Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Un samedi bien carillonné

27 septembre 2016


Samedi matin, en chemin vers la Poste de la Champmeslé, je suis hélé devant la Cathédrale :
-Monsieur, monsieur !
C’est l’homme à cheveux blancs qui m’avait appris que le concert inaugural du carillon restauré se terminerait par J’irai revoir ma Normandie.
-L’autre fois, vous vouliez un programme du concert, me dit-il en sortant un papier de sa sacoche, cette fois-ci on l’a fait.
Il me le tend. C’est ainsi que j’apprends qu’un nouveau et copieux concert a lieu ce samedi, une partie le matin, une autre l’après-midi, organisé par l’Association du Carillon de la Cathédrale de Rouen. Des carillonneuses et carillonneurs venus de toute la France et de Belgique y participeront et cette fois-ci il ne pleuvra pas.
Me voici donc bien installé au jardin à dix heures. Elisabeth Vitu (Perpignan/Carcassonne) ouvre la journée avec des airs américains et la Danse slave numéro deux d’Antonín Dvořák. Lui succède Francis Crépin (Saint-Quentin) pour une session qui va de Wolfgang Amadeus Mozart à Cole Porter (Night and Day) en passant par Oblivion d’Astor Piazzolla, un medley des musiques des films de Jacques Tati et l’Over the Rainbow d’Harold Arlen.
A quinze heures trente, après un entracte suffisamment long pour me permettre de bien profiter du soleil à la terrasse du Son de Cor, je suis à nouveau en position au jardin. Florian Legrand (Cholet) joue un ballet catalan, une chanson à boire d’Antonio Mahaut, un chant breton et une ode pour carillon. Lui succède Mathilde Bargibant (Paris) pour des airs divers. Régulièrement passent dans la ruelle des bandes d’étudiants excités braillant le nom de leur école « Esi Esi Esigelec » et autres moins connues. C’est leur journée de découverte de la ville. Ils la transforment en défouloir régressif.
Alors que Jean-Christophe Michallek (Liège) prend la suite, Petit Courant d’Air Frais passe par là.
-Ah tiens, la pelouse a été tondue, me dit-elle.
-Oui, cela arrive parfois.
C’est le jeune homme que j’aime entendre jouer de la guitare, pourtant simple locataire, qui s’y est collé à l’heure du déjeuner.
Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? tel est le titre de la composition d’André Grétry qui résonne dans les airs (je réponds pour ma part : « Partout ») puis viennent L’Air du carillon de La Flûte enchantée, Ne me quitte pas de Jacques Brel, Un homme heureux de William Sheller et Les Feuilles mortes de Vladimir Cosma.
Petit Courant d’Air Frais repasse par là :
-Je vais revenir, me dit elle.
La session de Charles Dairay (Deinze) est perturbée par les grosses cloches qui appellent à la messe. Heureusement, elles se taisent avant qu’il interprète Gottingen de Barbara. Suivent La Bohême de Charles Aznavour et une très belle composition personnelle intitulée American Suite.
-Oh la la, les étudiants, c’est bombardage de farine et de ketchup, me dit Petit Courant d’Air Frais quand elle repasse par là.
Francis Crépin et Charles Dairay jouent ensuite à quatre mains Danses, une composition du premier. Pour finir, c’est la session de Michel Goddefroy (Tourcoing) avec des airs sud-américains dont une milonga, ainsi que l’anglaise Greensleeves.
-Cette fois, je m’en vais, bonne soirée, me dit Petit Courant d’Air Frais à son quatrième passage.
C’est la fin du concert avec un très beau quatre mains joué par Michel Goddefroy et Patrice Latour, le titulaire du carillon rouennais, le Concerto for 2 to play de Ronald Barnes.
Il est presque dix-neuf heures. Celles et ceux qui, comme moi, habitent le voisinage de la Cathédrale et, contrairement à moi, n’aiment pas la musique carillonnée doivent pousser un soupir de soulagement.
                                                        *
Lu dans Le Bouquins des méchancetés et autres traits d’esprit :
« L’archevêque de Rouen, quoique très jeune, portait une grande barbe ; Antoine d’Aumont disait : « Il ressemble à Dieu le Père quand il était jeune. »
(Antoine d'Aumont de Rochebaron : capitaine des gardes du corps du Roi puis Maréchal de France, dix-septième siècle)