Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
7 juillet 2021
Me voici reparti, fuyant la morosité rouennaise et les menaces du syndic de copropriété. Ce mardi, début des vacances scolaires, le train de sept heures cinquante-six pour la Gare Saint Lazare est ponctuel, un train court dans lequel je réussis à m’asseoir. J’ai prévu large : trois heures de battement pour rejoindre ensuite la Gare de l’Est, il faut ça car avec les trains d’Hervé Morin, Duc de Normandie, Centriste de Droite, tout peut arriver. Là, cela se passe bien, de même que dans le métro, ligne Quatre, ligne Sept.
Un long café verre d’eau au Café de l’Est (deux euros soixante-dix). Un pique-nique dans l’agréable jardin temporaire de la ville de Metz installé sur le parvis de la Gare. Une place dans le Tégévé de douze heures vingt-trois pour Remiremont. Fabien est notre chef de bord. Michel est notre conducteur. Inès est notre barista. Dans la voiture Quinze, plusieurs jolies filles et deux chats encagés qui miaulent. Pas de voisin pour moi jusqu’à Champagne Ardennes Tégévé. A Nancy, presque tout le monde descend. Un canal puis c’est Epinal. J’ai en tête l’itinéraire et sans aide trouve la rue piétonnière (elle est décorée de ballons colorés) dans l’île centrale où se trouve mon nouveau studio Air Bibi.
Ma jeune logeuse a inventé un jeu de piste pour y accéder:
« Il y a une porte bleue qui donne sur la rue. Elle est ouverte mais la poignée est montée à l’envers. Il faut la tourner dans le sens inverse du conventionnel. Derrière cette porte vous allez trouver un couloir, au bout de ce couloir, un escalier. Il ne faut pas le prendre mais le contourner et aller au fond de la cour. Il y a une porte grillagée sur le chemin. Dans cette cour il y a un battant rouge sur la gauche avec derrière, une boite à clef. Il y a deux clefs, une rouge pour la porte rouge à l’entrée du bâtiment et l’autre pour l’appartement. L’appartement est au deuxième étage, porte droite.
J’habite la porte en face. Au moindre souci il vous suffira de frapper à ma porte ou de me laisser un mot sur la porte si je ne suis pas là. »
*
Ressorti, je fais une photo de la Moselle puis un court tour. Mon premier café lorrain est au Virgile, un Péhemmu où il coûte un euro soixante-dix. Je me rends compte que j’ai passé quarante jours en Bretagne sans jamais entendre parler arabe. Ce ne sera pas la même chose en Lorraine où je resterai moins longtemps.
*
A l’Office du Tourisme on veut me faire aller à Gérardmer. « Trop de monde », réponds-je, n’ayant pas gardé de l’endroit un bon souvenir. On me conseille d’utiliser le téléphone pour les cars régionaux. « Je n’en ai pas. » Je sens que la dame qui me renseigne commence à s’inquiéter.
*
Impossible de passer le pont sur la Moselle sans avoir en tête la chanson d’Yves Simon :
Sur les bords d'la Moselle / Je prenais le train, / J'allais voir Mirabelle / Les jeudis matin... / Dans les squares d'Epinal on s'envoyait / Des baisers que l'hiver nous givrait.
Sur les bords d'la Moselle, / Sur la voie ferrée, / De Nancy à Vittel / Mon père travaillait. / Il rêvait de l'Orient, de la Perse / En serrant les éclisses des traverses.
Un long café verre d’eau au Café de l’Est (deux euros soixante-dix). Un pique-nique dans l’agréable jardin temporaire de la ville de Metz installé sur le parvis de la Gare. Une place dans le Tégévé de douze heures vingt-trois pour Remiremont. Fabien est notre chef de bord. Michel est notre conducteur. Inès est notre barista. Dans la voiture Quinze, plusieurs jolies filles et deux chats encagés qui miaulent. Pas de voisin pour moi jusqu’à Champagne Ardennes Tégévé. A Nancy, presque tout le monde descend. Un canal puis c’est Epinal. J’ai en tête l’itinéraire et sans aide trouve la rue piétonnière (elle est décorée de ballons colorés) dans l’île centrale où se trouve mon nouveau studio Air Bibi.
Ma jeune logeuse a inventé un jeu de piste pour y accéder:
« Il y a une porte bleue qui donne sur la rue. Elle est ouverte mais la poignée est montée à l’envers. Il faut la tourner dans le sens inverse du conventionnel. Derrière cette porte vous allez trouver un couloir, au bout de ce couloir, un escalier. Il ne faut pas le prendre mais le contourner et aller au fond de la cour. Il y a une porte grillagée sur le chemin. Dans cette cour il y a un battant rouge sur la gauche avec derrière, une boite à clef. Il y a deux clefs, une rouge pour la porte rouge à l’entrée du bâtiment et l’autre pour l’appartement. L’appartement est au deuxième étage, porte droite.
J’habite la porte en face. Au moindre souci il vous suffira de frapper à ma porte ou de me laisser un mot sur la porte si je ne suis pas là. »
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Ressorti, je fais une photo de la Moselle puis un court tour. Mon premier café lorrain est au Virgile, un Péhemmu où il coûte un euro soixante-dix. Je me rends compte que j’ai passé quarante jours en Bretagne sans jamais entendre parler arabe. Ce ne sera pas la même chose en Lorraine où je resterai moins longtemps.
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A l’Office du Tourisme on veut me faire aller à Gérardmer. « Trop de monde », réponds-je, n’ayant pas gardé de l’endroit un bon souvenir. On me conseille d’utiliser le téléphone pour les cars régionaux. « Je n’en ai pas. » Je sens que la dame qui me renseigne commence à s’inquiéter.
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Impossible de passer le pont sur la Moselle sans avoir en tête la chanson d’Yves Simon :
Sur les bords d'la Moselle / Je prenais le train, / J'allais voir Mirabelle / Les jeudis matin... / Dans les squares d'Epinal on s'envoyait / Des baisers que l'hiver nous givrait.
Sur les bords d'la Moselle, / Sur la voie ferrée, / De Nancy à Vittel / Mon père travaillait. / Il rêvait de l'Orient, de la Perse / En serrant les éclisses des traverses.
5 juillet 2021
Un déjeuner dans mon restaurant japonais préféré où la sympathique gérante d’avant-guerre a été remplacée par un sympathique gérant, des cafés lecture en terrasse et sous l’auvent au Son du Cor et au Flo’s où le prix du noir breuvage est resté le même (un euro cinquante), un minimum de courses chez U Express, voilà à quoi se résument mes deux premiers jours de retrouvailles avec Rouen où je boude les concerts en mode dégradé des Terrasses du Jeudi.
Dimanche, pour boire un café entre deux averses je ne trouve rien d’autre que le Café de la Ville, un euro soixante-dix et l’eau dans un dé à coudre. Les serveurs portent le masque sous le menton même à l’intérieur. Les tables sont à moins d’un mètre l’une de l’autre et les chaises accolées. La radio Chérie pollue l’atmosphère. Je lis là comme je peux, mon attention retenue par une jolie lectrice brune en minirobe et aux seins libres à l’autre bout de la terrasse. Parfois, j’ai l’impression qu’elle lève les yeux sur moi. Tu te méprends, me dis-je. Quand je pars, nos regards se croisent. Je me garde bien d’aller vers elle.
*
La municipalité de Rouen copie celle de Bordeaux avec une toute nouvelle Fête du Fleuve. Ce divertissement écolo-socialo-communiste fait office d’évènement culturel : « défilé de fanfares, spectacle sur l’eau, activités nautiques, concerts, pique-nique participatif, grand bal ».
Une Fête du Fleuve par un temps pourri, averses et ciel gris. Il aurait été plus judicieux d’organiser une Fête de la Flotte.
*
Qu’est-ce qui lui prend au réseau social Effe Bé ? Je me retrouve bloqué pour une journée sans qu’on m’en donne la raison. Alors même que je n’ai pas publié d’image susceptible de choquer sa pudeur. Je peux contester cette décision mais, apprends-je après l’avoir fait, mon message ne sera pas lu.
Dimanche, pour boire un café entre deux averses je ne trouve rien d’autre que le Café de la Ville, un euro soixante-dix et l’eau dans un dé à coudre. Les serveurs portent le masque sous le menton même à l’intérieur. Les tables sont à moins d’un mètre l’une de l’autre et les chaises accolées. La radio Chérie pollue l’atmosphère. Je lis là comme je peux, mon attention retenue par une jolie lectrice brune en minirobe et aux seins libres à l’autre bout de la terrasse. Parfois, j’ai l’impression qu’elle lève les yeux sur moi. Tu te méprends, me dis-je. Quand je pars, nos regards se croisent. Je me garde bien d’aller vers elle.
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La municipalité de Rouen copie celle de Bordeaux avec une toute nouvelle Fête du Fleuve. Ce divertissement écolo-socialo-communiste fait office d’évènement culturel : « défilé de fanfares, spectacle sur l’eau, activités nautiques, concerts, pique-nique participatif, grand bal ».
Une Fête du Fleuve par un temps pourri, averses et ciel gris. Il aurait été plus judicieux d’organiser une Fête de la Flotte.
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Qu’est-ce qui lui prend au réseau social Effe Bé ? Je me retrouve bloqué pour une journée sans qu’on m’en donne la raison. Alors même que je n’ai pas publié d’image susceptible de choquer sa pudeur. Je peux contester cette décision mais, apprends-je après l’avoir fait, mon message ne sera pas lu.
3 juillet 2021
Ce vendredi matin, je lis tranquillement sur le banc du jardin quand les trois personnes qui vont et viennent dans celui-ci en perspective des travaux nécessités par l’état du réseau des eaux usées de la copropriété (un employé du syndic, le chargé du relevé des tuyaux et l’employé d’une entreprise) s’adressent à moi. Ne serait-il pas possible de revoir ce qui se passe sous mon appartement ? Sans méfiance, j’accepte. J’apprends alors qu’il est envisagé devant la complexité des différents réseaux de la ruelle de passer par chez moi en perçant la dalle.
Je suis stupéfait et ma réaction n’est pas assez catégorique. Aussi ce samedi je rédige un courrier pour le syndic afin qu’il sache que c’est non.
*
Sur chacun des panneaux électoraux restés en place devant le lycée Camille Saint-Saëns : la tête de Mélenchon. Son rêve enfin réalisé : une élection présidentielle avec un seul candidat, lui-même.
*
Quoi à Rouen pour le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert ? Quelques expositions très inégales et pour le reste c’est « Déambulation flaubertienne » « Randonn’écriture » « Footing culturel » « Speed dating revisité » « Cluedo géant » « Jeu de piste en famille » « Escape Run » « Balade en fiacre avec Emma et Léon ».
C’est pitié. Marie-Andrée Malleville est l’Adjointe à la Culture.
Je suis stupéfait et ma réaction n’est pas assez catégorique. Aussi ce samedi je rédige un courrier pour le syndic afin qu’il sache que c’est non.
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Sur chacun des panneaux électoraux restés en place devant le lycée Camille Saint-Saëns : la tête de Mélenchon. Son rêve enfin réalisé : une élection présidentielle avec un seul candidat, lui-même.
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Quoi à Rouen pour le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert ? Quelques expositions très inégales et pour le reste c’est « Déambulation flaubertienne » « Randonn’écriture » « Footing culturel » « Speed dating revisité » « Cluedo géant » « Jeu de piste en famille » « Escape Run » « Balade en fiacre avec Emma et Léon ».
C’est pitié. Marie-Andrée Malleville est l’Adjointe à la Culture.
2 juillet 2021
Le mardi quinze novembre mil huit cinquante-neuf, l’un des frères Goncourt loge à l’Hôtel de Normandie. C’est le premier Point Rouen de leur Journal. Il y en aura d’autres en raison de leur relation avec Flaubert, laquelle n’empêchera pas les Bichons comme les appelait Gustave d’écrire des vacheries sur son compte.
Le Goncourt présent à Rouen n’aime guère son lieu d’hébergement :
Pour la première fois de notre vie, une femme nous sépare. Cette femme est Mme de Châteauroux, qui fait faire à l’un de nous le voyage de Rouen, tout seul, pour aller copier un paquet de ses lettres intimes à Richelieu, dans la collection Leber. Je suis à l’hôtel, dans une de ces chambres où l’on meurt par mégarde en voyage, une chambre au carreau glacial et qui tire un jour gris d’une cour comme un puits.
Surtout, comme le montre la suite de la narration de cette journée (que je ne cite pas), il s’ennuie terriblement de l’autre. Dès le lendemain, il rentre à Paris et à la Gare de Rouen qui trouve-t-il ?
Je rencontre à la gare de chemin de fer Flaubert, qui conduit se mère et sa nièce, qui vont passer leur hiver à Paris. Son roman carthaginois en est à la moitié. (…) A mesure qu’il avance, la difficulté augmente. Il est obligé d’allonger sa couleur locale comme une sauce.
*
L’originalité n’est pas d’aller chercher de l’originalité à Carthage, mais à côté de soi. Il y a là-dedans du provincial, comme aller en Orient pour étonner les Rouennais. Flaubert, je le définirais d’un mot : un homme de génie… de province. écrivent Jules et Edmond le samedi vingt-sept décembre novembre mil huit soixante-deux.
Pour le bicentenaire de la naissance de l’homme de génie de province, le Musée des Beaux-Arts de Rouen propose justement une exposition consacrée à Salammbô. Son titre : Salammbô Fureur ! Passion ! Éléphants !
Les Rouennais n’ont pas fini d’être étonnés.
Le Goncourt présent à Rouen n’aime guère son lieu d’hébergement :
Pour la première fois de notre vie, une femme nous sépare. Cette femme est Mme de Châteauroux, qui fait faire à l’un de nous le voyage de Rouen, tout seul, pour aller copier un paquet de ses lettres intimes à Richelieu, dans la collection Leber. Je suis à l’hôtel, dans une de ces chambres où l’on meurt par mégarde en voyage, une chambre au carreau glacial et qui tire un jour gris d’une cour comme un puits.
Surtout, comme le montre la suite de la narration de cette journée (que je ne cite pas), il s’ennuie terriblement de l’autre. Dès le lendemain, il rentre à Paris et à la Gare de Rouen qui trouve-t-il ?
Je rencontre à la gare de chemin de fer Flaubert, qui conduit se mère et sa nièce, qui vont passer leur hiver à Paris. Son roman carthaginois en est à la moitié. (…) A mesure qu’il avance, la difficulté augmente. Il est obligé d’allonger sa couleur locale comme une sauce.
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L’originalité n’est pas d’aller chercher de l’originalité à Carthage, mais à côté de soi. Il y a là-dedans du provincial, comme aller en Orient pour étonner les Rouennais. Flaubert, je le définirais d’un mot : un homme de génie… de province. écrivent Jules et Edmond le samedi vingt-sept décembre novembre mil huit soixante-deux.
Pour le bicentenaire de la naissance de l’homme de génie de province, le Musée des Beaux-Arts de Rouen propose justement une exposition consacrée à Salammbô. Son titre : Salammbô Fureur ! Passion ! Éléphants !
Les Rouennais n’ont pas fini d’être étonnés.
1er juillet 2021
Il ne saurait être question de rester sur la côte bretonne au moment où elle va être envahie par la foule des estivants. Ce mercredi, je glisse la clé de mon logement Air Bibi et laisse rouler ma valise dans la pente qui mène au port de Concarneau. Je trouve là le car BreizhGo Quarante-Trois de six heures cinquante. Direction Quimper où nous sommes une dizaine à l’arrivée à la Gare vers sept heures et demie.
Je traverse la rue et trouve place en terrasse à l’Hôtel Le Derby où le patron me salue comme une vieille connaissance. Je lui demande deux croissants avec mon allongé verre d’eau. Ceux-ci sont moins bons qu’à la boulangerie Loiseau où je n’ai pas eu le courage d’aller et coûtent un euro vingt de plus. Je reste là jusqu’à neuf heures moins le quart.
Le Tégévé pour Montparnasse est mis en place à neuf heures. Il part comme prévu à neuf heures onze. Son chef de bord s’appelle Vianney et son conducteur Michaël. Il y a aussi une barista mais on ne nous donne pas son prénom. Je n’ai pas de voisinage jusqu’à Auray. Il me faut ensuite supporter une femme qui baille bruyamment derrière son masque. Ce Tégévé s’accroche à un autre à Rennes, file à trois cent quinze kilomètres heure et arrive à Paris un peu après treize heures. Le vidage de ce double train est une épreuve : parvenir au bout du quai puis à l’entrée du métro Treize met mes nerfs à rude épreuve. Heureusement, dans la rame peu de monde et je voyage assis.
A l’arrivée à Saint-Lazare j’ai juste le temps d’un café A La Ville D’Argentan où je n’ai pas mis le pied depuis mars deux mille vingt. L’aimable serveuse me dit qu’elle est contente de me revoir. C’est réciproque. Elle m’annonce que le café a augmenté de vingt centimes. A peine l’ai-je bu que je vais voir ce qu’il en est de mon train de quatorze heures douze pour Rouen. Un message vocal l’annonce mis à quai tardivement. Pas de doute, je suis de retour sur la ligne à Morin, me dis-je. Par chance, ce train part quand même à l’heure. Malheureusement, il dessert Mantes-la-Jolie, Vernon et Val-de-Reuil, d’où la présence d’un tas de fraudeurs qui jouent à cache-cache avec le contrôleur, ce qui n’est pas difficile car il est tout seul et le train est à étage. Ces jeunes gens ont tous le masque sous le menton et sont en permanence au téléphone à raconter des histoires de la tête de ma mère.
Mon énervement ne décroît pas à l’arrivée à Rouen. Ses rues sont encombrées d’une quantité de quidames et de quidams car, je le découvre, c’est aujourd’hui l’ouverture des soldes.
A voir la file d’attente devant chez Paul Marius, je n’ai aucun doute, je suis rentré chez moi, et déjà exaspéré de l’être.
Je traverse la rue et trouve place en terrasse à l’Hôtel Le Derby où le patron me salue comme une vieille connaissance. Je lui demande deux croissants avec mon allongé verre d’eau. Ceux-ci sont moins bons qu’à la boulangerie Loiseau où je n’ai pas eu le courage d’aller et coûtent un euro vingt de plus. Je reste là jusqu’à neuf heures moins le quart.
Le Tégévé pour Montparnasse est mis en place à neuf heures. Il part comme prévu à neuf heures onze. Son chef de bord s’appelle Vianney et son conducteur Michaël. Il y a aussi une barista mais on ne nous donne pas son prénom. Je n’ai pas de voisinage jusqu’à Auray. Il me faut ensuite supporter une femme qui baille bruyamment derrière son masque. Ce Tégévé s’accroche à un autre à Rennes, file à trois cent quinze kilomètres heure et arrive à Paris un peu après treize heures. Le vidage de ce double train est une épreuve : parvenir au bout du quai puis à l’entrée du métro Treize met mes nerfs à rude épreuve. Heureusement, dans la rame peu de monde et je voyage assis.
A l’arrivée à Saint-Lazare j’ai juste le temps d’un café A La Ville D’Argentan où je n’ai pas mis le pied depuis mars deux mille vingt. L’aimable serveuse me dit qu’elle est contente de me revoir. C’est réciproque. Elle m’annonce que le café a augmenté de vingt centimes. A peine l’ai-je bu que je vais voir ce qu’il en est de mon train de quatorze heures douze pour Rouen. Un message vocal l’annonce mis à quai tardivement. Pas de doute, je suis de retour sur la ligne à Morin, me dis-je. Par chance, ce train part quand même à l’heure. Malheureusement, il dessert Mantes-la-Jolie, Vernon et Val-de-Reuil, d’où la présence d’un tas de fraudeurs qui jouent à cache-cache avec le contrôleur, ce qui n’est pas difficile car il est tout seul et le train est à étage. Ces jeunes gens ont tous le masque sous le menton et sont en permanence au téléphone à raconter des histoires de la tête de ma mère.
Mon énervement ne décroît pas à l’arrivée à Rouen. Ses rues sont encombrées d’une quantité de quidames et de quidams car, je le découvre, c’est aujourd’hui l’ouverture des soldes.
A voir la file d’attente devant chez Paul Marius, je n’ai aucun doute, je suis rentré chez moi, et déjà exaspéré de l’être.
30 juin 2021
Pour mon avant-dernière nuit à Concarneau, j’ai droit à des cris de fanatisés à l’étage du dessus alors que bizarrement je n’entends pas le son de la télé qui retransmet ce que les membres de la secte appellent « le match ». A ma grande satisfaction, j’apprends au réveil que l’équipe de France a été éliminée de l’Euro par l’équipe de Suisse. Les jours futurs seront plus calmes.
Il pleut ce mardi matin, ce qui me ramène à mon logis provisoire après le petit-déjeuner sur le port face à une Ville Close embrumée. J’en ressors vers onze heures, la pluie ayant cessé, pour sous l’auvent du Cabestan (où ce matin on écoute Barbara, Aznavour, Piaf et Souchon) terminer le premier volume du Journal des Goncourt. Ces mille deux cents pages étaient parfaitement calibrées pour la durée de mon séjour breton (ou réciproquement).
A Concarneau, les brasseries continuent à accepter des clients pour un café ou une bière entre midi et deux, se privant ainsi de clients plus rentables qui souhaiteraient manger (on ne verra jamais ça à Rouen où l’on commence à virer ceux qui boivent pour dresser les tables dès onze heures), aussi trouver une place en terrasse n’est pas facile. Vu le temps incertain, je choisis pour mon dernier déjeuner ici, l’intérieur du Comptoir. Aujourd’hui, pour quatorze euros quatre-vingts c’est œuf poché à la lyonnaise, burgueur savoyard frites et café. A quoi j’ajoute deux verres de bordeaux pour six euros. J’ai encore pour voisins, un chien, cette fois du genre molosse, et son couple de propriétaires, Elle, s’en désintéresse. Lui, le caresse comme il le ferait de son membre viril.
Sorti de là, j’achète trois bananes chez Carrefour City afin de survivre durant mon voyage de retour. Après les avoir déposées « chez moi », je rejoins la plage de Cornouaille depuis laquelle je fais un ultime tour de Conc en longeant les diverses plages puis le port de plaisance et l’entrée de la Ville Close.
Cette fois, c’est la fin de mon équipée finistérienne. Ma quarantaine s’achève.
*
Une collégienne et deux collégiens chahutant dans la rue.
L’un : « Tu as vu, moi elle ne m’a pas frappé, elle m’a esquivé. »
L’autre : « Je n’en ai cure. »
Qui a dit que le niveau baissait ?
*
Une confirmation : dès qu’il y a un jardin quelque part, il y a bientôt un quidam dedans avec un engin bruyant.
*
Qui a perdu « le match » ? Les joueurs, et uniquement eux. Pas la France. Pas « on ». Même chose quand ils gagnent.
Il pleut ce mardi matin, ce qui me ramène à mon logis provisoire après le petit-déjeuner sur le port face à une Ville Close embrumée. J’en ressors vers onze heures, la pluie ayant cessé, pour sous l’auvent du Cabestan (où ce matin on écoute Barbara, Aznavour, Piaf et Souchon) terminer le premier volume du Journal des Goncourt. Ces mille deux cents pages étaient parfaitement calibrées pour la durée de mon séjour breton (ou réciproquement).
A Concarneau, les brasseries continuent à accepter des clients pour un café ou une bière entre midi et deux, se privant ainsi de clients plus rentables qui souhaiteraient manger (on ne verra jamais ça à Rouen où l’on commence à virer ceux qui boivent pour dresser les tables dès onze heures), aussi trouver une place en terrasse n’est pas facile. Vu le temps incertain, je choisis pour mon dernier déjeuner ici, l’intérieur du Comptoir. Aujourd’hui, pour quatorze euros quatre-vingts c’est œuf poché à la lyonnaise, burgueur savoyard frites et café. A quoi j’ajoute deux verres de bordeaux pour six euros. J’ai encore pour voisins, un chien, cette fois du genre molosse, et son couple de propriétaires, Elle, s’en désintéresse. Lui, le caresse comme il le ferait de son membre viril.
Sorti de là, j’achète trois bananes chez Carrefour City afin de survivre durant mon voyage de retour. Après les avoir déposées « chez moi », je rejoins la plage de Cornouaille depuis laquelle je fais un ultime tour de Conc en longeant les diverses plages puis le port de plaisance et l’entrée de la Ville Close.
Cette fois, c’est la fin de mon équipée finistérienne. Ma quarantaine s’achève.
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Une collégienne et deux collégiens chahutant dans la rue.
L’un : « Tu as vu, moi elle ne m’a pas frappé, elle m’a esquivé. »
L’autre : « Je n’en ai cure. »
Qui a dit que le niveau baissait ?
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Une confirmation : dès qu’il y a un jardin quelque part, il y a bientôt un quidam dedans avec un engin bruyant.
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Qui a perdu « le match » ? Les joueurs, et uniquement eux. Pas la France. Pas « on ». Même chose quand ils gagnent.
29 juin 2021
Le temps devant se tenir au sec ce lundi matin, je décide d’une nouvelle fois emprunter Le Vachic, ce bac électrique à un euro qui permet de rejoindre le quartier du Passage où il est loisible de se balader agréablement au bord de la mer. Comme l’autre jour, je vais mon chemin en direction du Porzou, autre quartier de Concarneau. Il dispose d’une plage, d’un bois et d’un port. Arrivé à ce dernier, je fais le chemin dans l’autre sens et m’installe au pied de la statue de Du Quesne. Mon envie est d’avancer dans la lecture de la fin du premier volume du Journal des Goncourt.
Ce que je fais, au soleil d’abord, sous les nuages ensuite, jusqu’à onze heures. Le bac de retour me dépose au bout de la Ville Close que je traverse ensuite pour en sortir à son entrée. Ce lundi est jour de marché place Jean-Jaurès. Je réussis néanmoins à trouver une table abritée à la terrasse de L’Amiral où je récidive avec le menu à dix-huit euros.
Aujourd’hui, c’est salade crudités jambon fromage, saucisse sauce aux poivres pommes de terre sautées, far aux abricots et café. J’ai pour voisins des Anglais, des Belges et hélas un couple de Français à chien. Une forte averse se déclenche au cours du repas, qui met en péril la fin du marché. Cela me donne l’occasion d’entendre le mot drache dans une bouche belge. « Tu me feras goûter ta saucisse ? », demande impudiquement la femme française à son mari. « C’est mon bébé que j’aime ça, oh oui je l’aime, oh oui je l’aime », dit-elle un peu plus tard, mais là elle parle au chien. « On n’a pas des moineaux comme ça par chez nous », s’étonne le mari en découvrant les oiseaux qui récupèrent les miettes entre les tables. Et pour cause, ce sont des rouges-gorges.
Il ne pleut plus lorsque je rentre à mon studio Air Bibi sans espoir d’en ressortir. Des nuages noirs annoncent la suite des évènements.
*
Avertissement dans le bois du Porzou : « Il est recommandé de ne pas manipuler les chenilles ».
*
Ce qui m’étonne dans la grosse abstention aux Régionales et aux Départementales, c’est qu’elle soit répartie équitablement parmi les différents courants politiques, au point de n’avoir pas changé les résultats.
Ce que je me suis-je dit aussi en regardant ces résultats à la télé : « Pas mal la femme de Xavier Bertrand » (le message subliminal du mari : « Cela ferait une jolie première dame, vous ne trouvez pas ? »).
Ce que je fais, au soleil d’abord, sous les nuages ensuite, jusqu’à onze heures. Le bac de retour me dépose au bout de la Ville Close que je traverse ensuite pour en sortir à son entrée. Ce lundi est jour de marché place Jean-Jaurès. Je réussis néanmoins à trouver une table abritée à la terrasse de L’Amiral où je récidive avec le menu à dix-huit euros.
Aujourd’hui, c’est salade crudités jambon fromage, saucisse sauce aux poivres pommes de terre sautées, far aux abricots et café. J’ai pour voisins des Anglais, des Belges et hélas un couple de Français à chien. Une forte averse se déclenche au cours du repas, qui met en péril la fin du marché. Cela me donne l’occasion d’entendre le mot drache dans une bouche belge. « Tu me feras goûter ta saucisse ? », demande impudiquement la femme française à son mari. « C’est mon bébé que j’aime ça, oh oui je l’aime, oh oui je l’aime », dit-elle un peu plus tard, mais là elle parle au chien. « On n’a pas des moineaux comme ça par chez nous », s’étonne le mari en découvrant les oiseaux qui récupèrent les miettes entre les tables. Et pour cause, ce sont des rouges-gorges.
Il ne pleut plus lorsque je rentre à mon studio Air Bibi sans espoir d’en ressortir. Des nuages noirs annoncent la suite des évènements.
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Avertissement dans le bois du Porzou : « Il est recommandé de ne pas manipuler les chenilles ».
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Ce qui m’étonne dans la grosse abstention aux Régionales et aux Départementales, c’est qu’elle soit répartie équitablement parmi les différents courants politiques, au point de n’avoir pas changé les résultats.
Ce que je me suis-je dit aussi en regardant ces résultats à la télé : « Pas mal la femme de Xavier Bertrand » (le message subliminal du mari : « Cela ferait une jolie première dame, vous ne trouvez pas ? »).
28 juin 2021
La chute de pluie ne fait aucun doute mais elle n’est pas encore là quand après mon petit-déjeuner je pars pour un tour de port. Il est bon de réserver ce genre d’exploration au dimanche. L’activité est réduite ou absente. Cela permet parfois de pénétrer dans des coins interdits. Je frôle d’abord un voilier à l’ancienne puis de nombreux bateaux de pêche. Certains sont complétement fermés à l’arrière. Quelques édifices liés à l’activité portuaire retiennent mon intention pour leur architecture élégante. Un hôtel restaurant abandonné, Les Gens de Mer, m’aurait plu autrefois pour y résider. La pluie ne peut se retenir plus longtemps. Je poursuis quand même, trouve un voilier de compétition, le chantier naval de l’autre côté du bassin puis arrive dans une zone où sont amarrés des bateaux militaires inutilisés. J’aurais voulu faire le tour complet de ce gros port par le quartier du Passage et prendre le bac pour revenir par la la Ville Close. La pluie me décourage. Je fais donc demi-tour et arrive assez mouillé à mon logis provisoire.
Il pleuvouille encore quand je redescends vers le port à onze heures. Devant les Halles est installée une brocante réservée aux professionnel(le)s. J’aperçois quelques bouquinistes mais c’est la terrasse du restaurant bar brasserie L’Amiral qui m’attire. J’y bois un café abrité (un euro soixante-cinq). Un couple de quinquagénaires s’installe à ma gauche. La femme pousse sa chaise de mon côté comme si elle préférait m’avoir face à elle plutôt que son mari (le diable m’en préserve). Je lui demande de respecter le mètre de distance. « On est vaccinés, nous », me répond l’époux. Derrière, on ne parle pas du deuxième tour des Régionales mais du Tour de France, surtout de l’Allemande qui a fait tomber la moitié du peloton avec son carton. A force de voir les bouquinistes d’en face, je me décide à entrer dans cette brocante et à l’angle de la table de celui qui est le plus proche des Halles, j’aperçois la tête de Léautaud. Elle est en couverture du livre d’images et textes réunis par Marie Dormoy au Mercure de France en mil neuf cent soixante-neuf, un ouvrage intitulé Paul Léautaud et qui était vendu cent onze francs. Un livre que je n’ai pas et qui n’est affiché qu’à douze euros. Bien qu’il soit un peu tâché d’encre sur la tranche, je ne laisse pas passer l’occasion.
Muni de mon butin, je retourne à la terrasse de L’Amiral. Situé à l’angle de la place Jean Jaurès, l’endroit offre la vue sur l’entrée de la Ville Close et le dimanche propose les mêmes formules en brasserie que les autres jours. Je choisis celle à dix-huit euros (entrée plat dessert café) et y ajoute un quart de bordeaux à six euros. Après la salade pommes de terre mayonnaise cornichons cervelas, je déguste le jarreton demi-sel au cidre pommes sautées, tandis que s’installe à ma gauche un couple de sexagénaires qui vient d’acheter un livre sur l’Ankou. Elle et lui ont pour projet une retraite en septembre chez les moines près de Redon. « C’est ça qui est complexe, déclare-t-elle, se rendre disponible sans être hédoniste. » J’ai l’impression qu’elle me fait la morale. En dessert, je découvre l’île flottante.
Après le café, je rentre « chez moi » puis le temps s’améliorant vais lire longuement au-dessus de la plage du Miné. Je suis presque au bout du premier volume du Journal des Goncourt.
*
L’Amiral, un restaurant dont les assiettes sont encore au nom de l’établissement.
*
Un propriétaire de chien : « J’ai dit stop. La prochaine fois, je cogne. D’accord ? »
Je n’ai pas entendu la réponse de l’animal.
Il pleuvouille encore quand je redescends vers le port à onze heures. Devant les Halles est installée une brocante réservée aux professionnel(le)s. J’aperçois quelques bouquinistes mais c’est la terrasse du restaurant bar brasserie L’Amiral qui m’attire. J’y bois un café abrité (un euro soixante-cinq). Un couple de quinquagénaires s’installe à ma gauche. La femme pousse sa chaise de mon côté comme si elle préférait m’avoir face à elle plutôt que son mari (le diable m’en préserve). Je lui demande de respecter le mètre de distance. « On est vaccinés, nous », me répond l’époux. Derrière, on ne parle pas du deuxième tour des Régionales mais du Tour de France, surtout de l’Allemande qui a fait tomber la moitié du peloton avec son carton. A force de voir les bouquinistes d’en face, je me décide à entrer dans cette brocante et à l’angle de la table de celui qui est le plus proche des Halles, j’aperçois la tête de Léautaud. Elle est en couverture du livre d’images et textes réunis par Marie Dormoy au Mercure de France en mil neuf cent soixante-neuf, un ouvrage intitulé Paul Léautaud et qui était vendu cent onze francs. Un livre que je n’ai pas et qui n’est affiché qu’à douze euros. Bien qu’il soit un peu tâché d’encre sur la tranche, je ne laisse pas passer l’occasion.
Muni de mon butin, je retourne à la terrasse de L’Amiral. Situé à l’angle de la place Jean Jaurès, l’endroit offre la vue sur l’entrée de la Ville Close et le dimanche propose les mêmes formules en brasserie que les autres jours. Je choisis celle à dix-huit euros (entrée plat dessert café) et y ajoute un quart de bordeaux à six euros. Après la salade pommes de terre mayonnaise cornichons cervelas, je déguste le jarreton demi-sel au cidre pommes sautées, tandis que s’installe à ma gauche un couple de sexagénaires qui vient d’acheter un livre sur l’Ankou. Elle et lui ont pour projet une retraite en septembre chez les moines près de Redon. « C’est ça qui est complexe, déclare-t-elle, se rendre disponible sans être hédoniste. » J’ai l’impression qu’elle me fait la morale. En dessert, je découvre l’île flottante.
Après le café, je rentre « chez moi » puis le temps s’améliorant vais lire longuement au-dessus de la plage du Miné. Je suis presque au bout du premier volume du Journal des Goncourt.
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L’Amiral, un restaurant dont les assiettes sont encore au nom de l’établissement.
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Un propriétaire de chien : « J’ai dit stop. La prochaine fois, je cogne. D’accord ? »
Je n’ai pas entendu la réponse de l’animal.
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