Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

A l’Est, jusqu’à la Haute-Saône

27 juillet 2015


Pourquoi pas la Franche-Comté, me suis-je dit quand il s’est agi de partir un peu de Rouen cet été, une région où je n’ai fait que passer, que je connais peu. Me voici donc parti ce dimanche vingt-six juillet, sans grande envie et avec la volonté d’éviter la région parisienne. Il fait gris et pour arranger les choses, ma petite voiture démarre encore plus mal que d’habitude, non plus au deuxième coup de clé mais au quatrième ou cinquième. Je descends jusqu’à Dreux puis bifurque vers l’Est, passe par Nogent-le-Roi, Maintenon, Etampes, Milly-la-Forêt, Fontainebleau
Une pause s’impose à Pont-sur-Yonne, joli bourg où c’est jour d’imposant marché. Il possède un vieux pont façon Avignon. On n’y danse pas mais on y boit en terrasse, pour ma part un café à un euro vingt. On n’est pas bien loin de Paris mais c’est vraiment la province. « Pourquoi payer plus cher pour bien manger » est-il écrit sur le mur du Tire-Bouchon, un restaurant hélas définitivement fermé.
Je reprends la route, frôle Sens et Troyes sans voir le moindre restaurant de bord de route ouvert. Avant Bar-sur-Aube, à treize heures, je m’arrête au seul possible, nommé La Mangeoire, un grand bâtiment dont le sol est en pavés de rue. Des familles du terroir y mangent. Un jeune homme est dans l’Armée. Sa grand-mère lui demande s’il change ses draps lui-même. Le premier menu est à vingt-six euros. J’y choisis la terrine de lapin et son chutney de figues, la poularde aux petits légumes, fromage et tarte aux pommes. C’est cuisiné sans effort et peu bon. Derrière moi s’installe un jeune couple. Elle l’appelle Mamour. Je dis au serveur que je suis pressé, qu’il m’apporte vite l’addition, et je file.
Après Bar-sur-Aube, c’est Colombey-les-Deux-Eglises et sa croix de Lorraine visible d’aussi loin que la Cathédrale de Chartres ou le Mont-Saint-Michel. Je frôle Chaumont et Langres et entre en Haute-Saône. « Evite Vesoul », m’a écrit quelqu’un qui connaît bien la ville. J’en suis proche quand arrive la fin d’après-midi. Où me loger ? Les maisons d’hôtes sont rares et désertes, les hôtels fermés. Je fais demi-tour et en trouve un au bord de la nationale à La Quarte, nommé Le Vieux Chêne. J’y prends chambre pour la nuit alors qu’il se met à pleuvoir, quarante-quatre euros petit-déjeuner compris sans ouifi. « On aura peut-être Internet en deux mille dix-sept », me dit le patron.
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Bar-sur-Aube : souvenir d’une de mes premières vacances. J’étais en compagnie de mon meilleur copain de lycée qui y retrouvait celle qui deviendrait sa femme, dont les parents avaient déménagé des environs de Louviers et ce bourg lointain. J’avais ma première voiture (une Méhari), il n’en avait pas, ceci explique peut-être ma présence. Nous campions et l’après-midi je devais aller prendre un café pendant qu’elle et lui baisaient dans la tente. Au retour, il m’avait demandé d’aller chercher les photos de vacances au Studio Henry à Louviers. Le photographe était furieux : les deux dernières montraient la demoiselle nue les cuisses écartées. « Regardez ! » m’a-t-il dit. Il ne les avait pas tirées et refusa de me donner les autres. Je n’ai jamais dit à mon copain que j’avais vu les négatifs.