Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
24 août 2021
Au lit avec Soumission de Michel Houellebecq. Il faut vraiment être de très bonne volonté pour croire à son histoire d’élection d’un Président de la République membre du Parti Musulman. Ce n’est pas mon cas. Néanmoins je vais jusqu’au bout.
Le plus risible : les scènes pornographiques dans lesquelles le raté qu’est son héros se transforme en bête de sexe.
Plusieurs incohérences dans la narration. Un exemple : le héros cherche désespérément de l’essence, le réservoir de sa voiture est presque vide, la station-service qu’il finit par trouver est hors-service, sa gérante vient d’être assassinée, qu’importe il poursuit sa route sans plus se soucier de la question.
Des faiblesses d’écriture, comme cette répétition ridicule de « minuscule » :
Puis il sortit de son blouson un minuscule portable en coquille, presque féminin, qui semblait minuscule dans sa paume, et s’écarta de quelques mètres pour composer un numéro.
Quand même j’ai trouvé ça à noter, car cette impression est aussi la mienne :
… une conversation entre hommes, cette chose curieuse qui semble toujours hésiter entre la pédérastie et le duel.
Le plus risible : les scènes pornographiques dans lesquelles le raté qu’est son héros se transforme en bête de sexe.
Plusieurs incohérences dans la narration. Un exemple : le héros cherche désespérément de l’essence, le réservoir de sa voiture est presque vide, la station-service qu’il finit par trouver est hors-service, sa gérante vient d’être assassinée, qu’importe il poursuit sa route sans plus se soucier de la question.
Des faiblesses d’écriture, comme cette répétition ridicule de « minuscule » :
Puis il sortit de son blouson un minuscule portable en coquille, presque féminin, qui semblait minuscule dans sa paume, et s’écarta de quelques mètres pour composer un numéro.
Quand même j’ai trouvé ça à noter, car cette impression est aussi la mienne :
… une conversation entre hommes, cette chose curieuse qui semble toujours hésiter entre la pédérastie et le duel.
23 août 2021
Alors que j’avance dans ma lecture de la Correspondance complète d’Arthur Schopenhauer publiée chez Alive, je me découvre un point commun avec lui :
Depuis 8 jours j’ai un rhumatisme au pied qui empêche mes promenades, ce qui m’indigne beaucoup, même si je m’en suis moi-même rendu coupable, par inattention. écrit-il à Julius Frauenstädt, le six novembre mil huit cent cinquante-quatre.
Comment peut-on être coupable de son rhumatisme par inattention ? Je me le demande. Il a soixante-six ans.
Le trente novembre, il écrit au même :
J’ai soigné mon rhumatisme avec cette panacée très appréciée en ce moment, l’eau de vie avec du sel, ce que je vous recommande pour cette maladie et 20 autres, selon les instructions de Wm. Lee, « Le médecin de soi », traduit de l’anglais, 4e éd. 1850, 38 p. Très pratique !
J’hésite à suivre le conseil.
*
Un Point Rouen dans cette correspondance à l’occasion d’une lettre à Julius Frauenstädt postée le quatre février mil huit cent cinquante-quatre :
Bel article dernièrement sur la mise au concours de Rouen, dans le Unterhaltungsblatt.
On n’en saura pas plus.
Depuis 8 jours j’ai un rhumatisme au pied qui empêche mes promenades, ce qui m’indigne beaucoup, même si je m’en suis moi-même rendu coupable, par inattention. écrit-il à Julius Frauenstädt, le six novembre mil huit cent cinquante-quatre.
Comment peut-on être coupable de son rhumatisme par inattention ? Je me le demande. Il a soixante-six ans.
Le trente novembre, il écrit au même :
J’ai soigné mon rhumatisme avec cette panacée très appréciée en ce moment, l’eau de vie avec du sel, ce que je vous recommande pour cette maladie et 20 autres, selon les instructions de Wm. Lee, « Le médecin de soi », traduit de l’anglais, 4e éd. 1850, 38 p. Très pratique !
J’hésite à suivre le conseil.
*
Un Point Rouen dans cette correspondance à l’occasion d’une lettre à Julius Frauenstädt postée le quatre février mil huit cent cinquante-quatre :
Bel article dernièrement sur la mise au concours de Rouen, dans le Unterhaltungsblatt.
On n’en saura pas plus.
21 août 2021
Le repas terminé, ne souffrant pas trop du pied, je remonte le rue du Faubourg Saint-Antoine jusqu’au Mona Lisait, un effort dont j’aurais pu me passer tant est décevant le choix de livres à l’étage au rayon Littérature.
Par le métro Huit, je rejoins la station Opéra et marche jusqu’à Quatre Septembre. Après un café à emporter au Bistrot d’Edmond (un euro vingt alors qu’il y a deux semaines on me l’a fait à un euro trente), j’entre chez Book-Off et y dépense un euro pour Soumission de Michel Houellebecq dans l’édition Flammarion. Il m’aura fallu attendre longtemps avant de trouver à ce prix ce livre pour lequel je ne voulais pas mettre davantage.
Le métro Trois me ramène à Saint-Lazare. Je dois me contenter de la terrasse de L’Atlantique et de son café à deux euros quatre-vingt-dix pour terminer Syllogismes de l’amertume en attendant le train de dix-sept heures trente-deux pour lequel j’ai un billet à dix euros dix. Quel pleurnicheur ce Cioran et comme il est soûlant à revenir sans cesse au nommé Dieu alors qu’il dit ne pas y croire. C’est dans ce livre que l’on trouve le célèbre Depuis deux mille ans, Jésus se venge sur nous de n’être pas mort sur un canapé. Je note ceci qui me fait sourire : Cette espèce de malaise lorsqu’on essaie d’imaginer la vie quotidienne des grands esprits… Vers deux heures de l’après-midi, que pouvait bien faire Socrate ?
Dans la voiture Quinze, où j’ai place réservée, se trouvent un trentenaire italien au physique de gendre idéal, son père et sa mère (« Mamma ! »). Avoir trente-cinq ans et voyager avec ses parents. Il mange des chips et boit du coca. Le chef de bord nous annonce un ralentissement dû à la présence de personnes sur les voies à Villennes-sur-Seine. Ce n’est pas la première fois. La jeunesse du coin doit particulièrement s’ennuyer.
A l’arrivée à Rouen, il me reste à marcher jusqu’à chez moi. Pour éviter les pavés qui font souffrir mon pied, je passe par la rue des Fossés Louis le Huitième. Habituellement déserte, elle est ce soir encombrée par un grumeau cent pour cent masculin, une trentaine de jeunes et laids qui stagnent sans masques devant le Quartier Général des Avenjoueurs. Je les contourne prudemment.
Par le métro Huit, je rejoins la station Opéra et marche jusqu’à Quatre Septembre. Après un café à emporter au Bistrot d’Edmond (un euro vingt alors qu’il y a deux semaines on me l’a fait à un euro trente), j’entre chez Book-Off et y dépense un euro pour Soumission de Michel Houellebecq dans l’édition Flammarion. Il m’aura fallu attendre longtemps avant de trouver à ce prix ce livre pour lequel je ne voulais pas mettre davantage.
Le métro Trois me ramène à Saint-Lazare. Je dois me contenter de la terrasse de L’Atlantique et de son café à deux euros quatre-vingt-dix pour terminer Syllogismes de l’amertume en attendant le train de dix-sept heures trente-deux pour lequel j’ai un billet à dix euros dix. Quel pleurnicheur ce Cioran et comme il est soûlant à revenir sans cesse au nommé Dieu alors qu’il dit ne pas y croire. C’est dans ce livre que l’on trouve le célèbre Depuis deux mille ans, Jésus se venge sur nous de n’être pas mort sur un canapé. Je note ceci qui me fait sourire : Cette espèce de malaise lorsqu’on essaie d’imaginer la vie quotidienne des grands esprits… Vers deux heures de l’après-midi, que pouvait bien faire Socrate ?
Dans la voiture Quinze, où j’ai place réservée, se trouvent un trentenaire italien au physique de gendre idéal, son père et sa mère (« Mamma ! »). Avoir trente-cinq ans et voyager avec ses parents. Il mange des chips et boit du coca. Le chef de bord nous annonce un ralentissement dû à la présence de personnes sur les voies à Villennes-sur-Seine. Ce n’est pas la première fois. La jeunesse du coin doit particulièrement s’ennuyer.
A l’arrivée à Rouen, il me reste à marcher jusqu’à chez moi. Pour éviter les pavés qui font souffrir mon pied, je passe par la rue des Fossés Louis le Huitième. Habituellement déserte, elle est ce soir encombrée par un grumeau cent pour cent masculin, une trentaine de jeunes et laids qui stagnent sans masques devant le Quartier Général des Avenjoueurs. Je les contourne prudemment.
20 août 2021
Un ciel gris, une menace de pluie, un billet à huit euros et une réservation en voiture Treize pour ma troisième et dernière escapade parisienne d’août. En prime, j’ai droit à la présence de Génération Cinquante en deux exemplaires. Je me réfugie en voiture Quatorze où le calme n’est troublé que par un ronfleur intermittent. J’ai pour lecture Syllogismes de l’amertume de Cioran.
Ce mercredi, vu l’état de mon pied gauche, il s’agit de marcher le moins possible. Le bus Vingt et Un m’emmène au Quartier Latin.
J’arrive devant chez Gibert cinq minutes avant l’ouverture, où de nombreux employés entrent au dernier moment. Monté au premier étage, je cherche les livres convoités et cette fois j’ai la chance de trouver un exemplaire d’occasion de L’Esprit de Paris, l’énorme ouvrage publié aux Editions du Sandre qui regroupe l’ensemble des chroniques consacrées à la ville par Léon-Paul Fargue. Il est proposé à vingt-deux euros quatre-vingts au lieu de trente-cinq. Je ne peux laisser passer l’occasion. L’espoir de trouver à l’avenir un tel livre à vil prix est trop mince. Il en est de même pour un autre livre que je désirais d’occasion et que je trouve à vingt euros quatre-vingts au lieu de trente-deux, Vivre de mes rêves. Sous ce titre repoussoir se cache, publiée chez Bouquins, la correspondance d’Anton Tchekhov. Suffisamment chargé, je prends le bus Quatre-Vingt-Sept jusqu’à Ledru-Rollin.
Après une exploration infructueuse des rayonnages de chez Book Off, il est presque midi. En cette fin août, celle qui travaille à Paris s’offre une semaine de congé mais n’a pas souhaité que l’on déjeune ensemble. Je m’installe donc au plus près, à une table donnant sur l’extérieur, au Péhemmu chinois. J’y déjeune de mon habituel menu à dix-huit euros quarante. « Ça fait du bien aussi de lever un peu le pied », entends-je dire dans la rue. Un propos que je peux faire mien, au sens propre.
*
Chez Book-Off, à un euro, pour qui aime se faire des illusions : La vie commence à 60 ans de Bernard Ollivier (Libretto Phébus).
*
Sur une télévision, je vois Macron serrant les mains de pompiers et de gendarmes, suivi de Darmanin qui fait de même, adieu geste barrière.
Ce mercredi, vu l’état de mon pied gauche, il s’agit de marcher le moins possible. Le bus Vingt et Un m’emmène au Quartier Latin.
J’arrive devant chez Gibert cinq minutes avant l’ouverture, où de nombreux employés entrent au dernier moment. Monté au premier étage, je cherche les livres convoités et cette fois j’ai la chance de trouver un exemplaire d’occasion de L’Esprit de Paris, l’énorme ouvrage publié aux Editions du Sandre qui regroupe l’ensemble des chroniques consacrées à la ville par Léon-Paul Fargue. Il est proposé à vingt-deux euros quatre-vingts au lieu de trente-cinq. Je ne peux laisser passer l’occasion. L’espoir de trouver à l’avenir un tel livre à vil prix est trop mince. Il en est de même pour un autre livre que je désirais d’occasion et que je trouve à vingt euros quatre-vingts au lieu de trente-deux, Vivre de mes rêves. Sous ce titre repoussoir se cache, publiée chez Bouquins, la correspondance d’Anton Tchekhov. Suffisamment chargé, je prends le bus Quatre-Vingt-Sept jusqu’à Ledru-Rollin.
Après une exploration infructueuse des rayonnages de chez Book Off, il est presque midi. En cette fin août, celle qui travaille à Paris s’offre une semaine de congé mais n’a pas souhaité que l’on déjeune ensemble. Je m’installe donc au plus près, à une table donnant sur l’extérieur, au Péhemmu chinois. J’y déjeune de mon habituel menu à dix-huit euros quarante. « Ça fait du bien aussi de lever un peu le pied », entends-je dire dans la rue. Un propos que je peux faire mien, au sens propre.
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Chez Book-Off, à un euro, pour qui aime se faire des illusions : La vie commence à 60 ans de Bernard Ollivier (Libretto Phébus).
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Sur une télévision, je vois Macron serrant les mains de pompiers et de gendarmes, suivi de Darmanin qui fait de même, adieu geste barrière.
18 août 2021
C’est en traînant la patte que je vais et viens depuis ma dernière escapade à Paris. Chaque matin, j’espère que ma douleur de pied gauche a disparu. Il n’en est rien. Peut-être devrais-je aller voir mon médecin qui m’enverrait chez la podologue comme il a déjà tenté de le faire dans le passé. Ce serait aussi l’occasion de faire le point avec lui sur l’état de mon foie et de lui demander s’il pense que je suis assez protégé avec mes deux doses d’AstraZeneca. Je tergiverse, préférant faire appel à un autre, le célèbre Doc Martens qui a ouvert boutique à Rouen, rue du Gros.
Une vendeuse compétente s’occupe de mes extrémités en me faisant essayer une autre paire que celle que je convoite car pour celle-ci il n’y a en magasin que des petites pointures. Je commande ensuite ma paire de quarante-six via Internet.
Elle arrive ce mardi, à midi et demie, juste après que j’ai clopiné jusqu’au Centre des Impôts, rive gauche, lieu de mon rendez-vous avec une prénommée Virginie qui m’a acheté trois livres.
*
« Bonjour, vous êtes regardant ici ou pas, pour le passe ? » demande à la patronne du Son du Cor une fille envoyée en éclaireuse par celui qui l’accompagne.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu « regardant » dans cet emploi.
*
Avec son mini catogan en queue de rat, il se vante grâce à ses tests à répétition de coûter trois cents euros par mois à la Sécu.
*
Je lis ça, suite au peu d’enthousiasme de certain(e)s à se faire vacciner :
« Quand on emploie des agents de sécurité pour contrôler les pass à l’hôpital au lieu de recruter des soignants… je pense que tu as compris que la santé n’est pas la priorité. »
C’est comme si, suite aux attentats islamistes, quelqu'un(e) avait écrit :
« Quand on emploie des agents de sécurité pour contrôler les sacs à l’entrée des salles de spectacle au lieu de recruter des artistes… je pense que tu as compris que la culture n’est pas la priorité. »
Une vendeuse compétente s’occupe de mes extrémités en me faisant essayer une autre paire que celle que je convoite car pour celle-ci il n’y a en magasin que des petites pointures. Je commande ensuite ma paire de quarante-six via Internet.
Elle arrive ce mardi, à midi et demie, juste après que j’ai clopiné jusqu’au Centre des Impôts, rive gauche, lieu de mon rendez-vous avec une prénommée Virginie qui m’a acheté trois livres.
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« Bonjour, vous êtes regardant ici ou pas, pour le passe ? » demande à la patronne du Son du Cor une fille envoyée en éclaireuse par celui qui l’accompagne.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas entendu « regardant » dans cet emploi.
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Avec son mini catogan en queue de rat, il se vante grâce à ses tests à répétition de coûter trois cents euros par mois à la Sécu.
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Je lis ça, suite au peu d’enthousiasme de certain(e)s à se faire vacciner :
« Quand on emploie des agents de sécurité pour contrôler les pass à l’hôpital au lieu de recruter des soignants… je pense que tu as compris que la santé n’est pas la priorité. »
C’est comme si, suite aux attentats islamistes, quelqu'un(e) avait écrit :
« Quand on emploie des agents de sécurité pour contrôler les sacs à l’entrée des salles de spectacle au lieu de recruter des artistes… je pense que tu as compris que la culture n’est pas la priorité. »
16 août 2021
Le Quinze Août fut longtemps pour moi synonyme de vide grenier au Vaudreuil et puis la guerre est arrivée et se poursuit sans que l’on puisse en espérer la fin. En cette journée presque estivale, je n’ai donc pas à me demander si j’y vais ou non, il n’a pas lieu.
Après un court passage au marché du Clos Saint-Marc où j’achète une part de couscous, je choisis d’aller boire un café à la terrasse de la Brasserie Paul, place de la Cathédrale, puis d’y lire Correspondance complète d’Arthur Schopenhauer, une l’édition critique intégrale publiée chez Alive.
Seule une table de quatre est occupée quand j’arrive. Après vérification de mon passe sanitaire j’obtiens rapidement un café à un euro quatre-vingt-dix. Accessoirement, je constate que mon odorat fonctionne bien grâce aux effluves d’ordures ménagères provenant des conteneurs enterrés entre cette terrasse et la Cathédrale.
-Ce n’est pas très malin d’avoir installé ces poubelles ici, dis-je à la serveuse.
-C’est aussi mon avis, me répond-elle.
Quatre femmes avec une moutarde d’un an qui piaille ne trouvent rien de mieux à faire que s’installer à la table voisine de la mienne, la « maman », la « mamie », la « tatie » et je ne sais qui (Où sont les hommes ?). Trois commandent un petit-déjeuner continental et la quatrième le bronche de chez Paul avec un croissant en plus. « Ave ave ave Maria », entend-on à travers les pierres de la Cathédrale, chanté par des voix féminines et joué à l’orgue.
« Je n’ai plus de croissants », revient dire la serveuse à la quatrième. Ce sont des touristes. D’autres s’installent peu à peu à d’autres tables. Cela conduit le service à être débordé. « Oui un petit moment, s’il vous plaît », déclare la serveuse à trois jeunes hommes qui veulent passer commande. Ils considèrent que c’est trop et s’en vont. Peu après, c’est un couple de quinquagénaires qui fait de même. « Pas de croissants et les cafés qui n’arrivent pas », peste l’homme auprès des quatre femmes à moutarde.
Justement, ils arrivent mais trop tard. La serveuse éberluée fait demi-tour avec son plateau. Les trois femmes à petit-déjeuner continental l’ont terminé que le bronche de la quatrième n’est pas encore arrivé. « C’est la cuisine qui le fait », se justifie la serveuse. Quel bazar, alors qu’à peine un tiers de la terrasse est occupé.
Soudain, un bruit de perceuse se fait entendre. Il provient d’un magasin voisin en travaux. Un commerçant, celui de la boutique Home Schmidt Home, n’hésite pas à faire travailler des ouvriers un dimanche, qui plus est le Quinze Août. Leur camionnette est immatriculée dans le Neuf Deux. Français ou étrangers, je ne sais.
Il est onze heures lorsque je quitte cette terrasse malodorante, bruyante et énervante. La messe se termine dans la Cathédrale. Deux soldats de l’opération Sentinelle sont en faction au pied de la tour Saint-Romain.
*
La veille, c’est à la terrasse du Flo’s que je lis Schopenhauer. Plus tranquillement. A un moment passe un crieur de « Liberté » en chemin vers sa manif hebdomadaire. Il porte un panneau « Le virus, c’est l’Etat. Indignez-vous ».
Un anar qui va défiler avec des fachos. On vit une époque formidable, comme on disait au temps de Reiser.
Après un court passage au marché du Clos Saint-Marc où j’achète une part de couscous, je choisis d’aller boire un café à la terrasse de la Brasserie Paul, place de la Cathédrale, puis d’y lire Correspondance complète d’Arthur Schopenhauer, une l’édition critique intégrale publiée chez Alive.
Seule une table de quatre est occupée quand j’arrive. Après vérification de mon passe sanitaire j’obtiens rapidement un café à un euro quatre-vingt-dix. Accessoirement, je constate que mon odorat fonctionne bien grâce aux effluves d’ordures ménagères provenant des conteneurs enterrés entre cette terrasse et la Cathédrale.
-Ce n’est pas très malin d’avoir installé ces poubelles ici, dis-je à la serveuse.
-C’est aussi mon avis, me répond-elle.
Quatre femmes avec une moutarde d’un an qui piaille ne trouvent rien de mieux à faire que s’installer à la table voisine de la mienne, la « maman », la « mamie », la « tatie » et je ne sais qui (Où sont les hommes ?). Trois commandent un petit-déjeuner continental et la quatrième le bronche de chez Paul avec un croissant en plus. « Ave ave ave Maria », entend-on à travers les pierres de la Cathédrale, chanté par des voix féminines et joué à l’orgue.
« Je n’ai plus de croissants », revient dire la serveuse à la quatrième. Ce sont des touristes. D’autres s’installent peu à peu à d’autres tables. Cela conduit le service à être débordé. « Oui un petit moment, s’il vous plaît », déclare la serveuse à trois jeunes hommes qui veulent passer commande. Ils considèrent que c’est trop et s’en vont. Peu après, c’est un couple de quinquagénaires qui fait de même. « Pas de croissants et les cafés qui n’arrivent pas », peste l’homme auprès des quatre femmes à moutarde.
Justement, ils arrivent mais trop tard. La serveuse éberluée fait demi-tour avec son plateau. Les trois femmes à petit-déjeuner continental l’ont terminé que le bronche de la quatrième n’est pas encore arrivé. « C’est la cuisine qui le fait », se justifie la serveuse. Quel bazar, alors qu’à peine un tiers de la terrasse est occupé.
Soudain, un bruit de perceuse se fait entendre. Il provient d’un magasin voisin en travaux. Un commerçant, celui de la boutique Home Schmidt Home, n’hésite pas à faire travailler des ouvriers un dimanche, qui plus est le Quinze Août. Leur camionnette est immatriculée dans le Neuf Deux. Français ou étrangers, je ne sais.
Il est onze heures lorsque je quitte cette terrasse malodorante, bruyante et énervante. La messe se termine dans la Cathédrale. Deux soldats de l’opération Sentinelle sont en faction au pied de la tour Saint-Romain.
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La veille, c’est à la terrasse du Flo’s que je lis Schopenhauer. Plus tranquillement. A un moment passe un crieur de « Liberté » en chemin vers sa manif hebdomadaire. Il porte un panneau « Le virus, c’est l’Etat. Indignez-vous ».
Un anar qui va défiler avec des fachos. On vit une époque formidable, comme on disait au temps de Reiser.
14 août 2021
Il est affiché que le passe sanitaire est exigé au restaurant Les Mousquetaires. Ceux qui ont un smartphone se présentent avec cet objet devant eux, comme une sorte de bouclier, et sont contrôlés avant de s’asseoir. Moi qui n’ai qu’un papier, je m’installe et attends qu’on me le demande, ce qui n’arrive pas.
Dans le menu du jour à seize euros je choisis le pâté cornichons, le rosbif purée maison et la crème brûlée, avec un quart de merlot. Je consomme cette nourriture très convenable en considérant la circulation intense des bicyclettes et des trottinettes dans cette rue Saint-Antoine presque débarrassée des automobiles. A droite j’ai vue sur le génie de la Bastille et en face sur l’entrée de la place des Vosges. Au moment de l’addition je découvre que le quart de merlot est à neuf euros. Je le fais remarquer au patron.
-Le vin est cher, me répond-il.
-Ici oui, pas partout. Si je repasse chez vous, ce sera une carafe d’eau.
Il fait presque beau quand pédestrement je rejoins le Book-Off de la rue Saint-Martin. Il fait désespérément chaud au sous-sol. Le masque n’arrange rien. Je n’ai pas l’énergie d’y rester suffisamment, ni de continuer à pied vers le troisième, celui de Quatre Septembre. Le métro Quatorze m’emmène jusqu’à Pyramide et je termine avec mes pieds. Le gauche se met à me faire mal, un rhumatisme lié à la chaleur sans doute.
Cette douleur ne me quitte plus. Après être ressorti bredouille de ce dernier Book-Off je rejoins Saint-Lazare avec le métro Trois et prends place à la terrasse de L’Atlantique dont l’extension est protégée du soleil par d’affreux parasols Ricard. Dans cette brasserie on ne demande à personne son passe sanitaire. Le café y est à deux euros quatre-vingt-dix.
C’est avec le train de seize heures trente-huit et un billet à onze euros vingt que je rentre à Rouen en terminant Voyage en Italie de Jean Giono. Fort opportunément, ma lecture est bercée par le gazouillis d’une trois ans blonde et italienne qui voyage avec sa grand-mère.
*
Avant-guerre, chez Book-Off, un gros Quarto de chez Gallimard était proposé à huit euros. Désormais, c’est quinze euros et protégé par un antivol.
Dans le menu du jour à seize euros je choisis le pâté cornichons, le rosbif purée maison et la crème brûlée, avec un quart de merlot. Je consomme cette nourriture très convenable en considérant la circulation intense des bicyclettes et des trottinettes dans cette rue Saint-Antoine presque débarrassée des automobiles. A droite j’ai vue sur le génie de la Bastille et en face sur l’entrée de la place des Vosges. Au moment de l’addition je découvre que le quart de merlot est à neuf euros. Je le fais remarquer au patron.
-Le vin est cher, me répond-il.
-Ici oui, pas partout. Si je repasse chez vous, ce sera une carafe d’eau.
Il fait presque beau quand pédestrement je rejoins le Book-Off de la rue Saint-Martin. Il fait désespérément chaud au sous-sol. Le masque n’arrange rien. Je n’ai pas l’énergie d’y rester suffisamment, ni de continuer à pied vers le troisième, celui de Quatre Septembre. Le métro Quatorze m’emmène jusqu’à Pyramide et je termine avec mes pieds. Le gauche se met à me faire mal, un rhumatisme lié à la chaleur sans doute.
Cette douleur ne me quitte plus. Après être ressorti bredouille de ce dernier Book-Off je rejoins Saint-Lazare avec le métro Trois et prends place à la terrasse de L’Atlantique dont l’extension est protégée du soleil par d’affreux parasols Ricard. Dans cette brasserie on ne demande à personne son passe sanitaire. Le café y est à deux euros quatre-vingt-dix.
C’est avec le train de seize heures trente-huit et un billet à onze euros vingt que je rentre à Rouen en terminant Voyage en Italie de Jean Giono. Fort opportunément, ma lecture est bercée par le gazouillis d’une trois ans blonde et italienne qui voyage avec sa grand-mère.
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Avant-guerre, chez Book-Off, un gros Quarto de chez Gallimard était proposé à huit euros. Désormais, c’est quinze euros et protégé par un antivol.
13 août 2021
Un billet à sept euros pour Paris c’est possible ce mercredi, à condition de quitter Rouen à six heures vingt-six. Nous ne sommes guère nombreux dans ce train long à étage et pas plus de quatre dans la voiture où je suis.
A l’arrivée, je choisis le bus Vingt-Neuf pour rejoindre la Bastille. Il va son chemin habituel jusqu’au moment où le chauffeur annonce qu’il ne s’arrêtera plus avant Bastille. Plusieurs se précipitent dehors.
C’est par un parcours étrange qui transforme ce bus en car touristique (Beaubourg Notre-Dame Hôtel de Ville Marais) que nous nous dirigeons vers ce but. A Saint-Paul, un obstacle se présente sous la forme d’un camion de livraison. Le seul à en être énervé est un clochard.
Ce mercredi, l’été fait une nouvelle et tardive tentative pour exister. Le soleil est là quand je remonte la rue du Faubourg Saint Antoine. Le marché d’Aligre est à peine existant. Aucun vendeur de livres n’y est présent.
Il est neuf heures. Je m’installe à la terrasse du Parisii. Le patron me demande si j’ai le passe sanitaire sans désirer le voir. « Je fais confiance », dit-il. Son café est à deux euros vingt. Après l’avoir bu, j’ouvre Voyage en Italie de Jean Giono, une relecture commencée dans le train. Est-il besoin de dire que je ne suis pas venu ici pour connaître l’Italie mais pour être heureux ?
A dix heures je suis devant le rideau du Book-Off de Ledru-Rollin quand il se lève. C’est encore une journée de mauvaise pêche.
Quand j’en sors, je retourne à la Bastille, traverse la place et prends la rue Saint-Antoine jusqu’au restaurant Les Mousquetaires. En attendant midi, je vais lire sur un banc de la place des Vosges. Je ne crains qu’une chose : la gondole et tout ce qui s’ensuit. Derrière moi, sur le mur, figure cet avis : « Dans cet hôtel est née le 6 février 1626 Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné ».
*
Je me suis efforcé de décrire le monde, non pas comme il est mais comme il est quand je m’y ajoute, ce qui, évidemment, ne le simplifie pas. (Jean Giono, Voyage en Italie)
A l’arrivée, je choisis le bus Vingt-Neuf pour rejoindre la Bastille. Il va son chemin habituel jusqu’au moment où le chauffeur annonce qu’il ne s’arrêtera plus avant Bastille. Plusieurs se précipitent dehors.
C’est par un parcours étrange qui transforme ce bus en car touristique (Beaubourg Notre-Dame Hôtel de Ville Marais) que nous nous dirigeons vers ce but. A Saint-Paul, un obstacle se présente sous la forme d’un camion de livraison. Le seul à en être énervé est un clochard.
Ce mercredi, l’été fait une nouvelle et tardive tentative pour exister. Le soleil est là quand je remonte la rue du Faubourg Saint Antoine. Le marché d’Aligre est à peine existant. Aucun vendeur de livres n’y est présent.
Il est neuf heures. Je m’installe à la terrasse du Parisii. Le patron me demande si j’ai le passe sanitaire sans désirer le voir. « Je fais confiance », dit-il. Son café est à deux euros vingt. Après l’avoir bu, j’ouvre Voyage en Italie de Jean Giono, une relecture commencée dans le train. Est-il besoin de dire que je ne suis pas venu ici pour connaître l’Italie mais pour être heureux ?
A dix heures je suis devant le rideau du Book-Off de Ledru-Rollin quand il se lève. C’est encore une journée de mauvaise pêche.
Quand j’en sors, je retourne à la Bastille, traverse la place et prends la rue Saint-Antoine jusqu’au restaurant Les Mousquetaires. En attendant midi, je vais lire sur un banc de la place des Vosges. Je ne crains qu’une chose : la gondole et tout ce qui s’ensuit. Derrière moi, sur le mur, figure cet avis : « Dans cet hôtel est née le 6 février 1626 Marie de Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné ».
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Je me suis efforcé de décrire le monde, non pas comme il est mais comme il est quand je m’y ajoute, ce qui, évidemment, ne le simplifie pas. (Jean Giono, Voyage en Italie)
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