Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
12 septembre 2023
Le pain au chocolat acheté à la boulangerie de l'avenue de Verdun (ouverte le lundi) coûte un euro trente mais il est encore meilleur que celui de celle devenue mon habituelle rue du Temple (fermée le lundi). Je le constate en le mangeant au bout de cette rue de Verdun à la terrasse de L’Escapade. La clientèle d’habitué(e)s de ce troquet est particulièrement choisie. « Moi le tremblement de terre au Maroc ça me fait de la peine, en même temps j’me dis… », déclare l’une. « Macron, c’qui lui faut, c’est une balle dans la tête, mais les Français y zont pas d’couilles », dit un autre. Personne ne bronche, aucun(e) autre habitué(e), ni la patronne, ni moi. Quand je vais payer j’ai la surprise de ne devoir qu’un euro cinquante.
Je rejoins l’arrêt de bus Boulevard Wilson et prends encore une fois le Un vers Le Bourget-du-Lac (ce n’est pas le chauffeur d’hier matin). Ce bus se remplit à la Gare, d’étudiantes à valises qui toutes ont un chignon bien serré. Je ne peux demander pourquoi à la plus proche de moi, elle a des écouteurs dans les oreilles.
Descendu à Base des Mottets, je rejoins le Hameau de Terre Nue, fais quelques photos du Port des Quatre Chemins puis continue celui goudronné partagé entre bicyclistes et piétons qui a pour nom Promenade du Lac. Il longe la rive en direction d’Aix. La lumière dans les montagnes de l‘autre côté de l’eau est superbe. Après une roselière, une avancée en demi-lune permet à certain(e)s de se baigner. Il y a là un banc qui devient mien. Pour la première fois, je suis assis au soleil pour lire Saint-Simon.
Vers onze heures je laisse ma place et constate que dès qu’on s’éloigne du lac la chaleur est toujours accablante. Notamment quand je descends du bus à l’arrêt Alliu de Viviers-du-Lac. Je réserve une table pour midi à l’Hôtel Le Viviers puis entre en face au Crédit à Bricoles. L’une des tirettes autorise encore le retrait de quarante euros en billets de vingt et dix, l’autre oblige aux cinquante euros.
A l’ombre du toit de la table de pique-nique de la Mairie, je reprends ma lecture puis à midi m’installe à la même table de restaurant que vendredi. Le buffet d’entrées est à l’identique. Le plat du jour est araignée de porc sauce moutarde riz aux légumes (vraiment pas terrible). Pour dessert, une glace deux boules caramel mangue, un café, et je laisse les trois quarts de mon quart de vin rouge non bu (il est infect).
J’attends le bus avec une dizaine de lycéen(ne)s dont pas un(e) ne me dit bonjour en arrivant. Ici, on n’est pas dans les Côtes-d’Armor ou dans le Pas-de-Calais, ça ne se fait pas, c’est comme en Normandie. Toute cette jeunesse monte dans un bus Cent qui va au Lycée Marlioz. Le Un suit qui m’emmène à Grand Port pour mon après-midi lecture sous les platanes, l’assurance de retrouver une température supportable.
*
Et toujours chez les couples de bicyclistes, l’homme devant et la femme derrière.
Lui : « On descend par le passage ? »
Elle : « Comme tu veux. »
Je rejoins l’arrêt de bus Boulevard Wilson et prends encore une fois le Un vers Le Bourget-du-Lac (ce n’est pas le chauffeur d’hier matin). Ce bus se remplit à la Gare, d’étudiantes à valises qui toutes ont un chignon bien serré. Je ne peux demander pourquoi à la plus proche de moi, elle a des écouteurs dans les oreilles.
Descendu à Base des Mottets, je rejoins le Hameau de Terre Nue, fais quelques photos du Port des Quatre Chemins puis continue celui goudronné partagé entre bicyclistes et piétons qui a pour nom Promenade du Lac. Il longe la rive en direction d’Aix. La lumière dans les montagnes de l‘autre côté de l’eau est superbe. Après une roselière, une avancée en demi-lune permet à certain(e)s de se baigner. Il y a là un banc qui devient mien. Pour la première fois, je suis assis au soleil pour lire Saint-Simon.
Vers onze heures je laisse ma place et constate que dès qu’on s’éloigne du lac la chaleur est toujours accablante. Notamment quand je descends du bus à l’arrêt Alliu de Viviers-du-Lac. Je réserve une table pour midi à l’Hôtel Le Viviers puis entre en face au Crédit à Bricoles. L’une des tirettes autorise encore le retrait de quarante euros en billets de vingt et dix, l’autre oblige aux cinquante euros.
A l’ombre du toit de la table de pique-nique de la Mairie, je reprends ma lecture puis à midi m’installe à la même table de restaurant que vendredi. Le buffet d’entrées est à l’identique. Le plat du jour est araignée de porc sauce moutarde riz aux légumes (vraiment pas terrible). Pour dessert, une glace deux boules caramel mangue, un café, et je laisse les trois quarts de mon quart de vin rouge non bu (il est infect).
J’attends le bus avec une dizaine de lycéen(ne)s dont pas un(e) ne me dit bonjour en arrivant. Ici, on n’est pas dans les Côtes-d’Armor ou dans le Pas-de-Calais, ça ne se fait pas, c’est comme en Normandie. Toute cette jeunesse monte dans un bus Cent qui va au Lycée Marlioz. Le Un suit qui m’emmène à Grand Port pour mon après-midi lecture sous les platanes, l’assurance de retrouver une température supportable.
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Et toujours chez les couples de bicyclistes, l’homme devant et la femme derrière.
Lui : « On descend par le passage ? »
Elle : « Comme tu veux. »
11 septembre 2023
Le dimanche à huit heures, il n’y a que le café Les Halles d’ouvert, prés d’icelles, qui sont sinistres lorsque, comme ce jour, le marché n’y est pas. Tous les esseulés du coin et de plus loin sont là, certains déjà au verre de rosé. Ce troquet des plus banals fait néanmoins payer son allongé deux euros.
C’est le jour où je vais découvrir le centre ville. Je passe par le Casino Grand Cercle, un peu prétentieux, l’Hôtel de Ville, assez beau, l’église Notre-Dame, dont le parvis sert de parquigne, le Musée Faure, dans le jardin duquel prospèrent des clochards (on y voit aussi une statue de femme nue représentant la naissance de la terre selon son auteur, Alfred Boucher).
Cette exploration est vite terminée. Aix-les-Bains, c’est un peu Evreux avec un lac.
Sans l’avoir vraiment voulu, je me trouve à l’arrêt de bus Gare peu de temps avant le premier passage de celui du dimanche, baptisé Dim, qui ne circule que toutes les heures. Il a l’avantage d’aller jusqu’à la plage du Bourget-du-Lac, inatteignable par ce moyen en semaine. J’y monte donc, rejoint par quelques autres en chemin, dont des femmes à chariot qui descendent au Leclerc ou au Grand Frais.
Soudain, à l’arrêt Rochettes, le conducteur annonce qu’il n’ira pas plus loin à cause d’un triathlon au Bourget et que ce sera comme ça jusqu’à midi. Ce n’est pas un problème pour celles et ceux qui vont à la Base des Mottets toute proche. Nous sommes deux qui voulions aller au bout de la ligne. L’autre, un trentenaire, choisit de rejoindre la plage à pied, ce qui est désagréable, on marche près des voitures, et surtout c’est loin, trop loin pour moi. Je n’ai plus qu’à traverser la route pour attendre que ce bus reparte à Aix dans vingt minutes.
-Vous auriez dû nous avertir que vous n’iriez pas jusqu’à la plage, dis-je au chauffeur quand j’y remonte. Je suppose que pour se plaindre, c’est sur Internet ?
-Si vous voulez.
-Vous vous en foutez ?
-Je ne suis pas responsable de cette course.
-Vous aviez la responsabilité de prévenir vos passagers à la montée, de leur dire que le terminus serait à cet endroit.
Il ne répond pas. Je vais m’asseoir et revois plus tôt que prévu les quartiers inintéressants par où l’on passe.
A l’arrivée à Aix, je vais à la boulangerie acheter mon repas du midi, un sandouiche caillette (spécialité ardéchoise) et une tartelette aux abricots, le tout pour six euros soixante-dix.
Un repas que je prends sur mon balcon où une table et deux chaises sont à disposition. J’ai vue sur les appartements d’en face dont la plupart des volets roulants sont baissés et sur un peu de montagne de part et d’autre de l’immeuble.
Inutile de chercher à boire un café quelque part, je vais lire Saint-Simon au parc du Théâtre de Verdure où il fait moins frais qu’au bord du lac. On y trouve un restaurant, La Rotonde, où le dimanche midi déjeune la bourgeoisie bourgeoisante de la ville.
*
Les bus Ondéa Grand Lac d’Aix-les-Bains sont gérés par la Régie Autonome des Transports Parisiens. Dans la capitale, les conducteurs préviennent lorsque le bus est dévié ou ne va pas jusqu’au terminus.
C’est le jour où je vais découvrir le centre ville. Je passe par le Casino Grand Cercle, un peu prétentieux, l’Hôtel de Ville, assez beau, l’église Notre-Dame, dont le parvis sert de parquigne, le Musée Faure, dans le jardin duquel prospèrent des clochards (on y voit aussi une statue de femme nue représentant la naissance de la terre selon son auteur, Alfred Boucher).
Cette exploration est vite terminée. Aix-les-Bains, c’est un peu Evreux avec un lac.
Sans l’avoir vraiment voulu, je me trouve à l’arrêt de bus Gare peu de temps avant le premier passage de celui du dimanche, baptisé Dim, qui ne circule que toutes les heures. Il a l’avantage d’aller jusqu’à la plage du Bourget-du-Lac, inatteignable par ce moyen en semaine. J’y monte donc, rejoint par quelques autres en chemin, dont des femmes à chariot qui descendent au Leclerc ou au Grand Frais.
Soudain, à l’arrêt Rochettes, le conducteur annonce qu’il n’ira pas plus loin à cause d’un triathlon au Bourget et que ce sera comme ça jusqu’à midi. Ce n’est pas un problème pour celles et ceux qui vont à la Base des Mottets toute proche. Nous sommes deux qui voulions aller au bout de la ligne. L’autre, un trentenaire, choisit de rejoindre la plage à pied, ce qui est désagréable, on marche près des voitures, et surtout c’est loin, trop loin pour moi. Je n’ai plus qu’à traverser la route pour attendre que ce bus reparte à Aix dans vingt minutes.
-Vous auriez dû nous avertir que vous n’iriez pas jusqu’à la plage, dis-je au chauffeur quand j’y remonte. Je suppose que pour se plaindre, c’est sur Internet ?
-Si vous voulez.
-Vous vous en foutez ?
-Je ne suis pas responsable de cette course.
-Vous aviez la responsabilité de prévenir vos passagers à la montée, de leur dire que le terminus serait à cet endroit.
Il ne répond pas. Je vais m’asseoir et revois plus tôt que prévu les quartiers inintéressants par où l’on passe.
A l’arrivée à Aix, je vais à la boulangerie acheter mon repas du midi, un sandouiche caillette (spécialité ardéchoise) et une tartelette aux abricots, le tout pour six euros soixante-dix.
Un repas que je prends sur mon balcon où une table et deux chaises sont à disposition. J’ai vue sur les appartements d’en face dont la plupart des volets roulants sont baissés et sur un peu de montagne de part et d’autre de l’immeuble.
Inutile de chercher à boire un café quelque part, je vais lire Saint-Simon au parc du Théâtre de Verdure où il fait moins frais qu’au bord du lac. On y trouve un restaurant, La Rotonde, où le dimanche midi déjeune la bourgeoisie bourgeoisante de la ville.
*
Les bus Ondéa Grand Lac d’Aix-les-Bains sont gérés par la Régie Autonome des Transports Parisiens. Dans la capitale, les conducteurs préviennent lorsque le bus est dévié ou ne va pas jusqu’au terminus.
10 septembre 2023
Pour l’allongé de ce samedi matin, je ne prends pas de risque, je vais au Murano, où il est quand même à un euro soixante-dix. La patronne est de mon avis, les pains au chocolat de la Boulangerie Parisienne sont excellents. Son mari ne les trouve pas assez cuits. « Elle s’est fait piquer par le bourdon », dit-il en parlant d’elle. Elle est effectivement enceinte. Pour aller aux toilettes dans ce troquet, il faut en sortir et monter au premier étage de l’immeuble où on les trouve près d’un appartement.
Après ce petit-déjeuner, je prends la direction de Grand Port avec le bus Un mais j’en descends avant, à l’arrêt Camping. Celui-ci est complet, un écriteau l’annonce en cinq langues. Ce n’est pas la rentrée pour tout le monde. Pour ma part, après le temps mitigé de juin en Bretagne puis le temps moyen de juillet août en Normandie, j’ai l’impression que c’est le début de l’été. Un été trop chaud hélas.
Le ciel est donc bleu tous les jours depuis que je suis arrivé à Aix-les-Bains. Je traverse la route pour rejoindre ce qu’on appelle l’Esplanade, une longue allée rectiligne bordée de platanes qui longe le lac. J’y marche à l’ombre, avec Grand Port dans le dos et Petit Port en ligne de mire. Ce dernier est au bout de l’allée.
Il est charmant, composé de plusieurs bassins, dont l’un réservé aux barques de pêche. Malheureusement, il est jouxté par des gargotes et des attractions foraines. Heureusement, elles sont encore fermées. Au-delà, c’est la plage, où sont déjà présentes quelques baigneuses.
Revenu sur mes pas, je m’assois sur le premier banc de l’Esplanade et ouvre les Mémoires de Saint-Simon. Avec quelle méchanceté cet aristocrate décrit-il les aspects physiques et moraux de ses contemporains, c’est réjouissant, et ça m’incite à chercher des noises à autrui. Ainsi quand je reprends l’allée m’en prends-je à deux bicyclistes qui y pédalent alors qu’elle est réservée aux piétons. C’est écrit dessus tous les cent mètres.
Je marche jusqu’à rejoindre Grand Port. Un café à deux euros quarante au Skiff me donne un alibi pour lire en terrasse jusqu’à ce qu’il soit presque midi. Je vais alors voir ce que propose la crêperie d’à côté. Les galettes y sont à quatorze ou quinze euros. Déjà que la crêpe c’est le degré zéro de la cuisine, s’il faut en plus se faire estamper de la sorte.
Je rejoins l’abribus où je discute avec une autochtone en attendant le prochain. Elle m’apprend que le terminus de la ligne Un, au Bourget-du-Lac, est aussi le point de départ d’un bus de Chambéry, le A, qui permet de rejoindre le centre de cette ville.
Revenu au centre d‘Aix, je cherche un restaurant possible près du marché. Je n’y vois que des troquets, dont l’un nommé Le Troquet. Aussi je repasse à la Boulangerie Parisienne, où ce matin la boulangère a bien voulu m’échanger mon billet de cinquante contre deux de vingt et un de dix, et achète un sandouiche à quatre euros que je vais manger à mon cinquième étage, complétant avec du fromage et des fruits achetés l’autre jour au Franprix d’en face la Gare.
*
Peu de claque-sons dans la nuit pour la victoire des joueurs de l’équipe de France de rugby. Pas entendu de cris de voisinage à l’heure du match. Ça n’a pas l’air de passionner les gens d’ici, même si Aix-les-Bains semble concernée par la compétition. Des banderoles « Bienvenue à la Namibie » sont présentes en ville.
Après ce petit-déjeuner, je prends la direction de Grand Port avec le bus Un mais j’en descends avant, à l’arrêt Camping. Celui-ci est complet, un écriteau l’annonce en cinq langues. Ce n’est pas la rentrée pour tout le monde. Pour ma part, après le temps mitigé de juin en Bretagne puis le temps moyen de juillet août en Normandie, j’ai l’impression que c’est le début de l’été. Un été trop chaud hélas.
Le ciel est donc bleu tous les jours depuis que je suis arrivé à Aix-les-Bains. Je traverse la route pour rejoindre ce qu’on appelle l’Esplanade, une longue allée rectiligne bordée de platanes qui longe le lac. J’y marche à l’ombre, avec Grand Port dans le dos et Petit Port en ligne de mire. Ce dernier est au bout de l’allée.
Il est charmant, composé de plusieurs bassins, dont l’un réservé aux barques de pêche. Malheureusement, il est jouxté par des gargotes et des attractions foraines. Heureusement, elles sont encore fermées. Au-delà, c’est la plage, où sont déjà présentes quelques baigneuses.
Revenu sur mes pas, je m’assois sur le premier banc de l’Esplanade et ouvre les Mémoires de Saint-Simon. Avec quelle méchanceté cet aristocrate décrit-il les aspects physiques et moraux de ses contemporains, c’est réjouissant, et ça m’incite à chercher des noises à autrui. Ainsi quand je reprends l’allée m’en prends-je à deux bicyclistes qui y pédalent alors qu’elle est réservée aux piétons. C’est écrit dessus tous les cent mètres.
Je marche jusqu’à rejoindre Grand Port. Un café à deux euros quarante au Skiff me donne un alibi pour lire en terrasse jusqu’à ce qu’il soit presque midi. Je vais alors voir ce que propose la crêperie d’à côté. Les galettes y sont à quatorze ou quinze euros. Déjà que la crêpe c’est le degré zéro de la cuisine, s’il faut en plus se faire estamper de la sorte.
Je rejoins l’abribus où je discute avec une autochtone en attendant le prochain. Elle m’apprend que le terminus de la ligne Un, au Bourget-du-Lac, est aussi le point de départ d’un bus de Chambéry, le A, qui permet de rejoindre le centre de cette ville.
Revenu au centre d‘Aix, je cherche un restaurant possible près du marché. Je n’y vois que des troquets, dont l’un nommé Le Troquet. Aussi je repasse à la Boulangerie Parisienne, où ce matin la boulangère a bien voulu m’échanger mon billet de cinquante contre deux de vingt et un de dix, et achète un sandouiche à quatre euros que je vais manger à mon cinquième étage, complétant avec du fromage et des fruits achetés l’autre jour au Franprix d’en face la Gare.
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Peu de claque-sons dans la nuit pour la victoire des joueurs de l’équipe de France de rugby. Pas entendu de cris de voisinage à l’heure du match. Ça n’a pas l’air de passionner les gens d’ici, même si Aix-les-Bains semble concernée par la compétition. Des banderoles « Bienvenue à la Namibie » sont présentes en ville.
9 septembre 2023
Nouvelle terrasse pour mon petit-déjeuner de ce vendredi, celle de la Maison Trois, place Carnot, entourée de beaux édifices. Mon allongé m’est servi avec une petite bouteille d’eau en verre fermée par un gros bouchon de liège. Sympathique. Le prix l’est aussi, deux euros cinquante. On ne m’y verra plus.
Une nouvelle fois, je prends le bus Un direction le bas du lac. J’en descends à l’arrêt Avenue du Lac, commune du Bourget-du-Lac.
Par une voie partagée entre piétons et bicyclistes je longe cette avenue puis bifurque au jugé vers la droite où devraient être les ruines du Château de Thomas le Deuxième. Je crains d’être perdu quand apparaît une pancarte l’indiquant. Le sentier suit la Leysse, une rivière de peu d’énergie, puis entre dans les marais du Domaine du Buttet. Soudain, derrière des arbres, je l’aperçois. Ce qu’il en reste du moins, une haute tour carrée, un bout de mur, une entrée fermée.
Un peu plus loin j’arrive à l’Observatoire des Aigrettes. Pas plus de dix-neuf à chaque étage, est-t-il inscrit à l’entrée. Je pense être seul quand je monte les marches mais au premier et seul étage je trouve trois hommes à gros téléobjectifs qui visent des oiseaux au loin que je ne vois pas. Je redescends, me demandant ce qui conduit certains (ce sont toujours des hommes) à ce genre d’activité et comment on peut tenir à dix-neuf dans ce réduit.
Ayant fait demi-tour, je m’applique à suivre l’itinéraire qui ramène à l’arrêt Avenue du Lac et, à une hésitation près, y parviens facilement. Du bus pris je descends à Viviers-du-Lac à l’arrêt Alliu où j’ai repéré un restaurant d’aspect modeste qui annonce par voie de banderole un changement de propriétaire.
C’est celui de l’Hôtel Le Viviers. Un menu du jour y est servi : buffet d’entrées, plat, dessert, quart de vin et café pour dix-sept euros. Voilà enfin de quoi me satisfaire.
Je réserve pour midi, y bois un café dont le prix m’estomaque (un euro trente) puis vais voir le centre de ce mignon village où sont concentrées école, église, mairie, bibliothèque et maisons typiques. Une table de pique-nique à l’ombre me permet de lire Saint-Simon jusqu’à l’heure du déjeuner.
La salle de restaurant de l’Hôtel Le Viviers est assez gaie et plus ou moins climatisée. Dans le choix d’entrées, je privilégie le saumon fumé et la tomate mozzarella. Le plat du jour est une brandade de morue dont j’espérais beaucoup et qui me déçoit. Pour dessert, je choisis une glace deux boules, vanille fraise. La clientèle est composée d’une moitié de travailleurs et d’une moitié de touristes aussi vieux que moi, dont un couple où la femme s’occupe d’une association et en est bisbille avec « le national ». Son mari fait semblant de l’écouter.
Mes dix-sept euros payés, je reprends le bus Un et en descends à Grand Port pour une nouvelle session lecture banc platanes. A ma gauche, un homme chante pouille à deux femmes bavardes qui se sont assises sur son banc. « Je n’ai pas envie de vous entendre, vous me fatiguez » Elles se lèvent en se gaussant et vont s’asseoir ailleurs. A ma droite, deux femmes Témoins de Jéhovah restent debout près de leur petite charrette. Elles sont heureusement silencieuses.
*
A la tirette du Crédit à Bricoles, près de la place Carnot, le retrait minimal est de cinquante euros. En raison des prix pratiqués à Aix-les-Bains, sans doute.
Je crois que c’est la première fois que j’ai un billet de cinquante euros (je retire toujours quarante euros, un billet de vingt et deux de dix).
A qui vais-je pouvoir le faire accepter ?
Une nouvelle fois, je prends le bus Un direction le bas du lac. J’en descends à l’arrêt Avenue du Lac, commune du Bourget-du-Lac.
Par une voie partagée entre piétons et bicyclistes je longe cette avenue puis bifurque au jugé vers la droite où devraient être les ruines du Château de Thomas le Deuxième. Je crains d’être perdu quand apparaît une pancarte l’indiquant. Le sentier suit la Leysse, une rivière de peu d’énergie, puis entre dans les marais du Domaine du Buttet. Soudain, derrière des arbres, je l’aperçois. Ce qu’il en reste du moins, une haute tour carrée, un bout de mur, une entrée fermée.
Un peu plus loin j’arrive à l’Observatoire des Aigrettes. Pas plus de dix-neuf à chaque étage, est-t-il inscrit à l’entrée. Je pense être seul quand je monte les marches mais au premier et seul étage je trouve trois hommes à gros téléobjectifs qui visent des oiseaux au loin que je ne vois pas. Je redescends, me demandant ce qui conduit certains (ce sont toujours des hommes) à ce genre d’activité et comment on peut tenir à dix-neuf dans ce réduit.
Ayant fait demi-tour, je m’applique à suivre l’itinéraire qui ramène à l’arrêt Avenue du Lac et, à une hésitation près, y parviens facilement. Du bus pris je descends à Viviers-du-Lac à l’arrêt Alliu où j’ai repéré un restaurant d’aspect modeste qui annonce par voie de banderole un changement de propriétaire.
C’est celui de l’Hôtel Le Viviers. Un menu du jour y est servi : buffet d’entrées, plat, dessert, quart de vin et café pour dix-sept euros. Voilà enfin de quoi me satisfaire.
Je réserve pour midi, y bois un café dont le prix m’estomaque (un euro trente) puis vais voir le centre de ce mignon village où sont concentrées école, église, mairie, bibliothèque et maisons typiques. Une table de pique-nique à l’ombre me permet de lire Saint-Simon jusqu’à l’heure du déjeuner.
La salle de restaurant de l’Hôtel Le Viviers est assez gaie et plus ou moins climatisée. Dans le choix d’entrées, je privilégie le saumon fumé et la tomate mozzarella. Le plat du jour est une brandade de morue dont j’espérais beaucoup et qui me déçoit. Pour dessert, je choisis une glace deux boules, vanille fraise. La clientèle est composée d’une moitié de travailleurs et d’une moitié de touristes aussi vieux que moi, dont un couple où la femme s’occupe d’une association et en est bisbille avec « le national ». Son mari fait semblant de l’écouter.
Mes dix-sept euros payés, je reprends le bus Un et en descends à Grand Port pour une nouvelle session lecture banc platanes. A ma gauche, un homme chante pouille à deux femmes bavardes qui se sont assises sur son banc. « Je n’ai pas envie de vous entendre, vous me fatiguez » Elles se lèvent en se gaussant et vont s’asseoir ailleurs. A ma droite, deux femmes Témoins de Jéhovah restent debout près de leur petite charrette. Elles sont heureusement silencieuses.
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A la tirette du Crédit à Bricoles, près de la place Carnot, le retrait minimal est de cinquante euros. En raison des prix pratiqués à Aix-les-Bains, sans doute.
Je crois que c’est la première fois que j’ai un billet de cinquante euros (je retire toujours quarante euros, un billet de vingt et deux de dix).
A qui vais-je pouvoir le faire accepter ?
8 septembre 2023
Moins chaude cette nuit pour ce qui est de moi. Pas pour d’autres, car par la baie vitrée ouverte, avant de m’endormir, j’entends une voisine qui jouit copieusement. « Allez, vas-y ! », lui crie-t-elle en guise d’ultime encouragement.
Au matin, mon pain au chocolat au lait de la Boulangerie Parisienne en main, je m’installe à la terrasse de L’Arbre à Palabres, place du Revard, où l’allongé est à deux euros « tout rond », me dit la patronne. Sa fille l’aide à installer les pancartes de rue avant de partir au Collège. « Je t’aime », lui dit sa mère quand elle s’en va. « Maman t’aime ! », reprend bien fort une habituée moqueuse. La jouvencelle file en rougissant.
Devant la Gare, je prends le bus Un dans l’autre sens et en descends à l’arrêt Base des Mottets, commune de Viviers-du-Lac, laquelle est située en bas de celui-ci. Un chemin passe entre un chenal à bateaux et des étangs à roselières. Il se termine en impasse par la Plage des Mottets qui est privée en saison. Une affichette met en garde les baigneurs contre la puce du canard. Assis sur le seul banc à l’ombre, je poursuis la lecture des Mémoires de Saint-Simon. Il va encore faire chaud, trop chaud.
Un autre chemin mène à la Plage des Dames. De là est fléché le Hameau de Terre Nue au centre duquel je découvre un imposant hôtel bar restaurant nommé Les Pieds Dans l’Eau. Sur sa terrasse dominant le Port des Quatre Chemins, je bois un café à deux euros, regardant les petits avions qui décollent à bâbord et écoutant trois vieux et deux vieilles qui sont membres d’une association désirant « prendre l’attache » des élus. Ça argumente à qui mieux mieux, ça note dans son cahier. Je sens qu’au fond ils se détestent. Deux tablées de bicyclistes font connaissance et comparent leurs exploits. C’est à qui éblouira les autres. Je sais qu’eux aussi se détestent. Je demande la carte à la jeune serveuse. « Carte de visite ou carte du restaurant ? », me répond-elle avec un petit accent étranger. Comme je m’y attendais, ce n’est pas donné. Pour déjeuner, ce sera ailleurs.
Je reprends le bus Un et en descends avant la Gare car j’ai repéré à l’aller un restaurant d’aspect assez minable, la Brasserie du Revard. Las, ses prix sont pires que ceux des restaurants de centre ville. Je rejoins donc La Cantine à Papa pour son agréable terrasse à l’ombre et comme le plat du jour est une escalope à la normande, je commande une pizza Tiflette à douze euros quatre-vingt-dix. Ma voisine de derrière a un emploi du temps bien arrêté : « Samedi, on s’marie. Dimanche, baptême du p’tit ».
Bientôt, la serveuse dépose ma pizza sur la table de ma voisine de gauche, une touriste qui étudie le plan de la ville. « C’est pas moi qui ai commandé ça ! », s’écrie-t-elle horrifiée. Quand cette serveuse revient la voir avec une salade César, je comprends que nous ne vivons pas dans le même monde.
Décidé à retourner lire à l’ombre des platanes de Grand Port, je vais attendre le bus Un à l’arrêt Boulevard Wilson. Parmi les personnes déjà là se trouve la salade César.
Il y a de plus en plus de monde au bord de l’eau, beaucoup d’Anglais(e)s notamment. Les bateaux à promenade ne désemplissent pas. Je vais prendre un café à deux euros quarante à la terrasse du Skiff, la partie café de la Brasserie du Mont Blanc. A deux reprises, des couples assis à une table qui étudiaient la carte partent sans commander, les prix je suppose.
*
Une journée qui se sera passée sans que j’aie à chanter pouille à quiconque (pour reprendre une expression de Saint-Simon).
Au matin, mon pain au chocolat au lait de la Boulangerie Parisienne en main, je m’installe à la terrasse de L’Arbre à Palabres, place du Revard, où l’allongé est à deux euros « tout rond », me dit la patronne. Sa fille l’aide à installer les pancartes de rue avant de partir au Collège. « Je t’aime », lui dit sa mère quand elle s’en va. « Maman t’aime ! », reprend bien fort une habituée moqueuse. La jouvencelle file en rougissant.
Devant la Gare, je prends le bus Un dans l’autre sens et en descends à l’arrêt Base des Mottets, commune de Viviers-du-Lac, laquelle est située en bas de celui-ci. Un chemin passe entre un chenal à bateaux et des étangs à roselières. Il se termine en impasse par la Plage des Mottets qui est privée en saison. Une affichette met en garde les baigneurs contre la puce du canard. Assis sur le seul banc à l’ombre, je poursuis la lecture des Mémoires de Saint-Simon. Il va encore faire chaud, trop chaud.
Un autre chemin mène à la Plage des Dames. De là est fléché le Hameau de Terre Nue au centre duquel je découvre un imposant hôtel bar restaurant nommé Les Pieds Dans l’Eau. Sur sa terrasse dominant le Port des Quatre Chemins, je bois un café à deux euros, regardant les petits avions qui décollent à bâbord et écoutant trois vieux et deux vieilles qui sont membres d’une association désirant « prendre l’attache » des élus. Ça argumente à qui mieux mieux, ça note dans son cahier. Je sens qu’au fond ils se détestent. Deux tablées de bicyclistes font connaissance et comparent leurs exploits. C’est à qui éblouira les autres. Je sais qu’eux aussi se détestent. Je demande la carte à la jeune serveuse. « Carte de visite ou carte du restaurant ? », me répond-elle avec un petit accent étranger. Comme je m’y attendais, ce n’est pas donné. Pour déjeuner, ce sera ailleurs.
Je reprends le bus Un et en descends avant la Gare car j’ai repéré à l’aller un restaurant d’aspect assez minable, la Brasserie du Revard. Las, ses prix sont pires que ceux des restaurants de centre ville. Je rejoins donc La Cantine à Papa pour son agréable terrasse à l’ombre et comme le plat du jour est une escalope à la normande, je commande une pizza Tiflette à douze euros quatre-vingt-dix. Ma voisine de derrière a un emploi du temps bien arrêté : « Samedi, on s’marie. Dimanche, baptême du p’tit ».
Bientôt, la serveuse dépose ma pizza sur la table de ma voisine de gauche, une touriste qui étudie le plan de la ville. « C’est pas moi qui ai commandé ça ! », s’écrie-t-elle horrifiée. Quand cette serveuse revient la voir avec une salade César, je comprends que nous ne vivons pas dans le même monde.
Décidé à retourner lire à l’ombre des platanes de Grand Port, je vais attendre le bus Un à l’arrêt Boulevard Wilson. Parmi les personnes déjà là se trouve la salade César.
Il y a de plus en plus de monde au bord de l’eau, beaucoup d’Anglais(e)s notamment. Les bateaux à promenade ne désemplissent pas. Je vais prendre un café à deux euros quarante à la terrasse du Skiff, la partie café de la Brasserie du Mont Blanc. A deux reprises, des couples assis à une table qui étudiaient la carte partent sans commander, les prix je suppose.
*
Une journée qui se sera passée sans que j’aie à chanter pouille à quiconque (pour reprendre une expression de Saint-Simon).
7 septembre 2023
Une mauvaise nuit à cause de la chaleur malgré la baie vitrée ouverte. Mon lieu de couchage s’apparente à un lit clos à la bretonne mais en béton. Cela ne facilite pas la baisse nocturne de la température.
Au matin, j’achète un pain au chocolat au lait à la Boulangerie Parisienne au coin de la rue (un euro quinze) et vais le manger avec un allongé à la terrasse du café Chez Fanny rue de Genève (un euro soixante-dix).
Avant huit heures et demie, j’arrive devant les locaux d’Ondéa Grand Lac prés de la Gare. J’aurais dû venir encore plus en avance car devant moi sont des parents qui font établir des cartes de bus pour leur progéniture et ça en prend du temps. Quand c’est mon tour, c’est vite réglé, une carte de bus à volonté, vingt jours pour vingt-cinq euros.
Je l’inaugure illico en montant dans le bus Un direction Grand Port où sont garés les bateaux de plaisance. L’endroit est beau, avec vue sur la Dent du Chat, sommet remarquable de l’autre côté du lac. On y trouve des cafés restaurants. Le mieux placé est la Brasserie du Mont Blanc où je bois un café verre d’eau à deux euros quarante sous les platanes. Il y fait bon pour lire Saint-Simon. Près de moi est une chasseuse, c’est elle qui le dit. Elle tente de convaincre un vieux couple de l’engager car il n’y a qu’elle qui sera capable de trouver la maison dont ils rêvent. Une serveuse parle avec des habitués de l’événement d’hier soir sur le lac, un peu plus haut. Une jeune femme a eu la jambe déchiquetée par l’hélice d’un bateau. Elle est morte avant son arrivée à l’hôpital. C’est horrible, concluent-ils.
Vu les prix pratiqués au bord de l’eau, je reprends le bus Un et cherche un restaurant possible au centre ville. Peu de choix, j’opte pour la terrasse ombragée de La Cantine à Papa place Carnot. La formule plat dessert est à seize euros quatre-vingt-dix, guère moins chère qu’au Grand Port, échine de porc frites maison et tiramisu. Le service est impersonnel et faussement aimable.
Je retourne au Grand Port où je lis Saint-Simon sur un banc au frais sous les platanes pendant un long moment.
Revenu à la Gare, toujours avec le bus Un, je veux boire un café au Terminus. « On ne sert pas de café l’après-midi, me dit le patron, on a arrêté la machine ». Je lui dis ce que je pense de lui et remonte rue de Genève. Au Clos des Bauges, je demande à aller aux toilettes avant que l’on fasse couler mon café, ce qu’accepte le serveur, mais la patronne qui fait des crêpes au fond me crie que pour aller aux toilettes, on consomme d’abord. Je lui dis ma façon de penser et traverse la rue. En face au Zanzibar on sert des cafés et on peut aller aux toilettes avant de les boire.
Aix-les-Bains n’est pas une ville sympathique, dis-je à l’aimable patron de cet établissement en lui racontant les pratiques de ses concurrents.
*
Il existe des cars régionaux à Aix-les-Bains, desservant des lieux intéressants, mais ils ne circulent qu’en juillet et août, apprends-je à l’Office de Tourisme.
*
« Aix-les-Bains Riviera des Alpes », pour les prix qu’on y pratique, certainement.
Au matin, j’achète un pain au chocolat au lait à la Boulangerie Parisienne au coin de la rue (un euro quinze) et vais le manger avec un allongé à la terrasse du café Chez Fanny rue de Genève (un euro soixante-dix).
Avant huit heures et demie, j’arrive devant les locaux d’Ondéa Grand Lac prés de la Gare. J’aurais dû venir encore plus en avance car devant moi sont des parents qui font établir des cartes de bus pour leur progéniture et ça en prend du temps. Quand c’est mon tour, c’est vite réglé, une carte de bus à volonté, vingt jours pour vingt-cinq euros.
Je l’inaugure illico en montant dans le bus Un direction Grand Port où sont garés les bateaux de plaisance. L’endroit est beau, avec vue sur la Dent du Chat, sommet remarquable de l’autre côté du lac. On y trouve des cafés restaurants. Le mieux placé est la Brasserie du Mont Blanc où je bois un café verre d’eau à deux euros quarante sous les platanes. Il y fait bon pour lire Saint-Simon. Près de moi est une chasseuse, c’est elle qui le dit. Elle tente de convaincre un vieux couple de l’engager car il n’y a qu’elle qui sera capable de trouver la maison dont ils rêvent. Une serveuse parle avec des habitués de l’événement d’hier soir sur le lac, un peu plus haut. Une jeune femme a eu la jambe déchiquetée par l’hélice d’un bateau. Elle est morte avant son arrivée à l’hôpital. C’est horrible, concluent-ils.
Vu les prix pratiqués au bord de l’eau, je reprends le bus Un et cherche un restaurant possible au centre ville. Peu de choix, j’opte pour la terrasse ombragée de La Cantine à Papa place Carnot. La formule plat dessert est à seize euros quatre-vingt-dix, guère moins chère qu’au Grand Port, échine de porc frites maison et tiramisu. Le service est impersonnel et faussement aimable.
Je retourne au Grand Port où je lis Saint-Simon sur un banc au frais sous les platanes pendant un long moment.
Revenu à la Gare, toujours avec le bus Un, je veux boire un café au Terminus. « On ne sert pas de café l’après-midi, me dit le patron, on a arrêté la machine ». Je lui dis ce que je pense de lui et remonte rue de Genève. Au Clos des Bauges, je demande à aller aux toilettes avant que l’on fasse couler mon café, ce qu’accepte le serveur, mais la patronne qui fait des crêpes au fond me crie que pour aller aux toilettes, on consomme d’abord. Je lui dis ma façon de penser et traverse la rue. En face au Zanzibar on sert des cafés et on peut aller aux toilettes avant de les boire.
Aix-les-Bains n’est pas une ville sympathique, dis-je à l’aimable patron de cet établissement en lui racontant les pratiques de ses concurrents.
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Il existe des cars régionaux à Aix-les-Bains, desservant des lieux intéressants, mais ils ne circulent qu’en juillet et août, apprends-je à l’Office de Tourisme.
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« Aix-les-Bains Riviera des Alpes », pour les prix qu’on y pratique, certainement.
6 septembre 2023
C’est reparti. Avec le train de huit heures deux en direction de Paris. J’ai de la marge pour ne pas me retrouver en difficulté en cas de retard sur la ligne normande. Il n’y en a pas, bien que ce soit un vieux train à sièges colorés au lieu du moderne prévu. Je voyage en première, sans voisinage immédiat. Je croise là une de ma connaissance, pas vue depuis longtemps. On s’est rarement parlé et fort peu, mais j’ai écrit autrefois un texte narrant un jour particulièrement éprouvant de sa vie, qu’elle affrontait sans se départir de son joli sourire. Elle l’a lu à l’époque, quand il a été publié en revue. Bien sûr, elle aussi a vieilli mais elle n’a pas perdu tout son charme. Nous nous disons bonjour avec un sourire triste.
Ensuite, c’est le métro Quatorze jusqu’à la Gare de Lyon. Je bois un café verre d’eau au Bistrot de la Gare (deux euros soixante-dix) et commence ma lecture d’escapade à l’Est, les Mémoires de Saint-Simon. Précisément, les extraits donnés chez Folio en trois volumes. Je trouve ensuite une place assise dans la Gare pour déjeuner de mes sandouiches triangles.
Dans le Tégévé qui a pour terminus Annecy, j’ai pour voisine une vieille qui lit Le livre du rire et de l’oubli de Kundera mais elle me saoule quand même car elle trifouille dans ses papiers, tousse, baille et parfois parle toute seule. Collines, vignobles, Gare de Macon Tegévé au milieu de nulle part, autoroute, aiguillage, montagne, autoroute encore, montagne encore, long tunnel, scieries, Chambéry d’où l’on repart dans l’autre sens, Aix-les-Bains. C’est là que je descends. Il est seize heures. J’ai rendez-vous pas loin, prés du Temple, avec ma première logeuse Air Bibi. Le studio est au cinquième avec ascenseur. J’en fais le tour avec elle.
Il fait très chaud ce mardi. Malgré cela je décide d’aller voir le lac (du Bourget et de Lamartine). C’est bien loin, par une route désagréable. Arrivé épuisé au bord de l’eau, j’y trouve un petit bout de plage mais pas trace d’un café.
Je dois remonter, bien crevé, et ne trouve prés de mon logis provisoire qu’un troquet minuscule, Le Murano, où boire enfin un café verre d’eau, lequel me coûte un euro soixante. Il va falloir que je m’organise.
*
La veille de mon départ, jour de rentrée scolaire, dernier passage au Sacre. Ma voisine trentenaire au téléphone : « L’enfant est à l’école. Je peux lire mon petit bouquin en terrasse. »
Ensuite, c’est le métro Quatorze jusqu’à la Gare de Lyon. Je bois un café verre d’eau au Bistrot de la Gare (deux euros soixante-dix) et commence ma lecture d’escapade à l’Est, les Mémoires de Saint-Simon. Précisément, les extraits donnés chez Folio en trois volumes. Je trouve ensuite une place assise dans la Gare pour déjeuner de mes sandouiches triangles.
Dans le Tégévé qui a pour terminus Annecy, j’ai pour voisine une vieille qui lit Le livre du rire et de l’oubli de Kundera mais elle me saoule quand même car elle trifouille dans ses papiers, tousse, baille et parfois parle toute seule. Collines, vignobles, Gare de Macon Tegévé au milieu de nulle part, autoroute, aiguillage, montagne, autoroute encore, montagne encore, long tunnel, scieries, Chambéry d’où l’on repart dans l’autre sens, Aix-les-Bains. C’est là que je descends. Il est seize heures. J’ai rendez-vous pas loin, prés du Temple, avec ma première logeuse Air Bibi. Le studio est au cinquième avec ascenseur. J’en fais le tour avec elle.
Il fait très chaud ce mardi. Malgré cela je décide d’aller voir le lac (du Bourget et de Lamartine). C’est bien loin, par une route désagréable. Arrivé épuisé au bord de l’eau, j’y trouve un petit bout de plage mais pas trace d’un café.
Je dois remonter, bien crevé, et ne trouve prés de mon logis provisoire qu’un troquet minuscule, Le Murano, où boire enfin un café verre d’eau, lequel me coûte un euro soixante. Il va falloir que je m’organise.
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La veille de mon départ, jour de rentrée scolaire, dernier passage au Sacre. Ma voisine trentenaire au téléphone : « L’enfant est à l’école. Je peux lire mon petit bouquin en terrasse. »
4 septembre 2023
Ça va ça vient dans la copropriété. C’est le chassé-croisé du samedi de la rentrée. Un jeune homme emménage avec l’aide de ses amis dans l’appartement du rez-de-chaussée où vivaient l’anomalie et sa famille (dont le lanceur d’œufs) En même temps, le jeune couple qui occupe le logement où vivaient Abrutus et Aboyus déménage doucement avec moins d’amis. Dans l’appartement au-dessus de ce dernier, une visite collective effectuée il y a peu par un agent immobilier cornaquant des étudiants et leurs parents me donne à penser que ses occupants vont bientôt s’en aller. Par ailleurs, la locataire à la santé précaire de l’appartement du premier étage qui fait angle avec le mien a disparu. Je ne l’ai pas vue partir. Je l’ai compris quand je n’ai plus vu passer l’infirmière qui lui donnait ses médicaments deux fois par jour et la personne qui lui apportait son repas quotidien. Par trois fois durant sa présence ici sa fenêtre a été cassée par les pompiers quand elle ne répondait pas aux coups de sonnette. Ça n’a pas été le cas cette fois. Je préférerais qu’elle revienne car elle ne faisait aucun bruit. Ma nouvelle voisine de derrière ma chambre n’en fait pas davantage. Son chien s’est calmé. Quand elle le laisse seul, il n’aboie plus, se contentant de pleurer de temps à autre, ce qui est supportable. Ce vendredi premier septembre, jour de prérentrée scolaire, semble avoir été son premier jour de travail, ce qui me donne à penser qu’elle en est.
*
Je n’en reviens pas de la façon dont certaines et certains ont retourné leur veste sur la question de l’islamisme. Naguère d’accord avec Charlie Hebdo les voilà devenus hostiles aux unes de ce journal et soutiens de ceux et celles qui systématiquement tentent d’affaiblir la laïcité à la française.
Si on voyait des élèves catholiques se présenter à l’entrée des collèges et des lycées en soutane, leur point de vue ne serait pas le même.
Là, c’est comme s’il fallait être indulgent avec ces jeunes musulmans parce qu’ils sont les descendants des colonisés et parce que la plupart vivent dans des cités. Cette nouvelle forme de paternalisme et de maternalisme peut cacher un racisme inconscient.
Ou alors leur ralliement est une nouvelle occurrence du Syndrome de Stockholm.
*
Je n’en reviens pas de la façon dont certaines et certains ont retourné leur veste sur la question de l’islamisme. Naguère d’accord avec Charlie Hebdo les voilà devenus hostiles aux unes de ce journal et soutiens de ceux et celles qui systématiquement tentent d’affaiblir la laïcité à la française.
Si on voyait des élèves catholiques se présenter à l’entrée des collèges et des lycées en soutane, leur point de vue ne serait pas le même.
Là, c’est comme s’il fallait être indulgent avec ces jeunes musulmans parce qu’ils sont les descendants des colonisés et parce que la plupart vivent dans des cités. Cette nouvelle forme de paternalisme et de maternalisme peut cacher un racisme inconscient.
Ou alors leur ralliement est une nouvelle occurrence du Syndrome de Stockholm.
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