Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
24 novembre 2023
Un mail m’attendait à mon retour de Paris mercredi. Il est signé de la secrétaire du cabinet dentaire où j’ai rendez-vous ce vendredi après-midi avec mon nouveau dentiste, celui qui était le mien depuis plus de vingt ans s’acheminant vers la retraite. Une vague douleur côté droit avec des dents sensibles au froid m’inquiète.
Ce rendez-vous est annulé. Plutôt que téléphoner à nouveau, je me pointe au cabinet ce jeudi à neuf heures. La secrétaire m’explique que les travaux du local où doit exercer le nouveau venu ne sont pas terminés.. Elle me donne un autre rendez-vous pour le vendredi suivant.
Sorti de là, je vais chercher mes résultats de prise de sang au laboratoire d’analyses médicales. La secrétaire me dit que le chiffrage du potassium plasmatique n’a pu être effectué suite à un problème technique. Elle me propose de refaire une prise de sang sur-le-champ. N’étant pas préparé à ça, je lui dis que je demanderai à mon médecin si c’est indispensable.
Rentré à la maison, j’ouvre l’enveloppe avec crainte. Elle contient trois pages de données chiffrées. Rien de pire que l’an dernier. Un peu au-dessus pour le cholestérol. Légèrement en-dessous pour le diabète.
Plus qu’à confronter ces résultats à la science de mon médecin traitant. J’appelle sa secrétaire pour obtenir un rendez-vous. Il faudra aussi qu’il renouvelle la batterie d’ordonnances pour les traitements que je dois prendre quotidiennement jusqu’au dernier jour.
Pour me remettre de ces soucis, je décide de m’offrir un déjeuner japonais à volonté. En chemin je croise l’ancien archevêque Descubes, pas vu depuis qu’il n’est plus mon voisin, terriblement vieilli.
Ce rendez-vous est annulé. Plutôt que téléphoner à nouveau, je me pointe au cabinet ce jeudi à neuf heures. La secrétaire m’explique que les travaux du local où doit exercer le nouveau venu ne sont pas terminés.. Elle me donne un autre rendez-vous pour le vendredi suivant.
Sorti de là, je vais chercher mes résultats de prise de sang au laboratoire d’analyses médicales. La secrétaire me dit que le chiffrage du potassium plasmatique n’a pu être effectué suite à un problème technique. Elle me propose de refaire une prise de sang sur-le-champ. N’étant pas préparé à ça, je lui dis que je demanderai à mon médecin si c’est indispensable.
Rentré à la maison, j’ouvre l’enveloppe avec crainte. Elle contient trois pages de données chiffrées. Rien de pire que l’an dernier. Un peu au-dessus pour le cholestérol. Légèrement en-dessous pour le diabète.
Plus qu’à confronter ces résultats à la science de mon médecin traitant. J’appelle sa secrétaire pour obtenir un rendez-vous. Il faudra aussi qu’il renouvelle la batterie d’ordonnances pour les traitements que je dois prendre quotidiennement jusqu’au dernier jour.
Pour me remettre de ces soucis, je décide de m’offrir un déjeuner japonais à volonté. En chemin je croise l’ancien archevêque Descubes, pas vu depuis qu’il n’est plus mon voisin, terriblement vieilli.
23 novembre 2023
Le train Nomad Le Havre Rouen Paris est encore loin de la capitale que déjà se lèvent certains navetteurs pour remonter la rame jusqu’à sa tête. Ceux que l’on appelle les saumons dans le train Orléans Paris le font de plus en plus tôt. Ils passent le dernier quart d’heure du voyage debout dans la voiture de tête, celle de Première, pour gagner une ou deux minutes à l’arrivée. Ils doivent vraiment aimer le travail.
Ce train de sept heures vingt-quatre arrive toujours dans la zone francilienne de la Gare Saint-Lazare. Il faut donc se servir de son billet pour franchir les barrières à Pécresse. Comme cela me saoule, je colle aux fesses de qui est devant moi et passe en sa compagnie. Ces barrières de sortie, je n’ai toujours pas compris à quoi elles servent.
Du bus Vingt-Neuf je remarque, entre Saint-Lazare et l’Opéra Garnier, une boutique où on peut louer ses chaussures. Par exemple pour aller voir un spectacle à l’Opéra Garnier. Celui-ci est caché par l’immense grotte que JR a installée devant le bâtiment pour masquer les travaux en cours.
Il fait frais ce mercredi, conséquence d’un ciel bleu. Malgré ce beau temps, peu de vendeurs sont présents au Marché d’Aligre et un seul vendeur de livres, Emile Débarras, qui ne renouvelle pas son stock. Je vais boire un café assis à deux euros vingt au Camélia puis y lis Jacques Tati, la biographie en Folio de Jean-Philippe Guerand.
Entré à onze heures au premier Book-Off, j’en ressors avec un seul livre à un euro : Un truc très beau qui contient tout, la correspondance de Neal Cassady dans l’édition Points Signatures.
A la station Ledru-Rollin, je recharge ma carte Navigo Easy et l’utilise pour rejoindre Châtelet. Il est midi cinq quand j’entre au Diable des Lombards. J’y déjeune d’un hareng pommes à l’huile et d’une excellente cuisse de canard confite. Ne mangent là aussi qu’un duo de femmes et un homme seul. Jusqu’à ce que vers une heure moins le quart arrive un groupe de quatorze personnes. Il est suivi d’un de six et de deux trios. Quand je quitte l’endroit le patron serveur ne sait plus où donner de l’assiette.
Le Book-Off de Saint-Martin est en général le plus calme des trois. Fip qu’on y entend contribue à la zénitude. A un euro j’y trouve Bronia, dernier amour de Raymond Radiguet de Pierre Barillet (La Tour Verte), Carnets d’Asie de Gabrielle Wittkop (Verticales) et Légèrement seul de Daniel de Roulet (Phébus).
Sorti de terre à Quatre Septembre, je traverse la rue comme un robot et me heurte à la porte du Bistrot d’Edmond. Il est fermé. Aucune affichette n’explique cela. Je me rabats sur Le Gaillon, place du même nom, un café chinois situé face à Drouant et bien moins chic mais où le café de comptoir est au prix exagéré d’un euro quarante.
Au troisième Book-Off, j’ai beau cherché, je ne trouve aucun livre à ajouter à mon maigre butin.
Quand je rentre à Rouen, je ne passe pas par la rue Saint-Nicolas car l’extrémité de ma ruelle de ce côté est totalement inondée depuis des jours. J’emprunte la rue Saint-Romain et constate que l’ouverture de la nouvelle boutique Paul Marius dans le bâtiment où se trouvait l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est proche. Des sacs sont en voie d’accrochage. Je bénéficie des coups de marteau chez moi mais je ne suis pas le plus à plaindre des habitants de la copropriété. D’autres ont vraiment souffert du bruit des travaux qui auront duré plusieurs mois.
Ce train de sept heures vingt-quatre arrive toujours dans la zone francilienne de la Gare Saint-Lazare. Il faut donc se servir de son billet pour franchir les barrières à Pécresse. Comme cela me saoule, je colle aux fesses de qui est devant moi et passe en sa compagnie. Ces barrières de sortie, je n’ai toujours pas compris à quoi elles servent.
Du bus Vingt-Neuf je remarque, entre Saint-Lazare et l’Opéra Garnier, une boutique où on peut louer ses chaussures. Par exemple pour aller voir un spectacle à l’Opéra Garnier. Celui-ci est caché par l’immense grotte que JR a installée devant le bâtiment pour masquer les travaux en cours.
Il fait frais ce mercredi, conséquence d’un ciel bleu. Malgré ce beau temps, peu de vendeurs sont présents au Marché d’Aligre et un seul vendeur de livres, Emile Débarras, qui ne renouvelle pas son stock. Je vais boire un café assis à deux euros vingt au Camélia puis y lis Jacques Tati, la biographie en Folio de Jean-Philippe Guerand.
Entré à onze heures au premier Book-Off, j’en ressors avec un seul livre à un euro : Un truc très beau qui contient tout, la correspondance de Neal Cassady dans l’édition Points Signatures.
A la station Ledru-Rollin, je recharge ma carte Navigo Easy et l’utilise pour rejoindre Châtelet. Il est midi cinq quand j’entre au Diable des Lombards. J’y déjeune d’un hareng pommes à l’huile et d’une excellente cuisse de canard confite. Ne mangent là aussi qu’un duo de femmes et un homme seul. Jusqu’à ce que vers une heure moins le quart arrive un groupe de quatorze personnes. Il est suivi d’un de six et de deux trios. Quand je quitte l’endroit le patron serveur ne sait plus où donner de l’assiette.
Le Book-Off de Saint-Martin est en général le plus calme des trois. Fip qu’on y entend contribue à la zénitude. A un euro j’y trouve Bronia, dernier amour de Raymond Radiguet de Pierre Barillet (La Tour Verte), Carnets d’Asie de Gabrielle Wittkop (Verticales) et Légèrement seul de Daniel de Roulet (Phébus).
Sorti de terre à Quatre Septembre, je traverse la rue comme un robot et me heurte à la porte du Bistrot d’Edmond. Il est fermé. Aucune affichette n’explique cela. Je me rabats sur Le Gaillon, place du même nom, un café chinois situé face à Drouant et bien moins chic mais où le café de comptoir est au prix exagéré d’un euro quarante.
Au troisième Book-Off, j’ai beau cherché, je ne trouve aucun livre à ajouter à mon maigre butin.
Quand je rentre à Rouen, je ne passe pas par la rue Saint-Nicolas car l’extrémité de ma ruelle de ce côté est totalement inondée depuis des jours. J’emprunte la rue Saint-Romain et constate que l’ouverture de la nouvelle boutique Paul Marius dans le bâtiment où se trouvait l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est proche. Des sacs sont en voie d’accrochage. Je bénéficie des coups de marteau chez moi mais je ne suis pas le plus à plaindre des habitants de la copropriété. D’autres ont vraiment souffert du bruit des travaux qui auront duré plusieurs mois.
21 novembre 2023
J’ai beau arriver à sept heures moins dix devant le laboratoire d’analyses médicales de la place Saint-Marc, ce mardi, un homme, aussi vieux que moi, m’a précédé. C’est un bavard. Il me parle des quatre qui dorment par terre sous une halle de la place puis disserte sur la misère. Je réponds peu. Il se tait.
A sept heures précises, la porte s’ouvre. Les vitres qui protégeaient du Covid le secrétariat ont été ôtées. Quand celui qui me précède en a fini, je présente mon ordonnance à la secrétaire. Novembre est le mois de ma vérification annuelle au moyen d’une prise de sang. Elle me demande ma carte vitale puis, ce qu’elle ne faisait jamais, ma carte d’identité.
J’ai peu à attendre car deux infirmières sont présentes. Celle qui s’occupe de moi n’a aucune difficulté à trouver ma veine. Elle me pique sans que je ressente la moindre douleur. Je regarde ailleurs tandis qu’elle remplit plusieurs flacons de mon sang. Quand c’est terminé, elle m’informe que les résultats seront disponibles demain après-midi.
-Ah bon, on ne les a plus le jour même ?
Elle me dit qu’une des analyses nécessite davantage de temps. Sans doute le médecin ne la demandait-il pas les années passées. Je lui demande à quoi ça correspond. « C’est pour le diabète », me répond-elle. Voilà qui n’est pas pour me rassurer.
*
Qu’entends-je en laissant traîner mes oreilles au Socrate ? Joe Dassin a habité à Rouen chez sa copine rue du Général-Leclerc.
La réalité est un peu différente. Christine Delvaux, étudiante et fille du marchand d’appareils photo de la rue du Général-Leclerc, avait rencontré le défunt chanteur dans une discothèque de Courchevel. Joe Dassin était marié. Ils se voyaient secrètement (chez les parents d’icelle ?). Une fois divorcé, il l’épousa à Cotignac (Var).
Plus de marchand d’appareils photo rue du Général-Leclerc. Plus de marchand d’appareils photo du tout à Rouen.
*
Au même endroit, une qui parle de son copain : « Il est béni-oui-oui, un peu con con, il anticipe pas grand-chose. »
*
Les explosions du feu d’artifice offert par les forains à la population rouennaise et d’alentour dans la nuit de samedi à dimanche, c’est tout ce que j’aurai connu de la Saint-Romain deux mille vingt-trois.
*
Rue de la Croix de Fer, contre un mur, un sac poubelle de plastique noir doté d’une affichette indiquant son contenu : « Couverture pour SDF ».
*
Rue Ganterie, une jeune femme, à propos de sa chienne qui porte une écharpe : « Elle n’arrête pas de me faire des otites ».
A sept heures précises, la porte s’ouvre. Les vitres qui protégeaient du Covid le secrétariat ont été ôtées. Quand celui qui me précède en a fini, je présente mon ordonnance à la secrétaire. Novembre est le mois de ma vérification annuelle au moyen d’une prise de sang. Elle me demande ma carte vitale puis, ce qu’elle ne faisait jamais, ma carte d’identité.
J’ai peu à attendre car deux infirmières sont présentes. Celle qui s’occupe de moi n’a aucune difficulté à trouver ma veine. Elle me pique sans que je ressente la moindre douleur. Je regarde ailleurs tandis qu’elle remplit plusieurs flacons de mon sang. Quand c’est terminé, elle m’informe que les résultats seront disponibles demain après-midi.
-Ah bon, on ne les a plus le jour même ?
Elle me dit qu’une des analyses nécessite davantage de temps. Sans doute le médecin ne la demandait-il pas les années passées. Je lui demande à quoi ça correspond. « C’est pour le diabète », me répond-elle. Voilà qui n’est pas pour me rassurer.
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Qu’entends-je en laissant traîner mes oreilles au Socrate ? Joe Dassin a habité à Rouen chez sa copine rue du Général-Leclerc.
La réalité est un peu différente. Christine Delvaux, étudiante et fille du marchand d’appareils photo de la rue du Général-Leclerc, avait rencontré le défunt chanteur dans une discothèque de Courchevel. Joe Dassin était marié. Ils se voyaient secrètement (chez les parents d’icelle ?). Une fois divorcé, il l’épousa à Cotignac (Var).
Plus de marchand d’appareils photo rue du Général-Leclerc. Plus de marchand d’appareils photo du tout à Rouen.
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Au même endroit, une qui parle de son copain : « Il est béni-oui-oui, un peu con con, il anticipe pas grand-chose. »
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Les explosions du feu d’artifice offert par les forains à la population rouennaise et d’alentour dans la nuit de samedi à dimanche, c’est tout ce que j’aurai connu de la Saint-Romain deux mille vingt-trois.
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Rue de la Croix de Fer, contre un mur, un sac poubelle de plastique noir doté d’une affichette indiquant son contenu : « Couverture pour SDF ».
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Rue Ganterie, une jeune femme, à propos de sa chienne qui porte une écharpe : « Elle n’arrête pas de me faire des otites ».
16 novembre 2023
Dans le train Nomad Krono Plus de sept heures vingt-quatre pour Paris ce mercredi, une femme lit Les Echos. Le bruit des pages qu’elle tourne m’est désagréable. Peut-être parce que c’est devenu rare. On ne lit plus guère de journaux en papier dans les transports collectifs.
Le ciel est bleu quand j’arrive dans la capitale. Le prochain bus Vingt-Neuf est dans quatre minutes. Il me permet de rejoindre le Marché d’Aligre. Le beau temps étant annoncé pour la journée, Emile Débarras a doublé son étalage de livres. Il y a de bonnes choses mais rien pour moi.
Après un café de comptoir au Camélia, j’entre chez Book-Off à onze heures en compagnie de la petite foule qui s’impatientait sur le trottoir, des vendeurs de livres ou d’autres biens dits culturels qui se mettent en file devant le bureau des rachats. Deux femmes s’invectivent, chacune prétendant être avant l’autre. Un homme les invite à se calmer. Le personnel reste coi. Je furète dans les livres à un euro.
A midi, je retourne déjeuner au restaurant Au Diable des Lombards, camembert rôti et tête de veau sauce gribiche dont je déplore le trop de gras.
J’enchaîne avec le Book-Off de Saint-Martin où devant moi à la caisse s’énerve un vieux qui ne trouve pas son argent pour payer les quatre livres de poche qu’il a choisis rapidement et au hasard. Il en a pour quatorze euros et veut en plus un sac en tissu pour les mettre et le payer à part, bien qu’il ait déjà deux sacs vides à la main. Le personnel reste placide.
Comme le ciel bleu l’est encore plus ou moins, je vais voir la Fontaine Stravinsky de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle remise en marche après restauration totale. Autrefois, quand j’étais bien accompagné, je l’ai vue fonctionner en partie et plus ou moins bien. Ensuite, plus du tout. Là, elle se donne à fond. Les seize sculptures animées crachent l’eau à qui mieux mieux.
Au troisième Book-Off, celui de Quatre Septembre, personne ne perd ses nerfs. Il y a parmi le nouveau personnel un garçon fille un peu troublant. Le Déplaisant qui y sévissait, ainsi qu’à Ledru-Rollin, celui qui refusait que je laisse mon sac à dos derrière le comptoir, a disparu depuis un moment et j’en suis ravi.
Allant chercher de l’argent au Crédit à Bricoles de la rue Saint-Augustin, je découvre qu’on a refait les peintures extérieures chez Drouant. Tout est marron, les noms des glorieux juré(e)s Goncourt du vingtième siècle ont disparu, les Colette, Carco, Giono, Renard, Daudet, Mirbeau, Descaves, Mac Orlan, Queneau. Peut-être faisaient-ils trop d’ombre aux médiocres juré(e)s Goncourt du vingt et unième siècle.
*
Ma petite récolte de livres à un euro : Cœur à cœur de Tomi Ungerer (Le Cherche Midi), Carnets de Théodore Monod (Le Pré aux Clercs), Jacques Tati de Jean-Philippe Guerand (Folio), Conrad d’Alain Dugrand (La Petite Vermillon), Sylvia P. d’Anada Devi (Editions Bruno Doucey) et Cette maudite race humaine de Mark Twain (Actes Sud).
Le ciel est bleu quand j’arrive dans la capitale. Le prochain bus Vingt-Neuf est dans quatre minutes. Il me permet de rejoindre le Marché d’Aligre. Le beau temps étant annoncé pour la journée, Emile Débarras a doublé son étalage de livres. Il y a de bonnes choses mais rien pour moi.
Après un café de comptoir au Camélia, j’entre chez Book-Off à onze heures en compagnie de la petite foule qui s’impatientait sur le trottoir, des vendeurs de livres ou d’autres biens dits culturels qui se mettent en file devant le bureau des rachats. Deux femmes s’invectivent, chacune prétendant être avant l’autre. Un homme les invite à se calmer. Le personnel reste coi. Je furète dans les livres à un euro.
A midi, je retourne déjeuner au restaurant Au Diable des Lombards, camembert rôti et tête de veau sauce gribiche dont je déplore le trop de gras.
J’enchaîne avec le Book-Off de Saint-Martin où devant moi à la caisse s’énerve un vieux qui ne trouve pas son argent pour payer les quatre livres de poche qu’il a choisis rapidement et au hasard. Il en a pour quatorze euros et veut en plus un sac en tissu pour les mettre et le payer à part, bien qu’il ait déjà deux sacs vides à la main. Le personnel reste placide.
Comme le ciel bleu l’est encore plus ou moins, je vais voir la Fontaine Stravinsky de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle remise en marche après restauration totale. Autrefois, quand j’étais bien accompagné, je l’ai vue fonctionner en partie et plus ou moins bien. Ensuite, plus du tout. Là, elle se donne à fond. Les seize sculptures animées crachent l’eau à qui mieux mieux.
Au troisième Book-Off, celui de Quatre Septembre, personne ne perd ses nerfs. Il y a parmi le nouveau personnel un garçon fille un peu troublant. Le Déplaisant qui y sévissait, ainsi qu’à Ledru-Rollin, celui qui refusait que je laisse mon sac à dos derrière le comptoir, a disparu depuis un moment et j’en suis ravi.
Allant chercher de l’argent au Crédit à Bricoles de la rue Saint-Augustin, je découvre qu’on a refait les peintures extérieures chez Drouant. Tout est marron, les noms des glorieux juré(e)s Goncourt du vingtième siècle ont disparu, les Colette, Carco, Giono, Renard, Daudet, Mirbeau, Descaves, Mac Orlan, Queneau. Peut-être faisaient-ils trop d’ombre aux médiocres juré(e)s Goncourt du vingt et unième siècle.
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Ma petite récolte de livres à un euro : Cœur à cœur de Tomi Ungerer (Le Cherche Midi), Carnets de Théodore Monod (Le Pré aux Clercs), Jacques Tati de Jean-Philippe Guerand (Folio), Conrad d’Alain Dugrand (La Petite Vermillon), Sylvia P. d’Anada Devi (Editions Bruno Doucey) et Cette maudite race humaine de Mark Twain (Actes Sud).
14 novembre 2023
D’Aix-les-Bains à Annecy, j’ai voyagé avec des extraits des Mémoires de Saint-Simon, parfois enchanté par ma lecture, parfois déçu.
J’en ai prélevé quatre portraits (l’un de ses talents, le portrait vachard) :
La duchesse de Castries : Mme de Castries était un quart de femme, une espèce de biscuit manqué, extrêmement petite, mais bien prise, et aurait passé dans un médiocre anneau; ni derrière, ni gorge, ni menton, fort laide, l'air toujours en peine et étonné, avec cela une physionomie qui éclatait d'esprit et qui tenait encore plus parole.
La princesse de Montauban : C’était une bossue tout de travers, fort laide, pleine de blanc, de rouge et de filets bleus pour marquer les veines, de mouches, de parures et d’affiquets, quoique déjà vieille, qu’elle a conservés jusqu’à plus de quatre-vingts ans qu’elle est morte.
Monsieur le Prince : Fils dénaturé, cruel père, mari terrible, maître détestable, pernicieux voisin, sans amitié, sans amis, incapable d'en avoir, jaloux, soupçonneux, inquiet sans aucune relâche, plein de manèges et d'artifices à découvrir et à scruter tout, à quoi il était occupé sans cesse aidé d'une vivacité extrême et d'une pénétration surprenante, colère et d'un emportement à se porter aux derniers excès même sur des bagatelles, difficile en tout à l'excès, jamais d'accord avec lui-même, et tenant tout chez lui dans le tremblement; à tout prendre, la fougue, et l'avarice étaient ses maîtres qui le gourmandaient toujours.
Le maréchal de Vauban : Vauban s’appelait le Prestre ; petit gentilhomme de Bourgogne, tout au plus, mais peut-être le plus honnête homme et le plus vertueux de son siècle, et avec la plus grande réputation du plus savant homme dans l’art des sièges et de la fortification, le plus simple, le plus vrai, le plus modeste : c’était un homme de médiocre taille, assez trapu, qui avait fort l’air de guerre, mais en même temps un extérieur rustre et grossier, pour ne pas dire brutal et féroce. Il n’était rien moins : jamais homme plus doux, plus compatissant, plus obligeant, mais respectueux sans nulle politesse, et le plus avare ménager de la vie des hommes, avec une valeur qui prenait tout sur lui, et donnait tout aux autres.
Trois morceaux de bravoure :
Le duc de Parme eut à traiter avec M. de Vendôme; il lui envoya l’évêque de Parme, qui se trouva bien surpris d'être reçu par M. de Vendôme sur sa chaise percée, et plus encore de le voir se lever au milieu de la conférence et se torcher le cul devant lui.
La Reine supportait avec peine sa hauteur avec elle, bien différente des ménagements continuels et des respects de la duchesse de La Vallière qu'elle aima toujours, au lieu que de celle-ci il lui échappait souvent de dire: « Cette pute me fera mourir. » (celle-ci : Mme de Montespan)
Par-ci par-là il l’interrompait crédulement de questions pour la mieux enferrer ; puis, s’approchant de son oreille, il lui dit qu’elle était une menteuse, une friponne, une coquine, une pute à chien, et lui répéta mot pour mot toute la conversation du Roi et d’elle. (il : le duc de Lauzin, elle : Mme de Montespan)
Et un point Rouen :
Il obtint permission d’aller passer quelque temps à Rouen, où son abbaye de Saint-Ouen lui donnait des affaires, mais ce fut à condition de prendre sa route de telle sorte qu’il n’approchât de nulle part plus près de trente lieues de Paris et de la cour. (il : le cardinal de Bouillon)
*
Obsessionnel et ressassant, le duc de Saint-Simon, en lisant certaines de ses pages, je me demandais si je ne lisais pas Thomas Bernhard, un plagiat par anticipation.
J’en ai prélevé quatre portraits (l’un de ses talents, le portrait vachard) :
La duchesse de Castries : Mme de Castries était un quart de femme, une espèce de biscuit manqué, extrêmement petite, mais bien prise, et aurait passé dans un médiocre anneau; ni derrière, ni gorge, ni menton, fort laide, l'air toujours en peine et étonné, avec cela une physionomie qui éclatait d'esprit et qui tenait encore plus parole.
La princesse de Montauban : C’était une bossue tout de travers, fort laide, pleine de blanc, de rouge et de filets bleus pour marquer les veines, de mouches, de parures et d’affiquets, quoique déjà vieille, qu’elle a conservés jusqu’à plus de quatre-vingts ans qu’elle est morte.
Monsieur le Prince : Fils dénaturé, cruel père, mari terrible, maître détestable, pernicieux voisin, sans amitié, sans amis, incapable d'en avoir, jaloux, soupçonneux, inquiet sans aucune relâche, plein de manèges et d'artifices à découvrir et à scruter tout, à quoi il était occupé sans cesse aidé d'une vivacité extrême et d'une pénétration surprenante, colère et d'un emportement à se porter aux derniers excès même sur des bagatelles, difficile en tout à l'excès, jamais d'accord avec lui-même, et tenant tout chez lui dans le tremblement; à tout prendre, la fougue, et l'avarice étaient ses maîtres qui le gourmandaient toujours.
Le maréchal de Vauban : Vauban s’appelait le Prestre ; petit gentilhomme de Bourgogne, tout au plus, mais peut-être le plus honnête homme et le plus vertueux de son siècle, et avec la plus grande réputation du plus savant homme dans l’art des sièges et de la fortification, le plus simple, le plus vrai, le plus modeste : c’était un homme de médiocre taille, assez trapu, qui avait fort l’air de guerre, mais en même temps un extérieur rustre et grossier, pour ne pas dire brutal et féroce. Il n’était rien moins : jamais homme plus doux, plus compatissant, plus obligeant, mais respectueux sans nulle politesse, et le plus avare ménager de la vie des hommes, avec une valeur qui prenait tout sur lui, et donnait tout aux autres.
Trois morceaux de bravoure :
Le duc de Parme eut à traiter avec M. de Vendôme; il lui envoya l’évêque de Parme, qui se trouva bien surpris d'être reçu par M. de Vendôme sur sa chaise percée, et plus encore de le voir se lever au milieu de la conférence et se torcher le cul devant lui.
La Reine supportait avec peine sa hauteur avec elle, bien différente des ménagements continuels et des respects de la duchesse de La Vallière qu'elle aima toujours, au lieu que de celle-ci il lui échappait souvent de dire: « Cette pute me fera mourir. » (celle-ci : Mme de Montespan)
Par-ci par-là il l’interrompait crédulement de questions pour la mieux enferrer ; puis, s’approchant de son oreille, il lui dit qu’elle était une menteuse, une friponne, une coquine, une pute à chien, et lui répéta mot pour mot toute la conversation du Roi et d’elle. (il : le duc de Lauzin, elle : Mme de Montespan)
Et un point Rouen :
Il obtint permission d’aller passer quelque temps à Rouen, où son abbaye de Saint-Ouen lui donnait des affaires, mais ce fut à condition de prendre sa route de telle sorte qu’il n’approchât de nulle part plus près de trente lieues de Paris et de la cour. (il : le cardinal de Bouillon)
*
Obsessionnel et ressassant, le duc de Saint-Simon, en lisant certaines de ses pages, je me demandais si je ne lisais pas Thomas Bernhard, un plagiat par anticipation.
11 novembre 2023
Ce onze novembre deux mille vingt-trois marque le dix-septième anniversaire de ce Journal.
Une date que je n’avais pas élue par hasard.
En ce jour férié Le Socrate est à peine ouvert quand j’y arrive à neuf heures. Le patron m’apporte mon café verre d’eau puis retourne installer la terrasse avec la serveuse présente.
-Tu as changé d’horaire ou t’es un peu à la bourre ? lui demande un habitué.
-Onze novembre, lui répond-il.
Le couple et le célibataire attablés à ma droite, des septuagénaires, discutent de sujets confidentiels. Est-ce que le patron d’un café bien connu de la ville « fricote » avec la commerçante d’à côté ? Celui de leur connaissance qui a demandé sa photo au célibataire du trio, bel homme à la voix grave, serait-il « à voile et à vapeur » ?
Tout en écoutant leurs histoires à ne pas ébruiter, je lis Louis Perceau le polygraphe de Vincent Labamme. Sacré personnage que ce Louis Perceau, le seul à figurer à la fois dans le Maitron et dans le Pia, dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français et dans le Dictionnaire des œuvres érotiques.
Rentré à la maison, j’ai une pensée pour mon grand-père Jules quand, à onze heures trente, le carillonneur de la Cathédrale offre un répertoire de circonstance (Marseillaise, Chanson de Craonne, Chant du départ, La Madelon). Un concert que la saison ne me permet pas d’écouter du jardin.
Celui-ci a bénéficié, en début de semaine, d’un sérieux rafraichissement par un duo de professionnels. Depuis je ne sais combien d’années, il était entre les mains de deux copropriétaires aussi peu compétents que peu motivés. Quand l’une est partie, l’autre a laissé tomber. Les jardiniers professionnels n’ont pas été jusqu’à débarrasser la grande jardinière circulaire de l’entrée des plantes aujourd’hui mortes qu’y avait plantées celle qui est partie. Ni fait ni à faire, c’est ce je me dis à chaque fois que j’entre par le porche.
*
La Canche, la Liane, petits fleuves paisibles quand j’étais en vadrouille le printemps dernier dans le Pas-de-Calais, se répandant de manière catastrophique cet automne.
Une date que je n’avais pas élue par hasard.
En ce jour férié Le Socrate est à peine ouvert quand j’y arrive à neuf heures. Le patron m’apporte mon café verre d’eau puis retourne installer la terrasse avec la serveuse présente.
-Tu as changé d’horaire ou t’es un peu à la bourre ? lui demande un habitué.
-Onze novembre, lui répond-il.
Le couple et le célibataire attablés à ma droite, des septuagénaires, discutent de sujets confidentiels. Est-ce que le patron d’un café bien connu de la ville « fricote » avec la commerçante d’à côté ? Celui de leur connaissance qui a demandé sa photo au célibataire du trio, bel homme à la voix grave, serait-il « à voile et à vapeur » ?
Tout en écoutant leurs histoires à ne pas ébruiter, je lis Louis Perceau le polygraphe de Vincent Labamme. Sacré personnage que ce Louis Perceau, le seul à figurer à la fois dans le Maitron et dans le Pia, dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français et dans le Dictionnaire des œuvres érotiques.
Rentré à la maison, j’ai une pensée pour mon grand-père Jules quand, à onze heures trente, le carillonneur de la Cathédrale offre un répertoire de circonstance (Marseillaise, Chanson de Craonne, Chant du départ, La Madelon). Un concert que la saison ne me permet pas d’écouter du jardin.
Celui-ci a bénéficié, en début de semaine, d’un sérieux rafraichissement par un duo de professionnels. Depuis je ne sais combien d’années, il était entre les mains de deux copropriétaires aussi peu compétents que peu motivés. Quand l’une est partie, l’autre a laissé tomber. Les jardiniers professionnels n’ont pas été jusqu’à débarrasser la grande jardinière circulaire de l’entrée des plantes aujourd’hui mortes qu’y avait plantées celle qui est partie. Ni fait ni à faire, c’est ce je me dis à chaque fois que j’entre par le porche.
*
La Canche, la Liane, petits fleuves paisibles quand j’étais en vadrouille le printemps dernier dans le Pas-de-Calais, se répandant de manière catastrophique cet automne.
9 novembre 2023
Dans le train qui m’emmène à Paris ce mercredi, ma jeune voisine de l’autre côté de l’allée ouvre un énorme Ken Follett qu’elle abandonne assez vite pour dormir. De mon côté, je lis jusqu’au bout le mince Articles de Paris de Pierre Marcelle, recueil publié au Dilettante de ses chroniques de la fin des années Quatre-Vingt dans Libération, bien écrites.
A l’arrivée dans la capitale le prochain bus Vingt-Neuf est annoncé dans vingt minutes. C’est donc en métro que je vais au Marché d’Aligre. La pluie menace mais Emile Débarras a quand même étalé ses livres. Pas Emile lui-même, il a des aides d’outre Méditerranée. L’un d’eux claironne régulièrement « Deux euros la pièce ». Comme s’il vendait des avocats à la sauvette. Book-Off n’ouvrant qu’à onze heures, j’ai le temps pour fouiller avec les yeux parmi les livres proposés. J’y trouve deux pièces : Harpo et moi d’Harpo Marx (Ramsay Poche Cinéma) et Anthologie du Surréalisme en Belgique de Christian Bussy (Gallimard).
Au Camélia je bois mon café de comptoir en lisant Le Parisien où je vois une publicité du département de l’Eure montrant un père néo barbu qui joue avec sa deux ans. « Vélo boulot minots », c’est le slogan enchanteur avec lequel, toi le Parisien, on veut te faire habiter dans l’Eure. Derrière moi sont attablés deux quinquagénaires dont l’un dit : « Mon beau-frère travaille à Doha, la capitale du Qatar. Combien de fois il m’a dit : J’ai vu les chefs du Hamas dans un grand restaurant. »
Au Book-Off de Ledru-Rollin les employé(e)s bouleversent encore fois les rayonnages. Heureusement, ce matin, cela ne concerne pas ceux qui m’intéressent. J’ai plus de réussite que la semaine dernière. Parmi les livres à un euro deviennent miens Le Vert Paradis et autres récits de Victoria Ocampo (Vendémiaire), Dans le ventre de ma belle-mère de Natalia Chmelkova (Anatolia) et le premier volume de Mémoires, Souvenirs et Journaux de la Comtesse d’Agoult (Mercure de France).
Il est un peu plus de midi quand j’arrive à Châtelet et entre au restaurant Au Diable des Lombards. J’y déjeune de bonne nourriture pour quatorze euros cinquante : souris d’agneau avec écrasé de patates douces et tarte Tatin. La clientèle est rare. Le sympathique jeune homme qui fait le service dit au téléphone qu’il perd de l’argent.
Jai moins de chance au Book-Off de Saint-Martin. Je n’y dépense qu’un euro pour Mémoires du capitán Alonso de Contreras (Viviane Hamy). Des affichettes y ont été apposées : « Merci de bien vouloir montrer vos sacs et cabas à la sortie du magasin ». Personne ne le fait.
Un nouveau coup de métro me mène à Quatre Septembre. Je bois un café de comptoir au Bistrot d’Edmond. La semaine dernière, les tables étaient couvertes de nappes blanches et dotées de serviettes de même couleur, le tout en tissu. Cette innovation n’aura pas duré. En revanche, serveuses et serveurs ont gardé leur nouvelle tenue chic : pantalon noir, chemise blanche, bretelles noires. Le prix du café de comptoir y est moindre qu’au Camélia, troquet du genre bouiboui où un tas d’objets hétéroclites traînent dans la salle. Dehors il pleut un peu.
Peu de monde contrairement à la semaine passée au troisième Book-Off, j’y trouve à un euro Jadis et Daguerre d’Erwin Blumenfeld (La Martinière), Victor Margueritte de Patrick de Villepin (François Bourin), Saint-Merri de Joris Karl Huysmans (A l’Ecart) et La Foire aux atrocités de J.G. Ballard (Tristram).
A la Gare Saint-Lazare un jeune Noir est au piano. Il chante « Que ton nom soit sanctifié ». C’est souvent que ce piano est occupé par des religieux, des charismatiques notamment. Nous sommes pourtant dans un lieu public où ça ne devrait pas.
Je voyage en voiture Cinq dans le seize heures quarante du retour où une moitié des places restent libres. Avant d’arriver à Rouen j’ai le temps de lire Journal des derniers jours de mon père de Kobayashi Issa publié chez Pippa, bien déprimant. En sortant de la Gare je découvre qu’il pleut fort ici.
*
Arrivé à la maison, j’apprends la mort ce mercredi huit novembre à l’âge de quatre-vingt-un ans, du facétieux poète belge Jean-Pierre Verheggen.
Certains des titres de ses ouvrages, que je n’ai pas tous : Le Degré Zorro de l'écriture, Divan le Terrible, Ninietzsche, peau d'chien, Les Folies belgères, Ridiculum vitæ, L'Idiot du Vieil-Âge, Sodome et Grammaire, Poète bin qu'oui, poète bin qu'non ?, Un jour, je serai Prix Nobelge, Ça n'langage que moi et le dernier, datant de deux mille vingt-trois, Le Sourire de Mona Dialysa.
A l’arrivée dans la capitale le prochain bus Vingt-Neuf est annoncé dans vingt minutes. C’est donc en métro que je vais au Marché d’Aligre. La pluie menace mais Emile Débarras a quand même étalé ses livres. Pas Emile lui-même, il a des aides d’outre Méditerranée. L’un d’eux claironne régulièrement « Deux euros la pièce ». Comme s’il vendait des avocats à la sauvette. Book-Off n’ouvrant qu’à onze heures, j’ai le temps pour fouiller avec les yeux parmi les livres proposés. J’y trouve deux pièces : Harpo et moi d’Harpo Marx (Ramsay Poche Cinéma) et Anthologie du Surréalisme en Belgique de Christian Bussy (Gallimard).
Au Camélia je bois mon café de comptoir en lisant Le Parisien où je vois une publicité du département de l’Eure montrant un père néo barbu qui joue avec sa deux ans. « Vélo boulot minots », c’est le slogan enchanteur avec lequel, toi le Parisien, on veut te faire habiter dans l’Eure. Derrière moi sont attablés deux quinquagénaires dont l’un dit : « Mon beau-frère travaille à Doha, la capitale du Qatar. Combien de fois il m’a dit : J’ai vu les chefs du Hamas dans un grand restaurant. »
Au Book-Off de Ledru-Rollin les employé(e)s bouleversent encore fois les rayonnages. Heureusement, ce matin, cela ne concerne pas ceux qui m’intéressent. J’ai plus de réussite que la semaine dernière. Parmi les livres à un euro deviennent miens Le Vert Paradis et autres récits de Victoria Ocampo (Vendémiaire), Dans le ventre de ma belle-mère de Natalia Chmelkova (Anatolia) et le premier volume de Mémoires, Souvenirs et Journaux de la Comtesse d’Agoult (Mercure de France).
Il est un peu plus de midi quand j’arrive à Châtelet et entre au restaurant Au Diable des Lombards. J’y déjeune de bonne nourriture pour quatorze euros cinquante : souris d’agneau avec écrasé de patates douces et tarte Tatin. La clientèle est rare. Le sympathique jeune homme qui fait le service dit au téléphone qu’il perd de l’argent.
Jai moins de chance au Book-Off de Saint-Martin. Je n’y dépense qu’un euro pour Mémoires du capitán Alonso de Contreras (Viviane Hamy). Des affichettes y ont été apposées : « Merci de bien vouloir montrer vos sacs et cabas à la sortie du magasin ». Personne ne le fait.
Un nouveau coup de métro me mène à Quatre Septembre. Je bois un café de comptoir au Bistrot d’Edmond. La semaine dernière, les tables étaient couvertes de nappes blanches et dotées de serviettes de même couleur, le tout en tissu. Cette innovation n’aura pas duré. En revanche, serveuses et serveurs ont gardé leur nouvelle tenue chic : pantalon noir, chemise blanche, bretelles noires. Le prix du café de comptoir y est moindre qu’au Camélia, troquet du genre bouiboui où un tas d’objets hétéroclites traînent dans la salle. Dehors il pleut un peu.
Peu de monde contrairement à la semaine passée au troisième Book-Off, j’y trouve à un euro Jadis et Daguerre d’Erwin Blumenfeld (La Martinière), Victor Margueritte de Patrick de Villepin (François Bourin), Saint-Merri de Joris Karl Huysmans (A l’Ecart) et La Foire aux atrocités de J.G. Ballard (Tristram).
A la Gare Saint-Lazare un jeune Noir est au piano. Il chante « Que ton nom soit sanctifié ». C’est souvent que ce piano est occupé par des religieux, des charismatiques notamment. Nous sommes pourtant dans un lieu public où ça ne devrait pas.
Je voyage en voiture Cinq dans le seize heures quarante du retour où une moitié des places restent libres. Avant d’arriver à Rouen j’ai le temps de lire Journal des derniers jours de mon père de Kobayashi Issa publié chez Pippa, bien déprimant. En sortant de la Gare je découvre qu’il pleut fort ici.
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Arrivé à la maison, j’apprends la mort ce mercredi huit novembre à l’âge de quatre-vingt-un ans, du facétieux poète belge Jean-Pierre Verheggen.
Certains des titres de ses ouvrages, que je n’ai pas tous : Le Degré Zorro de l'écriture, Divan le Terrible, Ninietzsche, peau d'chien, Les Folies belgères, Ridiculum vitæ, L'Idiot du Vieil-Âge, Sodome et Grammaire, Poète bin qu'oui, poète bin qu'non ?, Un jour, je serai Prix Nobelge, Ça n'langage que moi et le dernier, datant de deux mille vingt-trois, Le Sourire de Mona Dialysa.
7 novembre 2023
Grand branle-bas dans l’escalier derrière mon mur ce lundi matin. Que se passe-t-il chez la dame au petit chien qui a remplacé le jeune excité au cours de l’été ? J’ouvre mon rideau. Deux hommes se dirigent vers la ruelle avec des meubles, des déménageurs de chez Postel. Là voilà donc qui s’en va, la dame au petit chien. Je ne m’attendais pas à ça. Je l’ai croisée deux fois depuis mon retour d’Annecy, échangeant quelques mots avec elle. Elle ne m’en a rien dit. Ce départ est bien embêtant. Son petit chien s’était calmé et elle-même ne faisait aucun bruit.
Ce même matin, deux ouvriers entrent dans le jardin avec des escabeaux et des matériaux. Ils passent les escabeaux par l’une des fenêtres de l’appartement du premier étage qui fait angle avec le mien où vivait la dame aux petits pas, celle dont par trois fois les pompiers avaient cassé une fenêtre, alertés par des visiteurs auxquels elle ne répondait pas. Je vais avoir droit aux bruits des travaux d’un appartement que l’on rénove avant de le relouer.
*
Des travaux, il y en a aussi dans le bâtiment voisin qu’occupaient les Mormons rue Saint-Romain. Je n’ai pas à en souffrir. Ce n’est pas le cas d’un autre habitant de la copropriété qui a une bétonnière sous ses fenêtres depuis plus d’un mois. Il m’apprend qu’à l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours va succéder un espace de démonstration Paul Marius. Ainsi va le monde.
Ce même matin, deux ouvriers entrent dans le jardin avec des escabeaux et des matériaux. Ils passent les escabeaux par l’une des fenêtres de l’appartement du premier étage qui fait angle avec le mien où vivait la dame aux petits pas, celle dont par trois fois les pompiers avaient cassé une fenêtre, alertés par des visiteurs auxquels elle ne répondait pas. Je vais avoir droit aux bruits des travaux d’un appartement que l’on rénove avant de le relouer.
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Des travaux, il y en a aussi dans le bâtiment voisin qu’occupaient les Mormons rue Saint-Romain. Je n’ai pas à en souffrir. Ce n’est pas le cas d’un autre habitant de la copropriété qui a une bétonnière sous ses fenêtres depuis plus d’un mois. Il m’apprend qu’à l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours va succéder un espace de démonstration Paul Marius. Ainsi va le monde.
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