La nuit du dimanche au lundi est calme intra-muros à Saint-Malo. Ni le bar de l’Hôtel Port-Malo, ni le Saint-Patrick ne me gênent. Au matin, je descends au moment où le patron installe ses tables et chaises. Il est taiseux, ce qui ne me dérange guère. Son petit-déjeuner à six euros cinquante est parfait : jus d’orange, pot de café, croissant, pain, beurre, confiture, Nutella, yaourt et salade de fruits.
La clé rendue, je me dirige un peu inquiet vers ma petite voiture qui depuis hier a de nouveau des faiblesses au démarrage. Elle y va du premier coup de clé. Je franchis la Rance sur le barrage, laisse Dinard et me gare à Saint-Lunaire, pays de Rohmer le temps du Conte d’été. Le soleil est estival mais un vent frisquet venu du large rappelle que ce n’est que le printemps. Pour au moins une nuit, je prends chambre à l’Hôtel Kan-avel, place de l’Eglise, ambiance marine, toilettes et douche comme dans un bateau et pas de télévision, ce qui devient malheureusement rare.
J’ai un peu de mal à faire redémarrer ma voiture pour aller à Saint-Briac et Lancieux où je ne m’arrête pas, préférant revenir me garer devant l’hôtel et aller explorer le bord de mer de Saint-Lunaire à pied. Je pousse jusqu’au bout de la pointe du Décollé puis reviens au centre du bourg pour déjeuner au restaurant La Résidence à l’aspect art déco d’où l’on a un aperçu de la mer.
Le service est avenant et le menu de mon choix à dix-sept euros : six huitres de Cancale, dos de lieu au beurre blanc citronné, tiramisu tradition, avec un cruchon de sauvignon en sus.
-Vous avez encore besoin du beurre ? me demande l’une des serveuses au dessert.
Comme ma vie serait palpitante si je répondais ce qui me passe par la tête, en rapport avec un film de Bertolucci, mais je lui dis simplement que non.
L’après-midi, à mi-distance de la pointe du Décollé, un chemin tracé dans l’herbe m’incite à le suivre. J’arrive au-dessus de la plage. Une chaine empêche d’y descendre. Un banc de pierre me permet de m’asseoir au soleil à l’abri du vent d’où j’ai belle vue, à gauche la pointe, à droite le Grand Hôtel, au loin Saint-Malo d’où part le navire vert tendre que je photographiais hier. Deux hommes arrivent qui ont eu la même idée que moi. L’un me demande si c’est privé ou public ici. « Je pense que c’est privé », lui dis-je. « Il y avait des dauphins dans la mer hier », me dit l’autre. Ils repartent et un peu plus tard arrive un jeune homme à tondeuse à gazon qui me dit aimablement que je n’ai pas le droit d’être ici.
Je m’excuse auprès de sa mère, restée plus haut.
-J’étais si bien sur ce banc, lui dis-je.
-On vous a dérangé alors ?
-Un peu oui, mais bon, vous êtes chez vous.
-On nous a volé la barrière, m’explique-t-elle.
*
Une fille à la plage, en maillot de bain, qui hésite à mettre le pied dans l’eau et que je photographie à la dérobée. Elle s’appelle vraiment Pauline, échappée d’un autre film.
*
Je suis un bourgeois à souliers percés, à veste usée, à voiture rayée et qui ne veut plus démarrer, me sentant bien mieux à Saint-Lunaire qu’à Saint-Malo, préférant boire un diabolo menthe à la terrasse de L’Amirauté qui jouxte la discothèque où l’on danse chez Rohmer plutôt qu’une bière dans un bouge malouin.
La clé rendue, je me dirige un peu inquiet vers ma petite voiture qui depuis hier a de nouveau des faiblesses au démarrage. Elle y va du premier coup de clé. Je franchis la Rance sur le barrage, laisse Dinard et me gare à Saint-Lunaire, pays de Rohmer le temps du Conte d’été. Le soleil est estival mais un vent frisquet venu du large rappelle que ce n’est que le printemps. Pour au moins une nuit, je prends chambre à l’Hôtel Kan-avel, place de l’Eglise, ambiance marine, toilettes et douche comme dans un bateau et pas de télévision, ce qui devient malheureusement rare.
J’ai un peu de mal à faire redémarrer ma voiture pour aller à Saint-Briac et Lancieux où je ne m’arrête pas, préférant revenir me garer devant l’hôtel et aller explorer le bord de mer de Saint-Lunaire à pied. Je pousse jusqu’au bout de la pointe du Décollé puis reviens au centre du bourg pour déjeuner au restaurant La Résidence à l’aspect art déco d’où l’on a un aperçu de la mer.
Le service est avenant et le menu de mon choix à dix-sept euros : six huitres de Cancale, dos de lieu au beurre blanc citronné, tiramisu tradition, avec un cruchon de sauvignon en sus.
-Vous avez encore besoin du beurre ? me demande l’une des serveuses au dessert.
Comme ma vie serait palpitante si je répondais ce qui me passe par la tête, en rapport avec un film de Bertolucci, mais je lui dis simplement que non.
L’après-midi, à mi-distance de la pointe du Décollé, un chemin tracé dans l’herbe m’incite à le suivre. J’arrive au-dessus de la plage. Une chaine empêche d’y descendre. Un banc de pierre me permet de m’asseoir au soleil à l’abri du vent d’où j’ai belle vue, à gauche la pointe, à droite le Grand Hôtel, au loin Saint-Malo d’où part le navire vert tendre que je photographiais hier. Deux hommes arrivent qui ont eu la même idée que moi. L’un me demande si c’est privé ou public ici. « Je pense que c’est privé », lui dis-je. « Il y avait des dauphins dans la mer hier », me dit l’autre. Ils repartent et un peu plus tard arrive un jeune homme à tondeuse à gazon qui me dit aimablement que je n’ai pas le droit d’être ici.
Je m’excuse auprès de sa mère, restée plus haut.
-J’étais si bien sur ce banc, lui dis-je.
-On vous a dérangé alors ?
-Un peu oui, mais bon, vous êtes chez vous.
-On nous a volé la barrière, m’explique-t-elle.
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Une fille à la plage, en maillot de bain, qui hésite à mettre le pied dans l’eau et que je photographie à la dérobée. Elle s’appelle vraiment Pauline, échappée d’un autre film.
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Je suis un bourgeois à souliers percés, à veste usée, à voiture rayée et qui ne veut plus démarrer, me sentant bien mieux à Saint-Lunaire qu’à Saint-Malo, préférant boire un diabolo menthe à la terrasse de L’Amirauté qui jouxte la discothèque où l’on danse chez Rohmer plutôt qu’une bière dans un bouge malouin.