Boudant le vide grenier local de Bois-Guillaume, j’opte ce dimanche, le temps prévu plutôt beau avec de rares averses, pour ceux de la capitale. A cette fin, il me faut attendre dans une gare à peu près morte le premier train qui n’est qu’à sept heures douze et pas direct. A Vernon et à Mantes-la-Jolie y montent de nombreux hommes et femmes noirs endimanchés visiblement en chemin vers une cérémonie religieuse. L’une lit La Bible, une autre Libres des pervers sexuels.
Ce n’est qu’à neuf heures trente que j’aborde la Butte-aux-Cailles, ce quartier populaire, bourgeois et verdoyant où j’ai souvenir d’avoir en même circonstance fait un bon déjeuner en compagnie de celle avec qui j’ai pris une boisson chaude hier à Rouen avant qu’elle aille récupérer son singulier animal de compagnie. A cette heure, tous les vendeurs sont installés.
-Cinquante centimes ou vingt centimes, comme vous voulez, me répond la jolie fille à qui je demande le prix d’un premier livre.
Cette réponse mérite achat (à cinquante centimes) et est de bon augure pour la suite. Au fil du mon exploration du labyrinthe mon sac s’emplit cependant que le nombre des visiteurs augmente considérablement. Parmi eux je trouve un barbu souvent croisé chez Book-Off, l’un de ses individus achetant les livres avec leur téléphone. Il en a déjà un chariot plein. Une décapotée de luxe bloquée par la foule fait soudainement évènement. « On n’est pas à Saint-Tropez ici. » lance un quidam. Le conducteur fait profil bas : « J’habite ici, je veux juste rentrer chez moi. » Les gilets jaunes viennent à son secours.
Un peu avant midi, fatigué par le monde, je rejoins à pied via l’avenue des Gobelins le quartier du Jardin des Plantes où sur une portion du boulevard Saint-Marcel il y a déballage. Après avoir pique-niqué sur un banc, je m’apprête à l’explorer quand venue d’on ne sait où s’abat une drache de quelques minutes qui ruine une bonne partie de la marchandise dont des livres que je ne puis plus acheter.
Je prends la ligne Sept du métro, descends à Cadet près du square Montholon autour duquel sont installés d’autres déballeurs et déballeuses. L’une d’elles, fille filiforme à accent nordique, vend quelques cédés dont l’un retient mon attention par le dessin de sa pochette montrant un pianiste déchaîné à tête de mort. Ce dessin est signé, comme les textes et les musiques : Daniel Johnston.
-C’est quel genre de musique ?
-De l’indie, me dit-elle, on ne peut pas écouter ça très souvent.
Je lui dis que c’est le dessin qui me plaît. Elle me le propose à cinquante centimes. Je le prends et rejoins Saint-Lazare à pied par la rue de Châteaudun, me disant que j’aurais mieux fait après mon pique-nique d’explorer à nouveau les ressources de la Butte-aux-Cailles.
A la Ville d’Argentan où je bois un café, la télé de fond de salle diffuse ce que tous appellent le match. Il intéresse moins de monde que je ne le croyais et le son bas ne gêne pas ma lecture de Motel blues de Bill Bryson.
La Senecefe m’ayant proposé un billet à tarif réduit en première au même prix que le billet à tarif réduit en seconde, je voyage confortablement pour mon retour à Rouen, mais pas seul. La voiture est entièrement occupée. Je découvre à cette occasion que nombreux sont celles et ceux qui tirent parti de l’absence de contrôle avant Mantes-la-Jolie. Tant qu’à voyager sans billet quand on ne court aucun risque d’amende, autant le faire en première classe.
*
Parmi les livres rapportés : Cinq années de ma vie d’Alfred Dreyfus (La Découverte), Journal 1973-1982 de Joyce Carol Oates (Philippe Rey), Trop tard de Werner Kofler (Absalon) et, acheté dix euros à une professionnelle, Pierre Molinier « Je suis un homme-putain » (Ecrits et dessins inédits) (Adam Biro/Kamel Mennour).
*
A la peinture noire sur une cabane de chantier de la Butte-aux-Cailles : « Nous sommes ceux qui font l’amour l’après-midi ».
Ce n’est qu’à neuf heures trente que j’aborde la Butte-aux-Cailles, ce quartier populaire, bourgeois et verdoyant où j’ai souvenir d’avoir en même circonstance fait un bon déjeuner en compagnie de celle avec qui j’ai pris une boisson chaude hier à Rouen avant qu’elle aille récupérer son singulier animal de compagnie. A cette heure, tous les vendeurs sont installés.
-Cinquante centimes ou vingt centimes, comme vous voulez, me répond la jolie fille à qui je demande le prix d’un premier livre.
Cette réponse mérite achat (à cinquante centimes) et est de bon augure pour la suite. Au fil du mon exploration du labyrinthe mon sac s’emplit cependant que le nombre des visiteurs augmente considérablement. Parmi eux je trouve un barbu souvent croisé chez Book-Off, l’un de ses individus achetant les livres avec leur téléphone. Il en a déjà un chariot plein. Une décapotée de luxe bloquée par la foule fait soudainement évènement. « On n’est pas à Saint-Tropez ici. » lance un quidam. Le conducteur fait profil bas : « J’habite ici, je veux juste rentrer chez moi. » Les gilets jaunes viennent à son secours.
Un peu avant midi, fatigué par le monde, je rejoins à pied via l’avenue des Gobelins le quartier du Jardin des Plantes où sur une portion du boulevard Saint-Marcel il y a déballage. Après avoir pique-niqué sur un banc, je m’apprête à l’explorer quand venue d’on ne sait où s’abat une drache de quelques minutes qui ruine une bonne partie de la marchandise dont des livres que je ne puis plus acheter.
Je prends la ligne Sept du métro, descends à Cadet près du square Montholon autour duquel sont installés d’autres déballeurs et déballeuses. L’une d’elles, fille filiforme à accent nordique, vend quelques cédés dont l’un retient mon attention par le dessin de sa pochette montrant un pianiste déchaîné à tête de mort. Ce dessin est signé, comme les textes et les musiques : Daniel Johnston.
-C’est quel genre de musique ?
-De l’indie, me dit-elle, on ne peut pas écouter ça très souvent.
Je lui dis que c’est le dessin qui me plaît. Elle me le propose à cinquante centimes. Je le prends et rejoins Saint-Lazare à pied par la rue de Châteaudun, me disant que j’aurais mieux fait après mon pique-nique d’explorer à nouveau les ressources de la Butte-aux-Cailles.
A la Ville d’Argentan où je bois un café, la télé de fond de salle diffuse ce que tous appellent le match. Il intéresse moins de monde que je ne le croyais et le son bas ne gêne pas ma lecture de Motel blues de Bill Bryson.
La Senecefe m’ayant proposé un billet à tarif réduit en première au même prix que le billet à tarif réduit en seconde, je voyage confortablement pour mon retour à Rouen, mais pas seul. La voiture est entièrement occupée. Je découvre à cette occasion que nombreux sont celles et ceux qui tirent parti de l’absence de contrôle avant Mantes-la-Jolie. Tant qu’à voyager sans billet quand on ne court aucun risque d’amende, autant le faire en première classe.
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Parmi les livres rapportés : Cinq années de ma vie d’Alfred Dreyfus (La Découverte), Journal 1973-1982 de Joyce Carol Oates (Philippe Rey), Trop tard de Werner Kofler (Absalon) et, acheté dix euros à une professionnelle, Pierre Molinier « Je suis un homme-putain » (Ecrits et dessins inédits) (Adam Biro/Kamel Mennour).
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A la peinture noire sur une cabane de chantier de la Butte-aux-Cailles : « Nous sommes ceux qui font l’amour l’après-midi ».