque arrivé à cette plage, un coureur qui a rebroussé me dit qu’on ne peut plus passer, la grande marée est à l’œuvre.
Je trouve un escalier pour échapper à la submersion et reviens vers la plage de l’Ecluse par des rues intérieures sans intérêt. Pour jouir du spectacle de cette mer haute et toujours en mouvement, je m’assois au plus près de l’eau à la terrasse du Cent 80 qui est niché au rez-de-chaussée du Casino et commande un café à deux euros. J’en profite pour demander l’heure au serveur, dix heures dix, car depuis cette nuit la pile de ma montre a rendu l’âme (si je puis dire).
Comme il fait doux, tout en regardant le mouvement des vagues et le passage des bateaux au loin, je lis Georges Perros de Thierry Gillybœuf un long moment, puis avec l’aide d’autochtones bien habillés, je trouve la bijouterie Chauvin où, contre dix euros, la bijoutière remplace la pile usagée de ma montre. Je peux ainsi constater qu’il est midi moins cinq.
Je décide de déjeuner au même endroit que la veille mais déception à l’arrivée, le menu du marché du 2 pointzero est le même qu’hier, ce qui est bien moderne. Je vais donc m’asseoir à la terrasse voisine, celle de Chez Ma Pomme, où je devine que ça va être moins bien, pour cinquante centimes de plus.
A peine suis-je installé que la serveuse vient me voir avec le cahier à coordonnées, rapport au Covid. Sûrement déçu d’être ici sans l’avoir voulu, je suis mal aimable avec elle dans mon refus « Je suis seul ici, je n’ai pas de téléphone, je suis en vacances, je ne consulte pas mes mails, alors laissez-moi tranquille ». Quand elle revient pour m’apporter six écrevisses manifestement décongelées, je m’excuse d’avoir été désagréable.
-Ah mais non, me répond-elle, les anarchistes, j’adore.
-On me fait faire des choses que je n’ai pas envie de faire, ajoute-elle.
-Oui je sais, c’est pourquoi je n’aurais pas dû vous répondre ainsi.
Nous nous entendons bien pendant la suite du repas qui consiste en une andouillette sauce moutarde que j’accompagne de cidre. Après avoir payé, en extérieur, je lui dis au revoir avec le petit regret de ne pas en savoir plus sur elle. Je devrais me munir d’un cahier à coordonnées de serveuses.
*
Donc la petite ordure d’islamiste qui a assassiné puis décapité Samuel Paty avait acheté son couteau à Rouen. Je me demande si c’est à la coutellerie qui fait le coin de ma ruelle et de la rue Saint-Nicolas.
Ce fanatique avait six ans quand il est arrivé avec ses parents en France. Autre question que je me pose : est-ce-que le Réseau Education Sans Frontières a aidé cette famille à obtenir des papiers ?
Si j’ai quitté le Réseau Education Sans Frontières après l’attentat contre Charlie Hebdo, ce n’est pas seulement en raison de l’attitude ambiguë de certains de ses membres, il y avait aussi la crainte d’aider une famille musulmane dont le bambin se transformerait en terroriste.
A l’arrivée, après avoir photographié le majestueux Office du Tourisme et l’esthétique cinéma, je me dirige vers la plage de l’Ecluse dans le but de suivre la côte par le Géherre Trente-Quatre en direction de Port Blanc.
Cette portion est appelée localement chemin de ronde et a pour particularité d’être peu au-dessus de la mer et pas mal dégradée par celle-ci lors des tempêtes. Danger de chute, danger de submersion et difficulté pour se croiser, est-il indiqué par panneaux, pas de quoi me dissuader.
Je rejoins aisément la pointe de la Malouine d’où l’on voit au mieux la cité corsaire puis je fais attention où je pose le pied, tout en admirant la côte surmontée des villas qui font la renommée de cette ville touristique. Mon intention est d’aller jusqu’à la plage de Saint-Enogat, ensuite le chemin devient escarpé pour grimper à la pointe de la Roche Pelée, un peu trop pour moi. Presque arrivé à cette plage, un coureur qui a rebroussé me dit qu’on ne peut plus passer, la grande marée est à l’œuvre.
Je trouve un escalier pour échapper à la submersion et reviens vers la plage de l’Ecluse par des rues intérieures sans intérêt. Pour jouir du spectacle de cette mer haute et toujours en mouvement, je m’assois au plus près de l’eau à la terrasse du Cent 80 qui est niché au rez-de-chaussée du Casino et commande un café à deux euros. J’en profite pour demander l’heure au serveur, dix heures dix, car depuis cette nuit la pile de ma montre a rendu l’âme (si je puis dire).
Comme il fait doux, tout en regardant le mouvement des vagues et le passage des bateaux au loin, je lis Georges Perros de Thierry Gillybœuf un long moment, puis avec l’aide d’autochtones bien habillés, je trouve la bijouterie Chauvin où, contre dix euros, la bijoutière remplace la pile usagée de ma montre. Je peux ainsi constater qu’il est midi moins cinq.
Je décide de déjeuner au même endroit que la veille mais déception à l’arrivée, le menu du marché du 2 pointzero est le même qu’hier, ce qui est bien moderne. Je vais donc m’asseoir à la terrasse voisine, celle de Chez Ma Pomme, où je devine que ça va être moins bien, pour cinquante centimes de plus.
A peine suis-je installé que la serveuse vient me voir avec le cahier à coordonnées, rapport au Covid. Sûrement déçu d’être ici sans l’avoir voulu, je suis mal aimable avec elle dans mon refus « Je suis seul ici, je n’ai pas de téléphone, je suis en vacances, je ne consulte pas mes mails, alors laissez-moi tranquille ». Quand elle revient pour m’apporter six écrevisses manifestement décongelées, je m’excuse d’avoir été désagréable.
-Ah mais non, me répond-elle, les anarchistes, j’adore.
-On me fait faire des choses que je n’ai pas envie de faire, ajoute-elle.
-Oui je sais, c’est pourquoi je n’aurais pas dû vous répondre ainsi.
Nous nous entendons bien pendant la suite du repas qui consiste en une andouillette sauce moutarde que j’accompagne de cidre. Après avoir payé, en extérieur, je lui dis au revoir avec le petit regret de ne pas en savoir plus sur elle. Je devrais me munir d’un cahier à coordonnées de serveuses.
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Donc la petite ordure d’islamiste qui a assassiné puis décapité Samuel Paty avait acheté son couteau à Rouen. Je me demande si c’est à la coutellerie qui fait le coin de ma ruelle et de la rue Saint-Nicolas.
Ce fanatique avait six ans quand il est arrivé avec ses parents en France. Autre question que je me pose : est-ce-que le Réseau Education Sans Frontières a aidé cette famille à obtenir des papiers ?
Si j’ai quitté le Réseau Education Sans Frontières après l’attentat contre Charlie Hebdo, ce n’est pas seulement en raison de l’attitude ambiguë de certains de ses membres, il y avait aussi la crainte d’aider une famille musulmane dont le bambin se transformerait en terroriste.
20 octobre 2020
L’autre nuit, il m’a semblé entendre une chouette dans l’un des arbres de la place Du Guesclin. Ce matin, alors qu’il fait encore nuit, je suis sûr d’entendre un coq non loin des remparts de Dinan, que j’ai rejoints par la rue du Fossé pour aller prendre mon petit-déjeuner au Café Noir plus tôt que les jours précédents car avant huit heures seize je dois traverser la place pour monter dans le car BreizhGo Sept, Rennes Dinard.
Mon ticket acheté à Paimpol n’est pas réglementaire pour ce transport, m’apprend le chauffeur qui l’accepte quand même et me donne une contremarque afin que je sois en règle. Nous sommes cinq à faire le trajet qui passe par Pleurtuit dont j’admire au passage l’église.
A l’arrivée à Dinard, je descends à l’arrêt Office de Tourisme, à deux pas de la plage de L’Ecluse, et arrive dans le dos de la statue d’Alfred Hitchcock qui est aux prises avec des oiseaux bien vivants.
Il fait frais et c’est grande marée haute quand j’entreprends de suivre la côte par le Géherre Trente-Quatre vers le barrage de la Rance. Je longe d’abord la plage du Moulinet, complétement sous l’eau, et rejoins la pointe du même nom d’où l’on voit à merveille le Petit Bé, le Grand Bé et les remparts de Saint-Malo. Ce sont ensuite l’anse du Bec de la Vallée puis la promenade au Clair de Lune et la plage du Prieuré, elle aussi sous l’eau. Dans cette atmosphère rohmérienne, un ecclésiastique médite sur un banc face à la mer où nage une jolie jeune femme mais le premier ne peut voir la seconde.
Mon envie était d’aller jusqu’à la pointe de la Vicomté mais la mer très haute a noyé le Géherre. Y aller par la route ne me dit rien, donc je fais demi-tour. Là aussi, il faut compter avec les pratiquant(e)s de la course à pied. A quoi s’ajoutent les familles de la Toussaint.
Des pères divorcés, alors que les vacances commencent à peine, ne savent déjà plus quoi faire de leur progéniture. Au loin, un paquebot de croisière judicieusement nommé le Condor s’approche de Saint-Malo.
De retour aux pieds d’Hitchcock, je prends un café à deux euros en terrasse à la table la plus proche de la mer du Bar du Soleil puis choisis pour déjeuner à l’extérieur, dans le vent de plus en plus frisquet, un restaurant appelé Au 2 pointzero qui promet une cuisine de marché. Le menu est à dix-neuf euros : rillette de poisson maison, cuisse de canard avec écrasé de pommes de terre sauce miel moutarde et creumebeule aux pommes sans gluten. Tout cela est bien cuisiné et fort bon.
C’est un peu frigorifié, nul autre que moi pour manger dehors, que je me rends devant l’Office de Tourisme afin de rentrer avec le BreizhGo de treize heures cinquante-sept. Le chauffeur tique sur mon ticket de Paimpol mais la contremarque du matin le conduit à l’accepter.
*
Le serveur du Café Noir au petit matin :
-Je sais pas comment vous faites pour rester dehors.
-C’est que je m’y sens plus en sécurité.
-Oui mais à l’intérieur, comme il y a peu de monde…
-Je ne sais pas trop.
Mon ticket acheté à Paimpol n’est pas réglementaire pour ce transport, m’apprend le chauffeur qui l’accepte quand même et me donne une contremarque afin que je sois en règle. Nous sommes cinq à faire le trajet qui passe par Pleurtuit dont j’admire au passage l’église.
A l’arrivée à Dinard, je descends à l’arrêt Office de Tourisme, à deux pas de la plage de L’Ecluse, et arrive dans le dos de la statue d’Alfred Hitchcock qui est aux prises avec des oiseaux bien vivants.
Il fait frais et c’est grande marée haute quand j’entreprends de suivre la côte par le Géherre Trente-Quatre vers le barrage de la Rance. Je longe d’abord la plage du Moulinet, complétement sous l’eau, et rejoins la pointe du même nom d’où l’on voit à merveille le Petit Bé, le Grand Bé et les remparts de Saint-Malo. Ce sont ensuite l’anse du Bec de la Vallée puis la promenade au Clair de Lune et la plage du Prieuré, elle aussi sous l’eau. Dans cette atmosphère rohmérienne, un ecclésiastique médite sur un banc face à la mer où nage une jolie jeune femme mais le premier ne peut voir la seconde.
Mon envie était d’aller jusqu’à la pointe de la Vicomté mais la mer très haute a noyé le Géherre. Y aller par la route ne me dit rien, donc je fais demi-tour. Là aussi, il faut compter avec les pratiquant(e)s de la course à pied. A quoi s’ajoutent les familles de la Toussaint.
Des pères divorcés, alors que les vacances commencent à peine, ne savent déjà plus quoi faire de leur progéniture. Au loin, un paquebot de croisière judicieusement nommé le Condor s’approche de Saint-Malo.
De retour aux pieds d’Hitchcock, je prends un café à deux euros en terrasse à la table la plus proche de la mer du Bar du Soleil puis choisis pour déjeuner à l’extérieur, dans le vent de plus en plus frisquet, un restaurant appelé Au 2 pointzero qui promet une cuisine de marché. Le menu est à dix-neuf euros : rillette de poisson maison, cuisse de canard avec écrasé de pommes de terre sauce miel moutarde et creumebeule aux pommes sans gluten. Tout cela est bien cuisiné et fort bon.
C’est un peu frigorifié, nul autre que moi pour manger dehors, que je me rends devant l’Office de Tourisme afin de rentrer avec le BreizhGo de treize heures cinquante-sept. Le chauffeur tique sur mon ticket de Paimpol mais la contremarque du matin le conduit à l’accepter.
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Le serveur du Café Noir au petit matin :
-Je sais pas comment vous faites pour rester dehors.
-C’est que je m’y sens plus en sécurité.
-Oui mais à l’intérieur, comme il y a peu de monde…
-Je ne sais pas trop.
19 octobre 2020
Comme je le craignais, les trois étages du bâtiment où se trouve mon « Studio Cosy » Air Bibi ont connu des arrivées ce ouiquennede, d’où une ouifi encore plus capricieuse, vu que l’on doit vivre à plusieurs sur la même box.
Impossible de faire quoi que ce soit avec Internet ce dimanche matin au réveil, celui-ci ayant eu lieu à mon heure habituelle bien que mon sommeil ait été interrompu au milieu de la nuit par l’arrivée d’un garçon chez la voisine. Ces deux-là ne se sont pas mis à baiser mais à parler encore et encore et de plus en plus fort jusqu’à ce que soudain il reparte. C’était peut-être son frère.
Après avoir éteint mon ordinateur, le jour pas levé, je vais à la boulangerie puis commande un allongé à la terrasse au Café Noir. Requinqué, je descends sur le port et le Vieux Pont traversé, prends le chemin à droite qui, m’a-t-on dit, mène à Léhon, « Petite Cité de Caractère » située à deux kilomètres, jamais vue lors de mes précédents passages.
Le chemin de halage qui longe cette portion du canal Ille et Rance n’est pas aussi tranquille que je l’espérais. Malgré l’heure matinale s’y trouvent nombre de coureuses et de coureux expectorant à dix mètres, crachant par terre et se mouchant dans leurs doigts. S’y ajoutent des bicycleuses et des bicycleux roulant comme des dingues, ainsi que des chienneuses et des chienneux attachés à leur punition quotidienne. Que la peste soit de ces trois engeances qui gâchent une promenade à la campagne.
Pendant les accalmies, je fais quelques photos de mon trajet. Peu après l’écluse, j’aperçois, de l’autre côté du canal, l’abbaye Saint-Magloire. Le Vieux Pont permet de passer sur l’autre rive. J’entre dans un joli village dominé par son château-fort en ruine. Je grimpe jusqu’à celui-ci et en visite le peu qui reste. De là-haut, on a vue sur le vieux Léhon et aussi sur le récent, particulièrement laid, caché derrière.
Redescendu, j’entre dans l’église abbatiale, assez quelconque, puis dans le cloître, plus intéressant, mais qui sert malheureusement de support à une de ces expos photos de plein air comme on en voit partout depuis que le Jardin du Luxembourg en a lancé la mode.
Je ne m’attarde pas davantage à Léhon, fais le chemin dans l’autre sens, soumis aux mêmes nuisances. A l’arrivée dans le port de Dinan, je m’assois à la terrasse du Bar des Vedettes pour un café verre d’eau Perros, puis à midi à celle du restaurant Les Terrasses pour six huîtres et un mignon de porc.
« Pour le dessert, on verra après », me dit la serveuse. « Oui et ailleurs », ne lui réponds-je pas. Elle passe avec un cahier relever nom et téléphone des présent(e)s, ne me demande pas les miens. Il est vrai que j’ai laissé mon nom en réservant une table tout au bord de la Rance.
Mon dessert est le kouign-aman du bas de la rue du Petit Fort. Pour remonter, je choisis de passer par la rue pentue de Lanvallay, moins fréquentée de celles de Dinan. Ce qui me permet de faire une nouvelle traversée de la vallée par le viaduc.
A l’arrivée place Du Guesclin, je constate qu’Internet est toujours boiteux. Le Café de la Mairie me sauve la mise avec sa ouifi. Ce qui me permet d’envoyer un message à ma logeuse. Le soir venu, l’ami de celle-ci règle le problème en installant un boitier dans mon chez moi provisoire. Quant à la voisine, elle est partie.
*
Les seuls sportifs agréables à regarder sont les kayakistes sur la Rance.
*
A voir ces publicités télévisées dans lesquelles nul(le) ne porte de masque, on peut se dire que le négationnisme ne concerne pas que le passé.
Impossible de faire quoi que ce soit avec Internet ce dimanche matin au réveil, celui-ci ayant eu lieu à mon heure habituelle bien que mon sommeil ait été interrompu au milieu de la nuit par l’arrivée d’un garçon chez la voisine. Ces deux-là ne se sont pas mis à baiser mais à parler encore et encore et de plus en plus fort jusqu’à ce que soudain il reparte. C’était peut-être son frère.
Après avoir éteint mon ordinateur, le jour pas levé, je vais à la boulangerie puis commande un allongé à la terrasse au Café Noir. Requinqué, je descends sur le port et le Vieux Pont traversé, prends le chemin à droite qui, m’a-t-on dit, mène à Léhon, « Petite Cité de Caractère » située à deux kilomètres, jamais vue lors de mes précédents passages.
Le chemin de halage qui longe cette portion du canal Ille et Rance n’est pas aussi tranquille que je l’espérais. Malgré l’heure matinale s’y trouvent nombre de coureuses et de coureux expectorant à dix mètres, crachant par terre et se mouchant dans leurs doigts. S’y ajoutent des bicycleuses et des bicycleux roulant comme des dingues, ainsi que des chienneuses et des chienneux attachés à leur punition quotidienne. Que la peste soit de ces trois engeances qui gâchent une promenade à la campagne.
Pendant les accalmies, je fais quelques photos de mon trajet. Peu après l’écluse, j’aperçois, de l’autre côté du canal, l’abbaye Saint-Magloire. Le Vieux Pont permet de passer sur l’autre rive. J’entre dans un joli village dominé par son château-fort en ruine. Je grimpe jusqu’à celui-ci et en visite le peu qui reste. De là-haut, on a vue sur le vieux Léhon et aussi sur le récent, particulièrement laid, caché derrière.
Redescendu, j’entre dans l’église abbatiale, assez quelconque, puis dans le cloître, plus intéressant, mais qui sert malheureusement de support à une de ces expos photos de plein air comme on en voit partout depuis que le Jardin du Luxembourg en a lancé la mode.
Je ne m’attarde pas davantage à Léhon, fais le chemin dans l’autre sens, soumis aux mêmes nuisances. A l’arrivée dans le port de Dinan, je m’assois à la terrasse du Bar des Vedettes pour un café verre d’eau Perros, puis à midi à celle du restaurant Les Terrasses pour six huîtres et un mignon de porc.
« Pour le dessert, on verra après », me dit la serveuse. « Oui et ailleurs », ne lui réponds-je pas. Elle passe avec un cahier relever nom et téléphone des présent(e)s, ne me demande pas les miens. Il est vrai que j’ai laissé mon nom en réservant une table tout au bord de la Rance.
Mon dessert est le kouign-aman du bas de la rue du Petit Fort. Pour remonter, je choisis de passer par la rue pentue de Lanvallay, moins fréquentée de celles de Dinan. Ce qui me permet de faire une nouvelle traversée de la vallée par le viaduc.
A l’arrivée place Du Guesclin, je constate qu’Internet est toujours boiteux. Le Café de la Mairie me sauve la mise avec sa ouifi. Ce qui me permet d’envoyer un message à ma logeuse. Le soir venu, l’ami de celle-ci règle le problème en installant un boitier dans mon chez moi provisoire. Quant à la voisine, elle est partie.
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Les seuls sportifs agréables à regarder sont les kayakistes sur la Rance.
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A voir ces publicités télévisées dans lesquelles nul(le) ne porte de masque, on peut se dire que le négationnisme ne concerne pas que le passé.
18 octobre 2020
Ecœurement au réveil en apprenant la décapitation par un islamiste d’un professeur d’histoire ayant présenté une caricature de Mahomet à ses élèves lors d’une leçon sur la liberté d’expression. Faut-il être étonné ? Malheureusement non. Cela fait des années que la société française est gangrénée par ces individus et que l’école est sous leur pression. Cela sans qu’ils soient réellement combattus. Pire, leur comportement a souvent été excusé par une partie de l’extrême-gauche, y compris par des enseignant(e)s. C’est ce qui m’a amené il y a plusieurs années à m’éloigner du Réseau Education Sans Frontières.
Je continue ce samedi à visiter Dinan, longe les remparts jusqu’au Château puis entre dans la très belle Basilique Saint-Sauveur où dans une urne est conservé le cœur de Du Guesclin (« Ci-gît le cœur de messire Bertrand Du Guesclin »), cela en gardant un œil sur ma montre afin de me trouver près de la Tour de l’Horloge à dix heures. C’est aujourd’hui la réouverture du Passeur de Livres, une bouquinerie qui, je l’ai découvert hier, a un livre pour moi dans sa vitrine.
Le bouquiniste est en train de sortir deux tables à livres quand je l’aborde pour lui demander Georges Perros, l’étude biographique qu’a consacrée Thierry Gillybœuf à l’un de mes écrivains préférés, parue aux éditions La Part Commune. Il est mis en vente cinq euros, le tiers de son prix neuf. Voilà le livre qui me manquait pour la dernière partie de mon périple breton.
Muni de cette bonne prise, je descends jusqu’au port puis marche le long de la Rance vers le « site naturel du méandre de la vieille rivière ». Il mène à la station d’épuration. Je trouve là un pêcheur portant une énorme prise de plus d’un mètre dont la queue traîne par terre. « C’est un brochet, me dit-il, y a des matinées qui sont bonnes. »
De retour dans le port, je prends un café au bar crêperie des Vedettes. Quand j’ouvre Georges Perros, je découvre qu’il a appartenu au Centre de Documentation et d’Information du Lycée Pierre Mendès-France de Rennes. « C’est agréable la lecture, comme ça sur le port, quand il fait beau », me dit la patronne. C’est certain, mais je suis toujours le seul à pratiquer.
A midi, je traverse le Vieux Pont pour rejoindre la crêperie Bords de Rance dont le désavantage est d’être à l’ombre et l’avantage d’avoir la meilleure vue sur le port, le Vieux Pont, le viaduc, les remparts et le haut du clocher de la Basilique qui dépasse les arbres aux couleurs automnales. La galette tartiflette et la crêpe caramel beurre salé y sont plutôt bonnes. Quand je paie la patronne me demande d’inscrire mes cordonnées sur un cahier. « Il n’y avait personne d’autre en terrasse, je n’en vois pas l’intérêt », lui réponds-je. Elle n’insiste pas.
Pour rentrer je passe par la commune d’en face, Lanvallay, où une rude montée pavée permet de rejoindre et d’emprunter le viaduc. Celui-ci est bordé d’une solide protection antisuicide à travers les barreaux de laquelle on bénéficie d’une vue plongeante sur le port.
*
Un fidèle lecteur m’ayant appris que sa compagne trouve (et donc lui aussi) « que les meilleurs kouign-aman du monde s'achètent à Dinan, en bas de la rue du Fort (du petit Fort), enfin en bas quand on arrive sur la Rance », je me renseigne via Internet et apprends que l’endroit se nomme La Maison de Tatie Jeanne.
Or sur place, je découvre que cela s’appelle maintenant Gât’ & Vous. Ce nom ridicule ne me dit rien qui vaille mais j’entre quand même. C’est toujours pareil, me rassure une vendeuse à l’allure de Tatie Jeanne. C’est le pâtissier qui a repris l’affaire, c’est encore meilleur qu’avant, il a amélioré la recette. J’en achète un individuel à deux euros soixante-dix qu’elle me fait réchauffer et vais le déguster à l’une des table d’extérieur. Un délice !
*
C’est lors de vacances à Dinan avec ses parents que le jeune Poulot, futur Perros, fit la découverte de la Bretagne. Il viendra y vivre sa vie d’écrivain.
Je continue ce samedi à visiter Dinan, longe les remparts jusqu’au Château puis entre dans la très belle Basilique Saint-Sauveur où dans une urne est conservé le cœur de Du Guesclin (« Ci-gît le cœur de messire Bertrand Du Guesclin »), cela en gardant un œil sur ma montre afin de me trouver près de la Tour de l’Horloge à dix heures. C’est aujourd’hui la réouverture du Passeur de Livres, une bouquinerie qui, je l’ai découvert hier, a un livre pour moi dans sa vitrine.
Le bouquiniste est en train de sortir deux tables à livres quand je l’aborde pour lui demander Georges Perros, l’étude biographique qu’a consacrée Thierry Gillybœuf à l’un de mes écrivains préférés, parue aux éditions La Part Commune. Il est mis en vente cinq euros, le tiers de son prix neuf. Voilà le livre qui me manquait pour la dernière partie de mon périple breton.
Muni de cette bonne prise, je descends jusqu’au port puis marche le long de la Rance vers le « site naturel du méandre de la vieille rivière ». Il mène à la station d’épuration. Je trouve là un pêcheur portant une énorme prise de plus d’un mètre dont la queue traîne par terre. « C’est un brochet, me dit-il, y a des matinées qui sont bonnes. »
De retour dans le port, je prends un café au bar crêperie des Vedettes. Quand j’ouvre Georges Perros, je découvre qu’il a appartenu au Centre de Documentation et d’Information du Lycée Pierre Mendès-France de Rennes. « C’est agréable la lecture, comme ça sur le port, quand il fait beau », me dit la patronne. C’est certain, mais je suis toujours le seul à pratiquer.
A midi, je traverse le Vieux Pont pour rejoindre la crêperie Bords de Rance dont le désavantage est d’être à l’ombre et l’avantage d’avoir la meilleure vue sur le port, le Vieux Pont, le viaduc, les remparts et le haut du clocher de la Basilique qui dépasse les arbres aux couleurs automnales. La galette tartiflette et la crêpe caramel beurre salé y sont plutôt bonnes. Quand je paie la patronne me demande d’inscrire mes cordonnées sur un cahier. « Il n’y avait personne d’autre en terrasse, je n’en vois pas l’intérêt », lui réponds-je. Elle n’insiste pas.
Pour rentrer je passe par la commune d’en face, Lanvallay, où une rude montée pavée permet de rejoindre et d’emprunter le viaduc. Celui-ci est bordé d’une solide protection antisuicide à travers les barreaux de laquelle on bénéficie d’une vue plongeante sur le port.
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Un fidèle lecteur m’ayant appris que sa compagne trouve (et donc lui aussi) « que les meilleurs kouign-aman du monde s'achètent à Dinan, en bas de la rue du Fort (du petit Fort), enfin en bas quand on arrive sur la Rance », je me renseigne via Internet et apprends que l’endroit se nomme La Maison de Tatie Jeanne.
Or sur place, je découvre que cela s’appelle maintenant Gât’ & Vous. Ce nom ridicule ne me dit rien qui vaille mais j’entre quand même. C’est toujours pareil, me rassure une vendeuse à l’allure de Tatie Jeanne. C’est le pâtissier qui a repris l’affaire, c’est encore meilleur qu’avant, il a amélioré la recette. J’en achète un individuel à deux euros soixante-dix qu’elle me fait réchauffer et vais le déguster à l’une des table d’extérieur. Un délice !
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C’est lors de vacances à Dinan avec ses parents que le jeune Poulot, futur Perros, fit la découverte de la Bretagne. Il viendra y vivre sa vie d’écrivain.
18 octobre 2020
Ecœurement au réveil en apprenant la décapitation par un islamiste d’un professeur d’histoire ayant présenté une caricature de Mahomet à ses élèves lors d’une leçon sur la liberté d’expression. Faut-il être étonné ? Malheureusement non. Cela fait des années que la société française est gangrénée par ces individus et que l’école est sous leur pression. Cela sans qu’ils soient réellement combattus. Pire, leur comportement a souvent été excusé par une partie de l’extrême-gauche, y compris par des enseignant(e)s. C’est ce qui m’a amené il y a plusieurs années à m’éloigner du Réseau Education Sans Frontières.
Je continue ce samedi à visiter Dinan, longe les remparts jusqu’au Château puis entre dans la très belle Basilique Saint-Sauveur où dans une urne est conservé le cœur de Du Guesclin (« Ci-gît le cœur de messire Bertrand Du Guesclin »), cela en gardant un œil sur ma montre afin de me trouver près de la Tour de l’Horloge à dix heures. C’est aujourd’hui la réouverture du Passeur de Livres, une bouquinerie qui, je l’ai découvert hier, a un livre pour moi dans sa vitrine.
Le bouquiniste est en train de sortir deux tables à livres quand je l’aborde pour lui demander Georges Perros, l’étude biographique qu’a consacrée Thierry Gillybœuf à l’un de mes écrivains préférés, parue aux éditions La Part Commune. Il est mis en vente cinq euros, le tiers de son prix neuf. Voilà le livre qui me manquait pour la dernière partie de mon périple breton.
Muni de cette bonne prise, je descends jusqu’au port puis marche le long de la Rance vers le « site naturel du méandre de la vieille rivière ». Il mène à la station d’épuration. Je trouve là un pêcheur portant une énorme prise de plus d’un mètre dont la queue traîne par terre. « C’est un brochet, me dit-il, y a des matinées qui sont bonnes. »
De retour dans le port, je prends un café au bar crêperie des Vedettes. Quand j’ouvre Georges Perros, je découvre qu’il a appartenu au Centre de Documentation et d’Information du Lycée Pierre Mendès-France de Rennes. « C’est agréable la lecture, comme ça sur le port, quand il fait beau », me dit la patronne. C’est certain, mais je suis toujours le seul à pratiquer.
A midi, je traverse le Vieux Pont pour rejoindre la crêperie Bords de Rance dont le désavantage est d’être à l’ombre et l’avantage d’avoir la meilleure vue sur le port, le Vieux Pont, le viaduc, les remparts et le haut du clocher de la Basilique qui dépasse les arbres aux couleurs automnales. La galette tartiflette et la crêpe caramel beurre salé y sont plutôt bonnes. Quand je paie la patronne me demande d’inscrire mes cordonnées sur un cahier. « Il n’y avait personne d’autre en terrasse, je n’en vois pas l’intérêt », lui réponds-je. Elle n’insiste pas.
Pour rentrer je passe par la commune d’en face, Lanvallay, où une rude montée pavée permet de rejoindre et d’emprunter le viaduc. Celui-ci est bordé d’une solide protection antisuicide à travers les barreaux de laquelle on bénéficie d’une vue plongeante sur le port.
*
Un fidèle lecteur m’ayant appris que sa compagne trouve (et donc lui aussi) « que les meilleurs kouign-aman du monde s'achètent à Dinan, en bas de la rue du Fort (du petit Fort), enfin en bas quand on arrive sur la Rance », je me renseigne via Internet et apprends que l’endroit se nomme La Maison de Tatie Jeanne.
Or sur place, je découvre que cela s’appelle maintenant Gât’ & Vous. Ce nom ridicule ne me dit rien qui vaille mais j’entre quand même. C’est toujours pareil, me rassure une vendeuse à l’allure de Tatie Jeanne. C’est le pâtissier qui a repris l’affaire, c’est encore meilleur qu’avant, il a amélioré la recette. J’en achète un individuel à deux euros soixante-dix qu’elle me fait réchauffer et vais le déguster à l’une des table d’extérieur. Un délice !
*
C’est lors de vacances à Dinan avec ses parents que le jeune Poulot, futur Perros, fit la découverte de la Bretagne. Il viendra y vivre sa vie d’écrivain.
Je continue ce samedi à visiter Dinan, longe les remparts jusqu’au Château puis entre dans la très belle Basilique Saint-Sauveur où dans une urne est conservé le cœur de Du Guesclin (« Ci-gît le cœur de messire Bertrand Du Guesclin »), cela en gardant un œil sur ma montre afin de me trouver près de la Tour de l’Horloge à dix heures. C’est aujourd’hui la réouverture du Passeur de Livres, une bouquinerie qui, je l’ai découvert hier, a un livre pour moi dans sa vitrine.
Le bouquiniste est en train de sortir deux tables à livres quand je l’aborde pour lui demander Georges Perros, l’étude biographique qu’a consacrée Thierry Gillybœuf à l’un de mes écrivains préférés, parue aux éditions La Part Commune. Il est mis en vente cinq euros, le tiers de son prix neuf. Voilà le livre qui me manquait pour la dernière partie de mon périple breton.
Muni de cette bonne prise, je descends jusqu’au port puis marche le long de la Rance vers le « site naturel du méandre de la vieille rivière ». Il mène à la station d’épuration. Je trouve là un pêcheur portant une énorme prise de plus d’un mètre dont la queue traîne par terre. « C’est un brochet, me dit-il, y a des matinées qui sont bonnes. »
De retour dans le port, je prends un café au bar crêperie des Vedettes. Quand j’ouvre Georges Perros, je découvre qu’il a appartenu au Centre de Documentation et d’Information du Lycée Pierre Mendès-France de Rennes. « C’est agréable la lecture, comme ça sur le port, quand il fait beau », me dit la patronne. C’est certain, mais je suis toujours le seul à pratiquer.
A midi, je traverse le Vieux Pont pour rejoindre la crêperie Bords de Rance dont le désavantage est d’être à l’ombre et l’avantage d’avoir la meilleure vue sur le port, le Vieux Pont, le viaduc, les remparts et le haut du clocher de la Basilique qui dépasse les arbres aux couleurs automnales. La galette tartiflette et la crêpe caramel beurre salé y sont plutôt bonnes. Quand je paie la patronne me demande d’inscrire mes cordonnées sur un cahier. « Il n’y avait personne d’autre en terrasse, je n’en vois pas l’intérêt », lui réponds-je. Elle n’insiste pas.
Pour rentrer je passe par la commune d’en face, Lanvallay, où une rude montée pavée permet de rejoindre et d’emprunter le viaduc. Celui-ci est bordé d’une solide protection antisuicide à travers les barreaux de laquelle on bénéficie d’une vue plongeante sur le port.
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Un fidèle lecteur m’ayant appris que sa compagne trouve (et donc lui aussi) « que les meilleurs kouign-aman du monde s'achètent à Dinan, en bas de la rue du Fort (du petit Fort), enfin en bas quand on arrive sur la Rance », je me renseigne via Internet et apprends que l’endroit se nomme La Maison de Tatie Jeanne.
Or sur place, je découvre que cela s’appelle maintenant Gât’ & Vous. Ce nom ridicule ne me dit rien qui vaille mais j’entre quand même. C’est toujours pareil, me rassure une vendeuse à l’allure de Tatie Jeanne. C’est le pâtissier qui a repris l’affaire, c’est encore meilleur qu’avant, il a amélioré la recette. J’en achète un individuel à deux euros soixante-dix qu’elle me fait réchauffer et vais le déguster à l’une des table d’extérieur. Un délice !
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C’est lors de vacances à Dinan avec ses parents que le jeune Poulot, futur Perros, fit la découverte de la Bretagne. Il viendra y vivre sa vie d’écrivain.
17 octobre 2020
« Ceinturée de près de trois kilomètres de remparts, la ville de Dinan et son château du 14e siècle dominent fièrement la Rance », ainsi est résumée sur le site de l’Office de Tourisme la description de cette ville autrefois parcourue à deux et que je redécouvre seul.
Ma première nuit place Du Guesclin a été bonne, bien que le bâtiment de mon « Studio Cosy » à lit « Queen Size » en contienne sept autres. Tous ne sont pas occupés mais les vacances arrivent. Pour l’instant, le seul effet négatif est que la ouifi partagée est parfois capricieuse.
Dès le jour levé, je mets le cap sur le quartier de la Mairie, y trouve une boulangerie puis m’installe à la terrasse du Café Noir pour petit-déjeuner. L’allongé est à un euro quarante. J’ai comme voisinage des agents immobiliers des deux sexes. L’un raconte ce que lui a raconté une ancienne boulangère sur les clients du petit matin. Il n’y a pas que des robes de chambre, il y a aussi des femmes en nuisette et une fois elle a eu un homme en imperméable qui se baissant pour prendre de l’argent dans sa chaussette lui a dévoilé ses attributs, étant nu dessous.
A neuf heures, j’entre au Carrefour City voisin afin de faire quelques emplettes dont de la Super Glue pour mes chaussures puis j’entreprends de traverser la ville par les rues piétonnières, m’arrêtant à la Cathédrale Saint-Malo et au Couvent des Cordeliers qui abrite un établissement d’enseignement secondaire privé. J’arrive dans la renommée et pentue rue du Jerzual aux nombreuses maisons à pans de bois. La porte fortifiée franchie, cette descente se poursuit par la rue du Petit Fort où se trouve la Maison du Gouverneur et me voici arrivé dans le port fluvial sur la Rance, que franchissent un vieux pont de pierre et un fier viaduc.
Je me balade sur ses rives puis vais prendre un autre café (un euro soixante) au bar crêperie Les Vedettes où je côtoie cette fois des voyagistes ayant des valeurs (au premier rang desquelles le localisme), dont un couple de Parisiens mais à l’origine d’ici et qui veulent y redémarrer dans la vie. Elle se verrait bien aussi dans l’immobilier car elle a l’impression que c’est la tendance du moment.
Pour déjeuner, j’ai une table en bord de Rance au bien nommé restaurant Les Terrasses où je choisis six huîtres, des moules marinières et un far breton avec du cidre, un repas de touriste qui ne me déçoit pas.
Remonté en ville, ce qui n’est pas un mince effort, je trouve place à la terrasse ensoleillée du Café de la Mairie pour le café (un euro trente). J’ai la chance de ne pas avoir de voisins, ce qui me permet de relire tranquillement quelques lettres de Léautaud.
*
A Dinan, le masque n’est obligatoire que dans les rues piétonnes, m’a dit la boulangère. Je ne le mets nulle part tant je croise peu de monde, me déportant à plus d’un mètre les rares fois où c’est nécessaire.
*
Quel far n’est pas breton ?
*
Formule d’actualité de Michel de Montaigne dans ses Essais : Chacun dans sa chacunière.
Ma première nuit place Du Guesclin a été bonne, bien que le bâtiment de mon « Studio Cosy » à lit « Queen Size » en contienne sept autres. Tous ne sont pas occupés mais les vacances arrivent. Pour l’instant, le seul effet négatif est que la ouifi partagée est parfois capricieuse.
Dès le jour levé, je mets le cap sur le quartier de la Mairie, y trouve une boulangerie puis m’installe à la terrasse du Café Noir pour petit-déjeuner. L’allongé est à un euro quarante. J’ai comme voisinage des agents immobiliers des deux sexes. L’un raconte ce que lui a raconté une ancienne boulangère sur les clients du petit matin. Il n’y a pas que des robes de chambre, il y a aussi des femmes en nuisette et une fois elle a eu un homme en imperméable qui se baissant pour prendre de l’argent dans sa chaussette lui a dévoilé ses attributs, étant nu dessous.
A neuf heures, j’entre au Carrefour City voisin afin de faire quelques emplettes dont de la Super Glue pour mes chaussures puis j’entreprends de traverser la ville par les rues piétonnières, m’arrêtant à la Cathédrale Saint-Malo et au Couvent des Cordeliers qui abrite un établissement d’enseignement secondaire privé. J’arrive dans la renommée et pentue rue du Jerzual aux nombreuses maisons à pans de bois. La porte fortifiée franchie, cette descente se poursuit par la rue du Petit Fort où se trouve la Maison du Gouverneur et me voici arrivé dans le port fluvial sur la Rance, que franchissent un vieux pont de pierre et un fier viaduc.
Je me balade sur ses rives puis vais prendre un autre café (un euro soixante) au bar crêperie Les Vedettes où je côtoie cette fois des voyagistes ayant des valeurs (au premier rang desquelles le localisme), dont un couple de Parisiens mais à l’origine d’ici et qui veulent y redémarrer dans la vie. Elle se verrait bien aussi dans l’immobilier car elle a l’impression que c’est la tendance du moment.
Pour déjeuner, j’ai une table en bord de Rance au bien nommé restaurant Les Terrasses où je choisis six huîtres, des moules marinières et un far breton avec du cidre, un repas de touriste qui ne me déçoit pas.
Remonté en ville, ce qui n’est pas un mince effort, je trouve place à la terrasse ensoleillée du Café de la Mairie pour le café (un euro trente). J’ai la chance de ne pas avoir de voisins, ce qui me permet de relire tranquillement quelques lettres de Léautaud.
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A Dinan, le masque n’est obligatoire que dans les rues piétonnes, m’a dit la boulangère. Je ne le mets nulle part tant je croise peu de monde, me déportant à plus d’un mètre les rares fois où c’est nécessaire.
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Quel far n’est pas breton ?
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Formule d’actualité de Michel de Montaigne dans ses Essais : Chacun dans sa chacunière.
16 octobre 2020
Ce jeudi, après avoir faire le ménage et évitant de peu l’averse, je quitte la résidence Castel Rosa afin de prendre le car BreizhGo de dix heures vingt-quatre jusqu’à son terminus la Gare de Saint-Brieuc. Un dernier regard pour la plage de Casino puis, lors du passage du car par le port d’échouage au sympathique bistrot Le Poisson Rouge, et bye bye Saint-Quay.
A l’arrivée, je découvre que la Gare de Saint-Brieuc a beaucoup de charme, dôme central et bâtiments symétriques de briques rouges. Presque en face est Le Bistrot Gourmand où j’entre illico afin de boire un café. Comme il n’y a pas d’autre choix, je demande à garder la table pour déjeuner. Un menu à dix-neuf euros, quelque peu calorifique, y est proposé : camembert rôti au miel, pavé d’andouille au lard, verrine au caramel. Tout cela est apporté par une serveuse qui se passe allégrement de masque. Dans la salle où je suis n’est qu’une autre table, pour huit personnes, où quand je termine s’installent huit collègues (toujours la même chanson : on ne peut pas se contaminer, on se connaît).
L’addition réglée, je traverse le parvis et trouve place dans le Saint-Brieuc Dinan de treize heures vingt-cinq, un Téheuherre des Pays de la Loire. Il est peu fréquenté, sans contrôleur, toilettes fermées, et s’arrête à Lamballe et Plancoët avant d’arriver au but à quatorze heures trente.
Je découvre alors l’horrible Gare de Dinan, la plus laide que j’aie jamais vue, me semble-t-il. Je lui tourne le dos pour rejoindre le centre historique. Je n’ai rendez-vous avec ma nouvelle logeuse, place Du Guesclin, intra-muros, qu’à seize heures. A deux pas de mon futur logement, je passe chercher un plan détaillé de la ville et l’horaire du car pour Dinard à l’Office du Tourisme, dont les deux employées portent des visières en plexiglas réputées inefficaces et non autorisées, puis je vais patienter à la terrasse de l’Hôtel Restaurant La Duchesse Anne où les restaurateurs déjeunent tardivement. Toutes les tables d’extérieur sont décorées de citrouilles et de potirons. Le café est à un euro quatre-vingts avec vue sur un parquigne.
A l’heure prévue, celle que j’espérais ouvre sa porte. Nous montons au premier étage.
*
Tous les cafés seront fermés à Rouen en plus du couvre-feu, apprends-je quand ma nouvelle connexion Internet est en marche.
*
Pour les soirées étudiantes ou autres, que va-t-il se passer ? Il sera toujours possible de s’y rendre mais pas d’en revenir avant six heures du matin, d’où des dortoirs improvisés, nouveaux nids à virus.
*
La grande crainte d’un client du Bistrot Gourmand : sa fille étudiante.
*
« Couvre-feu à vingt et une heures, y vont se barrer, y vont tous arriver sur la côte » (peur locale)
A l’arrivée, je découvre que la Gare de Saint-Brieuc a beaucoup de charme, dôme central et bâtiments symétriques de briques rouges. Presque en face est Le Bistrot Gourmand où j’entre illico afin de boire un café. Comme il n’y a pas d’autre choix, je demande à garder la table pour déjeuner. Un menu à dix-neuf euros, quelque peu calorifique, y est proposé : camembert rôti au miel, pavé d’andouille au lard, verrine au caramel. Tout cela est apporté par une serveuse qui se passe allégrement de masque. Dans la salle où je suis n’est qu’une autre table, pour huit personnes, où quand je termine s’installent huit collègues (toujours la même chanson : on ne peut pas se contaminer, on se connaît).
L’addition réglée, je traverse le parvis et trouve place dans le Saint-Brieuc Dinan de treize heures vingt-cinq, un Téheuherre des Pays de la Loire. Il est peu fréquenté, sans contrôleur, toilettes fermées, et s’arrête à Lamballe et Plancoët avant d’arriver au but à quatorze heures trente.
Je découvre alors l’horrible Gare de Dinan, la plus laide que j’aie jamais vue, me semble-t-il. Je lui tourne le dos pour rejoindre le centre historique. Je n’ai rendez-vous avec ma nouvelle logeuse, place Du Guesclin, intra-muros, qu’à seize heures. A deux pas de mon futur logement, je passe chercher un plan détaillé de la ville et l’horaire du car pour Dinard à l’Office du Tourisme, dont les deux employées portent des visières en plexiglas réputées inefficaces et non autorisées, puis je vais patienter à la terrasse de l’Hôtel Restaurant La Duchesse Anne où les restaurateurs déjeunent tardivement. Toutes les tables d’extérieur sont décorées de citrouilles et de potirons. Le café est à un euro quatre-vingts avec vue sur un parquigne.
A l’heure prévue, celle que j’espérais ouvre sa porte. Nous montons au premier étage.
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Tous les cafés seront fermés à Rouen en plus du couvre-feu, apprends-je quand ma nouvelle connexion Internet est en marche.
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Pour les soirées étudiantes ou autres, que va-t-il se passer ? Il sera toujours possible de s’y rendre mais pas d’en revenir avant six heures du matin, d’où des dortoirs improvisés, nouveaux nids à virus.
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La grande crainte d’un client du Bistrot Gourmand : sa fille étudiante.
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« Couvre-feu à vingt et une heures, y vont se barrer, y vont tous arriver sur la côte » (peur locale)
15 octobre 2020
Ce mercredi à Saint-Quay, après une nuit de pluie, le temps se met au beau, avec un lever de soleil en feu. Je l’admire du sentier des douaniers que j’emprunte pour la dernière fois. C’est peut-être une bonne chose car mes chaussures ont souffert. En un mois et demi, elles sont passées du neuf à l’épave, semelle qui se décolle pour l’une, trou en formation pour l’autre. Pourvu qu’elles tiennent jusqu’à mon arrivée dans une ville où l’on trouve de la colle.
Au Poisson Rouge, dont la terrasse est ensoleillée dès le matin, entre patron et habitués on parle de Macron, de ce qu’il va dire ce soir à la télé, on ne serait pas contre le fait qu’il boucle les gens des grandes villes, il vaut mieux moins de touristes pendant les vacances de la Toussaint et pouvoir continuer de bosser après, ils vont arriver pas forcément malades mais en se disant, c’est bon, ici y a pas beaucoup de malades, on peut faire ce qu’on veut.
Mon ultime déjeuner quinocéen est aux Plaisanciers, où ce jour c’est langue sauce piquante, en extérieur au soleil, d’où j’ai vue sur le va-et-vient des bateaux de pêcheurs. La pêche à la coquille est intense en ce jour de beau temps. Certaines passent par un tapis roulant géant qui énerve les goélands et filent ainsi vers une usine qui de temps à autre éjacule un jet de vapeur bruyant et conséquent, telle une cocotte-minute qui n’en peut plus.
*
Donc, le soir venu, je regarde Macron, une partie du moins de son intervention, couvre-feu au programme pour plusieurs villes dont Rouen. On voit là l’efficacité du masque partout tout le temps qui devait renverser la tendance. Ce couvre-feu ne règlera pas davantage le problème.
*
D’un point de vue personnel, cela ne changera rien à ma vie. Ma santé ne me permet plus le restaurant le soir et le spectacle en mode dégradé (réservation, masque et tutti) m’est insupportable.
*
Quel vacancier de la Toussaint osera passer par Rouen ? Elle est désormais en lice pour le titre de Capitale des Villes à Eviter.
*
Au moins deux fois notre Président a dit « On regarde ce qui se fait dans les pays voisins ». C’est dire si on sait où on va. Il a aussi avoué qu’on en avait pour jusqu’à l’été prochain avec cette pandémie. Il y a quelque temps, c’était quelques mois. Un jour, on saura qu’il y en a pour de nombreuses années et peut-être pour toujours.
Au Poisson Rouge, dont la terrasse est ensoleillée dès le matin, entre patron et habitués on parle de Macron, de ce qu’il va dire ce soir à la télé, on ne serait pas contre le fait qu’il boucle les gens des grandes villes, il vaut mieux moins de touristes pendant les vacances de la Toussaint et pouvoir continuer de bosser après, ils vont arriver pas forcément malades mais en se disant, c’est bon, ici y a pas beaucoup de malades, on peut faire ce qu’on veut.
Mon ultime déjeuner quinocéen est aux Plaisanciers, où ce jour c’est langue sauce piquante, en extérieur au soleil, d’où j’ai vue sur le va-et-vient des bateaux de pêcheurs. La pêche à la coquille est intense en ce jour de beau temps. Certaines passent par un tapis roulant géant qui énerve les goélands et filent ainsi vers une usine qui de temps à autre éjacule un jet de vapeur bruyant et conséquent, telle une cocotte-minute qui n’en peut plus.
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Donc, le soir venu, je regarde Macron, une partie du moins de son intervention, couvre-feu au programme pour plusieurs villes dont Rouen. On voit là l’efficacité du masque partout tout le temps qui devait renverser la tendance. Ce couvre-feu ne règlera pas davantage le problème.
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D’un point de vue personnel, cela ne changera rien à ma vie. Ma santé ne me permet plus le restaurant le soir et le spectacle en mode dégradé (réservation, masque et tutti) m’est insupportable.
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Quel vacancier de la Toussaint osera passer par Rouen ? Elle est désormais en lice pour le titre de Capitale des Villes à Eviter.
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Au moins deux fois notre Président a dit « On regarde ce qui se fait dans les pays voisins ». C’est dire si on sait où on va. Il a aussi avoué qu’on en avait pour jusqu’à l’été prochain avec cette pandémie. Il y a quelque temps, c’était quelques mois. Un jour, on saura qu’il y en a pour de nombreuses années et peut-être pour toujours.
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