Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
28 mars 2023
Deuxième série d’extraits du premier volume du Journal littéraire de Paul Léautaud, tirée de mes notes prises lors de ma lecture à Toulon:
Lundi quatorze septembre mil neuf cent huit (retour de voyage à Rouen avec Gourmont et Dumur)
Aussi remarqué que les femmes ont en général les lèvres assez charnues. Il paraît qu’à Rouen on mange beaucoup, signe d’une certaine sensualité.
Vendredi huit octobre mil neuf cent huit
Pierre Louÿs est passé au Mercure. Il a extrêmement changé, grossi, empâté, bedonnant déjà, le vrai bedon large de partout. Plus rien du beau jeune homme que nous avons connu. On lui donnerait quarante ans.
Lundi douze octobre mil neuf cent huit
Au bout de cette heure passée à réfléchir et à me dire que je vaux mieux que tous ces gens, pas abâtardi comme eux, ne coupant pas comme eux dans tous les lieux communs moraux et littéraires, idées sociales, bêtise de style, tous ces ronronnements et ces moutonneries, je me suis mis à dîner. Maintenant cela va mieux.
Mercredi sept décembre mil neuf cent dix
Saint-Pol-Roux fait circuler des imprimés demandant pur lui la Légion d’honneur. Prière de signer. Morisse m’en a présenté un ce matin. J’ai éclaté de rire.
Lundi seize septembre mil neuf cent douze
C’était la fin d’octobre, le commencement de l’hiver, le soir, dans une sorte de brume. Elle se prêtait très bien à tout. Finalement, je la fis se lever. Elle se pencha en avant sur des charpentes entassées, s’appuya là des deux mains, et moi derrière elle, l’ayant retroussée, je l’enfilai très agréablement.
Mercredi trente octobre mil neuf cent douze
Je réfrige à beaucoup de choses.
Vendredi vingt-huit mars mil neuf cent treize
Que de jolies femmes j’ai vues passer, pendant ma pose rue Rochechouart à attendre Billy ! Cela me ferait tout de même plaisir, de connaître une jolie femme. Seulement, voilà ! Je ne suis pas beau, à leurs sens.
Lundi onze août mil neuf cent treize
Je pense, depuis quelques jours, que Rousseau et après lui Chateaubriand ont fait beaucoup de mal à la littérature. C’est d’eux que nous viennent tous nos phraseurs. Ils ont ôté le naturel dans le style comme dans les sentiments. (…)
Je veux dire exactement : la tragédie, la tragédie de Corneille et de Racine, surtout, a abîmé notre théâtre en y introduisant la déclamation. Eh ! bien, Rousseau et Chateaubriand ont abîmé notre littérature en y introduisant la déclamation. Un écrivain qui déclame, rien n’est plus méprisable.
Vendredi trente et un décembre mil neuf cent vingt
J’ai bien fini l’année. Je suis allé ce soir à la chocolaterie Debauve et Gallais, rue des Saints-Pères, acheter du chocolat pour moi et quelques gourmandises pour les enfants de mon voisin Poinçon, chez qui vit, à son gré, mon chat Cendré. Dépense de 10 frs 80. Il y avait queue à la caisse. Ces choses sont chères. Ces gens gagnent un argent fou. Ma foi ! je suis parti sans payer.
Samedi vingt-neuf juillet mil neuf cent vingt-deux
Le physique compte pour un homme et on ne peut pas être un poète de talent avec le physique d’Ernest Prévost qui a le visage d’un comptable d’hospice de vieillards.
Dimanche treize mai mil neuf cent vingt-trois
Il dit qu’elle est très processive, elle en a donné des exemples, et qu’elle n’aurait pas raté le procès s’il y avait eu matière.
Mercredi seize avril mil neuf cent vingt-quatre
Je me rappelle ce soir, dans ma chambre, rue Monsieur-le-Prince, qu’ayant envie de faire l’amour, et moi ne pensant qu’à dormir, elle se mit à la tête du lit, à cheval sur ma figure, et me mouilla ainsi tout le visage en me promenant dessus son con qu’elle avait tout mouillé de désir. Elle n’en obtint pas davantage. Comme je l’apprécierais aujourd’hui et elle aurait un autre amant, à mes cinquante-trois ans, que celui qu’elle avait quand j’en avais dix-neuf.
*
Une attention particulière pour les mots « processif » (qui aime à intenter, à prolonger des procès) et « réfriger » (on en devine le sens mais on ne trouve aucune autre occurrence quand on fait une recherche sur Internet).
Lundi quatorze septembre mil neuf cent huit (retour de voyage à Rouen avec Gourmont et Dumur)
Aussi remarqué que les femmes ont en général les lèvres assez charnues. Il paraît qu’à Rouen on mange beaucoup, signe d’une certaine sensualité.
Vendredi huit octobre mil neuf cent huit
Pierre Louÿs est passé au Mercure. Il a extrêmement changé, grossi, empâté, bedonnant déjà, le vrai bedon large de partout. Plus rien du beau jeune homme que nous avons connu. On lui donnerait quarante ans.
Lundi douze octobre mil neuf cent huit
Au bout de cette heure passée à réfléchir et à me dire que je vaux mieux que tous ces gens, pas abâtardi comme eux, ne coupant pas comme eux dans tous les lieux communs moraux et littéraires, idées sociales, bêtise de style, tous ces ronronnements et ces moutonneries, je me suis mis à dîner. Maintenant cela va mieux.
Mercredi sept décembre mil neuf cent dix
Saint-Pol-Roux fait circuler des imprimés demandant pur lui la Légion d’honneur. Prière de signer. Morisse m’en a présenté un ce matin. J’ai éclaté de rire.
Lundi seize septembre mil neuf cent douze
C’était la fin d’octobre, le commencement de l’hiver, le soir, dans une sorte de brume. Elle se prêtait très bien à tout. Finalement, je la fis se lever. Elle se pencha en avant sur des charpentes entassées, s’appuya là des deux mains, et moi derrière elle, l’ayant retroussée, je l’enfilai très agréablement.
Mercredi trente octobre mil neuf cent douze
Je réfrige à beaucoup de choses.
Vendredi vingt-huit mars mil neuf cent treize
Que de jolies femmes j’ai vues passer, pendant ma pose rue Rochechouart à attendre Billy ! Cela me ferait tout de même plaisir, de connaître une jolie femme. Seulement, voilà ! Je ne suis pas beau, à leurs sens.
Lundi onze août mil neuf cent treize
Je pense, depuis quelques jours, que Rousseau et après lui Chateaubriand ont fait beaucoup de mal à la littérature. C’est d’eux que nous viennent tous nos phraseurs. Ils ont ôté le naturel dans le style comme dans les sentiments. (…)
Je veux dire exactement : la tragédie, la tragédie de Corneille et de Racine, surtout, a abîmé notre théâtre en y introduisant la déclamation. Eh ! bien, Rousseau et Chateaubriand ont abîmé notre littérature en y introduisant la déclamation. Un écrivain qui déclame, rien n’est plus méprisable.
Vendredi trente et un décembre mil neuf cent vingt
J’ai bien fini l’année. Je suis allé ce soir à la chocolaterie Debauve et Gallais, rue des Saints-Pères, acheter du chocolat pour moi et quelques gourmandises pour les enfants de mon voisin Poinçon, chez qui vit, à son gré, mon chat Cendré. Dépense de 10 frs 80. Il y avait queue à la caisse. Ces choses sont chères. Ces gens gagnent un argent fou. Ma foi ! je suis parti sans payer.
Samedi vingt-neuf juillet mil neuf cent vingt-deux
Le physique compte pour un homme et on ne peut pas être un poète de talent avec le physique d’Ernest Prévost qui a le visage d’un comptable d’hospice de vieillards.
Dimanche treize mai mil neuf cent vingt-trois
Il dit qu’elle est très processive, elle en a donné des exemples, et qu’elle n’aurait pas raté le procès s’il y avait eu matière.
Mercredi seize avril mil neuf cent vingt-quatre
Je me rappelle ce soir, dans ma chambre, rue Monsieur-le-Prince, qu’ayant envie de faire l’amour, et moi ne pensant qu’à dormir, elle se mit à la tête du lit, à cheval sur ma figure, et me mouilla ainsi tout le visage en me promenant dessus son con qu’elle avait tout mouillé de désir. Elle n’en obtint pas davantage. Comme je l’apprécierais aujourd’hui et elle aurait un autre amant, à mes cinquante-trois ans, que celui qu’elle avait quand j’en avais dix-neuf.
*
Une attention particulière pour les mots « processif » (qui aime à intenter, à prolonger des procès) et « réfriger » (on en devine le sens mais on ne trouve aucune autre occurrence quand on fait une recherche sur Internet).
27 mars 2023
Des notes prises à Toulon, lors de ma lecture du premier volume du Journal littéraire de Paul Léautaud, il est temps que je partage certaines :
Huit mai mil neuf cent trois
Je m’en aperçois de plus ou plus : une seule chose m’intéresse : moi, et ce qui se passe en moi, ce que j’ai été, ce que je suis devenu, mes idées, mes souvenirs, mes projets, mes craintes, toute ma vie. Après cela, je peux tirer la ficelle. Tout le reste ne m’intéresse que par rapport à moi.
Samedi soir quatre juin mil neuf cent quatre
Université Populaire. Il n’y a pas moyen de travailler dans ce petit coin dont je dispose à l’Université. Il me faut entendre vociférer, à trois mètres de moi, tous ces « camarades », tous ces « compagnons », tous ces « citoyens », appellations à vomir.
Vendredi neuf septembre mil neuf cent quatre
Je songe aussi que j’ai un grand défaut, et grave en cette sorte de choses : je ne donne pas de plaisir aux femmes, ayant fini en cinq minutes et ne pouvant recommencer.
Jeudi seize mars mil neuf cent cinq (à propos d’Hugues Rebell)
J’ai dit qu’il était excessivement pervers. Ainsi, il avait une chatte. Il s’était mis à la masturber. Si bien qu’à la fin, cette chatte ne le quittait plus. Cela alla bien quelque temps, puis cela assomma Rebell. La chatte n’en était pas moins exigeante ; ce fut alors le valet de chambre qui dut s’occuper d’elle. Quand elle se montrait amoureuse, Rebell appelait le valet de chambre : « Jean, lui disait-il, masturbez la chatte » tout comme il aurait dit : « Jean, donnez-moi mon chapeau. » Et le domestique remplissait son office, avec un crayon taillé soigneusement à cet effet.
Samedi vingt-six août mil neuf cent cinq (avec Rémy de Gourmont)
Nous parlons du manque de comique dans le théâtre actuel, des raisons de ce manque de comique, qui sont la manie qu’on a de vouloir enseigner, éduquer, moraliser, exposer une thèse, etc., le dogmatisme grossier qu’ont tous les auteurs, leur manque de légèreté d’esprit.
Mercredi treize décembre mil neuf cent cinq
Elle a une douzaine d’années. On lui avait mis des tas de linge dans son corsage. Cela lui faisait une petite poitrine, assez bien portante même. Elle était charmante, et je le lui ai dit, en lui tâtant, en riant, les proéminences fictives de son corsage.
Mardi dix-neuf décembre mil neuf cent cinq
Quant à la petite Paule, qui a maintenant treize ans, une petite merveille d’élégance et de distinction et de joliesse. J’ai demandé ses jours de promenade pour aller la voir. On n’a pas pu me renseigner précisément.
Dimanche onze février mil neuf cent six
J’ai à écrire par exemple qu’une femme s’est branlée. Voit-on exprimer cela par : elle se caressa intimement… ou : elle promena un certain temps un de ses doigts… c’est puéril et ça ne veut rien dire. Le terme masturber ? C’est presque vouloir faire de l’effet, et c’est ce qu’il faut surtout éviter, l’effet, quand on écrit des choses vives et réellement arrivées, et qu’on ne veut surtout que raconter.
Jeudi douze août mil neuf cent six (avec Rémy de Gourmont)
Nous avons bavardé « mauvaises mœurs », – c’est son mot, – moi lui racontant mon histoire de petites filles, un soir, rue Monge, l’une d’elle un rouleau de papier à la main qu’elle tenait d’une façon significative, m’invitant à les suivre dans une rue obscure voisine, ce dont je me gardai bien, par manque de goût, devinant aussi la suite : les parents surgissant pour vous faire chanter, mon histoire de jeunes garçons, un soir, place de l’Etoile, courant 1904, que je suivis jusqu’à une allée à l’entrée du Bois, pour me défiler sitôt arrivé là. Lui, me racontant l’histoire d’une gamine de huit ans, sœur d’une « fille » qu’il connaissait, ladite gamine très avancée, demandant toujours un homme à sa sœur, et celle-ci ayant dit à Gourmont : « Elle veut absolument qu’on le lui mette. J’aime autant que ce soit toi qui l’aies. Si tu veux, je l’habillerai gentiment et je te l’amènerai. » Cela avait été convenu, puis l’affaire n’eut aucune suite.
Mardi sept janvier mil neuf cent huit
Le surnom de Mme K…, du temps qu’elle couchait avec tous les jeunes poètes : L’Anthologie. C’est Larguier qui me l’a dit ce soir au Mercure.
Mercredi douze avril mil neuf cent huit
Nicolardot vrai bohème, toujours malpropre, parasite de Barbey d’Aurevilly, grand baiseur.
Il logeait dans un grenier, dans la même maison qu’un bordel, rue des Ciseaux. Tous les matins, sitôt réveillé, il faisait monter une fille et l’enfilait. C’était le début de sa journée. Il s’offrait aussi de temps en temps une porteuse de pain. Il assurait que rien n’était plus facile. On les avait toutes pour un « petit noir » (café). Il paraît que c’était vrai. Quand il en entendait ou voyait une, il l’appelait et l’enfilait là, sur son palier. Tous deux redescendaient ensuite siroter un « petit noir ».
Dimanche six septembre mil neuf cent huit
Il y a encore des sots qui coupent encore dans des phrases sur l’armée, le drapeau, la patrie. Ces idées sont aussi malfaisantes que les idées religieuses. Je ne sais pas si le métier d’officier n’est pas encore plus bas que celui de prêtre ou de magistrat. Alors que tout être aspire à la liberté, se faire volontairement esclave, machine à obéir. Le besoin de dominer est aussi bas que le besoin d’être dominé.
Huit mai mil neuf cent trois
Je m’en aperçois de plus ou plus : une seule chose m’intéresse : moi, et ce qui se passe en moi, ce que j’ai été, ce que je suis devenu, mes idées, mes souvenirs, mes projets, mes craintes, toute ma vie. Après cela, je peux tirer la ficelle. Tout le reste ne m’intéresse que par rapport à moi.
Samedi soir quatre juin mil neuf cent quatre
Université Populaire. Il n’y a pas moyen de travailler dans ce petit coin dont je dispose à l’Université. Il me faut entendre vociférer, à trois mètres de moi, tous ces « camarades », tous ces « compagnons », tous ces « citoyens », appellations à vomir.
Vendredi neuf septembre mil neuf cent quatre
Je songe aussi que j’ai un grand défaut, et grave en cette sorte de choses : je ne donne pas de plaisir aux femmes, ayant fini en cinq minutes et ne pouvant recommencer.
Jeudi seize mars mil neuf cent cinq (à propos d’Hugues Rebell)
J’ai dit qu’il était excessivement pervers. Ainsi, il avait une chatte. Il s’était mis à la masturber. Si bien qu’à la fin, cette chatte ne le quittait plus. Cela alla bien quelque temps, puis cela assomma Rebell. La chatte n’en était pas moins exigeante ; ce fut alors le valet de chambre qui dut s’occuper d’elle. Quand elle se montrait amoureuse, Rebell appelait le valet de chambre : « Jean, lui disait-il, masturbez la chatte » tout comme il aurait dit : « Jean, donnez-moi mon chapeau. » Et le domestique remplissait son office, avec un crayon taillé soigneusement à cet effet.
Samedi vingt-six août mil neuf cent cinq (avec Rémy de Gourmont)
Nous parlons du manque de comique dans le théâtre actuel, des raisons de ce manque de comique, qui sont la manie qu’on a de vouloir enseigner, éduquer, moraliser, exposer une thèse, etc., le dogmatisme grossier qu’ont tous les auteurs, leur manque de légèreté d’esprit.
Mercredi treize décembre mil neuf cent cinq
Elle a une douzaine d’années. On lui avait mis des tas de linge dans son corsage. Cela lui faisait une petite poitrine, assez bien portante même. Elle était charmante, et je le lui ai dit, en lui tâtant, en riant, les proéminences fictives de son corsage.
Mardi dix-neuf décembre mil neuf cent cinq
Quant à la petite Paule, qui a maintenant treize ans, une petite merveille d’élégance et de distinction et de joliesse. J’ai demandé ses jours de promenade pour aller la voir. On n’a pas pu me renseigner précisément.
Dimanche onze février mil neuf cent six
J’ai à écrire par exemple qu’une femme s’est branlée. Voit-on exprimer cela par : elle se caressa intimement… ou : elle promena un certain temps un de ses doigts… c’est puéril et ça ne veut rien dire. Le terme masturber ? C’est presque vouloir faire de l’effet, et c’est ce qu’il faut surtout éviter, l’effet, quand on écrit des choses vives et réellement arrivées, et qu’on ne veut surtout que raconter.
Jeudi douze août mil neuf cent six (avec Rémy de Gourmont)
Nous avons bavardé « mauvaises mœurs », – c’est son mot, – moi lui racontant mon histoire de petites filles, un soir, rue Monge, l’une d’elle un rouleau de papier à la main qu’elle tenait d’une façon significative, m’invitant à les suivre dans une rue obscure voisine, ce dont je me gardai bien, par manque de goût, devinant aussi la suite : les parents surgissant pour vous faire chanter, mon histoire de jeunes garçons, un soir, place de l’Etoile, courant 1904, que je suivis jusqu’à une allée à l’entrée du Bois, pour me défiler sitôt arrivé là. Lui, me racontant l’histoire d’une gamine de huit ans, sœur d’une « fille » qu’il connaissait, ladite gamine très avancée, demandant toujours un homme à sa sœur, et celle-ci ayant dit à Gourmont : « Elle veut absolument qu’on le lui mette. J’aime autant que ce soit toi qui l’aies. Si tu veux, je l’habillerai gentiment et je te l’amènerai. » Cela avait été convenu, puis l’affaire n’eut aucune suite.
Mardi sept janvier mil neuf cent huit
Le surnom de Mme K…, du temps qu’elle couchait avec tous les jeunes poètes : L’Anthologie. C’est Larguier qui me l’a dit ce soir au Mercure.
Mercredi douze avril mil neuf cent huit
Nicolardot vrai bohème, toujours malpropre, parasite de Barbey d’Aurevilly, grand baiseur.
Il logeait dans un grenier, dans la même maison qu’un bordel, rue des Ciseaux. Tous les matins, sitôt réveillé, il faisait monter une fille et l’enfilait. C’était le début de sa journée. Il s’offrait aussi de temps en temps une porteuse de pain. Il assurait que rien n’était plus facile. On les avait toutes pour un « petit noir » (café). Il paraît que c’était vrai. Quand il en entendait ou voyait une, il l’appelait et l’enfilait là, sur son palier. Tous deux redescendaient ensuite siroter un « petit noir ».
Dimanche six septembre mil neuf cent huit
Il y a encore des sots qui coupent encore dans des phrases sur l’armée, le drapeau, la patrie. Ces idées sont aussi malfaisantes que les idées religieuses. Je ne sais pas si le métier d’officier n’est pas encore plus bas que celui de prêtre ou de magistrat. Alors que tout être aspire à la liberté, se faire volontairement esclave, machine à obéir. Le besoin de dominer est aussi bas que le besoin d’être dominé.
25 mars 2023
Ce jeudi vers quatorze heures alors que je veux rejoindre Le Socrate pour mon café lecture, j’apprends que ça chauffe dans les rues de Rouen. Une partie des manifestants que j’ai entendus passer rue de la Rép en fin de matinée se retrouve face à la Police après avoir quitté l’itinéraire officiel.
Je ne suis plus à un âge où on peut soudain se trouver face à une foule qui déboule poursuivie par les Céhéresses sans craindre pour son intégrité, plus à un âge où lorsqu’on tombe on se relève sans dégât. Je reste donc aux abris, apprenant plus tard dans l’après-midi que c’est le bazar un peu partout en France et que précisément à Rouen une manifestante a eu le pouce arraché par une grenade de désencerclement.
Macron avec son Quarante-Neuf Trois et ses déclarations méprisantes de la mi-journée mercredi a mis le feu aux poudres (comme on dit). Tout ça pour une loi qui ne résoudra rien. Lui qui ne cesse de répéter « Il faut prendre son risque » n’a pas voulu courir celui d’être perdant lors d’un vote à l’Assemblée. Prendre son risque oui, seulement quand on en sûr de gagner.
*
A partir de dimanche, il devait recevoir Charles le Troisième, Roi d’Angleterre, à Versailles (le bon duo au bon endroit). Le lendemain, Sa Majesté devait prendre un Tégévé pour Bordeaux. Qui, chez les cheminots ou autres, n’aurait pas songé à le bloquer ? La visite est reportée.
*
Sur une échelle de un à dix, mon rejet de Macron variait selon les périodes entre six et huit. Maintenant, il est à dix. Définitivement je pense.
Je ne suis plus à un âge où on peut soudain se trouver face à une foule qui déboule poursuivie par les Céhéresses sans craindre pour son intégrité, plus à un âge où lorsqu’on tombe on se relève sans dégât. Je reste donc aux abris, apprenant plus tard dans l’après-midi que c’est le bazar un peu partout en France et que précisément à Rouen une manifestante a eu le pouce arraché par une grenade de désencerclement.
Macron avec son Quarante-Neuf Trois et ses déclarations méprisantes de la mi-journée mercredi a mis le feu aux poudres (comme on dit). Tout ça pour une loi qui ne résoudra rien. Lui qui ne cesse de répéter « Il faut prendre son risque » n’a pas voulu courir celui d’être perdant lors d’un vote à l’Assemblée. Prendre son risque oui, seulement quand on en sûr de gagner.
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A partir de dimanche, il devait recevoir Charles le Troisième, Roi d’Angleterre, à Versailles (le bon duo au bon endroit). Le lendemain, Sa Majesté devait prendre un Tégévé pour Bordeaux. Qui, chez les cheminots ou autres, n’aurait pas songé à le bloquer ? La visite est reportée.
*
Sur une échelle de un à dix, mon rejet de Macron variait selon les périodes entre six et huit. Maintenant, il est à dix. Définitivement je pense.
24 mars 2023
Ce mercredi vers onze heures et demie, tandis qu’il pleut un peu sur la Fontaine des Innocents en travaux, j’entre à l’intérieur du Boulinier des Halles. J’inventorie les bacs Arts, Théâtre Poésie et Biographie, tous en désordre. Beaucoup des livres sont sales. J’en trouve deux propres, à deux euros cinquante l’un : Représailles, journal de guerre de Raymond Guérin (Finitude) et Le Livre de cuisine d’Alice Toklas (Editions de Minuit).
Je pourrais ensuite aller déjeuner comme à l’accoutumée chez Café Vigouroux car on n’y trouve pas d’écran accroché au mur (aucun risque que la tronche de Macron causant avec les journalistes ne puisse me couper l’appétit), mais cela fait longtemps que je n’ai pas mangé chinois (comme on dit). Aussi vais-je jusqu’à ce petit restaurant nommé China, rue de la Verrerie, avec buffet à volonté.
« No Limit », est-il écrit sur sa vitre. J’y ai dîné autrefois avec celles qui me tenaient la main, sans penser alors qu’un jour j’y serais seul. Le repas est à douze euros cinquante, la clientèle internationale et ouvrière. Trois fours à micro-ondes sont à disposition. Il faut être un bon stratège pour ne pas avoir à attendre son tour.
Mon addition réglée, je marche, pas loin, jusqu’au Book-Off de Saint-Martin et descends au sous-sol. Dans les livres à un euro, je fais ma recherche. On ne saurait confondre L’Attrape-cœurs et L’Arrache-cœur, Salinger avec Boris Vian, dis-je à deux jolies filles qui attribuent le second au premier. Finalement, elles désirent lire les deux mais, pas de chance pour elles, aucun n’est là. De mon côté, je remonte avec Les Boutiques de cannelle de Bruno Schultz (L’Etrangère / Gallimard) et trois livres à offrir.
Je rejoins avec le métro Quatorze et mes pieds (heureusement, il ne pleut plus guère), le Book-Off de Quatre Septembre. Les amas d’ordures sont toujours là, de plus en plus vastes, que je dois contourner. Le Déplaisant est également là. Je le contourne et pose mon sac derrière le comptoir sans lui demander l’autorisation. Si trois quarts d’heure plus tard je ne ressors pas bredouille, c’est grâce à Lettres à une jeune fille de Joë Bousquet (Grasset).
Dans la voiture Cinq du train de mon retour à Rouen, sans voisinage immédiat, je poursuis ma lecture de Fille de la campagne d’Edna O’Brien. Sur la couverture de ce Livre de Poche une photo d’elle jeune et jolie, la clope au bec. Ce sont ici ses souvenirs. Au détour d’une phrase sur un roman qu’elle lit au temps de sa jeunesse Seule, à Boulogne-sur-Mer, elle retrouve alors le fringant capitaine Levison, dont elle s’était jadis follement éprise., je me projette dans un avenir proche, du moins j’espère.
Je pourrais ensuite aller déjeuner comme à l’accoutumée chez Café Vigouroux car on n’y trouve pas d’écran accroché au mur (aucun risque que la tronche de Macron causant avec les journalistes ne puisse me couper l’appétit), mais cela fait longtemps que je n’ai pas mangé chinois (comme on dit). Aussi vais-je jusqu’à ce petit restaurant nommé China, rue de la Verrerie, avec buffet à volonté.
« No Limit », est-il écrit sur sa vitre. J’y ai dîné autrefois avec celles qui me tenaient la main, sans penser alors qu’un jour j’y serais seul. Le repas est à douze euros cinquante, la clientèle internationale et ouvrière. Trois fours à micro-ondes sont à disposition. Il faut être un bon stratège pour ne pas avoir à attendre son tour.
Mon addition réglée, je marche, pas loin, jusqu’au Book-Off de Saint-Martin et descends au sous-sol. Dans les livres à un euro, je fais ma recherche. On ne saurait confondre L’Attrape-cœurs et L’Arrache-cœur, Salinger avec Boris Vian, dis-je à deux jolies filles qui attribuent le second au premier. Finalement, elles désirent lire les deux mais, pas de chance pour elles, aucun n’est là. De mon côté, je remonte avec Les Boutiques de cannelle de Bruno Schultz (L’Etrangère / Gallimard) et trois livres à offrir.
Je rejoins avec le métro Quatorze et mes pieds (heureusement, il ne pleut plus guère), le Book-Off de Quatre Septembre. Les amas d’ordures sont toujours là, de plus en plus vastes, que je dois contourner. Le Déplaisant est également là. Je le contourne et pose mon sac derrière le comptoir sans lui demander l’autorisation. Si trois quarts d’heure plus tard je ne ressors pas bredouille, c’est grâce à Lettres à une jeune fille de Joë Bousquet (Grasset).
Dans la voiture Cinq du train de mon retour à Rouen, sans voisinage immédiat, je poursuis ma lecture de Fille de la campagne d’Edna O’Brien. Sur la couverture de ce Livre de Poche une photo d’elle jeune et jolie, la clope au bec. Ce sont ici ses souvenirs. Au détour d’une phrase sur un roman qu’elle lit au temps de sa jeunesse Seule, à Boulogne-sur-Mer, elle retrouve alors le fringant capitaine Levison, dont elle s’était jadis follement éprise., je me projette dans un avenir proche, du moins j’espère.
23 mars 2023
Sous le parapluie, je rejoins la Gare de Rouen ce mercredi. A l’arrivée, je le range dans le fourreau en plastique un peu déchiré qui m’a été remis il y a des années à New York à l’entrée du Mémorial du Onze Septembre (la pluie venait de cesser quand j’y arrivais) et le case dans mon sac à dos à un endroit où il ne fuitera pas sur mes futurs achats.
J’ai la chance de ne pas avoir de voisinage immédiat dans la voiture Trois du train de sept heures vingt-quatre pour Paris. J’ai pour compagnie Fille de la campagne d’Edna O’Brien et je ne suis pas le seul à lire. Peu avant Mantes-la-Jolie, je vois sur une petite usine une banderole qui rappelle que la retraite, c’est à soixante ans. Il ne pleut pas encore quand j’arrive dans la capitale.
Pour me donner une chance de parcourir le marché d’Aligre au sec, je délaisse le bus Vingt-Neuf au profit du métro. Par la Quatorze je rejoins Madeleine où je récupère la Huit. Au moment où les portes de ce Huit se ferment, un homme surgit en courant d’un couloir pour s’y engouffrer et renverse une femme sur le quai. Elle crie. « J’suis pressé », se justifie-t-il. Cela se passe dans mon dos. L’homme assis en face de moi, un immigré, commente : « Sauvage. Même en France. Il s’est même pas excusé. Il est dans le train. Sauvage. » Cette jeune femme, toute menue, va s’asseoir sur un siège coloré de la station. D’autres femmes l’entourent à qui elle fait signe que ça va. Elle pleure.
La rame restée à quai par la faute de ce blaireau finit par repartir. Il pleuviote quand je sors à Ledru-Rollin. Les deux marchands de livres ont installé les barnums. Chez Emile je trouve Charlotte Delbo Un témoin écrivain et dramaturge, ouvrage collectif sous la direction de Catherine Douzou et Jean-Paul Duffet, livre en français édité en Italie par l’Universtà degli Studi di Trento, dipartimento di Lettere e Filosofia, deux euros.
Je dois ressortir mon parapluie lorsque je rejoins Le Camélia pour un café comptoir. Dans Le Parisien du jour une écologiste dit que parfois Mélenchon fait sa Tatie Danielle.
Mon parapluie remballé, je rejoins Book-Off un peu plus haut juste avant son ouverture. Parmi les livres à un euro que je mets dans mon panier : Souvenirs d’Elisabeth Vigée Le Brun (Tallandier) et Ecris-moi vite et longuement Lettres à Véronique Campion de Françoise Sagan (Stock).
*
Dans les trains du mercredi, avant la Guerre du Covid, je voyais toujours des lecteurs du Canard Enchaîné. Désormais, plus aucun. Le volatile perd ses plumes.
J’ai la chance de ne pas avoir de voisinage immédiat dans la voiture Trois du train de sept heures vingt-quatre pour Paris. J’ai pour compagnie Fille de la campagne d’Edna O’Brien et je ne suis pas le seul à lire. Peu avant Mantes-la-Jolie, je vois sur une petite usine une banderole qui rappelle que la retraite, c’est à soixante ans. Il ne pleut pas encore quand j’arrive dans la capitale.
Pour me donner une chance de parcourir le marché d’Aligre au sec, je délaisse le bus Vingt-Neuf au profit du métro. Par la Quatorze je rejoins Madeleine où je récupère la Huit. Au moment où les portes de ce Huit se ferment, un homme surgit en courant d’un couloir pour s’y engouffrer et renverse une femme sur le quai. Elle crie. « J’suis pressé », se justifie-t-il. Cela se passe dans mon dos. L’homme assis en face de moi, un immigré, commente : « Sauvage. Même en France. Il s’est même pas excusé. Il est dans le train. Sauvage. » Cette jeune femme, toute menue, va s’asseoir sur un siège coloré de la station. D’autres femmes l’entourent à qui elle fait signe que ça va. Elle pleure.
La rame restée à quai par la faute de ce blaireau finit par repartir. Il pleuviote quand je sors à Ledru-Rollin. Les deux marchands de livres ont installé les barnums. Chez Emile je trouve Charlotte Delbo Un témoin écrivain et dramaturge, ouvrage collectif sous la direction de Catherine Douzou et Jean-Paul Duffet, livre en français édité en Italie par l’Universtà degli Studi di Trento, dipartimento di Lettere e Filosofia, deux euros.
Je dois ressortir mon parapluie lorsque je rejoins Le Camélia pour un café comptoir. Dans Le Parisien du jour une écologiste dit que parfois Mélenchon fait sa Tatie Danielle.
Mon parapluie remballé, je rejoins Book-Off un peu plus haut juste avant son ouverture. Parmi les livres à un euro que je mets dans mon panier : Souvenirs d’Elisabeth Vigée Le Brun (Tallandier) et Ecris-moi vite et longuement Lettres à Véronique Campion de Françoise Sagan (Stock).
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Dans les trains du mercredi, avant la Guerre du Covid, je voyais toujours des lecteurs du Canard Enchaîné. Désormais, plus aucun. Le volatile perd ses plumes.
21 mars 2023
Pas question de saluer l’arrivée du printemps par un café en terrasse, il fait ce lundi bien gris. La couleur du temps est à l’image de l’ambiance morose qui règne sur le pays.
Peu avant dix-neuf heures tombe le résultat de la motion de censure visant le gouvernement d’Elisabeth Borne. Elle en réchappe à neuf voix près. Peu après j’entends de mon logis les cris des mécontent(e)s qui manifestent dans les rues de Rouen.
Macron a gagné mais dans quel état. Tout comme Sarkozy et Hollande avant lui, il est rejeté par une grosse majorité des Français(e)s. Les deux premiers étaient à la fin de leur mandat quand ils ne pouvaient plus mettre un pied dehors sans un gros déploiement policier. Lui a encore quatre ans à faire. Il n’a pas fini de souffrir.
Prochaine étape : l’avis du Conseil Constitutionnel. Peu de chance que cette loi soit retoquée dans son ensemble. En revanche, certains des amendements acceptés dans l’espoir d’obtenir l’approbation de Les Républicains vont sans doute l’être. Ce qui réjouira Macron et ses affidés, car ils coûtent bonbon.
*
L’addition :
Désordre créé par Macron avec son recul de l’âge de la retraite = davantage de voix pour Le Pen.
Désordre créé par les simagrées de La France Insoumise à l’Assemblée Nationale = davantage de voix pour Le Pen.
Désordre créé par la division de Les Républicains entre pour et contre la loi Macron = davantage de voix pour Le Pen.
Désordre créé dans la rue par l’Armée Noire et autres excités = davantage de voix pour Le Pen.
Total = davantage de voix pour Le Pen.
Peu avant dix-neuf heures tombe le résultat de la motion de censure visant le gouvernement d’Elisabeth Borne. Elle en réchappe à neuf voix près. Peu après j’entends de mon logis les cris des mécontent(e)s qui manifestent dans les rues de Rouen.
Macron a gagné mais dans quel état. Tout comme Sarkozy et Hollande avant lui, il est rejeté par une grosse majorité des Français(e)s. Les deux premiers étaient à la fin de leur mandat quand ils ne pouvaient plus mettre un pied dehors sans un gros déploiement policier. Lui a encore quatre ans à faire. Il n’a pas fini de souffrir.
Prochaine étape : l’avis du Conseil Constitutionnel. Peu de chance que cette loi soit retoquée dans son ensemble. En revanche, certains des amendements acceptés dans l’espoir d’obtenir l’approbation de Les Républicains vont sans doute l’être. Ce qui réjouira Macron et ses affidés, car ils coûtent bonbon.
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L’addition :
Désordre créé par Macron avec son recul de l’âge de la retraite = davantage de voix pour Le Pen.
Désordre créé par les simagrées de La France Insoumise à l’Assemblée Nationale = davantage de voix pour Le Pen.
Désordre créé par la division de Les Républicains entre pour et contre la loi Macron = davantage de voix pour Le Pen.
Désordre créé dans la rue par l’Armée Noire et autres excités = davantage de voix pour Le Pen.
Total = davantage de voix pour Le Pen.
18 mars 2023
Du soleil ce jeudi vers treize heures et une température suffisamment douce pour tenter le premier café en terrasse de l’année deux mille vingt-trois. Je mets le cap sur celle du Sacre. Elle est balayée par un léger vent frais. Qu’importe, je m’y installe pour terminer ma lecture d’après-midi : Cave de Thomas Clerc. Autour de moi sont des jeunes gens qui picolent un peu. C’est un des signes distinctifs de l’endroit.
J’ai en face la vitre du défunt Rêve de l’Escalier décorée après fermeture par Gaspard Lieb, artiste de rue. Son dessin est partiellement recouvert par une affiche autocollante appelant à la location de ce local commercial. Depuis un peu plus d’un mois et demi que cette case est vide, elle ne semble séduire personne. Question de loyer demandé peut-être.
Peu à peu la terrasse se vide, la faute au ciel qui se voile. Moi-même, sitôt arrivé à l’extrémité de Cave, je remballe mes affaires et entre payer en évitant de me faire transpercer par les fléchettes que lancent vers la cible une femme et un homme qui n’en sont pas à leur premier verre. Un euro cinquante le café, comme l’an passé.
Rentré, j’apprends que ce pétochard de Macron a obligé sa Première Ministre à faire usage du Quarante-Neuf Trois pour l’adoption de son texte reculant l’âge de la retraite que refuse une grosse majorité de la population. Cette contre-réforme est adoptée sous sa forme engraissée par les amendements de certains Les Républicains. En conséquence, le mécontentement des opposant(e)s monte d’un cran.
Le soir venu, des violences ont lieu dans certaines villes. Sur une affiche, je ne sais où, « Macron fumier, on va te composter ».
*
Etrange livre que Cave de Thomas Clerc. Ayant découvert que dans Intérieur, sa description méticuleuse de l’appartement parisien qu’il allait quitter, il avait oublié la cave, il y descend. C’est le point du départ d’un délire contrôlé sur sa vie sexuelle qui laisse à désirer et sur ses fantasmes. Mon intérêt fut relatif, ma lecture en diagonale. Ce livre que j’étais content d’avoir acheté deux euros au Marché d’Aligre m’a globalement déçu.
Quand même, par deux fois, page cent trente-cinq et page deux cent cinquante et un, l’évocation de son ami Edouard Levé.
Et ceci :
Dans le porno, l’homme ne conquiert jamais ; il a son manger tout prêt.
Le corps des filles est à tomber, mais accessible à d’aberrantes conditions, à certaines heures, comme les musées italiens.
J’ai en face la vitre du défunt Rêve de l’Escalier décorée après fermeture par Gaspard Lieb, artiste de rue. Son dessin est partiellement recouvert par une affiche autocollante appelant à la location de ce local commercial. Depuis un peu plus d’un mois et demi que cette case est vide, elle ne semble séduire personne. Question de loyer demandé peut-être.
Peu à peu la terrasse se vide, la faute au ciel qui se voile. Moi-même, sitôt arrivé à l’extrémité de Cave, je remballe mes affaires et entre payer en évitant de me faire transpercer par les fléchettes que lancent vers la cible une femme et un homme qui n’en sont pas à leur premier verre. Un euro cinquante le café, comme l’an passé.
Rentré, j’apprends que ce pétochard de Macron a obligé sa Première Ministre à faire usage du Quarante-Neuf Trois pour l’adoption de son texte reculant l’âge de la retraite que refuse une grosse majorité de la population. Cette contre-réforme est adoptée sous sa forme engraissée par les amendements de certains Les Républicains. En conséquence, le mécontentement des opposant(e)s monte d’un cran.
Le soir venu, des violences ont lieu dans certaines villes. Sur une affiche, je ne sais où, « Macron fumier, on va te composter ».
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Etrange livre que Cave de Thomas Clerc. Ayant découvert que dans Intérieur, sa description méticuleuse de l’appartement parisien qu’il allait quitter, il avait oublié la cave, il y descend. C’est le point du départ d’un délire contrôlé sur sa vie sexuelle qui laisse à désirer et sur ses fantasmes. Mon intérêt fut relatif, ma lecture en diagonale. Ce livre que j’étais content d’avoir acheté deux euros au Marché d’Aligre m’a globalement déçu.
Quand même, par deux fois, page cent trente-cinq et page deux cent cinquante et un, l’évocation de son ami Edouard Levé.
Et ceci :
Dans le porno, l’homme ne conquiert jamais ; il a son manger tout prêt.
Le corps des filles est à tomber, mais accessible à d’aberrantes conditions, à certaines heures, comme les musées italiens.
17 mars 2023
A midi pile, je suis au restaurant Chez Vigouroux. Dans la formule entrée plat, je choisis le potage de carottes et la cuisse de canard à l’orange pommes grenaille. Tout cela fort bon et mangé avec en fond sonore une musique classique passe-partout.
Mes treize euros cinquante payés, je rejoins le Book-Off de Saint-Martin. Au sous-sol je trouve à un euro George Sand et Solange, mère et fille (avec des lettres de cette dernière) de Bernadette Chovelon (Christian Pirot), Autobiographie (en vers) de William Cliff (La Petite Vermillon) et Albert Londres en terre d’ébène (avec les photos de nus aujourd’hui décriées prises par ce dernier) de Didier Folléas (Arléa).
Un peu plus tard, après avoir croisé un convoi de véhicules blancs de la Police fonçant vers un supposé désordre dans la manifestation du jour qui va d’Invalides à Place d’Italie, j’arrive au Book-Off de Quatre Septembre. Le Déplaisant est là. Comme il bricole dans les rayonnages, j’obtiens de l’employée aux yeux très maquillés la permission de poser mon sac derrière. Encore une fois j’ai peu de réussite dans cette troisième boutique, n’évitant d’être bredouille que grâce à Suicide d’artiste de Ben Vautier (L’esprit du temps).
Après avoir donné mon euro, je récupère mon sac, déplacé par le Déplaisant, puis rejoins Saint-Lazare. Le seize heures quarante est à quai. J’y trouve une place sans voisinage immédiat et y termine ma lecture du jour : Sous le viaduc de Leïla Sebbar, journal d’observation de la vie de son quartier entre deux mille dix et treize, essentiellement celle d’un couple sans abri (c’est sous-titré Une histoire d’amour) boulevard Blanqui, là où étaient les locaux du Monde. Une narration sans affect, purement descriptive, c’est ce qui fait pour moi son intérêt.
*
Sous le viaduc de Leïla Sebbar a été publié en deux mille dix-huit chez Bleu autour. Je ne saurai jamais qui est le Philippe qui s’est débarrassé de l’exemplaire que l’auteure lui avait signé, trouvé par moi chez Book-Off à un euro.
Dix septembre deux mille onze :
Vide-grenier sous le viaduc.
Plus de matelas pour Elle et Lui.
La foule monte et descend, reniflant les vieilleries des voisins voisines comme les chiens reniflent le cul des bêtes de leur espèce.
Mes treize euros cinquante payés, je rejoins le Book-Off de Saint-Martin. Au sous-sol je trouve à un euro George Sand et Solange, mère et fille (avec des lettres de cette dernière) de Bernadette Chovelon (Christian Pirot), Autobiographie (en vers) de William Cliff (La Petite Vermillon) et Albert Londres en terre d’ébène (avec les photos de nus aujourd’hui décriées prises par ce dernier) de Didier Folléas (Arléa).
Un peu plus tard, après avoir croisé un convoi de véhicules blancs de la Police fonçant vers un supposé désordre dans la manifestation du jour qui va d’Invalides à Place d’Italie, j’arrive au Book-Off de Quatre Septembre. Le Déplaisant est là. Comme il bricole dans les rayonnages, j’obtiens de l’employée aux yeux très maquillés la permission de poser mon sac derrière. Encore une fois j’ai peu de réussite dans cette troisième boutique, n’évitant d’être bredouille que grâce à Suicide d’artiste de Ben Vautier (L’esprit du temps).
Après avoir donné mon euro, je récupère mon sac, déplacé par le Déplaisant, puis rejoins Saint-Lazare. Le seize heures quarante est à quai. J’y trouve une place sans voisinage immédiat et y termine ma lecture du jour : Sous le viaduc de Leïla Sebbar, journal d’observation de la vie de son quartier entre deux mille dix et treize, essentiellement celle d’un couple sans abri (c’est sous-titré Une histoire d’amour) boulevard Blanqui, là où étaient les locaux du Monde. Une narration sans affect, purement descriptive, c’est ce qui fait pour moi son intérêt.
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Sous le viaduc de Leïla Sebbar a été publié en deux mille dix-huit chez Bleu autour. Je ne saurai jamais qui est le Philippe qui s’est débarrassé de l’exemplaire que l’auteure lui avait signé, trouvé par moi chez Book-Off à un euro.
Dix septembre deux mille onze :
Vide-grenier sous le viaduc.
Plus de matelas pour Elle et Lui.
La foule monte et descend, reniflant les vieilleries des voisins voisines comme les chiens reniflent le cul des bêtes de leur espèce.
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