Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

A Paris un jour de chaleur new-yorkaise (avec retour en deux heures seulement)

25 août 2016


Il fait chaud déjà à la gare de Rouen, au petit matin, ce mercredi du centième anniversaire de la naissance de Léo Ferré. Ce sera pire à Paris, mais je ne renonce pas à mon escapade hebdomadaire pour autant. Le train d’Yvetot part avec six voyageurs. Celui de Paris est plus chargé, mais pas trop, finis les départs en vacances et certains ne sont pas encore revenus. Celles et ceux qui sont dans la même voiture que moi dorment ou travaillent. Je relis le Journal (1939-1940) de Raymond Queneau (Gallimard), à nouveau surpris de voir comment il éduquait son moutard à coup de taloches.
La température n’étant pas encore trop élevée à mon arrivée dans la capitale, c’est avec le bus Vingt que je me rapproche du Book-Off de Ledru-Rollin, constatant au passage que le Monument à la République, dit aussi Statue de la République, reste immaculé après son nettoyage et ne sert plus de lieu de culte.
Descendu à la Bastille, je marche à l’ombre jusqu’à ma bouquinerie préférée, heureusement climatisée. Après un fouinage peu fructueux, je vais au marché d’Aligre où ça cuit puis, ne sachant trop où déjeuner, j’erre un peu au hasard dans le quartier, passant notamment par la rue Manuel-Valls. Je découvre qu’à une de ses extrémités, là où est garé le camion des Gendarmes Mobiles, prospère une petite librairie qui a bien choisi son emplacement. Une de ses vitrines est entièrement consacrée au haschisch, l’autre à la révolution libertaire. Elle se nomme Lady Long Solo. La porte est ouverte. Deux garçons y regardent ce qui doit être une série. Il fait trop chaud pour que j’y entre.
Rue Daval, je pénètre dans un petit restaurant japonais « à volonté » nommé Sushi Toku tenu par un couple de Chinois revêches. On y commande sur un petit papier. Tout gaspillage sera facturé cinq euros. A l’arrivée des sashimi, je constate que c’est avant tout un grand bol de riz. Les sushi sont aussi décevants. Je me rabats sur les brochettes.
-On mange surtout du riz chez vous, dis-je à la femme au moment de payer les douze euros quatre-vingt-dix.
-Le poisson est cher, me répond-elle.
-Ailleurs aussi, et ce n’est pas comme ici, je comprends pourquoi il n’y a personne dans votre restaurant.
Je passe un bon moment à lire le Journal de Queneau à l’ombre dans le jardin de l’Arsenal puis en métro je rejoins le Book-Off de Quatre-Septembre où je trouve peu.
Quand je regagne la gare Saint-Lazare dans une chaleur qui me rappelle celle, épaisse, de New York, j’y découvre le même grand bazar que la semaine dernière. Tous les trains sont bloqués par la faute d’un train de chantier en panne à Clichy et de voyageurs « dans les voies ». Le tableau des départs affiche des retards d’une heure maximum bien que certains trains aient déjà dépassé ce délai. Il a un gros succès auprès de photographes à téléphone qui disent ensuite du bien de la Senecefe sur les réseaux sociaux (comme on les appelle).
Lorsque arrive enfin un train susceptible d’aller à Rouen vers lequel sont convoyés des dizaines de branlotins à sac à dos rentrant de camps de vacances, je m’en rapproche. Avant même qu’il soit affiché, j’y grimpe et, muni de mon billet à neuf euros, m’offre une place en première classe à titre de dédommagement. Ce que font également beaucoup d’autres. Une vieille bourgeoise suivie de sa fille avec deux moutards en bas âge nommés Hortense et Timothée réussit à virer ceux qui s’étaient installés à leurs places réservées dans l’un de ces carrés qui sont le paradis des familles et l’enfer du voisinage : « tu veux dodo », « tu veux doudou », « va voir Mamou ».
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Mon train devait partir à dix-sept heures quarante-huit. Il arrivera à dix-neuf heures quarante-huit. Je n’ai donc mis que deux heures pour aller de Paris à Rouen. Pour certains, c’est une heure de plus, ils devaient partir à seize heures quarante-huit. Des enveloppes pour se faire rembourser sont distribuées à l’arrivée. Je n’en prends pas. La Senecefe me répondrait que mon billet à neuf euros n’atteint pas la somme minimale donnant droit à remboursement.
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Ce n’est pas ce Morin, Centriste de Droite, devenu Duc de Normandie, qui avait annoncé que lorsqu’il serait au pouvoir les trains arriveraient de nouveau à l’heure ?
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«Depuis deux mille treize, la librairie est en conflit avec les autorités préfectorales du fait de la sur-présence militaire aux abords dans le quartier, gênant la visibilité de l'établissement, car située à la jonction de la rue de la Roquette, abritant une synagogue et deux églises protégées par les forces de l'ordre, et la rue Keller où se trouve le domicile du premier ministre Manuel Valls. » (article Ouiquipédia consacré à la librairie Lady Long Solo)