Ce lundi, sur France Culture, l’émission Un nouveau jour est possible commence fort opportunément une série sur la vie culturelle chinoise, le jour où celle à qui je pense s’envole pour Pékin afin de faire bénéficier les Chinois de ses lumières (au propre et au figuré).
Mardi soir (heure de Rouen), elle me téléphone pour me dire d’une voix d’antipode que tout va bien là-bas.
Mercredi matin, je pousse la porte de son appartement parisien et y retrouve ses deux petites bestioles dont je m’occuperai au mieux bien que la plus grosse me fasse peur. Mes bagages posés, je grimpe à Montmartre à pied et redescends de l’autre côté, passant devant le Théâtre de l’Atelier qui me fait songer à Sartre, à Simone et à leurs groupies élèves de Dullin.
En bas de la rue des Martyrs, je prends un café à La Fourmi (un lieu dans lequel je fus autrefois bien accompagné). Ma table en contrebas du trottoir me permet de profiter au mieux des belles jambes qui passent. Près de moi deux hommes dans le genre artiste parlent du « scandale avec Valls » qui a pris l’avion de la République pour aller voir un match de foute avec ses enfants à Berlin en faisant croire qu’il avait une réunion là-bas. Ils évoquent cela avec le mélange d’indignation et d’admiration qui caractérise bon nombre de citoyens d’aujourd’hui.
A midi, je déjeune à Pigalle au Bistrot du 9éme, place Gabriel Kaspereit, en terrasse et au soleil, face à l’avenue Frochot voie privée, d’une pizza quatre fromages accompagnée d’un verre de vin rouge (douze euros quatre-vingt-dix). Près de moi des filles dans le genre artiste cherchent des idées pour une photo. Elles sont remplacées par un mélange de garçons et de filles qui parlent d’une autre :
-Elle est jeune ?
-Oui, trente ans, mais elle est grosse.
-Tu peux pas dire de quelqu’un qu’elle est grosse.
-Moi je le dis, les gens disent aussi que je suis grosse et je l’assume. En mil neuf cent, j’aurais été un canon.
L’après-midi, je suis au Jeu de Paume où l’on entre sans la moindre attente pour les expositions Germaine Krull Un destin de photographe et Valérie Jouve Corps en résistance.
La première souffre de son époque, ses tirages sont de petit format, pas plus grands que la page d’un livre. Ces sujets sont les nus féminins parfois lesbiens, les monuments métalliques, les lieux industriels, des scènes de la vie quotidiennes, quelques portraits (Malraux, Cocteau). Elle eut une vie bien remplie : révolutionnaire bavaroise, prisonnière de la Loubianka, beaucoup d’amants, un mariage blanc avec Joris Ivens, résistante, convertie au bouddhisme, directrice d’un hôtel de luxe à Bangkok et ruinée.
La seconde, contemporaine, s’exprime en grand format et en couleur. Elle interroge « la capacité des corps à résister face à la normalisation sociale et urbaine », ne précisant volontairement pas la localisation de ses photos. J’aime particulièrement sa série de sorties de bureau sur fond neutre et celle montrant les occupants de voitures bloquées dans un embouteillage en pleine chaleur sous un pont que l’on devine être en Palestine.
*
Pigalle, peu savent qu’il se prénommait Jean-Baptiste et qu’il était sculpteur. Son nom est définitivement associé au sexe marchand. Grâce à quoi il est non seulement sauvé de l’oubli mais connu dans le monde entier.
*
Citation de circonstance :
Ceintures, porte-monnaies, foulards, sacs à main, sacs de voyage, etc. Les Chinois ont toujours au moins un accessoire Louis Vuitton. La révolution culturelle de Mao a trouvé son achèvement place Vendôme. (Gauz Debout-payé, l’auteur et l’éditeur Le Nouvel Attila ignorant que porte-monnaie est invariable)
Mardi soir (heure de Rouen), elle me téléphone pour me dire d’une voix d’antipode que tout va bien là-bas.
Mercredi matin, je pousse la porte de son appartement parisien et y retrouve ses deux petites bestioles dont je m’occuperai au mieux bien que la plus grosse me fasse peur. Mes bagages posés, je grimpe à Montmartre à pied et redescends de l’autre côté, passant devant le Théâtre de l’Atelier qui me fait songer à Sartre, à Simone et à leurs groupies élèves de Dullin.
En bas de la rue des Martyrs, je prends un café à La Fourmi (un lieu dans lequel je fus autrefois bien accompagné). Ma table en contrebas du trottoir me permet de profiter au mieux des belles jambes qui passent. Près de moi deux hommes dans le genre artiste parlent du « scandale avec Valls » qui a pris l’avion de la République pour aller voir un match de foute avec ses enfants à Berlin en faisant croire qu’il avait une réunion là-bas. Ils évoquent cela avec le mélange d’indignation et d’admiration qui caractérise bon nombre de citoyens d’aujourd’hui.
A midi, je déjeune à Pigalle au Bistrot du 9éme, place Gabriel Kaspereit, en terrasse et au soleil, face à l’avenue Frochot voie privée, d’une pizza quatre fromages accompagnée d’un verre de vin rouge (douze euros quatre-vingt-dix). Près de moi des filles dans le genre artiste cherchent des idées pour une photo. Elles sont remplacées par un mélange de garçons et de filles qui parlent d’une autre :
-Elle est jeune ?
-Oui, trente ans, mais elle est grosse.
-Tu peux pas dire de quelqu’un qu’elle est grosse.
-Moi je le dis, les gens disent aussi que je suis grosse et je l’assume. En mil neuf cent, j’aurais été un canon.
L’après-midi, je suis au Jeu de Paume où l’on entre sans la moindre attente pour les expositions Germaine Krull Un destin de photographe et Valérie Jouve Corps en résistance.
La première souffre de son époque, ses tirages sont de petit format, pas plus grands que la page d’un livre. Ces sujets sont les nus féminins parfois lesbiens, les monuments métalliques, les lieux industriels, des scènes de la vie quotidiennes, quelques portraits (Malraux, Cocteau). Elle eut une vie bien remplie : révolutionnaire bavaroise, prisonnière de la Loubianka, beaucoup d’amants, un mariage blanc avec Joris Ivens, résistante, convertie au bouddhisme, directrice d’un hôtel de luxe à Bangkok et ruinée.
La seconde, contemporaine, s’exprime en grand format et en couleur. Elle interroge « la capacité des corps à résister face à la normalisation sociale et urbaine », ne précisant volontairement pas la localisation de ses photos. J’aime particulièrement sa série de sorties de bureau sur fond neutre et celle montrant les occupants de voitures bloquées dans un embouteillage en pleine chaleur sous un pont que l’on devine être en Palestine.
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Pigalle, peu savent qu’il se prénommait Jean-Baptiste et qu’il était sculpteur. Son nom est définitivement associé au sexe marchand. Grâce à quoi il est non seulement sauvé de l’oubli mais connu dans le monde entier.
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Citation de circonstance :
Ceintures, porte-monnaies, foulards, sacs à main, sacs de voyage, etc. Les Chinois ont toujours au moins un accessoire Louis Vuitton. La révolution culturelle de Mao a trouvé son achèvement place Vendôme. (Gauz Debout-payé, l’auteur et l’éditeur Le Nouvel Attila ignorant que porte-monnaie est invariable)