Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
23 mai 2023
Cette histoire à Val-de-Reuil d’élève handicapée âgée de onze ans que son enseignant ne peut garder à plein temps dans sa classe en raison de ses crises de violence et dont la mère, qui refuse cette situation, crie au racisme sur les réseaux sociaux parce qu’elle et sa fille sont noires, des millions de vues sur Tik Tok, d’où un flot d’insultes et de menaces de mort sur les enseignant(e)s et sur le Maire. Résultat, la directrice et l’enseignant de cette élève sont en congé maladie et tous les autres enseignant(e)s de l’élémentaire et de la maternelle en grève ce lundi en soutien à leurs deux collègues. Ça se passe à l’Ecole du Pivollet où j’ai enseigné quatre ans à la maternelle, dont deux ans comme directeur. C’était autrefois heureusement, avant l’intégration à tout prix et avant les réseaux sociaux.
Juste avant mon arrivée au Pivollet, c’était ma dernière année dans la classe unique de l’Ecole du Bec-Hellouin. Fin juin, je vis arriver un couple avec une enfant agitée. C’est mon inspecteur qui les envoyait pour voir si j’accepterais cette enfant dans ma classe car on n’en voulait pas là où ils habitaient. Durant notre conversation, cette enfant se roulait pas terre en poussant des cris. Combien j’ai été content de leur dire que je m’en allais.
*
Finalement, le Rectorat a décidé le retour de l’enfant dans sa classe du Pivollet, accompagnée personnellement et en permanence de deux enseignants spécialisés et d’une auxiliaire de vie. Trois adultes pour une seule élève. Elle en a des moyens l’Education Nationale, de quoi se plaint-on ?
*
Ce qui s’appelle : céder aux menaces.
Juste avant mon arrivée au Pivollet, c’était ma dernière année dans la classe unique de l’Ecole du Bec-Hellouin. Fin juin, je vis arriver un couple avec une enfant agitée. C’est mon inspecteur qui les envoyait pour voir si j’accepterais cette enfant dans ma classe car on n’en voulait pas là où ils habitaient. Durant notre conversation, cette enfant se roulait pas terre en poussant des cris. Combien j’ai été content de leur dire que je m’en allais.
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Finalement, le Rectorat a décidé le retour de l’enfant dans sa classe du Pivollet, accompagnée personnellement et en permanence de deux enseignants spécialisés et d’une auxiliaire de vie. Trois adultes pour une seule élève. Elle en a des moyens l’Education Nationale, de quoi se plaint-on ?
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Ce qui s’appelle : céder aux menaces.
22 mai 2023
Ce samedi, il fait beau et le bus est gratuit. Je me risque une nouvelle fois à Elbeuf dont le Champ de Foire accueille encore un vide grenier. Il est sept heures lorsque je quitte Rouen. Nous ne sommes que deux passagers. Que de belles villas en chemin. Il n’y a pas que des pauvres sur la rive gauche. Je n’avais pas remarqué qu’il est écrit Petit-Quevilly et Grand-Quevilly sur les panneaux indicateurs, et non pas Le Petit-Quevilly et Le Grand-Quevilly. Le Grand-Bornand échappe à cette amputation.
Pauvres, les exposant(e)s du Champ de Foire le sont pour la plupart. Encore une fois, parmi les quelques livres visibles, rien n’est pour moi.
J’ai peu à attendre le bus de retour. J’en descends place Saint-Sever et entre dans le centre commercial à huit heures et demie, juste pour l’ouverture d’Action. Pour vingt-quatre euros quatre-vingt-quinze, je m’y procure une valise cabine noire qui je l’espère tiendra le coup.
Le métro me conduit rive droite. Place de la Cathédrale, deux moyenâgeux s’adressent à moi pour trouver l’Historial Jeanne d’Arc. Je les renseigne en résistant à l’envie de me moquer.
*
A la terrasse du Sacre, où je viens d’arriver après un passage à celle du Son du Cor, un voisin de table m’interpelle :
-Vous êtes comme moi, vous aimez lire dans les cafés. J’étais déjà à côté de vous au Son du Cor.
-Ah oui, me contenté-je de répondre avant de replonger dans mon livre pour le dissuader de poursuivre.
Déjà, il aurait dû dire « Je suis comme vous » et non pas « Vous êtes comme moi ». De plus, il faudrait qu’il lise. Là-bas, il tripotait son ordinateur. Ici, il branle son smartphone.
*
Au même endroit, un peu plus tard, s’assoient à ma droite deux barbus, dont l’un au moins est prof. Ils se réjouissent que celles avec qui ils vivent se rapprochent peu à peu de l’islâm. Ils sont d’accord : surtout ne pas les brusquer, se contenter de répondre à leurs questions et un jour elles y viendront.
Quand ils ont terminé leur sirop à l’eau, l’un dit à l’autre : « On va marcher un peu, frère ? ».
Bon débarras.
*
Je termine la lecture des Dépossédés de Robert McLiam Wilson et Donovan Wylie, livre acheté au vide grenier de la rue Pierre Mac Orlan. Le premier avait vingt-huit ans quand il fit cette étude de l’exclusion par la pauvreté à Londres, Glasgow et Belfast, le second dix-huit ans quand il en fit les photos.
Ceci :
Lorsqu’on est pauvre, on ressent apparemment un irrésistible désir de prospérité émotionnelle à travers le mariage.
Pauvres, les exposant(e)s du Champ de Foire le sont pour la plupart. Encore une fois, parmi les quelques livres visibles, rien n’est pour moi.
J’ai peu à attendre le bus de retour. J’en descends place Saint-Sever et entre dans le centre commercial à huit heures et demie, juste pour l’ouverture d’Action. Pour vingt-quatre euros quatre-vingt-quinze, je m’y procure une valise cabine noire qui je l’espère tiendra le coup.
Le métro me conduit rive droite. Place de la Cathédrale, deux moyenâgeux s’adressent à moi pour trouver l’Historial Jeanne d’Arc. Je les renseigne en résistant à l’envie de me moquer.
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A la terrasse du Sacre, où je viens d’arriver après un passage à celle du Son du Cor, un voisin de table m’interpelle :
-Vous êtes comme moi, vous aimez lire dans les cafés. J’étais déjà à côté de vous au Son du Cor.
-Ah oui, me contenté-je de répondre avant de replonger dans mon livre pour le dissuader de poursuivre.
Déjà, il aurait dû dire « Je suis comme vous » et non pas « Vous êtes comme moi ». De plus, il faudrait qu’il lise. Là-bas, il tripotait son ordinateur. Ici, il branle son smartphone.
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Au même endroit, un peu plus tard, s’assoient à ma droite deux barbus, dont l’un au moins est prof. Ils se réjouissent que celles avec qui ils vivent se rapprochent peu à peu de l’islâm. Ils sont d’accord : surtout ne pas les brusquer, se contenter de répondre à leurs questions et un jour elles y viendront.
Quand ils ont terminé leur sirop à l’eau, l’un dit à l’autre : « On va marcher un peu, frère ? ».
Bon débarras.
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Je termine la lecture des Dépossédés de Robert McLiam Wilson et Donovan Wylie, livre acheté au vide grenier de la rue Pierre Mac Orlan. Le premier avait vingt-huit ans quand il fit cette étude de l’exclusion par la pauvreté à Londres, Glasgow et Belfast, le second dix-huit ans quand il en fit les photos.
Ceci :
Lorsqu’on est pauvre, on ressent apparemment un irrésistible désir de prospérité émotionnelle à travers le mariage.
20 mai 2023
Ce jeudi d’Ascension, vers sept heures, je suis le seul à attendre le métro, direction Georges Braque, à la station Palais de Justice Gisèle Halimi. Un quart d’heure plus tard, il arrive. En cours de route montent des femmes à foulard et à chariot qui vont au même endroit que moi. Nous descendons à J.F. Kennedy, commune du Grand-Quevilly.
Le vide grenier n’est pas loin, avenue des Provinces. Bien organisé, il dispose ses exposant(e)s en six rangées parallèles sur toute la longueur de l’avenue. Je parcours donc celle-ci six fois, pas surpris de voir un peu partout les livres de Lévy Musso Bussi.
Dans l’excroissance qui mène au Théâtre Charles Dullin, je trouve un coffret Babel Actes Sud contenant trois livres de Théodore Monod. Comme sa vendeuse me le propose à un euro, je le prends. Ce qui me permet de ne pas revenir bredouille à Rouen après avoir attendu le métro un quart d’heure.
*
Nous sommes le trente mai mil quatre cent trente et un, Jeanne d’Arc entend une dernière fois la voix de Saint Michel : « Sois courageuse, Jeanne, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Songe que grâce à ton martyre, les Rouennais pourront faire la fête pendant trois jours en deux mille vingt-trois. »
Effectivement on s’amuse bien : marché médiéval, spectacles de compagnies médiévales et fantastiques, parades et animations pour les enfants, danses médiévales, expositions, musique, théâtre, contes étranges et empreints de mystère…
A voir tous ces barnums installés sur les différentes places du village, je constate que ces Fêtes Jeanne d’Arc sont également un bel hommage au plastique.
*
Ce jeudi d’Ascension n’est pas un jour de repos pour les ouvriers d’origine étrangère qui font du bruit dans l’appartement en travaux contigu au mien. Leur camionnette, immatriculée dans le Rhône, ne porte pas de nom d’entreprise.
Le vide grenier n’est pas loin, avenue des Provinces. Bien organisé, il dispose ses exposant(e)s en six rangées parallèles sur toute la longueur de l’avenue. Je parcours donc celle-ci six fois, pas surpris de voir un peu partout les livres de Lévy Musso Bussi.
Dans l’excroissance qui mène au Théâtre Charles Dullin, je trouve un coffret Babel Actes Sud contenant trois livres de Théodore Monod. Comme sa vendeuse me le propose à un euro, je le prends. Ce qui me permet de ne pas revenir bredouille à Rouen après avoir attendu le métro un quart d’heure.
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Nous sommes le trente mai mil quatre cent trente et un, Jeanne d’Arc entend une dernière fois la voix de Saint Michel : « Sois courageuse, Jeanne, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Songe que grâce à ton martyre, les Rouennais pourront faire la fête pendant trois jours en deux mille vingt-trois. »
Effectivement on s’amuse bien : marché médiéval, spectacles de compagnies médiévales et fantastiques, parades et animations pour les enfants, danses médiévales, expositions, musique, théâtre, contes étranges et empreints de mystère…
A voir tous ces barnums installés sur les différentes places du village, je constate que ces Fêtes Jeanne d’Arc sont également un bel hommage au plastique.
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Ce jeudi d’Ascension n’est pas un jour de repos pour les ouvriers d’origine étrangère qui font du bruit dans l’appartement en travaux contigu au mien. Leur camionnette, immatriculée dans le Rhône, ne porte pas de nom d’entreprise.
19 mai 2023
La bonne foi n’étant pas exclue, le patron du Café de Rouen pouvant réellement penser être dans son droit en facturant le verre d’eau dans son établissement, je vais le voir avant d’alerter les autorités, ce mercredi après-midi, pour lui dire que depuis le premier janvier deux mille vingt-deux, le Code de l'Environnement stipule que « Les établissements de restauration et débits de boisson sont tenus d'indiquer de manière visible sur leur carte ou sur un espace d'affichage la possibilité pour les consommateurs de demander de l'eau potable gratuite. ».
Il ne veut pas entendre parler de ça. Ses avocats lui ont dit qu’il avait le droit de faire payer le verre d’eau. Donc il est dans son droit. Il s’énerve un peu, me disant que celui qui prend un café avec un verre d’eau va aussi aller aux toilettes et c’est sept litres d’eau à chaque fois. Celui qui prend un café sans verre d’eau y va aussi, ne lui dis-je pas.
« Pourquoi ne mettez-vous pas le café à un euro quatre-vingts comme c’était le cas avant avec l’ancien gérant ? », lui demandé-je. Il ne veut pas faire payer celui qui ne prend pas le verre d’eau. Je lui propose encore une fois de lire l’article du Code de l’Environnement. Il ne veut pas. « Dans ce cas, je vais avertir le service de répression des fraudes », lui dis-je. « Vous avez du temps à perdre. Vous ne devez pas savoir quoi faire dans la vie », me dit-il. « C’est ça », lui dis-je.
Il conclut en me conseillant d’aller boire mon café ailleurs.
Il ne veut pas entendre parler de ça. Ses avocats lui ont dit qu’il avait le droit de faire payer le verre d’eau. Donc il est dans son droit. Il s’énerve un peu, me disant que celui qui prend un café avec un verre d’eau va aussi aller aux toilettes et c’est sept litres d’eau à chaque fois. Celui qui prend un café sans verre d’eau y va aussi, ne lui dis-je pas.
« Pourquoi ne mettez-vous pas le café à un euro quatre-vingts comme c’était le cas avant avec l’ancien gérant ? », lui demandé-je. Il ne veut pas faire payer celui qui ne prend pas le verre d’eau. Je lui propose encore une fois de lire l’article du Code de l’Environnement. Il ne veut pas. « Dans ce cas, je vais avertir le service de répression des fraudes », lui dis-je. « Vous avez du temps à perdre. Vous ne devez pas savoir quoi faire dans la vie », me dit-il. « C’est ça », lui dis-je.
Il conclut en me conseillant d’aller boire mon café ailleurs.
18 mai 2023
En raison de l’Ascension et du prix des billets de train qu’elle engendre, c’est ce mardi que je vais à Paris. La capitale est encombrée à mon arrivée. Le bus Vingt-Neuf se traîne. Arrivé place de la Bastille, un dernier blocage par la Police, c’est qu’arrivent les chevaux de la Garde Républicaine.
Au Marché d’Aligre, les livres du principal vendeur sont à un euro mais ceux qui m’intéressent sont sales ou abîmés. Des défauts qu’on ne peut trouver chez Book-Off. De celui de Ledru-Rollin, je ressors avec un livre à un euro : Journal de Julie Manet, fille de Berthe Morisot et d’Eugène Manet (Le Temps Retrouvé / Mercure de France).
A midi, pour déjeuner, je renoue avec Chez Vigouroux. « Je vous préviens, le tarif a augmenté », m’annonce le principal serveur. En effet, la formule entrée plat du jour est passée de treize euros cinquante à quinze euros cinquante. « On a été matraqué par nos fournisseurs ». Ce n’est pas tout, les autres plats ne peuvent plus entrer dans la formule, sauf à payer un supplément de quatre euros. Dix-neuf euros cinquante au lieu de treize euros cinquante, cela fait presque cinquante pour cent d’augmentation. Je me contente du potage du jour et du plat de jour, un émincé de poulet.
Au Book-Off de Saint-Martin, parmi les livres à un euro, je trouve l’énorme Lettres à Bettine de Vivant Denon (Actes Sud).
Enfin, à celui de Quatre Septembre, je mets la main sur Mémoires d’un chef de la Police de Sûreté sous le second Empire de Monsieur Claude. « Offert pour l’achat de deux livres de la collection Texto. Ne peut être vendu », est-il noté en quatrième de couverture. Je le paie un euro.
Pour raison de prix de billet, je rentre avec le train de dix-sept heures cinquante, ce qui me laisse le temps, à la terrasse du Bistrot d’Edmond, après un café à deux euros cinquante (verre d’eau gratuit), de lire Carnet d’adresses de Didier Blonde, un ouvrage composé à partir du répertoire dans lequel l’auteur note les adresses des personnages des romans qu’il lit. Ça se passe à Paris.
*
La conductrice du bus Vingt-Neuf : « Je vous rappelle qu’on dévie le Marais ».
*
Dans les toilettes publiques, place de la Bastille : « La police est la chienne de la bourgeoisie. Tuez les flics. Brûlez Macron ».
*
Au Book-Off de Ledru-Rollin, une vieille qui ne sait pas se servir de sa carte bancaire la confie à un employé : « Mon code : soixante-huit treize, y a qu’à vous que je le donne ».
*
Près de Chez Vigouroux, foule et vigiles devant le Metallica Pop-Store, boutique éphémère créée pour les deux concerts du groupe à Paris. La fanitude.
*
Chez Vigouroux.
Le serveur principal, énervé : « Ces touristes qui prennent le petit-déjeuner à midi, ça commence à bien faire ! ».
Une nouvelle serveuse : veste ample sur crop top, pantalon effrangé. Un nouveau serveur : maillot du Messi, pantalon style baggy. Rien à faire ensemble, à part travailler.
*
Au Book-Off de Saint-Martin, un vendeur à propos des livres qu’on ne veut pas lui prendre : « Je vais les mettre dans une boîte à livres ».
-Pas dans le quartier s’il vous plaît, sinon on va nous les rapporter dans une heure.
*
Au Book-Off de Quatre Septembre : Le Bébé de Marie Darrieussecq (Pol) au rayon Grossesse Puériculture.
Au Marché d’Aligre, les livres du principal vendeur sont à un euro mais ceux qui m’intéressent sont sales ou abîmés. Des défauts qu’on ne peut trouver chez Book-Off. De celui de Ledru-Rollin, je ressors avec un livre à un euro : Journal de Julie Manet, fille de Berthe Morisot et d’Eugène Manet (Le Temps Retrouvé / Mercure de France).
A midi, pour déjeuner, je renoue avec Chez Vigouroux. « Je vous préviens, le tarif a augmenté », m’annonce le principal serveur. En effet, la formule entrée plat du jour est passée de treize euros cinquante à quinze euros cinquante. « On a été matraqué par nos fournisseurs ». Ce n’est pas tout, les autres plats ne peuvent plus entrer dans la formule, sauf à payer un supplément de quatre euros. Dix-neuf euros cinquante au lieu de treize euros cinquante, cela fait presque cinquante pour cent d’augmentation. Je me contente du potage du jour et du plat de jour, un émincé de poulet.
Au Book-Off de Saint-Martin, parmi les livres à un euro, je trouve l’énorme Lettres à Bettine de Vivant Denon (Actes Sud).
Enfin, à celui de Quatre Septembre, je mets la main sur Mémoires d’un chef de la Police de Sûreté sous le second Empire de Monsieur Claude. « Offert pour l’achat de deux livres de la collection Texto. Ne peut être vendu », est-il noté en quatrième de couverture. Je le paie un euro.
Pour raison de prix de billet, je rentre avec le train de dix-sept heures cinquante, ce qui me laisse le temps, à la terrasse du Bistrot d’Edmond, après un café à deux euros cinquante (verre d’eau gratuit), de lire Carnet d’adresses de Didier Blonde, un ouvrage composé à partir du répertoire dans lequel l’auteur note les adresses des personnages des romans qu’il lit. Ça se passe à Paris.
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La conductrice du bus Vingt-Neuf : « Je vous rappelle qu’on dévie le Marais ».
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Dans les toilettes publiques, place de la Bastille : « La police est la chienne de la bourgeoisie. Tuez les flics. Brûlez Macron ».
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Au Book-Off de Ledru-Rollin, une vieille qui ne sait pas se servir de sa carte bancaire la confie à un employé : « Mon code : soixante-huit treize, y a qu’à vous que je le donne ».
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Près de Chez Vigouroux, foule et vigiles devant le Metallica Pop-Store, boutique éphémère créée pour les deux concerts du groupe à Paris. La fanitude.
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Chez Vigouroux.
Le serveur principal, énervé : « Ces touristes qui prennent le petit-déjeuner à midi, ça commence à bien faire ! ».
Une nouvelle serveuse : veste ample sur crop top, pantalon effrangé. Un nouveau serveur : maillot du Messi, pantalon style baggy. Rien à faire ensemble, à part travailler.
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Au Book-Off de Saint-Martin, un vendeur à propos des livres qu’on ne veut pas lui prendre : « Je vais les mettre dans une boîte à livres ».
-Pas dans le quartier s’il vous plaît, sinon on va nous les rapporter dans une heure.
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Au Book-Off de Quatre Septembre : Le Bébé de Marie Darrieussecq (Pol) au rayon Grossesse Puériculture.
17 mai 2023
La semaine dernière arrivant au cabinet médical où je devais consulter la remplaçante de mon médecin traitant, j’apprends de la secrétaire remplaçante que celui-ci revient dès le lundi suivant. Aussi je reporte mon rendez-vous à ce lundi dix heures trente.
Ce n’est pas que je pense cette remplaçante incompétente mais c’est lui (avec l’urologue) qui m’a prescrit le traitement rendu nécessaire par mes envies d’uriner trop fréquentes et je me pose des questions après avoir lu les notices des trois médicaments sur leur possibles effets néfastes pour mon glaucome et ma cataracte.
Quand il me reçoit ce lundi matin, je lui explique mes inquiétudes. Il a tôt fait de me rassurer. Je lui parle aussi de ma dernière prise de sang, s’agissant du diabète et du cholestérol qui dépassent un peu la norme. Là aussi il est rassurant.
-Je vais prendre votre tension et écouter votre cœur, me dit-il.
La première est normale, treize huit, c’est habituel. « Parfait », me dit-il pour le second. Il battait la breloque il y a quelques mois. Je ne juge pas utile de le lui rappeler. Il me fait ensuite monter sur la balance. Je crains le pire après ma cure de nourriture du Pas-de-Calais. Que non, deux kilos de moins que la dernière fois.
Enfin, il me fait une ordonnance pour une analyse de sang complète vers la fin de l’année. « Pour le Péhessa, on arrêtera quand vous aurez soixante-quinze ans. » « Si je suis encore vivant. »
Après l’avoir remercié et salué, je paie les vingt-cinq euros à la secrétaire. Redescendant vers chez moi par les petites rues qui conduisent au Jardin de l’Hôtel de Ville, je me dis que cela fait longtemps que je ne suis ressorti de chez le médecin moins inquiet que lorsque j’y suis entré. Sans doute est-ce aussi arrivé à d’autres qui, contrairement à toute attente, moururent une semaine plus tard.
*
Reçu le dix mai, un mail de Signal Conso, s’agissant de mon signalement du restaurant Au Vieux Port d’Etaples-sur-Mer pour refus de me servir une carafe d’eau avec mon repas :
« L'entreprise a pris connaissance de votre signalement aujourd'hui.
Si elle propose une solution ou corrige le problème, vous recevrez un email.
Pour information, les enquêteurs de la répression des fraudes ont également bien reçu votre signalement. »
*
Pour ce qui est du verre d’eau gratuit avec un café, que ne veut plus fournir le Café de Rouen, il semble que la loi ait changé en deux mille vingt-deux. C’est au sein d’un article un peu foutraque du Code de l'Environnement que me signale un fidèle lecteur.
« Les établissements de restauration et débits de boisson sont tenus d'indiquer de manière visible sur leur carte ou sur un espace d'affichage la possibilité pour les consommateurs de demander de l'eau potable gratuite. Ces établissements doivent donner accès à leurs clients à une eau potable fraîche ou tempérée, correspondant à un usage de boisson. ».
Je vais signaler ça au Café de Rouen et s’il ne renonce pas au verre d’eau payant, je saisirai la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes.
Ce n’est pas que je pense cette remplaçante incompétente mais c’est lui (avec l’urologue) qui m’a prescrit le traitement rendu nécessaire par mes envies d’uriner trop fréquentes et je me pose des questions après avoir lu les notices des trois médicaments sur leur possibles effets néfastes pour mon glaucome et ma cataracte.
Quand il me reçoit ce lundi matin, je lui explique mes inquiétudes. Il a tôt fait de me rassurer. Je lui parle aussi de ma dernière prise de sang, s’agissant du diabète et du cholestérol qui dépassent un peu la norme. Là aussi il est rassurant.
-Je vais prendre votre tension et écouter votre cœur, me dit-il.
La première est normale, treize huit, c’est habituel. « Parfait », me dit-il pour le second. Il battait la breloque il y a quelques mois. Je ne juge pas utile de le lui rappeler. Il me fait ensuite monter sur la balance. Je crains le pire après ma cure de nourriture du Pas-de-Calais. Que non, deux kilos de moins que la dernière fois.
Enfin, il me fait une ordonnance pour une analyse de sang complète vers la fin de l’année. « Pour le Péhessa, on arrêtera quand vous aurez soixante-quinze ans. » « Si je suis encore vivant. »
Après l’avoir remercié et salué, je paie les vingt-cinq euros à la secrétaire. Redescendant vers chez moi par les petites rues qui conduisent au Jardin de l’Hôtel de Ville, je me dis que cela fait longtemps que je ne suis ressorti de chez le médecin moins inquiet que lorsque j’y suis entré. Sans doute est-ce aussi arrivé à d’autres qui, contrairement à toute attente, moururent une semaine plus tard.
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Reçu le dix mai, un mail de Signal Conso, s’agissant de mon signalement du restaurant Au Vieux Port d’Etaples-sur-Mer pour refus de me servir une carafe d’eau avec mon repas :
« L'entreprise a pris connaissance de votre signalement aujourd'hui.
Si elle propose une solution ou corrige le problème, vous recevrez un email.
Pour information, les enquêteurs de la répression des fraudes ont également bien reçu votre signalement. »
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Pour ce qui est du verre d’eau gratuit avec un café, que ne veut plus fournir le Café de Rouen, il semble que la loi ait changé en deux mille vingt-deux. C’est au sein d’un article un peu foutraque du Code de l'Environnement que me signale un fidèle lecteur.
« Les établissements de restauration et débits de boisson sont tenus d'indiquer de manière visible sur leur carte ou sur un espace d'affichage la possibilité pour les consommateurs de demander de l'eau potable gratuite. Ces établissements doivent donner accès à leurs clients à une eau potable fraîche ou tempérée, correspondant à un usage de boisson. ».
Je vais signaler ça au Café de Rouen et s’il ne renonce pas au verre d’eau payant, je saisirai la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes.
15 mai 2023
Dès sept heures, je me pointe ce dimanche rue du Gros Horloge pour le vide grenier organisé dans celle-ci et ses perpendiculaires, côté Palais de Justice, par l’association des commerçants de l’une d’elles, la rue Massacre.
D’emblée, je vois que cette année, il est raté. De nombreux trous sont visibles entre les exposants.. Le troisième est celui à qui j’ai acheté un livre hier rue Pierre Mac Orlan. « Je vous ai reconnu », lui dis-je. « Moi aussi », me répond-il.
Il m’est arrivé de trouver de bons livres dans ce déballage. Pas cette fois. Je m’arrête pour une ramette de papier blanc quatre-vingts grammes. Le vendeur m’en demande trois euros. Je l’emporte pour deux. Je m’en servirai pour emballer des livres vendus.
Vers treize heures trente, le soleil brille mais la terrasse du Son du Cor est à l’ombre et celle du Sacre pas encore installée. Je me rabats sur celle du Café de Rouen et commande un café verre d’eau à une serveuse inconnue de moi.
« Un euro soixante. Euh non, un quatre-vingts », me dit-elle quand elle me les apporte. « Ça a augmenté ? », lui demandé-je. « Non, c’est le verre d’eau qui est payant, vingt centimes. » Je lui dis que c’est interdit de faire payer le verre d’eau, qu’elle peut le remporter.
Arrive l’un des serveurs, connu de moi. Il me dit qu’on peut faire payer un verre d’eau hors restauration si c’est affiché. Et que c’est affiché. « Je vais me renseigner », lui réponds-je puis je me plonge dans ma lecture, pas pressé de partir après avoir bu mon café. Vers quinze heures, comme il fait toujours beau, je vais prendre un autre café au Sacre (un euro cinquante). Il m’est servi avec un verre d’eau gratuit et le sourire d’Apolline.
Quand je rentre, j’interroge Internet. Ce que m’a dit le serveur est exact. Sur le site DemarchesAdministratives.fr, je lis notamment ceci : « Le gérant peut également choisir de vous facturer le verre d'eau. Dans ce cas, cela doit être clairement indiqué, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de l’établissement et préciser les tarifs. Le verre d’eau devient une consommation indépendante, qui peut être commandée seule. Le gérant ne peut pas vous obliger à acheter un verre d’eau en accompagnement d’une autre consommation. Ce serait une vente liée, ce qui est interdit. »
*
« Le verre d’eau devient une consommation indépendante, qui peut être commandée seule. » On peut donc aller au Café de Rouen et y commander un verre d’eau à vingt centimes et uniquement cela. Je m’y risquerai lorsque j’en aurai le loisir.
*
Quand, au Café de Rouen, le verre d’eau était gratuit, il avait la taille d’un dé à coudre. Maintenant qu’il est payant, il est servi dans un vrai verre. On en a pour son argent.
D’emblée, je vois que cette année, il est raté. De nombreux trous sont visibles entre les exposants.. Le troisième est celui à qui j’ai acheté un livre hier rue Pierre Mac Orlan. « Je vous ai reconnu », lui dis-je. « Moi aussi », me répond-il.
Il m’est arrivé de trouver de bons livres dans ce déballage. Pas cette fois. Je m’arrête pour une ramette de papier blanc quatre-vingts grammes. Le vendeur m’en demande trois euros. Je l’emporte pour deux. Je m’en servirai pour emballer des livres vendus.
Vers treize heures trente, le soleil brille mais la terrasse du Son du Cor est à l’ombre et celle du Sacre pas encore installée. Je me rabats sur celle du Café de Rouen et commande un café verre d’eau à une serveuse inconnue de moi.
« Un euro soixante. Euh non, un quatre-vingts », me dit-elle quand elle me les apporte. « Ça a augmenté ? », lui demandé-je. « Non, c’est le verre d’eau qui est payant, vingt centimes. » Je lui dis que c’est interdit de faire payer le verre d’eau, qu’elle peut le remporter.
Arrive l’un des serveurs, connu de moi. Il me dit qu’on peut faire payer un verre d’eau hors restauration si c’est affiché. Et que c’est affiché. « Je vais me renseigner », lui réponds-je puis je me plonge dans ma lecture, pas pressé de partir après avoir bu mon café. Vers quinze heures, comme il fait toujours beau, je vais prendre un autre café au Sacre (un euro cinquante). Il m’est servi avec un verre d’eau gratuit et le sourire d’Apolline.
Quand je rentre, j’interroge Internet. Ce que m’a dit le serveur est exact. Sur le site DemarchesAdministratives.fr, je lis notamment ceci : « Le gérant peut également choisir de vous facturer le verre d'eau. Dans ce cas, cela doit être clairement indiqué, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de l’établissement et préciser les tarifs. Le verre d’eau devient une consommation indépendante, qui peut être commandée seule. Le gérant ne peut pas vous obliger à acheter un verre d’eau en accompagnement d’une autre consommation. Ce serait une vente liée, ce qui est interdit. »
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« Le verre d’eau devient une consommation indépendante, qui peut être commandée seule. » On peut donc aller au Café de Rouen et y commander un verre d’eau à vingt centimes et uniquement cela. Je m’y risquerai lorsque j’en aurai le loisir.
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Quand, au Café de Rouen, le verre d’eau était gratuit, il avait la taille d’un dé à coudre. Maintenant qu’il est payant, il est servi dans un vrai verre. On en a pour son argent.
13 mai 2023
Un samedi sans pluie est annoncé. Allons-y, me dis-je, bien qu’il fasse gris. Me voici sur le quai haut de Rouen à l’angle du pont Corneille attendant le bus Effe Neuf dont le terminus est Champ de Foire à Elbeuf. Il arrive trois minutes après six heures cinquante et une. Peu de monde à l’intérieur bien que le samedi ce soit gratuit.
C’est une longue ligne avec peu d’arrêts intermédiaires. Elle me permet de découvrir Les Essarts et sa petite église à cloches extérieures fixées sur sa flèche et de revoir Orival et sa petite église juchée sur la falaise.
Au terminus, je descends à quelques mètres d’un vide grenier qui annonçait trois cents exposants mais en a à peine le tiers. Des fripes, des grolles et de la déco moche constituent l’essentiel de la marchandise Car comme disait le duc d’Elbeuf / C’est avec du vieux qu’on fait du neuf. Pour les livres, cela va d’Harlequin à des guides de cuisine.
Mon tour achevé, je vais attendre le bus Effe Neuf pour Rouen terminus Théâtre des Arts. J’en descends rive gauche à Eglise Saint-Sever. Près d’icelle est la petite rue Pierre Mac Orlan dans laquelle se tient un modeste vide grenier, mais au moins là je vois des livres présentables. Je me baisse pour ramasser Les Dépossédés de Robert McLiam Wilson, illustré des photos de Donovan Wylie, édité chez Christian Bourgois.
Je demande son prix au vendeur coiffé d’une crête un peu âgée. Il me répond deux euros.
-Vous m’auriez dit un, je le prenais.
-Un cinquante alors.
Il me dit qu’on se croise à Rouen. Comme si c’était un motif pour ne pas me le laisser à un. J’accepte son prix. Il me répète qu’on se voit souvent dans la rue.
-Je ne reconnais jamais les gens, lui dis-je.
-Alors la prochaine fois, je vous dirai bonjour, me répond-il.
A l’arrêt Eglise Saint-Sever passe aussi le bus Effe Un qui va à Isneauville. Il me dépose à République, près de mon logis. Il est neuf heures quand j’ouvre ma porte.
*
Quatrième et dernier jour de la Braderie de Rouen, celle du printemps. Elle a pris l’eau pendant les trois premiers. Ce samedi, une fois le soleil apparu, c’est l’horreur dans les rues piétonnières où tout est déballé. La foule est partout. Il va y en avoir de l’avoir dans les armoires.
Personnellement, je renoue avec la terrasse du Son du Cor (le serveur : « Ça faisait longtemps ») puis je poursuis ma lecture de la correspondance amoureuse de Beaumarchais à celle du Sacre.
C’est une longue ligne avec peu d’arrêts intermédiaires. Elle me permet de découvrir Les Essarts et sa petite église à cloches extérieures fixées sur sa flèche et de revoir Orival et sa petite église juchée sur la falaise.
Au terminus, je descends à quelques mètres d’un vide grenier qui annonçait trois cents exposants mais en a à peine le tiers. Des fripes, des grolles et de la déco moche constituent l’essentiel de la marchandise Car comme disait le duc d’Elbeuf / C’est avec du vieux qu’on fait du neuf. Pour les livres, cela va d’Harlequin à des guides de cuisine.
Mon tour achevé, je vais attendre le bus Effe Neuf pour Rouen terminus Théâtre des Arts. J’en descends rive gauche à Eglise Saint-Sever. Près d’icelle est la petite rue Pierre Mac Orlan dans laquelle se tient un modeste vide grenier, mais au moins là je vois des livres présentables. Je me baisse pour ramasser Les Dépossédés de Robert McLiam Wilson, illustré des photos de Donovan Wylie, édité chez Christian Bourgois.
Je demande son prix au vendeur coiffé d’une crête un peu âgée. Il me répond deux euros.
-Vous m’auriez dit un, je le prenais.
-Un cinquante alors.
Il me dit qu’on se croise à Rouen. Comme si c’était un motif pour ne pas me le laisser à un. J’accepte son prix. Il me répète qu’on se voit souvent dans la rue.
-Je ne reconnais jamais les gens, lui dis-je.
-Alors la prochaine fois, je vous dirai bonjour, me répond-il.
A l’arrêt Eglise Saint-Sever passe aussi le bus Effe Un qui va à Isneauville. Il me dépose à République, près de mon logis. Il est neuf heures quand j’ouvre ma porte.
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Quatrième et dernier jour de la Braderie de Rouen, celle du printemps. Elle a pris l’eau pendant les trois premiers. Ce samedi, une fois le soleil apparu, c’est l’horreur dans les rues piétonnières où tout est déballé. La foule est partout. Il va y en avoir de l’avoir dans les armoires.
Personnellement, je renoue avec la terrasse du Son du Cor (le serveur : « Ça faisait longtemps ») puis je poursuis ma lecture de la correspondance amoureuse de Beaumarchais à celle du Sacre.
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