Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
3 juillet 2022
Revoir ou ne pas revoir Roscoff, lieu empreint de si bons souvenirs, j’hésite longtemps car cela demande deux heures de voyage en car. Ce samedi matin, je me décide à y aller et pour ce faire monte dans le BreizhGo numéro Vingt et Un. Son chauffeur colle un coup de dateur sur mon ticket. Je lui demande s’il y a bien correspondance à Lesneven avec le BreizhGo numéro Vingt-Cinq pour Roscoff et là il m’apprend que celui-ci a été supprimé par la Région en raison d’un manque de conducteur.
Le sort aura donc décidé que non. Je me fais rembourser le ticket tamponné au guichet mais l’utilise quand même comme ticket de Bibus pour prendre le Deux, direction Océanopolis. J’en descends à Port de Plaisance devant la plage de Moulin Blanc.
C’est aussi paisible que la fois précédente. Les militaires ne sont plus là pour barrer le chemin. Et il fait quasiment beau, ce qui me permet de lire agréablement sur un banc au-dessus de cette plage. De temps en temps sur la hauteur passe le train de Landerneau.
Vers onze heures je monte à la terrasse du Tour du Monde de Kersauson et retrouve la table en coin avec vue sur le port et sur la presqu’île de Plougastel. J’y bois un café à un euro cinquante et la retiens pour midi.
Le choix est minimal : moules frites ou fish and chips. J’opte pour le second avec un quart de vin blanc, pas possible d’obtenir du pain, on n’en a pas (il y a pourtant une longue boulangerie Paul au bout du quai sous le Couett’Hôtel).
Sans en demander plus, je règle mes dix-huit euros trente et vais lire au bord du port jusqu’à ce que le ciel devienne gris. Un ticket Breizhgo déjà utilisé mais dont la date est illisible m’incite à rejoindre gratuitement mon logis provisoire. Ce n’est pas une journée très honnête. Il ne fallait pas supprimer le car que je voulais prendre.
*
Dans le Bibus de l’aller, un jeune père à casquette à l’envers, le regard méprisant posé sur tout, à commencer par la mère de son enfant. Je me demande « Mais qu’est-ce qu’elle fait avec un type pareil ? » Ça sent le féminicide.
*
Dans le Bibus du retour, une jeune mère plutôt élégante. Signe particulier : pieds nus.
*
Arrivée de bruyants ce vendredi dans le logement Air Bibi d’à côté (j’ai eu la chance d’y échapper jusqu’à ce jour). Trois garçons qui heureusement partent en bamboche vers vingt-deux heures et ne reviennent qu’au petit matin, murgés.
*
La fille d’en face, le temps qu’elle met à essayer ses vêtements avant de sortir.
Le sort aura donc décidé que non. Je me fais rembourser le ticket tamponné au guichet mais l’utilise quand même comme ticket de Bibus pour prendre le Deux, direction Océanopolis. J’en descends à Port de Plaisance devant la plage de Moulin Blanc.
C’est aussi paisible que la fois précédente. Les militaires ne sont plus là pour barrer le chemin. Et il fait quasiment beau, ce qui me permet de lire agréablement sur un banc au-dessus de cette plage. De temps en temps sur la hauteur passe le train de Landerneau.
Vers onze heures je monte à la terrasse du Tour du Monde de Kersauson et retrouve la table en coin avec vue sur le port et sur la presqu’île de Plougastel. J’y bois un café à un euro cinquante et la retiens pour midi.
Le choix est minimal : moules frites ou fish and chips. J’opte pour le second avec un quart de vin blanc, pas possible d’obtenir du pain, on n’en a pas (il y a pourtant une longue boulangerie Paul au bout du quai sous le Couett’Hôtel).
Sans en demander plus, je règle mes dix-huit euros trente et vais lire au bord du port jusqu’à ce que le ciel devienne gris. Un ticket Breizhgo déjà utilisé mais dont la date est illisible m’incite à rejoindre gratuitement mon logis provisoire. Ce n’est pas une journée très honnête. Il ne fallait pas supprimer le car que je voulais prendre.
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Dans le Bibus de l’aller, un jeune père à casquette à l’envers, le regard méprisant posé sur tout, à commencer par la mère de son enfant. Je me demande « Mais qu’est-ce qu’elle fait avec un type pareil ? » Ça sent le féminicide.
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Dans le Bibus du retour, une jeune mère plutôt élégante. Signe particulier : pieds nus.
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Arrivée de bruyants ce vendredi dans le logement Air Bibi d’à côté (j’ai eu la chance d’y échapper jusqu’à ce jour). Trois garçons qui heureusement partent en bamboche vers vingt-deux heures et ne reviennent qu’au petit matin, murgés.
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La fille d’en face, le temps qu’elle met à essayer ses vêtements avant de sortir.
2 juillet 2022
Cap sur Crozon ce vendredi matin, commune qui occupe une grande partie de la presqu’île du même nom. Elle inclut notamment Morgat par où ne passe pas le car BreizhGo numéro Trente-Quatre dont le terminus est Camaret,
Je descends donc à l’arrêt Gare de Crozon, laquelle n’a pas vu de train depuis mil neuf cent soixante-sept. Il me reste à marcher jusqu’à la mer. Je demande à un vieil autochtone masqué de quel côté aller. Il me regarde comme s’il n’avait rien entendu de plus étrange. C’est loin, et ça descend alors après il faudra remonter, mais si vraiment je veux y aller, à gauche au deuxième rond-point, je finirai par arriver à Morgat.
Il est dix heures quand j’entreprends cette descente, dix heures quarante-cinq quand j’arrive près d’un hôtel de luxe avec à sa droite une longue plage courbe et au loin l’essentiel des constructions de bord de mer dont quelques bâtiments colorés. A gauche, au-delà de l’hôtel, je ne vois que côtes découpées, fort jolies mais inaccessibles.
Je remonte donc et arrive dans le centre de Crozon à onze heures et demie. Sur la place jouxtant l’église, le marché a pris ses aises, un marché qui tient à peu de chose, moins d’une dizaine de vendeurs et peu de clients.
La terrasse du bar restaurant Le Bretagne donne sur cette place et m’invite à m’asseoir. Le café y est à un euro soixante. Je demande à ma voisine, une étrangère qui a l’air du pays, si elle sait où est le restaurant ouvrier Le Cornouaille. Elle croit savoir mais n’est pas sûre, aussi elle ameute les serveuses qui ameutent le patron. Me voilà bien énervé. « Il ne faut jamais demander un restaurant dans un autre restaurant », dis-je à cette dame. Quand le patron se pointe, c’est avec sa carte pour me dire qu’on mange bien ici, et que là-bas, c’est vraiment mauvais.
Je vais voir Le Cornouaille devenu Le Crozonnais. Il a changé de nom mais pas de formule, me dit son patron. Cela sent le renfermé. Ce midi, c’est jambon braisé.
Je reviens au Bretagne. Côté formule du jour, c’est quand même mieux, bien que minimal. Pour treize euros, des pâtes au saumon avec très peu de saumon, un part de far caoutchouteux et un café. J’ajoute un verre de côtes-du-rhône à trois euros vingt. La cheffe serveuse est mielleuse et sa syntaxe toute personnelle. « C’est nous qu’on vous place », dit-elle à des arrivants. Cette terrasse a l’intérêt d’être au soleil et de donner à voir les marchands qui remballent. Celui qui doit avoir le moins vendu range tristement ses pots de miel.
A l’issue de ce banal repas, j’entre dans l’église pour y voir ce qui en fait la réputation, un retable de vingt-quatre panneaux en bois sculpté et peint, datant du début du dix-septième siècle, à quatre cents personnages, évocation naïve du martyre de dix mille soldats au temps d’Hadrien, moins spectaculaire que ce à quoi je m’attendais, puis je vais lire en bordure de cette place, sur le banc situé devant la Maison Paroissiale, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de rejoindre la Gare et de rentrer à Brest.
Il me semblait bien avoir été déçu dans le passé par Crozon et Morgat.
*
Dans Le Télégramme du jour parcouru au Vauban : « Lesneven : la gestion du trait de côte est contestée ».
Il y avait le bord de mer, il y a maintenant le trait de côte. Je soupçonne les géographes.
*
Traversant Crozon un tandem jamais vu encore. Lui derrière, pédalant à la normale. Elle devant, pédalant allongée. C’est quand même lui qui tient le guidon.
Je descends donc à l’arrêt Gare de Crozon, laquelle n’a pas vu de train depuis mil neuf cent soixante-sept. Il me reste à marcher jusqu’à la mer. Je demande à un vieil autochtone masqué de quel côté aller. Il me regarde comme s’il n’avait rien entendu de plus étrange. C’est loin, et ça descend alors après il faudra remonter, mais si vraiment je veux y aller, à gauche au deuxième rond-point, je finirai par arriver à Morgat.
Il est dix heures quand j’entreprends cette descente, dix heures quarante-cinq quand j’arrive près d’un hôtel de luxe avec à sa droite une longue plage courbe et au loin l’essentiel des constructions de bord de mer dont quelques bâtiments colorés. A gauche, au-delà de l’hôtel, je ne vois que côtes découpées, fort jolies mais inaccessibles.
Je remonte donc et arrive dans le centre de Crozon à onze heures et demie. Sur la place jouxtant l’église, le marché a pris ses aises, un marché qui tient à peu de chose, moins d’une dizaine de vendeurs et peu de clients.
La terrasse du bar restaurant Le Bretagne donne sur cette place et m’invite à m’asseoir. Le café y est à un euro soixante. Je demande à ma voisine, une étrangère qui a l’air du pays, si elle sait où est le restaurant ouvrier Le Cornouaille. Elle croit savoir mais n’est pas sûre, aussi elle ameute les serveuses qui ameutent le patron. Me voilà bien énervé. « Il ne faut jamais demander un restaurant dans un autre restaurant », dis-je à cette dame. Quand le patron se pointe, c’est avec sa carte pour me dire qu’on mange bien ici, et que là-bas, c’est vraiment mauvais.
Je vais voir Le Cornouaille devenu Le Crozonnais. Il a changé de nom mais pas de formule, me dit son patron. Cela sent le renfermé. Ce midi, c’est jambon braisé.
Je reviens au Bretagne. Côté formule du jour, c’est quand même mieux, bien que minimal. Pour treize euros, des pâtes au saumon avec très peu de saumon, un part de far caoutchouteux et un café. J’ajoute un verre de côtes-du-rhône à trois euros vingt. La cheffe serveuse est mielleuse et sa syntaxe toute personnelle. « C’est nous qu’on vous place », dit-elle à des arrivants. Cette terrasse a l’intérêt d’être au soleil et de donner à voir les marchands qui remballent. Celui qui doit avoir le moins vendu range tristement ses pots de miel.
A l’issue de ce banal repas, j’entre dans l’église pour y voir ce qui en fait la réputation, un retable de vingt-quatre panneaux en bois sculpté et peint, datant du début du dix-septième siècle, à quatre cents personnages, évocation naïve du martyre de dix mille soldats au temps d’Hadrien, moins spectaculaire que ce à quoi je m’attendais, puis je vais lire en bordure de cette place, sur le banc situé devant la Maison Paroissiale, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de rejoindre la Gare et de rentrer à Brest.
Il me semblait bien avoir été déçu dans le passé par Crozon et Morgat.
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Dans Le Télégramme du jour parcouru au Vauban : « Lesneven : la gestion du trait de côte est contestée ».
Il y avait le bord de mer, il y a maintenant le trait de côte. Je soupçonne les géographes.
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Traversant Crozon un tandem jamais vu encore. Lui derrière, pédalant à la normale. Elle devant, pédalant allongée. C’est quand même lui qui tient le guidon.
1er juillet 2022
Ce jeudi matin, la dernière étape de mon exploration de la presqu’île de Plougastel a pour nom Daoulas, bourg renommé pour son abbaye devenue centre culturel.
Encore une fois, je prends le car BreizhGo numéro Trente-Deux de sept heures cinquante-cinq ayant pour terminus Le Faou. J’en descends à Daoulas Centre, arrêt situé dans une rue principale trop soumise au flux de la circulation automobile et ornée de calicots qui volent au vent.
Ici coule la Mignonne, charmant cours d’eau je le constate, et sur la hauteur doit se trouver l’abbaye. Je suis les flèches destinées aux piétons, m’étonnant de la succession de voitures dans la rue étroite et pentue bordée de belles maisons qui y mène. J’en comprends la cause en arrivant au but. Une école catho jouxte l’abbaye. Les parents y conduisent leur progéniture et sont accueillis par une femme mielleuse « Oh ! Comme ça vous va bien cette nouvelle coiffure !».
Je ne saurai rien de l’intérieur de l’abbaye devenue centre culturel, ce n’est pas l’heure de l’ouverture d’une part et je n’aurais pas voulu payer d’autre part, ni de ses jardins, mais j’ai pour moi l’église abbatiale, le portail du cimetière (ancien porche d’église avec ses douze apôtres), des chapelles, un calvaire, tout ce qu’il faut.
Redescendu, je suis le cours de la Mignonne, passe par l’étang du moulin et retrouve vite la rue principale. Il n’est qu’un peu plus de neuf heures quand j’entre au Vincennes, un bar tabac tenu par un jeune couple. Aucune radio ne s’y fait entendre. De quoi faire suivre mon café à un euro cinquante d’une bonne lecture des lettres de Sade à sa femme.
De temps en temps tombent quelques gouttes. Quand le soleil revient durablement, je traverse la rue aux nombreuses voitures pour en face réserver une table avec vue sur la Mignonne à La Bigorne puis je longe le petit fleuve vers l’amont par un sentier bucolique qui fait office de parcours de pêche. Il ne va malheureusement pas loin avant de retrouver une route. Je fais demi-tour et vais lire sur un muret ensoleillé près du moulin de l’étang (ou l’inverse).
La Bigorne est un restaurant pizzéria tenu par un jeune couple. Sa clientèle est constituée d’habitués ou de gens de passage. On y trouve quand même trois ouvriers, dont deux semblent être passés chez O’Barber. Dans le menu à dix-sept euros, après le buffet d’entrées, je choisis la dorade crème basilic et le tiramisu aux fruits rouges, avec un quart de chardonnay à cinq euros quatre-vingt-dix, et ressors satisfait.
L’arrêt de car est à proximité. Arrivé en haut de la Jean-Jaurès, j’utilise mon ticket BreizhGo pour la descendre en tram Bibus. Presque personne ne porte le masque à nouveau fortement conseillé dans les transports en commun par nos dirigeant(e)s ou ce qu’il en reste.
Encore une fois, je prends le car BreizhGo numéro Trente-Deux de sept heures cinquante-cinq ayant pour terminus Le Faou. J’en descends à Daoulas Centre, arrêt situé dans une rue principale trop soumise au flux de la circulation automobile et ornée de calicots qui volent au vent.
Ici coule la Mignonne, charmant cours d’eau je le constate, et sur la hauteur doit se trouver l’abbaye. Je suis les flèches destinées aux piétons, m’étonnant de la succession de voitures dans la rue étroite et pentue bordée de belles maisons qui y mène. J’en comprends la cause en arrivant au but. Une école catho jouxte l’abbaye. Les parents y conduisent leur progéniture et sont accueillis par une femme mielleuse « Oh ! Comme ça vous va bien cette nouvelle coiffure !».
Je ne saurai rien de l’intérieur de l’abbaye devenue centre culturel, ce n’est pas l’heure de l’ouverture d’une part et je n’aurais pas voulu payer d’autre part, ni de ses jardins, mais j’ai pour moi l’église abbatiale, le portail du cimetière (ancien porche d’église avec ses douze apôtres), des chapelles, un calvaire, tout ce qu’il faut.
Redescendu, je suis le cours de la Mignonne, passe par l’étang du moulin et retrouve vite la rue principale. Il n’est qu’un peu plus de neuf heures quand j’entre au Vincennes, un bar tabac tenu par un jeune couple. Aucune radio ne s’y fait entendre. De quoi faire suivre mon café à un euro cinquante d’une bonne lecture des lettres de Sade à sa femme.
De temps en temps tombent quelques gouttes. Quand le soleil revient durablement, je traverse la rue aux nombreuses voitures pour en face réserver une table avec vue sur la Mignonne à La Bigorne puis je longe le petit fleuve vers l’amont par un sentier bucolique qui fait office de parcours de pêche. Il ne va malheureusement pas loin avant de retrouver une route. Je fais demi-tour et vais lire sur un muret ensoleillé près du moulin de l’étang (ou l’inverse).
La Bigorne est un restaurant pizzéria tenu par un jeune couple. Sa clientèle est constituée d’habitués ou de gens de passage. On y trouve quand même trois ouvriers, dont deux semblent être passés chez O’Barber. Dans le menu à dix-sept euros, après le buffet d’entrées, je choisis la dorade crème basilic et le tiramisu aux fruits rouges, avec un quart de chardonnay à cinq euros quatre-vingt-dix, et ressors satisfait.
L’arrêt de car est à proximité. Arrivé en haut de la Jean-Jaurès, j’utilise mon ticket BreizhGo pour la descendre en tram Bibus. Presque personne ne porte le masque à nouveau fortement conseillé dans les transports en commun par nos dirigeant(e)s ou ce qu’il en reste.
30 juin 2022
Entre les bourgs de Daoulas et d’Hôpital-Camfrout se trouve une commune moins connue, Logonna-Daoulas. C’est là où je me rends ce mercredi avec le car du Faou, malgré le risque d’averses et l’impossibilité de savoir si le restaurant La Grignotière est ouvert ou non. Par prudence, j’emporte de l’eau et une banane, le minimum pour survivre en milieu hostile.
Le car BreizhGo numéro Trente-Deux me dépose devant une maison couverte d’une fresque représentant un bord de mer idyllique. Elle a été peinte par un artiste brestois nommé Guillaume Duval. Je la photographie puis prends la rue principale et trouve bientôt La Grignotière d’où sort la patronne avec une quantité de bouteilles vides à jeter. Je retiens une table pour midi puis découvre quelques jolies maisons à hortensias et l’église.
Quand je reviens à mon point de départ, une caravane est garée devant la fresque, celle d’O’Barber. L’homme au rasoir espère la clientèle des néo barbus de Logonna-Daoulas. Pour ma part, je désire aller jusqu’au port de Moulin Mer et je constate que je ne peux le faire que par la route. Aucune averse n’étant en vue, je me lance dans cette marche assez désagréable. De plus, ça monte et ça descend.
Quand j’arrive au port, je vois qu’il est peu de chose et jouxté d’une école de voile. De l’autre côté du bras de mer mais inatteignable, car privé, est l’ancien moulin qui donne son nom à l’endroit. Ne pouvant aller plus loin, je m’assois sur un banc face à l’immensité marine et fais mon Philippe Katherine Non mais laissez-moi manger ma banane.
Une animatrice du cleube de voile me confirme qu’il est impossible de retourner au centre de Logonna autrement que par la route. Je marche à nouveau au bord du bitume avec face à moi un arc-en-ciel indiquant une averse lointaine.
De retour dans le bourg, je bois un café à l’une des deux tables de trottoir du Celtic, un bar tabac sinistre tenu par une aimable dame. Il ne coûte qu’un euro trente-cinq. Sitôt terminé, je vais lire sur le banc d’un terrain public négligé.
Une averse se déclenche vers onze heures quinze. Je me refugie pour un autre café dans la salle de bar de La Grignotière, non moins déprimante que celle du Celtic.
A midi, la patronne au sourire timide me fait passer dans une salle d’une tristesse encore plus grande où je suis rejoint par un jeune ouvrier à demi de bière et par un duo de quadragénaires, deux habitués qui ont droit à un pot de moutarde, cette rareté, et ne se disent pas un mot. Une autre salle est réservée à un groupe de vieilles et de vieux.
Pour accompagner mon repas, la patronne m’apporte une bouteille de bordeaux Château Lamothe. C’est d’abord une assiette variée : tartelette aux herbes, pâté, surimi, melon, puis un bon émincé de volaille à la crème avec pommes sautées. Pour le dessert, le minimum est de mise : fruit, glace ou fromage, enfin un café. Je paie quatorze euros quarante, ce prix incluant mon café d’avant déjeuner.
« Allez-y monsieur c’est gratuit », me dit le chauffeur du car de retour. Je remets le ticket dans ma poche et ne peux l’utiliser pour descendre la rue Jean-Jaurès en tram. A pied, ça fait une trotte et, même sans vent, il me faut une vingtaine de minutes.
*
J’ai déjà eu droit au « Allez-y monsieur c’est gratuit » l’an dernier dans le Sud Finistère. Il s’agissait pour les chauffeurs d’afficher un mécontentement après affectation sur une ligne qui ne leur convenait pas.
*
« Juillet août, le GR, c’est l’autoroute des touristes. » (le chauffeur du car de l’aller)
*
« J’embrasse plus, y a recrudescence. » (l’une des vieilles du repas commun, lors de son arrivée à La Grignotière)
Le car BreizhGo numéro Trente-Deux me dépose devant une maison couverte d’une fresque représentant un bord de mer idyllique. Elle a été peinte par un artiste brestois nommé Guillaume Duval. Je la photographie puis prends la rue principale et trouve bientôt La Grignotière d’où sort la patronne avec une quantité de bouteilles vides à jeter. Je retiens une table pour midi puis découvre quelques jolies maisons à hortensias et l’église.
Quand je reviens à mon point de départ, une caravane est garée devant la fresque, celle d’O’Barber. L’homme au rasoir espère la clientèle des néo barbus de Logonna-Daoulas. Pour ma part, je désire aller jusqu’au port de Moulin Mer et je constate que je ne peux le faire que par la route. Aucune averse n’étant en vue, je me lance dans cette marche assez désagréable. De plus, ça monte et ça descend.
Quand j’arrive au port, je vois qu’il est peu de chose et jouxté d’une école de voile. De l’autre côté du bras de mer mais inatteignable, car privé, est l’ancien moulin qui donne son nom à l’endroit. Ne pouvant aller plus loin, je m’assois sur un banc face à l’immensité marine et fais mon Philippe Katherine Non mais laissez-moi manger ma banane.
Une animatrice du cleube de voile me confirme qu’il est impossible de retourner au centre de Logonna autrement que par la route. Je marche à nouveau au bord du bitume avec face à moi un arc-en-ciel indiquant une averse lointaine.
De retour dans le bourg, je bois un café à l’une des deux tables de trottoir du Celtic, un bar tabac sinistre tenu par une aimable dame. Il ne coûte qu’un euro trente-cinq. Sitôt terminé, je vais lire sur le banc d’un terrain public négligé.
Une averse se déclenche vers onze heures quinze. Je me refugie pour un autre café dans la salle de bar de La Grignotière, non moins déprimante que celle du Celtic.
A midi, la patronne au sourire timide me fait passer dans une salle d’une tristesse encore plus grande où je suis rejoint par un jeune ouvrier à demi de bière et par un duo de quadragénaires, deux habitués qui ont droit à un pot de moutarde, cette rareté, et ne se disent pas un mot. Une autre salle est réservée à un groupe de vieilles et de vieux.
Pour accompagner mon repas, la patronne m’apporte une bouteille de bordeaux Château Lamothe. C’est d’abord une assiette variée : tartelette aux herbes, pâté, surimi, melon, puis un bon émincé de volaille à la crème avec pommes sautées. Pour le dessert, le minimum est de mise : fruit, glace ou fromage, enfin un café. Je paie quatorze euros quarante, ce prix incluant mon café d’avant déjeuner.
« Allez-y monsieur c’est gratuit », me dit le chauffeur du car de retour. Je remets le ticket dans ma poche et ne peux l’utiliser pour descendre la rue Jean-Jaurès en tram. A pied, ça fait une trotte et, même sans vent, il me faut une vingtaine de minutes.
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J’ai déjà eu droit au « Allez-y monsieur c’est gratuit » l’an dernier dans le Sud Finistère. Il s’agissait pour les chauffeurs d’afficher un mécontentement après affectation sur une ligne qui ne leur convenait pas.
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« Juillet août, le GR, c’est l’autoroute des touristes. » (le chauffeur du car de l’aller)
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« J’embrasse plus, y a recrudescence. » (l’une des vieilles du repas commun, lors de son arrivée à La Grignotière)
29 juin 2022
Nous ne sommes que trois passagers ce mardi matin dans le car BreizhGo numéro Trente-Deux ayant quitté Brest à sept heures cinquante-cinq avec pour terminus Le Faou. J’en descends dans le bourg précédent, Hôpital-Camfrout, où coule le Camfrout qui se jette dans la mer au bout là-bas. Une jolie petite église, Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, et une maison bâtie sur la roche sont deux autres de ses curiosités.
Mon idée est de suivre le Camfrout, présentement à marée basse, en direction de son embouchure. Rien n’indique que ce soit possible. J’essaie rive gauche mais ne peux aller loin. Rive droite, après avoir marché sur la route durant deux cents mètres, je trouve le chemin espéré. Une pancarte indique « Château de Rosmorduc 45 mn Anse de Kernisi 1 h Moulin Mer 1 h 30 ». Allons jusqu’au château, me dis-je.
Ce n’est pas si facile car le sentier est parsemé de pierres et présente des hauts et des bas. De plus il n’est pas fléché, ce qui me conduit sur une mauvaise voie. Un amoncellement de rochers, au-dessus duquel un pneu est pendu en signe d’avertissement, m’empêche d’aller plus loin,
Revenu sur mes pas, je remarque une grossière flèche rouge que j’avais ratée. Elle invite à prendre sur la gauche au plus près du cours d’eau, lequel est agrémenté d’épaves très photogéniques. Après un promontoire rocheux, un escalier un peu raide me fait descendre au niveau du fleuve puis j’arrive à un autre qu’il faut monter et ensuite il faudrait descendre parmi des pierres. A mon âge (comme on dit), cela me semble dangereux.
Aussi je rebrousse et m’assois sur le banc du promontoire. A ma droite, au loin, je devine Moulin Mer et ses bateaux amarrés. A ma gauche, tout aussi loin, j’aperçois l’église et le restaurant que je vise pour midi. Personne d’autre que moi sur ce chemin, aucun humain n’y vient avec son chien ou pour courir.
Quand je retourne au bourg, l’église est ouverte sur le côté par une porte qui m’oblige à me baisser pour y entrer. J’en fais prudemment le tour, cela manque de lumière.
Ressorti, je réserve pour midi à l’Auberge du Camfrout puis bois un café à un euro quarante au bar tabac d’à côté, La Gabare, tenu par un jeune couple. L’ambiance y est meilleure qu’au Fontenoy du Folgoët mais la même radio médiocre s’y fait entendre, ce qui finit par nuire à ma lecture.
L’Auberge du Camfrout est un restaurant ouvrier avec menu tout compris à treize euros quatre-vingt-dix : buffet d’entrées, vin à volonté, trois plats au choix, dessert en libre-service et café itou. J’opte pour le lapin chasseur et comme je convoite une crème brûlée je demande au patron s’il ne faudrait pas que je m’en empare dès à présent. « Les pros de l’ouvrier prennent leur dessert en arrivant », me répond-il.
Ici, j’ai droit à ma table personnelle, avec vue sur Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Les travailleurs mangent à des tables de deux ou quatre. Ils sont peu nombreux. A peine la moitié de la salle est occupée, alors que c’est bien meilleur qu’à La Duchesse Anne du Folgoët (le travail n’est pas toujours au bon endroit). L’addition réglée avec remerciements, je vais attendre le car du retour.
Il est bien plus chargé qu’à l’aller, essentiellement des jeunes, aussi j’y mets mon masque. Son terminus est près du haut de la rue Jean-Jaurès (que Miossec dans sa chanson qualifie d’avenue, elle le mérite). Et comme dans sa chanson, il y souffle un sérieux vent.
Mon logement Air Bibi est près du bas de cette rue. Ayant récemment appris que mon ticket BreizhGo me donne droit à une correspondance avec Bibus, je descends la rue (avenue) Jean-Jaurès en tram (cette information m’aurait été utile quand j’habitais Recouvrance et que je me suis fadé toute la rue de Siam à pied bien des fois).
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Sur le trajet, à Logonna-Daoulas, en lettres capitales sur un transformateur : « Volutes par temps fumé ».
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Hôpital-Camfrout ou L’Hôpital-Camfrout, l’un ou l’autre se dit ou se disent.
Mon idée est de suivre le Camfrout, présentement à marée basse, en direction de son embouchure. Rien n’indique que ce soit possible. J’essaie rive gauche mais ne peux aller loin. Rive droite, après avoir marché sur la route durant deux cents mètres, je trouve le chemin espéré. Une pancarte indique « Château de Rosmorduc 45 mn Anse de Kernisi 1 h Moulin Mer 1 h 30 ». Allons jusqu’au château, me dis-je.
Ce n’est pas si facile car le sentier est parsemé de pierres et présente des hauts et des bas. De plus il n’est pas fléché, ce qui me conduit sur une mauvaise voie. Un amoncellement de rochers, au-dessus duquel un pneu est pendu en signe d’avertissement, m’empêche d’aller plus loin,
Revenu sur mes pas, je remarque une grossière flèche rouge que j’avais ratée. Elle invite à prendre sur la gauche au plus près du cours d’eau, lequel est agrémenté d’épaves très photogéniques. Après un promontoire rocheux, un escalier un peu raide me fait descendre au niveau du fleuve puis j’arrive à un autre qu’il faut monter et ensuite il faudrait descendre parmi des pierres. A mon âge (comme on dit), cela me semble dangereux.
Aussi je rebrousse et m’assois sur le banc du promontoire. A ma droite, au loin, je devine Moulin Mer et ses bateaux amarrés. A ma gauche, tout aussi loin, j’aperçois l’église et le restaurant que je vise pour midi. Personne d’autre que moi sur ce chemin, aucun humain n’y vient avec son chien ou pour courir.
Quand je retourne au bourg, l’église est ouverte sur le côté par une porte qui m’oblige à me baisser pour y entrer. J’en fais prudemment le tour, cela manque de lumière.
Ressorti, je réserve pour midi à l’Auberge du Camfrout puis bois un café à un euro quarante au bar tabac d’à côté, La Gabare, tenu par un jeune couple. L’ambiance y est meilleure qu’au Fontenoy du Folgoët mais la même radio médiocre s’y fait entendre, ce qui finit par nuire à ma lecture.
L’Auberge du Camfrout est un restaurant ouvrier avec menu tout compris à treize euros quatre-vingt-dix : buffet d’entrées, vin à volonté, trois plats au choix, dessert en libre-service et café itou. J’opte pour le lapin chasseur et comme je convoite une crème brûlée je demande au patron s’il ne faudrait pas que je m’en empare dès à présent. « Les pros de l’ouvrier prennent leur dessert en arrivant », me répond-il.
Ici, j’ai droit à ma table personnelle, avec vue sur Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Les travailleurs mangent à des tables de deux ou quatre. Ils sont peu nombreux. A peine la moitié de la salle est occupée, alors que c’est bien meilleur qu’à La Duchesse Anne du Folgoët (le travail n’est pas toujours au bon endroit). L’addition réglée avec remerciements, je vais attendre le car du retour.
Il est bien plus chargé qu’à l’aller, essentiellement des jeunes, aussi j’y mets mon masque. Son terminus est près du haut de la rue Jean-Jaurès (que Miossec dans sa chanson qualifie d’avenue, elle le mérite). Et comme dans sa chanson, il y souffle un sérieux vent.
Mon logement Air Bibi est près du bas de cette rue. Ayant récemment appris que mon ticket BreizhGo me donne droit à une correspondance avec Bibus, je descends la rue (avenue) Jean-Jaurès en tram (cette information m’aurait été utile quand j’habitais Recouvrance et que je me suis fadé toute la rue de Siam à pied bien des fois).
*
Sur le trajet, à Logonna-Daoulas, en lettres capitales sur un transformateur : « Volutes par temps fumé ».
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Hôpital-Camfrout ou L’Hôpital-Camfrout, l’un ou l’autre se dit ou se disent.
28 juin 2022
L’averse vient de cesser lorsque je descends ce lundi matin tôt du car BreizhGo numéro Vingt et Un devant le cimetière du Folgoët, petit bourg situé juste avant Lesneven, connu et reconnu pour sa Basilique Notre-Dame dont la plus haute tour atteint les cinquante-trois mètres. C’est vers ce monument démesuré que je me dirige alors que le ciel devient partiellement bleu.
J’en fais le tour et quelques photos, ainsi que de ses annexes : calvaire, statue, presbytère. Puis je vais voir, de l’autre côté de la route, la Chapelle des Pardons. Celui du Folgoët est le deuxième en importance. Il a lieu le premier dimanche de septembre. Près de cet édifice se trouve une mignonne bibliothèque municipale, bien sûr fermée à cette heure.
J’aimerais trouver un chemin allant dans la campagne, mais non, alors je me résous à un café à l’intérieur du Fontenoy qui n’a pas de terrasse, ni de concurrence. Il est à un euro quarante et pollué par une radio médiocre. Je lis malgré tout Lettres à sa femme du divin Marquis jusqu’à dix heures et demie.
Revenu à la Basilique, je vais voir les apôtres en pierre usée sous le porche puis je visite l’intérieur peu vaste au renommé jubé. J’admire aussi les vitraux. Une vierge à l’enfant bien kitsch me ravit. En sortant, je réserve une table à côté, à La Duchesse Anne. Sur l’une des vitres, il est écrit en gros « Restaurant ouvrier ».
En attendant midi, pas d’autre choix que de retourner au Fontenoy pour un second café verre d’eau et y lire pendant que certains comatent devant un verre de vin ou de bière au comptoir.
Restaurant ouvrier, La Duchesse Anne l’est, un peu trop à mon goût, car ici pas question quand on est seul d’avoir sa table à soi. On me case d’office à une table de quatre où je suis rejoint par un autre retraité puis par un troisième, du moins cet homme en a-t-il l’âge, mais je découvre qu’il travaille encore, chauffeur livreur de métaux. « Je n’aime pas laisser du cuivre sur mon camion quand je déjeune, nous dit-il, le plus souvent je m’arrange pour le livrer le matin, là il est bien planqué ».
Dans ce restaurant communautaire, on paie en arrivant, quatorze euros tout compris, puis il y a buffet d’entrées nombreuses et variées, vin ou limonade à volonté. Trois plats du jour sont proposés mais quand c’est mon tour il n’y a déjà plus de bœuf carotte. Refusant le cordon bleu, je me contente des boulettes de bœuf avec des pommes de terre, cela cuisiné médiocrement. Ensuite je choisis au hasard un dessert sur le plateau qui passe. Un café et je me tire de là.
Bien heureux si en plus, dans cette foule de prolétaires, je n’ai pas chopé le Covid. Lui aussi est en libre-service, et à nouveau disponible partout.
*
Dans le car de l’aller montent à chaque arrêt des simplets des deux sexes, dont certain(e)s ont des gestes incontrôlés. Tou(te)s descendent à Plabennec pour retourner en institution durant la semaine, je suppose.
*
Le Folgoët est aussi réputé pour ses hortensias. C’est leur moment.
*
Il y a bien sûr les Déménageurs Bretons, il y a aussi les Ramoneurs Bretons, et il y a encore les Echafaudeurs Bretons.
J’en fais le tour et quelques photos, ainsi que de ses annexes : calvaire, statue, presbytère. Puis je vais voir, de l’autre côté de la route, la Chapelle des Pardons. Celui du Folgoët est le deuxième en importance. Il a lieu le premier dimanche de septembre. Près de cet édifice se trouve une mignonne bibliothèque municipale, bien sûr fermée à cette heure.
J’aimerais trouver un chemin allant dans la campagne, mais non, alors je me résous à un café à l’intérieur du Fontenoy qui n’a pas de terrasse, ni de concurrence. Il est à un euro quarante et pollué par une radio médiocre. Je lis malgré tout Lettres à sa femme du divin Marquis jusqu’à dix heures et demie.
Revenu à la Basilique, je vais voir les apôtres en pierre usée sous le porche puis je visite l’intérieur peu vaste au renommé jubé. J’admire aussi les vitraux. Une vierge à l’enfant bien kitsch me ravit. En sortant, je réserve une table à côté, à La Duchesse Anne. Sur l’une des vitres, il est écrit en gros « Restaurant ouvrier ».
En attendant midi, pas d’autre choix que de retourner au Fontenoy pour un second café verre d’eau et y lire pendant que certains comatent devant un verre de vin ou de bière au comptoir.
Restaurant ouvrier, La Duchesse Anne l’est, un peu trop à mon goût, car ici pas question quand on est seul d’avoir sa table à soi. On me case d’office à une table de quatre où je suis rejoint par un autre retraité puis par un troisième, du moins cet homme en a-t-il l’âge, mais je découvre qu’il travaille encore, chauffeur livreur de métaux. « Je n’aime pas laisser du cuivre sur mon camion quand je déjeune, nous dit-il, le plus souvent je m’arrange pour le livrer le matin, là il est bien planqué ».
Dans ce restaurant communautaire, on paie en arrivant, quatorze euros tout compris, puis il y a buffet d’entrées nombreuses et variées, vin ou limonade à volonté. Trois plats du jour sont proposés mais quand c’est mon tour il n’y a déjà plus de bœuf carotte. Refusant le cordon bleu, je me contente des boulettes de bœuf avec des pommes de terre, cela cuisiné médiocrement. Ensuite je choisis au hasard un dessert sur le plateau qui passe. Un café et je me tire de là.
Bien heureux si en plus, dans cette foule de prolétaires, je n’ai pas chopé le Covid. Lui aussi est en libre-service, et à nouveau disponible partout.
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Dans le car de l’aller montent à chaque arrêt des simplets des deux sexes, dont certain(e)s ont des gestes incontrôlés. Tou(te)s descendent à Plabennec pour retourner en institution durant la semaine, je suppose.
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Le Folgoët est aussi réputé pour ses hortensias. C’est leur moment.
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Il y a bien sûr les Déménageurs Bretons, il y a aussi les Ramoneurs Bretons, et il y a encore les Echafaudeurs Bretons.
27 juin 2022
Peu de cars BreizhGo circulent le dimanche. Heureusement, le Brest Quimper est de ceux-là et s’arrête au Faou, mon objectif du jour. Avant l’heure de son départ, j’achète deux pains au chocolat pour deux euros vingt près du marché et vais les consommer avec un allongé à un euro soixante au Café de l’Océan, le seul déjà ouvert, dont le mobilier semble provenir de chez Emmaüs. Le patron s’appelle Alain, il a soixante-dix-sept ans, comme je l’apprends d’un homme qui le félicite d’être encore là, « avec tout ce que tu as vécu ». La clientèle est essentiellement composée des commerçants du marché, pas pressés d’aller bosser. La femme d’Alain apparaît, aussi âgée que lui et cheveux en bataille. Elle fait du rangement et l’aide à servir. Tout est tranquille jusqu’à ce que soudain elle se mette à hurler après son mari qui a dû lui faire une remarque que personne n’a entendue. Une cliente disant un peu haut ce qu’elle pense de cette femme se fait à son tour agresser verbalement par celle qui ressemble de plus en plus à une méchante sorcière. Le pauvre Alain se prend la tête à deux mains en disant « Oh la la ». « Je peux bien servir toute seule », crie encore l’énervée, puis le calme revient.
Le car numéro Trente et Un part à neuf heures trente. Il passe le pont de l’Iroise, frôle Plougastel puis arrive à Daoulas où il est bloqué par des vaches. Celles-ci salissent le bitume de leurs déjections tout en étant lavées à grande eau par leurs propriétaires. C’est aujourd’hui la Fête de l’Elevage. Après négociation, le chauffeur est autorisé à frôler le bétail à petite vitesse. Vient ensuite la charmante bourgade nommée L’Hôpital-Canfrout puis c’est Le Faou où je descends, place des Foires, devant la Mairie.
J’ai peu à parcourir pour atteindre la Grand Rue qui vaut à ce bourg le titre de « Petite Cité de Caractère ». Beaucoup de ses maisons sont remarquables. La plupart sont à pignon, étroites et longues. En bas de cette rue est l’église Saint-Sauveur, elle aussi remarquable, sous son porche les statues en bois colorées des douze apôtres, à l’intérieur une belle descente de croix et une cuve baptismale aux serpents unique en Bretagne. Près de cette église est le fond de la ria de la rade de Brest dite « rivière du Faou ». Elle est à sec, en raison de la marée basse. Je m’assois néanmoins sur un banc face aux quelques bateaux posés sur la vase.
Aujourd’hui le temps se maintient (comme on dit). Cela me permet de déjeuner en terrasse au restaurant Saveurs des Halles, face aux belles demeures à pignon ardoisé du haut de la Grand Rue, d’une bonne andouillette à la moutarde ancienne accompagnée de délicieuses frites maison à douze euros cinquante et d’un quart de saint-nicolas-de-bourgueil à six euros soixante puis je vais prendre un café à un euro quarante à la terrasse du Café du Centre près de l’arrêt de car, afin de ne pas louper celui de treize heures vingt-six.
Il arrive de Quimper avec une étonnante ponctualité et file sur Brest directement par la deux fois deux voies ce qui évite toute nouvelle rencontre avec des bovins.
*
C’est la première fois depuis mon arrivée dans le Finistère que j’entre dans un édifice religieux. Première fois aussi ce jour que j’entends dire un « Kenavo ». Par une femme à un certain Michel, à qui elle dit aussi « On n’est pas payé cher mais qu’est-ce qu’on rigole bien », ce qui donne une idée de son âge.
Le car numéro Trente et Un part à neuf heures trente. Il passe le pont de l’Iroise, frôle Plougastel puis arrive à Daoulas où il est bloqué par des vaches. Celles-ci salissent le bitume de leurs déjections tout en étant lavées à grande eau par leurs propriétaires. C’est aujourd’hui la Fête de l’Elevage. Après négociation, le chauffeur est autorisé à frôler le bétail à petite vitesse. Vient ensuite la charmante bourgade nommée L’Hôpital-Canfrout puis c’est Le Faou où je descends, place des Foires, devant la Mairie.
J’ai peu à parcourir pour atteindre la Grand Rue qui vaut à ce bourg le titre de « Petite Cité de Caractère ». Beaucoup de ses maisons sont remarquables. La plupart sont à pignon, étroites et longues. En bas de cette rue est l’église Saint-Sauveur, elle aussi remarquable, sous son porche les statues en bois colorées des douze apôtres, à l’intérieur une belle descente de croix et une cuve baptismale aux serpents unique en Bretagne. Près de cette église est le fond de la ria de la rade de Brest dite « rivière du Faou ». Elle est à sec, en raison de la marée basse. Je m’assois néanmoins sur un banc face aux quelques bateaux posés sur la vase.
Aujourd’hui le temps se maintient (comme on dit). Cela me permet de déjeuner en terrasse au restaurant Saveurs des Halles, face aux belles demeures à pignon ardoisé du haut de la Grand Rue, d’une bonne andouillette à la moutarde ancienne accompagnée de délicieuses frites maison à douze euros cinquante et d’un quart de saint-nicolas-de-bourgueil à six euros soixante puis je vais prendre un café à un euro quarante à la terrasse du Café du Centre près de l’arrêt de car, afin de ne pas louper celui de treize heures vingt-six.
Il arrive de Quimper avec une étonnante ponctualité et file sur Brest directement par la deux fois deux voies ce qui évite toute nouvelle rencontre avec des bovins.
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C’est la première fois depuis mon arrivée dans le Finistère que j’entre dans un édifice religieux. Première fois aussi ce jour que j’entends dire un « Kenavo ». Par une femme à un certain Michel, à qui elle dit aussi « On n’est pas payé cher mais qu’est-ce qu’on rigole bien », ce qui donne une idée de son âge.
26 juin 2022
Ce samedi, des averses sont au programme sur la pointe bretonne. Je prends quand même le car BreizhGo numéro Vingt et Un pour Lesneven, petite ville de l’intérieur, dans le pays de Léon. J’y arrive sous une éclaircie qui me permet de marcher tranquillement jusqu’à son centre constitué de deux places, celle de la Mairie Château et celle de l’église Saint-Michel.
Cette dernière est entourée de commerces. Il y trône une statue du Général Le Flô qui fut ami de la Russie et porte à son bras les couleurs de l’Ukraine. Une scène a été installée devant l’église car ici, la Fête la Musique, c’est le samedi suivant le solstice d’été. Au programme, « folk celtique » puis « rock punk ». Et dimanche, c’est le Carnaval, qu’ailleurs on organise en février.
Ayant vu ce qu’il y avait à voir, dont quelques maisons typiques et un grand nombre de boulangeries pâtisseries, je bois un premier café à la terrasse ventée du Bistrot de Lesne (un euro quarante) puis un second (même prix) à la terrasse couverte du Café Breton, le concurrent d’en face.
Le restaurant sur lequel je comptais pour midi étant en vacances, je me rabats sur Benny Bakers, un snack face à la Mairie, où tout est fait maison, m’assure le patron. J’y déjeune d’un fish and chips honorable à treize euros, accompagné d’un quart de vin blanc à quatre, puis retourne à ce qui est pompeusement appelé la Gare Routière afin d‘attendre le car de treize heures pour Brest. Elle jouxte le cimetière, lequel est dominé par une élégante chapelle.
De la jeunesse des deux sexes prend également le car, désireuse de fuir, au moins le temps d’un l’après-midi, ce lieu où elle doit vivre. Autrefois, Auguste Le Breton et Pétillon (parents boulangers) y sont nés.
*
A Lesneven, on trouve aussi un salon de coiffure nommé C’est dans l’Hair, un local Info Jeunes à l’angle duquel est une caméra de surveillance, des conversations de déprimé(e)s chroniques « y a pas grand-chose de bien à la télé ce soir » ; cette ville pourrait être jumelée avec Louviers (ville natale).
*
Lesneven, ça rime avec vain, pas avec veine.
Cette dernière est entourée de commerces. Il y trône une statue du Général Le Flô qui fut ami de la Russie et porte à son bras les couleurs de l’Ukraine. Une scène a été installée devant l’église car ici, la Fête la Musique, c’est le samedi suivant le solstice d’été. Au programme, « folk celtique » puis « rock punk ». Et dimanche, c’est le Carnaval, qu’ailleurs on organise en février.
Ayant vu ce qu’il y avait à voir, dont quelques maisons typiques et un grand nombre de boulangeries pâtisseries, je bois un premier café à la terrasse ventée du Bistrot de Lesne (un euro quarante) puis un second (même prix) à la terrasse couverte du Café Breton, le concurrent d’en face.
Le restaurant sur lequel je comptais pour midi étant en vacances, je me rabats sur Benny Bakers, un snack face à la Mairie, où tout est fait maison, m’assure le patron. J’y déjeune d’un fish and chips honorable à treize euros, accompagné d’un quart de vin blanc à quatre, puis retourne à ce qui est pompeusement appelé la Gare Routière afin d‘attendre le car de treize heures pour Brest. Elle jouxte le cimetière, lequel est dominé par une élégante chapelle.
De la jeunesse des deux sexes prend également le car, désireuse de fuir, au moins le temps d’un l’après-midi, ce lieu où elle doit vivre. Autrefois, Auguste Le Breton et Pétillon (parents boulangers) y sont nés.
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A Lesneven, on trouve aussi un salon de coiffure nommé C’est dans l’Hair, un local Info Jeunes à l’angle duquel est une caméra de surveillance, des conversations de déprimé(e)s chroniques « y a pas grand-chose de bien à la télé ce soir » ; cette ville pourrait être jumelée avec Louviers (ville natale).
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Lesneven, ça rime avec vain, pas avec veine.
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